¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 1

Osez l’Opéra saison OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2010 N°20 2o1o / 11

Le journal de l’OPÉRA

CôteNice d’Azur ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 2

4 Dialogues des Carmélites Interview de Robert Carsen, Michel Plasson, June Anderson Frédéric Antoun, Karen Vourc’h

13 Fidelio version de concert

16 La Cenerentola Interview de Evelino Pido

20 Orchestre Philharmonique de Nice Entretien avec le nouveau directeur musical Philippe Auguin Concerts en famille Ensemble Baroque de Nice Natalie Dessay à Acropolis Zoom sur les professions de régisseur et garçon d’orchestre

30 Ballet Nice Méditerranée Marco Polo au TNN Don Quichotte à l’Opéra

34 Passerelles méditeranéennes Association TAO

36 Jeune public

38 Chœur de l’Opéra Giulio Magnanini, directeur Valérie Barrière et Roberto Galfione, pianistes répétiteurs

42 Revue de presse

Publication trimestrielle gratuite du Service communication de l’Opéra Nice Côte d’Azur, 4 & 6 Rue Saint-François de Paule, 06300 Nice - www.-nice.org - 04 92 17 40 00 Location - renseignements 04 92 17 40 79 - Collectivités, Groupes Christian Vacher 04 92 17 40 47 Communication, presse Véronique Champion 04 92 17 40 45 Animation culturelle Anne Jouy-Pignard 04 92 17 40 51 Directeur de la publication Jacques Hédouin Directeur adjoint de la publication Anne-Marie Guillem-Quillon Rédacteur en chef Véronique Champion Infographiste Patricia Germain Comité de rédaction Gilles Sestrin, Christian Vacher Ont collaboré à ce numéro Gérard Dumontet, Christophe Gervot, A. Aveline, Daniela Dominutti, Anne-Christelle Cook. Photos Dominique Jaussein / Opéra de Nice - Licence d’entrepreneur de spectacles 1-1015185 / 2-1015183 / 3- 10151843 Photogravure/imprimerie Fabriqué par Espace Graphic, 06 Carros, octobre 2010. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 3

PÉRA Nice Côte d’Azur saison 2o1o /11 n h

guin

e e

ennes

fione, ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 4

OCTOBRE 2010 À L‘OPÉRA JEU. 7 20H DIM. 10 15H MER. 13 20H SAM. 16 20H

PHOTO HANS VAN DEN BOGAARD DIALOGUES DES CA POULENC

Texte de la pièce Direction musicale Michel Plasson de Georges Bernanos Mise en scène Robert Carsen Michael Levine porté à l’Opéra Décors Costumes Falk Bauer avec l’autorisation Lumière Jean Kalman de Emmet Lavery. réalisée par Jurgen Kolb Pièce inspirée par Chorégraphie Philippe Giraudeau une nouvelle de Jean-Philippe Lafont Gertrude von Le Fort Le marquis de La Force Blanche de La Force Karen Vourc’h et un scénario de Le chevalier de La Force Frédéric Antoun Philippe Agostini et L’aumônier du carmel Paul Agnew du R.V. Bruckberger. Le geôlier Jean-Philippe Lafont Production de Madame de Croissy Sylvie Brunet Nederlandse Opera, Madame Lidoine June Anderson Sophie Koch présentée pour Mère Marie de l’Incarnation Sœur Constance de Saint Denis Hélène Guilmette la première fois Mère Jeanne de l’Enfant Jésus Julia Brian en France. Sœur Mathilde Bérengère Mauduit L’officier Richard Rittelmann Premier commissaire Thomas Morris Deuxième commissaire Bernard Imbert Thierry Ioan Hotensche Monsieur Javelinot Thierry Delaunay

Orchestre Philharmonique de Nice Chœur de l’Opéra de Nice ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 5

opéras 5 L‘OPÉRA H Francis Poulenc (1899-1963) fait par- pression et ses derniers ouvrages res- penser à Nieztsch : humain, trop hu- 20H tie de ces compositeurs qui sont pas- tent marqués d’une grande mélanco- main. Par-delà tout ce bien ou tout ce sés au travers, si l’on peut dire, de lie. Il assiste tout de même au triom- mal, il y a des êtres confrontés à cette toutes les avant-gardes, à l’instar de phe de son chef-d’œuvre lyrique Dia- éternelle dualité, confrontation de Ravel, Martinu ou Chostakovitch. Il logues des Carmélites, œuvre aus- l’idéal et de la vie dans une société apprend le avec Riccardo Viñès, sitôt reconnue et jouée dans le mon- elle aussi bouleversée par les événe- alors pianiste célèbre. A noter que de entier et dont la création aura lieu ments historiques. La peur, la mort, c’est avec Charles Koechlin qu’il tra- à , le 21 juin 1957. le sacrifice, la grâce, le salut, l’espoir : vaille de 1921 à 1924. Influencé par C’est Gertrude von Le Fort – poète et il faut choisir certes, mais surtout, il Igor Stravinsky et l’atmosphère ga- romancière allemande – qui écrit en faut assumer ses choix. Mais l’on lante du XVIIIe siècle, il compose un 1931 une nouvelle, La dernière à l’é- reste, malgré toutes les tentations ballet Les biches et le Concerto cham- chafaud, inspirée d’une histoire vraie. avant-gardistes, dans la musique pêtre qu’il interprètera à Nice en 1956. En effet, seize carmélites de Compiè- tonale disait Poulenc, en faisant sem- Il est également très porté sur la mu- gne sont exécutées le 17 juillet 1794. blant de s’excuser. On trouve égale- sique vocale. Il excelle dans l’art de la La romancière s’étant servie d’un ment une sérénité d’une autre natu- mélodie, notamment sur des poèmes écrit de Mère Marie, seule survivante re, eschatologique, dans sa recherche d’Apollinaire et de Jacob. Des enre- du Carmel, leurs noms et patronymes d’un rapport avec l’au-delà et de ce gistrements importants témoignent d’emprunt sont tout à fait authen- qu’il y a peut-être après la mort. Ma- de sa collaboration avec le baryton tiques. dame de Croissy, la prieure, profère un Pierre Bernac. On perçoit clairement C’est en 1948 que Georges Bernanos blasphème au moment de mourir. l’attirance qu’il éprouve pour la voix (1888-1949) écrit les dialogues d’un Tout à coup, elle redevient un être et toutes ses expressions. film adapté de la nouvelle de Gertru- humain « comme les autres » malgré sa foi et son amour de Dieu. L’œuvre se situe au-delà des clivages historiques de l’opéra et bien au-delà S CARMELITES de cette école vériste en vigueur en Italie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle (André Chénier de Gior- La mort d’un être cher sera le point de von Le Fort, film qui ne voit pas le dano situé au moment de la Révolu- de départ d’un renouveau spirituel. Il jour. Il en tire toutefois une pièce de tion ou Petit Marat de Mascagni). Cu- revient à la foi catholique et écrit des théâtre publiée après sa mort et rieusement, les modèles du composi- œuvres qui portent la marque de cette créée à Zürich en 1951 avec un grand teur, outre Debussy, seraient plutôt nouvelle orientation : Litanies à la succès. Cette pièce est ensuite don- Monteverdi, Verdi ou Moussorgsky. Vierge noire, 1936 ; Messe, 1937. née à Paris, au Théâtre Hébertot, en Cependant, il faut remarquer que Pou- Il y a un élément intéressant dans la 1952. En 1953, le directeur des Edi- lenc reste lui-même et réussit à faire personnalité de Francis Poulenc, tions Ricordi suggère à Poulenc de comme Bizet, Massenet ou Gounod, c’est l’humour ; un paradoxe pour- l’adapter pour l’opéra. Ce sujet ne c’est-à-dire chanter la langue fran- rait-on dire. Au-delà de toutes ces pouvait que plaire à Poulenc. La com- çaise dans un tissu orchestral à la fois péripéties et perturbations, l’humour plexité, les caractères de tous ces riche, ample et puissant, donnant au ne perd jamais ses droits. C’est en personnages en proie à des crises re- texte une puissance dramaturgique 1947 qu’il écrit son premier opéra ligieuses, au doute face à la foi, à la supplémentaire. Il faut souligner que Les mamelles de Tirésias d’après mort, à la vie, tout cela était en accord ce chef-d’œuvre authentique eut tout Apollinaire, œuvre conçue pendant la avec ce qu’il ressentait lui-même. de suite des interprètes fantastiques : guerre et dotée d’un humour qui lais- L’intérêt de l’œuvre réside aussi bien Régine Crespin, Leila Gencer, Léon- se petit à petit la place à une période dans la génèse de sa composition pour tine Price, Joan Sutherland... Francis humainement et intellectuellement le théâtre que dans la musique. L’his- Poulenc, en connaisseur, pensait difficile. En 1943, il écrit un cycle toire est abreuvée de vérité humai- « aux sons filés » de Renata Tebaldi choral sur des poèmes d’Eluard, ne : Gertrude von Le Fort attribue à pendant la composition. Figure humaine. Blanche son propre nom de famille et Au cours des derniers moments de Après la guerre et malgré des succès Bernanos prête à Madame de Croissy l’œuvre, Blanche, qui est appelée Le reconnus (Stabat mater 1951, Sona- les affres de son propre cancer. petit lièvre car elle fuit sans cesse les te pour deux 1953), le com- Poulenc ira jusqu’à dire de l’héroïne : réalités de la vie, ressurgit. Que signi- positeur, qui a développé un style Là, c’était moi. Nous sommes loin fie ce retour ? Recevra-t-elle une mort entièrement personnel, se sent mal- d’un ouvrage politique ou anti-répu- paisible avec une grâce reçue in ex- gré tout isolé parmi l’avant-garde blicain. Le message religieux, pour- tremis ? Seules les réponses cachées qu’il refuse de suivre (Pierre Boulez, tant apparent, semble lui aussi se- sont intéressantes. par exemple). Il entre même en dé- condaire. On ne peut s’empêcher de Gérard Dumontet ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 6

6 opéras ROBERT CARSEN metteu

Entretien réalisé par Christophe Gervot, le 19 août dernier

C-G : Le public français a adoré vos intimité. C’est cette version qui sera meurt dans d’atroces souffrances et mises en scène de Lescaut proposée à Nice. C’est une œuvre in- ne croit plus en Dieu. Cette œuvre de Puccini à l’Opéra Bastille, du habituelle à l’Opéra pour laquelle j’ai propose une vraie reconnaissance de Songe d’une nuit d’été au Festival une très grande affection. La distri- la condition humaine avec des ques- d’Aix-en-Provence (1991) et, plus ré- bution est essentiellement féminine tions telles que ce qu’est la foi et ce cemment, de Capriccio avec Renée et l’œuvre dévoile les émotions de qu’est l’homme. Elle interroge aussi Fleming au Palais Garnier (2004). Y religieuses face à la foi, à la vie et à la sur ce besoin qu’a l’homme de croire a-t-il un spectacle pour lequel vous mort. Pas d’histoire d’amour mais un en quelque chose, dans toutes les ayez une tendresse particulière ? livret basé sur un scénario de cinéma cultures, et cela va bien au-delà du R-C : Il y en a plusieurs. J’ai effective- très fort, voulu par Bernanos. Nous message chrétien et religieux. C’est ment beaucoup d’affection pour les avons tenu à respecter cet aspect un ouvrage très complexe que l’on spectacles que vous citez. Le songe cinématographique. Il y a aussi cette est très heureux de trouver sur une d’une nuit d’été a été créé en 1991, figure centrale très émouvante de scène d’opéra, par les questions qu’il a voyagé dans plusieurs pays et Blanche de La Force, inventée par soulève. Je suis ravi de monter cette connu des lieux très divers. Il a été Gertrude von Le Fort en 1931, dans production à Nice, pour la première présenté récemment à de une nouvelle intitulée La dernière à fois en France. En 2004, c’était la Milan, en 2009. Une captation DVD l’échafaud qui a inspiré Georges Ber- première fois que l’œuvre était repré- en a été réalisée au Liceo de Barce- nanos puis Francis Poulenc. Blanche sentée en français à Milan depuis sa lone. Suivre un spectacle au fil de ses est une jeune femme qui va au cou- création mondiale à La Scala en 1957, reprises permet d’approfondir, de vent par peur du monde et qui se alors en italien. Le spectacle a reçu peaufiner et d’être toujours plus jus- trouve confrontée à des moments de depuis le prix de la critique à Milan et te. La dernière production présentée doute et d’effroi où elle va mieux se à Madrid et le prix de la BBC pour la à l’Opéra Bastille a été Tannhaüser, connaître, dans une trajectoire qui la captation de la RAI à la Scala. C’est dont les représentations ont été per- conduit au martyre. L’émotion du un ouvrage très français et je suis turbées par des grèves. Nous venons texte original n’est pas réduite par sa heureux de le présenter en France. de présenter ce travail à Tokyo – co- transformation en opéra, notamment C-G : Comment envisagez-vous la producteur du spectacle – où il a con- sur le plan intellectuel. Ceux qui ne direction d’acteurs à l’opéra ? nu un grand succès. Il sera repris l’an- connaissent pas l’ouvrage sont mar- R-C : C’est exactement comme au née prochaine à Paris. Les œuvres du qués par sa force et la partition ne théâtre. La grande différence est la cycle Janacek montées à l’Opéra des vous quitte plus une fois que vous contrainte de la musique qui créé le Flandres m’ont aussi apporté beau- l’avez découverte. Nous avons sou- temps. Avec les chanteurs, il faut être coup de bonheur. Après Jenufa, je haité réduire au maximum les élé- particulièrement attentif à l’écoute me réjouis de reprendre Katia Kaba- ments scéniques, sans références entre eux, en particulier dans ces nova à l’Opéra du Rhin en 2012. religieuses qui sont toujours un peu Dialogues des carmélites où les dia- C-G : Vous reprenez à l’Opéra de Nice kitch quand on les voit sur une scène. logues sont très forts, avec des varia- Dialogues des Carmélites que vous Pas de naturalisme donc mais j’aime- tions selon les types de rencontres avez créés à l’Opéra d’Amsterdam en rais que le public soit mis à l’épreuve entre les protagonistes. De plus, ce 2001 et repris depuis en 2004 à La sur son propre rapport à la croyance, qui sort de notre bouche n’est jamais Scala de Milan. Quelles sont les gran- quelle qu’elle soit, par le jeu des in- exactement ce que nous pensons, on des lignes de votre mise en scène ? terprètes, l’espace scénique et les n’arrive quasiment jamais à dire pré- R-C : Nous avons effectivement créé lumières, comme dans un acte de foi. cisément ce que l’on veut dire et il cette production à l’Opéra d’Amster- C-G : Qu’est-ce qui vous touche le plus faut s’en rappeler sur le plateau. Le dam et Ricardo Mutti l’a ensuite choi- dans cet opéra de Francis Poulenc ? paradoxe au théâtre, malgré le temps sie pour La Scala. Elle a aussi été pré- R-C : Il n’y a pas qu’une seule chose. de répétition, c’est de donner l’im- sentée dans des villes comme Madrid L’ouvrage est touchant dans sa tota- pression que les choses se passent ou Chicago. J’ai effectué une version lité. Il y a toutefois des inversions pour la première fois, de créer l’im- adaptée à des théâtres aux dimen- extrêmement marquantes. Ainsi, médiat. sions plus réduites tels l’Opéra des Blanche de la Force qui ne sait que C-G : Quels rapports entretenez- Flandres et le Théâtre an der Wien de faire et a peur de tout trouve une vous avec les chefs d’orchestre ? Vienne. Nous y utilisons l’espace dif- paix intérieure face à la mort. Mada- R-C : Cela dépend du chef. C’est tou- féremment et le spectacle gagne en me de Croissy, la vieille Prieure, jours différent mais on espère tou- ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 7 etteur en scène d’exception

jours collaborer. Il y a tant de circons- suis très heureux d’y retourner. tances qui changent selon les œuvres. C-G : Y-a-t’il une œuvre que vous Quand on aborde un opéra pour la rêveriez de mettre en scène ? première fois, on discute sur le choix R-C : L’un de mes rêves va devenir de la version. Le plus important, c’est réalité puisque j’ai très envie la confiance et le respect mutuels. depuis longtemps de monter Don L’objectif est de créer l’événement le Giovanni. Je vais en présenter ma plus fort pour le public. vision pour l’ouverture de la saison C-G : Y-a-t’il un souvenir qui vous a de la Scala de Milan le 7 décembre particulièrement ému dans votre 2011. On ne m’a jamais demandé parcours de metteur en scène ? de mettre en scène The rake’s pro- R-C : Je suis ému quand le public est gress. J’adore ce livret et cette par- ému. Quand il découvre un ouvrage tition. J’aimerais beaucoup, enfin, pour la première fois, c’est encore monter du Shakespeare au théâtre. plus gratifiant. On se dit qu’on est C-G : Qu’est-ce qu’est, pour vous, un parvenu à rendre service à l’œuvre. spectacle d’opéra réussi ? Quand on sent la découverte de spec- R-C : C’est un spectacle qui stimule tateurs à travers la mise en scène, je l’intellect en passant par les émo- l’ai éprouvé avec Le songe d’une tions. Toute la force de l’opéra réside nuit d’été et les Dialogues des car- dans une tension entre le cœur et mélites, c’est extrêmement touchant. l’esprit. Dialogues des carméli- C-G : Quels sont vos projets les plus tes en est un formidable précieux ? exemple. R-C : Je vais monter en décembre My fair lady au Châtelet. C’est la réalisation d’un rêve, j’adore cet ouvrage et la comédie musicale. La dernière que j’ai présentée était déjà au Châtelet. Il s’agissait de Candide de Bernstein. De plus, il y a 18 mois que je n’avais pas fait de nouvelle production et ce projet me réjouit. Après la scénographie que j’ai faite de l’exposition consacrée à Marie Antoinette il y a deux ans au Grand Palais, je vais être scénographe d’une exposition consacrée à Charles Gar- nier à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, à partir du 25 octobre. Je suis très ému de cette perspective, autour d’une figure qui a beaucoup compté pour l’opéra. Les autres projets qui me tiennent à cœur sont L’affaire Makropoulos à Strasbourg et Ri- naldo de Hændel au Festival de Glyndebourne. Hændel est un de mes compositeurs préférés et cet opéra comporte quelques- unes de ses plus belles pages. J’ai fait mes débuts comme assistant à Glyndebourne et je

