PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DU NORD ET DU NORD'EST Quartier Morin, Limonade, Caracol, Sainte Suzanne, Trou du Nord, Terrier Rouge, Fort Liberté, Ferrier

Jeanine L. Millet | 2012 Preservation Strategy and Development of the Cultural and Natural Heritage of the Region

1. Apply the minimal measures of protection established in 1997 (CMC / UNDP / UNESCO / CNRS) to areas that are to be protected in the region of Fort-Liberté, which includes: • Bay of Fort Liberté (periphery and bottleneck) and the French colonial fortifications. • the Lagon a Boeufs • the Mamelles zone (Coastal Four a Chaux) and the colonial fortifications. • the coast from the mouth of the River Massacre Bay to the Bay of Caracol

2. Protect the historical and visual integrity of the natural landscape and cultural sites of the North-east and north within the study area by designating the following areas as protected zones: • the coast line from the Bay of Limonade to Caracol Bay • the area between the Seashore of Limonade, En Bas Saline (Taino fifteenth century.,) and Puerto Real (site of the sixteenth century Spanish city). • The Foulon River in Ste Suzanne for its Taino petroglyphs and unique landscape • the historic centers of towns and cities in the region, defined by their: o urban form (defined by the building lots and subdivision of blocks) o architecture (shape, material, function) o the scale of the buildings, o alignment of the building façade o public spaces (squares) o important symbolic buildings (church, cemetery gates ...) o sites that are notable for their use acquired over time o districts defineded by the social and symbolic appropriation by the people o Physical relationship with natural environment, built and landscape. • The highly symbolic and mystical places identified by local communities including: o La Fosse Capoix o Lakou Deréal o Lakou Clérisse o Springboard Basin o Basin Mambo (Limonade) o Lovana (Quartier-Morin) o Chabert (Caracol) ....

3. Preserve and rehabilitate vernacular settlments such as “graden-towns (Acul Saturday), the "Kay-gardens" (along roads and paths) and the architectural integrity of urban centers (Ste Suzanne, Trou du Nord, ...)

4. Consolidate and restore: • the French colonial coastal defense system and the Haitian fortifications such as Fort Capois • Sugar plantation homes of : Desglaireaux, Bongars, Duplaa Larue, and Veron • Important Coffee significant (Chop, Moka nine, ..), production infrastructure (bridges, aqueducts, baths, sinks,). And monuments Henri Christophe ("palace" or "castles" of Belle-le-Roi, Chastenoye, ..)

5. Safeguard the intangible cultural heritage that contributes to the spirit of a place: • The fiestas and patron saint celebrations • legends surrounding the projects of King Christophe, • the names of places (neighborhoods, streets, houses) • gastronomical traditions in the region • Mardi Gras “raras” and carnival disguises - Ferrier, Mapu , Meillac, Fort-Liberte

6. Preserve the landscapes that shape the overall vision of the region and the view sheds that provide a glimpse of the cultural heritage of the region and . These include but are not limited to : • Sweeping views from the sea to the plains and mountains • panoramic views of the mountains to the plains and the coast (Derac) • Unique silhouette of the vegetation • the confluence of water circuits, .

7. Control the watershed, specifically storm water damage which is damaging significant sites of cultural and historical importance. Many notable sites are subject to natural forces that create gullies, sedimentation and changes in the topography. These are all artificially accelerated by current rural farming practices and deforestation

8. Prevent illegal sprawl development and growth around monuments and sites that need to be protected. Adopt protected sites zoning that includes a no-build buffer zone for each significant site.

9. Develop a master plan that takes into account the social, historical and cultural fabric of the region’s urban space.

10. Advocate for and adopt a housing policy that addresses both the renovation of historic areas, the homes of the poor, transportation and waste management.

11. Educate and build awareness among the population about their cultural heritage and its manifestation in the build environment. Adopt an integrated approach to culture.

12. Promote quality tourism that is sensitive to the natural environment and historical monuments

BOURG DE QUARTIER-MORIN Nord Quartier-Morin

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL & CULTUREL DE QUARTIER MORIN

Entrée du Bourg

Quartier Morin La paroisse de Quartier-Morin La paroiffe du Quartier-Morin, pour me fervir du premier nom français qu'elle ait eu & qui a tellement prévalu , qu'il n'eft pas permis d'efpérer qu'on veuille l'abandonner , faifait originairement partie de celle de la Petite-Anfe (établie en 1670) & en fut féparée peu d'années après , quoiqu'elle ne foit devenue que le 2 Février 1700 la paroiffe Saint-Louis , 1670 du nom de fon patron actuel...L'églife du Quartier-Morin eft fituée ...prefque à l'une des extrémités de la paroiffe. L'an 1688 , Ie cinquième jour du mois de Mai , par l'ordre de M. de Cuffy , gouverneur pour le roi en l’ile de !a Tortue & Côte Saint-Domingue..nous nous fommes tranfportés dans l'églife de Saint-François d'Affife du Quartier-Morin

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Que Protéger ?

Le Bourg de Quartier-Morin

1. Le Tracé Urbain colonial a. Le tracé et la dimension des rues b. L’alignement des façades c. L’échelle des bâtisses

2. Les Eléments Symboliques a. La Place b. L’Eglise St Louis c. Le Portail d’entrée du bourg d. Le Cimetière

3. Le Bâti a. Les maisons style XIXème siècle Habitation b. Les puits coloniaux Habitation Les Habitations & les Ou-

portails et des puits coloniaux. A l’entrée vrages d’Art Coloniaux Quartier Morin et les Habi- d’une modeste demeure, façade de la tations sucrières place, se trouve la pierre tombale de Char- 4. Habitation Duplaa et son réseau les Morin, fondateur de Quartier-Morin. Un hydraulique Aussi vielle que la colonie française de tracé orthogonal est esquissé du pour 5. Habitation St Michel et ses planta- St Domingue, la paroisse de Quartier-Morin se diluer dans les jardins alentours. Difficile tions sucrières (Habitation Larue ?) en fut l’un de ses joyaux. Connue pour la de rivaliser alors avec l’embarcadère de 6. Habitation Macnemara richesse de son sol et de son industrie su- Petite Anse , située au fond de la baie du 7. Habitation Chastenoye et ses rui- crière, elle fut à la pointe de la technologie Cap, et les plantations environnantes, plus nes ( “chateau” Christophe, em- de l’époque. D’importants investissements riches et densément peuplées. barcadère et batterie du Carénage) en équipements et machineries (moulins à 8. Habitation Desglaireaux avec sa eau, aqueducs, cheminées, étuves,..) alliés à “La paroiffe du Quartier-Morin ne sucrerie et ses installations une importante main d’oeuvre servile ont connaît d'autre culture que celle du fucre 9. Habitations Cadush et autres fait sa renommée et sa fortune . qui occupe 32 fucreries , donnant par an- (à enquêter) née, neuf millions pefant de cette fubftance 10. Le pont colonial en briques de “ Si, pour juger de l'importance des fi utile , fi agréable. Le fucre du Quartier- Balan-Choiseul paroiffes de Saint-Domingue , on les com- Morin eft réputé le plus beau de celui qu'on 11. Le bassin et captage de Giodé parait entr'elles, à raifon de leur étendue , fabrique dans la Partie du Nord & c'eft le 12. Barrière Djoum (basse plaine) on commettrait une immenfe erreur relati- maximum d'une échelle à laquelle on fait vement à celle du Quartier-Morin, puifqu' rapporter l'eftimation de celui produit dans elle eft une de celles qui poffèdent le les autres paroiffes. Les terrains des habita- meilleur fol, & dont les produits font pro- tions Charrite, Portelance & Saint-Michel, portionnellement les plus confidérablcs et font les plus réputés pour le beau fucre , Richesse des Habitations les productions les plus, belles (t).” mais la meilleure terre avec des productions L'habitation le Febvre qui a 135 car- auffi belles , c'eft celle de l'habitation Chaf- Située entre le Cap et Limonade, sa reaux de cannes , donne 800 milliers tenoye...” de fucre , encore en ne roulant pas plaine , irriguée par la Grande Rivière et tout ; celle Charrite ,550 milliers avec ses confluents, comprenait de vastes habita- On croit , selon Moreau de St Méry, 97 carreaux de cannes qui font tions, qu’un important réseau de chemins, prefque la totalité de l'habitation, que les premières cannes à sucre furent conduisait à l’embarcadère de Petite Anse. puifqu'elle n'a que ,102 carreaux.. La introduites dans la plaine du Cap précisé- Celle-ci fut le principal lieu d’entrepôt des fucrerie Saint-Michel donne 400 mil- ment sur l’Habitation Duplaa, qui provient liers de fucre que fabriquent 256 denrées pour l’exportation des paroisses de du “démembrement” d’une des possessions nègres , en 90 journées , non-fuccef- Quartier Morin, Petite Anse, de Ste Rose du gouverneur M. de Charitte. ”Ces cannes fives ; l'habitation Macnemara pro- (Grande Rivière) et . duit, déduction faite de la part attri- plantées en 1699 & roulées en 1700, fe buée au mobilier, fur le pied de neuf trouvent dans l'Eft des bâtimens de la ma- à dix pour cent par an, pour le fond Le bourg de Quartier-Morin comptait nufacture , & il faut avouer que jamais lieu Moreau de St Méry parmi ses plus anciens établissement l’église ne fut plus propice pour recevoir ce pré- de St François d’Assises, rebaptisée église St cieux dépôt puifqu'encore en ce moment , Louis, d’abord en bois, puis reconstruite en cet utile rofeau y croît avec un fuccès qui maçonnerie en 1717. C’est autour d’elle et femble tenir à l'orgueil de cette poffeffion de la place qu’elle domine de son prestige , primitive” que se construisirent quelques habitations, dont témoignent encore vestiges de murs, de

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Ce sont les vestiges de ces Habitations sucrières qui parsèment toute la plaine, de Quartier- Morin à Limonade, qui constituent la force et la richesse de ce patrimoine: Portails d’accès, puits, cheminées, canaux aqueducs, murailles en maçonnerie (“masu- res” disent les habitants), autant d’éléments détruits, abandonnés et incrustés dans les paysages qui racontent l’histoire des lieux

Portail d’accès Habitation Duplaa Habitation Febvre (?)

Puit colonial Porte d’Entree Maison du bourg Habitation

Habitation Duplaa

Les riverains du Quartier-Morin ont pratiqué des levées pour fe garantir des débordemens , eux qui, pour ainfi dire , n'ont plus que les dangers de leur pofition. Il y en a une fur l'habitation Duplaa, la dernière de la rive gauche , dont les dimenfions font , dans certains points, 60 pieds de bafe fur 15 pieds de hauteur , au- deffus des écores de la rivière & de 20 pieds de plate-forme. Je m'y fuis promené plufieurs fois en voiture. Il eft impoffibîe de ne pas parler de Habitation Duplaa- Histoire des Lieux M. de Charrite, lorfqu'on décrit la paroiffe du Quartler-Morin où il a Qui reconnaîtrait dans un pareil terrain , le fiége principal du royaume de Marien, le laiffé une immenfe fortune. Il poffe- féjour de Guacanaric … Le grand village qu'il habitait , car les premiers auteurs efpa- dait encore en 1716 , le tiers du gnols , n'ont appelé que village cette réfidence d'un fouverain ...il eft impoffible de mé- Quartier-Morin , mille toifes en carré connaître le fite du bourg de l'embarcadère de la Petite-Anfe., dans la paroiffe de la Petite Anfe , la favane de Limonade...Il fit venir de Au furplus , tout prouve que ce lieu , fes environs & les différentes parties du Quartier- France un rafineur inftruit , & ce fut Morin , ont été habités par les Indiens ; partout on retrouve leurs offemens, leur groffiers fur fon habitation au Quartier-Morin mais ingénieux uftenfiles , leurs fétiches hideux mais quelquefois très-artiftement travaillés , que fut établie la première purgerie , quoiqu'on ne leur ait pas trouvé d'outils. Sur l'habitation Duplaa particulièrement, on de la Colonie Françaife. Il envoya les rencontre à chaque pas , en fouillant les trous de cannes , quelques nouveaux veftiges premiers effais de fon fucre rafiné , comme on difait alors , au Miniftre , de l'exiftence de cette race déformais effacée de la lifte des humains. par le vaiffeau le Profond , en 1711

Moreau de St Méry Moreau de St Méry

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 Que Protéger ?

Le Patrimoine Immatériel

1. Les Lakous a. Lakou Clérisse ( médecine tradi- tionnelle, rituel, danses,musiques,...)

2. Les Sites Mystiques a. Lovana ( Habitation Duplaa) b. Manman Jimo (Grand Pré) Habitation Desglaireaux 3. Les Fêtes Patronales a. 24-25 Aout,St Louis d’An Roseau b. 27 Septembre , St Pierre d’An Guerres d’Indépendance “Cette habitation encore en bon état Roseau (Galman-Duplaa) de conservation comprend la sucrerie pro- c. 23-24 Mai, Vierge Délivrance et Royaume de Christophe prement dite avec sa galerie de charge- (Grand Pré) La stratégie de la terre brulée, du ment des fours à l'arrière et d'intéressants “Koupé tet, boulé Kay” qui fut appliquée détails de travail de la pierre à l'intérieur et 4. La Toponymie des lieux par les esclaves et leurs chefs durant 12 ans, à l'extérieur (corniches) ainsi que sa grande 1791-1804, provoqua le déclin de ces riches cheminée, au fond, près d'un puits d’épo- habitations sucrières et une nouvelle occu- que. En entrant dans la cour,... sur la Les Paysages droite, un moulin à bêtes bien conservé pation territoriale. Quartier-Morin, forte de 1. Les allées des habitations (chênes, ses 7000 nègres et 95 affranchis, contre avec son dépôt à cannes attenant et une acajou meuble, mombin,..) 204 blancs, dont 118 portant armes (1797) allée qui mène à l'ancienne grand-case, en s’inscrit tout naturellement dans ces luttes passant par un long abreuvoir (sur la gau- 2. Les plantations de canne à sucre, indépendantistes et anti-esclavagistes. Elles che) pour les bêtes. Il ne reste de la grand- de bananes, de café et cacao case d'origine que des traces de fonda- aboutiront au repli des populations nouvel- 3. Les bambous de Clérisse tions. A proximité se trouve la tombe du lement indépendantes vers les montagnes, 4. Les manguiers (mangues“fil rouj”, rejoignant par là, la stratégie militaire haï- général Bottex (Narcéus Bottex, gouverneur Habitation Bourjo, Grand-Pré) tienne de défense tournée alors sur l’inté- de la Grande Rivière du Nord ) avec dates 1 rieur. et armoiries (1892)” . Cette ancienne habitation sucrière Général puis Roi de la partie Nord s’inscrit aujourd’hui dans un paysage ver- Habitation Desglaireaux durant 16 ans, 1804-1820, Henri Christo- doyant de cacaoyers et de caféiers ombra- phe, voulut reconstruire l’économie détruite, gés par de grands “mombins pruniers” . Elle en restaurant le régime des grandes pro- est facilement reconnaissable sur une vue priétés et en imposant un code du travail aérienne par sa couverture végétale. Elle extrêmement rigoureux. Des habitations fait honneur au Palais de Sans-Souci, placé coloniales furent ainsi réhabilitées et certai- dans une sorte de continuité paysagère, et nes grandes cases transformées en palais. à la fortification de la Citadelle Laferrière, qui du haut du Bonnet à l’Evêque. domine C’est le cas dit-on de l’habitation Chaste- noye, que la population nomma château la Plaine du Nord; tous deux symboles du royal “Chatte noire” ou “Chastenoi”,qui vint pouvoir exceptionnel de ce grand bâtisseur s’ajouter à celles restaurées à Limonade. que fut Christophe.

Située dans l’axe Milot--Cap, au carre- four La Mort, L’Habitation Desglaireaux, fut aussi l’un des “châteaux” de la dotation de la reine à l’époque du royaume du Nord. Connue aujourd’hui sous le nom de Ducléro ou Dugléro, cette habitation appartint à la fin du XIXème siècle à la famille Bottex, descendant du général Raimon de Bottex, aide de camp du Roi et commandant de l’Armée du nord.

1 Description de Jacques de Cauna dans ‘L’habitation Desglairesaux au Quartier-Morin (Haïti) Jeanine L. Millet, AIA/2012, 4 Lovana Organicité Vodoun-Nature

Sources, Bassins,Torrents, Boues,Cascades... La culture haïtienne encore plus que certaines autres ....présente “ l’excep- tion culturelle” moderne d’une com- plète organicité avec la nature. Se l’appropriant à tous les niveaux, elle s’en enveloppe,l’intégrant totalement dans son propre fonctionnement hu- main et, de là, à toutes ses formes d’expression...Ainsi déclarée vivante, la Nature est Culture.

