ÉDITION N°03 – MARS 2015

Artistes régionaux KIF Dark Jane JUNE DFM CREW

zoom sur KoQa Trremplin

FESTIVALS Les digitales chant du gros critiques d' photo – fiona riat photo SoMMAIRE

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p.14 Découverte AdiÓs BERLIN 2012

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p.16 - 17 les digitales rencontre avec smile P.18 - 23 chant du gros interview Blitz The Ambassador rencontres Fauve 2Cellos The Rambling Wheels As Animals

p.24 - 27 Critiques d´albums Àsgeir – In the Silence – Sequel to the Prequel Inside Llewyn Davis Temples – Sun Structures Colin Stetson

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l'excès – MARS 2015 – 03 KIF Dark Jane JUNE DFM CREW

04 – MARS 2015 – l'excès les digitales chant du gros interview RENCONTRES images

l'excès – MARS 2015 – 15 sième opus poussé jusqu'aux limites hu- l’insérant dans le lieu phare du New-York maines, incluant une piste dépassant les du début des années 60 : Greenwich Vil- quinze minutes. lage. On y suit donc certains épisodes de Je classe cet œuvre dans une maigre la vie de Davis, un chanteur de folk mu- liste d'albums privilégiés, qu'on ne peut sic comme il y en a en abondance à cette pas écouter à tout moment. Comme époque. Le musicien a tout d’un raté et d'autres, ce "To See More Light" demande on assiste à ses tentatives désespérées une telle implication et t'éprouve à un tel de percer dans le milieu de la musique et point que l'écouter en société deviendrait de créer de réels liens sociaux. Fauché presque déraisonnable. et contraint de dormir sur le canapé des Mais en lui accordant pleinement rares personnes qui acceptent encore de notre corps et notre esprit, le voyage peut l’héberger ; sautant sans hésiter dans prendre forme et vous n'en reviendrez une voiture inconnue qui roule de New- que très difficilement. L'enchaînement York à Chicago, sans la moindre idée de incessant de variation fait l'effet d'une image web ce qu’il fera là-bas. Le personnage de implacable lame de fond sur l'intégri- Llewyn Davis correspond parfaitement té de l'auditeur. Celui qui se prête au jeu Inside Llewyn Davis aux premiers bardes folk évoluant dans se trouve acteur d'un combat de Titans, Joel & Ethan Cohen Greenwich Village, ayant pour modèle ul- d'une aventure épique et transcendante. time le grand Woody Guthrie, vagabond Tu trembles, tu oublies de respirer. Le USA | 2013 lui aussi, rêvant d’une société nouvelle au souffle de Stetson est tellement puissant Beaucoup de récits, de nos jours, se travers de ses protest song. et imperturbable qu'il t'extirpe de ton basent sur des antihéros, des personnes D’ailleurs, Llewyn Davis pourrait très confort et t'emmène dans des coins obs- banales à qui il arrive quantités de mal- bien être assimilé à un autre disciple curs que tu ne connaissais pas, ou que tu heurs. Llewyn Davis est peut-être le roi (peut-être le plus assidu) de Guthrie : Bob avais oubliés. des antihéros. Non content d’être délaissé Dylan. Or, c’est bel et bien sur un ami et Tu t'imagines exténué par voyage trop par la chance, il est également maladroit mentor de Dylan dans le Village des an- long et tu enchaînes visions oniriques et et surtout odieux. Comment en faire le hé- nées 60, Dave Van Ronk, que le personnage terreurs infernales. Tu te sens parfois ros d’un film ? Et bien Llewyn nous dévoile principal d’Inside Llewyn Davis est calqué. insipide, parfois surhomme, et quand ar- toute sa fibre héroïque par la musique. Bien que de nombreuses intrigues rive la fin, tu es irrémédiablement changé. Quand il joue et chante, le spectateur ou- soient empruntées (mais pas exploitées !) blie qu’il est cette personne pas franche- au fur et à mesure que le film avance, et Timy Hürlimann ment sympathique et maladroit sociale- que Llewyn Davis vive à fond, nageant ment parlant. Sa musique transcende sa dans ses malheurs, on peut avoir une carapace froide.Les réalisateurs, Joel et sorte de sentiment de stagnation, il ne Ethan Coen, ont donc trouvé leur héros, s’en sort pas.

