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Ciné-Bulles

Papillon de nuit d'Alejandro González Iñárritu, Mexique—Espagne, 2010, 148 min Nicolas Gendron

Volume 29, Number 2, Spring 2011

URI: https://id.erudit.org/iderudit/64345ac

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Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec

ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital)

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Cite this review Gendron, N. (2011). Review of [Papillon de nuit / Biutiful d'Alejandro González Iñárritu, Mexique—Espagne, 2010, 148 min]. Ciné-Bulles, 29(2), 52–52.

Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 2011 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Si Uxbal laisse entendre que Biutiful s’écrit « comme ça se prononce », il sait pertinem- ment que la vie n’est pas si simple. Sa fin de parcours épouse pleinement sa dimension spirituelle, récurrente dans la filmographie CRITIQUES d’Iñárritu mais ici exploitée à bras-le-corps, en y greffant une touche fantastique de fantô- mes en escale, intégrée au réel de manière sai- sissante. Il y a ce médecin qui lui reproche presque d’être condamné, et le désir irrépres- sible de connaître la teneur du compte à rebours. Il y a ce lourd silence, qui décuple l’urgence. Puis, cette vieille médium, plus en phase avec l’au-delà, qui l’apaise en lui rappe- Biutiful lant que « la mort n’est pas la fin ». Et le corps d’Alejandro González Iñárritu de son père embaumé, qu’il caresse du bout des doigts. Et ces rêves d’enfant, et ces pa- pillons de nuit, tels des anges de la mort. Papillon de nuit Inévitablement, Biutiful sera jugé comme un Les symboles pullulent. Le film s’ouvre et se NICOLAS GENDRON saut hors du nid, le premier envol d’Iñárritu ferme sur une bulle enneigée, dans un espace- sans son scénariste attitré Guillermo Arriaga, ­temps indéterminé réunissant mystérieuse- avec qui il a accouché des trois titres ci-haut ment trois générations. On y perçoit la quié- Barcelone, loin de tout cliché de carte postale. mentionnés. Reconnaissons d’emblée que tude des endormis, de même que la vie qui Barcelone, cosmopolite, bordélique, grouillan- l’histoire n’est pas aussi ambitieuse; un seul s’éveille. Encore. te de clandestins. Entre deux combines pour personnage traverse le film en entier, dans tirer profit d’une main-d’œuvre illégale, Uxbal une seule et même ville, avec une quête lim- arrondit ses fins de mois en parlant aux pide : mourir en paix. Quand le récit embras- morts. S’il assume mal son don de médium, il se plus large, une impression d’éparpillement prend plus au sérieux son rôle de père. Quand se fait ressentir. La faune qui entoure Uxbal, il apprend trop tard qu’un cancer le ronge, il travailleurs chinois et sénégalais, reflète bien s’évertue à assurer une vie décente à ses deux ce tissu social dont il est le témoin et l’exploi- enfants, même s’il doit pour cela donner une tant, mais les sous-intrigues qui en découlent, deuxième chance à leur mère imprévisible. parce que seulement effleurées, dévient quel- Mais il doit d’abord accepter sa finalité que peu l’attention du drame qui couve. En prochaine. fait, le noyau familial d’Uxbal à lui seul assu- rait déjà une trame solide, d’où cette légère Depuis ses débuts fulgurants, le Mexicain déception. D’autant qu’ils se comptent sur les Alejandro González Iñárritu a su creuser, doigts d’une main ceux qui nous accompa- avec aplomb et sensibilité, des enjeux sociaux gnent dans la mort. Que dire de cette relation au rayonnement planétaire, cernant l’âpreté toxique qu’Uxbal entretient avec Marambra, de l’humanité et ses bas-fonds, en opposition son ex pourtant capable de tendresse? Et de à sa capacité de rédemption. S’il tangue tou- ces irrésistibles gamins (impeccablement di- jours admirablement entre la misère et l’es- rigés), qui encaissent les coups sans jamais poir, ce maître du clair-obscur raconte égale- perdre leur curiosité ni leur bagout? Sans ment qu’il suffit de peu pour nous tirer d’un oublier son frère, trivial et fugace, qui semble Mexique–Espagne / 2010 / 148 min côté ou de l’autre, qui le meilleur ami de sa porte d’entrée vers l’illégalité. Secret, lou- Ré a l . Alejandro González Iñárritu Sc é n . Alejandro l’homme dans , qui notre lan- voyant entre ses principes mouvants, l’Uxbal González Iñárritu, Armando Bo et Nicolás Giaco­ gue maternelle dans Babel. Après tout, l’âme de Javier Bardem, viscéral, cimente tout le bone Im a g e Rodrigo Prieto Mu s . Gustavo Santaolalla Mo n t . Stephen Mirrione Pr o d . Fernando Bovaira et humaine ne pèserait, semble-t-il, que 21 film. Ces personnages nous font croire à l’im- Jon Kilik In t . Javier Bardem, Maricel Álvarez, Hanaa Grams. possible tant ils sont contrastés. Bouchaib, Guillermo Estrella, Eduard Fernández, Diaryatou Daff Di s t . Les Films Équinoxe

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