17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

HEBDOMADAIRE N°440 6 NOVEMBRE 2017 ISSN1241-0497

SOCIOLOGIE SCIENCES DE

PHILOSOPHIE L’ÉDUCATION

HISTOIRE LINGUISTIQUE

PSYCHOLOGIE

NEURO- APPEL SCIENCES L’ÉCOLE A BESOIN DE TOUTE LA RECHERCHE

CHOUKRI BEN AYED LES INÉGALITÉS SCOLAIRES

FRANÇOISE LANTHEAUME DURER DANS LE MÉTIER

BORIS CYRULNIK ÉCOLE ET AFFECTIVITÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

L’école a besoin de toute la recherche

l aura fallu moins d’une semaine pour faire le plein des inscrip- tions de cette 17e édition de l’Université d’automne du SNUipp-FSU qui s’est déroulée du 20 au 22 octobre à Port-Leucate dans l’Aude. ID’une année sur l’autre le succès ne se dément pas. Plus de 400 participants, une trentaine de chercheurs, se sont côtoyés, ont échangé et cet engouement ne doit rien au hasard. Pour les enseignants, aller à la rencontre de la recherche est une vraie nécessité pour améliorer leurs gestes professionnels, remettre du sens dans leur métier, interroger leurs pratiques à l’aune des avancées des connaissances de toutes les disciplines scientifiques qui s’intéressent à l’éducation. Cette démarche est depuis le début ins- crite dans l’ADN du SNUipp-FSU. Cette année, l’événement prenait une connotation toute particulière. Nous ne pouvions rester insen- sibles au parti pris quasi-exclusif du ministre de l’Éducation nationale en matière de recherche. C’est pourquoi nous lui lançons un appel signé par de nombreux chercheurs pour l’encourager à développer et à diffuser la recherche dans tous les domaines intéressant l’école. Parce que l’école de la réussite de tous et de la formation des citoyens a besoin de toute la recherche.

Directeur de la publication : Régis Metzger Impression : SIEP Bois-le-Roi Hebdomadaire du syndicat national Rédaction : Francis Barbe, Laurent Bernardi, Fabienne Berthet, Régie publicité : Mistral Media unitaire des instituteurs, professeurs Alexis Bisserkine, Mathilde Blanchard, Laurence Gaiffe, 365 rue Vaugirard 75015 des écoles et PEGC Pierre Magnetto, Arnaud Malaisé, Régis Metzger, Tél. : 01 40 02 99 00 128 boulevard Blanqui 75013 Paris Philippe Miquel, Éric Mugneret, Jacques Mucchielli, Prix du numéro : 1 euro Tél. : 01 40 79 50 00 Francette Popineau, Virginie Solunto. Abonnement : 23 euros E-mail : [email protected] 3 Coordination de la rédaction ISSN 1241 0497 / CPPAP 0420 S 07284 et réalisation graphique : Naja / www.naja.paris Adhérent du syndicat de la presse sociale. 17e UNIVERSITÉ ’automn Sommaire du SNUipp

33 DOSSIER 60 MATERNELLE 7 L’ÉTAT L’ÉCOLE RURALE, UN 60 Christine Passerieux DE L’ÉCOLE NOUVEAU CHEMIN ? Une conception naturalisante 8 Investissement dans l’école : qui est une remise en cause 34 Pierre Champollion la France à la traîne de l’égalité L’école rurale et montagnarde 62 Élisabeth Mourot 9 Un temps de travail qui pèse n’est pas une école de Favoriser les pratiques 10 Rendre le métier attractif seconde zone langagières plus élaboratrices 11 Direction d’école : encore à faire ! 35 Sylvie Jouan 64 Maryse Rebière 12 Éducation prioritaire : Un changement de regard Les activités de l’école ont sans cohérence ni moyens et de pratiques sur l’organisation toujours une part d’étrangeté supplémentaires pédagogique pour le jeune enfant 13 Se nourrir de tous les résultats de la recherche et reprendre 37 la main sur le métier MÉTIERS 67 INTERVIEW Francette Popineau, 37 Régis Metzger 68 Choukri Ben Ayed co-secrétaire générale et Le gouvernement serait Inégalités scolaires : porte-parole du SNUipp-FSU bien inspiré de réfléchir à des les domaines à explorer sont mesures améliorant l’attractivité encore très vastes de notre métier 17 38 Caroline Veltcheff 2017 La Jeunesse au Plein Air © Ludovic Weyland DOSSIER William, Hadrien, Antonio et Léa Quand le sentiment d’injustice 73 ENFANT LECTURE : est très fort, le climat scolaire sont partis en colonie grâce à vous. APPRENDRE À LIRE : est très dégradé & SOCIÉTÉ PAS SI SIMPLE 40 Patrick Rayou 73 Arnaud Malaisé Aidez-nous à orir des vacances Un décalage entre ce que Tous les élèves sont capables 18 Roland Goigoux l’enseignant croit mettre de réussir à l’école mais il faut à d’autres enfants ! Nous avons constaté qu’il y en place et ce que l’élève compenser les inégalités avait très peu d’enseignement en comprend 74 Divina Frau-Meigs 42 Serge Ebersold VOTRE DON de la compréhension au CP Mettre le paquet sur la formation VOUS VOUS J’OFFRE VOUS COÛTE L’enseignant, un acteur-stratège des enseignants DONNEZ DÉDUISEZ EN RÉALITÉ développant des stratégies 76 Patrick Morel pour cheminer avec l’élève 24 APPRENTISSAGES On veut des enfants ensemble Les repas et l’hébergement pour une 44 Yves Guégan quelles que soient leurs journée de colo à un enfant 2 5 € - 1 6 , 5 0 € 8 , 5 0 € 24 Élisabeth Bautier Mettre en place des stratégies possibilités Le langage, un outil qui relationnelles 78 Agnès Bathiany repas l’hébergement Les et pour une nous permet de penser 46 Olivier Maulini Favoriser la participation des journée de colo ainsi que le voyage et -33 € les activités à un enfant 5 0 € 1 7 € 26 Emmanuel Sander Une pratique compétente, parents les plus éloignés de l’école Sans concepts préexistants, c’est une pratique informée 80 Stanislas Morel Les repas, l’hébergement, le voyage, les élèves seraient dans le chaos et réflexive Le cerveau serait le juge de paix 48 Corinne Loie les activités pour une journée de colo 28 Dominique Bucheton des méthodes les plus efficaces ainsi que l’encadrement et le projet -66 € La voix fait intégralement partie 82 Régis Lopez 100 € 3 4 € Ceux qui ont le pouvoir pédagogique à un enfant du dispositif pédagogique Le manque de sommeil entraîne sont ceux qui écrivent des troubles cognitifs 30 Danièle Manesse 84 Safy Nebbou L’orthographe est bien plus Ensemble, c’est possible ! 50-51 APPEL Envoyez votre don dès aujourd’hui ! qu’un savoir 53 DOSSIER 87 PAR CHÈQUE : PAR INTERNET : GRAND ENTRETIEN COMMENT DURER 88 Boris Cyrulnik à l’adresse suivante : jpa-asso.iraiser.eu DANS LE MÉTIER Les enseignants ont la capacité 21 rue d’Artois, 75008 Paris 54 Françoise Lantheaume d’être des tuteurs de résilience 5 Les enseignants qui durent manifestent une pensée Vous avez une question ? Vous pouvez contacter directement Amandine Oudart, critique et de l’autonomie responsable donateurs au 01.44.95.03.73 ou par mail : [email protected] La Jeunesse au Plein Air, 21 rue d'Artois, 75008 Paris - www.jpa.asso.fr 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp intro L’ÉTAT DE L’ÉCOLE Reprenons La main sur notre métier... Se syndiquer, c’est utile ! Pour l’école de la réussite de tous

