Cohabitation Au Niger
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trait à la fragmentation de U es et historiques. La cohéren-‘ *‘I _L I point du continent africain. Emmanuel Grégoire* + %L .agmentation n’a pas été sur- I/ sn n’a pas fait l’objet d’amé- ‘r II 3 demeurent déficients et 1 l’ont pas réussi des années . L. I pourraient-elles fonctionnei 5 nationales sont loin d’être ,? ‘er les leçons des échecs pas- ance pour l’Afrique faute de . ans ? Comment résoudre le . un espace régional donné, 5 temps ? Incontestablement, Les élections législatives qui se sont déroulées au Niger le !justement structurel (PAS) 12 janvier 1995 constituent une étape importante dans la vie n’est pas aisée. Une premiè- poraine aine ne politique du pays puisqu’elles ont consacré la victoire de N” 175 parce que leur vocation est l’opposition dominée par l’ancien parti unique. Ainsi 38 trimestre 1995 e d’Etats structurellement commence une expérience de cohabitation originale en faits et documents sidérer que les programmes Afrique. gionale en libéralisant les L’avènement de la démocratie au Niger s’est opéré en .é, conditionné par les condi- 43 est une forme d’ajustement quelques années, le pays passant d’un régime à parti unique inteme. à un système politique démocratique qui permit aux t du commerce régional, en Nigériens d’élire librement leur président de la République et baisse des financements du, leurs représentants à l’Assemblée nationale (1). Cette de développement a mis en mutation, sans doute influencée par le discours prononcé à prévu que celle-ci couvre un La Baule par François Mitterrand en juin 1990 qui .s de pré-financement et de conditionnait l’aide de la France à l’instauration de la exportation, l’aide aux fonds démocratie dans les pays qu’elle aidait, s’est effectuée sans unies sur le commerce et le crise majeure ni effusion de sang, ce qui ne fut pas toujours Iation d’un mécanisme inter- le cas dans d’autres pays africains. L’attitude du général Ali ions de biens non tradition- Saibou qui avait succédé, en 1987, au président Seyni ‘ne augmentation des crédits Kountché décédé à la suite d’une longue maladie, fut en ce :Is permettrait un accroisse- sens louable. II ne s’opposa véritablement jamais au Ire de 6 % par an. déroulement de ce processus démocratique, acceptant le principe du multipartisme et la tenue d’une Conférence nationale où l’armée fut pourtant parfois prise à partie (2). Le paysage politique nigérien fut fonda- second tour de scrutin (54,4 % des suf- mentalement transformé avec l’arrivée frages) aux dépens de Tandja Mamadou, au pouvoir de Mahamane Ousmane, lea- haute personnalité de l’ancien parti der de la Convention démocratique et unique, le Mouvement national pour une sociale (CDS-Rahama), qui remporta les société de développement (MNSD-Nas- élections présidentielles de mars 1993 au sara). Ce succès fut conforté concomi- * Chargé de recherche à l’Institut français de rechkrche scientifique pour le développement en coopération (ORSTOM). (1) Principales étapes : novembre 1990 : acceptation du multipartisme ;juillet-novembre 1991 : Conférence Sud Export Consulfarits, 13 janvier nationale : décembre 1992 : adoption de la Constitution de la Troisikme République par référendum : février 1993 : élections législatives : mars 1993 : élection présidentielle. e1 en Afrique subsahariemie, minis- (2) Notamment lors de l’examen du massacre de Tou.mgs p prés de l’attaque de la sous-préfecture par un commando armé. -I i I ... tamment par la constitution“ d’une majo- L? persisiance de cette rité parlementaire grilce à la victoire de crise économique et sociale est, pour l’Alliance des forces de changement partie, responsable ¿ie’la crise politique (AFC) aux élections législatives. Cette survenue en octobre 1994 : après l’écla- coalition regroupait les principales for- tement de l’Alliance des forces de chan- mations opposées au MNSD et était gement consécutif au départ du PNDS- composée, autour du CDS-Rahama, du Tarayya, le président Mahamane Ousma- Parti nigérien pour la démocratie et le ne organisa des élections législatives socialisme (PNDS-Tarayya) animé par anticipées qui permirent le retour au des intellectuels (universitaires, hauts pouvoir de l’ancien parti unique. fonctionnaires) et des syndicalistes, de l’Alliance nigérienne pour la démocratie et le progrès (ANDP-Zaman Lahiya) (3) et de quelques petites formations B colo- Q Crise 6conomique ration régionaliste. Pour la première fois, et crise politique un homme originaire de l’Est du Niger accédait à la présidence de la République Le régime dit de (< transition )> dirigé par I‘ contemporaine (16 avril 1993). Mahamane Ousmane Amadou Cheiffou que la Conférence No 175 nationale avait chargé en octobre 1991 3e trimestre 1995 nomma Premier ministre Mahamadou Issoufou, le leader du PNDS-Tarayya, de gérer le pays jusqu’à l’installation du j: .ì..