L’effroyable transposition des hommes et femmes vers l’esclavage est l’élé- ment essentiel qui, ajouté aux prédis- Habitation Duplaa positions mésoaméricaines, a permis l’éclosion de cette vision de la Terre Les Sites Mystiques entière...sans référent de lieu. Toutes sortes de légendes se mêlent étroitement à ce site de Duplaa. Les ouver- ... Seul le bruit de la mer. Plusieur lieux à Quartier Morin et dans tures arquées menant aux bassins et aque- La mer, partout, introduit alors...l’Eau les zones avoisinantes, Limonade et Plaine ducs sont décrites par les habitants comme du Nord en particulier, sont considérés par les 7 portes d’entrée menant aux souter- “Entre-Deux-Eaux”, Simbi est la duali- la population comme d’importants sites rains du Roi Christophe, reliés à son palais té androgyne, la complexité des em- mystiques et religieux. Le Bord-de-Mer de de Milot et à La Citadelle.. bouchures périlleuses où se mêlent le Limonade, ou chaque vendredi des rituels y pur et l’impur, le doux et le salé... Au sont organisés, et Lovana sur l’habitation pèlerinage du Bord de Mer de Limo- Duplaa, qui 2 fois par semaine est l’objet de nade, le culte rendu à Filomiz (Ste Philomène), divinité vodoun nettement Pèlerinage, sont les plus célèbres. circonscrite au Nord et à l’Est de l’Ile, retrace les origines aux temps des Lovana, poisson “nan d’lo” qui porte premiers affrontements ou les Espa- une boucle d’oreille, et à qui on attribue gnols confrontaient la population bien des pouvoirs, “vit” dans les bassins de indigène. ..L’ampleur des dévotions Duplaa. La population s’est appropriée des sur cette large plage-estuaire est au- ruines de cet importante ouvrage hydrauli- jourd’hui le seul hommage à ces mo- que, constitué,de levées, de prises, de cana- ments tragiques de constitution du lisations et de bassins datant de la colonie peuple haïtien, rejoignant ainsi la française. solennité des offrandes de barques d’Agwe sur toutes les côtes du pays. Les arbres reposoirs et les figuiers qui Parmi les autres sites les plus connus à Rachel Beauvoir & Didier Dominique enserrent les murailles entre leurs racines, et Quartier-Morin, on retrouve : surtout la présence essentielle de l’eau, source de vie et “vecteur d’énergie”, per- Le Lakou Clerisse ou de nombeux ser- mettent la communication avec les lwas vices vaudou sont célébrés, mais dont la (esprits), les morts ,les ancêtres, et le retour Le Territoire de la Com- réputation est donnée par ses “docteurs mythique à “l’Afrik Guinin”. feuilles” et leurs soins médicaux, à base de mune de Quartier-Morin plantes naturelles. 2 sections communales : 1ère section Basse Plaine et 2ème section Morne Manman Jimo, source mystique, à Pelé. Surface 61.53 Km2 (densité de Grand -Pré, où se pratique le culte aux “ma- 298 hab/Km2 en 1998) rassa” , les vendredi et samedi, et auxquels l’on attribue de grands pouvoirs “qui consa- crent la postérité comme garante du présent ainsi que du passé.”(R. Beauvoir Domini- que). Herskovits fait remonter ces usages à la croyance, si répandue en Afrique Occi- dentale, selon laquelle les jumeaux auraient une seule et même âme.2

2 “Life in a haitian valley” de Herskovits, cité par Alfred Métraux dans le Vaudou Haïtien, ed. Gallimard Jeanine L. Millet, AIA/2012, 5 BORD DE MER DE LIMONADE Les anciennes lignes de rivage à l’ouest de la baie de Caracol, Atlas Côtier du Nord-Est d’Haïti Nord 2

1

3

Ligne de rivage du XVIIIème s. 1 Site du village Taïno En Bas- 2 Lieu de découverte de l’ancre

LIMONADE Saline (occupé au XVème s.) attribuée à la nef Santa-Maria (échouée en 1492.) Ligne de rivage présumée du XVème s. 3 Site de la ville espagnole de Puerto Real (XVIème s.)

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE LIMONADE La commune de Limonade est probablement Peu connue, cette ethnie amérindienne, La découverte de l’ancre attribuée à la nef l’une des zones du nord la plus riche histo- pacifiste, qui se partageait toute l’ile d’Haï- Santa Maria de C. Colomb, sur l’habitation riquement et culturellement; Elle a abrité ti, semble avoir occupé densément cette de Mme Fournier de Bellevue, à 900 toises successivement les Taïnos, qui furent les région selon la carte des établissements de la mer, et des fondements d’un fort sur premiers habitants de l’ile, suivis successi- précolombiens de Moore. Rien qu’au Bord l’habitation Montholon, sur la partie orien- vement des colons espagnols et français, de Mer de Limonade se trouvent 2 sites tale du Fossé, à environ 1 lieue de son em- durant 312 ans. Elle fut avec la Plaine du majeurs, En Bas Saline, l’un des plus grands bouchure, considérés comme ceux du fort Nord , l’un des bastion de la révolte anti-es- village Taïno répertorié, estimé a une super- de la Nativité (vus et cités par M. de St clavagiste et des guerres de libération qui ficie de 950 M2 et à près de 300 ans d’oc- Méry), souligne l’importance de cette aire . aboutirent à l’indépendance en 1804, puis cupation continue (1250 AD-1492), et Puer- “Limonade parait avoir été très peuplé l’un des territoires de l’empire Christophien, to-Real, dont les fouilles effectuées par W. avant la découverte de l’Ifle. On trouve à pour ne citer que ces faits. Hodges confirment bien que cette ville es- chaque pas des débris des uftensiles des “La conquête espagnole qui fait de l’Ayiti pagnole s’est construite en 1503 sur un site indigènes qui l’habitaient”. d’Arawak, l’Hispaniola de Christophe Co- Meillac. Pratique qui s’est exercée à Fuyant les espagnols, les indiens se réfugiè- lomb, bouleverse tragiquement le destin de Bayaha fondée en 1578 sur un site Carrier rent dans les grottes reculées et peu acces- la population autochtone, très tôt presque et finalement dans toute l’Amérique centrale sible des Montagnes Noires et du Plateau entièrement décimée..” et du par les conquistadors espagnols. Central pour prier leurs dieux.

Limonade a été l'un des premiers établiffemens de la plaine du Cap. Ce fut vers l'an 1676 qu'il reçut les Limonade premiers habitans ; il dépendait alors du Quartier-Morin, & fes défrichemens commencèrent, comme tous ceux de la Colonie,dans le voifinage du bord de la mer. Il fe forma dès lors un embarcadère, à un quart de lieue duquel on conftruifit en 1679, une Petite chapelle.. Cette paroiffe fituée à trois lieues à l'Orient de la ville du Cap , eft l’une des plus célèbres de la Colonie par fes riches produits....La paroisse de Limonade réunit toutes les cultures. Elle contient trente-fept fucreries…, trois indigoteries, quatre tuileries, poteries et briqueteries, fept guildiveries ou 1675 manufactures à tafia,& 160 caféteries & 54 places à vivres. Moreau de St Méry “Description ...de la partie française de St Domingue”, 1797

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Que Protéger ?

Le Patrimoine archéo- logique et historique

1. Les Sites Précolombiens et Espagnol du Bord de Mer de Limonade a. En Bas-Saline (1250 AD-1492) b. Puerto-Real (1503-1578) c. L’emplacement de l’ancre de la Santa Maria (signalé par une borne installé en 1892) d. Le Fort de la Nativité (1492-1493)

2. Les Sites Français et les Ruines Coloniales a. Le débarcadère et le bourg du Bord de Mer de Limonade (1675) b. Le centre historique de la ville de Limonade (tracé, place de l’église) c. L’église Ste Anne (1707) C’est dans celles-ci que de nombreuses piè- “Cette paroiffe fituée à trois lieues à d. L’hydraulique de l’habitation Du- ces ont pu être découvertes. Sculptures en l'Orient de la ville du Cap , eft l’une des mesnil, e. Les casernes de Déricourt et Dufort pierre, en bois ou en argile consacrées aux plus célèbres de la Colonie par fes riches f. Les vestiges de moulins à eau (7) “Zemis” parfois décorées d’éléments hu- produits. g. Les portails d’entrée des habita- mains et animal (os). Limonade eft une paroiffe de plaine. Son tions, les puits, les ponts,... Certaine collections privées comportent de territoire plane renommé par fa fertilité , a 3.Les Sites Haïtiens véritables trésors archéologiques et artisti- dans fa plus grande profondeur Nord & a. Le Palais Belle-Le- Roi (Christophe) ques, zemis, pilons, duhos (sièges sculptés), Sud , trois lieues & demie & dans fa plus b. La fosse Capoix bracelets, ceintures de hanche, urnes, amu- grande largeur Eft & Oueft, environ deux c. Le Monument à Cappoix la Mort lettes, originaires en grande partie du nord- lieues”. 4. Les Artéfacts est mais dont les lieux exacts de collecte De vastes habitations s’installent et rempla- a. objets décoratifs et utilitaires sont méconnus. cent les petites unités de production de ta- b. sculptures Certains lieux portent encore des noms bac, d’indigo et autres épices des premiers indiens supposés, tels Roucou qui faisait colons. La canne à sucre principalement, le partie de la paroisse de Limonade et dont café et le bois précieux deviennent dès les Limonade en chiffres l’usage était répandue chez les Taïnos qui premières années du XVIIIè siècle, les den- se peignaient avec le fruit de l’arbre, le rées d’exportation de la colonie vers la 1797 roucouyer. métropole, et dont l’exploitation repose sur La population de Limonade eft une les grands domaines agricoles et une main des plus confidcrables de la Colonie. L’Occupation Française d’oeuvre servile importée d’Afrique . On compte :

Le retrait des espagnols vers l’Est, facilitât Les cartes de 1774 qui suivent, illustrent le 1. dans la plaine environ, 200 blancs , l’occupation graduelle de la partie occiden- formidable aménagement agricole de la 200 affranchis, tale de l’ile par les Français. Dès 1675, des Plaine de Limonade. Le parcellaire, les struc- 8,000 nègres. 2. dans les mornes colons installent des Hattes à Limonade près tures des habitations, les chemins conver- 260 blancs, des côtes sur les lisières de Caracol et Jac- geant vers l’embarcadère, les routes menant 300 affranchis, quezy. Jusqu’en 1695, ils subissent cons- au Cap-Français et Fort-Dauphin , sont indi- 5,000 nègres ce qui offre un total d'environ14,000 tamment les attaques des espagnols qui qués. Le plan Directeur du bourg du Bord individus , dont 290 portant armes. dévastent tout sur leur passage. C’est à de Mer en 1784, est étudié. Trois redoutes partir du traité de Ryswick en 1697, parta- sont prévues pour la défense du littoral mais geant l’ile entre espagnols et français, que ne sont pas achevées. La poudrière d’une Limonade, devenue paroisse en 1705, con- fortification construite vers 1762, située à nut un véritable essor. l’est du bourg, demeure le témoin...

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Plan Directeur du Bourg de Limonade 1784 Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM)

MM. Duplaa & Fournier dont les habitations bordent l'embouchure de la Grande rivière fur les deux rives parallèles , ont mis à profit depuis environ quinze ans , fa propriété de remblayer. Des levées placées fur le bord de la mer ont garanti le terrain des inyafions de l'Océan , & ont retenu les rapports, que les eaux de la rivière dépofent, après avoir été introduites avec beaucoup d’intelli- gence fur les terrains des falines, pendant la durée des crues. …On voit un fol où les canots et les cha- loupes naviguaient huit ou dix ans auparavant, donner des récoltes abondantes…. M de Fournier... eft peut-être de tous les colons de St Domingue, celui dont la fortune a été la plus remarquable, puisqu’il laiffa, à Limonade, une sucrerie à chacun de ses 3 fils et à chacune de ses 3 filles. La Grande Riviere qui borne la Plaine dans toute fa longueur, …n’a pas toujours eu dans la plaine, le lit qu’elle y occupe a préfent. Elle ..avait fon cours principal dans la petite riviere de ce quartier, qu’on nommait alors riviere Salée, qui fe rend à la mer par l’habitation Du- plaa, et qui eft aujourd’hui la petite rivière de Quartier Morin. Ce fut en 1684, que la rivière de Limonade (car on l’appelait ainfi), fe forma plusieurs lits entre la rivière Salée et le foffé. On lui en a compté quatre…. Cette rivière qui éprouve quelquefois un deffechement prefque total, eft connue par la violence de fes de- bordemens. …on doit être furpris de l’immense quantité de limon que cette rivière a tranfporté, pour convertir en terre cultivable la rade ou le bâtiment a été mouillé,… Il y a cinquante ans que le Foffé était navigable jufqu’a la paffe ou gué des habitations Walfh et Adhenet, diftantes de plus d’une lieue de la mer. Cartes coloniales datant de 1774, Moreau de St Méry Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM)

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 Que Protéger ?

Le Patrimoine Immatériel

1. Les Lakous a. Lakou Déreal (rituel, danses, musiques,chants...)

2. Les Sites Mystiques a. Bassin Tremplin ( Habitation Dumesnil) b. Bassin Mambo (Bois de Lance) c. Bord de Mer de Limonade

3. Les Fêtes Patronales a. 25-26 Juillet Ste Anne à Limo- nade b. 5-6 Septembre Ste Philomise, au Bord de Mer de Limonade Lakou Dereal au 23 Août, puis aux aux guerres de libéra- tion...” qui durèrent 12 ans. 4. La Toponymie des lieux 5. La Gastronomie Si Puerto-Real fut l’un des lieux ou ac- costèrent les premiers bateaux négriers La dimension religieuse abordée par transportant les esclaves d’Afrique, c’est Beauvoir et Lubin dans une analyse ethno- Les Paysages graphique, laisse entrevoir une possible durant l’occupation française que ce terrible 1. Le rivage et son cordon dunaire négoce atteint son apogée. Soudanais, fusion des cultes nago (guinin) et congo qui 2. Les plaines et les plantations Guinéens, Dahoméens,Fons, Bantous, Yoru- pourrait expliquer l'unité du mouvement 3.Les mornes et leurs “boisés” insurrectionnel - vu la diversité des ethnies 4. Les cours d’eau, les bassins et la bas, Mandingues, Nagos, Congos, Ibos, végétation ..., seront de force amenés par vagues suc- qui peuplent alors St Domingue - , la fonc- 5. Les gorges et vallées cessives sur l'île de St Domingue1 . Porteurs tion utilitaire magico-religieuse dans la fa- de leurs pratiques culturelles d’origine, brication de "pwen" et "gardes" pour se qu’ils adaptèrent à leurs nouvelles condi- protéger dans les combats et faciliter par là tions de vie, ils purent grâce à la religion la mobilisation des esclaves. Nègres marrons Vaudou trouver un refuge à leurs souffran- Situé entre les habitations coloniales de Dans le Bois de Lance , près de la ces et organiser la résistance à l’oppression. Grande rivière & à une demi-lieue plaine et les zones montagneuses du Massif audeffous du bourg de la Tannerie , du Nord, ou sont implantés les premiers “Une ordonnance de 1704 interdit eft le morne à Mantègre ,… Le marrons de St Domingue, le lakou de De- morne à Mantègre qui eft affez spécifiquement aux esclaves de “ faire des roide dans fes pentes , a fervid real est l’un de ces lieux mythiques ou mu- assemblées de nuit sous prétexte de danses quelquefois d'afile aux nègres sique et danses s’associent aux cultes reli- générales”... En 1765, fut crée, sous le nom marons. Colas furnommé Jambes gieux pour perpétuer et transmettre les coupées , nègre efclave de M. Doze de Première Légion de Saint-Domingue, un traditions ancestrales. , qui fut exécuté au Bois de Lance, corps de troupes légères. On lui assigna au mois de Juin 1724 , comme fonction de “dissiper les assemblées ne l'a rendu que trop fameux , et les calendas des Nègres”. Ceci n’empê- pendant quatre ou cinq ans , par les ravages de fa. bande. Le furnom de chât pas aux esclaves de se réunir secrète- Mantègre lui a été donné , dans ment la nuit “à l’abri de tout oeil profane”. l'origine , par l'abondance des co- chons marons qu'on y trouvait & La cérémonie du Bois Caïman le 14 dont on tirait le faindoux appelé mantègre par les Efpagnols. Aout 1791, sera le “détonateur” qui mènera à l'insurrection générale des esclaves du 22 Moreau de St Méry

1 En 1789, la population comptait environ 500 000 noirs, 40 000 mulâtres et 30 000 blancs Jeanine L. Millet, AIA/2012, 4 Rivière de Limonade.Chemin Bassin Mambo

Bassin Mambo

Bord de Mer de Limonade

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 5 nous avons pu vérifier que plusieurs d’entre- Bassin troplin- eux étaient des anciennes canalisations Habitation Dumesnil voutées en briques, sortes d’aqueducs sou- terrains, qui constituaient des prises d’eau sur la Grande Rivière et assuraient l’irriga- tion des plantations sucrières. C’est le cas de l’Habitation Dumesnil (actuel Dimini) dénommé Bassin troplin ou tremplin qui témoigne de l’important réseau hydraulique colonial.