année scolaire 2017-2018 restera mar- 27 heures de service réglementaires. Il est grand quée par l’arrivée de Jean-Michel Blan- temps de mettre en exergue ces 17 heures sup- quer rue de Grenelle. Le ministre de plémentaires jusqu’ici invisibles. Pour le SNUipp- l’Éducation nationale, qui n’est pas FSU, une remise à plat est indispensable avec tout à fait un inconnu, assène dans les comme première étape, la fi n des APC (lire p.9). ’ L’école doit aussi faire face à une crise du recru- Lmédias des affi rmations qu’il veut « pragma- tiques » et de « bon sens ». Mais si l’on pressent tement. Le nombre de candidats au concours est qu’il entend mettre à distance la plupart des dis- régulièrement en baisse. Les départements où ciplines de recherche malgré leurs apports aux on a souvent un grand besoin d’école pour contri- pratiques des enseignants et à leur profession- buer à réduire les inégalités, en sont les pre- nalité, son projet reste fl ou (lire p.14-15). La mise mières victimes. La question de l’attractivité du en place des CP dédoublés en REP + au détriment métier est posée, là aussi il y a urgence à y des « plus de maîtres », l‘évaluation des élèves répondre (lire p.10). au CP même modérée par une directive de la Permettre à l’école de jouer sa partition dans la DGESCO sont les premières pierres d’une poli- réduction des inégalités, c’est aussi la doter tique que le ministre dévoile avec parcimonie. Le d’une politique d’éducation prioritaire ambi- retour à la semaine de quatre jours, souhaité par tieuse. Le chantier avait été ouvert durant la pré- une majorité d’enseignants selon une enquête cédente mandature. Aujourd’hui le ministre du SNUipp-FSU s’est fait dans la précipitation et propose d’étendre les CP dédoublés à ceux des répondait aussi à des intérêts électoralistes. CP en REP alors qu’il est avéré que la réduction Pourtant, le nouveau ministre a trouvé sur son des effectifs n’a d’intérêt que si elle est continue bureau quelques dossiers qui ne sont pas sans sur plusieurs années. Or, les élèves qui ont béné- importance pour l’avenir de l’école, à commen- fi cié cette année des effectifs réduits ne seraient cer par celui de la priorité accordée au primaire plus concernés l’an prochain. Et les perspectives à laquelle le sous-investissement chronique ne budgétaires, ajoutées au manque de locaux, permet pas de répondre comme il se devrait. Les laissent craindre qu’on en reste là (lire p.12). comparaisons internationales ne souffrent Enfi n, il reste encore beaucoup à faire dans le aucune ambiguïté. Que ce soit par rapport à la domaine de la direction d’école, d’autant que la moyenne des onze pays qui lui sont comparables disparition des emplois aidés ne sera pas sans ou à la moyenne de l’ensemble des pays de conséquences pour des directrices et des direc- ...CHANGEONS L’école ! l’OCDE, la France est à la traîne. Ce sont des teurs devant assumer des tâches administratives moyens qui manquent à l’école et aux élèves et de plus en plus lourdes (lire p.11). qui pèsent aussi sur les rémunérations et le pou- Ces dossiers, c’est du concret. C’est la réalité du L’ÉTAT DE L’ÉCOLE L’ÉTAT voir d’achat de enseignants (lire p.8). quotidien des écoles, des enseignants et des DOSSIER RÉALISÉ PAR Autre chantier pour lequel il y a urgence, celui du élèves. La réussite de tous qui doit être une ambi- FRANCIS BARBE, LAURENT temps de travail. Le ministère lui-même le tion partagée, ne se satisfait pas de déclarations BERNARDI, LAURENCE GAIFFE, 7 PIERRE MAGNETTO, confi rme, en moyenne un enseignant des écoles dans la presse, d’effets d’annonce. Elle demande MATHILDE BLANCHARD travaille 44 heures par semaine, bien loin des de se mettre au travail, sérieusement. ET VIRGINIE SOLUNTO intro L’ÉTAT DE L’ÉCOLE 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp Un temps de travail qui pèse