PHOTO D.R. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 8

M un chef d’o en

d PHOTO D.R. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 9

opéras 9 MICHEL PLASSON hef d’orchestre entre deux continents

Servant symphonique, il y mena une croisade Combien de temps devez-vous y sé- chevalier acharnée en faveur de sa chère musi- journer chaque année ? que française qu’il enregistra à tour de Douze semaines. Le reste du temps, de la musique disques pour sa complice fidèle, la deux chefs chinois dirigent l’orches- firme anglaise EMI. Ce qui ne l’empê- tre. Nous n’en sommes qu’au début de française. cha nullement de signer une vingtaine notre expérience commune. Ils ont de CD de musique germanique avec visiblement des affinités avec le réper- l’Orchestre Philharmonique de Dres- toire allemand, de Bach à Beethoven. de... L’Extrême-Orient ne l’effraye pas Je les ai aussi dirigés dans la Sympho- non plus : il a ses habitudes à Tokyo et nie de Franck et celle avec orgue de à Pékin. Saint-Saëns. Mais pour Debussy et De tout cela, il a accepté de nous par- Ravel, je préfère encore attendre. ler dans son refuge sur les hauteurs Techniquement, ils n’ont rien à envier Michel Plasson revient les 7, 10, 13 et de Béziers, au milieu d’innombrables aux instrumentistes occidentaux. Ils 16 octobre à son cher Francis Poulenc champs de vignes et à un jet de pierre apportent, bien sûr, leurs caractéristi- dont il dirige les Dialogues des du premier camp établi par les Ro- ques : ainsi sont-ils à la fois confiants Carmélites à l’Opéra de Nice. mains partis à la conquête de la Gaule. et ardents à jouer notre musique. Plasson, chevalier servant de la musi- C’est une vaste demeure à flanc de Finalement, je crois que notre igno- que française qu’il défend depuis des coteau, ancrée profondément dans le rance réciproque de la langue de l’au- lustres par le concert et par le disque sol (« je suis un amoureux de la pier- tre, en nous contraignant à communi- (pas moins d’une centaine de CD !) re », avoue le maître de maison) avec quer avec très peu de mots, est un Ce Parisien, fils de violoniste à l’Opéra son chai, ses grandes pièces au sol bien. Il y a quand même un grand mys- et de chanteuse lyrique dit « léger » pavé de calcaire et de terre cuite, à tère : comment des musiciens aussi (les opérettes de Messager, entre des années-lumière du bling-bling éloignés de notre culture parvien- autres), est ainsi tombé tout bébé parisien. A l’image en somme du sage nent-ils à traduire la musique telle dans le chaudron de la musique fran- qu’est devenu Michel Plasson : il y que je l’entends moi ? Et Dieu sait si je çaise : rien de raisonné dans cet savoure la vie, avec l’huile de ses oli- suis un maniaque de la sonorité, den- amour exigeant et viscéral pour notre viers sortie d’un pressoir voisin. Son rée fragile qu’il faut manier délicate- répertoire national. S’il s’est battu épouse Mercédès, violoniste, et lui y ment, comme un oiseau ou un papil- comme un diable pour lui depuis près coulent visiblement des jours heu- lon ! En tout cas, ils ont perçu que la d’un demi-siècle, de Toulouse à New reux… quand ils ne sont pas dans les leur était en train de changer. Sans York en passant par Paris, Munich, aéroports. doute parce que la musique est bien la Londres ou Vienne, c’est qu’il le seule langue compréhensible par tous voyait, déprécié, sombrer dans l’oubli Joli pied de nez à ceux qui vous re- par delà les frontières. J’ai déjà obser- en France même. C’est une histoire de prochaient de vous enterrer à Tou- vé un autre phénomène amusant : ces famille, en somme, et de fidélité à sa louse : vous voici à Pékin, au poste de instrumentistes ignorant, de par leur tradition : ça ne se discute même pas. « chef principal invité » de l’Orches- formation, ce qui se transmet dans nos Tout comme le petit âne gris que lui a tre Symphonique National de Chine ! conservatoires au plan de la difficulté offert François-René Duchâble s’ap- Qu’allez-vous faire à l’autre bout du technique de tel ou tel passage dans pelle… Hector ! monde ? une œuvre du répertoire, ils passent Missionné par Marcel Landowski et De la musique. Et puis aussi rencon- l’obstacle sans même s’en apercevoir ! exilé volontaire au Capitole de Tou- trer un peuple qui va bientôt dominer La musique, en tout cas, efface la

PHOTO D.R. louse dont il fit un phare lyrique et le reste du monde. frontière des idéogrammes. Avec ces ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 10

10 opéras

musiciens chinois, je parle surtout la ville m’a paru vieille. Elle a incarné la Paris où l’on ne vous avait guère vu langue des yeux. Résultat : ils me sui- modernité du XXe siècle, comme Shan- depuis l’ère Liebermann ? vent sans connaître, en fait, ce que je ghaï et Pékin incarnent aujourd’hui La chaleur des applaudissements leur transmets. Cela me plonge, cha- celle du XXIe. Ce qui me frappe, c’est avant même le début du spectacle m’a que fois, dans un abîme de perplexité. l’extraordinaire délicatesse des Chi- bouleversé. Je n’ai pas pu m’empêcher nois dans les rapports humains. Seul d’avoir une pensée pour les deux jeu- Travaillez-vous différemment avec un grand pays sûr de lui peut témoi- nes chirurgiens qui, trois mois plus tôt eux d’avec les orchestres occiden- gner d’une semblable modestie à à Toulouse, avaient fait du quatre taux ? l’égard des autres peuples. mains sur mon cœur pour me tirer Je dois, en effet, faire le choix d’un d’un mauvais pas, ainsi qu’à Nicolas répertoire pédagogiquement adapté, Ces musiciens chinois vous influen- Joel, qui m’a sauvé la vie en me don- pour leur permettre de progresser. cent-ils en retour ? nant une raison de vivre avec ce Pour la même raison, nous limitons Je m’imprègne de leur gentillesse, de . nos premières tournées au vaste leur « modernité douce », dirais-je, « continent » chinois, même si nous par opposition avec l’agressivité susci- Avec Dialogues des Carmélites à avons fait une exception pour la Rus- tée par le progrès technique en Occi- l’Opéra de Nice, vous restez dans l’u- sie, avec laquelle les liens culturels dent, et singulièrement en France où nivers de la musique française. Quels sont anciens. Nous attendrons donc les gens se marchent les uns sur les en sont les secrets ? avant de nous présenter dans les pays autres. Je n’ai jamais entendu des Cela me désole toujours, quand je occidentaux. Dans nos programmes, étrangers travaillant avec des Chinois reviens en France, de constater à quel nous inscrivons aussi des œuvres de se plaindre. Ce sont des gens sou- point ce pays que j’aime tant n’a pas le compositeurs chinois d’aujourd’hui, riants. Ils ont un côté enfantin, une souci de son patrimoine musical. Il est comme ce Requiem pour la terre innocence qui me charme : je ne peux pourtant extrêmement riche ! Et j’en- d’un professeur au Conservatoire de pas faire de la musique si on me fait la rage quand je vois comment d’autres Pékin. Ces tentatives pour mêler les tête ! Savez-vous que les instrumen- nations, au répertoire pourtant nette- cultures et les traditions me plaisent tistes sont tous venus à ma remise de ment moins fourni, savent admirable- beaucoup ; au passage, j’ai découvert cravate de commandeur de la Légion ment le mettre en valeur. La musique un instrument que je ne connaissais d’Honneur, à l’ambassade de France à française, si gorgée de poésie, me pa- pas, une jolie flûte chinoise. Pékin ? Cela m’a fait une impression raît plus que jamais nécessaire à notre bizarre, car j’étais à la fois chez moi, époque, si brutale et si dure au cœur Où jouez-vous à Pékin ? en territoire français, et à l’autre bout des hommes. Car à l’instar de nos pein- Dans ce palais merveilleux appelé Na- de l’univers. tres impressionnistes, c’est la musi- tional Centre for the Performing Arts, que du bonheur. Évidemment, elle est grosse goutte de titane construite par Les honneurs allant par paire, vous fragile et il ne faut pas la brusquer. Je Paul Andreu au milieu d’un lac. Le venez de recevoir, en France, le dirais surtout que, lorsqu’on la dirige, bâtiment renferme trois salles. Nous Grand Prix de la Critique pour le il ne faut jamais faire ce qui est écrit ! nous produisons dans la moyenne, Werther ayant marqué vos débuts à celle de 1 800 places. Il y en a une l’Opéra Bastille, en janvier et février Pardon ?... !... grande de 2 400 fauteuils et une pe- 2010. Comment avez-vous réussi à S’il y a une chose qui me met hors de tite. Imaginez que, dans la foulée de dompter du premier coup une acous- moi, c’est bien quand j’entends dire, cet ensemble architectural extraordi- tique réputée rebelle ? en guise de commentaire à propos naire, on construit des auditoriums J’ai beaucoup travaillé, essayé, tâton- d’un chef et d’une partition : « il en a partout en Chine : la vieille Europe né... Nous avons changé les instru- offert une formidable lecture ». Déso- risque d’être vite distancée ! Beau- mentistes de place, modifié la hauteur lé de vous le dire, mais ça ne présage coup de villes, dont on ignore même le de la fosse, et même celle de mon po- rien de bon. Se contenter de lire par- nom en France, ont plus de dix mil- dium. Je dépassais de plus d’un mètre faitement les notes, c’est mal jouer. La lions d’habitants. Et nous allons nous et le contact médiumnique s’en trou- musique française, il faut l’aimer, la y produire ! Parce que le lien tissé par vait suspendu. Avec les instrumentis- cajoler, la prendre dans ses bras. Je la musique entre deux pays est immé- tes, que j’ai trouvés extrêmement sais qu’il est difficile d’expliquer aux diat : il n’y a pas besoin de traducteur. motivés, nous sommes parvenus à l’al- gens qu’il peut y avoir de la musique chimie que je jugeais nécessaire. La sans musique, parce que son contenu Vous confirmez donc que la Chine est question est toujours, et en quelque émotionnel a été tué par un excès de bien la future première puissance lieu qu’on se trouve, grand ou petit, littéralité. C’est pourtant absolument mondiale ? d’obtenir l’âme du son. vital et c’est pourquoi il est urgent de C’est une évidence. Je suis retourné à renforcer l’éducation musicale à l’éco- New York récemment, après une assez Comment avez-vous vécu l’accueil du le. La musique, c’est d’abord une cou- longue absence : c’est fou ce que cette public pour ce retour à l’Opéra de leur : je l’ai senti quand j’étais à la tête ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 11

opéras 11

du Philharmonique de Dresde. Les mots. C’est bien pourquoi vous ne me ont pour nom, n’est-ce pas, Bruckner, Allemands sont monochromes. À verrez jamais diriger le Ring ! Le livret Mahler et ? Dresde, c’est le gris superbe de l’Elbe me paraît impossible, quelle que soit J’ai un faible pour Bruckner parce qui se reflète dans l’orchestre. Les for- l’abondance de beautés musicales. qu’il avait la foi du charbonnier. Pour mations françaises sont plus multico- ce qui est de Mahler, gare à l’over- lores. Votre départ de Toulouse s’est appa- dose : il est devenu une mode. Plus renté à un arrachement. Avez-vous grave, il est mal dirigé, la plupart du Vous dirigez Dialogues des Carméli- des regrets dans la gestion de votre temps par inexpérience. Tous les tes depuis plusieurs décennies. Avez- carrière ? chefs veulent commencer par là, pour vous connu Francis Poulenc ? Peut-être aurais-je dû quitter le Capi- se faire connaître plus vite, alors Non, et c’est mon grand regret. Jeune tole plus tôt… Je dois confesser que je qu’on ne parvient à dominer son style musicien, je l’ai croisé après un con- suis têtu : c’est même pire que l’idée qu’en fin de carrière : Leonard Bern- cert devant le Casino de Vichy, mais je fixe de Berlioz dans la Symphonie stein y fut somptueux, comme Clau- n’ai pas osé l’aborder… Fantastique ! Je me suis toujours bat- dio Abbado aujourd’hui. Avez-vous re- tu pour défendre le répertoire fran- marqué que beaucoup d’œuvres, et de Quels conseils donneriez-vous à un çais au milieu d’un océan de musique chefs-d’œuvre du répertoire mondial, jeune collègue dirigeant l’ouvrage mondialisée. Pour ce faire, j’avais commencent par un trémolo ? Ils sont pour la première fois ? besoin de forger l’instrument ad hoc : tous différents, contrairement à ce Je n’ai pas de conseil à donner… si- ce fut l’Orchestre du Capitole avec que pourrait laisser croire une lecture non de ne pas rater Poulenc si vous le lequel la complicité était totale. Aller trop rapide des notes imprimées… croisez ! J’attirerais seulement l’atten- diriger d’autres formations, c’est Pour comprendre, écoutez Eugen Jo- tion sur un mystère qui me fascine : recommencer à chaque fois à se bat- chum dans Bruckner ou les grands comment certains, en dirigeant Dialo- tre pour obtenir ce que l’on veut. chefs espagnols dans leur musique gues des Carmélites, ne se rendent- Alors, quand on a tout le confort à la nationale. Un simple trémolo leur suf- ils pas compte qu’ils jouent mal cette maison, on devient facilement pares- fit pour faire jaillir tous les parfums musique ? seux et... casanier ! des jardins d’Espagne ! Moralité : se contenter d’une lecture scrupuleuse Quel est donc ce mystère ? Vous évoquiez Pelléas et Mélisande... ne suffit pas à rendre justice à une Il y a des clés spéciales. Poulenc Que représente pour vous Debussy ? partition. Quand on est à la recherche n’était pas très méticuleux en matière Pelléas et Mélisande est le Tristan d’une étoile, il faut faire des choix : de nuances : il faut donc l’aider un und Isolde français ! Tout est sublime seuls les très grands chefs s’y ris- peu. Mais, pour le chef, le vrai danger dans ce chef-d’œuvre. Il y a un quart quent, comme Günter Wand ou Pierre est ailleurs : il ne faut pas se laisser de siècle, quand John Eliot Gardiner Monteux. Ce cher Charles Munch submerger par la force du scénario de le dirigeait et l’enregistrait à l’Opéra s’échappait de la partition écrite pour Bernanos, c’est-à-dire se laisser pos- de Lyon, nous devions dîner ensemble mieux atteindre son idéal et tout le séder par le Christ, par la foi, par dans un bouchon : à l’apéritif, Gardi- monde suivait comme un seul hom- l’horreur de l’époque telle qu’elle est ner m’a dit qu’il avait décidé d’élimi- me : je peux en témoigner car j’ai joué décrite, par la Terreur omniprésente, ner les interludes qu’il jugeait infé- sous sa baguette ! Il nous faut donc par le courage ou la peur panique des rieurs au reste de la partition. C’est admettre qu’une fois écrite, la musi- Carmélites. Vous savez ce que dit le idiot ! Ce sont des pièces essentielles que échappe à son auteur pour passer père de Blanche, le Marquis de La à l’avancée du drame, car ils résument dans les bras de ceux qui l’aiment. Force : « Qui n’a pas vu la multitude ce qui s’est passé et ce qui va arriver. en furie n’a rien vu ! ». Il faut partir à Indigné, je me suis levé en m’excla- Quel est le chef qui vous a le plus la fois du texte et de la musique, en mant : « Je ne peux pas dîner avec impressionné ? les mêlant de façon encore plus com- quelqu’un qui ne comprend pas De- Je rêve de la légèreté diaphane obte- plexe que ne l’indique la partition. Il bussy ! » Et je suis rentré à mon hô- nue par Carlos Kleiber. J’ai eu la chan- faut prendre des libertés avec celle-ci tel… Debussy est une énigme. Il illus- ce de le voir au pupître de Der Rosen- et trouver le juste équilibre entre foi tre magnifiquement le propos d’André kavalier au Staatsoper de Munich où et doute, courage et terreur. Dialo- Malraux remarquant que « la musique Wolfgang Sawallisch m’invitait sou- gues des Carmélites est l’un des est le seul art qui puisse parler de la vent. Le choc a été si fort que je me grands chefs-d’œuvre lyriques du XXe mort ». C’est en effet l’art du mystère. suis demandé sérieusement si je n’al- siècle, avec Wozzeck, Le château de Et Pelléas et Mélisande plus que lais pas arrêter de diriger. C’était un Barbe-Bleue et Pelléas et Mélisande. tout. Je me sens si proche du compo- magicien. Notez que pour les quatre, il y a eu siteur quand il vitupérait ces « mons- rencontre entre un texte fort et un tres pneumatiques venus d’outre- Interview réalisée par Jacques Doucelin grand compositeur qui, sans rien re- Rhin »… pour Opéra Magazine nier de son art, a su le greffer sur les Des « monstres pneumatiques » qui en partenariat avec l’Opéra de Nice ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 12

12 opéras JU

de r q

t

u PHOTO D.R. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 13

opéras 13 JUNE ANDERSON

« Je suis heureuse de cette prise Entretien avec Christophe Gervot, été ravie de participer à la saison qu’il le 2 août 2010 a programmé à Nice. de rôle en tant C-G : Comment abordez-vous ce réper- toire de la musique française ? C-G : Vous êtes une « » et une J-A : Je l’aborde comme tout autre que française « Lucia di Lamermoor » adorées dans rôle, assise au piano avec la partition. le monde entier. Quel bonheur vous J’ai acheté l’enregistrement avec Ré- d’adoption, procure le répertoire du bel canto ? gine Crespin mais je ne l’ai pas encore J-A : Ce bonheur ne m’est pas forcé- écouté car j’aime prendre toutes mes très touchée ment procuré par le répertoire du bel décisions avant d’écouter d’autres canto mais ce sont avant tout deux interprètes. C’est la première fois que aussi de personnages qui m’intéressent, Lucia je chante une religieuse. Cette saison plus jeune, avec une sensibilité en- va me faire faire un grand écart : je la reprendre core adolescente et Norma, davan- débute dans le rôle d’une Prieure et tage femme et plus près de moi je l’achèverai en interprétant Salomé un rôle créé comme personne. Ces œuvres sont de Richard Strauss, dans sa version un défi à la fois musical et dramati- française, à Liège. C’est une saison par Régine que. Après avoir chanté Norma, il très moderne puisque je ne vais chan- m’était difficile de trouver un rôle qui ter que des œuvres du XXe siècle, ce m’inspire autant. J’ai donc choisi de qui me passionne car j’ai besoin de Crespin » me tourner vers un autre répertoire. relever des défis et j’en trouvais C-G : Quel est votre plus beau souve- beaucoup moins dans le répertoire nir d’interprète ? du bel canto. J-A : C’est ma rencontre avec Léo- C-G : Qu’attendez-vous d’un chef d’or- nard Bernstein, en particulier pour chestre et d’un metteur en scène ? Candide. Il représente à mes yeux le J-A : J’attends la même chose de l’un rêve total de la complicité artistique. et de l’autre, c’est-à-dire qu’il voit ce C’était un collègue extraordinaire que l’interprète a à dire et à donner et avec qui j’ai effectué un travail d’une qu’il trouve sa vision d’ensemble en qualité que je n’ai trouvée nulle part fonction de chaque personne sur le ailleurs. plateau. Je suis très heureuse de tra- C-G : Vous êtes de retour après 25 ans vailler pour la première fois avec d’absence de la scène niçoise pour une Robert Carsen sur ces Dialogues. prise de rôle : Madame Lidoine dans C’est un artiste dont j’aime beaucoup les Dialogues des carmélites de Fran- le travail. cis Poulenc. Que représente pour vous C-G : Quelles sont les rencontres cet opéra ? artistiques qui vous ont marqué ? J-A : Je suis très heureuse de cette J-A : J’ai beaucoup aimé travailler avec prise de rôle en tant que française le jeune chef Kasushi Ono sur Les d’adoption, très touchée aussi de re- Bassarides de Henze, un opéra prendre un rôle créé par Régine d’après Les bacchantes d’Euripide, Crespin, qui est l’une de mes héroï- au Châtelet en 2005. J’ai également nes. J’aime le personnage, la musique de beaux souvenirs avec Lorin Maazel, de Poulenc. J’ai tout de suite accepté notamment les mélodies de Richard lorsque Alain Lanceron me l’a pro- Strauss que j’ai interprétées avec lui. posé. Il a toujours été à mes côtés J’ai eu la chance de travailler avec