n’a plus rien sorti depuis Grace/Waste- l’ancien Libertine. Dans ces conditions, lands, son solo très réussi de 2009 le leader du groupe semble pouvoir ex- à consonances folk. Depuis, vivant entre ploiter tout son potentiel artistique ; il se Londres et Paris, il semblait à la dérive, libère, chantant et jouant comme bon lui abusant de tout et n’importe quoi, enchaî- semble sachant pertinemment que ses nant les scandales. Mais il l’a fait ! Après compagnons sont parfaitement à la hau- de multiples séjours en rehab, dont les teur. C’est une des grandes forces de cet résultats restent incertains, l’album est album, tout semble suivre son cours na- enfin arrivé. On y retrouve le Doherty que turellement, tout semble être facile pour l’on connaît, magistralement accompagné Doherty et sa bande. par ses acolytes des Babyshambles, dont On peut par ailleurs apprécier un le travail n’est pas à minimiser. groupe excellant dans de nombreux Son style inimitable fait à nouveau styles, comme par exemple le punk, fa- mouche. Sa voix, comme sur le fil d’un çon Sex Pistols (Fireman), le reggae (Dr. image web rasoir, parfois chuchotante, parfois au No) ou encore les ballades folk fleurant Babyshambles – bord de la rupture, est superbement in- la bonne époque (Picture me in a Hospi- sérée dans les morceaux. Le groupe, de tal). Bien que le tout semble accorder une Sequel to the Prequel manière plus générale, sonne également importance grandissante aux mélodies, 2013 | EMI records très bien. Tout en laissant cette part de l’album ayant une sonorité globale moins chaos inhérent à Doherty, on sent les garage que son prédécesseur, Shotter’s Lorsqu’en été 2013 on annonce un re- musiciens parfaitement rodés. Le chan- Nation (2007). Ils excellent même dans tour des Babyshambles, l’appréhension teur-guitariste semble être là au milieu l’art de la reprise, réussissant l’exercice des fans est légitime ; en effet, le leader un élément pour le moins instable et fan- avec mention sur After Hours, une chan- est désormais plus présent tasque alors que le groupe agit comme son du Velvet Underground présente sur médiatiquement que musicalement. Il un garde-fou pour retenir et encadrer la version deluxe de l’album. C’est suffi-

26 – MARS 2015 – l'excès La fin du film consiste en l’explication de la première scène. On y voit Llewyn Davis finir son concert devant une foule conquise, dans un pub new-yorkais, cé- dant sa place sur scène à celui que l’on reconnaît comme étant Bob Dylan. Mal- gré tout, la révolution musicale est en marche et notre antihéros en fait partie. Inside Llewyn Davis est avant tout une histoire humaine, mettant en scène un homme que tout pourrait pousser à dé- tester, alors qu’il devient impossible de ne pas l’aduler dès qu’il gratte un accord et qu’il conte une de ces histoires venant tout droit de l’Amérique profonde. C’est aussi un voyage musical ; de nombreux classiques du répertoire folk américain y sont repris par les différents acteurs du film avec maestria. Décidément un film complet, Inside Llewyn Davis retrans- crit brillamment tout un pan de l’histoire culturelle contemporaine. Quelque part également, un ‘’antifilm’’, n’allant pas aux bouts des intrigues. Il dégage tout de même une spontanéité et un naturel tout simplement touchant. La part d’humanité et la morale individuelle y sont largement traitées, et l’on se rend compte que fina- lement, la perfection dans ce domaine n’est peut-être pas toujours là où on IMPRESSUM pense qu’elle est. L’important, c’est d’ou- vrir son âme. lexces-magazine.ch

Gilles StUcki excès magazine Photographes : édition n°3 Tiago Gigon mars 2015 Laure Juillerat Eva Kurt samment rare de nos jours pour ne pas Journalistes : Roxane Lièvre le mentionner ! Herveline Du Clary Chloé Rohn Sequel to the Prequel confirme sur- Manon Flückiger tout que Doherty, que cela soit en solo, Aline Fragnoli Communication : avec les Libertines ou les Babyshambles, Timy Hürlimann Lydie Büschlen (gestion) est un des grands maîtres de la pop bri- Eva Kurt Sarah Hirschi (graphisme) tannique actuelle. Oasis mort et les Arc- Pauline Rais Charlotte Humair (publicité) tic Monkeys évoluant dans un rock amé- Gilles StUcki Pierre-Yves Lachat (webmastering) ricanisé, le Parisien d’adoption apparaît comme étant un des derniers dignes hé- ritiers des musiciens qui ont crée la mu- sique anglaise moderne, des Beatles aux Kinks, en passant par les Rolling Stones.

Gilles StUcki

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