Le Développement Urbain De Bosra De L'époque Nabatéenne À
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Le développement urbain de Bosra de l’époque nabatéenne à l’époque byzantine : bilan des recherches françaises 1981-2002 Thibaud Fournet, Pierre-Marie Blanc, Jean-Marie Dentzer To cite this version: Thibaud Fournet, Pierre-Marie Blanc, Jean-Marie Dentzer. Le développement urbain de Bosra de l’époque nabatéenne à l’époque byzantine : bilan des recherches françaises 1981-2002. Syria. Archéolo- gie, art et histoire, IFPO, 2002, pp.75-154. halshs-00367062 HAL Id: halshs-00367062 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00367062 Submitted on 25 Jul 2017 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. LE DÉVELOPPEMENT URBAIN DE BOSRA DE L’ÉPOQUE NABATÉENNE À L’ÉPOQUE BYZANTINE : BILAN DES RECHERCHES FRANÇAISES 1981-2002 Jean-Marie DENTZER Université de Paris 1 - UMR 7041 Pierre-Marie BLANC - Thibaud FOURNET, UMR 7041 avec des contributions de J.-C. Bessac, F. Braemer, H. Broise, M. Calia, A. Kermorvant, J. Leblanc, M. Lenoir, A. Mukdad, A. Sartre-Fauriat, Ph. Tondon, J.-P. Vallat Résumé — Les périodes les plus anciennes de l’histoire de l’urbanisme de Bosra restent mal connues mais des vestiges de l’âge du bronze sont attestés à présent à l’ouest et au centre de la ville et au sud. L’arc nabatéen sert de charnière entre l’orientation de la rue principale est-ouest et celle du nouveau quartier. Au centre ville, la création ou la transformation monumentale en rues à colonnades des deux grands axes remonte à l’époque sévérienne. Une importance politique particulière revient à la rue nord-sud, qui relie le centre ville à l’entrée du camp romain et où se multiplient les inscriptions offi cielles, dont certaines en latin. Une grande opération de rénovation est attestée dans les portiques et dans les monuments voisins aux IVe-Ve siècles. Sans doute à l’époque omeyyade tardive (?) commence la transformation en souqs des portiques divisés en boutiques, donnant à ces espaces un caractère commercial marqué qu’ils conservèrent jusqu’à l’arrivée des premiers voyageurs européens. Abstract — The town planning of the earlier Bosra is not yet precisely known, even though some Bronze Age structures (W. and S.-W. city-wall) and artefacts have been recently found in the western part and in the center of the Graeco-Roman city. Like a hinge, the Nabataean arch complex links the main E.-W. street with the Ist century AD eastern nabataean district, of which the cross-ruled orientation is different. In the main streets of the Roman city center, the building of the columnaded porticoes is now accurately dated in the severan period by inscriptions. The numerous offi cial inscriptions – some of them in Latin – found in the south-north street from the main E.-W. street to the Roman camp obviously demonstrate the political meaning of this urban axis. During the IVth and Vth centuries a large renovation of the porticoes and neighbouring buildings has been carried out. The transformation of the street porticoes into separate shops – as in modern souqs – has probably begun in the late omeyyad period. This architectural evolution has emphasized the permanent economic function of these Roman urban spaces, which were still in use when European travellers visited these cities. Syria 79 (2002), p. 75 à 154 04-Bosra 75 4/1/04, 8:05:06 PM 76 J.-M. DENTZER, P.-M. BLANC et TH. FOURNET Syria 79 (2002) INTRODUCTION (J.-M. DENTZER, P.-M. BLANC et TH. FOURNET) Les circonstances des dégagements extensifs dans le centre de la ville. En 1981 le regretté Souleiman al-Mukdad a invité Deux ensembles particulièrement vastes ont été mis amicalement la mission archéologique française au jour récemment, la rue nord-sud à partir de l’été en Syrie du Sud à participer à l’exploration de la 1993 et tout le secteur situé immédiatement à l’est Bosra antique1. Nous avons alors choisi de nous des thermes du sud depuis 1999. Ces dégagements orienter vers les vestiges et l’histoire de la Bosra ont été effectués, souvent sur de longues périodes, nabatéenne en commençant par des sondages sur dans la perspective du développement touristique du l’arc « nabatéen ». En plus de son intérêt propre, ce site2. Dans ces travaux ont été engagés des engins monument a ouvert, dès la première campagne, des mécaniques ou une main d’œuvre nombreuse non perspectives nouvelles sur l’histoire de l’organisation spécialisée (où dominaient des adolescents), sous la urbaine et du développement de la ville. Plus tard, seule direction de contremaîtres de la direction des en 1993, l’étude des thermes du sud a conduit à Antiquités de Bosra. Elles ont souvent été suivies implanter un sondage à cheval sur le mur nord du aussitôt de restaurations partielles, avec reconstruction bâtiment et la rue