-.c- faits et documents tandis que Moumouni Djermakoye était nouveau pouvoir issu des élections légis- I-‘ élu président de l’Assemblée nationale. latives et présidentielles, laissa une situa- tion économique très difficile comme le 44 L’armée abandonnait le pouvoir avec le départ du général Ali Saibou et entendait révèle l’état des finances du pays en suivre une ligne désormais apolitique. 1993 : les recettes fiscales atteignaient Le processus démocra- alors 43 milliards de francs CFA alors tique s’est déroulé dans un contexte de que les dépenses courantes s’élevaient B crise économique et de problèmes 76,5 milliards. .Outre cet important défi-. sociaux aigus (grèves répétées dans cit budgétaire, 1’Etat avait accumulé plus l’administration et l’éducation nationale) de 85 milliards d’arriérés (extérieurs et qui ont failli le compromettre à plusieurs intérieurs confondus) dont 12 milliards reprises. Après avoir connu des années représentaient quatre mois de salaires à prospères - <( boom de l’uranium D impayés ses fonctionnaires. Dans un tel (1975-1982) -, le Niger est entré dans contexte, seules les échéances dues aux une période d’ajustement (1982-1990) institutions internationales étaient hono- qui ne lui a pas permis de rétablir ses rées, les dépenses de fonctionnement et grands équilibres macroéconomiques. d’investissement étant réduites au mini- Depuis lors, sa situation financière s’est mum. Enfin, ses maigres ressources ne dégradée en raison de la baisse des permettaient pas B 1’Etat d’assurer ses exportations d’uranium (4), d’une plu- dépenses de souveraineté qui s’étaient viométrie aléatoire qui ne peut lui garan- accrues avec les nouvelles institutions tir son autosuffisance alimentaire et de la nées de l’avènement de la démocratie. concurrence accrue des produits nigé- La situation était d’autant rians qui, profitant de la dépréciation de plus critique que les institutions finan- la monnaie nigériane, la naira, et malgré cières et les bailleurs de fonds avaient i la dévaluation du franc CFA, envahissent suspendu leur soutien financier qu’ils son marché aux dépens des productions conditionnaient à la signature d’un nou- manufacturières nationales. veau programme d’ajustement structurel. (3) Ce parti a été créé, au début de l‘année 1992, par Moumouni Djermakoye qÚi avait quitté le MNSD à la suite de 1’Bchec de sa candidature ?ila présidence de ce parti. (4) A la fin des années soixante-dix, le Niger finançait 40 % de SOR budget national grâce à ses exportations. Cette proportion est tombée, en 1992, à 8 % en raison de la baisse de la demande mondiale (cf. Marchés fro- picarlx ef méditerranéens, no 2586.2 juin 1995). istance de cette Refusé par les syndicats, celui-ci s’effec- également des causes plus profondes qui, sociale est, pour tuait en quelque sorte de facto au travers d’une part, portaient sur la gestion éco- la crise politique des salaires impayés et de la réduction nomique du pays et sur les mesures à 19.1 : après I’écla- forcée du train de vie de 1’Etat. prendre pour assurer son redressement :s forces de chan- I C’est dans ce contexte et, d’autre part, sur les inquiétudes des départ du PNDS- qu’intervint, le 12 janvier 1994, la déva- partisans du Premier ministre qui dénon- Iahamane Ousma- luation du franc CFA. Elle a d’abord çaient la mainmise de la CDS-Rahama, ions législatives constitué une bouffée d’oxygène pour parti du président Mahamane Ousmane, ent le retour au I’économie du pays : signature d’un sur l’appareil d’Etat et << l’affairisme >> -i unique. accord de confirmation avec le FMI por- de certains de ses dirigeants. * tant sur quinze milliards de francs CFA, Après le refus du MMSD aides bilatérales diverses, résorption de former un gouvernement d’union d’une partie des arriérés de salaires, nationale, le président de la République !conomique reprise des exportations de bétail et de nomma un de ses proches, Souley 3 politique niébé vers le Nigeria. Les effets béné- Abdoulaye, ministre du Commerce dans fiques de la dévaluation furent cependant le gouvernement démissionnaire et &éso- ition >> dirigé par éphémères : le cycle des arriérés de rier de la CDS, Premier ministre afin de Afrique la Conférence salaires reprit, les recettes douanières composer un gouvernement en contemporaine :n octobre 1991 No 175 n‘augmentèrent pas comme on l’avait s’appuyant sur les partis restés fidèles à 3ntrimestre 1995 l’installation du espéré, enfin, la forte dépréciation de la I’AFC. Celui-ci ne disposait toutefois i élections légis- naira sur le marché parallèle des changes pas d’une majorité parlementaire pour faits et documents laissa une situa- depuis le mois de juillet 1994 (50 %) soutenir son action : en effet, le départ ‘ficile comme le compromit les effets positifs attendus de du Parti nigérien pour la démocratie et le 45 :es du pays en celle du franc CFA dans les échanges socialisme de I’AFC bouleversa d’autant les atteignaient entre le Niger et son puissant voisin (5).