C’est à L’église Ste Anne , construite en 1707 sur un terrain extrait de l’habitation Dusmenil, appartenant au sicilien Amat, architecte-directeur de l’église, que le 15 Aout 1820, Christophe fut victime d’une crise d’apoplexie qui le laissât paralysé. Malade et trahi par sa garde, faisant face à un soulèvement populaire dans son royaume, Christophe se suicidât le 8 octo- bre 1820 et ses biens pillés.

Limonade est aussi le lieu ou fut enterré phe, élu président à vie en Février 1807 se Le Royaume de Henri le général Cappoix, dit Capois-la-mort pour retire dans la partie Nord du nouvel état ses exploits guerriers dans la bataille déci- avec les troupes qui lui étaient restés fidèles. Christophe sive et victorieuse de Vertières, le 18 no- Le 2 juin 1811 il se fit couronner roi sous le vembre 1803, face aux troupes de Ro- Les guerres d’indépendance furent nom d’Henri Ier et dirige d’une main de fer chambeau. Ce héros national, fidèle parti- conduites par des chefs de guerre remar- son territoire. san de , fut lui-même lâchement quables comme Toussaint Louverture, Jean- assassiné en octobre 1806 au fossé de Li- Jacques Dessalines, Alexandre Pétion et Christophe se révéla être un construc- monade. Il fut enterré à carrefour Parois, Henry Christophe. Des les premiers mois qui teur de premier ordre : La citadelle la Fer- qui prit le nom de fossé Cappoix. Il a fallu suivirent la proclamation de l’indépendance, rière étant la pièce majeure et la plus éla- attendre les années 1950, pour qu’hom- Jean-Jacques Dessalines nommé Gouver- borée du nouveau système de défense na- mage lui soit rendu par le président Ma- neur Général d’Haiti, ordonne à ces géné- tional, et Sans-Souci, le plus “somptueux” gloire, qui construisit un Monument à Cap- raux “...d’élever des fortifications au som- des palais construit à Milot. Il restaura des poix à ce même carrefour. met des plus hautes montagnes de l’inté- anciennes habitations coloniales de la partie rieur...” . Au contraire des français qui nord dont les grandes cases furent transfor- Aujourd’hui bassin troplin est devenu avaient développé principalement une dé- mées en résidence royales.Il construisit plu- un site mystique ou des “services” religieux fense côtière2, les haïtiens choisissent de se sieurs palais dont le palais de Belle-le-Roi de y sont régulièrement pratiqués. Il en est de replier vers l’intérieur ayant compris “ que limonade. même pour Bassin Mambo et l’embouchure les montagnes formaient depuis l’époque du bord de mer de Limonade, sites naturels, du marronage une ligne de défense impre- L’empreinte du monarque fut telle dans fortement prisés par la population vaudoui- nable”. cette région , qu’on lui attribue encore de sante. nombreux “châteaux”, vestiges de construc- Une série de fortifications furent donc tions coloniales en briques et moellons, érigées sur les sommets les plus élevés du restaurées ou non par le roi. Quant aux pays. Dans le nord, le général François multiples souterrains, certains dit-on à 3 ou Le Territoire de la Cappoix acheva le fort Trois Pavillons et 7 portes, qui relient supposément ces divers Commune de Limonade construisit le fort du Ralliement dans les châteaux à Sans-Souci ou/et la Citadelle, mornes au dessus du Môle St Nicolas et 3 Sections communales : 1ère section Henry Christophe , commandant du dépar- Basse Plaine, 2ème section Bois de tement militaire du nord, entreprit la cons- Lance, 3ème section Roucou et 1 truction des forts Rivière et Neuf au dessus quartier,le Bord de Mer de Limonade. 113.12 Km2 (densité 360 hab./Km2 de Grande Rivière, du fort Dahomey au en 1998) dessus du Camp Coq, près du Limbé, du fort Sans-Quartier, du fort Brave, du fort Jalousière dans les mornes de .

Suite à l’assassinat de Dessalines en 1806, le pays se scinde en deux et Christo-

2 Un dispositif de repli est ébauché par l’armé française, mais les troubles qui saccagent la colonie depuis 1791ne permirent pas l’exécution de ce plan. Jeanine L. Millet, AIA/2012, 6 PLAN DE LA BAIE DE CARACOL Nord-Est CARACOL

récif corallien Reproduction partielle de la carte “Le Relief Terrestre et mangrove Sous Marin”. Extrait de l’Atlas Côtier du Nord-Est d’Haï- plage (sable et argile) ti, Menanteau L. & Vanney J.R,1997 PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE CARACOL La commune de Caracol est d’abord con- La baie de Caracol aux contours à la fois Le nom espagnol de Caracol que porte nue pour sa baie qui est considérée comme flous et prononcés, ou eaux et terres se encore cette zone s’étendait autrefois à la “l’une des zones écologiquement et histori- mélangent, paysage de deltas et d’estuaires toute la portion occidentale de la baie. La quement les plus riches de la côte nord au modelé changeant suivant l’histoire des destruction du Fort de Colomb par “Cao- d’Haïti. Elle doit cet avantage à la présence aménagements. Portion de Territoire du nabo” en 1493, qui organisât la résistance de longs récifs-barrières coralliens, de vas- Marien , ou le Cacique Guacanarig ac- des indiens, n’arrêtât pas la conquête es- tes mangroves et, entre sa partie occiden- cueillit Christophe Colomb à son arrivée en pagnole. tale et la Grande Rivière du Nord, à des 1492 . Le naufrage de son vaisseau de tête, La ville de Puerto-Real fut fondée en 1503 sites majeurs de la découverte de l’Améri- la Santa Maria, échoué sur ces récifs, ame- sur ordre de Nicolas Ovando puis aban- que”. nât les espagnols à.construire avec ses dé- donnée en 1578. Elle fut construite sur un Les Mangroves de la baie de Caracol.. sont bris le Fort de la Nativité, dans la zone dite ancien site Meillac. Elle subit l’assaut inces- les plus étendues du Nord d’Haïti (environ du Bord de Mer de Limonade. Ce fut ainsi sant de farouches résistants indiens comme 5800 ha) et, les secondes à l‘échelle natio- que naquit le premier établissement fortifié Tamayo et Henri du Bahoruco. nale après celles de l’Estère, aux Gonaïves. européen en Amérique. En Bas Saline, que l’on pense être le siège

Mais ce qui eft fufceptible d'offrir un véritable intérêt , c'eft la côte , qui borde toute cette paroiffe, au Nord. A mille toifes du point du rivage qui répond aux Mamelles, commencent les Efters des Fonds- Blancs, ces portions qui, mitoyennes entre la terre & l'onde , ont , fi j'ofe m'exprimer ainfi , une Caracol exiftence amphibie & à qui leur nom eft venu de ce qu'elles font ex terra, hors de la terre, avec laquelle elles ne forment pas un tout homogène.

...à une demi-lieue de la pointe , efl l'embarcadère de Caracol qui exiftait avant 17 17 , et où l'on embar- que dans deux points dont le fecond eft à, 360 toifes dans l'Oueft du premier & près de l'embouchure de la rivière de Caracol qui eft dans l'Eft de la favane du même nom. 1713 Les efters des Fonds-Blancs & de Caracol , font couverts de palétuviers qui fourniffent du tan & où l'on vient cueillir des huîtres. Dès 1713 ces divers embarcadères furent carabinés , mais celui de Caracol fut le premier de tous ceux de la Partie du Nord qu'on fortifia. Il l'a été par les foins de M. de Chaflenove qui y fit placer une bat- terie & un retranchement.

Moreau de St Méry “Description ...de la partie française de St Domingue”, 1797

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Vue des salines et du village de Caracol extrait orthophotoplan de la zone urbaine

de Guacanagaric, situé à l’est du Bord de Caracol, aujourd’hui un modeste village de de Limonade, est considéré comme l’un des pêcheurs et de fouilleurs de sel “fouye pwi” Que Protéger ? plus importants site Carrier des Grandes s’est développé sur un site ou l’histoire des Antilles. (K. Deagan/Florida Museum). différentes occupations s’est entremêlée. La Baie Moore signale qu’une partie du cimetière 1.Les Mangroves La localité qui porte encore le nom de Ca- a. Le palétuvier rouge (rhizophora du bourg de Caracol comme l’érosion de racol, encadrée de part et d’autre de man- mangle), l’espèce la plus répandue ses rues montrent encore des traces de la b. le manglier blanc (Laguncularia groves entre les anses de Jacquezy et de racemosa)et le manglier noir (Avi- civilisation Meillac. Bekly, se situe face à la Passe de Caracol, cennia germinans) 2. Les récifs Coralliens l’une des 4 portes d’accès à la baie qui Histoire des lieux qui ne coïncide pas tou- a. isolés (ilots submersibles ou cayes) traverse la barrière de récifs. jours avec le découpage territorial adminis- b. alignés ou récifs-barrières 3. Les Bords de Mer tratif actuel. Le bras gauche, cote nord-ouest a. anses,chenaux,cuvettes,.. Depuis la colonie française, elle fut l’un des de la baie, et nombreux de ces principaux c. plages d’étroites bandes de sables 4. Les Espèces Halieutiques et la sites archéologiques se trouvant dans la 2 embarcadères desservant le Trou, servant faune (+ de 20000 oiseaux migra- de relais au Cap-Français pour l’exportation commune de Limonade. teurs) des denrées. Jacquezy, de son nom indien Jaxy, fut également un embarcadère qui partage avec Caracol un littoral parsemé de salines. Bassins d’évaporation et de concen- tration de sel et cristallisoirs que l’on re- trouve dans nombreuses cartes du XVIIIème siècle et que jouxtent de nombreux sites Meillac, Chicoid, Archaic, répertoriés par Vue du village de Caracol Vue de l’église de Caracol C. Moore.

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Que Protéger ?

Les Paysages

1. Les Salines 2. Les plaines alluviales 3. Le réseau fluvial

Le Patrimoine

1. Le Bourg de Caracol (à réhabili- ter) 2. Les sites archéologiques préco- lombiens, espagnols et français (a préserver) 3. Le site historique de Chabert 4. Les traditions et le patrimoine im- matériel a. La fête patronale le 7 juillet : Carte coloniale datant de 1774, Ste Elisabeth Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM) Le Territoire b. La toponymie des lieux Fondamentalement connu pour son c. Charlemagne Péralte PLAN DE GESTION ET DE MITIGATION parc maritime, Caracol comprend aussi un DES RISQUES INDISPENSABLES AVANT territoire terrestre agricole bordé à l’ouest LE FONCTIONNEMENT DU PROJET par les Savannes sèches de Caracol et à La création d’emplois que promet le Parc l’est par les plaines alluviales, plus fertiles Industriel de Caracol ne va pas sans risques... Et ils sont nombreux et graves, de Chambert, Fleury, Jésus et Volant, arro- les dangers identifiés par le rapport sées d’un coté par les rivières de Caracol KOIOS. En voici quelques-uns. Il faudra d’abord effectuer le défrichage du parc, ou du Trou, et de l’autre par la rivière des situé sur les meilleures terres arables et Acajoux ou Marion dont les noms varient irriguées de la zone et délocaliser 1.000 agriculteurs et leurs familles. Ce parc selon l’époque. Une agriculture vivrière et sera la cause de grands stress sur les paysanne s’y maintient depuis l’indépen- infrastructures sociales et urbaines, pro- voquera une migration estimée entre dance haïtienne en 1804. 30.000 à 300.000 personnes. Il exer- La commune est aussi connue pour le cera donc une pression démographie énorme sur les ressources disponibles. site de “Chabert” ou fut aménagé en 1917 Pour les seuls besoins de fabrication et sous l’occupation américaine une prison de teinture du textile, il faudra pomper Delta de la Baie de 6.000m3 d’eau par jour dans la nappe réputée pour être “un camp de concentra- phréatique-ce qui pourrait compromettre Caracol tion”. Charlemagne Péralte, chef du mou- la recharge aquifère- et rejeter les eaux usées –mais traitées, on veut bien l’e- vement Caco et symbole de la résistance spérer !- dans la Rivière du Trou du Nord armée à l’occupation, y fut inhumé secrète- et au final, dans la baie de Caracol. L’électricité ne sera pas verte –opportu- ment après avoir été assassiné dans les nité ratée d’innover, mais plutôt se pro- hauteurs de Grande Rivière du Nord. Lieu duira au mazout, d’où des déchets lourds Le Territoire de la et toxiques. La construction de 5.000 de pèlerinage revendiqué par la population logements par le gouvernement améri- commune de Caracol de Caracol, quoique ses restes aient été cain en partenariat avec Food for the 2 sections communales : 1ère section Poor ne pourra pas conjurer le danger transférés au cimetière du Cap-Haïtien, Champin et 2ème section Glaudine. de bidonvilisation, non seulement de 75.74 Km2 (densité 65 ha/km2 en après une cérémonie religieuse officielle en Caracol, mais des localités avoisinantes. Et nous pourrions continuer, la liste des 1998) 1934, sous le gouvernement Vincent. risques et impacts négatifs énumérés dans le rapport est longue. PARC INDUSTRIEL DE CARACOL CE QU’IL FAUT EXIGER DES IN- R Doucet “Parc Industriel de Caracol: STANCES GOUVERNEMENTALES ET Pour protéger un patrimoine naturel et INTERNATIONALES culturel en danger”

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 RIVIERE FOULON OU ST MARTIN,

Pétroglyphe précolombien, civilisation Taïno nord-est Ste Suzanne

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE SAINTE SUZANNE

Ste Suzanne est une petite localité de Qui sont-ils ces Taïnos qui ont laissé Pourtant des pièces importantes ont été montagne dont le nom n’apparait pas sur leurs marques indélébiles sur les rocs de découvertes dans des grottes reculées et les images satellite de Google, et dont plusieurs cours d’eau du Nord, dont celles peu accessibles des zones montagneuses. pourtant la création remonte à la colonie plus connues de “Roche Tampé” sur la ri- Traqués, brutalisés puis exterminés par les française (1685). Son territoire fut une por- vière Limbé ? conquérants espagnols, ce sont vers ces tion du Caciquat du Marien et ses occu- lieux cachés que les indiens vont prier mais pants, les Taïnos, les premiers habitants. D’origine Arawak, cette ethnie amér- aussi, pour quelques uns, se réfugier afin indienne, pacifiste et animiste, idolâtrait des d’échapper au travail forcé. Les pétroglyphes de cette civilisation sculptures,généralement de pierre, “Zemis”, précolombienne, admirablement conservés dont le matériau provenait essentiellement Ste Suzanne sera, comme d’autres dans la rivière Foulon, témoignent de leur des rivières. La déesse du Caciquat du Ma- zones des montagnes du Nord, des lieux de présence dans la région et de leur sens rien, la mère “Iermao” qui signifie “corps refuge et de résistance pour les rares in- artistique développé. Inscrits et gravés dans de pierre” rappelle encore ces liens magi- diens survivants au génocide espagnol , la pierre, sur des rochers gris-bleutés et gris- ques entre l’eau, la terre et les dieux. initiant, par là, le “marronage” que prati- argentés parsemant le lit d’une rivière quera intensément les nègres esclaves, claire, dans une gorge relativement boisée, Les indiens occupaient principalement fuyant les plantations durant la colonie ce site constitue un riche patrimoine culturel les plaines de l’ile d’Haïti, selon la carte des française. et naturel. établissements précolombiens de Moore.

En 1685, on commença à y cultiver l’indigo & à défricher les mornets qui terminent Sainte-Suzanne au Sainte-Suzanne Nord... En commençant par l'Eft la defcription des montagnes dépendantes de la paroiffe de Limonade , on trouve d'abord le canton de Sainte-Suzanne, qui a pour principaux habitans des gens de couleur. On y fait un peu de café , mais beaucoup de vivres. Plufieurs habitations fucreries viennent fe terminer à la pente de ces montagnes, La difficulté de participer aux fervices fpirituels de l'églife paroiffiale , a porté les habitans de la partie montagneufe à folliciter l'établiffement d'une fuccurfale à Sainte-Suzanne. Elle a eu lieu fous l'invocation de cette Sainte, et la première meffe y a été formellement célébrée le 23 Juillet 1685 1780. Moreau de St Méry “Description ...de la partie française de St Domingue”, 1797

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Que Protéger ?

Le Patrimoine archéo- logique et historique

1. Les Sites Précolombiens a. Les pétroglyphes de la rivière St- Martin ou rivière Foulon b. Les grottes (à investiguer) Rivière Foulon- vue de la gorge ou se trouve le site indien 2. Les Ruines Coloniales a. Les Habitations caféières de Kolmin,Vigore, Duclos, Fouk,à Côtelette, de Gervais à Foulon, Veoc, à Moka Neuf b. Le centre historique du bourg (tracé, place de l’église)

3. Les Sites Haïtiens a. Le Fort Cappoix b. Le village et son caractère ver- naculaire c. L’église de Ste Suzanne

4. L’Architecture Vernaculaire (à réhábiliter) a. “Kay tè “ clissées et bousillées, typiques de l’architecture tradi- tionnelles du nord: toitures à 4 pentes,murs peints aux couleurs ocres, base plus sombre, pilas- Bourg de Ste Suzanne- tres aux angles.... “Kay” traditionnelles” b. Clôtures en végétal et plantes

Le bourg de Ste Suzanne

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Que Protéger ?