Le temps de travail des enseignants explose. Il dépasse largement les 27 heures hebdomadaires offi cielles, le ministère lui-même l’estime à Donner à voir le 44 heures. Le temps hors la classe reste encore mal défi ni, mal reconnu et travail invisible garde une invisibilité qui ajoute au sentiment de surcharge. C’est la raison L’auteur, Frédéric Grimaud, PE et cher- pour laquelle le SNUipp-FSU demande la révision du temps de service cheur dans l’équipe ERGAPE, s’est posé des PE, en commençant par la réappropriation du temps des APC, mais cela la question : « Que font les professeurs ne sera pas suffi sant pour redonner une nécessaire respiration au métier. d’école lorsqu’il n’y a pas d’élèves ? ». Pour y répondre, il a mené une recherche dans les écoles des Bouches-du-Rhône durant trois années auprès des PE. Il s’agit d’aller au-delà d’un simple chiffrage ifficile de calculer précisément le d’avoir fait la preuve de leur effi cacité, elles pour s’intéresser à ce que font réellement les temps de travail enseignant, pour- allongent les journées et alourdissent la charge enseignants en dehors de la classe. Le livre tant, tous les PE le disent : la charge de travail. Mises en œuvre souvent sans convic- met ainsi en lumière une partie laissée dans © MIRA / NAJA MIRA © de travail leur pèse. Dans le cadre de tion « parce qu’il faut bien les faire », la réaffec- l’ombre d’un métier qui ne se limite pas au leurs obligations de service, les tation du temps qu’elles mobilisent serait utile temps élève, voire même à l’enseignement. Dpersonnels enseignants du premier degré aux équipes pour mener à bien d’autres activi- Grâce à des moments d’échanges, les ensei- consacrent 24 heures devant les élèves, complé- tés et projets essentiels, plus effi caces pour la gnants participant au travail ont pu identifi er tées par 108 heures dédiées aux concertations, réussite des élèves. leurs gestes professionnels, discuter de leur aux APC et aux animations pédagogiques. Mais Pour le SNUipp-FSU, une première étape passe pertinence. Un moyen aussi de se réappro- Investissement dans l’école : ces 108 heures annuelles débordent ! En effet, par la fi n des APC et la réappropriation de ces prier le métier, dans ses multiples dimensions. au-delà des trois heures hebdomadaires institu- heures. Ainsi, les 108 heures actuelles doivent Fredéric Grimaud et le chantier travail du tionnellement déterminées, beaucoup d’autres être laissées à la disposition des équipes péda- SNUipp-FSU donnent ainsi à voir toutes ces activités constituent le temps réel de travail gogiques. C’est un des moyens pour permettre activités périphériques montrant comment enseignant. La liste de ces temps « invisibles » aux enseignants d’être concepteurs de leur les enseignants tiennent le système à bout la France à la traîne est longue et difficilement exhaustive : des métier. C’est donc bien aux PE, en tant que pro- de bras. 10 minutes d’accueil avant la classe aux com- fessionnels, de les adapter à leurs besoins et mandes de classe, des lectures et rédactions de c’est la consigne lancée par le SNUipp-FSU a France est en queue de peloton. Le Derniers du classement projets aux consultations et saisies numériques depuis la rentrée 2016. Sachant que même si constat n’est pas celui de syndicalistes diverses, des équipes éducatives aux ESS… les équipes récupèrent ce temps, cela reste La France investit moins dans vindicatifs, mais de France stratégie, un Avec la fi n du gel du point d’indice tardive- Pour exemple, selon une enquête de la DEPP encore insuffi sant au regard de la charge de organisme chargé d’évaluer et de dessi- ment réalisée par le précédent gouvernement de 2013, le temps nécessaire pour les relations travail. Il est urgent que le ministère entende l’éducation que les pays aux ner les politiques publiques, rattaché à après six ans de régime sec, l’octroi de l’ISAE avec les partenaires éducatifs (parents, ATSEM, la profession sur ce sujet. économies comparables et qui font LMatignon. Ce manque d’investissement est à 1 200 euros et la déclinaison dans l’Éduca- animateurs, médecins et infi rmières scolaires) mieux qu’elle dans les comparaisons particulièrement remarquable au primaire, la tion nationale du protocole Parcours profes- occupe déjà à lui seul une part importante du internationales, que ce soit sur les dépense publique annuelle et par élève est en sionnels carrières et rémunérations (PPCR), temps de travail (voir tableau ci-contre). France de 5 916 € alors qu’elle est de 7 939 € les enseignantes et les enseignants des écoles Si l’on ajoute encore les incontournables : pré- TRAVAIL HORS LA CLASSE : 2 HEURES N’Y SUFFISENT PAS résultats scolaires, ou sur la capacité en moyenne dans les 11 pays* qui lui sont com- pouvaient enfi n espérer un mieux sur leurs paration de classe, corrections et recherches à réduire les inégalités sociales parables. Elle est de 6 986 € dans la moyenne feuilles de paie et réduire l’écart qui les sépare documentaires, conception de supports, c’est 13 Deux heures par Réel Reconnu OCDE. Et derrière les moyennes globales tou- de leurs homologues européens. Changement heures hebdomadaires qu’il faut adjoindre, tou- semaine de travail de destin scolaire. hors la classe sont jours un peu abstraites, il y a le quotidien des de cap, depuis son installation, le nouveau jours selon l’enquête de la DEPP. Au total, le inscrites dans les 1h03 Rencontres avec classes, plus chargées qu’ailleurs, le manque gouvernement multiplie les mesures d’écono- temps de travail des professeurs d’école est obligations de les parents d’enseignants spécialisés, de remplaçants pour mie budgétaires et remet ses agents à la estimé à 44 heures par semaine par le ministère service des enseignants. Mais Travail pallier les arrêts maladie et permettre une for- diète. Rétablissement du jour de carence, nou- lui- même. C’est beaucoup trop lourd. l’accumulation des 1h03 d’équipe 3h36 mation continue aujourd’hui en déshérence, veau coup de gel sur la valeur du point d’in- tâches à accomplir de différence fait que ces deux pour développer des dispositifs pédagogiques dice, décalage programmé d’un an (au Pour une révision du temps de service heures s’avèrent prometteurs comme le « plus de maîtres » ou moins ?) des mesures PPCR : le timide rattra- très insuffi santes. encore assurer la scolarisation d’un plus grand page salarial amorcé pour les PE sur leurs col- Face à ces charges de travail multiples, le - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e 3h10

17 100 000 nombre de tout-petits. Autant de moyens qui lègues des pays comparables est aujourd’hui SNUipp-FSU demande que les obligations de Autres tâches DE L’ÉCOLE L’ÉTAT TAUX D’ENCADREMENT manquent cruellement à l’école pour « tenir la enrayé alors que là aussi, les études interna- service des professeurs des écoles soient (conseils d'école, 2h formations…) C’est le nombre de postes promesse républicaine d’égalité et d’émancipa- tionales montrent une corrélation entre revues. C’est dans ce cadre qu’il continue sa 8 d’enseignants du primaire tion » comme le constate le rapport de France niveau de rémunération des enseignants et campagne pour la réappropriation des APC. 9 qu'il faudrait créer pour Temps de travail Temps de travail inscrit rejoindre la moyenne des stratégie. performances des systèmes éducatifs. Ces activités complémentaires peinent à faire constaté par le dans les obligations de pays comparables. *L’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, le Japon, les Pays-Bas et la Suisse. sens pour de nombreux enseignants. Loin ministère services intro L’ÉTAT DE L’ÉCOLE 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