PHOTO D.R. depuis mes débuts en France et j’ai l’immense Alfredo Kraus qui m’a ••• ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 14

14 opéras

••• énormément apporté dès mes dé- buts. a été une autre rencontre inoubliable. J’ai effec- KAREN VOURC tué avec lui des enregistrements et participé à des récitals et à des con- certs. La disparition de ces deux ténors est une grande perte pour la J’ai le sentiment musique et pour moi aussi. C-G : Quels sont les projets qui vous que le chant est tiennent à cœur ? J-A : Salomé est un projet extrême- comme un baume ment important. C’est un rôle que j’aurais dû aborder auparavant mais pour tout ce public les représentations ont été annulées. De plus, je suis ravie d’aborder cet qui est face à moi. opéra dans sa version française, sur le texte qu’Oscar Wilde avait écrit. Richard Strauss, après sa version ori- ginale en allemand, a voulu revenir au texte de Wilde. L’orchestre reste le Christophe Gervot a réalisé cet interview même mais il a changé la ligne vocale. le 12 septembre 2010 Cette version française est plus sen- suelle, plus lyrique et la voix est da- C-G : Vous avez interprété Mélisande à vantage portée. Je suis très heureuse l'Opéra de Tours, à Metz et, enfin, à de ce projet qui est un véritable défi. l'Opéra comique sous la direction de Cette saison, je vais aussi chanter une John Eliot Gardiner. Que représente œuvre de Samuel Barber pour sopra- pour vous la musique française ? no à Paris, à la cité de la musique et K-V : La musique française est très vas- les Correspondances de Henri Dutil- te et il est difficile de comparer Rameau, leux à Montréal. Ce sont uniquement Berlioz et Debussy ou Poulenc. Chaque des œuvres modernes. Ainsi, j’ai long- époque a eu ses compositeurs. Je me temps pensé que je serai une soprano sens des affinités particulières avec les e du XX siècle mais je suis désormais univers de Maeterlinck et de Bernanos e une soprano du XXI siècle ! pour les textes, de Debussy et de C-G : Y a-t’il des rôles que vous rêvez Poulenc pour la musique. Dans Pelléas d’aborder ? comme dans les Dialogues des carmé- J-A : J’aurais dû chanter Tatiana de lites, il y a une adéquation totale entre Eugène Onéguine mais ça ne s’est les livrets et les partitions. J'aime chan- pas fait, et on ne me l’a jamais pro- ter en français parce que c'est ma lan- posé à nouveau. Je rêve toujours gue et l'opéra véhicule l'image d'une d’aborder cet opéra de Tchaïkovsky. femme typiquement française à travers C-G : Quel est votre idéal en matière Manon ou Louise. Elles sont reconnais- d’opéra ? sables par leur culture. Ce qui n'est pas J-A : Parfois, je me dis que j’aimerais le cas de Marguerite de qui vient toujours répéter et ne jamais faire de de Goethe. Le texte est extrêmement représentations afin d’approfondir important à l'opéra et quand on maîtrise chaque jour la construction d’un per- la langue, c'est plus agréable pour ceux sonnage. Une fois les répétitions ache- qui l'entendent. Mes deux langues de vées, les choses changent beaucoup prédilection sont le français et l’alle- moins sur scène et ce qui m’attire, mand. c’est de trouver toujours de nouvelles C-G : Comment définissez-vous le per- manières pour faire vivre le rôle. L’o- sonnage de Blanche de la Force, qui est péra est une combinaison entre des pour vous une prise de rôle ? arts très différents. Il y a tant d’élé- K-V : Je suis arrivée aux répétitions avec ments à mettre ensemble que c’est certaines idées sur le rôle. Robert rarement parfait. Mon idéal, c’est lors- Carsen et Michel Plasson, qui a beau- que tout parvient à fonctionner. coup dirigé cet opéra, m'apportent ••• PHOTO D.R. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 15

opéras 15 OURC’H ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 16

16 opéras

••• une direction et une lecture pos- beaucoup interpréter Tatiana ou sible de l’œuvre. Ils ont une grande Jenufa, ce répertoire de femmes de FRÉDÉRIC sensibilité de ce qu'est Blanche. C'est l'est m'attire beaucoup. Mais mon une jeune femme qui n'a pas connu sa cœur va d'emblée vers les rôles de Ri- mère. Elle a vécu avec son père et son chard Strauss. Pour l'instant, je me frère dans un milieu aristocratique où situe entre Sophie et La maréchale. il y avait peu de place pour le dialo- J'adorerais chanter un jour la com- gue. Elle est très angoissée et sans tesse de Capriccio. Les désirs d'opé- cesse au bord des larmes. Blanche est ras peuvent évoluer en fonction des une hypersensible qui pense trouver rencontres et je suis d'un naturel très un apaisement dans ce couvent de curieux. carmélites, dans un univers de fem- C-G : Pouvez-vous citer un souvenir mes. La première Prieure est pour elle qui vous est particulièrement pré- une mère de substitution. Elle est cieux sur une scène d'opéra ? obnubilée et comme fascinée par la K-V : Il y en a beaucoup et il y a tou- question de la mort, elle en a en même jours une minute bouleversante au temps très peur et n'arrive pas à vain- cours d'une représentation. Je pense cre cette peur. Mais ce n'est pas une toutefois à un instant particulier, dans figure monolithique et elle évolue de Pelléas, au troisième acte, durant la manière constante du début à la fin de chanson de la tour, chantée à capela. l'opéra. Dans le récit initial de Gertru- C'était à l'Opéra comique. Le rideau de von Le Fort, l'auteur insiste sur la s'ouvre, j'entends la harpe et, face à peur du personnage. Blanche pense, moi, Gardiner me sourit, l'air confiant. en effet, que les marches des escaliers Le théâtre est rempli et je vois les vi- qu'elle emprunte vont s'effondrer sous sages des spectateurs car je suis pla- elle. Cette figure est une invention de cée très à l'avant-scène. C'est un mo- Gertrude von Le fort. La Prieure a ment de peur, à nu pour l'interprète, compris ce qu'est Blanche. Celle-ci les phrases à Capela sont comme sus- voudrait remettre son honneur à Dieu pendues et le cœur bat très vite. A la mais le pire, c'est de se mépriser soi- dernière, tout à coup, une plénitude même. C'est une forme d'orgueil. s'installe entre le chef et l'artiste, une C-G : Quels sont vos autres répertoi- sensation de compassion. J'ai le senti- res de prédilection ? ment que le chant est comme un bau- K-V : J'adore chanter Mozart. J'ai in- me pour tout ce public qui est face à terprété La comtesse, Elvira, Pamina moi. C’est un souvenir très émouvant. et Fiordiligi, rôle que j'aimerais beau- Je me rappelle aussi avoir chanté la coup refaire. Les livrets sont truffés Quatrième symphonie de Gustave d'invention et c'est un grand plaisir à Mahler. J’interprétais l'air solo du qua- jouer et chanter ces opéras. J'aime le trième mouvement et je venais me répertoire germanique. Je suis sopra- placer au début du troisième. C'est un no lyrique, c'est un peu tôt pour abor- moment de la partition qui me bou- der Strauss mais c'est une direction leverse, de ces instants magiques en que j'aimerais prendre. J'aimerais musique qui surpassent tout, qui nous beaucoup aussi chanter Janacek. Par- rappellent ce que nous sommes, la fois, l'opportunité d'un rôle vous fait fragilité et la condition humaines, la découvrir d'autres répertoires. manière dont on débat avec ses émo- C-G : Y-a-t-il des rôles que vous rêvez tions et avec ses pulsions. A chaque d'aborder dans un avenir proche ? fois, durant ce mouvement, en atten- K-V : Je rêvais vraiment de chanter dant mon intervention, je pleurais, Mélisande et Blanche. L'air de Blan- face public, avant de chanter. C'était che est le premier air d'opéra que j'ai peut-être ce que voulait Mahler, l'air appris et j'ai passé beaucoup d'audi- solo est beaucoup plus léger. Cette tions avec ce morceau. Je le fais au- gaieté, imprégnée de la gravité du jourd'hui dans des conditions magnifi- troisième mouvement, me ramène à ques et je ne pouvais rêver mieux l'amour humain et, peut-être, à l'im- pour une prise de rôle. C'est une très portance de l'art et des artistes dans

grande émotion pour moi ! J'aimerais ce monde. PHOTO VINCENT JACQUES POUR ANGERS NANTES OPERA 2008. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 17

opéras 17

croit parfois que parce que l'on ressent DÉRIC ANTOUN l'émotion sur scène, elle se transmet au spectateur, mais ce n'est pas assez : il faut véritablement amplifier son expression et la soutenir afin que le spectateur la re- Familier du répertoire çoive, dans les grandes comme les petites salles. Je suis un partisan de la sincérité de mozartien, ce ténor l'expression et j'aurais beaucoup de diffi- culté à jouer tout un opéra sans ressentir a été un magnifique quoi que ce soit ! De plus, la voix est telle- ment liée aux émotions que la subtilité des Ferrando dans couleurs vocales en souffrirait visiblement. Que représentent pour vous les Dialogues Cosi fan tutte des Carmélites et l'opéra français en général ? à Angers Nantes Opéra L'opéra français représente l'intimité. C'est ma langue maternelle et je suis beaucoup en 2008 et Idamante plus près des mots. Je vis donc plus le texte. Je m'efforce de conserver la beauté sonore, l'homogénéité de la technique vo- d’Idoménée à Nancy. cale italienne tout en préservant la pureté des voyelles françaises. Quel privilège de Nous l’entendons pouvoir naviguer sur cet océan d'harmo- nies aussi sombres que lumineuses, or- à Nice dans le rôle chestrées de main de maître ! J'ai fait la connaissance de cette œuvre lors de mes du Chevalier premières années d'études de composition et de chant à Montréal. J'étais à l'époque de la Force. sous le choc devant l'éloquence de Poulenc à traduire un tel drame avec autant de raf- finement. Imaginez mon enthousiasme à collaborer aujourd'hui avec Michel Plasson et Robert Carsen ! Quels sont les projets qui vous tiennent à Entretien avec Christophe Gervot, cœur ? le 29 août 2010 Après Nice, je poursuivrai une saison musi- cale exclusivement mozartienne, à l'opéra Quel est votre plus beau souvenir sur une du moins. J'entamerai une tournée euro- scène d'opéra ? péenne avec The Orchestra Of The Age Of Je crois qu'il s'agit de mon premier grand Enlightenment de Londres (Belmonte rôle professionnel, le Roméo de Gounod à L'enlèvement au sérail) pour ensuite l'Opéra de Saint Louis au printemps 2005, retourner au Canada (Tamino La flûte chanté en anglais. C’était tout d'abord un enchantée) au Canadian Opera Company honneur de chanter ce rôle dans un festival de Toronto. Je serai un autre Tamino à Avi- américain aussi prestigieux puisque que gnon et, enfin, Ferrando (Così fan tutte) à j'étais encore étudiant au Curtis Institute Düsseldorf. La saison suivante m'offrira of Music de Philadelphie. C'est au cours des rôles passionnants à Amsterdam et des répétitions de ce Roméo et Juliette Bruxelles. Mon plus grand souhait serait que le metteur en scène John Copley m'a d'enregistrer avec orchestre un disque fait prendre conscience de l'importance du d'airs d'opéra ou d'oratorio. J'ai déjà fait sourire chez le jeune héros amoureux. Il quelques séances d'enregistrement mais insistait : plus de sourire, plus d'extase, de sans orchestre. Pour l'instant, je savoure le béatitude ! J'ai compris que c'était essen- privilège de rencontrer des gens qui ado- tiel afin que ces émotions voyagent jus- rent la musique et la chance de découvrir qu'au spectateur. Ces réflexes se sont fina- des villes plus stimulantes les unes que les lement installés en moi et sont devenus, je autres, tout en faisant ce que j'aime le plus l'espère, une seconde nature. En effet, on au monde ! ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 18

FIDELIO BEETHOVEN

Opéra en 2 actes Livret de Josef Sonnleithner, Stephan von Breuning et Georg Friedrich Treitschke. Créé à Vienne, au Kärntnertortheater, le 23 mai 1814. Créé dans la première version au Theater an der Wien, le 20 novembre 1805. Créé dans la seconde version au Theater an der Wien, le 29 mars 1806. Direction musicale Philippe Auguin Harmonisation scénique Yves Coudray Lumière Bernard Barbero Don Fernando Mischa Schelomianski Don Pizarro Thomas Johannes Mayer Florestan Robert Dean Smith Leonore Christiane Libor Rocco Franz-Josef Selig Marzelline Mojca Erdmann Jaquino Edgaras Montvidas Premier prisonnier Elio Ferretti Deuxième prisonnier Stefano Olcese Orchestre Philharmonique de Nice Chœur de l’Opéra de Nice VISUELS FOTOLIA - PHOTOS NON CONTRACTUELLES ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 19

opéras 19

VERSION DE CONCERT O SAMEDI 6 NOVEMBRE À 20H À L’OPÉRA compositeurs tels que Pierre Gaveaux cette musique. Au-delà du sujet banal, (1760-1825) ou Ferdinand Paër (1771- Beethoven accède à l’universel « fra- Est-il encore 1839). Cette nouvelle composition ternité, humanité, liberté » et l’œuvre l’accapare de 1804 à 1839. L’armée na- résiste à toutes les critiques. nécessaire poléonnienne occupant Vienne et l’éli- L’anecdote de Bouilly survient lors de te viennoise fuyant, Fidelio est joué la Terreur jacobine. Dans le dénoue- euning de présenter devant une salle vide. Finalement, ment, on retrouve, selon les schémas Beethoven la fait jouer au palais de de Métastase, l’un des mythes liberti- ai 1814. « le » Fidelio son ami le prince Lichnowsky, en pré- cides, celui du bon prince, frère ju- der Wien, de Ludwig sence de quelques amis aristocrati- meau de l’homme providentiel. ques qui auraient mis six heures à le Il faut remarquer que, malgré ses er Wien, van Beehtoven. convaincre d’opérer des coupures. élans libertaires, Beethoven a tout de C’est finalement Stéphane von Breu- même des élans bonapartistes. Le pa- ning qui revoit le livret, Sonnleithmer radoxe et la complication vont plus Si cet ouvrage est connu du grand – le premier librettiste – étant occupé loin. N’a-t-on pas célébré dans Fidelio public mélomane, sa génèse est inté- à écrire Faniska pour Chérubini. la célébration de l’absolutisme ? Le mo- ressante car elle montre, une fois de Fidelio est alors doté d’une nouvelle narque aime et protège son peuple, plus, à quel point Beethoven travail- ouverture, Leonor 3, Leonor 2 étant certes, mais ignore les crimes commis lait dans la difficulté d’accéder au l’ouverture originale. Leonor 1 est en son nom. Nous l’avons dit, Bee- chef-d’œuvre accompli. Il faut remon- composé en 1806 et 1807 pour être thoven va au-delà. ter à 1791, mais oui, pour s’apercevoir présenté à Prague. La censure est que Cherubini avait présenté à Paris puissante à Vienne comme en France Leonore, un opéra, Lodoïska, qui fut donné à d’ailleurs. Une petite anecdote en té- Vienne en 1802 sous la direction de moigne : le parlement s’étant réuni, Florestan Schikadener, le librettiste de La flûte les jounaux du lendemain relatèrent enchantée de Mozart. l’événement : Le parlement s’est réu- ou Pizzaro Beethoven devient un inconditionnel ni hier, il a décidé à quelle hauteur ne représentent de Cherubini dont Lodoïska est consi- devaient voler les oiseaux. déré comme la première pièce révolu- pas des caractères tionnaire, adoptant un schéma drama- tique connu sous l’appelation de « piè- Rien ne lui fut mais des idées ce à sauvetage », pratiqué surtout de épargné. Ce fut 1769 à 1813 et défini de la manière incarnées. suivante : « Variété d’opéra dont le li- l’opéra de vret met en scène un héros, une hé- Les timides tentations psychologiques roïne ou un groupe sauvés de la mort toutes les ne servent au fond qu’à permettre au ou d’un destin peu enviable et con- transformations. compositeur de faire exister ses traire à leurs vœux, après que l’injus- idéaux humains et artistiques. tice et l’oppression se sont acharnés à Le bilan global de la génèse de Fide- les persécuter. » En l’occurence, le sau- Pour ne pas choquer le pouvoir en lio est forcément une tâche difficile, vetage intervient in extremis. Beetho- place et éviter la censure, Ludwig doit l’œuvre étant considérée par la criti- ven est incité à changer d’orientation revoir sa copie. Il faut même revoir le que comme un ouvrage de débutant et il abandonne le sujet de son pre- livret et transposer l’action au XVIe (en tant que composition d’opéra bien mier opéra Le feu de Vesta sur un siècle. Petit à petit et après de multi- sûr). L’histoire a depuis longtemps ba- livret de Schikadener et dont la pre- ples modifications, la nouvelle ver- layé toutes les critiques concernant la mière représentation devait avoir lieu sion, en deux actes, est donnée avec composition, les hésitations et le croi- en 1804. Il en a déjà composé environ de nouveaux interprètes, en 1806. sement des influences. C’est une pre- 80 pages et se sert donc d’une partie C’est un grand musicien de l’époque, mière tentative (qui restera la seule), de ces écrits pour son Fidelio. Carl Marie von Weber qui reprend née dans la douleur. Malgré tout, sa Cherubini demande le livret de son l’œuvre à Prague. L’opéra est donné à réussite est stupéfiante. Au-delà de opéra Leonore ou l’amour conjugal Saint-Pétersbourg en 1819, Amster- toutes les considérations, Fidelio est à Jean Nicolas Bouilly (1763-1862) et dam en 1824, Paris en 1829 et à Lon- un chef-d’œuvre qui montre, si cela c’est sur ce texte que Beethoven porte dres en 1835. La Malibran elle-même était nécessaire, le génie universel de son attention. Ce sujet, comme beau- chanta Fidelio. En 1829, le jeune Wag- . coup d’autres, a déjà inspiré d’autres ner, qui a 16 ans, est bouleversé par Gérard Dumontet ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 20