principale de la ville, à proximité de murs et redressement de colonnes. Ces conditions d’un carrefour majeur de la cité. Ce sondage a de travail n’ont pas permis de recueillir la totalité des révélé des états successifs dans le développement informations archéologiques attendues, en particulier de cette voie de circulation et de ses annexes. Il pour les phases d’occupation plus récentes du site. a attiré aussi notre attention sur des différences La mission archéologique française n’a guère pu significatives d’orientation entre le réseau des rues intervenir au cours des fouilles. Sa participation a été et l’établissement thermal ; or l’orientation de la limitée à un relevé complet des vestiges dégagés et, partie la plus ancienne de ces thermes correspond à par exception, à quelques nettoyages complémentaires celle d’autres monuments implantés dans le même ou sondages très limités, après la fin des opérations de secteur. Concordances et discordances appelaient à fouille. Les renseignements ainsi obtenus s’ajoutent une nouvelle analyse car celles-ci peuvent apporter à ceux des chantiers des missions archéologiques autant d’indices sur l’évolution de la ville. étrangères qui ont travaillé à Bosra : mission italienne Ces observations portaient sur des points sur l’église des Saints-Serge, Bacchus et Léonce et limités, sans liens topographiques. Elles ont son voisinage3, mission de l’université américaine été complétées, à une échelle différente, par un de Beyrouth sur la frange nord-ouest de la ville4, autre ensemble d’informations qui permet de les mission allemande sur le Hammam al-Manjak et mettre en perspective. En effet, dans une politique plusieurs monuments islamiques de la ville5, courte de développement touristique, la direction des mission polonaise sur l’exèdre (pseudo-nymphée)6, Antiquités de Bosra a multiplié, depuis 1969 – date de mission archéologique franco-syrienne en Syrie du la découverte du cryptoportique – et jusqu’en 2001, Sud (arc nabatéen et ensemble ecclésiastique situé à 1. Le programme de la mission archéologique française en Syrie du Sud (ERA n° 20 du Centre de recherches archéologiques [CNRS] actuellement intégrée dans l’UMR 7041 de la Maison René-Ginouvès à Nanterre) est financé par le ministère des Affaires étrangères. Il a été élaboré et conduit en collaboration étroite et amicale avec la direction générale des Antiquités de la République arabe syrienne. À Bosra, nous avons été accueillis chaleureusement depuis 1974 par Souleiman, puis par Riyadh et Anas al-Mukdad qui a pris part régulièrement au travail de l’équipe. Il faut souligner la place de premier plan, dans cette mission, des architectes Henri Broise, Philippe Tondon et Thibaud Fournet et aussi de René Saupin, ingénieur topographe. L’analyse et les conclusions présentées ici sont le résultat d’un travail collectif. Nous avons cependant tenu à présenter en tête de chaque partie les noms de ceux qui ont porté la responsabilité majeure dans l’étude et la rédaction. 2. CERULLI 1978, p. 136-137 évoque déjà les limites méthodologiques d’une politique de dégagements extensifs. 3. Voir bibliographie : CARRINO ; CERULLI ; FARIOLI CAMPANATI ; FIACCADORI ; FIORANI PIACENTINI ; GUALANDI ; MASTURZO ; MINGUZZI ; SOGLIANI ; ZANOTTO GALLI. 4. Voir bibliographie : KADOUR ; SEEDEN. 5. Voir bibliographie : AALUND ; FREYBERGER ; KADER ; MEINECKE. 6. Voir bibliographie : MAKOWSKI. 04-Bosra 76 4/1/04, 8:05:07 PM Syria 79 (2002) DÉVELOPPEMENT URBAIN DE BOSRA. INTRODUCTION 77 l’est de celui-ci, thermes du sud, cryptoportique et Bosra à l’époque médiévale et moderne jusqu’à la tétrapyle, camp romain). Ils éclairent les analyses découverte de la ville par les voyageurs occidentaux architecturales du bâti menées parallèlement par du XIXe siècle8. Cette ville « traditionnelle » était en l’équipe française au cours des dernières années en bonne partie quasiment intacte jusque dans les années lui apportant des repères chronologiques et souvent soixante-dix. Elle a été étudiée et présentée ailleurs des bases d’interprétation pour les constructions. récemment9. D’autre part, des prospections effectuées par L’émergence du plan de la ville (Pl. 1) l’équipe française à la périphérie de Bosra pour rechercher les relations de la ville avec son Les auteurs qui ont travaillé sur Bosra ont d’abord environnement ont également détecté dans le cherché à identifier et à analyser des monuments paysage des traces d’organisation. Les résultats antiques, rarement dégagés et accessibles, plus de ces investigations seront publiés par ailleurs. souvent pris dans les constructions habitées ou Certaines observations peuvent dès maintenant être ruinées du village de l’époque préindustrielle exploré mises en relation avec le développement à l’intérieur par les voyageurs occidentaux du XIXe siècle10.