DÉBUT DE CARRIÈRE Rendre le métier attractif

La crise de recrutement de professeurs des écoles s’installe d’année en année. A chaque session du concours, des postes restent non pourvus. Les défi cits de personnels se creusent dans des académies comme Créteil, Versailles, Amiens et en Guyane. L’administration répond par / NAJA MIRA © l’embauche de contractuels. Le SNUipp-FSU a d’autres propositions pour être à la hauteur Direction d’école : encore à faire ! de la situation et a solennellement alerté le ministre de l’Éducation nationale. Le dossier de la direction est toujours en souffrance et encore alourdi par la mise à disposition d’outils informatiques plus quasi disparition à cette rentrée des emplois aidés sur l’aide administratrice. facilitants. Les tâches restent trop nombreuses et transforment le directeur ou la directrice en Pourtant les tâches ne cessent de se multiplier et le fonctionnement

Espé : / NAJA MIRA © « couteau-suisse ». Dans quel collège, lycée les stagiaires critiques « couteau-suisse » imposé actuellement aux directrices et directeurs d’école ou établissement public hospitalier imagine- doit trouver des réponses qui ne peuvent plus relever du bricolage. rait-on que la fonction de direction intègre C’est le nombre que dans de nombreuses académies, les listes sur leur formation aussi des tâches de secrétariat, de standard cumulé de postes complémentaires n’ont pas été épuisées. Sur Insuffi samment préparés à prendre la téléphonique, de réception des livraisons ou 2 800 non pourvus au ces listes sont inscrites des personnes qui se responsabilité d’une classe, stressés, encore la charge de soigner les petits concours de recrutement de professeurs des sont retrouvées à quelques places de la réus- surchargés : les professeurs des écoles sta- « bobos » à la récré ? écoles depuis 2013. Ils sont encore 569 cette site au concours. Certaines ont même été giaires jugent sévèrement leur formation et oujours plus », c’est ce que dispositifs directement sur le temps scolaire année. Ensuite s’ajoutent les désistements de recrutées comme personnels contractuels, ce les conditions de leur entrée dans le métier. ressentent les personnels qui mais également dans le cadre péri ou extras- Besoin de temps et de personnels lauréats, les démissions ou encore les départs qui leur fait perdre le bénéfi ce du concours et Ils se sentent en diffi culté dans la gestion de ont pris la lourde charge de colaire : mise en place des PPMS et des en congés longs. Une fois encore en cette ren- la possibilité d’être titularisées qu’ils auraient la classe, des diffi cultés scolaires et de l’hété- la direction d’une école. Les alertes, dossier des rythmes scolaires, accueil C’est bien entendu tout le fonctionnement de trée, de nombreuses académies et surtout conservées comme LC. rogénéité. C’est ce que révèlent les résultats attentes de l’institution, des élèves en situation de handicap, nouvelle l’école qui est impacté par cet aspect multi- celles de Créteil, de Versailles, d’Amiens et de Enseigner est un métier exigeant qui nécessite de l’enquête 2017 du SNUipp-FSU auprès des «Tmais également des familles, des collectivités gestion administrative et comptable qui a tâches de la direction d’école. La part du travail Guyane manquent d’enseignants, 2 000 au une vraie professionnalité. Comment penser enseignants stagiaires. territoriales sont fortes et nécessitent des accompagné la mise en place des intercom- de direction consacrée à l’animation pédago- total sur le territoire. qu’une personne recrutée à la va-vite sans for- gestes professionnels de plus en plus tech- munalités, gestion de nouveaux personnels gique, à la coordination de l’équipe et à la Début de réponse, un concours supplémen- mation va pouvoir enseigner dans de bonnes niques et chronophages. Les fonctions de dans les écoles, climat scolaire… Si un travail réussite des élèves est bien trop souvent mise taire a été créé dans l’académie de Créteil, la conditions ? Pour le SNUipp-FSU, il faut recru- direction que ce soit sur le plan pédagogique de simplifi cation administrative a été engagé de côté. Aussi quand les familles peuvent trou- plus touchée, ce qui a permis de recruter ter des personnels formés et bien rémunérés. DES PE STAGIAIRES MÉCONTENTS ou administratif évoluent au fur et à mesure dans les dernières années du côté de l’Éduca- ver une personne qui répond au téléphone, 500 personnes supplémentaires, sans parvenir Il s’est d’ailleurs adressé dans ce sens au Pour la majorité des PE stagiaires, de la mise en place de nouvelles mesures ou tion nationale, il ne repose guère que sur la leur ouvre le portail sans avoir l’impression de toutefois à répondre à l'ensemble des besoins. ministre dans un courrier le 22 septembre. la formation à l’ESPE n’est pas déranger, les appelle s’ils ont oublié de préve- satisfaisante. Parmi les nombreux Une pétition a également été lancée et le syn- points faibles de la formation, nir l’école de l’absence de leur enfant cela par- Un recours aux contrats précaires dicat prépare une CONNAISSANCElettre ouverte. DEIl demande L’ÉLÈVE le manquePRATIQUE de pratiques PÉDAGOGIQUE pédagogiques ticipe fortement à l’amélioration du climat (PSYCHOLOGIE, SOCIOLOGIE…) et de gestionET GESTION de classe. DE CLASSE le recrutement sur listes complémentaires et Fin des contrats aidés : ça aide pas ! scolaire. C’est bien ce qui rend indispensable Pour pallier les manques, le ministère a pris leur ouverture là où cela n’a pas été le cas, la présence d’un personnel doté d’un véritable 10,5 11,9 % l’habitude de recruter des contractuels, des avec la possibilité de8,2 mutualiser ces19,7 %listes La suppression de 23 000 emplois aidés dans l’Éducation nationale a des incidences statut qui vienne décharger la direction d’un 9,8 % 20,3 % 69,8 % 67,8 % personnels non formés que l’on appelle pour entre départements. Surtout il est temps de directes sur la vie des écoles avec une quasi-disparition des aides administratives et des certain nombre de missions de la vie quoti- 18,2 % faire classe sous contrats précaires de quelques prendre à bras le corps ce problème de recru-2016 20,5 % 2016 conséquences négatives sur l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Une dienne d’une école. mois, sans perspective de titularisation. Mais tement et de trouver de vraies73,6 solutions% à long 69,7% décision qui est bien sûr aussi dramatique pour les bénéfi ciaires de contrats aidés qui se Mais c’est également de plus de temps dont 9 %