LA CENERENTO ossia La bontà in trionfo ROSSINI

MAQUETTE D’UN DES DÉCORS DE LA PRODUCTION DE LA CENERENTOLA PHOTO NON CONTRACTUELLE ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 21

opéras 21

Melodramma giocoso en 2 actes Livret de Jacopo Ferretti Créé à Rome, au Teatro Valle, le 25 janvier 1817 NTOLA Nouvelle production Coproduction Opéra de Nice, Teatro Municipale Valli de Reggio-Emilia (Fondazione I Teatri) et Fondazione Lirico- Sinfonica Petruzzelli de Bari

I Direction musicale Evelino Pidò Mise en scène Daniele Abbado Décors Gianni Carluccio Costumes Giada Palloni Lumière Guido Levi Mouvements chorégraphiques Alessandra Sini Don Ramiro John Osborn Dandini Giorgio Caoduro Don Magnifico Pietro Spagnoli Clorinda Mélanie Boisvert Tisbe Paola Gardina Angelina Ruxandra Donose Alidoro Vito Priante

Orchestre Philharmonique de Nice Chœur de l’Opéra de Nice

Presqu’un an après

la Rosina de son Barbiere, Rossini revient à une héroïne maltraitée : Angelina, sa Cendrillon. Marivaudage, sentimentalisme, mais surtout virtuosité vocale pour tous, caractérisent cette libre adaptation du célèbre conte DÉCEMBRE VEN. 10 20H de Perrault où DIM. 12 15H MAR. 14 20H le comique rossinien JEU. 16 20H OPÉRA remplace le merveilleux. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 22

22 opéras

L’une des raisons, et non des moindres, du relatif manque de succès des opéras de Rossini au début de notre siècle EVELINO PI (seul, Le barbier est resté régulière- ment au répertoire) est la nature ornée de l’écriture vocale. La Cenerentola ne Je ne veux pas m’enfermer dans fait pas exception à la règle, bien au contraire. Le rôle principal, comme dans un genre, je fais avant tout de L’Italienne, est écrit pour cette espèce rare qu’est le contralto coloratur. la musique et j’aime LA musique. Dans La Cenerentola, ce ne sont pas les personnages qui importent – sauf dans le charmant duo du début de l’acte I, Interview du chef d’orchestre par Christophe Gervot, le 24 août 2010 l’amour que le prince Ramiro porte à C-G : Que représente pour vous La déclencheur de votre intérêt pour ce Cenerentola a peu d’influence sur la Cenerentola de Rossini ? répertoire ? musique – ni même leurs réactions à E-P : C’est un chef-d’œuvre de la co- E-P : Il est vrai que je suis considéré leurs propres sentiments ou à ceux des médie et de l’opéra, une merveilleuse dans le monde entier comme un autres. Ce qui compte, ce sont les situa- machine théâtrale. Rossini l’a com- dépositaire du bel canto, mais je pré- tions provoquées par ces motivations. posé en seulement deux semaines, fère parler de répertoire italien. J’ai Et, chez Rossini, les situations mènent faisant la preuve de son incroyable également beaucoup de plaisir à diri- à des ensembles plus qu’à des arias. veine artistique. Il ne faut pas en ou- ger Mozart, que j’ai énormément ap- L’art de saisir le rythme verbal d’une blier le genre, dramma giocoso : il y a pris à Vienne, mais aussi Puccini. J’ai phrase au hasard et d’en faire de la certes des personnages comiques aimé travailler sur Médée de Cheru- musique (ainsi l’ensemble qui inter- mais aussi des aspects mélancoliques. bini, sur le répertoire baroque aussi. vient juste après qu’Alidoro ait annoncé La Cenerentola appartient aux deux Il y a quarante ans, il n’y avait pas de l’arrivée de Cenerentola au bal), la dex- registres. Alidoro est une figure ma- spécialiste de baroque, tout le monde térité des bavardages ; l’extraordinaire gique et apparaît tel un deus ex-ma- en faisait. Je ne veux pas m’enfermer manipulation des éléments les plus sim- china. Il apporte à l’ouvrage une di- dans un genre, je fais avant tout de la ples jusqu’à ce qu’ils deviennent du vif- mension philosophique et spirituelle. musique et j’aime LA musique. J’ai argent : toutes ces qualités sont idéa- L’œuvre répond à un cliché très fort peut-être une manière d’interpréter le lement représentées par le quintette au XVIIIe siècle, avec un premier acte bel canto qui peut plaire mais je re- qui commence par Signore, una paro- plus long, plus développé, d’une du- fuse la routine. Je suis musicien. C’est la, au final de l’acte I et se termine avec rée d’environ une heure quarante et avant tout une passion et une mission. le crescendo déjà entendu dans l’ouver- un second acte beaucoup plus court. C-G : Comment envisagez-vous le tra- ture, dans le duo comique et brillant de Il y a des pages d’une virtuosité in- vail avec le metteur en scène, Daniele Dandini et Magnifico, à l’acte II. Et le croyable, avec des fioritures, preuve Abbado pour cette Cenerentola ? sommet n’est pas le rondo de la fin que Rossini a été un des premiers E-P : Nous avons créé cette produc- – aussi excellent soit-il – mais le grand maîtres du bel canto qui savait utili- tion à Bari et j’ai beaucoup de plaisir ensemble en mi bémol, quand tous sont ser les voix. Même s’il s’agit dans les à travailler avec Daniele Abbado. stupéfaits de la tournure que prennent trois cas de bel canto, on ne peut pas Nous nous connaissons depuis trente les événements après que le prince et interpréter Rossini, Donizetti et ans, dans une réelle estime et c’est la son valet se soient réfugiés chez Don Bellini de la même manière. Il y a première fois que nous travaillons Magnifico, pendant l’orage. Ce sextuor chez Rossini une lumière italienne ensemble. Je suis présent aux répéti- est construit sur un lent staccato (mar- associée à la qualité des voix. Mais il tions dès les services scène et piano qué maestoso), que chaque chanteur y a avant tout le style, identifiable et, pour moi, la collaboration est très brise tour à tour d’une phrase ornée, entre tous, avec cette légèreté et un importante. Le chef d’orchestre n’est tandis que les autres tiennent le même sens ineffable des nuances. J’ai dirigé pas le dépositaire de l’aspect musical, rythme imperturbable en répétant l’air Guillaume Tell, son dernier ouvrage. il doit aussi connaître le théâtre, la et les mots, procédé mis en valeur par Le compositeur a ensuite passé qua- littérature, tout ce qui touche à l’œu- le retour fréquent du « r » italien. Cet rante ans sans rien écrire. Il était vre. Abbado est un interlocuteur très ensemble est à placer aux côtés de l’in- incapable de composer autre chose. fort et je me réjouis de la reprise de comparable « fredda e immobile » du Ce grand silence, après un tel ouvra- ce spectacle. Barbier, parmi les sommets de la ge, de la puissance d’un Tristan ou C-G : Vous avez dirigé un très bel comédie mise en musique. d’un , prouve combien enregistrement d’arias de Massenet Tout l’Opéra Kobbé, Bouquins, il est allé loin dans son art. et de Gounod avec Rolando Villazon. Robert Laffont, 2002, C-G : Vous êtes associé au répertoire Quelle place accordez-vous au réper- La Cenerentola p. 724 belcantiste. Y a-t-il eu un élément toire français ? ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 23

O PIDÒ ns E-P : C’est une musique que j’aime énormément. Grâce à ce disque, j’ai de pu m’approcher de ce répertoire et j’ai quelques magnifiques projets. Je vais que. diriger une nouvelle production de Manon de Massenet à l’Opéra Bastille au cours de la saison 2011-2012. Pour 2010 moi, c’est un véritable challenge. Pré- senter Manon en France pour un ita- lien représente un même défi que celui de diriger La Traviata en Italie pour un français. Parmi mes autres projets dans votre beau répertoire, j’ai également un Faust à Covent Garden, c’est pour moi un chef-d’œuvre, et une reprise de Carmen, dans la produc- tion de l’Opéra Comique, avec Anna Caterina Antonacci, au Luxembourg. Il y a quatre ans, j’ai adoré travailler sur Le roi malgré lui de Chabrier à l’Opéra de Lyon. J’aimerais beaucoup diriger les Dialogues des carmélites de Francis Poulenc. C-G : Quelle est votre plus belle émo- tion de chef d’orchestre ? E-P : La musique, c’est une source vivante. Nous en sommes des inter- prètes et je ne suis pas seul. Je peux créer une certaine atmosphère mais j’ai besoin des musiciens, des choris- tes, des solistes. Nous sommes tour- nés vers le même instant, comme sus- pendu sur un nuage sous le ciel. Quand on trouve cela, une telle combinaison divine de faire de la musique ensem- ble, c’est inoubliable et on se sent transporté dans un autre monde. J’ai ressenti un tel transport en 1999, en dirigeant Norma aux Chorégies d’O- range. C’était magique et c’est un mo- ment que je ne peux oublier. Je peux également citer un Barbier de Séville au Covent Garden de Londres en 1993, avec une distribution fantastique, ou Zelmira, un opéra seria de Rossini à l’Opéra de Rome en 1989. En remon- tant le temps, je me souviens aussi d’un Requiem de Verdi d’une magie incroyable, à l’Opéra de Sidney en 1987. Tous ces instants m’ont donné l’impression d’atteindre une forme

d’idéal. PHOTO D.R. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 24

L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE NICE 24 concerts

A l’issue du concert d’ouverture de la saison symphonique 2010-2011 de l’Orchestre Philharmonique de Nice donné le 11 septembre dernier à l’Opéra, Monsieur Christian Estrosi, Ministre chargé de l’Industrie, Président de la Communauté Urbaine, Maire de Nice, est monté sur scène. Après avoir félicité les musiciens, Christian Estrosi a annoncé la nomination de Philippe Auguin en qualité de Directeur musical du Philharmonique de Nice. PHOTO VILLE DE NICE PHILIPPE AUGUIN ENTRETIEN AVEC LE NOUVEAU DIRECTEUR MUSICAL DE L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE NICE

Entretien avec Christophe Gervot, immense voyage intérieur passe par C-G : Que représente pour vous le le 13 septembre 2010 les rythmes et les variations d’inten- Fidelio de Beethoven que vous allez sité. L’indication de Wagner qui pré- diriger et comment abordez-vous la C-G : Vous avez dirigé Parsifal à cède le prélude, « très lent et solen- partition ? l’Acropolis de Nice en janvier der- nel », pose une question détermi- P-A : J’ai dirigé Fidelio pour la pre- nier. Comment un chef d’orchestre nante pour tout le reste de l’opéra. mière fois à Salzbourg en 1996, avec traverse-t-il une telle aventure spiri- S’agit-il du caractère de la mélodie le Philharmonique de Vienne, dans tuelle ? musicale ou de la battue du chef d’or- une mise en scène de Herbert Wer- P-A : C’est une aventure à plusieurs chestre ? Selon l’option choisie pour nicke. Je l’ai ensuite repris à l’Opéra titres, artistique tout d’abord car les tempi, on peut passer d’une durée de Berlin, dans une production sans c’est l’un des plus grands monuments qui va du simple au double pour le décor centrée sur le dialogue et la de l’histoire de la musique. Qu’il prélude ! Ainsi, le cheminement spiri- personne, et signée Harry Kupfer. s’agisse des questions religieuses, tuel est aussi celui du chef d’orches- Ainsi, c’est une œuvre suffisamment humaines ou philosophiques, tout tre et Parsifal est une œuvre qui forte pour qu’on la joue en version de découle de l’étude de la partition et vous rend différent après l’avoir diri- concert. Le langage de cet opéra est des priorités artistiques données. Les gée. de plus très proche de celui des sym- tempi de cette œuvre ultime sont C-G : Vous êtes aujourd’hui le nou- phonies. La Neuvième de Beethoven relatifs. Tannhaüser est en effet le veau directeur musical du Philhar- est aussi une musique très dramati- dernier opéra de Wagner avec métro- monique de Nice. Quelles sont vos que qui comporte des coups de théâ- nome. Tous les tempi de Parsifal priorités à la tête de l’orchestre ? tre. On peut difficilement faire plus sont à reconstituer en suivant le mê- P-A : Le maître mot est la recherche dramatique que l’air d’entrée de Flo- me chemin intérieur que celui effec- de la qualité, avant tout. On doit offrir restan dans Fidelio qui induit, com- tué par le compositeur, depuis la la palette la plus large possible au me dans la Neuvième, un combat genèse jusqu’à la touche finale de son public et répondre aux attentes de entre le Bien et le Mal. Beethoven projet. Ce cheminement est concomi- chacun. Nous allons couvrir un réper- aime tous ses personnages, même la tant avec le parcours humain et spiri- toire qui va du milieu du XVIIIe au figure la plus noire, celle de Pizarro, à tuel de chaque personnage de cette XXIe siècle. Nous sommes là pour laquelle il apporte une dimension œuvre initiatique. Les protagonistes, donner l’interprétation la plus con- psychologique, y compris aussi le que ce soit Parsifal, Kundry, Gurne- forme de chaque œuvre, dans sa spé- personnage de Rocco qui a la tenta- manz ou Amfortas, sont différents cificité et dans son époque, au cas tion d’être collaborateur avec son pa- entre le début et la fin de l’opéra. Cet par cas. tron, même, enfin, Marzelline et ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 25 PHOTO D.R.

Jaquino qui confèrent une légèreté à à mon répertoire et environ 120 œu- Ces pièces sont d’une beauté saisis- l’œuvre. C’est une partition tellement vres symphoniques, je ne suis pas à sante, poétique, tragique, parlant de forte pour un chef d’orchestre, qu’il Nice pour satisfaire des désirs per- vie et de deuil. On passe du murmure fait lui même partie du drame, com- sonnels. Je crois pouvoir dire que je le plus tendre au cri le plus déchirant. me un acteur de l’action. On dresse le suis comblé, même si je veux toujours C’est tout un monde en soi, avec le décor et c’est bouleversant à diriger, apprendre et approfondir. Ce qui est noir absolu à la fin. J’ai découvert en particulier le chœur des prison- merveilleux, c’est d’être au contact de cette œuvre en 1996, à Salzbourg, niers ou l’air de Léonore. Ma lecture chef-d’œuvres et d’aller toujours plus par Pierre Boulez. L’Orchestre de de Fidelio sera peu conventionnelle loin dans leur exploration. Nice ne l’avait jamais jouée. Faire et je vais adopter des tempi différents C-G : Quels sont les projets auxquels découvrir une partition d’une telle par rapport à une certaine tradition. vous tenez particulièrement ? beauté est très important pour moi. Je ne souhaite pas, en effet, que l’ac- P-A : Après mon premier concert en C-G : Si vous aviez à citer un moment tion dramatique transforme les tempi tant que Directeur musical, le 11 sep- particulièrement précieux dans et que le chant ne se change en cri. tembre à Nice, je vais diriger La force votre carrière de chef, quel serait-il ? C-G : Y a-t-il un répertoire encore du destin à l’Opéra de Vienne puis P-A : En 2000, je dirigeais une pre- inexploré que vous rêveriez d’abor- une Salomé à Washington en octo- mière de La damnation de Faust à der ? bre, avant de revenir à Vienne en Zurich, j’ai reçu un appel téléphoni- P-A : J’ai eu la chance, à l’âge de 28 novembre pour Manon Lescaut de que après la représentation, à minuit. ans, de diriger Mozart, Verdi, Wagner Puccini. Tous ces projets me passion- James Levine, qui m’avait vu diriger et Strauss et j’ai, depuis, vécu quel- nent. J’aime beaucoup le programme une production télévisée du Doktor ques moments très forts. J’ai ainsi du concert du 11 septembre et en Faust de Busoni, me demandait de abordé la Symphonie pathétique de particulier les « Quatre pièces, opus venir assurer les représentations de Tchaïkovsky avec l’Orchestre natio- 12 » de Bartok. C’est une partition de cet opéra à sa place – il était souf- nal de Russie, à Moscou, ou Rosen- la même époque que Le château de frant – au Métropolitain de New York. kavalier à Munich, dans une mise en Barbe-Bleue et c’est l’une des pre- Le premier jour de répétition, il y a scène de Otto Schenk dirigée pour la mières fois que se dégage la véritable eu une réunion avec tous les mem- première fois par Carlos Kleiber. identité du compositeur, malgré une bres de l’orchestre. A l’issue de celle- Ricardo Mutti m’a invité pour des influence de Debussy. Il y a une syn- ci, Joseph Volpe, intendant à l’époque Verdi à la Scala de Milan et le Deut- taxe et un vocabulaire qui serviront au Met, m’a dit : « Philippe, vous êtes sche Oper de Berlin pour la Tétralo- pour des œuvres ultérieures, notam- ici à la maison ! ». C’est un souvenir gie de Gotz Friedrich. Avec 65 opéras ment Le mandarin merveilleux. extrêmement précieux ! ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 26