Le Patrimoine culturel & Immatériel

1. Les Gaguères ( espaces de combats de coqs) 2. Les Sites Mystiques a. bassin mystique derrière église 3. La Fête Patronale a. 10-11 Aout, Ste Suzanne 4. La Toponymie Les Paysages et Sites naturels 1. Vues panoramiques de Nan-Go mez à Foulon et Bois Blanc Rivière Foulon 2. La chute d’eau de Barbichon à Sarrazin 3. Le pic Sarrazin et ses vues pano ramiques 4. Les mornes, les gorges, les vallées et la végétation (fougères arbo rescentes, campêche,...) 5. La rivière Foulon et ses rochers colorés et texturés

L’Occupation Française & à 700 milliers, celui du Fond-Bleu. Total pourri, où le caféier réuffit parfaitement & deux millions, deux cens mille livres pefant. dure vingt-cinq & trente ans, dans l'expofi- C’est en 1780 que Ste Suzanne sera Mais, je le redis , c'eft un réfultat que cha- tion Nord...Les cantons des Bois-Blancs & élevée en paroisse avec l’établissement de que année verra décroître. (M. de St Méry) du Bois de Lance en montagnes , ne font son église, l’église de Ste Suzanne et d’un qu'une petite bande qui n'offre aucun dé- marché “ très-confidérable , utile aux mon- Son territoire long et étroit , ascendant tail particulier... Enfin les cantons de Sainte- tagnes & à la plaine...”, à l’emplacement vers les sommets plus élevés de Vallières est Suzanne & des Côtelettes contiennent des qu’ils occupent toujours dans le bourg. Ce très disparate,ce depuis l’époque coloniale : mines de cuivre qu'on avait commencé à sont les plantations caféières qui feront sa Le canton des Côtelettes eft aride & comme travailler. C'eft vraifemblablement de toutes richesse et sa réputation alors que les habi- épuifé...Le Moka neuf, canton auquel ce ces mines que parle Herréra & qui dépen- tations sucrières s’arrêtaient au pied des nom pompeux fut donné, parce que fa cul- daient de Porto-Réal. mornes . ture première était celle du caféier , eft loin Des ruines d’habitation caféière sont On peut évaluer à 300 milliers, le café de le mériter à préfent... Le canton du signalées par les habitants de Ste Suzanne, de Sainte-Suzanne; à 500 milliers celui des requérant ainsi leur inventaire. Fond-Bleu, ...eft une terre franche & un fol Côtelettes , à 700 milliers , celui du Moka; Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 de ce système défensif érigé durant les pre- Bourg de Ste Suzanne- mières décades du XIXème siècle. Elles ont sortie nord vers Foulon été partiellement détruites et constituent aujourd’hui la base visible d’une église en reconstruction à Foulon.

Les points de vue panoramique sur cette plaines du Nord, qui fut la plus riche assiette économique coloniale de St Domin- gue, que ce soit de Foulon, Bois Blanc, ou Sarrazin, combinés à un environnement “privilégié” pour la fraîcheur de son climat de montagne, sa rare “végétation” de cam- pêchers, de fougères arborescentes, de “sabliers” et autres espèces de sa flore , gravement en péril, et l’habitat vernaculaire d’une grande unité visuelle au bourg, assure à Ste Suzanne un attrait accueillant que reflète ces visage de femmes et qu’il serait important de conserver.

Suite à ‘indépendance proclamée le 1er Janvier 1804, Ste Suzanne, comme une grande partie du Nord, abritera des fortifi- cations construites par le Général Henri Christophe, sur les sommets les plus élevés du pays. Fort Cappoix, situé à Cheval entre Côtelettes et Moka Neuf , très difficilement accessible avec peu de traces de vestiges, Le Royaume de Christophe et nous dit-on, semble être davantage un lieu la période Haïtienne “mythique”, que réel, de notre épopée de peuple. Le Territoire de Pourtant le Fort Capois est clairement mentionné et situé par R. Gaillard qui ra- Ste Suzanne conte que durant l’occupation américaine, il fut occupé par les Cacos qui s’y étaient 6 Sections communales : 1ère section Foulon, 2ème section Bois Blanc, retranchés et vers lequel “ fut lancé une 3ème section Cotelette, 4ème section grande bataille le 2 Novembre 1919, le Sarrazin, 5ème section Moka Neuf, lendemain de la mort de Charlemagne 6ème section Fond Bleu et 1 quartier, Péralte, sous la direction du Capitaine Han- Dupity. 140.18 Km2 (densité 162 neken “ hab./Km2 en 1998)

Des ruines de “fortins” ou de “redou- tes”, en briques et moellons , à Nan-Go- mez, section rurale de Foulon, juste au des- sus des plaines de Limonade et de Trou du Nord, racontent également l’implantation

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 4 BOURG DE TROU DU NORD Nord-Est Nord-Est TROU DU NORD DU TROU

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE TROU DU NORD

Ornementation maison Linda Jean-Pierre, chemin Trou vers Ste Suzanne

La commune de Trou du Nord est limitée, à l’exportation de ses denrées vers le Cap des diverfes chaînes de montagnes; de l’ouest, par Limonade et Ste Suzanne, qui puis la métropole.. On y comptait alors 33 manière que plufieurs fucreries ont leurs rejoint au sud Vallières et Perches, puis, à sucreries “qui font annuellement plus de bâtimens en plaine & des portions de plan- l’est, par Terrier Rouge et, au nord, par cinq millions de fucre blanc”, 1 briqueterie tations fur des pentes douces.” Caracol. et 4 guildiveries. Certaines sont même réputées pour la quan- C’est principalement un territoire de plaine, De forme irrégulière et allongée, la partie tité de sucre produite telle l’habitation Du- dédié, durant la colonie française, à la supérieure de la plaine du Trou “ fe rétrécit buisson, placée au bout d’une petite chaîne culture sucrière et dont les embarcadères et s'infinue â travers des gorges & entre de montagnes, bénéficiant des pluies et de naturels étaient Caracol et Jacquezy pour difFérens petits épatemens des extrémités la fraicheur des hauteurs environnantes.

En parlant de la paroiffe du Terrier-Rouge , j'ai eu occafion de dire , qu'une grande por- Trou du Nord tion du territoire plane de celle-ci , & de la paroiffe du Trou, étaient originairement défi- gnés fous les noms communs de Caracol & de Jacquezy , & que le Trou lui-même s'appe- lait le Trou de Jacquezy, apparemment à caufe que plufieurs gorges des montagnes ont leur ouverture dans ce point. Dès qu'il parut des Flibuftiers & des Boucaniers dans la plaine du Cap , Jacquezy & Caracol eurent quelques établiffemens français épars, & ...au com- mencement du fiècle , d'anciens défenfeurs de la Patrie congédiés & des colons du voifi- 1695 nage du Cap , gagnèrent vers l'Eft pour s'oppofer aux attaques des Efpagnols qui avaient tout dévafté , en 1691 & en 1695... Moreau de St Méry “Description ...de la partie française de St Domingue”, 1797

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Que Protéger ?

Le Patrimoine

1. Les Ruines Coloniales a. Les vestiges d’habitation de Du- buisson, Foache, Morin,... b. les puits coloniaux qui parsèment Garcin, Rocou et Roche Plate. c. Le centre historique de la ville de Trou (tracé, place de l’église, le pont de la rue St Jean) d. L’église de St Jean-Baptiste (1705) e. Le cimetière à l’entrée ouest du bourg f. Les infrastructures de production: captage de Dubuisson, canaux et restes de moulins à eau. g. Les ponts de Pilette, Montjeal (ro- Maison traditionnelle che Plate) XIXème siecle

2. L’Architecture Haïtienne “Si la féchereffe n'affligeait pas le Trou , il gands sanguinaires”, furent les plus connus a. Les maisons résidentielles et com- au Trou. ferait d'une étonnante fécondité...” nous dit merciales du bourg: Moreau de St Méry. Aussi se développent , . style du XIXème siècle C’est en 1705 que fut conçu le projet d’éta- en dehors des zones planes de Roucou, vers . début XXème siècle blir une église dédiée à St Jean-Baptiste au . seconde moitié du XXème siècle, Limonade, et celles contigües à Jacquezy, bourg du Trou, ou vivait un nombre assez (sous conditions particulières) plusieurs sucreries, dans les zones de pied- b. L’architecture vernaculaire de la important d’habitants venus de Limonade mont et autour de la rivière du Trou. A Ro- banlieue de Trou du Nord (chemin dont le premier, M. Blanchet, y était installé vers Ste Suzanne) che Plate qui est “ dans un enfoncement qui depuis 1700. Placé sur le chemin du Cap à se dirige vers le sud-est & qui précède la Fort-Dauphin, le bourg connait un certain 3. Les traditions et le Patrimoine Im- coupe des Perches... les sucreries ont des matériel essor, malgré que son territoire soit “dé- moulins à eau établis fur la rivière du Trou, a. la fête patronale, 23-24 Juin, St membré” au profit de Terrier-Rouge en 1721 Jean- Baptiste dont la fource eft au piton des Flambeaux , et que son tribunal fut transféré en 1726 à b. Lakou Devarenne (limite Limonade) & qui a affez de chute dans cette partie, c. Le site mystique “nan pont” Fort-Dauphin. Un hôpital et un hospice y pour que certaines habitations puiffent en d. La gastronomie locale (cassaves, furent construit, et on dénombre une qua- prendre l'eau & la remettre à la rivière far mang rouj, rantaine de maisons ou logent environs 100 e. la toponymie leur propre terrain. Telle eft l'habitation familles. Foache, colloquée à la rivière...”, surnom- mée aujourd’hui habitation Franch. “ Le bourg du Trou n'a qu'une feule rue , Trou du Nord en chiffres dirigée à-peu-près Nord-Oueft & Sud-Eft Les sections montagneuses du Trou abri- lorfque l'on vient du Cap; à l'extrémité de 1797 taient également 150 caféteries et plusieurs cette rue, on tourne vers le Sud , & l'on places à vivres. La configuration accidentée La paroisse de Trou compte environ: trouve encore des maifons , mais fur la du relief, constitué de plusieurs mornes sé- gauche feulement....Il eft ouvert à la brife 360 blancs, parés par des ravins, des pics, des falaises 240 affranchis, du large , & fe trouve dans fon bout Sud-Eft et des gorges, ainsi que la proximité de la 10,000 nègres. au bord de la rivière du Trou de Jac- frontière espagnole du plateau central, quezy, qui y coule fur un fable fin , à la Ses milices sont au nombre de trois , comme lieu de “retraite”, ont été favorable dont 2 de blancs qui ont 136 indivi- chute des mornes des Perches, des Écrevif- aux implantations marrons. Ces lieux leur dus et 1 de gens de couleur de 70 fes, du Moka, des Côtelettes & de Sainte- individus . servirent donc de refuge et d’asile. Le nègre Suzanne, ce qui lui donne une fituation très- Polydor et sa bande armée, dont le nom avantageufe pour fon marché. L'églife ac- resta dans la savanne ou il fut tué en 1734, tuelle eft fur une place de quatre cent pieds le nègre Canga en 1777 et Gillot , dit Taya, de l'Eft à l'Oueft , & elle a foixante- quinze en 1787, tous deux exterminés comme “bri- pieds de long, fur quarante de large”.

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 se rendent également à Lakou Devarenne, sur une habitation contigüe de Limonade, section rurale de Roucou, où s’effectuent certains rituels religieux. Mais c’est autour de la fête patronale de St Jean-Baptiste que tous les secteurs de la population, urbaine et rurale, se retrouvent, célébrant fête catho- lique ou/et “mystique”, musique, jeux de société, autour d’une gastronomie locale dont les habitants sont assez fiers.

Les paysages sont tout aussi chan- geants, ceux de plaine avec des coulées vertes et ombragées le long des cours d’eau, des champs fertiles et plus secs de la savanne, des montagnes fortement érodées Maison traditionnelle XIXème siecle et déboisées avec des vues panoramiques modifiée premiere moitié XXème siècle époustouflantes et des chutes d’eau répu- tées comme celle de Bassin Tounin à Roche La Période Haïtienne à étage, érigées en bois sur le rez-de chaus- sée en maçonnerie, ou modifiées en début Plate. du XXème siècle avec l’apparition du béton La localisation de Trou du Nord, au carre- armé. four des chemins allant du Cap à Ouana- minthe, connectant Limonade, Terrier Rouge Une architecture locale qui sans atteindre et Ste Suzanne, favorise son développement les exemples de Fort-Liberté, témoigne de économique durant le XIXème et début son évolution et de son adaptation au ca- XXème siècle. Le bourg voit son rôle d’arti- ractère urbain de la ville en respectant les culation entre plaines et montagnes renfor- alignements, une certaine échelle (1 et 2 cé. Activités commerciales et de service niveaux) et en offrant une certaine cohé- (écoles, hôpital, magasins, spéculateurs, rence et unité d’ensemble. tribunal,...) s’y donnent et le marché, qui existait depuis la colonie sur la place de L’architecture vernaculaire qui s’est déve- l’église, connait un essor important qui justi- loppée le long de l’axe Trou-Ste Suzanne, fie, peut-être, son déplacement plus à l’inté- avec les caractéristiques rurales “des Kay- rieur de la ville (rue du Coeur et du Palais) Jardins”, en terre (clissées et bousillées) ou 1. “maçonnées” entre poteaux, présente un intérêt tout aussi important pour le Patri- Le Territoire de la Outre la rue principale originelle ou se moine. L’usage répandu dans ces maisons situent église, place et cimetière, et celle Commune de Trou du de rideaux transparents brodés ou dente- allant au sud décrite par Moreau de St Nord lées aux ouvertures, aussi légères que des Méry , le bourg s’est agrandi durant les voiles, leur donne une dimension bien ur- 3 Sections communales : 1ère section débuts de la période haïtienne en respec- Garçin, 2ème section Roucou, 3ème baine. tant une trame des rues plus ou moins régu- section Roche Plate 123.54 Km2 (densité 213 hab./Km2 en 1998) lière. On y retrouve dans cette aire, à la fois Des services religieux vaudou sont effectués, des maisons basses avec des toits à 4 pen- deux fois par semaine, dans la rivière du tes fortement inclinés, des pilastres aux an- Trou,à “Nan pont”, au pied de l’église Ca- gles, des ouvertures directement sur rue, et tholique. Cette tradition se perd dans la nuit dans la zone plus commerciale, des maisons des temps selon les habitants de Trou qui

1 Ce déplacement était réclamé depuis 1764. “Peut-être auffi la décence voudrait-elle qu'on éloignât le marché de l'églife qu'il entoure, parce que le bruit qu'on y fait, trouble la piété des fidèles dans le temple” M. de St Méry. Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 PATRIMOINE EN PERIL AU- CENTRE HISTORIQUE

Le Patrimoine bâti comme partout ailleurs est gravement en péril. L’anar- chie spatiale qui caractérise l’extension de la ville, l’abandon de plusieurs maisons du centre ancien - délabrées, densifiées, parfois morcelées - , tout comme l’origine rurale des migrants, majoritairement pauvre, non habitués au fonctionnement urbain, ainsi que l’introduction de modèles architectu- raux en rupture totale d’échelle et d’alignement comme de formes, de volumes et de matériaux, demeurent des préoccupations majeures pour la sauvegarde du centre historique de Trou du Nord.

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 4 BOURG DE TERRIER-ROUGE ROUGE Nord-Est - TERRIER

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE TERRIER-ROUGE

Détail pilastre d’angle

Le bourg du Terrier-Rouge , placé à environ trois petites lieues de l'embarcadère de Cara- Terrier-Rouge col , eft compofé de vingt-cinq maifons éparfes & médiocres fituées auprès de l'églife dédiée à Saint-Pierre , & fervant à loger quelques petits détaillans , utiles au marché de la paroiffe , qui fe forme au bourg les fêtes & les dimanches. Le Terrier-Rouge faifait, avec le Trou, partie de la paroiffe de Limonade. Lorfque le Trou devint en 1705 une paroiffe qui s'étendait jufqu'aux limites efpagnoles, le Terrier-Rouge qui en dépendait eut une chapelle 1707 en1707, & devint lui-même une paroiffe dès 1710, fi on en croit une note écrite en 1714 par le père Le Pers , qui devait le bien favoir , lui qui a été le fondateur de la paroiffe du Trou. Moreau de St Méry “Description ...de la partie française de St Domingue”, 1797

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Que Protéger ?