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17 cette année, le phénomène a pris une ampleur terme. Tout d’abord des pré-recrutements 21,9 % retrouvent brutalement sans emploi. Ces missions ne sont pourtant pas un supplément d’âme ont besoin les directeurs et les directrices 21,8 % DE L’ÉCOLE L’ÉTAT % 69,1% inédite. Leur nombre en octobre dépasse déjà rémunérés dès la L1 afi n de permettre aux étu-67,3 que l’on pourrait ajouter ou retirer au gré des politiques visant à faire baisser le nombre de d’école. L’effort consenti sur la mise en place e celui de juin dernier : plus de 2 000 à cette diants de se consacrer à leurs études. Et2015 une 2015 demandeurs d’emploi. Elles sont devenues incontournables dans l’école du 21 siècle que ce des nouveaux taux de décharge en 2015 doit 2017 2017 10 rentrée, hors Mayotte. entrée dans le métier progressive, accompa- soit pour l’aide à la direction et au fonctionnement de l’école ou encore pour l’accompagne- encore être amélioré avec notamment une 11 Cette solution d’urgence tend à se pérenniser, gnée et bien rémunérée afi n de le rendre plus • peu à pas satisfaisant ment des élèves en situation de handicap. Ces fonctions doivent, et c’est urgent, être recon- décharge hebdomadaire effective dans toutes • relativement satisfaisant un tiers des départements y a recours, alors attractif. • satisfaisant ou très satisfaisant nues par un plan massif de créations d’emplois stables et pérennes au sein des écoles. les écoles quelle que soit sa taille. intro L’ÉTAT DE L’ÉCOLE 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp Education prioritaire : sans cohérence ni moyens « Se nourrir de tous les résultats de la supplémentaires recherche et reprendre

En éducation prioritaire, là plus qu’ailleurs, il est du devoir de l’État et de la main sur le métier » son école de lutter contre le déterminisme social et culturel pour permettre • Moins de 3 ans

la réussite de tous les élèves. Les CP dédoublés, mesure emblématique du NAJA / MIRA © FRANCETTE POPINEAU En 2016, 96 556 élèves de deux ans révolus nouveau gouvernement, se sont mis en place au détriment des autres sont scolarisés, soit 11,86 %. Le taux de scola- Co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU moyens existants Pour combattre les inégalités scolaires. risation des enfants de moins de trois ans était en baisse depuis 1999. A la rentrée 2013, il augmente pour la première fois depuis 10 ans. A la rentrée 2016, un enfant de moins de trois ans sur cinq est scolarisé en éducation colariser tous les enfants de moins de prioritaire. L’effort consenti par l’Éducation Cette année scolaire a été « Autour de l’école, il y a besoin de n’en budgète pas suffisamment. trois ans, augmenter le « plus de nationale, nettement insuffi sant, conduit à des marquée par l’arrivée d’un Du coup, cette mesure, c’est un maîtres », développer les RASED, per- taux de scolarisation très bas et reste très mar- nouveau ministre. Comment politiques publiques solides de santé, peu comme un numéro d’illusion- mettre aux enseignants de mieux se qué par de fortes inégalités territoriales. De avez-vous accueilli cette niste car si on ne la mène pas au former et de travailler ensemble, en plus, ce dispositif, vecteur de réussite scolaire, nomination ? de logement, d’emploi, de culture, bout, elle aura peu d’effet. Sdéconnectant le temps élèves du temps ensei- nécessite des conditions d’accueil et de forma- FP. Ce ministre n’est pas tout à car les inégalités sociales se traduisent gnant. Tels sont les dispositifs défendus de tion qui ne sont pas toujours à la hauteur des fait un inconnu, il a exercé sous longue date par le SNUipp-FSU et partiellement spécifi cités des enfants de cet âge. Gilles De Robien et Luc Chatel, par des inégalités scolaires » L’objectif de 100 % de mis en place par le précédent gouvernement donc il connaît bien l'institu- réussite à l’issue du CP vous pour lutter en éducation prioritaire contre les • Plus de maîtres tion. Le SNUipp-FSU l’avait de semble-t-il réaliste ? inégalités scolaires. Des mesures, plébiscitées nombreuses fois rencontré de la maternelle. Les mesures FP. Posé comme ça, 100 % de réus- par l’ensemble des enseignants, qui au-delà de En janvier 2017, le SNUipp-FSU rendait lorsqu’il était directeur de la Malgré tout, à peine nommé mises en œuvre dissimulent un site au CP, ça ne veut pas dire grand l’éducation prioritaire, doivent nourrir toutes les publique son enquête auprès des enseignants DGESCO. Ce ministre ne cache il a annoncé des mesures projet pour l’école qu’il nous faut chose si on ne réinterroge pas for- autres écoles. Pour le SNUipp-FSU, cette volonté exerçant en éducation prioritaire et bénéfi ciant pas ses accointances avec l’Ins- concrètes pour l’école, les CP lire entre les lignes. tement les causes de la diffi culté. politique demande stabilité et cohérence mais d’un poste « Plus de maîtres que de classes ». titut Montaigne, ou avec « Agir à 12 en REP+, l’évaluation en Nous savons que les pratiques aussi des moyens. Et au-delà de dispositifs spé- Un dispositif plébiscité par 85% de la profes- pour l’école » qui sont quand CP, l’assouplissement des pédagogiques et les gestes profes- cifi ques, les effectifs restent trop chargés, les sion qui souhaitait le voir amélioré. Pour les même des associations assez rythmes hebdomadaires. Le CP à 12, n’est-ce pas une sionnels, ont un impact, mais nous enseignants pas assez formés et les aides spé- enseignants, il est une des réponses à la com- marquées sur les choix qu’elles C’est quelqu’un qui prend des bonne mesure pour les savons aussi que cela ne suffi t pas cialisées trop peu présentes. C’est le sens de plexité du métier parce qu’il a permis de dyna- peuvent faire en matière éduca- mesures pour l’école, c’est élèves en diffi culté ? pour les élèves défavorisés. 20 % l’appel, signé par de nombreux chercheurs, que miser le travail d’équipe. Créé pour lutter tive. Donc il n’arrive pas com- plutôt bon signe, non ? FP. L’entrée par la réduction du des élèves entrent en 6e sans maî- le syndicat avait lancé lors de son colloque sur contre la diffi culté scolaire, sans se substituer plétement blanc. FP. Les mesures qu’il a prises, nombre d’élèves, ainsi que l’intérêt triser totalement les connaissances l’éducation prioritaire en mars 2017. aux aides spécialisées (RASED) il a renouvelé Nous voulons bien lui faire étaient celles de la campagne pré- porté aux plus fragiles est partagé et compétences pour réussir au le métier en favorisant les interactions entre grâce de son passé, mais nous sidentielle d’Emmanuel Macron. mais cela ne doit pas se faire au collège. Et cela est corrélé souvent élèves et enseignants mais aussi entre élèves. avons besoin qu’il précise la Pour ce qui concerne les rythmes détriment d’un dispositif promet- aux inégalités sociales. Pour que politique qu’il souhaite mener. par exemple, c’était une promesse teur qu'est le « plus de maîtres que les acquis et les apprentissages • Allègement de service Or, ce qu’on observe, c’est que faite aux maires de certaines com- de classes » ou d’autres ouvertures soient solides, ils doivent être DÉDOUBLEMENT DES CP EN REP+ c’est un ministre qui commu- munes, avec des enjeux électora- de classes car des élèves fragiles il étayés par d’autres outils. La taille DÉSHABILLER PIERRE… Tous les enseignants des écoles de Rep+ béné- nique à travers les médias, en listes derrière, nous n’en sommes y en a partout. De surcroit, il laisse des classes en est un c’est certain, fi cient de 18 demi-journées par an allouées à direction de l’opinion publique, pas dupes. Pour ce qui est des CP entendre que l’année prochaine il mais il faut a minima des ensei- Le dédoublement des CP en Rep+ à la rentrée la formation. Sur temps de classe ou hors mais qui ne s’adresse ni aux dédoublés, c’était aussi annoncé ne dédoublerait pas les CE1 mais gnants ayant reçu une solide for- 2017 a impacté le remplacement, les RASED temps de classe avec récupération, ces temps enseignants ni à leurs représen- par le candidat Macron et Jean- les CP de REP alors que les études mation initiale et continue et des ou les ouvertures de classe. 1 925 postes ont été prélevés sur d’autres dispositifs. Le de formation permettent de travailler de tants. Cela nous inquiète parce Michel Blanquer pouvait diffi cile- qui seraient favorables au dédou- enseignants spécialisés en nombre - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e SNUipp-FSU revendique un allègement des