CONCERT EN FAMILLE DU DIMANCHE MATIN 26 concerts TROIS QUESTIONS INÉDITES À CAROLINE LOEB

CONCERTS EN FAMILLE LES DIMANCHES MATINS À 11h À L’OPÉRA

19 SEPTEMBRE 2010 L’OISEAU RARE Soprano Edwige Bourdy Piano Benoît Urbain Conception et mise en scène Caroline Loeb Texte Yves Coudray Lumière Caroline Loeb avec la collaboration PHOTO D.R. de James Angot Vous êtes auteur, metteur en scène, com- est devenu une star, j’ai tout de suite pensé Chorégraphies Philippe Chevalier ment avez-vous abordé la conception de à lui. On a eu accès au show room, et il nous et Cécile Proust L’oiseau rare ? a généreusement offert cette robe. Jean Remerciements à J’ai découvert Edwige Bourdy au Festival Paul a toujours été d’une générosité rare. Chantal Thomass d’Avignon il y a quelques années. Ce sont J’ai également habillé un groupe de et Jean-Paul Gaultier des productrices, Colette Cohen et Strasbourg avec ses jupes pour homme, les Weepers Circus. 27 FÉVRIER 2011 Frédérique Machy qui m’ont conseillé d’al- LES BONS BECS ler voir son spectacle autour de Marie Quant à Chantal Thomass, c’était évidem- EN VOYAGE DE NOTES Dubas. J’ai eu un coup de foudre pour cette ment chez elle, que je croise également Conception fille qui a un talent fou, capable d’être à la depuis de nombreuses années, qu’il a sem- et mise en scène fois d’une drôlerie achevée et l’instant blé logique d’aller chercher une guêpière. Caroline Loeb d’après bouleversante. J’ai donc imaginé Elle a toujours un goût et un sens du détail Texte Nicolas Vallée cet “Oiseau rare” dans lequel elle pourrait plein d’humour et a remis ces “dessous sur une idée de Caroline Loeb montrer la richesse de sa palette. C’est sur chics” à la mode avec classe. Lumière cette idée d’audition qu’Yves Coudray a Les deux spectacles programmés à l’Opéra Philippe Quillet écrit avec moi le texte qui fait le lien entre de Nice son plutôt destinés aux familles. Chorégraphie les différentes chansons. Dingue de comé- Que pensez-vous de cette série de con- Cécile Proust die musicale, de chanson, d’opéra, j’avais certs, les Concert en famille du dimanche Clarinettes envie d’un spectacle où l’on passerait d’un matin ? Eric Baret Florent Héau genre à l’autre. Pour ça, il fallait une inter- Je trouve ça formidable. Enfant, j’écoutais Clarinette basse prète incroyable, Edwige Bourdy. Le spec- énormément d’opéra. J’ai même appris l’ita- Yves Jeanne tacle a été fait pour elle, sur mesure. lien dans les livrets de Mozart, c’est dire ! Cor de basset Comment est née la collaboration avec L’opéra allie les deux choses les plus impor- Francis Prost Chantal Thomass et Jean-Paul Gaultier ? tantes pour moi : la musique et le théâtre. Percussions – batterie Bruno Desmouillières Jean-Paul Gaultier, je le connais depuis L’opéra crée des émotions très fortes, très longtemps. Je vais régulièrement à ses défi- enthousiasmantes. C’est merveilleux de lés et y ai même fait le show plusieurs fois. pouvoir faire découvrir ça à des enfants. Quand j’ai cherché une robe couture pour Propos recueillis par la dernière chanson, celle où le personnage le service communication de l’Opéra ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 27

TIN ENSEMBLE concerts 27 Gilbert Bezzina, pouvez-vous nous dé- BAROQUE « tube » : Les quatre saisons de Vi- crire votre parcours et ce qui vous a valdi. Outre l’intérêt de les entendre amené à vous plonger dans le réper- DE NICE interprétées sur instruments anciens, toire de la musique baroque ? nous sommes très attachés aux poè- B Alors que j’étais élève en classe de vio- mes qui accompagnent la partition et lon au conservatoire de Nice, j’ai dé- qui sont très descriptifs, c’est pour- couvert avec un immense plaisir la quoi nous essaierons d’en donner une musique de Bach et Vivaldi ; mon pro- interprétation à la fois mélodique et fi- fesseur, voyant mon intérêt, m’a per- dèle au texte. Nous poursuivrons avec mis de rencontrer René Saorgin qui un programme consacré à Bach avec enseignait l’orgue. C’est grâce à lui une cantate profane et une cantate sa- qu’avec quelques élèves, j’ai découvert crée ainsi qu’une suite qui a été faus- le répertoire baroque joué sur des or- sement attribuée à Bach. Viendra en- gues historiques, selon les préceptes suite l’opus 3 des concertos grossos de et les traités des XVIIe et XVIIIe siècles. Hændel, très significatif du travail de J’ai eu envie d’appliquer cette démar- l’ensemble en matière de musique ins- che au violon et c’est comme cela que trumentale. Enfin, nous proposerons je me suis plongé dans la recherche de Gilbert Bezzina, Directeur artistique une sélection d’airs extraits de l’opéra l’interprétation authentique de cette de l’Ensemble Baroque Poro, re dell’Indie de Hændel qui avait musique, accompagné notamment au été donné en version scénique à l’Opé- clavecin par Scott Ross. Le but était de Dans le domaine lyrique, le cas de Vi- ra de Nice en 1994. Au sujet des ouvra- retrouver la sensibilité de cette musi- valdi est flagrant. Connu pour ses œu- ges baroques lyriques, je pense qu’il que grâce à l’interprétation, mais égale- vres instrumentales et sacrées, ses est important pour la création ou la ment se replonger dans le mode de vie opéras étaient à la fois méconnus et recréation d’une œuvre d’être mise en de l’époque grâce à l’architecture, la dénigrés alors qu’il a écrit une profu- scène. La création d’un opéra baroque gastronomie... Je suis parti à Paris afin sion d’opéras d’une valeur telle qu’il a toujours un retentissement important de mettre en pratique cette recherche était indispensable pour nous de les du fait qu’elle permet à l’interprète de

PHOTO D.R. et ai noué des contacts avec Sigiswald révéler au public. C’est comme cela que remplir exactement sa mission, c’est- Kuijken qui m’a « embauché » pour nous avons recréé L’Incoronazione à-dire de faire découvrir au public une jouer dans la « Petite Bande » dirigée di Dario en 1984, grâce au concours œuvre « nouvelle », pas forcément dans à l’époque par Gustav Leonhardt. Puis de chanteurs spécialisés : John Elwes, le sens d’œuvre contemporaine, mais j’ai rencontré Jean-Claude Malgoire Gérard Lesne, Philippe Cantor… d’une œuvre qui n’a pas encore été qui venait de fonder la « Grande Ecu- Parlez-nous de la saison du Vieux- offerte à l’écoute du public actuel. rie et la Chambre du Roy » dont je suis Nice Baroque en Musique. Propos recueillis par Cécile Goiran resté violon solo durant dix ans. Le Vieux-Nice Baroque en Musique, Comment êtes-vous passé de cette qui a 15 ans, a pour objectif de faire AGENDA carrière « solo » à la construction d’un jouer l’ensemble à Nice et dans un VIEUX-NICE BAROQUE EN MUSIQUE ensemble de musique baroque ? patrimoine spécifique. Le patrimoine VENDREDI 8 OCTOBRE À 20H Alors que je poursuivais ma carrière baroque (plus particulièrement niçois) A. VIVALDI Les quatre saisons, parisienne, j’ai été contacté par la mu- a longtemps été déprécié et nous Il Piacere, La Tempesta di mare nicipalité de Nice afin d’organiser avons essayé de le mettre en valeur au DIMANCHE 21 NOVEMBRE À 16H quelques concerts. C’est donc ainsi que travers de concerts, en proposant une J. S. BACH Concertos et cantates j’ai monté quelques programmes, avec programmation éclectique, avec à la Solistes Philippe Cantor baryton, au départ des musiciens locaux ; fois de grandes œuvres du répertoire Liesel Jurgens soprano, Vera Elliott clavecin l’Ensemble Baroque de Nice était né. et des compositeurs moins connus : Avec cet ensemble, nous avons axé Muffat, Hellendaal… Cette année, DIMANCHE 20 MARS À 16H notre travail sur la recherche d’un l’Opéra nous ouvre ses portes et nous G. F. HAENDEL Concertos grossos opus III monde sonore autour du violon. Nous espérons élargir ainsi le public de nos VENDREDI 20 MAI À 20H nous sommes beaucoup intéressés au concerts ; c’est pourquoi nous propo- G.F. HAENDEL Les airs de Poro répertoire de la musique instrumen- sons des œuvres du répertoire, en es- Solistes Sophie Landy soprano, tale italienne parce qu’il est très riche, pérant pouvoir, par la suite, amener le Pascal Bertin contre-ténor, John Elwes ténor mais également parce que nous ne dis- public à écouter des pièces bénéficiant posions pas sur Nice d’instruments à de moins de notoriété, mais tout aussi RENSEIGNEMENTS 04 93 80 08 74 vent. Notre objectif était, et reste, de belles. DIMANCHE 12 DÉCEMBRE À 11H découvrir et faire découvrir au public Quelques mots sur les programmes À L’OPÉRA des partitions inconnues ou oubliées, donnés à l’Opéra ? Concertos grossos de Noël et le répertoire baroque en regorge ! Nous débuterons la saison avec un RENSEIGNEMENTS 04 92 17 40 79 ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 28

JEUDI 21 OCTOBRE ACROPOLIS, NICE À 20h DIRECTION FRÉDÉRIC CHASLIN SOPRANO NATALIE DESSAY LALO OUVERTURE DU ROI D’YS RAVEL VOCALISE RACHMANINOV VOCALISE CHASLIN OUVERTURE LES HAUTS DE HURLEVENT GLIÈRE PREMIER MOUVEMENT DU CONCERTO POUR VOIX ET ORCHESTRE CHASLIN VOCALISE DE LES HAUTS DE HURLEVEN VERDI OUVERTURE DE VESPRI SICILIANI MASSENET AIR DE MANON DU « COURS LA REINE » VERDI LA TRAVIATA PRÉLUDE III, « SEMPRE LIBERA » NATALIE DESSAY À

Entretien avec Christophe Gervot, le 11 septembre dernier

C-G : Quel va être le programme de votre concert du 21 octobre à Acropolis ? N-D : La première partie sera composée de voca- lises avec orchestre, de Rachmaninov, de Ravel et de Reinhold Glière qui est russe, même si son nom ne l'indique pas vraiment. J’interprèterai aussi des vocalises de Frédéric Chaslin, chef d'orchestre du programme. Frédéric Chaslin est aussi un compo- siteur et a il a écrit un opéra inspiré du roman de Emily Brontë Les hauts de Hurlevent. La seconde partie comportera un extrait de Manon de Masse- net (l’air du Cours la Reine), le Prélude du troisiè- me acte et l’air Sempre libera de La Traviata. C-G : Votre prise de rôle de Cléopâtre de Jules César de Haendel au Palais Garnier en janvier pro- chain sera accompagnée de la parution d'un CD autour des arias de cette héroïne, sous la direction de Emmanuelle Haïm. Pouvez-vous présenter cet enregistrement ? N-D : Emmanuelle Haïm assurera également la direction d'orchestre de Jules César au Palais Gar- nier et je vais retrouver, pour cette occasion, le metteur scène Laurent Pelly. L'enregistrement à paraître en janvier comportera effectivement sept arias de Cléopâtre mais également un duo et deux airs alternatifs composés par Hændel. C-G : Dans votre actualité proche, on note la sortie en DVD, pour les fêtes de fin d'année, de la pro- duction du Metropolitain Opera de New-York d'Ariane à Naxos. Vous y incarnez Zerbinette, rôle que vous avez marqué de manière particulière- ment intense. Quelles émotions particulières vous

PHOTO SIMON FOWLER 2005, VIRGIN C a procuré ce chef-d’œuvre de Richard Strauss ? ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 29

N-D : Je ne le chante plus désormais mais ce très bel opéra m'a procuré de grands bonheurs. Il raconte un peu notre histoire puisqu'il s'agit d'une représen- tation d'opéra perturbée par des comédiens. Je le prenais en tout cas pour moi. Ce qui est paradoxal, c'est que Zerbinette est une comédienne, j'étais donc censée ne pas chanter et j'avais l'air le plus virtuose de la partition. C'est un paradoxe parmi d'autres puisque tout s'imbrique, le tragique et le comique, la T ORCHESTRE réalité et la fiction et cela créé du trouble. Le drame d'Ariane est joué. Il y a du théâtre dans le théâtre. Le livret est magnifique et c'est une œuvre que j'ai eu beaucoup de plaisir à interpréter. Je garde un souvenir très fort de la production de Salzbourg. SAY À NICE

C-G : Vous allez reprendre au Festival d'Aix-en-Pro- vence 2011 Violetta dans La Traviata, rôle que vous avez créé à Santa Fe en 2009, repris ensuite à Tokyo. La mise en scène, à Aix, sera signée par Jean-François Sivadier. Que représente pour vous ce projet ? N-D : C'est un très beau projet et je l'attends depuis longtemps. J'ai très envie de travailler avec Jean- François Sivadier depuis que j'ai vu son spectacle Italienne avec orchestre. J'ai aussi beaucoup aimé La dame de chez Maxim qu'il a mis en scène l'an- née dernière. C'est un ami de Laurent Pelly, on reste ainsi un peu en famille. Ce sera ma première Tra- viata en France et je suis très impatiente ! C-G : Quels sont les opéras que vous rêveriez d'aborder ? N-D : Je suis désormais soprano lyrique léger et vais être limitée dans le répertoire. Après La Traviata, il est difficile de trouver quelque chose de cette teneur. J'ai toutefois de beaux projets, les quatre rôles des Contes d'Hoffmann, Elvire des I Purita- ni. Mon rêve, ce serait de chanter Salomé, Brunhil- de, Tosca ou Madame Butterfly. Ce n'est évidem- ment, hélas, pas possible ! C-G : Quel est votre plus beau souvenir sur une scène d'opéra ? N-D : Un des derniers, c'est lorsque j'ai été nommée Kammersangerin à l'Opéra de Vienne, après une re- présentation de La somnambula. C'était au prin- temps dernier. On m'a décerné ce prix sur scène, après la représentation, comme on le fait pour les étoiles de l'Opéra de Paris. C'est la première fois qu'une française accède à ce titre. J'ai également eu une belle émotion en me produisant aux « Nuits blanches » de Saint Petersbourg, sous la direction de Valery Gergiev, en juin 2010. J'y chantais le mê- me programme que celui que je vais proposer à Nice. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 30

ZOOM SUR DEUX MÉTIERS LIÉS À 30 GARÇON D’ORCHESTRE ...ET RÉG PHOTOS SERVICE COMMUNICATION DE L’OPÉRA COMMUNICATION PHOTOS SERVICE

Ils sont cinq… « Il y a 20 ans, le service des garçons breux aller-retours de la Diacosmie Ils travaillent d’orchestre n’existait pas. Nous nous aux lieux des spectacles. Ces caisses occupions de la scène et de l’orches- facilitent beaucoup notre travail car ensemble depuis tre », nous explique Philippe Dalmas le transport sur roues est bien évi- vingt ans. Les garçons au service du Philharmonique de demment plus simple et les instru- d’orchestre Nice, aujourd’hui responsable de ce ments sont mieux protégés. Lorsque service. « Nous avons beaucoup tra- nous sommes partis, en 2005, pour nous ont ouvert vaillé pour la création d’un service une tournée au Japon, il n’y avait pas les portes de autonome et finalement, en 2000, un seul instrument qui voyageait sans leur atelier à l’Opéra a créé le service des garçons protection. Contrairement à ce que la la Diacosmie (centre d’orchestre. » pluspart des gens pensent, le métier de garçon d’orchestre ne s’arrête pas de production Nous avons été invités dans leur ate- à la mise en place des chaises et des de l’Opéra). lier. Au premier abord, on dirait qu’il pupîtres pour les répétitions et les Ils nous racontent s’agit de l’atelier d’un menuisier ou spectacles. On pourrait dire qu’elle d’une boutique de brocante. Après n’est que la partie immergée d’un ice- leur métier, un regard plus attentif, on découvre berg, celle qu’à peu près tout le une profession des formes familières. Ce sont des monde connaît. » dans l’ombre, caisses en bois qui ont la forme de certains instruments de musique. Ils ont raison, les garçons d’orches- et peu connue « C’est ce qu’on appelle des flight tre du Philharmonique de Nice font du grand public. cases » nous expliquent Jean-Michel beaucoup plus. et Jean-François. « D’énormes cais- « Il faut savoir un peu tout faire dans ses en bois à roulettes que nous utili- ce métier », nous précise Philippe. sons pour transporter tous les instru- « Chaque membre de cette équipe Lorsque le spectacle commence, la ments à percussion, les contrebasses, est indépendant, en mesure de cons- moitié de leur travail est déjà fait. Ils les sourdines... Nous les avons fabri- truire et réparer les caisses pour le sont donc sur place bien longtemps quées ici, dans notre atelier, ce qui transport des instruments, éclairer avant le concert, ils sont présents nous donne une autonomie et une une fosse d’orchestre pour une répé- pendant le spectacle et sont encore souplesse d’organisation. Le cas de tition d’opéra, transporter des instru- là après que le rideau soit baissé. l’Opéra de Nice est très particulier. ments délicats, réparer un pupître, Philippe, Jean-Michel, Jean-François, Les répétitions de l’orchestre se pas- recouvrir et restaurer une chaise… Patrice et Benoît sont passionnés, sent en effet à la Diacosmie mais les C’est un métier très éclectique que enthousiastes, unis. Ils savent faire concerts, les opéras et les ballets ont l’on apprend sur le terrain. » beaucoup de choses, ils ont des lieu essentiellement à l’Opéra de Nice. mains en or et forment une des équi- Il est donc nécessaire de prévoir des Devant une telle variété de compé- pes les plus soudées et solides de montages et démontages dans le cou- tences, il est donc naturel de leur de- l’Opéra de Nice. rant de la même semaine et de nom- mander quelles sont les qualités ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 31

ÉTIERS LIÉS À L’ORCHESTRE 31 .ET RÉGISSEUR

nécessaires à un garçon d’orchestre… « II faut tout d’abord être très réactif » répondent-ils en chœur. « Il arrive sou- vent, pour des raisons d’acoustique, que le directeur musical souhaite un chan- gement dans la disposition de l’orches- tre. Nous devons faire le nécessaire le plus rapidement possible afin que la répétition se déroule dans les meilleu-

