Agg Kamaal Williams Brad Mehldau Trio
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
CHOC les ch magazine cs Henry Brad Mehldau Kamaal Philippe Threadgill’s 14 or Trio Williams Mouratoglou 15 Kestra : Agg Seymour Reads The The Return Trio Dirt… And More Dirt Constitution ! 1 CD Black Focus Records Warp Records / Differ-ant Univers-Solitude 1 CD Nonesuch / Warner Music 1 CD Pi Recordings / Orkhestrâ NOUVEAUTÉ. Quand on est un jazzfan 1 CD Vision Fugitive / L’Autre Distribution NOUVEAUTÉ. Ses disques se suivent amoureux de funk, qu’on a traversé NOUVEAUTÉ. Ce nouvel album les années 1980 et 1990 en écoutant NOUVEAUTÉ. Réinventer le trio n’ajoutera ni retranchera rien à la mais ne se ressemblent pas. Après guitare-basse-batterie en lui “Blues And Ballads” album apaisé et du hip-hop, et survécu aux décennies portée de l’œuvre du saxophoniste- suivantes en restant branché sur la apportant une dimension fusionnelle : compositeur, mais marquera un aux tempos lents – le récent “After c’est le pari audacieux, et réussi, de Bach” se situant à part dans sa techno, la drum&bass et leur avatars, jalon de plus dans ce parcours impossible de ne pas aimer ce disque. Philippe Mouratoglou. démarré aux débuts de l’AACM et que discographie – Brad Mehldau retrouve caractérise la cohérence d’une folle les musiciens de son trio habituel pour Il devient rare d’être surpris par un jouer avec eux son meilleur piano. Le précédent CD de ce claviériste anglais, diversité. “Black Focus”, était coréalisé avec le disque dès les premières secondes. Or batteur Yussef Dayes et fut publié en 2016 ici, la surprise est permanente, pour ne La musique d’Henry Threadgill se Il y parvient en associant plus étroitement pas dire fondatrice, suscitée par trois que jamais la contrebasse de Larry sous le nom de Yussef Kamaal. Cette fois, cherche, se pense et se confronte au plus Kamaal Williams, qui se produit aussi sous experts de l’exploration qui n’hésitent ardu de la musique contemporaine. Mais Grenadier et la batterie Jeff Ballard à jamais à franchir les limites établies sa musique, les deux hommes étant ici le nom d’Henry Wu (vous suivez ?), s’est elle est innervée aussi par la nécessité acoquiné avec une section rythmique qui pour élargir l’horizon, en prenant le de la pulsation (on ne se refait pas quand en osmose avec lui. Des compositions risque de décontenancer, sans jamais le nouvelles et quelques standards dont donne l’impression d’avoir tout digéré, on naît à Chicago). Le présent orchestre des Headhunters à The Roots en passant perdre totalement tant leur musique est s’affuble de l’appellation de “Henry une version inattendue de De-Dah (Elmo vivante, organique, lyrique, lumineuse et Hope) en constituent le répertoire. La par Level 42, Roy Ayers et Roni Size (entre Threadgill’s 14 or 15 Kestra : Agg” (peut- autres). Résultat, ce jeune homme donne infiniment poétique. Plus qu’une classique être un rappel de Aggregation Orb, un de ballade Beatrice de Sam Rivers (extraite de distribution de rôles instrumentaux l’album Blue Note “Fuchsia Swing Song” du un sérieux coup de jeune au jazz-funk. En ses premiers ensembles). Threadgill se regardant certes dans le rétro, mais en convenus, il s’agit d’une œuvre collective dit ici inspiré par une exposition intitulée saxophoniste) devient un morceau rapide, permanente où, se jouant des règles et comme la plupart des plages de cet album. fonçant tête baissée dans le futur. Loin The Earth Room qui l’a fait penser aux les codes, les trois musiciens concourent Friends de Brian Wilson et Great Day de de n’être qu’une collection de titres à étapes de son évolution. De fait, “Dirt… écouter à l’aveugle sur une plateforme de à la peinture de