Épistres En Vers. Éd. Critique Avec Un Commentaire Tiré De Documents Pour Plupart Inédits
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j^,;':rrT. %^M : '-«fc 4 ¥ 4 «M- ^•.^^ BOIS-ROBERT. EPISTRES EN VERS II SOCIÉTÉ DES TEXTES FRANÇAIS MODERNES. BOIS-ROBERT. EPISTRES EN VERS. EDITION CRITIQUE AVEC UN COMMENTAIRE TIRÉ DE DOCUMENTS POUR LA PLUPART INÉDITS PAR MAURICE GAUCHIE. TOME IL PARIS, LIBRAIRIE HACHETTE, 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79. 1927. N BsEs (QUATRIEME PARTIE EPITRES PARUES LE 10 MAI 1659. NOTES PRELIMINAIRES. Ce volume de 1659 ^^ renferme aucune épître ayant déjà figuré dans celui de 1646. 11 présente en outre, par rapport à celui-ci, les particularités suivantes : 10 II est du format in-80 : le format in-40, qui avait joui d'une vogue immense sous Louis XIII, n'est plus à la mode après la Fronde. 2° Il n'est précédé que d'une seule pièce liminaire : la mode des pièces liminaires nombreuses est passée, ainsi que le fait remarquer Bois-Robert lui-même au début de son AD VIS. 30 Les épîtres qu'il contient, au lieu d'avoir été écrites, comme celles du volume de 1646, en moins de deux ans, s'échelonnent sur une période de treize ans (juin-juillet 1645 — juillet 1658). 40 II est divisé en quatre « livres ». 50 Les épîtres n'y sont pas classées suivant le même principe que dans le recueil de 1646 : dans ce dernier ^abstraction faite de la première épître qui sert de préface, et de câiles qu'il envoya au dernier moment chez l'imprimeur: voy. T. Je»", p. 12-13), les épîtres sont rangées par importance décroissante des destina- taires ; dans le recueil de 1659, ^" contraire, les épîtres sont classées dans un ordre approximativement chronologique ; tou- tefois, Bois-Robert a procédé à certains déplacements, afin que chacun des quatre « livres » commence par deux ou trois épî- tres adressées à de très grands personnages. Au moment où Bois-Robert fait imprimer ce volume, il est âgé de 69 ans '. Ces épîtres, écrites de $5 à 68 ans, ne se res- sentent nullement de l'âge de leur auteur : c'est toujours le même pétillement spirituel, la môme gaieté, la même aisance, le même naturel qui avaient ébloui à juste titre la génération précé- dente. Ce recueil est même, dans son ensemble, nettement supé- rieur à celui de 1646. Un bon nombre des pièces qu'il renferme, comme par exemple l'épître à Charles Maraudé, sont véritable- ment des chefs-d'œuvre. I. Je crois maintenant que Bois-Robert naquit en 1589, et non pas en 1592 (voy. p. 301). EPISTRES EN VERS ET AUTRES ŒUVRES POETIQUES DE M^ DE BOIS-ROBERT-METEL Conseiller d' Estât ordinaire. Abbé de Chastillon sur Seine. A PARIS, Chez Augustin Courbé dans la petite Salle du Palais, à la Palme. M. DC. LIX. AVEC PRIVILEGE DU ROY. A MONSEIGNEUR FOUCQUET, SURINTENDANT DES FINANCES, ET PROCUREUR GENERAL'. MONSEIGNEUR Comme Son Eminence ^ receut avec quelque satis- faction le premier Volume de mes Epistres en Vers, qu'elle m'avoit ordonné de lu}^ dédier dans les premières années de son Ministère >, j'avoue que je me sentis le cœur enflé d'une approbation qiii m'estoit si glorieuse. Je me laissay aller insensiblement aux applaudissemens 1. Nicolas FouCQUET (a) (1615-1680), vicoo^e de Melun, sei- gneur de Vaux, est procureur général du roi au parlement de Paris depuis neuf ans (1650) ; il est en outre ministre d'Etat et surintendant des finances depuis six ans (1653). Il est âgé de 44 ans. Après avoir ébloui la cour par son faste, il sera arrêté dans deux ans pour concus- sion (1661) et sera emprisonné jusqu'à sa mort dans la forteresse de Pignerol. Sur ce personnage célèbre, voy, J. Lair, Nicolas Foucquet... 2. Le cardinal Mazarin. 5. Voy. T. I", p. 17-18. (a) Et non pas Fouquet (voy. Cab. des titres : Pièces orig, 12 17 : 27349)- 8 EPISTRE. qui me venoient de tous les Illustres du siècle sur ce nou- veau genre d'écrire S & je m'y suis enfin exercé avec tant de succès depuis dix ans, que ceux qui peuvent tout lo sur moy ont voulu absolument que j'en donnasse un second Volume. J'ose me promettre. Monseigneur, si vous souffrez qu'il voye le jour sous l'authorité de vostre Nom, qu'il ne se trouvera pas indigne de l'honneur que vous lui ferez de le protéger. Comme il est plus ample iS &, si je l'ose dire, plus agréable que le premier puisque les matières en sont plus belles & mieux choisies & que les Vers en sont & plus heureux & plus achevez, j'ay pensé qu'il auroit mesme la fortune assez favorable pour contribuer quelque chose à vostre divertissement, 20 qu'il pourroit occuper quelques momens de