PHOTOS SERVICE COMMUNICATION DE L’OPÉRA COMMUNICATION PHOTOS SERVICE res conditions possibles. Il faut toujours être à l’écoute. Nous sommes en étroite relation quotidiennement avec une centaine de musiciens. Chacun d’entre 3 questions à Yseult Carré, eux a sa personnalité et ses propres besoins. Nous sommes à leur dis- Régisseur général de l’Orchestre position pour leur permettre de travail- Philharmonique de Nice ler dans un état d’esprit optimal. Un très bon rapport nous lie car nous les connaissons et travaillons à leurs côtés Quelle est votre formation ? depuis au moins 20 ans. Il est donc iné- vitable, au fils des années, d’avoir lié Née en Bretagne, j’ai commencé mon apprentissage musical à l’Ecole de une profonde amitié. Une certaine dose musique de Lorient. Après avoir fait mes classes dans différents conser- de résistance est aussi indispensable vatoires parisiens où j’ai été médaillée à plusieurs reprises (trompette, car il s’agit d’un métier fatiguant physi- cor, contrebasse), j’ai intégré le service communication du quement ; il nous arrive de déplacer des rue de Madrid en 1998, puis obtenu le poste de objets lourds plusieurs fois par jour, régisseur général chargé des orchestres du Conservatoire en 2001. En d’installer chaises et pupitres pour des juin 2007, j’ai été nommée régisseur adjoint à l’Orchestre Philhar- effectifs d’orchestre qui peuvent friser monique de Nice, puis régisseur général depuis novembre 2009. les 120 musiciens (installation de la Pouvez-vous nous parler de votre poste de régisseur général ? colossale production de Parsifal en Il s’agit d’un métier à la fois administratif et qui demande également une janvier 2010 à Acropolis...). Pour les con- présence sur les lieux de spectacles et concerts. L’activité implique une certs décentralisés de l’été, nous fai- grande disponibilité car elle s’effectue souvent dans l’urgence et selon sons appel à des supplémentaires car il des horaires décalés. Le travail s’exerce en équipe, en étroite collabora- nous arrive parfois d’avoir deux con- tion avec des interlocuteurs divers (chefs d’orchestre, techniciens, artis- certs le même soir avec des effectifs tes-interprètes et agents, fournisseurs et prestataires de services, admi- réduits mais qui nous obligent, quel que nistrations publiques et financeurs). Plus précisément, j’établis le plan- soit le cas de figure, à faire un montage ning de l’Orchestre Philharmonique de Nice (opéras, concerts sympho- et un démontage ». niques, concerts de musique de chambre, concerts d’été décentralisés organisés par le CG 06, concerts de musique contemporaine…). Je gère Quand nous arrivons à la salle de répé- les effectifs des musiciens (répartition au sein des pupîtres, remplace- tition, tout est déjà installé. Dans la ment en cas de maladie…) en adéquation avec le règlement de l’Or- salle de stockage des flight cases, on chestre. Je coordonne et entre en contact avec les agents des artistes se rend compte de la quantité de maté- invités (chefs d’orchestre, solistes, etc…). Mon travail consiste égale- riel que cette équipe gère. Plus de 200 ment à assurer l’interface entre la direction générale, les musiciens, les chaises de différentes formes et autant techniciens et la communication ; j’établis les données techniques des de pupitres, d’instruments à percus- différentes manifestations (plan, fiche technique…) ; je gère les trans- sion, de contrebasses… Notre visite se ports et accords des pianos et clavecins au sein de la maison Opéra… termine avec une belle photo, témoi- Quelles sont les qualités requises pour ce métier ? gnage de leur entente. La réactivité me semble la qualité principale à avoir face aux imprévus ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/1014:55Page32 et quelesrépétitionssedéroulent commeilslesouhaitent. diaire, lerégisseur, pourfaireensortequelacommunication passe bien tre qu’ilsneconnaissentpas,ilsontbesoindes’appuyer surunintermé- invités sontencoreplusdélicatscarquandilsarrivent devantunorches- demande unegrandecapacitéd’écoute.Lesrapports aveclesartistes temps desavoir-faire. Gérerenmoyenne80musicienspar spectacle La rigueur!Cemétierdemandeunebonnedosed’organisation etenmême ? Quelles sontlesqualitésd’unbonrégisseurd’orchestre poste àpleintemps. rience, lerégisseurd’orchestred’alors,(AndréCoussinet) m’aproposéle dans lecadreduFestivalMusiqueaucœurd’Antibes. Aprèscetteexpé- qualité derégisseurd’orchestreportâtsuruneproduction mencé àtravaillercommerégisseurdescène.Monpremiercontraten ques contratsenqualitédesupplémentaireauseinduChœur, j’aicom- j’ai commencéàtravaillerl’OpéradeNicecommefigurant.Aprèsquel- !J’aifaitdesétudes dechantetsolfègedanslarégion Par passion Comment-êtes vousarrivéàl’OpéradeNice? le bibliothécairedel’Opéra. seur généraldel’orchestre,l’équipedesgarçonsd’orchestreainsiqu’avec ciens etdesartistesinvités,jesuischaquejourencontactaveclerégis- tation del’orchestresoitlaplusconvenablepossible.Endesmusi- musiciens etlesartistesinvitéssoientsimplesdirectesquel’implan- tions sedéroulentdansdebonnesconditions,quelesrelationsentre veiller, aveclerestedel’encadrementl’orchestre,àcequelesrépéti- jour derépétition,jusqu’auduspectacle,jesuisàleurscôtéspour ment :c’estletravailquotidienaveclesmusiciens.Apartirdupremier tie estcellequiprendleplusdetempsetdemanded’engage- étrangers, enfonctiondel’instrumentetsamarque.Ladeuxièmepar- sion. Ilm’arriveparfoisdetravailleravecdesfabricantsd’instruments occupé deschangementscordesharpesainsiquedeleurrévi- le suividel’étatdesinstruments.Récemment,parexemple,jemesuis tact aveclesluthiersdelarégionet,plusgénéralement,Francepour lier d’orchestre,pupitres,chaises,flight-cases…Jesuistoujoursencon- de musique,desaccessoirespourl’orchestreettoutcequiestmobi- marchés d’appeld’offrepourl’achatetlamaintenancedesinstruments Dans montravail,ilyaunepartieplusadministrativequiconcerneles Philippe, parlez-nousdevotremétier… que, aimertravaillerenéquipesontdesatoutssupplémentaires. que, avoirunebonneconnaissancedesrépertoireslyriqueetsymphoni- la disponibilité,toutcecidanslerespectdechacun.Savoirliremusi- etc… Ilfautàlafoisderigueur, deladiplomatie,discrétion, avion clouéausol,unchangementdeprogrammedernièreminute, :unmusicienmaladeouaccidenté, que l’Orchestrepeutrencontrer 32 DEUX MÉTIERS Propos recueillisparleservice communicationdel’Opéra de Nice de Philharmonique de l’Orchestre Régisseur à Philippe Couquet, 3 questions LIÉS À L’ORCHESTRE La Traviata

VISUEL PHILIPPE HURST - PHOTO GETTY IMAGES / FOTOLIA DE PHILHARMO ORCHESTR NICE ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:55 Page 33

33

CALENDRIER HESTRE DES CONCERTS ARMONIQUE SEPTEMBRE 2010 11 SAM CONCERT OPERA 20H 17 VEN CONCERT OPERA 20H CE 18 SAM CONCERT OPERA 16H 19 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 24 VEN CONCERT I CNRR NICE 20H

OCTOBRE 2010 8 VEN CONCERT ENS. BAROQUE NICE 20H 14 JEU CONCERT APOSTROPHE I CHAGALL NICE 20H 17 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 21 JEU CONCERT SCOLAIRE OPERA 15H CONCERT ACROPOLIS 20H 22 VEN CONCERT SCOLAIRE OPERA 15H 23 SAM CONCERT OPERA 16H 24 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 29 VEN CONCERT OPERA 20H 30 SAM CONCERT OPERA 16H

NOVEMBRE 2010 7 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 13 SAM C’EST PAS CLASSIQUE ACROPOLIS 14 DIM C’EST PAS CLASSIQUE ACROPOLIS 20 SAM FESTIVAL MANCA OPERA 20H 21 DIM MUSIQUE BAROQUE OPERA 16H 22 LUN MUSIQUE CHAMBRE I TPI NICE 12H30 24 MER CONCERT TOUT PUBLIC I FNN NICE 10H-15H 25 JEU CONCERT SCOLAIRE I FNN NICE 10H-15H 26 VEN CONCERT SCOLAIRE I FNN NICE 10H-15H 27 SAM RENCONTRE CENERENTOLA OPERA 18H30 28 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 30 MAR CONCERT SCOLAIRE I MAGNAN NICE 15H 30 MAR CONCERT TOUT PUBLIC I MAGNAN NICE 20H

DÉCEMBRE 2010 2 JEU CONCERT APOSTROPHE I CHAGALL NICE 20H 12 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H LUN MUSIQUE CHAMBRE I CHAGALL NICE 20H 15 MER CONCERT DE NOËL OPERA 20H 16 JEU CONCERT SCOLAIRE I MAGNAN NICE 15H CONCERT TT PUBLIC I MAGNAN NICE 20H

JANVIER 2011 1 SAM CONCERT NOUVEL AN ACROPOLIS 11H 2 DIM CONCERT NOUVEL AN TOURRETTES L. 16H 7 VEN CONCERT OPERA 20H 8 SAM CONCERT OPERA 16H 9 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 13 JEU CONCERT SCOLAIRE OPERA 10 -15H CONCERT APOSTROPHE I CHAGAL L NICE 20H 14 VEN CONCERT SCOLAIRE OPERA 10 -15H 16 DIM CONCERT FAMILLE OPERA 11H 17 LUN MUSIQUE CHAMBRE I TPI 12H30 21 VEN CONCERT OPERA 20H 22 SAM CONCERT OPERA 16H 28 VEN CONCERT CNRR NICE 20H 30 DIM CONCERT CANNES 16H30 31 LUN MUSIQUE CHAMBRE I CHAGALL NICE 20H ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 34

BALLET NICE MÉDITERRANÉE Après le succès des représentations au Théâtre de Verdure à Nice en juillet dernier, Marco Polo revient L’ACTUALITÉ sur la scène du Théâtre National de Nice. Luciano Cannito, MARCO POLO le chorégraphe, OCTOBRE nous livre ses impressions AU THÉÂTRE NATIONAL DE NICE VEN. 29 20h30 SAM. 30 20h30 DIM. 31 15h Etes-vous satisfait du succès que DON QUICHOTTE vous avez rencontré à Nice à l’occa- sion de la création française de DÉCEMBRE Marco Polo le 16 et 17 juillet derniers A L’OPÉRA au Théâtre de Verdure ? AVEC L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE NICE Oui tout à fait, j’en suis ravi ! Je ne VEN. 24 18h DIM. 26 15h MAR. 28 20h vous cache pas que j’étais un peu MER. 29 20h JEU. 30 20h inquiet pour la reprise de ce specta- cle. Marco Polo est un ballet qui a été RENSEIGNEMENTS 04 92 17 40 79 créé pour être représenté dans un RÉSERVATIONS EN LIGNE www.opera-nice.org théâtre, le fait de le proposer pour la première fois « en plein air » m’in- quiétait un peu. De plus, on pourrait

MARC PHOTOS DOMINIQUE JAUSSEIN ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 35

ballet 35

dire qu’il s’agissait presque d’une telle vitesse. Ce qui est génial, c’est Vous êtes un chorégraphe renommé nouvelle version. Les décors, les lu- que cette évolution s’est également tant dans le monde de la télévision mières et les costumes ont été con- faite harmonieusement. L’atmosphère que sur des scènes de théâtres. Com- fiés à Jean-Pierre Laporte qui a fait au sein de la troupe des danseurs est ment abordez-vous ces deux différen- un superbe travail et, grâce à la parti- formidable : ce sont de magnifiques tes formes de diffusion de la danse ? cipation d’Eric Vu-An et à la virtuo- artistes, motivés et passionnés. Je re- Toujours avec la même qualité ! Tra- sité des danseurs, j’ai redécouvert un trouve cette même ambiance familiale vailler pour la télévision est plus com- nouveau Marco Polo ! Cela prouve et conviviale également dans toutes pliqué, d’abord parce que ce média que même un spectacle âgé de 18 ans les équipes de l’Opéra, c’est la raison touche un nombre énorme de specta- (comme c’est le cas de Marco Polo) pour laquelle il est toujours très teurs, il est donc nécessaire d’adop- peut revivre une « deuxième vie » agréable de travailler chez vous ! ter un langage plus simple et direct. avec une grande compagnie de danse Le public trouvera-t-il des différences Le petit écran propose des images et de grands interprètes. entre cette reprise de Marco Polo et rapides, colorées et des danseurs « im- Le mois d’octobre marquera pour l’adaptation donnée cet été ? matériels ». Pour cette raison, mettre vous la troisième collaboration avec Oui bien sûr ! Comme je disais, Mar- au point une chorégraphie pour la le Ballet Nice Méditerranée, pourriez- co Polo est un ballet qui est né pour télévision est plus compliqué car la vous nous dire ce que vous pensez de être représenté sur la scène d’un communication avec le public passe cette « nouvelle » compagnie ? théâtre. Les décors seront différents par l’intermédiaire de l’écran. Je me réjouis d’avoir une nouvelle fois ainsi que les lumières. Pour le specta- Le public du théâtre va voir un ballet la chance de travailler avec les dan- cle en plein air, nous avons dû, bien par choix, comme le public du ciné- seurs du Ballet Nice Méditerranée ! évidement, renoncer à beaucoup d’ef- ma. Quand le téléspectateur allume Cette troupe peut être considérée fets d’éclairages et à certains « coups sa télévision, il ne peut choisir que la comme l’une des meilleurs de France, de théâtre » qui peuvent se réaliser chaîne et l’émission, non le contenu après le travail de fond et de qualité seulement en intérieur. Ce sera un donc ni la compagnie de danse, ni le fait par Eric Vu-An. Dans ma carrière, ballet beaucoup plus intime, l’impact chorégraphe. j’ai rarement vu une compagnie de visuel sera plus magique et en même Propos recueillis par le service danse progresser et s’améliorer à une temps plus percutant. communication de l’Opéra

MARCO POLO

Eric Vu-An et Jean-Sébastien Colau ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 36

UN BALLET AVEC LE PHILHARMONIQ POUR LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE Noël à l’Opéra

CHORÉGRAPHIE ERIC VU-AN DON QUICHOTT D’APRÈS PETIPA ET GORSKY. MUSIQUE LUDWIG MINKUS ORCHESTRE Ballet en 1 prologue, 4 actes et A LIRE AVANT LE SPECTACLE PHILHARMONIQUE DE NICE 8 tableaux. Musique Léon Minkus. DIRECTION Don Quichotte de Marius Petipa fut, après ENRIQUE CARRÉON-ROBLEDO Chorégraphie et livret original de Marius Petipa. Première mondiale à Le lac des cygnes, le ballet le plus populaire AVEC LA PARTICIPATION DE de Russie. Créée à Moscou en 1869 sur la L’ACADÉMIE DE DANSE PRINCESSE Moscou au Théâtre Bolchoï, le 26 dé- GRACE DE MONACO cembre 1869, repris à Saint-Péters- musique de Ludwig Minkus, cette œuvre bourg, en 1871. Chorégraphie reprise pleine de « couleurs et de vigueur » rompait La version que par Alexandre Gorsky, le 20 janvier avec l’univers des créatures surnaturelles du je propose à Nice, pour 1902, qui reste la version actuelle du ballet romantique pour camper, non sans hu- les fêtes de fin d’année, répertoire du Ballet soviétique. mour, l’histoire des amours contrariées de Kitri, la fille de l’aubergiste et du barbier est entre la comedia Chorégraphie reprise par Noverre à Vienne. Basile. Plus qu’un divertissement virtuose, le dell’arte et le rêve. public put admirer une chorégraphie C’est la quête de Ballet présenté à l’Opéra Nice construite comme une pièce de théâtre où la l’impossible étoile. Côte d’Azur en 3 actes danse faisait corps avec l’intrigue, une Eric Vu-An avec le Ballet Nice Méditerranée et œuvre spectaculaire aussi, avec ses deux l’Orchestre Philharmonique de Nice cent interprètes et ses effets de scène iné- dits. Le livret et la chorégraphie furent Inspiré du roman éponyme de Cervantès, le ballet mêle l’intrigue amoureuse de la jeune Quiterie et du barbier Basile à l’odyssée du

Chevalier à la triste Don Quichotte figure. Elle est et son cheval composée d’épisodes Rossinante comme la rencontre pris dans avec les comédiens leur course par l’aile ambulants et d’un moulin. la bataille contre Gravure les moulins à vent. sur bois de Au cours de la fête qui Gustave Doré, célèbre le dénouement 1863, AKG, heureux pour les amou- Paris. reux, Quiterie et Basile dansent le célèbre Pas de deux de Don Quichotte, devenu cheval de bataille pour les étoiles classiques. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 37

ballet 37 HARMONIQUE DE NICE ’ANNÉE HOT TE

transmis de façon ininterrompue en Russie grâce à la tradition et à ses révisions succes- sives - dont la plus importante fut, en 1900, celle d’Alexandre Gorski. Pourtant, en dépit de son succès, cette version de Don Quichotte d’après Petipa resta longtemps MARIUS LUDWIG inconnue en Occident : elle fut donnée pour la première fois en entier par le Ballet Ram- PETIPA MINKUS bert à Londres en... 1962, soit presque un Fils de Jean Petipa maître de danse Né le 23 mars 1826 à Vienne, siècle après sa création. Elle fut suivie de la à Bruxelles et de la comédienne Vic- compositeur autrichien, Ludwig Min- production qu’en fît Rudolf Noureev en 1966 torine Morel-Grasseau, Marius Peti- kus décède dans sa ville natale en pour le Ballet de l’Opéra de Vienne, après pa naît en 1818 à Marseille. Il 1917. En 1853, il émigre à Saint- qu’il ait dansé lui-même la version de Gorski meurt en Crimée en 1910. Il fait ses Pétersbourg et prend le poste de au Kirov. Partant de l’héritage qu’il a reçu, il premiers pas sur la scène du Théâtre chef de l’Orchestre du prince conçut une œuvre réjouissante et vive, inspi- de la Monnaie à l’âge de 5 ans. Il Nikolaï Youssoupof. Il devient pre- rée de l’imaginaire fantasmagorique des des- quitte Bruxelles en 1835 et il danse mier violon au Théâtre impérial sins de Gustave Doré. Ce Don Quichotte, à Bordeaux. Il chorégraphie ses pre- Bolchoï de Moscou, puis il se voit également monté à l’Australian Ballet et mières œuvres à Nantes, en 1838 confier le poste de chef d’orchestre filmé en 1972 par Rudolf Noureev fit son et 1839. Il étudie la danse à Paris, et violoniste principal de l’Opéra entrée au répertoire de l’Opéra de Paris en chez Vestris où il devient premier impérial de Saint-Pétersbourg. En 1981, à l’invitation de Rosella Hightower, danseur à l’Ecole impériale de dan- 1861, il est maître des concerts au alors directrice de la Danse. Donné à main- se de Paris. Il part à Madrid de Théâtre Bolchoï et Inspecteur des or- tes reprises au Palais Garnier et en tournée 1843 à 1846. En septembre chestres des Théâtres impériaux à à l’étranger, il est présenté depuis 2002 à 1847, il est engagé comme premier Moscou. Dans le même temps, il en- l’Opéra Bastille dans les nouveaux décors et danseur au Ballet impérial, au Théâ- seigne le violon au nouveau Conser- costumes d’Alexandre Beliaev et d’Elena tre du Bolchoï où il devient Maître vatoire de Moscou. Ludwig Minkus Rivkina, inspirés des tableaux de Goya. de ballet en 1869. Il en prend la prendra sa retraite en 1886, lors- Opéra National de Paris, hotte direction des mains de Jules Perrot. que son poste sera supprimé par programme de salle, mai-juin 2004, p. 23 val Auréolé des triomphes du ballet Ivan Vsevolojsky, alors directeur des e romantique français, ce jeune mar- Théâtres impériaux de Saint-Péters- Les chorégraphies les plus dansées res- seillais de 25 ans restera à la tête bourg. Il est surtout connu en tant e tent celles de Marius Petipa. On y de ce ballet pendant plus de 50 que compositeur de ballet de ces trouve un grand nombre de variations ans, jusqu’à sa mort en 1910, an- Théâtres impériaux, les plus célèbres in. brillantes destinées à faire applaudir les née où Serge de Diaguilev repren- restant La Source conjointement interpètes.On y présente le célèbre Pas dra le flambeau. Bon danseur, il est avec Léo Delibes, Don Quichotte et e de deux composé d’un adage, de deux cependant meilleur chorégraphe : il La Bayadère. Il a également écrit oré, variations et d’une coda qui permettent signe une soixantaine de ballets, de des passages destinés à être insérés G, à un couple de danseurs de s’exhiber nombreuses reprises d’œuvre du dans des ballets existants. Parmi dans toutes leur virtuosité et leur tech- répertoire (La fille mal gardée, La ceux-ci, notons le Grand pas classi- nique brillante. Marius Petipa avait une Sylphide, Paquita, Coppélia ou que, le Pas de trois et la Mazurka tendresse particulière pour ce Don Giselle). Danseur, maître de ballet et des enfants écrits pour la reprise par Quichotte, nostalgiques souvenirs d’Es- chorégraphe français, il aura passé Petipa en 1881 de Paquita. De nos pagne où il avait séjourné durant quatre la majeure partie de sa vie en jours, la musique de ballet produite ans, au Théâtre royal de Madrid. Léon Russie. Marius Petipa a créé, entre par Minkus est une des plus connue Minkus est remarqué par le déjà célèbre autres, de 1890 à 1895, Casse- et interprétée par tous les ballets. Marius Petipa ; ils entament alors une Noisette, La belle au bois dormant Elle fait également partie intégrante collaboration fructueuse. et Le lac des cygne, qui restent du répertoire du ballet classique tra- parmi les plus célèbres. ditionnel. ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 38

