Les Protocoles des Sages de Sion. Le complot juif hier et aujourd’hui Johan Puttemans et Yannik van Praag Mémoire d’Auschwitz ASBL Mémoire d’Auschwitz ASBL Rue aux Laines, 17 boîte 50 à 1000 Bruxelles Tél. : +32 (0)2 512 79 98 Décembre 2019 www.auschwitz.be •
[email protected] A. Dissection d’un texte haineux1 En 1903, Znamya, un journal antisémite de Saint-Pétersbourg, prétend révéler l’existence d’un complot juif mondial en publiant une série de protocoles secrets. Deux ans plus tard, un certain Sergueï Alexandrovitch Nilus (1862-1929), un écrivain mystique et orthodoxe russe, publie une version in extenso de ces protocoles au dernier chapitre de son livre Le Grand dans le Petit : l’Antéchrist est une possibilité politique imminente. Ils apparaissent ensuite rapidement sous la forme d’opuscules autonomes sous le titre Les Protocoles des Sages de Sion. Ce faux, ce texte fabriqué de toutes pièces par des agents de la section française de l’Okhrana (les services secrets russes) et dont la sortie s’avère plutôt confidentielle, va pourtant devenir l’incarnation même de la littérature complotiste et antisémite. Mais s’il s’agit d’un faux, par qui, pourquoi et dans quel contexte un tel document a-t-il été rédigé ? Avant toute chose, il est nécessaire d’exposer brièvement ce que l’on trouve dans Les Protocoles des Sages de Sion. Le texte se présente comme le compte rendu détaillé de vingt-quatre réunions secrètes d’une assemblée constituée de mystérieux dirigeants du judaïsme mondial où est exposé un plan d’asservissement de l’humanité.