Le Bourg de Terrier-Rouge

1. La Trame du centre historique a. Le tracé organique b. La dimension des rues c. L’alignement des façades d. L’échelle des bâtisses

2. Les Eléments Symboliques a. La Place de l’église b. L’église St Pierre (1721)

3. Le Bâti Les maisons : Habitation Verron a. Style du XIXème siècle Vue de l’extérieur de la tour de Rouvray c. Début XXème siècle d. Seconde moitié du XXème siècle, (sous conditions particulières) Le Patrimoine 4. Les Sites Précolombiens a. Les sites archéologiques Meillac , Archaic et Chicoïd à Fond Blancs, Foulacho, Derrière Morne ,...

5. Les Ruines Coloniales a. Les Habitations et leurs infrastructu- res: Vérron, Auvray, Nap,... b. Les fortifications de la côte c. Les fours à chaud du XVIIIème s. Période Coloniale Française les que 500 milliers de fucre. Une rivière, la Matrie, paffe au Grand-Baffin, quoique 6. L’Architecture Vernaculaire Terrier-Rouge est l’un des terroirs les confidérable à fa fource, fon lit eft fouvent a. Grand-Bassin plus arides de la région du Nord-Est avec à fec, parce que fes eaux s'infiltrent parmi Fort-Liberté. Il est “ pour ainfi dire , toute en les fables qu'elle charie & dont fon cours eft 7. Les traditions et le Patrimoine plaine & ne renferme qu'une très petite bordé”. immatériel portion montagneufe qui n'eft même , dans a. La fête patronale, 27 Juin St Pierre certains points, que le penchant doux de De Grand Bassin vers l’ouest, on trouve b. Les sites mystiques quelques collines ou l'extrémité de quelques le canton de Terrier-Rouge, qui est bordé au c. La gastronomie (viande de cheval) petites chaînes.” nord par le chemin du Cap à Fort-Dauphin d. La toponymie et qui passe par le bourg de Terrier-Rouge. La paroisse, nous dit Moreau de St “Ce canton eft défolé auffi par la féche- Méry, partage avec Fort-Dauphin le canton reffe. On y compte cinq fucreries, dans le des Fonds Blancs dont le sol, sorte de tuf nombre defquelles eft celle qui appartenait blanchâtre et marneux, produisait un indigo aux Jéfuites, ...qui donnent néanmoins envi- Terrier-Rouge en chiffres de qualité, lorsqu’il bénéficiait des pluies, ron un million de fucre ...”. Le tiers est four- avec des parties absolument arides, proches ni par les Jésuites qui investissent d’impor- 1797 du rivage. C’est ici qu’on découvrit du vrai tants capitaux dans les infrastructures de sulfate de chaux et que s’installèrent plu- production. L’imposante tour, qu’on pense sieurs fours à chaux, dont on retrouve quel- être l’étuve de l’usine sucrière de l’Habita- La paroisse de Terrier-Rouge compte: ques vestiges aux Mamelles. L’existence de tion Verron, est dénommée par la popula- 240 blancs, “la passe des Fonds-Blancs “, où des petits tion tour de Rouvray , du nom de son pro- 160 affranchis, bâtiments peuvent pénétrer en traversant la priétaire en 1797 qui la racheta des Jésui- 5,500 nègres esclaves chaine des récifs pour atteindre la côte, par tes. ailleurs inaccessible, incite les français à Elle a 1 compagnie de dragons et de installer là une batterie et un corps de On sait que la sécheresse qui régna fusiliers , composée de 90 blancs , et garde pour assurer sa protection. d'Août 1785 à Avril 1786, fut telle, qu'on une troisième formée de 70 dragons- croit que le feu a pris spontanément au mois mulâtres et nègres libres Au sud, se trouvent les cantons de Belle de Mars 1786, à plusieurs pièces de cannes Hôtesse et de Grand-Bassin, qui rejoint la- de l’habitation Verron, Paradoxalement, gorge de l’Acul Samedi, avec également c’est sur cette même habitation que furent des terrains médiocres et des pluies “telle- introduits les premiers plants de caféier met rares” que la culture y est quelquefois venus de Martinique et dont les graines sans fruit. “Le Grand-Baffin a cependant furent distribués au Dondon, devenant la fept fucreries , mais qui ne donnent entr'el- seconde richesse de la colonie. Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Le Bourg de Terrier-Rouge

Le bourg de Terrier-Rouge, situé “pres- qu’au” centre de la paroisse, entre deux savanes, semble avoir connu des débuts difficiles; quelques rares maisons groupées autour d’une chapelle en 1707, devient paroisse en 1710, puis est re-déclaré pa- roisse en 1721. Que s’est-il passé entre temps ? Etait-ce un établissement précaire ou fut-il temporairement abandonné ? En tout cas, il fut décidé en 1721 que l’église St Pierre serait construite entre deux raques situées dans la Savane à Goyave; L’empla- cement du bourg, à coté de la rivière Ma- trie, demeurant le même, sur le chemin du Cap qui le borne au sud. La place en bout de rue ou trône l’église, articule la maigre rue commerciale et résidentielle, à cette voie principale Cap-Fort-Dauphin, qui justifie son existence.

Sa lente croissance, bien après l’indé- pendance d’Haïti en 1804, peut-elle expli- quer sa morphologie ? Car contrairement aux autres villes coloniales, le bourg de Terrier-Rouge semble adopté un tracé plus organique -même concentrique, la place étant le centre-, avec un étirement notable de l’habitat sur ce chemin d’autrefois, deve- nue l’actuelle route nationale no 6, qui le traverse dans toute sa longueur. La période haïtienne L’infertilité du sol allié à la sécheresse n’a jamais favorisé le développement de Terrier Rouge. Le XIXème siècle reste donc marqué par la dégradation du système hydraulique ancien, accentué par la coupe intensive du “campêche” , et l’abandon de l’exploitation des grandes habitations su- crières. Il n’y a que Jacquezy qui demeure l’enjeu des spéculations et rivalités fonciè- res.

L’eau étant une ressource rare, le plus souvent saline dans cette région, sources et bassins d’eau “potable” sont respectés par les habitants, qui en font des lieux mystiques ou se donnent des services religieux vau- Morne Verron dou. Le puits naturel de Verron, au pied du mornet du même nom, où “l’eau ne tarit puits naturel et source mystique jamais”, la source Man Pyè et la source Mateliere, localisées sur d’anciennes habita- Entre Terrier Rouge et l’extrémité supé- pluies ne lui étaient pas auffi conftamment tions coloniales, sont les sites les plus con- rieure des Fonds Blancs, la plus rapprochée refufées où fi les habitans , au lieu de fe nus. de Fort-Dauphin, se trouve Savane Carrié, difputer par de longs & coûteux procès, le Suite à l’occupation militaire améri- très étendue et qui est chargée “ dans plu- peu d'eau qui coule fans utilité dans les caine en 1915 et à la “pacification” du nord fieurs endroits de fredoches ou de raques ( rivières… “. C’est également dans ce canton et du plateau central, après 5 ans d’affron- affemblage de bois rabougris ) , qui s'éten- au nom indien de Jaxy, que l’on trouve les dent dans divers fens , & qui rendent inuti- caïmites les plus grosses et les plus juteuses tements avec les paysans en armes, l’Etat les de grands efpaces où l'on ne va pas de la colonie(M.de St Méry). haïtien concède à deux grandes compa- même chercher quelques bois, que leur Entre cette partie fertile et le bourg,, se gnies américaines, de grandes étendues de incorruptibilité devrait faire prifer, malgré trouve, à l’est, la savane de Jacquezy ou plaine destinées à l’exploitation du sisal. La la peticeffe de leurs dimenfions”. s’installent une briqueterie et des hattes peu plantation Dauphin (25,000 acres) est crée productives, vu la nature du sol. Mais c’est par R. Pettigrew en 1927, dont une très A l’ouest, c’est le canton de Jacquezy, là, dans cette savane considérée par M. de grande partie se trouve sur la commune de entre les 2 bras de rivière du même nom, la Belzunce comme un des points de la dé- Terrier-Rouge. Des usines et des installations mer et le chemin du Cap, qui se démarque fense intérieure de la Colonie, que…cet portuaires sont installées à Phaëton et Dérac des 2 côtés de la baie de Fort-Liberté. Cette totalement du reste de la paroisse avec sa officier, fit former “un camp barraqué, en industrie qui exige une importante main remarquable fertilité. “ Huit fucreries y don- 1762, destiné à assurer par les montagnes , d’oeuvre sera une source d’attraction pour nent dix-huit cens milliers de fucre blanc la communication entre le Fort-Dauphin et le la paysannerie, dont une partie émigre vers d'une belle qualité. Qu'on juge par là de ce Cap.” Ce camp, fut situé au-devant de l'ha- qu'on pourrait attendre de ce terroir , fi les bitation Narp,..ou sont signalées des ruines. le bourg de Terrier-Rouge, où se développe Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 Que Protéger ? L’Environnement Naturel 1. La Baie de Fort-Liberté a. La baie de Fort-Liberté, au dessin multi- lobé constitué d’une succession d’anses échancrées et de pointes, autour de Phaëton : Baie de Torpedo, Pointe du Jaray, le long du goulet : Bec de Mar- souin, Pointe à Bisson, et sur la façade Atlantique : Pointe de l’Anse à Falaise, Pointe Noire. 2. Le Littoral de “Foulacho” a. La chaîne de récifs-barrière parallèle à la côte b. Le plateau corallien à fleur d’eau qui présente un réseau de rainures et cuvet- tes c. Le rivage que dessine la plage et son cordon dunaire à “ressaut ” d. Les 2 Mamelles, la grande et la petite, mornes calcaires totalement isolés qui Phaëton servent d’amers aux navigateurs vue de la baie de Fort-Liberté e. L’écosystème terrestre (vegétation cal cimorphe.) et marin.

3. Les Paysages a. Les terres arides des Fredoches b. Les mornes et mornets de la chaîne du Nord c. Les plaines alluviales, partant des sava- nes,au sous-sol crayeux,aux lits fluviaux, comme la vallée de la Matrie aux aqui- fères plus abondants d. Les végétations (épineux,herbacées, bayahondes, mapous, campêche...)

Le Territoire de la un marché agricole et de services; une autre ture vernaculaire modeste mais de qualité Commune de Terrier-Rouge partie s’implante dans les lieux même de s’y donne avec les mêmes caractéristiques fabrication, dans les logements ouvriers de typologiques que celle d’Acul Samedi 2. 2 sections communales : 1ere section la compagnie, ou/et dans des aggloméra- Fond Blanc, 2ème section Grand-Bas- tions proches, très pauvres comme Paulette Grand-Bassin s’agrandit brutalement en sin,et le quartier de Grand-Bassin. 1 et Dérac. 1937, suite au massacre des travailleurs 182.08 Km2 (densité 91 hab./ km2 haïtiens en République Dominicaine, où le en 1998) Le village de Grand-Bassin, à l’extrémi- gouvernement haïtien décide d’établir une té méridionale de la commune de Terrier- “colonie agricole “ pour les coupeurs de Rouge, se situe sur les premiers contreforts canne expulsés, qui ont eu la vie sauve montagneux, sur des terres un peu plus fertiles. Grand-Bassin héberge alors une population paysanne qui se dédie à la cul- ture traditionnelle d’auto-subsistance, à la culture du tabac et des pois. Une architec-

1 Ces logements encore occupés par ses habitants malgré la fermeture officielle de ces compagnies en 1986, sont de véritables “cellules répressives”

2 kay tè” ou “Kay bloc”, de couleur ocre, ceinturée de bandes blanches aux angles et autour des ouvertures avec des toitures le plus souvent à 4 pentes Jeanine L. Millet, AIA/2012, 4 Vue des 2 Mamelles

Plage de “Foulacho”

Puits Verron

Clôture palissade Mare/chemin Grand-Bassin

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 5 PLAN DE LA VILLE DE FORT-LIBERTE CI- DEVANT FORT-DAUPHIN Nord-Est LIBERTE

30 Germinal an 7(1797). Signé Vincent (BNF. Dep. Cartes et Plans). FORT- Extrait de l’Atlas Côtier du Nord-Est d’Haïti, Menanteau L. & Vanney J.R,199

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE FORT-LIBERTE

Fontaine coloniale XVIIIème

La Ville de Fort-Dauphin Fort Dauphin Ville française de St Domingue fondée en 1725 pour des raisons stratégiques, militaires et maritimes, fut rebaptisée Fort-Dauphin en 1730, nom qu’elle conservât jusqu’en 1796, date à laquelle elle prit par décision de la commission civile le nom de Fort-Liberté. La ville colo- niale comptait 12 rues qui en recoupaient 7 autres à angle droit, formant un polygone tra- pézoïdal avec un axe principal nord-ouest- sud-est, qui menait directement au fort St Joseph/ 1730 fort Dauphin. C’est la Grand’Rue avec ses 60’ de large qui avec les autres rues de 50’ de large (15 mts) délimitent 75 îlets, incomplets sur les bordures, de 243’ de coté, comportant 390 emplacements.

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Maison du XIXè siècle rue Bourbon. Détail du balcon de l’étage en bois Que Protéger ? menuisé. La Ville Historique de Fort-Liberté

1.La Trame Urbaine coloniale a. Le tracé en damier b. La dimension des rues c. La taille des îlots d. L’alignement des façades e. L’échelle des bâtisses

2. Les Eléments Symboliques a. La Place d’Armes ou Place Royale b. La Fontaine de la Place c. L’Eglise St Joseph d. La Fontaine coloniale e. L’Arc de Triomphe f. Le Port g. Le Fort St Joseph CENTRE HISTORIQUE rue. Apparition des toits mansardés avec lucarnes et changement de pentes, galeries 3.Le Bâti Lente Evolution de l’Habitat à colonnades en bois tourné, dentelles de Les maisons : bois, et débordements de toiture avançant a. Style du XVIIIème siècle Patrimoine architectural remarquable sur la rue. (Ancienne Ecole Nationale des b. Style du XIXème siècle qui ne doit paradoxalement sa survie qu’à l’ Filles, rue du Quai,1935-1936). c. Début XXème siècle isolement, le repli et le déclin de C’est aussi l’apparition de la galerie de d. Seconde moitié du XXème siècle, Fort-Liberté...A l’intérieur de la trame ur- façade ceinturée d’arcades en maçonnerie (sous conditions particulières) baine coloniale se retrouvent essaimées des du bâtiment de la Douane (1915-1920), sur belles bâtisses anciennes, abandonnées, laquelle a été rajoutée l’étage en 1950,et la 4. Les ruines et vestiges. délabrées, transformées, témoins de cette maison « entrepôt » ou palissadée cons- (à enquêter) richesse passée : truite en planches feuillurées caractéristi- ques. de la fin de l’occupation américaine 5. Les traditions et le Patrimoine im- a. La maison coloniale basse du (1915-1945). matériel XVIIIème siècle ou maison-mur, alignée sur a. La fête patronale rue en bordure d’îlot et intégrée au système d. La seconde moitié du XXème siècle b. Le carnaval défensif de la ville côtière. A des toits incli- voit s’étendre l’utilisation des matériaux c. La toponymie nés accentués (45º) sans débords, couverts modernes (tôles, parpaings de ciment, bé- d’ardoises ou de tuiles plates, des corniches ton),et l’extension de la galerie de façade, moulurées, des pilastres en relief aux an- enserrée par des murets ajourés ou des gles, des murs mitoyens coupe-feu et des balustrades. L’emploi de la roche en prove- murs extérieurs élevés en maçonnerie de nance de la plantation Dauphin ou de La- moellons, des ouvertures élancées avec bouque devient assez répandu. Mais le feuillures aux baies, souvent arquées, un clissage et la toiture en paille, d’origine Fort-Liberté en chiffres plan rectangulaire avec perron surélévé du rurale, demeurent les plus usités dans les 104 maisons en 1751 sol. Style en vigueur au Cap-Français . quartiers défavorisés et marginaux de la 138 maisons en 1761 ville, 170 maisons en 1765 b. La maison à étage en bois du Construites sur des parcelles redécou- 214 maisons av. 1804 XIXème siècle, érigée sur la structure anté- pées ou en remplacement d’anciennes bâtis- rieure en maçonnerie de moellons du rez-de ses, démolies, les nouvelles constructions du 84 maisons anéanties par le séisme chaussée avec l’ajout du balcon en bois centre ville de Fort-Liberté, en rupture d’ali- de 1842 menuisé en façade, et des pignons en ma- gnement, d’échelle, de matériaux et de çonnerie ou en aisseaux après probable- forme mettent gravement en péril la cohé- 678 maisons en 1957 1 ment 1842 . L’alignement sur rue perdure rence du site historique et l’architecture des 1564 maisons en 1969 mais remplacement progressif des matériaux lieux. 1283 maisons en 1995 de toiture européens (tuiles, ardoise) par la Ponctués de vides, de ruines de mu- tôle ondulée. railles, le centre-ville de Fort-Liberté raconte une histoire qui mériterait d’être connue c. les galeries de la première moitié du avant sa totale disparition. De 1996 à nos XXème siècle, avec cassure dans la pente jours plusieurs de ces témoins d’une période du toit des maisons basses, et début de passée ont été effacés. rupture de l’alignement. traditionnel. sur

