Le Féminin Dans Les Paysages Pré-Chrétiens Irlandais François-Joseph Onda
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Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais François-Joseph Onda To cite this version: François-Joseph Onda. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais. Archéologie et Préhistoire. Université Rennes 2, 2012. Français. NNT : 2012REN20021. tel-00725801 HAL Id: tel-00725801 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00725801 Submitted on 27 Aug 2012 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. THESE / UNIVERSITE RENNES 2 présentée par sous le sceau de l’Université européenne de François-Joseph ONDA Bretagne pour obtenir le titre de EA 4451 CRBC DOCTEUR DE L’UNIVERSITE RENNES 2 Rennes 2 Mention : Etudes irlandaises Centre de Recherche Bretonne et Ecole doctorale ED 507 SHS Celtique Thèse soutenue le 06 juillet 2012 devant le jury composé de : Le féminin dans Gwendal DENIS Professeur, Université Rennes 2 les paysages Pierre-Yves LAMBERT pré-chrétiens ir- Professeur, CNRS/EPHE, Paris landais Sylvie MIKOWSKI Professeur, Université de Reims Champagne-Ardenne Vol.1 Anne GOARZIN Professeur, Université Rennes 2 Directrice de thèse Onda, François-Joseph. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais - 2012 Onda, François-Joseph. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais - 2012 Remerciements J’exprime mes profonds remerciements à ma directrice de thèse, le profes- seur Anne GOARZIN, pour ses conseils, son soutien, son investissement et sa disponibilité tout au long de ces cinq années de recherche. Ses encouragements m’ont permis de surmonter les périodes de doute et de mener à terme ce projet. A Colette DUPUIS sans qui tout cela n’aurait pas été possible : mes plus sincères remerciements ! A mon père qui construit littéralement mon quotidien. A ma mère qui en ce 6 juillet 2012 fête ses 60 ans : du fond du cœur, je te souhaite un très joyeux anniversaire. Do m’anamchara, mo chroí, mile buíochas as ucht do chuid foighne. Le grá, do phrionsa beag. 3 Onda, François-Joseph. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais - 2012 Introduction générale Démarche de recherche, corpus et sources L’Irlande est le seul pays du monde celtique dont le nom garde encore de nos jours les traces d’un héritage mythologique ancien1 et intègre le nom d’une des déesses celtes auxquelles il a été associé : Ériu (Éire). Ceci semble suggérer que les Celtes (au moins) ont associé à l’île une forte dimension féminine. En son centre se trouve la colline d’Uisneach, sur laquelle il est encore possible de voir la pierre monumentale datant de l’époque glaciaire qui marque approximativement le centre géographique et assurément le centre mythologique du pays, d’où partent les quatre provinces modernes d’Irlande : Ulster (Ulaidh) au nord, Leinster (Laig- hin) à l’est, Munster (an Mhumhain) au sud et Connaught (Connachta) à l’ouest. Comme le précise Michael Dames dans son ouvrage intitulé Mythic Ireland2, cette pierre porte plusieurs noms dont nous proposons ci-après une traduction fran- çaise : tout d’abord, Ail na Mireann, qui signifie « The stone of division » (« La pierre de la division ») – du gaélique aill (« rocher ») et mireann (« morceau »). Elle est aussi appelée Carraig a’ chait ou « The cat stone » (« La pierre-chat ») de par sa ressemblance avec un chat accroupi. Michael Dames ajoute que le terme Carraig a’ chait semble cependant être une déformation de Carraig Choithrigi qui signifie « The rock of division of the sovereignty » (« La pierre du partage de la souveraineté »). Le terme gaélique Choithrigi 3 viendrait selon lui de coite 1 (Notons que dans le souci d’alléger le système de référence infrapaginal, nous avons fait le choix tout au long de la thèse de référencer les ouvrages de façon abrégée. Pour les références complètes, nous renvoyons le lecteur à la bibliogra- phie). Françoise LE ROUX et Christian-Joseph GUYONVARC’H expliquent que la plus ancienne appellation de l’Irlande (Ierne) est celle donnée en grec archaïque par les textes anciens tels que ceux de Ptolémée. Selon eux, le nom correspond à Ériu, la plus ancienne dénomination goïdélique de l’île (La civilisation celtique, p.32). 2 Michael DAMES, Mythic Ireland, p.197. 3 Michael DAMES explique à ce propos : « In fact [Ail na Mireann] has several names. […] Carraig a’ chait […] but this title […] was a corruption of Carraig 4 Onda, François-Joseph. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais - 2012 (« morceau de ») et rige (« royaume », « souveraineté » ou « pouvoir ») : il voit dans cette pierre, dont la surface est irrégulière et en partie fissurée, la carte de l’Irlande, et la considère comme l’omphalos de l’île. C’est la raison pour laquelle elle est parfois appelée « The navel of Ireland » (« Le nombril de l’Irlande »). L’objet de cette thèse est de mettre en évidence la prépondérance des repré- sentations du féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais (notons ici que nous englobons sous les termes « représentation du féminin » toute représentation de figures féminines et tout symbole de la féminité1). Pour ce faire, nous analyse- rons plusieurs aspects du paysage, notamment l’interaction symbolique entre le paysage naturel et diverses productions humaines, plus particulièrement certains types de mégalithes datant du Néolithique, que nous mettrons en relation avec les créations mythologiques des Celtes de l’âge du fer. Nous étudierons comment l’observation de l’environnement, de la nature et de ses cycles influença les deux populations mentionnées supra et dans quelle mesure les créations des architectes des mégalithes ont pu servir de support et offrir un cadre aux créations mytholo- giques de populations arrivées ultérieurement, comme les Celtes. C’est dans ce but que nous mettrons en relation divers artefacts, vestiges d’implantation des peuples ou constructions monumentales avec un certain nombre de mythes transmis par la tradition orale. Les ressources matérielles et les récits mythologiques sont autant de ressources qui apportent un éclairage précieux sur le fonctionnement, le mode de vie, le degré d’avancement technique et techno- logique, les rites et les croyances des premiers hommes, ainsi que sur la complexi- fication de la pensée abstraite qui sous-tend l’élaboration d’archétypes (formes codifiées émanant de l’expérience humaine et la reflétant). Ces archétypes sont Choithrigi, found in The Book of Armagh, meaning “The Rock of Division of the Sovereignty” » (Mythic Ireland, p.197). 1 On garde à l’esprit les problèmes relatifs à toute analyse symbolique et à la poly- sémie des symboles, et tout particulièrement ici car les créations symboliques à notre disposition sont séparées de nous de plusieurs millénaires. Même si nombre de symboles revêtent une certaine universalité, les sociétés qui les ont produits leur associaient vraisemblablement un sens différent de celui des sociétés mo- dernes. On ne peut également nier la part de subjectivité qui intervient lors de toute interprétation. Ce sont les raisons pour lesquelles les interprétations que nous ferons des différents éléments des paysages naturels, mégalithiques et litté- raires tout au long de cette thèse ne sauraient être univoques. 5 Onda, François-Joseph. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais - 2012 présents dans les mythes celtes sous la forme de personnages, et notamment de figures féminines, telles que Cailleach1 ou Morrígan, qui réunissent en elles un ensemble de notions abstraites. Choix du corpus de textes Pour mener à bien ce travail, nous avons utilisé un corpus qui comporte des éléments de type mythologique (textes) d’une part et de type archéologique (mo- numents et artefacts) d’autre part. Nous allons ci-après détailler la nature de ces ressources et revenir sur les problèmes auxquels nous avons été confrontés con- cernant les sources mythologiques utilisées dans cette étude. Il nous a fallu pour ce travail de thèse distinguer encore plusieurs types de sources parmi les écrits en fonction de leur pertinence par rapport à la probléma- tique traitée. Il existe d’une part des manuscrits médiévaux, qui apportent des éléments sur la mythologie celte et que l’on peut considérer comme faisant partie du patrimoine littéraire irlandais, et d’autre part des manuscrits que l’on peut qua- lifier d’« ethnologiques » qui émanent de peuples contemporains des Celtes mais qui leur sont étrangers, ou encore qui proviennent de peuples continentaux an- tiques. En ce qui concerne le corpus du premier type, nous avons fait le choix de ne retenir ici que les textes relatant les mythes spécifiquement irlandais, et de ne pas établir de comparaison avec les mythes celtes émanant d’autres régions. Nous reviendrons ci-après sur les types de sources sur lesquelles s’appuie notre re- cherche, ainsi que sur les problèmes liés à la nature de celles-ci. La première catégorie de documents écrits correspond aux textes littéraires, transcrits à partir du VIIe siècle de notre ère environ par les moines qui se sont établis en Irlande dès le Ve siècle de notre ère (ce qui correspond au début de l’introduction du christianisme). Dans sa thèse de doctorat intitulée Le dieu cel- tique Lugus, Gaël Hily apporte une précision importante sur l’assimilation de l’héritage celte indigène ainsi que sur l’identité des moines transcripteurs : 1 Des précisions relatives à la figure de Cailleach (qui est tantôt considérée comme personnage mythologique, et tantôt comme personnage folklorique) sont apportées aux pages 128-129 de cette thèse. 6 Onda, François-Joseph. Le féminin dans les paysages pré-chrétiens irlandais - 2012 Par rapport à maints pays qui ont connu la christianisation, la conver- sion s’est faite [en Irlande] à partir des élites et dans un contexte plutôt paci- fique.