vos heures précieuses, & qu'il ayderoit peut-estre à délasser ce grand Esprit qui a esté presque sur le point de voir avorter tous ses projets & défaire tomber avec eux nos plus belles espérances ^. Il est vray. Monseigneur, que Dieu n'a 25 guère donné de plus visibles marques de l'amour qu'il a pour la France que lors qu'il vous retira de ce dan- ger qui la menaçoit elle-mesme, & qu'il vous donna de nouvelles forces pour vous aider à la soustenir. Quoy 1. On verra plus loin (Livre IV, Ep. ix, vers 112 etsuiv.)que tout ce qu'écrit Bois-Robert est fort goûté de la comtesse de la Suze, de Gombauld, de Bensseradde, de Corneille, de Pellisson, de Scar- ron, de Brébeuf, de Chapelain, de Ménage, du s' du Raincy, de Gilles Boileau, de M"* de Scudéry, de Conrart^ et de Séguier. D'autre part, en tête de son Juvenal burlesque paru deux ans plus tôt, François Colletet dit, dans sa préface Au lecteur : « Les Epistres de Monsieur de Bois-robert sont capables de dérider le front des Gâtons les plus melancholiques & les plus sévères ». Parmi les admirateurs du style aisé de Bois-Robert, on peut encore citer le comte de Montrésor (voy, p. 18, n. 3). 2. L'année précédente (juin 1658), Foucquet fut très gravement malade : pendant quelques jours on le crut perdu (Lair, Nicolas Fouc- quet : I, 439-44I)- EPISTRE. 9 que ce grand & puissant Atlas S qui porte sur ses espau- 30 les avec tant de soins & de fatigues cette belle partie du Monde, soit en toutes choses le plus sage & le plus heu- reux de tous les hommes, j'ose croire qu'il ne l'a jamais tant esté qu'au choix qu'il a fait de vous pour le soula- ger. J'ose soustenir qu'il n'a jamais employé une vertu 35 plus noble, plus solide, plus égale, ny plus générale- ment aymée que la vostre. Mais, Monseigneur, je ne m'apperçoy pas que mon zèle va plus vite & plus loin que je ne voulois. En vous dédiant ces Epistres, je ne songeois qu'à vous divertir, & je m'emporte insensible- 40 ment dans l'admiration de vostre vertu, comme si elle n'estoit pas au dessus de toutes mes forces. Il suffit, Monseigneur, que, pour sauver ma témérité, j'ose vous dire que ce sont les Esprits les plus éclairez du temps qui m'ont persuadé que j'avois un talent tout particulier pour 45 les Epistres en Vers, que j'estois presque le seul en nos- tre Langue qui eust trouvé l'art de plaire en cette façon d'écrire que le divin Horace avoit si familière & si natu- relle, & qu'enfin ce sont eux qui m'ont fait encore espérer que ce petit présent ne sera pas rejette par celuy 50 de tous les hommes qu'ils en ont jugé le plus digne ^. S'il n'y a point icy d'Epistre particulière pour vous. Mon- seigneur, vous verrez bien, par celles qui s'adressent à ceux de vostre Illustre Famille 3, que je ne m'en suis abstenu que par la seule vénération que j'ay pour vctus. J'ay jugé 55 que ce seroit abuser de vostre bonté si je vous entrete- 1. Mazarin. 2. Sur la très grande importance du rôle de mécène joué par Foucquet, voy. : Châtelain, Le surintendant Nicolas Foucquet/protecteur des lettres, des arts et des sciences. Deux ans plus tôt, au printemps de 1657, Bois-Robert dédia au même Foucquet Les Nouvelles héroïques et amoureuses. 3. Livre III, Ep. v et vi ; Livre IV, Ep. m. 10 EPISTRE. nois moy-mesme de mes interests, & que, si je vous par- lois de vos admirables qualitez, quelque adresse que j*y pusse employer, j'offenserois infailliblement vostre mo- destie. Je sçay que sur toutes choses vous aymez cette 60 vertu ; j'évite, autant qu'il m*est possible, d'en blesser la délicatesse, & certainement je serois indigne de toutes vos grâces si je n'affectois de paroistre avec autant de respect que de passion & de reconnoissance, MONSEIGNEUR, Vostre tres-humble, tres- obeïssant, & tres-obligé serviteur, Bois-robert, Abbé de Chastillon. ADVIS. Je sçay bien que j*ay esté accusé dans le Monde de ne m'estre pas oublié dans l'amour que Ton a d'ordi- naire pour soy-mesme & pour ses Ouvrages ^ J'avoue aussi qu'en donnant ce second Volume de mes Epistres en Vers au Public une certaine pudeur m'a pris, qui ne m'a pu permettre d'y joindre les Eloges qui m'ont esté donnez au premier Volume par les plus fameux Esprits *. du siècle J'ay plus fait : j'ay supprimé cette belle Pré- face de feu Monsieur de Mascaron 3 qui y a esté admirée 6c qui certainement m'y a plus fait d'honneur que mes propres écrits. Quoy que je sçache bien que toutes ces louanges mendiées ne soient plus maintenant en usage, je prie le Lecteur de croire que je l'ay autant fait par mo- destie que pour m'accommoder au tem^s.