1 Matériau interdit en 1721 (inflammable), les essentes sont de nouveau utilisées après le tremblement de terre de 1842 Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Les Eléments Symboliques Le Système Défensif

Le système défensif est constitué d’une Que Protéger ? • La Place Royale ou Place d’Armes série de fortifications placées autour de la d’une centaine de mètres de côté, achevée baie de Fort-Liberté , en particulier le long en 1740, planifiée dès les premiers plans de du canal d’accès et face à son embouchure, Le Système Défensif la ville de Fort Dauphin entre la Grande afin de contrôler l’unique voie de pénétra- Rue, Ste Anne, Dauphine et Ste Etienne tion maritime et d’assurer la protection de la de Fort-Dauphin ville. du port et des plantations. • La fontaine placée au centre de la Place Royale terminée en 1787. N’a pas été 1.FORT DAUPHIN (1730-1735) ou • Fort Dauphin ou Fort St Joseph tout á fait décorée comme le projet initial. A Fort St Joseph ou Fort de la Pointe de La ville doit son nom au fort du même subi de nombreuses transformations regret- la Roche. nom, construit en 1730 sur un promontoire tables depuis le XVIIIème siècle. Les canons de calcaire corallien, en forme de « botte », entourant la fontaine viennent du Fort-Dau- 2. FORT LA BOUQUE (1736) ou situé en face de la baie, et en prolongement phin. Fort Laboucle ou Fort St Louis du Le de l’axe de la Grand’ Rue. Bouque Autrefois séparé de la ville par un • Au sud-ouest de la place, l’église St fossé occupé par la mangrove, surtout à Joseph achevée en 1783, et considérée 3.BATTERIE DE l’ANSE (1756) ou l’ouest, à l’ancienne embouchure de la ri- alors comme l’une des plus belles églises de Batterie de Lance vière de Roche, aujourd’hui rivière Marion. St Domingue. 4. FORT ST CHARLES (1736) Le Fort possède 3 bastions sur les • Ancienne fontaine coloniale sur la bords des escarpements. Au premier plan « Grand Rue », construite en pierre de taille 5. FORT ST FREDERIC (1740) ou on voit le bastion de Maurepas et les mu- importée de France. Aujourd’hui peinte en St Frédérique railles crénelées, à droite, le bastion de la rouge et encastrée entre maisons. Rochalau et la batterie basse Véritable fleuron du système défensif • L’emplacement du port au débouché militaire, le fort comprend le corps des ca- de la rue du Quai, sur laquelle on construisit • Fort St Frédéric ou Saint Frédérique sernes (32 chambres), le magasin à poudre, la maison de la douane à la réouverture du Appelé avant redoute de la Grosse la citerne d’une capacité de 70 tonneaux port au commerce extérieur (1910) Pointe, change de nom en 1742. Commencé (pour une garnison de 200 hommes pen- en 1740, demeure inachevé lui-aussi. dant 3 mois), 22 pièces de différents cali- • L’arc de triomphe, à l’entrée de la bres, 24 de 24 et 12 petites pièces à la ville de Fort-Liberté, édifié au début du • Tour-Vigie et batterie, redoute de l’entrée (1736).2 Artillerie au- XXème siècle, avec l’inscription « la douceur Placée sur la côte près à l’embouchure jourd’hui disparue... dans l’effort ». de la rivière du Massacre (était encore debout en 1996). • Fort La Bouque ou Fort Laboucle • Le Fort St Joseph achevé en 1735, Construit en 1736 sur les vestiges d’une sans lequel la ville de Fort-Dauphin (Fort-Li- batterie espagnole, à l’entrée du goulet de berté) n’existerait pas. la baie de Fort-Liberté. Il se présente sous forme d’un carré flanqué de 2 bastions d’angle de forme circulaire, côté mer, et en Le Fort-Dauphin eft confiruit fur ua ligne brisée, côté terre. Au centre se situe le roc à-peu-piès triangulaire & efcarpé' logement du Maître canonnier ou du cava- d'environ 15 à 16 pieds , dont il a lier. fallu un peu fuivre l'irrégularité. H Fort converti en prison d’état sous forme une prefqu'île dont la gorge l’empereur Faustin 1er (1849-1859), et les eft coupée par le fofTé , & il offre la fossés comblés en 1860, sous Geffrard. figure d'une botte.- Il s'avance dans • Batterie de l’Anse ou Batterie de la baie de manière à être vu du gou- Lance let dès qu'on s'y préfente & pour Construction Circa 1756, pièce cardi- lequel il devient même un point de nale de la défense. Côté mer a un parapet perfpecT:ive, Ce fort confifte en une en ligne brisée, et un glacis côté terre. fimple enceinte ayant trois baftions Equipement : poudrière, logements, citerne fur le bord des efcarpemens. Il ren- de 300 barriques d’eau, 21 canons de cali- ferme tous les bâtimens nécefTaires bre 18, 14 de 24, et 7 de 18. ,& a: l'avantage de ne pouvoir être battu d'aucun point de la côte, de • Fort St Charles dominer toute la baie & de découvrir Contemporain du Fort Labouque par le goulet jufqu'en pleine mer. (1736), il prend le nom de Fort St Charles en 1742. D’abord redoute, il reste inachevé. « …Ne doit être regardée que comme une Moreau de St Méry “Description batterie angulaire émoussée mais non fi- ...de la partie française de St Dom- ingue”, 1797 Fontaine de la Place Royale ny »

2 Artillerie aujourd’hui disparue... Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 Fort Dauphin ou Fort St Joseph Façade orientale Salles intérieures voutées Bastion Maurepas Vue du Carénage côté ouest

Batterie de l’Anse

Fort La Bouque Façade occidentale, embouchure goulet Façade méridionale sur océan Atlantique

Magasin à poudre

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 4 BAIE DE FORT-LIBERTE Baie de La Crochue

Que Protéger ? L’Environnement Naturel 1. La Baie de Fort-Liberté a. La baie de Fort-Liberté formée par un étroit goulet de 2.5 km de long (- de 400 m au nord et 1000 m au sud) et une rade à la forme multilobée au contour découpé Vue de Phaëton par des pointes et des anses,... b. l’ile Bayau ou l’Islet aux boucaniers, lieu de prédilection des flibustiers aux XVIIème et XVIIIème siècles. c. L’écosystème marin (récifs coralliens, espèces animales, plantes aquatiques,...) d. L’écosystème terrestre (oiseaux,arbustes, brousse,...) Vue de Dérac 2. Les Paysages a. Les terres arides des Fredoches b. Les montagnes de la chaîne Nord c. Les côtes rocheuses de la baie d. La végétation(mangroves,cactées..) La baie du Fort Dauphin,dont la beauté avait donné lieu au premier nom qu’elle Le Patrimoine reçue des Efpagnols...Baya-ha ! exprimait 3.Les Sites Précolombiens en effet la jufte admiration que fait éprou- a. Les sites archéologiques Meillac et ver l’afpect de cette magnifique baie... Carrier à Bayaha, Savanne Carrée, Pau- Moreau de St Méry lette,... 4. Les Vestiges des usines de sisal a. Phaëton et sa cheminée au Cul de Sac du Jaray, côté ouest de la baie b. Dérac et sa cheminée à la Crochue, coté est de la baie (très beaux volumes à récupérer)

Visages d’enfants

Ile Bayau ou Islet aux Boucaniers Dérac

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 5 Les Aires à Protéger URGENCE Deux zones sont proposées pour assurer la protection des sites cultu- d’une Stratégie de Préserva- rels et naturels : tion et de Mise en Valeur du •une zone de protection renforcée considérée comme non aedificandi, Centre historique, des Fortifi- dans les limites définies : cations et de la Baie de Fort- - le goulet,.... avec une ceinture large de 500 mètres pour assurer la Liberté protection des lieux. 1. Appliquer les mesures minimales de - l’Ile Bayau, dont la protection doit protection de 1997 (MCC/PNUD) être totale. Protéger l’intégrité historique et paysa- - La pointe de Fort-Liberté (pointe de 2. Roche), qui incorpore la fortification gère des sites naturels et culturels du Fort Dauphin et 100 mètres de 3. Arrêter l’anarchie spatiale qui caracté- bordure périphérique coté terre. rise la croissance actuelle(24 quartiers) - Les vestiges historiques et les sites Elaborer un schéma directeur qui précolombiens, situées à l’extérieur 3. des zones retenues mais qui feront prenne en compte l’ensemble des com- l ‘objet d’une protection spécifique. posantes sociales de la cité •une zone de protection nuancée 4. Préserver l’habitat vernaculaire et histo- qui s’étend sur 100 mètres de part et rique du centre ville pour conserver d’autre du trait de côte. Les construc- l’unité urbaine tions autorisées par les services compétents sont tolérés dans cette 5. Préconiser une politique de logement zone, sous réserve qu’elles ne por- qui traite à la fois la rénovation des tent pas atteintes a l’environnement. zones historique, les logements des - la périphérie de la baie de Fort-Li- pauvres et les transports Extrait de l’Atlas Côtier du Nord-Est d’Haïti berté. Environnement et Patrimoine Culturel de la Région de Fort- proposition MCC/PNUD(HAI 95/ 10. Gérer les déchets Ménagers Liberté , Ménanteau L.& Vanney J.-R 010)/UNESCO/UMR6554-CNRS- 11.Restaurer les fortifications Géolittomer Nantes 12.Sensibiliser la population au patri- moine et privilégier une approche inté- grée à la culture 13.Promouvoir un tourisme de qualité Secteur à preserver (B) Fort St-Joseph Paramètres de Préservation sensible à l’environnement naturel • ancienne ville coloniale A et aux monuments historiques front de mer à maîtriser - respecter le tracé orthogonal des B secteur à préserver - ancienne ville coloniale rues et prolonger la trame sur les - extension à articuler avec l'ancien MANGROVE C secteur d'extension nouvelle franges extéríeures CE QU’IL FAUT INTERDIRE AU D secteur à réhabiliter - réglementer les constructions: CENTRE HISTORIQUE D . limiter la hauteur des bâtiments à 2 niveaux maximum. BAIE DE FORT-LIBERTE . exiger l’alignement des maisons sur rues SALINE A . préserver les batisses anciennes (exoneration fiscale, encadrement B technique, crédit bancaire,...) PLACE ROYALE B . envisager un cahier de charges contraignant pour toutes nouvelles constructions dans cette aire GRANDE RUE - revêtir et drainer les rues

A - privilégier les trottoirs fleuris

C - protéger et embellir les espaces publics (places, terrains de jeux,..) - restaurer le Fort St Joseph - gérer et nettoyer le marché Conception : D. Dominique et B. Millet Secteur à réhabiliter (D) - limiter l’extension et la densification Front de mer à maîtriser (A) des quartiers de Carénage - délimiter une aire non aedificandi sur la périphéríe - Reloger les habitants r de la baie (25 à 50 mètres) - Interdire les maisons à 2 niveaux - préserver les perspectives de la ville sur la mer - protéger et réhábiliter les mangroves Secteur d’extension nou- Nouvelle architecture - -aménager les ports de pêche et les débarcaderes velle (C) au centre-historique de - réhabiliter le port touristique et commercial - planifier les aires de croissance Fort-Liberté : - -interdire les exutoires non traitées dans la baie (dé- - désenclaver les quartiers existants rupture d’échelle et charges sanitaires, eaux domestiques) (rues et chemins piétons) d’alignement, absence - interdirer les sites de décharge à proximité des côtes - Améliorer l’accès aux services de d’unité de formes, de - prévoir l’entretien du littoral bases volumes et de maté- riaux

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 6 KAY TE a ACUL SAMEDI détail façade et galerie Le Territoire Patrimoine historique, naturel et culturel 1. Quelques Faits Historiques -1796- Fort-Liberté sous contrôle de Toussaint Louverture. - 1802-Arrivée de la flotte de N. Bonaparte (expédition Leclerc) -1803- Signature de la proclamation de l’Indépendance par Dessalines, Christophe et Clerveaux. -1811-Christophe se fait nommer roi sous le nom d’Henri Ier. La ville prend le nom de Fort Royal j -1843-1920- Un des bastions des Cacos ( paysans révoltés contre l’occupation américaine) -1927 Création de la Plantation Dauphin (25,000 acres). Exploita- tion et exportation du sisal. Ferme- ture définitive en1986

2. Fêtes Patronales Importantes -18-19 Mars St Joseph à Fort-Liberté - 3 Novembre St Francis à Acul Samedi

3. Riche Architecture Vernacu- laire (à réhábiliter) - “Kay tè “ clissées et bousillées d’Acul Samedi, typiques de l’archi- tecture traditionnelle du nord: toitu- res 4 pentes, murs ornementés aux couleurs ocres, base plus sombre, angles et encadrements blanchis à la chaux - “Kay planches” de Dumas, originai- res du Plateau Central -- Clôtures en végétal (pingouins)

4. Paysages - Les grandes savanes qui séparent les Fredoches des piedmonts - Les montagnes du Massif Nord -- Le boisé des “kay Jardins ” -- La fraîcheur du climat d’Acul Sa medi

Le Territoire de la Commune de Fort-Liberté

4 sections communales : 1ere section Dumas, 2ème section Bayaha, 3ème section L’Oiseau, 4ème section Haut- Madeleine +1 Quartier (Acul Same- di) . 255.43 Km2 (densité 95 hab./ km2 en 1998)

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 7 Nord-Est FERRIER

PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL DE FERRIER Aucune information à date ne nous De 1492 à 1697, Le Maribarou comme ont laissé leurs marques sur ce territoire. 18 permet de retracer l’histoire et l’évolution toute la bande nord est l’enjeu de violentes sites précolombiens sont identifiés par Clark du bourg de Ferrier, qui est devenu le chef luttes entre colons espagnols et boucaniers Moore et Irving Rouse rien que dans l’aire lieu de la commune du même nom en 1948. puis colons français. Il est d’ailleurs borné à de Ferrier; Ajoutés à ceux de Fort-Liberté et Le plus grand chroniqueur de la colonie l’est par la rivière Massacre -initialement de , toute la région constitue française, Moreau de St Méry, n’y fait ja- Guatapana- dont le nom lui-même vient des un important “réservoir d’archéologie cari- mais référence alors qu’il décrit le Mariba- nombreux meurtres opérés, par les uns et béenne classique”. En 1787, cinq têtes d’in- rou, comme l’un des plus beau canton de les autres, sur ses rives. C’est donc à partir dien, reconnaissables “par l’aplatissement Fort-Dauphin jusqu’en 1751. Date à partir du traité de Ryswick, qui partage l’ile du coronal ou frontal”, sont trouvés bien de laquelle, Ouanaminthe, qui est le bourg d’Hispaniola en deux, que la fertile plaine conservés, avec leurs dents, dans une ca- français le plus proche de la frontière espa- du Maribarou devient une concession fran- verne des Fredoches; Pas de restes d’osse- gnole, au nord-est, est enlevé de Fort-Dau- çaise principalement aménagée en habita- ments retrouvés malgré les recherches (M.St phin, dont il dépendait, pour devenir une tions sucrières. Mery). paroisse autonome à laquelle fut rattaché le Mais, l’histoire du territoire ne débute La culture Meillac, liée à une catégorie Haut Maribou. La perte de cette riche por- pas avec la colonisation d’Haïti. La topo- de Céramique répertoriée par Rouse et tion de plaine, alliée à la croissance que nymie même des lieux rappelle encore les Rainey (1200 ans ap.J.C.), a léguée son connait Ouanaminthe, grâce au trafic com- Arawaks, qui habitaient alors paisiblement nom à la petite localité de Meillac, sur le mercial frontalier avec les espagnols , in- toute cette région, avant leur complète ex- chemin de Ferrier-Mapou-Gillotte, placée quiètent à juste titre les habitants de Fort- termination. Maribaroux, Meillac, Guata- entre le lagon aux boeufs et la rivière la Dauphin, créant ainsi une rivalité qui perdu- pana, Guanaminto, Daxabon, pour ne citer Matrie, ou croît le Watapana, espèce de rera entre ces 2 villes. que ceux-la, sont tous des noms indiens qui bayahonde très prisé par les charbonniers.

Ferrier Vu les articles 2 et 61 de la Constitution ; • Considérant que le quartier de Ferrier dépendant des communes et Arrondissement de Fort-Liberté a atteint un degré de développement général qui lui permet de se suffire et d’avoir une administration communale autonome sans dépenses pour l’Etat; • Considérant qu’au surplus, par sa situation géographique il constitue un point stratégique des plus importants et mérite des sollicitudes des Grands Pouvoirs Publics , en vue d’une 1948 organisation spéciale : a voté la loi suivante: Article 1er : Le Quartier de Ferrier est érigé en commune de cinquième classe.... Donné à la Chambre des députés le 3 Septembre 1948, An 145e de l’Indépendance

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Que Protéger ?