17 manière plus collective, d’échanger sur les pra- que si on pense qu’il connaît ment faire autrement. Quant à blement préconisent que l’enfant suffisant, Il faut aussi des poli- L’ÉTAT DE L’ÉCOLE L’ÉTAT effectifs, dans toutes les classes, mais cette bien le fonctionnement de l’ins- l’évaluation en tout début de CP, fréquente des classes dédoublées tiques sociales et de santé dans mesure ne peut se faire au détriment d’autres tiques, de mettre en place des projets ou des comme la scolarisation des « moins de actions de prévention, de développer le lien titution et du ministère, nous ça fait partie de la culture d’évalua- durant au moins deux années l’école et autour de l’école. Et il faut 12 trois ans » dont la montée en charge a a été école/famille... Même si seulement 40 % de pensons qu’il connaît plutôt mal tion à laquelle il est attaché. La consécutives. Mais le ministre se enfi n développer les collectifs de 13 interrompue. Quant au « Plus de maîtres », il paie le prix fort. 4 100 postes étaient prévus à la formation dispensée est en lien avec les le terrain et notamment celui du crainte c’est que ce soit un outil de heurte à deux réalités : il n’a ni les travail, pour sortir de l’isolement,

© MIRA / NAJA MIRA © la rentrée, seuls 2 927 ont été maintenus. demandes des enseignants. premier degré. remise en cause des programmes locaux, ni les enseignants, puisqu’il échanger, mutualiser. C’est tout ça intro L’ÉTAT DE L’ÉCOLE 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp « L'école souffre de vivre au rythme des alternances politiques, elle a besoin de constance et de sérénité. »

qui va permettre aux enfants qui sont les plus éloignés de la culture scolaire de pouvoir raccrocher. Tant qu’on continue de laisser pen- ser que seule une bonne méthode va permettre à ces enfants de réus- sir, on leurre tout le monde et on culpabilise les enfants et leurs pro- fesseurs.

Il y a quand même une chose marquante chez ce ministre c’est qu’il se réfère à la recherche. N’est-ce pas là plutôt une bonne orientation ? FP. Ce ministre prend des petits bouts de chaque chose. Il prend des éléments de comparaisons internationales mais pas tous, des éléments de la recherche, mais / NAJA MIRA © pas tous. Il a d’ailleurs un parti Pour mon métier pris, ce sont les neurosciences. est importante. Le ministre en fai- « Si on organise l’Université doivent sortir du Oui elles sont un apport impor- sant un focus sur les neuros- d’automne c’est pour se confronter système ordi- Se syndiquer ? tant, parce que comprendre l’acti- ciences se donne des allures naire, pour notre vité cérébrale c’est très important, modernes et ainsi considère que à la pluralité de la recherche, pour part nous faisons mais ce n’est pas comprendre ceux qui ne lui emboitent pas le permettre aux enseignants de croiser le pari de l’édu- Pour moi l’ensemble de l’activité mentale. pas sont des conservateurs. Cette tous ses domaines, sans exclusive. » cabilité. Pour le Bien sûr, il y a un fonctionnement vision étriquée sert son idéologie ministre, l’école Une vraie bonne idée du cerveau qu’il faut connaître. mais pas l’école ! de la confiance Pour l’école Mais il y a aussi tout l’environne- table formation continue. C’est consiste à laisser l’autonomie aux ment culturel, psychologique, une vraie demande, c’est une vraie écoles pour pouvoir les mettre en social, qui interfère. La recherche A l’occasion de cette urgence. Les pays européens qui concurrence, pour nous c’est de est intéressante quand on prend Université d’automne, vous ont fait progresser leur système reconnaître, de valoriser et d’ac-   Parce que le SNUipp-FSU a été attentif à votre situation, vous a donné Pour changer l’école et la société. tous les domaines disciplinaires, lancez un appel au ministre, éducatif ont misé sur la formation. compagner la professionnalité des une info, un conseil, et que d’autres en auront besoin demain. l’histoire, les sciences de l’éduca- de quoi s’agit-il ? Si nous on ne le fait pas, on va équipes pédagogiques. Les ensei-  Pour partager des valeurs et des solidarités.  Parce qu’on fait confiance aux représentants du SNUipp-FSU. tion, le développement pédago- FP. L’appel lui demande de déve- dans le mur. gnants doivent rester prescripteurs  Pour trouver à plusieurs les solutions qui manquent à l’école. gique, la linguistique, la lopper et diffuser la recherche dans de leur métier. Quand le ministre  Parce qu’on a envie de pouvoir bien faire son travail, d’être respecté en sociologie. Tous ces éléments son sens le plus large. Il consiste à parle de pragmatisme, derrière ça tant que professionnel.  Parce qu’on est plus intelligents ensemble. sont essentiels. Si on organise dire, Monsieur le ministre n’ayez Finalement, n’y a-t-il pas il y a beaucoup de dogmatisme et l’Université d’automne c’est pour pas de parti pris sur la recherche, une forme de malentendu de choix déjà faits. L’école souffre se confronter à la pluralité de la ce dont ont besoin les enseignants entre vous et le ministre ? de vivre au rythme des alternances recherche, pour permettre aux c’est au contraire de la recherche FP. Il est vrai que nous ne mettons politiques, elle a besoin de se syndiquer, c’est enseignants de croiser tous ces la plus riche et variée possible car pas les mêmes défi nitions sur les constance et de sérénité. Pour faire domaines, sans exclusive. C’est tous ses champs sont indispen- mêmes mots. Quand le ministre réussir tous les élèves, les ensei- comme ça qu’on bâtit la pédago- sables pour nourrir les pratiques parle de réussite des élèves, nous gnants doivent se nourrir de tous https://adherer.snuipp.fr DE L’ÉCOLE L’ÉTAT 66% de la cotisation sont remboursés sous forme de crédit d’impôt. gie. Les enseignants prennent les pédagogiques et appréhender nous parlons d’élever le plus pos- les résultats de la recherche, exer- Utile apports de la recherche scienti- l’élève dans toute sa complexité. sible le niveau de connaissance et cer pleinement leur liberté péda- fi que et les transforment en outils Cet appel, c’est aussi dire la néces- de compétences de tous les élèves. gogique, et reprendre la main sur 15 d’apprentissage. Cette transfor- sité pour les enseignants de croiser Pour le ministre il est possible de leur métier. mation par leur professionnalité la recherche au cours d’une véri- décider très tôt que certains élèves PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MAGNETTO 17e UNIVERSITÉ Dossier ’automn du SNUipp LECTURE