38 passerelles méditerranéennes TRADITION AFRIQUE O association Pourriez-vous nous rappeler la génèse de Muerte, c’est le cas de la chanteuse algé- votre collaboration avec l’Opéra de Nice ? fondée rienne Houria Aïchi et son très beau Il faut remonter un peu dans le temps et Cavaliers de l’Aurès qui sera accompa- rappeler que j’ai été, durant 15 ans, direc- à la fin gnée d’un orchestre à forte connotation teur artistique du Festival de Fès des Mu- jazz et ce sera aussi le cas, bien entendu, siques sacrées du monde, au Maroc. Ces des années 80 de la soirée Flamenco - Barocco qui est derniers mois, avec l’Association TAO, j’ai une rencontre entre la musique baroque programmé des concerts de musique de à Nice, dont du maître italien Scarlatti et la musique et la Méditerranée et des concerts de musi- danse flamencas. Il m'a paru important ques arabo-andalouses au CUM (Centre la vocation que la danse soit présentedans cette pro- Universitaire Méditerranéen), ainsi que grammation, car la danse est un élément dans le cadre du Salon du Livre 2009, est de important des traditions méditerranéen- dont l’invité d’honneur était le Maroc, un nes. Elle est présente dans ces premières concert de musique arabe, sur la Place du sensibiliser « Passerelles », en tant que tradition avec Palais de Justice à Nice. Une rencontre le Flamenco, mais aussi de manière plus tout à fait fortuite dans un restaurant, surprenante, dans notre contexte, com- entre Jacques Hédouin et Vera Roos, cla- le public me vecteur de création contemporaine, veciniste de l’Ensemble Baroque de Nice, avec le grand danseur turc Ziya Azazi et a précipité le destin. Vera Roos, qui est aux musiques sa création Icons. Cette présence de la une amie, a suggéré à Jacques Hédouin, danse contemporaine est aussi là pour alors nouvellement nommé Directeur et aux attester que la Méditerranée n'est pas un Général de l’Opéra de Nice et qui souhai- simple lieu patrimonial, tournée vers le tait monter des concerts de musiques de cultures passé mais est aussi un lieu en gestation, la Méditerranée, de me rencontrer. Ce un laboratoire de créativité et de moder- que j’ai fait avec enthousiasme. De là est d’Afrique, nité. A ce titre, il m'a semblé pertinent née cette collaboration et la toute pre- d’inviter Ziya Azazi, ce très grand danseur mière programmation de ces concerts d’Orient et chorégraphe turc dont la gestuelle méditerranéens à l’Opéra. s’ancre à la fois dans une antique danse Pourriez-vous nous parler des quatre sacrée, la danse des derviches tourneurs rendez-vous de ces Passerelles ? et d’Asie de Konya, et dans la création contempo- La demande de la nouvelle direction de raine. l’Opéra était d’ouvrir ce lieu de prestige Parlez-nous de la mission de l'Associa- aux musiques du monde méditerranéen Interview de Gérard Kurdjian, tion TAO. et la difficulté de la tâche résidait pour Président de l’Association L’Association TAO (Traditions Afrique moi dans le fait que les musiques ne de- Orient) est une association fondée à la fin vaient pas être en rupture avec l’esprit de T.A.O. des années 80 à Nice, dont la vocation est la « maison Opéra ». A ce titre, il m’appa- de sensibiliser le public aux musiques et raissait exclu de programmer des musi- aux cultures d’Afrique, d’Orient et d’Asie. ques trop électrifiées ou trop « world Cette association a créé, il y a maintenant music »… Les musiques traditionnelles plus de 20 ans de cela, le Festival Afri- de l’espace méditerranéen présentent casia, qui s'est tenu à Nice de 1985 à souvent des aspects raffinés, voire 1993, grâce au soutien de la Ville de Nice savants, parfois même lorsqu’elles sont ICONS et du Ministère de la Culture. TAO, de- populaires et c’est cela que j’ai voulu pri- MERCREDI 10 NOVEMBRE 20h OPÉRA puis toutes ces années, continue de pro- vilégier dans ces premières « Passerelles ANGELIQUE IONATOS grammer des concerts, des festivals, des méditerranéenes », où seront présentes VENDREDI 11 MARS 20h OPÉRA productions discographiques (Inde – Iran la Turquie, la Grèce, l’Algérie, l’Espagne – Pakistan – Arménie....), des créations et la France, voire l’Italie plus indirecte- musicales centrées sur les musiques ment. Raffinement, intensité, c’est le cas d'Orient, du Bassin Méditerranéen et des bien sûr d’Angelique Ionatos, la grande rencontres entre traditions et cultures. chanteuse grecque et sa création Eros y Icons est le premier spectacle que vous ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 39

passerelles méditerranéennes 39 UE ORIENT allez présenter en novembre 2010. Ziya Azazi est un grand danseur contempo- rain, nourri de la tradition des derviches tourneurs. Quelles ont été les circonstan- ces de votre première rencontre ? Pour- riez-vous nous donner un aperçu de ce spectacle en quelques mots ? J’ai découvert Ziya Azazi à la première de l'une de ses créations récentes, Icons, donnée au Festival les 38e rugissants de Grenoble et je l’ai ensuite invité à l’édition 2009 du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde, au Maroc. J’ai été sub- jugué par la qualité et l’intensité de cette création dans laquelle Azazi, partant de cette danse sacrée qu’est la danse des derviches tourneurs de Konya, (ville du grand mystique soufi Djallaleddine Rû- mi), la déstructure et l’ouvre vers un es- pace de modernité et d'interrogation. Ainsi, partant d’une tradition fondée au XIIe siècle, Azazi construit à travers le temps et les styles, une passerelle entre les mondes qui débouche sur notre pré- sent. Cette jonction par delà le temps, les musiques, les cultures et aussi les pu- blics, est le rêve que caresse cette toute première édition des Passerelles méditer- ranéennes qui s'étendra de novembre à mai et contribuera à ouvrir encore et encore l'Opéra aux vents du grand large de la Mare Nostrum... Propos recueillis par le service

communication de l’Opéra CHRISTIAN ENGER PHOTO

ZIYA AZAZI ANIMERA UN ATELIER CHORÉGRAPHIQUE POUR LES DANSEURS DU CENTRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE OFF JAZZ, EN DANSE LA VEILLE DE SON SPECTACLE, LE 9 NOVEMBRE 2010, DE 14h À 17h ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 40

40 jeune public action culturelle & jeune public

L’une des missions de l’Opéra Nice Côte d’Azur est d’accueillir tous les publics, en particulier d’initier les plus jeunes et les étudiants aux gran- LES PREMIÈRES des œuvres du répertoire lyrique, symphonique MATINÉES et chorégraphique. Cette année, les portes sont SCOLAIRES très largement ouvertes aux jeunes. En octobre et en novembre deux Embarquement immédiat, donc, pour spectacles de choix sont à l’affiche : les innovations de la saison 2010 - 2011 ! Carmina Burana de Carl Orff et des chœurs d’opéras célèbres. Les enseignants ont plé- biscité le programme ré- Une innovation « phare » de l’Opéra de Nice pour la saison 2010/2011 servé aux élèves des clas- ses maternelles, primai- 1000 LYCÉENS & COLLÉGIENS À L’OPÉRA res et des collèges, pen- dant les horaires scolai- Cette proposition faite aux élèves par l’intermédiaire de leurs enseignants a de quoi res, avec un tel enthou- intéresser tous ceux qui veulent s’initier au répertoire classique et découvrir un siasme que toutes les re- patrimoine qui est le leur. Toutes les classes des établissements secondaires du présentations proposées département des Alpes Maritimes sont invitées à raison d’une classe par représenta- ont été complètes en 10 tion (Les inscriptions sont recevables jusqu’à un mois avant la représentation !). Les jours ! 7000 élèves sont enseignants doivent, pour participer à cette opération, joindre un projet de prépara- d’ores et déjà invités. tion et un suivi à la demande qu’ils font parvenir au service en charge du Jeune Public. Les enseignants de toutes disciplines sont concernés car ils peuvent créer des liens avec leur enseignement de lettres, d’histoire ou des arts plastiques, etc. Une rencontre avec eux et le soutien du Rectorat sont indispensables pour accéder à ce programme. Lors des représentations, les élèves, disséminés dans la salle de l’Opéra aux meilleures places, sont véritablement dans les conditions habituelles du spectacle pour la somme modique de 5 euros.

LA CARTE D’ÉTUDIANT, UN PASS POUR UN BILLET À 5 EUROS

Toutes les représentations de la saison sont ouvertes aux étudiants de l’Université Opéras, concerts, ballets, moins chers qu’une place de cinéma ! L’Opéra tient tout particulièrement à faire une large place aux étudiants. Ils sont invi- tés de façon permanente, toute l’année, quel que soit le jour, quelle que soit la représentation, aux bonnes places UN PROGRAMME GRATUIT restantes, même une demi-heure avant le début du specta- cle pour la somme de 5 euros. Les plus prévoyants pourront En partenariat avec la Direction de aussi louer leur place en amont, toujours pour 5 euros, il la Culture de l’Université, l’Opéra leur sera réservé les meilleures places, à l’Opéra ou dans organise des manifestations spécia- d’autres lieux, grâce à la carte d’étudiant délivrée par les pour les étudiants. Au cours de l’Université. la saison, auront lieu des Soirées privilège Etudiants, Mars aux Musées, des pré-générales d’ouvra- ges lyriques gratuites... ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 41

jeune public 41

CARMINA BURANA Avec Carmina Burana ma collection d’œuvres commence !

Carl Orff, né à Munich en 1895, était si satisfait de son œuvre, qu’il a écrit peu après sa création à son éditeur Schott music : Pourriez-vous, s’il vous plaît, vous débarrasser de tout ce que j’ai écrit jusqu’à maintenant et qui a malheureusement été publié par vous ? Avec Carmina Burana ma collection d’œuvres commence ! » Les Carmina sont effectivement restés l’œuvre de référence de ce musicien épris de danse, de rythmes simples et lisibles. Tout est parti de la découverte chez un bouquiniste de Würtzburg d’un recueil de poèmes médiévaux conservé à l’abbaye de Benediktbeuren, au cœur des Alpes bavaroises : deux cents chansons et poèmes en vieil allemand, en bas latin, en vieux français, véritable mine de renseignements sur la vie au Moyen Age, la corruption du clergé, la décadence des mœurs, mais aussi sur la nature, le plaisir de boire et de manger. Ces textes écrits du XI au XIIIe siècle, à l’époque des grands monuments romans et gothiques, sont souvent anonymes et constituent l’ensemble le plus important de chants de musiciens itinérants et d’œuvres de lettrés, connu actuellement. Carl Orff choisit 24 textes qu’il a orga- nisés selon un plan en 4 parties afin de composer un livret cohérent. L’ensemble de l’œuvre est enca- dré, au début et à la fin, par le chant le plus fameux, O Fortuna Imperatrix Mundi, invocation gran- diose à la fluctuation de la destinée, de la chance et de la richesse : O Fortune, comme la lune tu es variable, toujours croissante et décroissante... A l’origine, les Carmina Burana – première partie d’un triptyque achevé quelques années plus tard – ont été conçus comme une œuvre dramatique avec décors, costumes et mise en scène, mais couramment présentés sous forme de cantate profane dans les salles de concerts. Giulio Magnanini, directeur des Chœurs de l’Opéra, dirigera cette version pour solistes (soprano, ténor et baryton), chœurs adultes et enfants, deux pianos et percussions.

REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES JEUDI 21 et VENDREDI 22 OCTOBRE 15h REPRÉSENTATION TOUT PUBLIC SAMEDI 23 OCTOBRE 16h

DES CHŒURS D’OPÉRAS CÉLÈBRES

Ce concert réunit un choix de chœurs de femmes de différents ouvrages lyriques parmi les plus célè- bres des XIXe et XXe siècles. Ces beaux airs d’opéras, de comédies musicales ou d’opérettes feront par- tager à l’auditeur le monde des cigarières, des paysannes, des servantes ou des sorcières au cours de situations joyeuses, romantiques ou dramatiques. Au programme : Mireille et Carmen, deux personna- lités opposées avec le chœur des magnanarelles de Gounod et celui de la dispute des cigarières de Bizet causée par Carmen à l’acte I. Puis trois facettes de l’œuvre de Giuseppe Verdi : La scène de la caverne où officient les sorcières au début de l’acte III de Macbeth. Les créatures monstrueuses préparent tou- tes sortes de philtres magiques pour Macbeth qui veut obtenir des réponses à ses angoisses. Elles font défiler devant lui tous ceux dont il a commandité l’assassinat. Il paiera ses crimes dans la folie et la mort. Le passage de La Traviata, choisi par le chœur de femmes de l’Opéra, se déroule au moment où des bohémiennes débarquent dans une fête, lisent le passé et l’avenir du marquis d’Obigny, l’un des amants de Violetta… en présence de sa femme. Aida, commandé à Verdi par le khédive Ismaïl Pacha pour l’inauguration de l’Opéra du Caire met en scène les actions guerrières opposant égyptiens et éthio- piens. Dans cet extrait, les esclaves chantent et dansent autour d’Amnéris, fille du roi d’Egypte, qu’el- les sont en train de vêtir pour les fêtes organisées à l’occasion du retour du chef de guerre vainqueur des éthiopiens. Deux extraits d’œuvres du XXe siècle finiront ce concert sur des notes gaies et enjouées : d’abord un passage de Candide de Leonard Bernstein (le compositeur de West Side Story), d’après la comédie de Voltaire, puis le septuor des Sept avis différents d’Arthur Honegger inspiré d’un conte à portée philosophique au ton badin et un peu leste de Pierre Louÿs. Le passage choisi relate le moment où le roi Pausole s’aperçoit de la fuite de sa fille avec un travesti… Mais que faire et qui écouter ?

REPRÉSENTATIONS SCOLAIRES JEUDI 25 et VENDREDI 26 NOVEMBRE 10h et 15h FORUM NICE NORD - MARDI 30 NOVEMBRE 15h ESPACE MAGNAN REPRÉSENTATION TOUT PUBLIC MERCREDI 24 NOVEMBRE 10h et 15h FORUM NICE NORD - MARDI 30 NOVEMBRE 20h ESPACE MAGNAN FORUM NICE NORD RÉSERVATIONS 04 93 84 24 37 - ESPACE MAGNAN RÉSERVATIONS 04 93 86 28 75 ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 42

Giulio Magnanini entouré, de gauche à droite, par Valérie Barrière, Roberto Galfione et Francesca Tosi PHOTO DOMINIQUE JAUSSEIN ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 43

Chœur 43 LE CŒUR SAMEDI 23 OCTOBRE 2010 16h À L’OPÉRA DU CHŒUR

Originaires d’Italie, Giulio Magnanini DE L’OPÉRA préside aux destinés du chœur de S’EXPRIME l’opéra depuis 1997. Francesca Tosi l’assiste depuis 2004. Valérie barrière Giulio Magnanini nous parle de est originaire Carmina Burana du Pays Basque et Roberto Galfione Carmina Burana en version pour deux pianos et percussions sera donnée à l’occasion du concert du 23 octobre prochain à 16h à l’Opéra Nice Côte est né en Italie. d’Azur. Pour en savoir un peu plus, nous avons demandé à Giulio Magnanini, Directeur du Chœur de l’Opéra Nice Côte d’Azur qui, à cette occasion, diri- Pianistes répétiteurs gera le concert, de nous parler de ce chef-d’œuvre de la musique du XXe siè- du Chœur de l’Opéra cle. « Carmina Burana a été reconnu du grand public grace à l’orchestration Nice Côte d’Azur, que Carl Orff en a fait en 1935, mais ses origines ne sont pas du tout contemporaines. En fait, Carmina Burana ou Poèmes de Beuren ou ils ont accepté Chants de Beuern est le titre qu’on a donné à un manuscrit découvert en de répondre 1803 dans l’Abbaye de Benediktbeuern et dont la première édition date de 1847. Il s’agit de la compilation réalisée entre 1225 et 1250 de chants pro- à nos questions. fanes ou religieux composés en allemand, en français ou en latin, par les « goliards », c’est-à-dire des ecclésiastiques défroqués ou des étudiants Ils seront sur scène vagabonds. Ce manuscrit comporte des chansons d’amour, des invitations à en octobre boire, à danser, à profiter de la vie mais aussi des pièces religieuses. La version que nous allons proposer lors de ce concert date de 1956, lors- prochain pour que Wilhem Killmayer, élève de composition de Carl Orff, fait du grand effectif orchestral une instrumentation réduite pour deux pianos, percus- Carmina Burana, sions, chœurs et solistes. Cette version, qui n’enlève rien à la puissance de version pour la partition originale, est faite également pour être présentée dans les éco- les. Cette version était particulièrement appréciée par le compositeur car deux pianos elle permettait de mettre en relief au maximum le chœur et les voix, en per- mettant une intéressante recherche expressive et esthétique, plus proche et percussions. aux chants du Moyen-âge. La partition des pianos, confiée à Valérie et Roberto, les pianistes répétiteurs du Chœur, est très compliquée car elle Ils nous racontent doit rendre les couleurs qui, normalement, sont confiées à un orchestre de leur métier. grande formation. Carmina Burana est une partition imposante mais, en même temps, amu- sante tant pour le chœur qui y est mis en valeur que pour le chef qui la dirige ! L’argument licencieux des textes qui composent l’œuvre aide à gar- der le moral haut pendant les répétitions ! » PHOTO DOMINIQUE JAUSSEIN ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 44