Le Patrimoine archéo- logique et historique

1. Les Sites Précolombiens a. Les sites archéologiques Meillac, Archaic et Chicoid au Lagon aux Boeufs, Gillote, Mapou...

2. Les Ruines Coloniales a. Les habitations sucrières et leurs infrastructures : Caillot, Bedou,.. b. Les fours à chaux c. Les briqueteries-tuileries-poteries d. Les pont (bourg de Ferrier, Manik) e. La Tour-Vigie et batterie (embou- chure Massacre)

3.Les Sites Haïtiens a. Le bourg de Ferrier b. Les agglomérations rurales de Meillac, Mapou, Gilotte

Tour Vigie, embouchure Massacre

L’Occupation Française Maribarou en chiffres

Durant la première moitié du XVIIIème & là, comme pour varier la fcène. Les bâti- 1797 siècle, le Maribarou est borné à l’est par la mens d'un grand nombre de manufactures y rivière Massacre -ligne frontière entre les 2 ajoutent leur intérêt, & les bois qui bordent La population de Maribarou dépen- dant de Fort-Dauphin est de : colonies -, au nord, par la baie de Mance- les rives du Maffacre , couronnent & fixent nille et, au sud, par une grande savane ou l’horifon.” 1. dans la plaine, prairie, appartenant au canton de Fort- 60 blancs , Dauphin, dont il est séparé par les rivières La plaine de Maribarou est divisé en 17 affranchis, La Matrie (aujourd’hui Lamatry) et Baujeau. Haut et en Bas Maribarou. Le Bas étant la 2,500 nègres esclaves partie qui se situe au nord du chemin qui 2. dans les Fredoches “ Mais quelle vue délicieufe que celle mène de la ville de Fort-Dauphin à Ouana- 53 blancs, offerte au voyageur lorfque de l'extrémité minthe, et le Haut au sud de ce chemin jus- 104 affranchis, de ces favanes , il découvre la riche plaine qu’à la rivière Baujeau, de son vrai nom 678 nègres esclaves du canton de Maribarou ! Son oeil fe petite . Il en ressort que tout le promène fur des champs de cannes qui bas Maribarou appartient à la paroisse de femblent s'embellir encore par le contrafle Fort-Dauphin qui comprend également 4 des points qu'il vient de parcourir. Il aime habitations du Haut Maribarou parce qu’el- l'effet que produit fur ce vert ondoyant, des les sont dans l’ouest de la Matrie. Le reste arbres d'un vert plus prononcé & placés cà appartient à la paroisse de Ouanaminthe.

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Habitation Caillot

On compte dans le Maribarou dépen- La portion méridionale de M. Pittau- dant de la paroisse de Fort-Dauphin 17 bert, fut vendue MM. Testard & Lalanne, sucreries - 13 du bas Maribarou et 4 du négociants du Cap. En 1784, 145 carreaux Haut --; “ ... leur produit total peut être furent octroyés par le Conseil du Cap a évalué à trois millions & demi de fucre MM. Bedout et Croiseuil. Toutes ces habi- terré, & plus d'un demi million de fucre tations sucrières, certaines avec briquete- brut”. Sur la rivière Massacre fut installée ries-tuileries et four à chaux (Pittaubert, une prise d’eau pour l’usage de 5 moulins à Caillot) se retrouvent sur la carte des Habi- sucre des habitations riveraines. La gestion tations de Ferrier, qui sont parsemées de conflictuelle de la prise amena l’administra- vestiges de murs, de canaux, bassins et tion coloniale à créer une sorte de syndicat autres qui témoignent de l’aménagement pour assurer une distribution équitable de du territoire. l’eau, particulièrement en période de séche- resse (1776). Il faut dire que cette plaine de Mariba- rou “...dont le sol mérite peut-être le pre- De 1754 à 1780, cette région fut l’ob- mier rang parmi tous ceux de St Domingue Habitation Douino jet de toutes sortes de concessions, ventes et français..”n’est pas très grande. La portion spéculations. L’une des plus importantes par qui borde la paroisse du Fort-Dauphin au son étendue (420 carreaux) est celle qui Nord, entre les contours de la baie de concerne le Grand Islet du Massacre qui fut Mancenille et le bas du Massacre sont aussi concédé par le roi au Duc de Noailles , au les Fredoches - nom donné à des terrains Duc d'Ayen son fils & au Marquis de Mont- dont le fond est une efpèce de tuf blan- clar, fils du Duc d'Ayen. Cette superficie fut cheâtre et argileux, qui ne donne la vie revendue à un prix considérable en 1780 à qu'à des ronces et à quelques bois blancs, MM. Parades & Pittaubert, lesquels en 1784 dont les proportions accufent le fol de ftéri- revendirent 50 carreaux à l’habitation lité.-. Elles entourent le lagon aux boeufs, Gourgues et 50 à l’habitation Tavau. espèce de petit lac saumâtre, encastrée

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Orthophoto plan de la commune de Ferrier Que Protéger ?

Le Patrimoine Immatériel

1. La Fêtes Patronale a. 3-4 Novembre St Charles Boromé

2. Les Sites Mystiques a. Bassin Lamatry b. Baie de Mancenille(vendredi saint)

3. La Toponymie a. Les noms indiens (sites, objets, faune et flore) b. Les noms espagnols des rivières c. Les noms français des Habitations d. Les noms haïtiens des rues et quar tiers(Nan Goud, Bois Verna, Reskapé...) Paris 1 et la naissance de la République entre des terres élevées, dont l’excédent Dominicaine. 4. Les Pratiques et petits métiers durant les crues déverse son trop-plein dans 5. Le Carnaval Champêtre la rivière La Matrie. Quelques indigoteries, De 1843 à 1920, c’est la période des des fours à chaux et 4 poteries sont installés Cacos (paysans révoltés du Nord), marquée dans cette partie des Fredoches. par la répression sanglante de Ouanamin- Les Paysages the. De 1915 à 1945, avec l’occupation 1. Le Lagon aux boeufs , sa flore L’embouchure de la rivière Massacre militaire américaine naissent les exploita- aquatique et sa faune aviaire étant accessible par des chaloupes, les es- tions de sisal de Phaëton et Dérac, sur de 2. La plaine et ses plantations rizi- pagnols installèrent un corps de garde de vastes étendues de terres, dans la région de coles, sucrières et autres... leur côté et les français, à 150 toises, une Fort-Liberté et Terrier-Rouge. Ces domaines 3. Les cours d’eau, les bassins et la tour vigie, le reste de la côte étant prati- constitués par concession de l’Etat ou par végétation qui les entoure. quement inaccessible jusqu’au Fort Labou- expropriation, seront d’importants pôles 4. Le Littoral et la baie de Mancenille que. Un littoral escarpé avec des falaises d’attraction bouleversant l’économie rurale coralliennes élevées de 20 pieds au dessus paysanne, en butte à toutes sortes de con- de la mer dessine le paysage qui s’adoucit traintes à son développement. Ces planta- à l’approche de la baie de Mancenille, vers tions déclineront progressivement jusqu’à l’embouchure, et son étroite plage sableuse. leur fermeture totale en 1986.

A quel moment nait le bourg de Ferrier La Période Haïtienne ? Sa fondation est-elle liée à la transforma- tion des terres sucrières du Maribarou prin- Douze (12) ans de révoltes, soulève- cipalement en terres rizicoles et au besoin ments général, marronage et guerres d’in- d’un bassin de main d’oeuvre ? Quel est le dépendance mettent fin au régime des plan- régime foncier qui domine cette portion de tations et au système esclavagiste (1791- la commune ? De grandes propriétés sem- 1804). La région demeure cependant agi- blent s’y être maintenues, au contraire de la tée. De 1807 à 1820 le pays se scinde en 2 portion ouest, ou se développent de petites parties, le nord restant sous la présidence agglomérations caractérisées par un habitat d’Henri-Christophe qui tente de rétablir très pauvre. Le bourg de Ferrier est-il établi l’économie des plantations. De 1822 à sur une ancienne habitation ou un ancien 1844, Haiti réunifié (1820) occupe le terri- poste relais ? La route principale ou Grand- toire espagnol voisin. Les frontières dispa- Rue, dénommée également boulevard Ma- raissent. Le Nord-Est pénètre le territoire de rie-Louise, mène directement aux terres Monte-Christi. 22 ans d’occupation haï- agricoles irriguées de l’Est. L’existence d’un tienne qui prendront fin avec le traité de pont colonial dans le bourg, au carrefour

1 Haiti remet à l’Espagne son territoire amputé des parties occupées en 1809 par Henri Christphe, telles le Plareau Central Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 Pont colonial au bourg de Ferrier

Merano vers la frontière, témoigne de l’an- aux boeufs s’étendant sur une surface d’en- cienneté du chemin, qui est bordé au sud viron 500 hectares, ceinturé de mangliers par un “centre-ville”, au tracé plus ou moins domine cet espace, sujet à des variations régulier avec des signes évidents d’occupa- hydrologiques saisonnières importantes. tion coloniale. Emplacement de puits, vesti- L’estuaire côtier de la rivière Massacre est ges de soubassements en maçonnerie de remontée par l’onde de marée jusqu’à la briques, sont là pour raconter une histoire confluence avec la rivière Lamatry. C’est là, qui n’est pas très bien connue. L’aménage- près du bourg de Meillac que l’on situe ment de la place et de l’église de facture l’habitat des derniers crocodiles. La pêche récente (~seconde moitié XXème siècle en au moyen de casiers en paille tressée, sor te remplacement d’une autre plus ancienne) de piège à poisson, y est fortement prati- sont, peut-être, le fruit d’interventions haï- quée, bien que nouvelles pratiques soient tiennes (à investiguer). Le quartier de actuellement en vigueur. Une importante “Reskapé” comme son nom l’indique est population de flamands roses, oiseaux mi- crée à l’est du bourg, à côté de la rivière gratoires, est notée à certaines périodes de Lamatry, par les propres rescapés du mas- l’année, à la fin de la saison des croise- sacre des travailleurs haïtiens en République ments (juillet à Novembre), dont le nombre Dominicaine . varie avec le niveau d’eau. Ce lagon appelé par la population Le constat aujourd’hui est que ce vil- “lago bef” sert de réserve d’eau aux pâtu- lage agricole se situe “ à la limit e d”un rages. Durant la période carnavalesque, les périmètre irrigué de 1200 hectares qui enfants et les hommes adultes se travestis- s’étend à l’est le long de la frontière Domi- sent et portent un accoutrement remarqua- nicaine et est arrosé par les rivières Canari, ble de simplicité, feuilles de papier recy- Lamatry et Massacre”. Toute une série d’ac- clées, rappelant étrangement le boeuf. Il tivités liées à la production agricole, en serait intéressant de comprendre l’origine particulier au décorticage et traitement du de cette tradition que l’on retrouve jusqu’à riz, se donne au village où se situe un mar- Fort-Liberté ché de denrées et de bêtes. L’influence do- minicaine est palpable dans les pratique de Les paysages sont mélancoliques et habités transport , le cabrouet, et dans la multitude par de vastes aires de raques ou “rak” de d’expressions d’origine espagnole qui par- Bayahondes (prosopsis juliflora), de wata- sèment la langue (cambron/bayahonde, pana ou cambron (autre variété de prosop- abon/engrais etc.) sis) et de campêches. Des arbres majes- tueux “Anakaic loco” ou pistachier des A l’ouest se trouvent les terres non-irri- Indes, véritables sculptures végétales, se guées et peu fertiles ou se donnent des retrouvent plus au sud, à proximité d’an- cultures de subsistance de maïs, pois nègres ciennes habitations. Un groupe de 3 arbres (vigna) et arachide et surtout à l’élevage rassemblent ici les serviteurs d’Agwé. libre et la production de charbon. Le Lagon

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 3 Lagon aux Boeufs

Le Territoire de la Commune de Ferrier

1 Section communale : 3ème section Bas Maribarou. 72.35 Km2 (densité Baie de Mancenille 174 hab./Km2 en 1998) embouchure du Massacre

Anakaic Loco

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 1 Les Aires à Protéger Carnaval Champêtre Deux zones sont proposées pour de Ferrier assurer la protection des sites cultu- rels et naturels : Meillac, Mapou Gillotte •une zone de protection renforcée considérée comme non aedificandi, dans les limites définies : - Le Lagon-aux-Boeufs s’étendant sur une surface d’environ 5 Km2 .. L’aire de protection proposée inclut la périphérie du lagon sur une largeur de 300 mètres à partir de la limite d’extension pluviale ainsi que la bordure de la rivière du Massacre et son embouchure. - La Tour-Vigie et batterie française sont inclues dans cette zone de pro- tection. •une zone de protection nuancée qui s’étend sur 100 mètres de part et d’autre du trait de côte, de l’embou- chure du Massacre à l’entrée du goulet de la baie de Fort-Liberté Les constructions autorisées par les servi- ces compétents sont tolérés dans cette zone, sous réserve qu’elles ne portent pas atteintes a l’environne- ment. Extrait de l’Atlas Côtier du Nord-Est d’Haïti proposition MCC/PNUD(HAI 95/ Environnement et Patrimoine Culturel de la Région de Fort- 010)/UNESCO/UMR6554-CNRS- Liberté , Ménanteau L.& Vanney J.-R Géolittomer Nantes

Jeanine L. Millet, AIA/2012, 2 ANNEXE LISTE DES MONUMENTS ET SITES REPERTORIES DEPARTEMENT DU NORD-EST

Commune Periode Nom Localisation Entretien

Caracol Précolombienne Caracol (culture Meillac) Bourg de Caracol (section sud:cimetière, rues, jardins) 18 sites répertoriés par Moore) Mitan Saline (culture archaic) Habitation (30'*30') bonne condition (1996)C.Moore Saline Madrasse (culture archaic) Habitation (5'*5') condition pauvre C. Moore Morne Charbon (culture archaic) Habitation (25'*14') bonne condition (1996)C. Moore etc…

Coloniales Puits 1re Section Champin, Madras Pas d'entretien Pièces de canons 1re Section Champin, Grand Caracol Pas d'entretien

Historiques Chabert (prison nord-américaine et premier lieu d'inhumation 1re Section Champin, Chabert (Habitation du Gral Nord) actuel emplacement Usines de Caracol de Charlemagne Peralte, dont les restes furent trsf.au Cap) Un ancien avant poste de police des Forces Armées d'Haïti2e Section Rose-Bonite, Wakakou

Naturelles (grotte, chute...) Parc écologique marin (mangroves, récifs coralliens,..) Baie de Caracol Salines Caracol, Jacquezy. Madrasse ' Mang Lanme"

Fête Champêtre 7 Juillet St Elizabeth

Ferrier Précolombienne Lagon aux Boeufs (culture Meillac) Habitation (110'*320') bonne condition (1992) C.Moore (18 sites répertoriés par Moore) Gillote I (culture Archaic) Habitation (60'*60') condition excellente (1992) Mapou (culture Chicoid) Habitation (100'*200') condition acceptable (1990) etc..

Coloniales Tour-vigie et batterie Embouchure de la riviere Massacre Ruines (1996) Pont colonial en briques (bourg de Ferrier) Grand-Rue (Carrefour Merano-frontiere dominicaine) Pas d'entretien Ruines (habitations) 1re Section Bas-Maribaroux, Bedoux Pas d'entretien Pont Mannik 1re Section Bas-Maribaroux, Meillac Pas d'entretien Ruines (four, abreuvoir, canal) Habitation Caillot (entre Meillac et Ferrier) Historiques Forts 1re Section Bas-Maribaroux, Meillac Pas d'entretien

Naturelles (grotte, chute...) Baie de Mancenille Arbres centenaires Anacaic-loco (pistache des Indes) route Meillac- Bassin Zim 1re Section Bas-Maribaroux, Meillac Pas d'entretien Lagon aux Boeufs

Fête Champêtre 3-4 Novembre, St Charle Boromé

Fort-Liberté Précolombienne Couri I (Rainey Rouse) (culture archaic) Habitation (50'*50') condition pauvre (1990) (59 sites répertoriés par Moore) Paulette II (culture Archaic-Meillac) Habitation (75'*30') condition pauvre (1991) Savanne Carrée II (culture Lithic) Habitation (100'*50") condition acceptable (1990) Ile aux Boucaniers (culture Ostioroid) bonne condition (1990) etc..