LA BANQUE DU MONDE DE L’ÉDUCATION Crédit photos : plainpicture/Fancy Images/Maskot/OJO. : photos Crédit

MA BANQUE EST DIFFÉRENTE, Apprendre à lire : CEUX QUI LA GÈRENT pas si simple Les carences du système éducatif français en matière d’apprentissage de la lecture sont réelles. SONT COMME MOI. Elles reviennent comme les feuilles d’automne à chaque évaluation CEDRE ou PISA, à chaque journée UNE BANQUE CRÉÉE PAR DES COLLÈGUES, ÇA CHANGE TOUT. Défense et citoyenneté qui évalue les compétences en lecture des jeunes Français. Faut-il se résoudre à cette fatalité insupportable quand l’acte de lire prend de plus en plus d’importance dans la vie Créé il y a plus d’un demi-siècle par des enseignants pour leurs collègues, le CME reste fi dèle à ses fondements mutualistes. quotidienne ? Face au discours simpliste d’un ministre qui fait croire que tout se joue au CP, il est Il place depuis toujours le client-sociétaire au centre de ses préoccupations. Ainsi chaque client a la possibilité de souscrire parfois nécessaire de réintroduire un peu de complexité. une part sociale qui le rend sociétaire. Et chaque sociétaire est copropriétaire de son CME. C’est ce qui lui donne le droit d’élire ses représentants bénévoles aux instances de décisions lors de l’Assemblée générale et ainsi d’être acteur des grandes orientations de sa banque. leins feux sur le CP pour la première année tées, mise en cause des enseignants utilisant des d’exercice du nouveau ministre de L’Éduca- méthodes supposées archaïques et ineffi caces… tion nationale. Jean-Michel Blanquer voit Mais comme le disait Lénine, les faits sont têtus. dans le cours préparatoire la pierre Les faits, ce sont des enseignants qui réfl échissent, d’achoppement du parcours de l’écolier inventent, progressent au jour le jour dans leurs Pfrançais et dans l’apprentissage de la lecture à la fi n classes en adaptant leurs pratiques à la réalité des de cette classe, un indicateur prédictif infaillible de élèves (voir p.21). Les faits, ce sont des chercheurs la réussite scolaire. « Je vise 100 % de réussite à la comme Roland Goigoux (voir pages 18-19) qui fi n du CP », claironne -t-il devant les médias dans le conduisent des enquêtes approfondies sur le ter- but mal dissimulé d’enrôler l’opinion publique dans rain pour essayer de dégager des pistes pédago- son combat contre l’échec scolaire pour imposer des giques et didactiques favorisant la réussite de tous méthodes « qui marchent ». Il pourfend le spectre les élèves. Les faits, ce sont de nouveaux pro- d’une méthode globale pourtant révolue, s’ap- grammes scolaires qui rappellent l’importance de puyant sur son interprétation des neurosciences. Et construire l’apprentissage de la lecture de la mater- multiplie les mesures et les déclarations hâtives et nelle au CM2, et même après, en menant de DOSSIER RÉALISÉ PAR 17 LAURENT BERNARDI, mal fi celées : CP dédoublés insuffi samment fi nancés concert le travail sur la phonologie et celui sur la MATHILDE BLANCHARD dans les REP+, évaluations CP décalées et inadap- compréhension. ET PHILIPPE MIQUEL Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et Caisses affi liées, société coopérative à forme de société anonyme au capital de 5 458 531 008 euros, 34 rue du Wacken, 67913 Strasbourg Cedex 9, RCS Strasbourg B 588 505 354 - N° ORIAS : 07 003 758. Banques régies par les articles L.511-1 et suivants du code monétaire et fi nancier.