44 Chœur

tit » Conservatoire. J’accompagnais Francesca Valérie les classes tout au long de l’année Tosi Barrière tout en préparant des examens… cela a été un très gros travail mais très formateur ! J’accompagnais des assistante du Pouvez-vous nous raconter votre par- productions à droite et à gauche mais Directeur du Chœur cours et votre formation ? sans être embauchée dans une mai- J’ai abordé le piano avec ma maman, son à plein temps. Francesca, parlez-nous de votre for- pianiste, dès l’âge de 5 ans puis, très mation. jeune, j’ai commencé mes études au Comment êtes-vous arrivée à Nice ? J’ai commencé mes études de piano Conservatoire de Bordeaux. Après Beaucoup d’artistes auprès desquels au Conservatoire de musique de avoir obtenu un prix en piano, j’ai je me suis formée, sont partis à la Livourne (en Toscane) dans la classe quitté ma ville natale à 17 ans pour retraite ; ils m’ont beaucoup appris de Daniel Rivera et j’ai ensuite inté- Paris où j’ai intégré les classes d’ac- sur le chant, la musique. Ces change- gré la classe de Maria Tipo à l’Acca- compagnement de deux Conserva- ments m’ont donné envie de partir, demia de Fiesole. Après mon premier toires. J’ai ensuite obtenu une bourse j’étais prête moi aussi à changer. En Prix de piano, j’ai participé à plu- pour étudier à l’Ecole Normale. J’en 2003, l’Opéra de Nice et l’Opéra de sieurs masterclasses parmi lesquelles suis sortie diplômée en piano et en Lille ont tout de suite répondu à ma celles enseignées par France Clidat musique de chambre. Je pensais aller candidature spontanée. J’aurai tout (brillante pianiste française) à Paris. à Paris pour faire des études d’ac- aussi bien pu atterrir à Lille ! A cette compagnement car cette discipline époque, j’étais souvent dans la région Comment êtes-vous arrivée à l’Opéra n’existait pas au sein du Conserva- car je donnais des concerts de musi- de Nice ? toire de Bordeaux. Dans ces classes, que de chambre avec ma sœur Marie Après avoir travaillé au Teatro Mag- on apprend à tout faire : accompa- (aujourd’hui clarinettiste à l’Orches- gio musicale de comme chef gner les instruments, les chanteurs, tre de Monaco). J’ai donc été invitée de chant, j’ai participé au Concours réduire une partition, la déchiffrer, à l’Opéra de Nice pour un entretien de recrutement à l’Opéra de Nice. J’ai improviser, transposer, faire travailler avec Giulio Magnanini, Directeur du intégré, en 2002, l’équipe du Chœur les instrumentistes et les chanteurs. Chœur de l’Opéra, qui avait trouvé de l’Opéra en tant que pianiste répé- J’ai ensuite cherché à me spécialiser. mon parcours intéressant et qui m’a titeur. Deux ans plus tard, en 2004, J’avais beaucoup d’affinité avec les offert le poste de pianiste répétiteur. j’ai été nommée assistante du Direc- chanteurs, j’ai donc décidé de deve- Au début de cette collaboration, je ne teur du Chœur, poste que j’occupe nir chef de chant. J’ai très vite com- venais que pour des productions où il encore actuellement et qui demande mencé à travailler, tout en continuant y avait besoin d’un pianiste supplé- beaucoup de patience, de concentra- mes études. Très jeune, à 19 ans, j’ai mentaire. Quelque temps plus tard, tion et de calme. Ce travail, que nous commencé à travailler dans un « pe- j’ai été recontactée pour le poste de devons gérer avec les pianistes répé- titeurs, le chef du Chœur et le régis- seur, demande une très grande écoute des 40 choristes de notre Chœur et nous oblige à rester très réactifs.

Quelle est la partie la plus amusante de votre métier ? Il arrive parfois, que certains metteurs en scène demandent aux artistes du chœur des postures scéniques ou des chorégraphies qui peuvent leur sem- bler insurmontables. L’ambiance qui règne au sein du groupe peut rendre l’atmosphère tout à fait amusante comme, tout au contraire, très ten- due. Notre rôle nous oblige donc à trouver une solution immédiate afin que le moral sur le plateau reste positif. De toute façon, après la tem- pête arrive toujours le calme… PHOTO DOMINIQUE JAUSSEIN ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 45

Chœur 45

chef de chant que j’ai tout de suite tout ce que j’ai toujours voulu faire. de Trieste et, en 2005, j’ai travaillé accepté ! Je travaillais alors en tant Giulio nous fait confiance, il nous pour l’Orchestre de la RAI de . qu’accompagnateur dans la classe de connaît bien, donc travailler avec lui chant de l’Ecole Normale de Paris et et le reste de l’équipe du Chœur est Comment êtes-vous arrivé à l’Opéra dans une classe d’art lyrique dans un un plaisir. Ce qui me donne le plus de de Nice ? conservatoire de Paris. J’ai donc posé satisfaction, c’est de pouvoir appren- Toujours en 2005, j’étais pianiste un congé annuel pour me libérer une dre et m’améliorer toute la saison. Le répétiteur à l’Opéra de Savona pour partie de temps, ce qui m’a permis contact avec les artistes, les chan- une production de Il barbiere di d’assurer deux postes, à Nice et teurs et les chefs d’orchestre est très Siviglia. C’est à cette occasion que Paris, au moins pour un an. Entre- enrichissant. Tout m’intéresse, tout j’ai eu la chance de rencontrer Giulio temps, le poste s’est libéré et j’ai été est formateur… que l’on travaille Magnanini qui m’a proposé de colla- confirmée à Nice. dans une salle de répétition ou sur borer avec le Chœur de l’Opéra de Quelles sont les qualités nécessaires scène, j’aime mon travail ! Nice. Après de brèves périodes de 3 à à un bon pianiste répétiteur ? 4 mois en tant que supplémentaire, Il faut beaucoup de patience, être j’ai été embauché pour le poste de très à l’écoute et surtout malléable. pianiste répétiteur à plein temps. C’est un métier que l’on apprend sur Roberto le terrain, il y a des classes qui prépa- Quelles sont les qualités d’un bon rent pour tout ce qui est technique Galfione pianiste accompagnateur ? comme la transposition, le travail Malheureusement, on a parfois ten- avec les chanteurs, la réduction d’une Roberto, quelle est votre formation ? dance à voir le pianiste accompagna- partition mais en ce qui concerne le J’ai étudié le piano au Conservatoire teurs comme un pianiste qui aurait répertoire et l’interprétation, on se de Turin où j’ai obtenu un Prix à 19 un manque de technique ou d’habi- forme vraiment uniquement en con- ans. Je me suis ensuite perfectionné lité musicale et qui serait « obligé » tact avec les artistes et les chefs. dans le répertoire de la musique de de choisir cette carrière par défaut. chambre à l’Académie de Imola puis à C’est une vision très limitée : un pia- Quelle est la partie la plus « amu- Fiesole. J’ai entamé plusieurs colla- niste répétiteur doit avoir des quali- sante » de votre métier ? borations avec différents théâtres ita- tés et des compétences qu’on ne ren- J’aime énormément mon métier, c’est liens : j’ai travaillé comme pianiste contre pas forcément chez un soliste. répétiteur pendant 4 ans à l’Opéra Il peut être très virtuose mais s’il Giocosa de Savona, au Teatro Lirico n’arrive pas à suivre le geste du chef Sperimentale Belli de Spoleto et au d’orchestre ou s’il ne comprend pas Le Chœur de l’Opéra Nice Théâtre de Sassari. Dans le même les nécessités d’un chef de chœur, il Côte d’Azur lors de temps, j’ai donné des cours de solfè- ne pourra pas être un pianiste de la production de Aida ge durant trois ans au Conservatoire salle de qualité. Il est important de au Palais Nikaïa, en juin 2009 savoir écouter et anticiper ; il faut avoir une bonne expérience pour fai- re en sorte que les répétitions se dé- roulent dans les meilleures condi- tions possibles. Dans le cadre d’une répétition de chœur, le pianiste joue le rôle de l’orchestre. Il doit savoir faire la part de ce qui est important pour le chef et tout ce que les choris- tes ont besoin d’écouter.

Quelle est la partie la plus amusante de votre métier ? Vous savez, ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est la possibilité de ren- contrer des artistes, des chefs d’or- chestre et de pouvoir se former tous les jours. J’ai la chance de travailler chaque jour avec des personnes ma- gnifiques, comme Giulio. On pourrait dire que nous formons une grande famille ! ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 46

la revue de presse BIENVENUE À FRÉDÉRIC DELOCHE Adjoint du Directeur musical OPERA MAGAZINE MAI 2010 par François Lehel Né à Nice, après des études de piano et de [...] le spectateur commence par s’intéresser à cette transposition dans le composition, il obtient le diplôme de direction monde du souverain bavarois devant lequel les Nymphes et l’Ondin chan- d’orchestre au Conservatoire d’Antibes. Après tent leurs rôles en représentation privée, dans un décor unique où une avoir collaboré avec des chefs tels que Maurizio paroi de miroirs laissera par moments transparaitre les visions du Prince, Arena, Marco Balderi, Fabrizio Maria Carmina- et qui peut donner lieu à quelques belles images, soigneusement calcu- ti, Nicola Luisotti, Andrea Pestalozza, Julian Ko- lées. [...] Trop d’idées sur le papier, lorsque l’essentiel (la passion déses- vatchev, Andrea Licata, Karl Martin, Niels Muus, pérée de Rusalka, l’affrontement du monde de la nature et de celui des G.Gyorivanyi Rath… et des metteurs en scène hommes) a depuis longtemps disparu. Un plateau intéressant ne suffit pas tels que Daniele Abbado, Melo Freni, Giorgio à compenser. [...] Claude Schnitzler assure une correcte mise en place de Barberio Corsetti, il vient d’intègrer l’équipe de l’ensemble, mais sans l’élan ni les raffinements que mériterait le bel la direction musicale de l’Orchestre Philharmoni- Orchestre Philharmonique de Nice. que de Nice en septembre dernier. NICE MATIN LUNDI 3 MAI par André Peyregne Une Bashkirova de rêve à l’Opéra BIENVENUE AU NOUVEAUX Le 4eme concerto de Beethoven délivre un message qui dépasse les hom- SOLISTES DU BALLET mes et confine à l’universel. Ce message, la grande pianiste Elena Nous souhaitons également la bienvenue aux Bashkirova a su l’appréhender, le traduire, l’exprimer vendredi sur la danseurs nouvellement recrutés au sein du Ballet scène de l’Opéra. Son jeu faisait une juste part entre le cœur et la raison. Nice Méditerranée : Sophie Benoit, Diane Le Philharmonique était dirigé par Christophe Perick. Ce chef, qui tînt Humbert, Laurine Martin, Alessio Passaquindici bien en mains son orchestre, donna une interprétation plus robuste que et Gregory Gaillard. descriptive du ballet Petrouchka de Stravinsky [...]

JOURNÉES DU PATRIMOINE NICE MATIN SAMEDI 12 JUIN par Philippe Fiametti les 18 et 19 septembre dernier [...] Miracle ? Hier soir sur la place Masséna ! Durant plus d’une heure, prés de 4000 personnes ont écouté, dans un silence religieux, les 80 musi- ciens de l’Orchestre philharmonique de Nice et une centaine de choristes interpréter la 9eme symphonie de Beethoven. Un public, comme sidéré par la beauté d’une musique qui, sous la direction du chef Philippe Auguin, a déchargé des paquets d’émotion. Moment unique de commu- nion dans la plus vaste des salles de concert. [...]

NICE MATIN SAMEDI 29 MAI 2010 par André Peyregne Le rattachement de Nice… à la danse Spectacle, Cocktail de classique et de comique, la nouvelle prestation du A l’occasion des Journées du Patrimoine 2010, Ballet Nice Méditerranée est marquée par une harmonie collective. [...] des visites commentées de l’Opéra et de la Dia- Dressé dans sa cape et dans son autorité de danseur étoile, Eric Vu-An a cosmie ont été proposées au public. Durant ces surgi sur la scène de l’Opéra et ressuscité le personnage démoniaque du journées, nous avons accueilli, à l’Opéra, 1400 violoniste Paganini. Il a imposé sa virtuosité et sa personnalité dans un personnes qui ont suivi les conférencières du ballet de Giorgio Mancini, Campanella. [...] On y applaudit aussi la Can- Centre du Patrimoine et apprécié leurs commen- tate 51 de Bach, chorégraphiée par Béjart, dans une pureté de lignes qui taires historiques. Pour la première fois, le centre donne de la spiritualité aux corps [...] Le final est constitué par le ballet de production de la Diacosmie était ouvert au Viva Verdi de Luciano Cannito. Voici un cocktail de classique et de comi- public et 800 personnes se sont déplacées pour que. C’est Verdi au pays de la pizza. Les airs célèbres sont entrecoupés de le visiter. Elles ont pû découvrir le fonctionne- séquences de rock ou de… sonneries de téléphone. C’est drôle et bien ment technique et artistique de cet établissement fait. Là encore, on remarque une fluidité et une harmonie collective qu’on qui est le pôle production des décors, costumes ne connaissait pas au ballet de l’Opéra. [...] et lumières des créations lyriques, chorégraphi- ques et symphoniques de l’Opéra de Nice. NICE MATIN MERCREDI 2 JUIN par A.M Le personnel des ateliers de construction, ma- Viva Il Balletto quillage, couture et décors-peinture ont pu pré- [...] Quel bonheur ! Des facéties électroniques et du disco savamment senter leurs métiers et s’entretenir avec le public insérés dans la musique du maestro, des danseurs vraiment très bons, durant ces journées. Les nombreux retours de emmenés par le charmant soliste Jean-Sebastien Colau et son delicieux satisfaction des visiteurs nous encouragent déjà petit bouc, oui vraiment merci à toutes et à tous. Et à Eric Vu An pour le à envisager notre participation à la prochaine travail de reconstruction, de renaissance même qu’il effectue afin de édition de cette manifestation. redonner à ce ballet des jolis pas, de jolies ailes [...] ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 47

FRANCE BLEU

CLUB DES PARTENAIRES IL GIORNALE TEL. 04 92 17 40 50 [email protected] dans le FR3 CÔTE D’AZUR n chan- où une Prince, CLUB DES PARTENAIRES calcu- déses- AÉROPORT NICE lui des HERVÉ DE PLACE AÉROPORT NICE CÔTE D’AZUR CÔTE D’AZUR ffit pas ace de BRASSERIE FLO le bel Entretien avec Monsieur Hervé de Place, Président du Directoire Aéroports de la Côte d’Azur CHACOK

CHAMPAGNES « Nous devons être à la hauteur RŒDERER du mythe de la Côte d’Azur et mettre notre passion s hom- COMITÉ RÉGIONAL Elena et nos savoir-faire au service du développement DU TOURISME sur la de notre région » RIVIERA raison. CÔTE D’AZUR qui tînt Monsieur Hervé de Place, diplômé d’HEC, après avoir commencé sa carrière professionnelle CONSEIL IMMO te que comme contrôleur de gestion, prend la direction des aéroports de la Côte d’Azur en 1988, YVES COURMES puis est nommé Président du Directoire de la nouvelle Société aéroportuaire en 2008. L’Aéroport Nice-Côte d’Azur est le deuxième aéroport de France avec près de 10 millions FRANCE TÉLÉCOM de passagers par an, 103 destinations directes et 55 compagnies régulières. Il est aussi le heure, seul aéroport régional à proposer une ligne quotidienne sur New-York et Dubaï et, ce que 0 musi- GALERIES l’on ignore souvent, le premier aéroport low-cost en province, avec 3,2 millions de passagers LAFAYETTE oristes NICE MASSÉNA par an et 18 compagnies. Il accueille également une clientèle d’aviation d’affaires impor- MASSÉNA sidéré tante (troisième aéroport européen après Le Bourget et Genève) dans un terminal récem- hilippe ment inauguré. Depuis quelques temps, l’Aéroport Nice Côte d’Azur a souhaité soutenir des HÔTEL ommu- BEAU RIVAGE activités culturelles ou sportives de la région, telles que le Nice Jazz Festival, les Ballets de Monaco ou l’Open de Tennis de Monte-Carlo. Il offre également la possibilité à des artistes JCDECAUX – peintres, sculpteurs, photographes… – de montrer leur travail grâce à des expositions AIRPORT organisées au Centre d’Affaires ainsi que par l’accueil de sculptures présentées sur la plate- LENÔTRE tion du forme aéroportuaire. A travers le partenariat avec l’Opéra de Nice, il renouvelle sa volonté de participer au rayon- ve. [...] MOLINARD u-An a nement artistique de la région. que du Hervé de Place : Nous devons être à la hauteur du « mythe » de la Côte d’Azur et met- NESPRESSO ans un tre notre passion et nos savoir-faire au service du développement de notre région. NICEXPO a Can- Nous souhaitons porter les valeurs définies dans notre projet d’entreprise, notam- ment l’ouverture, la proximité et l’exigence. Tout comme notre société aéroportuaire nes qui PERADOTTO e ballet joue un rôle de premier plan dans l’économie azuréenne, l’Opéra Nice Côte d’Azur e comi- offre un rayonnement artistique au niveau régional, national et même international GROUPE pés de lors de tournées. De plus, ce lieu de prestige, qui est la vitrine culturelle de la ville de PIZZORNO et bien Nice, présente des spectacles de grande qualité, tant au niveau des opéras, des ENVIRONNEMENT concerts que des ballets. Nous sommes très satisfaits de ce partenariat qui s’inscrit e qu’on POIVRE NOIR dans notre politique de relations publiques de prestige et qui est très apprécié de nos clients ou actionnaires. Cela nous permet également de rencontrer de nouvelles per- sonnes, sans lien avec notre milieu professionnel et de côtoyer des artistes. A l’avenir ? Nous souhaitons ancrer ce partenariat dans la durée afin de valoriser au mment mieux notre engagement et je peux rajouter, qu’à titre personnel je suis un grand s bons, amateur d’opéra. Nous pourrions davantage « faire vivre » ces échanges sur la licieux plate-forme aéroportuaire et tout est à imaginer et à envisager… Nous ne voulons pas pour le seulement être un lieu de passage, mais également un lieu d’échange, de partage et afin de de rencontre. Ainsi, pourquoi ne pas envisager, un jour, une représentation dans un terminal… ¥n¡20oct-dec2010.qxp 18/10/10 14:56 Page 48