paysages inouïs. Les And More Dirt”, malgré son titre, n’a rien Paul McCartney en sont les plus lentes et guitares de Mouratoglou – toutes les plus mélodiques, le pianiste trouvant streaming, “The Return” est un album très de “sale” ou de chaotique. Il va dans tous bien pensé, riche en contrastes, savant acoustiques – se font tantôt percussives, les sens de la liberté, du duo de pianos pour chacune d’elles des harmonies tantôt bruissantes, laissant la contrebasse appropriées. Ses propres morceaux, et canaille à la fois. Broken Theme, LDN au solo de trompette sur fond brumeux, Shuffle et Catch The Loop concentrent de Chevillon poser quelques notes légères de l’improvisation sur progressions notamment l’énigmatique Seymour sur les cymbales et les peaux chantantes Reads The Constitution ! dans lequel la tout ce qu’on a aimé – et qu’on aime harmoniques complexes mais libératrices toujours autant – dans les grooves de Lopez. A travers ces instruments à des parties écrites qui atteignent à la contrebasse s’empare du thème, envoûtent en échange continu, les thèmes se par la simplicité de leurs accords, les organiques des années 1970 et les (hyper) plénitude. Le jeu des masses sonores qui pulsations programmées des années dévoilent pudiquement, par bribes, avec s’entrechoquent ou se propulsent de haut couleurs de leurs notes. S’efforçant d’en des phrases inattendues – magnifiques structurer le flot en constante expansion, 1990. Et comme Williams aime les beaux en bas et de bas en haut est stimulant. De sons de piano électrique, les accords envolées de Mouratoglou ! –, dans une surcroît, l’album, divisé en six puis quatre les improvisations audacieuses de entente télépathique, et, surtout, une Mehldau n’en restant pas moins toujours chatoyants, les bulles et les nappes de parties (Part I, Part II, etc.) de durée elle synthé mélancoliques – comment résister respiration partagée, sur une pulsation aussi variable : de trente-huit secondes lisibles, Grenadier et Ballard, rythment et libre et naturelle, tout en suggestion. commentent de près les longues phrases à High Roller ? –, nous voilà comblés et à huit minutes, interdit toute monotonie. confiants : le jazz, cette vieille dance music, Même les “dissonances” se révèlent &OVONPU MJOBUUFOEVWPVTBUUFOEt qu’il étale. Fascinés, immergés dans son d’une incroyable douceur, apportant des univers harmonique, ils restent longtemps nous donne toujours envie de croire en son FRANÇOIS-RENÉ SIMON couleurs et des saveurs d’un raffinement silencieux au beau milieu de l’étonnant BWFOJSSBEJFVYtFRÉDÉRIC GOATY Henry Threadgill (as, fl), Roman Filiú, extrême. Il suffit d’écouter la sublime Ten Tune, pièce dans laquelle le pianiste Kamaal Williams (elp, cla), Pete Martin (elb), Curtis Mcdonald (as), Jonathan Finlayson, MckNasty (dm), Richard Samuels (elec). reprise de Lonely Woman, d’Ornette Stephanie Richards (tp), Jacob Garchik, pratique l’art de la fugue et dialogue avec Coleman – la seule pièce qui n’est pas Ben Gerstain (tb), Jose Davila (tu), David lui-même, ses deux mains se questionnant composée par Mouratoglou – pour s’en Bryant, David Virelles (p), Liberty Ellman sans relâche pour nous offrir la plus belle (g), Christopher Hoffman (cello), Thomas convaincre et savourer cette explosion de EFTNVTJRVFTtPIERRE DE CHOCQUEUSE Morgan (b), Elliott Kavee, Craig Weinrib TBWBOUFTTFOTBUJPOTøtøFÉLIX MARCIANO (dm, perc). Hoboken (New Jersey), Brad Mehldau (p), Larry Grenadier (b), Jeff 24-27 septembre 2017. Ballard (dm). Avatar Studios, NYC. Dates Philippe Mouratoglou (g), Bruno Chevillon d’enregistrement non précisées. (b), Ramon Lopez (dm). Pernes-les- Fontaines, studio La Buissonne, novembre 2017. 70 Jazz Magazine Numéro 706 Juin 2018.