Coloniales Bayaha (ville fondée par les Espagnols en 1578 ) Ville espagnole site étudié par Hodges et Hamilton (1982) Fort-Dauphin (fondé en 1725 et rebaptisé en 1730) trame en damier de la ville francaise (centre-ville) ville appeleé initialement Bayaha Le Bati colonial (XVIIIème s.) maisons et emplacements au centre-ville Fontaine en pierre de taille importéee de France Ville, Ave Sténio Vincent ou Grande Rue Place Royale (1725) Place d'Armes, en face de la Cathédrale Saint Joseph Fontaine (place publique en 1787) Place d'Armes, en face de la Cathédrale Saint Joseph 5 Forts : Fort St Joseph, Labouque, St Charles, Pointe nord de la Ville et autour de la baie Pas d'entretien St Frédérique, Batterie de l'Anse de Fort-Liberté Commune Periode Nom Localisation Entretien

Eglise St Joseph (1783)

Historiques Fort-Royal (nom donné par Christophe en 1811-1820) Ville Christophienne Fort-Liberté (nom donné en 1792 puis en 1820) Ville Haïtienne Architecture urbaine(XIXème à seconde moitié XXème s.) maisons, entrepots, magasins et autres Pas d'entretien Arc de Triomphe et inscription (début XXème siècle) Entrée de la Ville (La douceur dans l'Effort) Architecture Industrielle (fabriques et cheminées 1927) Usines de sisal de Phaëton et Dérac Vandalisés Architecture Vernaculaire Acul Samedi et Dumas

Naturelles (grotte, chute...) Baie de Fort-Liberté (paysage, ecosystème marin) Perimètre de la baie de Fort-Liberté Paysages cotiers, des plaines et montagnes Fredoches, Savanne, Mornes Saut d'eau 2e Section Bayaha, Sibérie Pas d'entretien Site Historique de Clériste 2e Section Bois-Poux, Clériste Pas d'entretien Plage de Phåëton Phaëton Saut d'eau Acul des Pins 2e Section Acul-des-Pins Pas d'entretien Chute Malbeck 5e Section Gens de Nantes Pas d'entretien

Fête Champêtre 18-19 Mars St Joseph Fort-Liberté 3 Novembre St Francis Acul Samedi

Sainte-Suzanne Précolombienne Petroglyphes sur rivière Martin Section communale de Foulon

Coloniales Masures en brique 1re Section Foulon, Glacy Pas d'entretien Ancien maison en brique 5e Section Moka-Neuf, Veoc Pas d'entretien Ruines coloniales Habitations Kolmin, Vigoré (3ème section Cotelette) Ruines coloniales Habitations Duclos, Fouk (3ème section Cotelette) Ruines coloniales Habitation Gervais, 1ere section Foulon Historiques Fort Capois 5e Section Moka-Neuf, Capois (a cheval sur Cotelette) Pas d'entretien Sommet du morne Sarrazin 4e Section Sarazin

Naturelles (grotte, chute...) Chute d'eau de Barbichon 4ème section communale de Sarazin Morne Sarrazin (vues panoramiques) 4ème Section communale de Sarazin Nan Gomez (vues panoramiques) 1ère Section communale de Foulon vues panoramiques habitation Maurice. barrage hydro-électrique (riviere Caracol) 3ème Section Communale de Cotelette

Fête Champêtre 10-11 Aout, Ste Suzanne

Terrier-Rouge Précolombienne Fou Lachau III (culture archaic) (7 sites répertoriés par Moore) Passe Fond Blanc (culture Chicoid)

Coloniales Etuve à Veron Four à Chaux Les 2 mamelles Ruines coloniales et bassin Matheliere ou Martelliere Ruines coloniales Nap, Goud, Boutin, Bond Fond et Maurice

Historiques usine et cheminée de Phaëton

Naturelles (grotte, chute...) Source Man Piè (Patricot ) Source Martheliere (bassin colonial et ruines) Ouvray ou Dérouvray (site mystique) Grotte Notre Dame de Lourdes (site catholique) Grand Bassin Bien etretenue Mornes des 2 Mamelles Paulette Morne Gros Louis Commune Periode Nom Localisation Entretien

Plage de Phaeton Plade Four à Chaud Grotte Nan Nap à morne Nap Fonds Blanc

Fête Champêtre 27 Juin St Joseph

Trou-du-Nord Précolombienne

Coloniales Palais Dubuisson Desné (anc.procureur général) 2ème section Rocourt Habitation Dubuisson vestiges Canal colonial (captage source faille) 3ème section Roche Plate, Habitation Franche Fontaine Coloniale 2ème section Rocourt Habitation Borné Ruines coloniales Habitation Morin, route Pilette Pont Colonial "Nan pon" Route Acul ou route Pilette Puit colonial Ville, Nan Lidy Les puits sont mal entretenus. Il y a d'entre eux qui contiennent de l'eau jusqu'à présent Puit colonial Ville, Laury Pont Colonial Rue St Jean Il y a un pont colonial à (Roche Plate) Monjeal. Le pont colonial de Monjeal, il ne reste maintenant que des masures. Un vieux temple d'église 2e Section Roucou, Maricage Puit colonial 2e Section Roucou, Garde Champette Puit colonial 1re Section Garcin, Devesien Il y a un autre puit colonial à Garcin (Menier) Puit colonial 2e Section Roucou, Dibuisson

Naturelles (grotte, chute...) Bassin Tounen 3e Section Roche-Plate, Bassin Tounen

Fête Champêtre 23-24 Juin St Jean Baptiste (fête la + imp.du NE) Bourg de Trou du Nord Lakou Devarenne Route Nationale (limite avec Limonade) Pont Trou du Nord (site mystique) Bourg, à coté de l'église, sur riviere (Mardi-Jeudi)

DEPARTEMENT DU NORD

Limonade Précolombienne En-Bas Saline (village Taino/village Guacanagaric) Bord de Mer de Limonade(12 Km du Cap) Site redécouvert par W. Hodges en 1975 (95,0000 SF) Puerto-Real (ville espagnol/site Meillac) Bord de Mer de Limonade Site redécouvert par W. Hodges en 1975 Saline La Chevalerie (culture Archaic) Habitation(4'*35') bonne condition (1996).C. Moore Coloniales Ancre de la Santa Maria (1492-emplacement) Bord de Mer de Limonade (à 1.78 Km du rivage) Borne posée en 1892 Fort de la Nativité (érigé avec débris Sta Maria 1492) Bord de Mer de Limonade /Habitation Montholan Site supposé près du delta de la Grde Riviere du Nord Puerto-Real (ville espagnole 1503-1578) Bord de Mer de Limonade (2 km de En-Bas Saline) Fouilles par Hodges et K.Deagan Église Sainte-Anne (consécration 26 Juil.1777) Rue Clocher (bourg de Limonade) 6ème église de Limonade (15 /8/1820, Christophe y est frappé d'apoplexie) Caserne coloniale de Dericourt 2e Section Bois de Lance, Dericourt En délabrement Caserne coloniale Dufort 2e Section Bois de Lance, Dufort Puit Rene 3e Section Roucou, Fogère Mal entretenue Puit Salomond 3e Section Roucou, Cossy Mal entretenu Kay Boule Quartier du Bord de Mer de Limonade Pas d'entretien Puits Coloniaux 1re Section Basse Plaine, Meniac Portail Colonial Habitation (anc. Route Quartier Morin-Limonade) Ouvrage hydraulique "Bassin Tro Plin" Habitation Dimini (Dumésnil), coté sud-ouest RN6

Poudrière (1762) Bord de Mer de Limonade Ruines Historiques Palais Belle-le-Roi (construit par H. Christophe) 2e Section Bois de Lance (?) Lakou Déréal 3e Section Roucou, Dereal Bien entretenue Bellevue Palais Roi 3e Section Roucou, Bellevue Pas d'entretien Chateau "Le Manteau" *ancienne case Baubert) Limonade ou Milot (/) Commune Periode Nom Localisation Entretien

Pont Colonial Capois 1re Section Basse Plaine Fosse-Capoix (tombe du Gral.François Capois assassiné) Carrefour Parois Mal entretenu le 19/10/06) Monument Capois La Mort (érigé par Magloire) Carrefour Parois (terrain communal) Moyen Église Catholique Sainte Philomène Quartier du Bord de Mer de Limonade Délabrée

Naturelles (grotte, chute...) et sites mystiques Bassin Mambo 2e Section Bois de Lance chutes d'eau Bassin Monda 2e Section Bois de Lance, Julio Bassin Assiette Rivage du bord de mer Bord de mer de Limonade Bassin Troplin ou Tremplin Habitation Dumesnil

Fête Champêtre 25-26 Juillet, Ste Anne Bourg de Limonade 5-6 Septembre,Ste Philomène ou Philomise Bord de mer de Limonade

Quartier-Morin Précolombienne Duplaa (culture Meillac) Habitation (50'*60') condition pauvre (5 sites répertoriés par Moore) etc..

Coloniales Pierre tombale Charles Moret (fondat. du bourg 1780) Centre-ville (devant une maison ancienne/place) Ruines Coloniales 1re Section Basse Plaine, Galman Duplaa Puits coloniaux (2) Centre Ville (propriétes autour de la place) Puits (?) 1re Section Basse Plaine, Deaux Pont Colonial (en briques) Habitation Balan-Choiseul(3 km de Carrefour La Mort) Ouvrage hydraulique en briques (Saut d'eau ) Giodé Ruines Coloniales 2ème Section, Habitation Clérisse Pas d'entretien, à restaurer Cimetiere (Pere vincent, Mme Eugene Magloire) Centre Ville Habitation et Ouvrage hydraulique Galman-Duplaa Habitation Duplaa, coté nord-est RN6 Habitation sucrière et cacaoyere Desglaireau Habitation Desglaireau, Habitation sucriere Larue Barriere Djoum (habitation coloniale en briques) 1re Section Basse Plaine,

Historiques Palais de Christophe à Chatte Noire Habitation Chastenoye (restaurée par Christophe ?) Emplacement Tombe en marbre du General Botex Habitation Desglaireau, Ouvrage hydraulique Galman-Duplaa Habitation Duplaa, coté nord-est RN6 Cimetière du bourg( pere Vincent, Mme Eugene magloire) Centre-ville

Naturelles (grotte, chute...) Forêt de Bambou Clérisse Mangues "fil rouge" 2ème section (bourjo, Grand Pré)

Fête Champêtre 24-25 Aout, St Louis d'an Roseau Quartier Morin (et sites mystiques) 27 septembre, St Pierre d'an Roseau Galman Duplaa 23-24 Mai Grand Pré, Vierge Delivrance

Lovana (site mystique : poisson nan dl'o) Galman Duplaa Manman Jimo (source mystique) Grand-Pré ou Bois de Lance Limonade (?) Lakou Clérisse (Medecine feuilles) 2ème Section, Habitation Clérisse

NB. Il est important de faire ressortir que les limites des sections communales ne sont pas bien connues ou/et définies. Elles sont souvent sources de conflts entre les municipalités. C'est le cas du Lagon aux boeufs et la baie de Mancenille revendiqué par Ferrier et Fort-Liberté, Limonade et Quartier Morin séparé par la Grande Riviere du Nord, mais dont le lit change au cours des ans et des crues, pour ne citer que celles-là. Ceci peut donc occasionner des erreurs dans l'attribution des sites aux communes. Cette liste doit être consultée avec réserves. Pluieurs des sites cités par la population ou indiqués par l'IHSI n'ont pas éte verifiés sur le terrain par l'AIA. Elle est donc indicative de la grande richesse culturelle et naturelle de cette région mais n'est pas totalement fiable ni exhaustive. Un travail d'enquetes et de recherches est à envisager sur une plus longue période SOURCES

Inventaire des Ressources et des Potentialités des Communes d'Haïti. Edition 2007 Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI).

Haiti 1492-1915, Nils tremmel

Settlements patterns in Pre-Columbian Haiti, an inventory of archeological sites Clark Moore, Nils Tremmel 1997

Atlas Cotier du Nord-Est d'Haïti. Environnement et Patrimoine culturel de la région de Fort-Liberté Ed. Projet "Route 2004", Ministère de la Culture (Haïti)/PNUD, 1997

Description Topographique, Physique, Civile, Politique et Historique de la Partie Française de l'Isle de St Domingue Moreau de st Mery, 1797

Charrettes AIA (reunions avec la population civile et les élus des localités), Février 2012 PRESERVATION DU PATRIMOINE NATUREL ET CULTUREL, NORD-EST & NORD.

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES

• Description Topographique, Physique, Civile, Politique et Historique de la Partie Française de l'Isle de St Domingue Moreau de St Méry, 1797

• Atlas Côtier du Nord-Est d'Haïti. Environnement et Patrimoine culturel de la région de Fort- Liberté Ed. Projet "Route 2004", Ministère de la Culture (Haïti)/PNUD, 1997

• Settlements patterns in Pre-Columbian Haiti, an inventory of archeological sites Clark Moore, Nils Tremmel 1997

•En Bas Saline : A Taïno Town at the the Time of Colombus… Historical Archeology at The Florida Museum of Natural History

• Haïti Historique 1492-1915 Nils Tremmel

• Schéma de Préservation de Milot, Chantal Laurent, Eddy Lubin, Jeanine Millet, Route 2004- Préservation et Mise en Valeur des Ressources Historiques, Culturelles et Naturelles, Projet HAI/95/010, Ministère de la Culture/PNUD/UNESCO

• Les Blancs Débarquent -1918-1919, Charlemagne Péralte le Caco. Roger Gaillard

• Ethnographie du Bois-Caïman, Eddy Lubin & Rachel Beauvoir

• Organicité Article de Rachel Beauvoir-Dominiqueet Didier Dominique, Sept.2005

• Le Vaudou Haïtien Alfred Métraux, Ed. Gallimard

• La Citadelle Henry Logo Plus en collaboration avec l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) Editions Haïti - Histoire & Culture

• Inventaire des Ressources et des Potentialités des Communes d'Haïti. Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI). Edition 2007

• Parc Industriel de Caracol : Pour protéger un patrimoine naturel et culturel en danger. Article de Rachel Doucet, publié dans Alter-Presse et Le Nouvelliste en 2012

• Aménagement Touristique du Département du Nord, Révision du Plan Directeur de Développement Touristique de 1996. Diagnostic et Proposition d’Aménagement. Ministère du Tourisme 2007 PHOTOGRAPHIES & CARTES (utilisées dans les rapports sur la “Préservation du Patrimoine Naturel et Culturel)

1. FORT-LIBERTE

a. Plan de la Ville de Fort-Dauphin, extrait de l’Atlas Côtier (page 1) b. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet et Veronique Dorner (pages 1 à 7) c. Cartes : Les Aires à Protéger et Secteur à Préserver, extraits de l’Atlas Côtier (page 6)

2. CARACOL

a. Plan de la Baie de Caracol, extrait de l’Atlas Côtier (page 1) b. Salines de Caracol, extrait de orthophoto de la zone urbaine de Caracol (page 2) c. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet (page 2) d. Camp de Caracolle, extrait des Archives Nationales d’Outre-Mer /ANOM (page 3) e. Delta de la Baie de Caracol, extrait de orthophoto de la Commune de Caracol (page 3)

3. QUARTIER-MORIN

a. Vue aérienne du Bourg de Quartier-Morin, extrait de Image satellite de Google (page 1) b. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet (page 1, 2, 3, 4 et 5) d. Relevé de l’Habitation Desglaireaux, Institut de Sauvegarde du Patrimoine National/ ISPAN (page 4) e. Delta de la Baie de Caracol, extrait de orthophoto de la Commune de Caracol (page 3)

4. LIMONADE

a. Plan du Bord de Mer de Limonade, extrait de l’Atlas Côtier (page 1) b. Photographie 2012 de Véronique Dorner (page 2) c. Camp de La Savanne, Camp du Fossé, Camp de Limonade, extrait des Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM) (page 3) d. P hotographies de Lakou Dereal, extrait de “Fet Champet : Potomitan Developman local” Centre de Promotion d’Action Citoyenne/CEPAC (page 4) e. Photographies de Jeanine L. Millet et Veronique Dorner (page 5) f. Photographies de Jeanine L. Millet (page 6)

5. SAINTE SUZANNE

a. Photographie 2012 de Véronique Dorner (page 1) b. Photographies 2012 de Bernard Millet (no 1), Jeanine L. Millet (no 2 et 3), et Image Google (page 2) d. Photographies 2012 de Véronique Dorner (page 3) e. Photographies de Jeanine L. Millet (no 1,3,6) et Veronique Dorner (no 2, 4,5)/page 4

6. TROU DU NORD

a. Photographies 2012 de Jeanine Millet (pages 1à 4)

7. TERRIER-ROUGE

a. Vue aérienne du Bourg de Terrier-Rouge, Image satellite Google (no 1/page 1) b. Photographies 2012 de Véronique Dorner (no 2,3,4,5 et 6/page 1) c. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet et Véronique Dorner (page 2 à 5)

8. FERRIER

a. Photographie de Jeanine Millet & Veronique Dorner (page 1) b. Plan des Habitations de la commune de Ferrier (no 1 /page 2) et photographie extrait de Google (no2/ page 2) c. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet et Véronique Dorner (no 1à 5 /page 3) d. Orthophoto plan de la Commune de Ferrier (no1/page 4) et images de Google earth (no 2 et 3/page4) e. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet (no 1 à 6/page 5) f. Photographies 2012 de Jeanine L. Millet (no1 à 5/page 6) et de Veronique Dorner (Anakaic loco no 7 à 8 /page 6) g. Cartes : Les Aires à Protéger, extrait de l’Atlas Côtier du Nord-Est d’Haïti (page 7) et photographie 2012 de Veronique Dorner (no2/page 7)