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17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 tiques contrastés maisassumés deschoixdidac- d’évaluer met cours préparatoire. Celanousper- au toussontexpérimentés mais seurs observéssonttrèsdivers pratiques efficaces. Lesprofes- d’identifi des caractéristiques les er des élèves, notre objectif étant gogiques ordinairesetlesprogrès causales entrelespratiquespéda- relations des identifie qui étude C’estaussilaseule francophonie. pas d’équivalent à l’échelle de la donc n’a pratiques des description codées à la minute près. Notre semaines d’observations ont été CP pendant trois semaines. 420 d’observer chacunedesclassesde Cette étudelongitudinaleapermis et enfin de CP puisenfi n de CE1. audébut élèves 2500 de cohorte pu évaluerindividuellement une yontparticipé.Ona élèves 3 000 son ampleur, 131classes et plus de RG. en quoiest-elle originale? l’enseignement delalecture, vaste étude sur Vous êtes àl’origine d’une d’enseignement delacompréhension auCP» « Nousavons constaté yavait qu’il très peu La premièreoriginalitéc’estLa APPRENDRE ÀLIRE aller plus lentement lorsque les lorsque lentement plus aller intuitive selonlaquelleilfaudrait mécanique du déchiffrage. L’idée au CPpour mettre enroute la sanstarder gnement doitdébuter pénalisent leurs élèves. Cetensei- dances graphèmes-phonèmes trop tardivementlescorrespon- dient trop peu, trop lentement ou des supports. Les maîtres qui étu- cation de l’étude du code et lechoix RG. avez tirés devotre recherche ? enseignements quevous en Quels sont lesprincipaux initial desélèves. comme leniveau de performance ou l’âgeontétécontrôlées,tout sociale des élèves, lalangue parlée, variables tellesquel’origine progrès desélèves.Lesautres en relation les pratiques avec les calculer l’effet-maître en mettant modélisations statistiquespour tion et nous avons réalisé des àl’observa- formés ontété teurs enquê- Les enseignants. par les Le premierconcernelaplanifi-

http://ife.ens-lyon.fr/ife/recherche/lire-ecrire apprentissages. disponiblesurlesite Unrapport del’IFÉ: de lalecture et del’écriture surlaqualité despremiers de recherche surl’influence despratiques d’enseignement Transmission, éducation) ilanotamment dirigéunrapport Membre dulaboratoire ACTé (Activité, Connaissance, à l’École supérieure duprofessorat et del’éducation. de l’éducation àl’université Clermont-Auvergne. Ilenseigne Roland Goigouxest professeur desuniversités ensciences ROLAND GOIGOUX pénalisent leursélèves ». graphèmes-phonèmes tardivement les correspondances peu, trop lentement outrop « Les maîtres quiétudient trop cela n’est guère pertinent. cela n’estguèrepertinent. pondances très rares en français et enseignants étudientdescorres- Certains sonsvoyelles. les t, l,s»et début del’année,lesconsonnes«r, voir de Pardéchiffrage. exemple, au celles quigénèrentleplusdepou- pondances lesplusfréquentes, choix judicieux et étudie les corres- La majorité des enseignants faitdes problème. pasde pose ne revanche d’étude des correspondances en des 9premièressemaines.L’ordre aucours sontétudiées phonèmes 14 correspondancesgraphèmes- ralentit. L’impact estpositif lorsque quelemaîtreplus endifficulté erreur.une sontd’autant élèves Ces élèves sontinitialementfaiblesest et fait apparaître ce qui a été étudié et fait apparaître cequi a été étudié Le logiciel calcule la déchiffrabilité élèves. parles étudiés mots entiers les et d’indiquer lesgraphèmes ligne «Anagraph »quipermet on aconçuunlogicielgratuiten supports, leurs àchoisir maîtres clés de laréussite. Pour aider les deux critèresestdonc l’unedes texte. Lecompromis entreces du sémantique l’intérêt de celui ture : celui de la déchiffrabilité et pour choisir leur support de lec- les maîtres utilisentdeux critères cule laproportion de graphèmes lement déchiffrables. Sil’oncal- à lalecturedesélèvessontinéga- choisis par lesmaîtres etproposés On a aussi observé que les textes Nous savons que Nous savons que faibles.ment élèves initiale- lespénalise déchiffrable texte troppeu que lechoixd’un texte, onconstate lecture d’un avantlaétudiés gnement hebdomadaire pourrait etsymbolique.Cet ensei- affectif intéressants sur leplan culturel, de jeunessepluslongset littérature de albums des exemple par maître, voixparle haute textes entendus,c’est-à-direlusà ment de la compréhension de pédagogie explicitedel’enseigne- cifiques. Etconstruisonsune partir demotsouphrasesspé- étudier lecode pour lui-même à termes, n’ayonsaucunscrupuleà dage encontexte.End’autres pour l’étude du code etdu déco- mêmes textes que ceux utilisés surlespas nécessairement mais surlacompréhension travail d’accroitre letempspasséàun dans cedomaine. Ilseraitbon inégalités des reproduction sociale forte très une temps, même le dans la compréhensionauCPet, avait trèspeud’enseignementde RG. Et surlacompréhension ? ment delalecture. pas seule- viser et faut ture qu’il apprentissage delalecture-écri- phie etencopie.C’estdoncun faut qu’ilssoientbons encalligra- les élèvessoientbons en dictéeil Pour différée. copie de tâches que des àl’aide notamment copie, n’enseignent pasexplicitementla mais nombreux sontceux qui beaucoup copierleursélèves font maîtres Les l’orthographe. l’espace cognitif pour mémoriser mots écrits, donc de libérer de et d’apprendre àsegmenter les d’automatiser le gestegraphique tantes. Elles permettent à l’enfant copie sont également très impor- modestes, lacalligraphie et la activités quiapparaissent l’acquisition dudécodage.Deux ture) sont les plus efficaces pour tés de dictée ou d’essais d’écri- (activi- cequ’ilsentendent élèves plus detempsàfaireécrireaux Les maîtres qui consacrent le mental des activités d’encodage. tats signifi fonda- rôle le est catifs deuxième ensemblederésul- Le mieux réfl échir àsapratique. àsesélèvesetpeutainsioffre qu’il intellectuelle l’expérience de L’enseignant aaussitôtunephoto dans letexteparuncodecouleur. Nous avonsconstatéqu’ily respondances lettres-sons (notam- avant d’introduire quelques cor- les compétencesphonologiques, travailler lapartieoraleducode, RG. dès lamaternelle ? graphèmes-phonèmes, correspondances Faut-il étudier les compréhension. à cetenseignementexplicitedela par semainedevraitêtreconsacrée consensuelle. Au moinsuneheure plus souvent ». leur parledeuxfois moins d’élèves on « Avec deuxfois est 2015 programmes les avec nelle. Cetteaffi rmation cohérente poursuivre celuiengagé enmater- et,aucontraire,hension auCE1 letravailsurlacompré- différer du CP. Pour autant,ilnefautpas un rôle majeur etc’estlapriorité joue enseignement Cet décodage. nèmes, àlafoisenencodageet correspondances graphèmes-pho- faut un enseignement explicite des qu’il consensuelle l’idée soutenir tive. Leurs résultats permettent de modèles de la psychologie cogni- sciences ontsurtoutvalidéles tion. Jusqu’à présentlesneuro- qui enestfaituneautreques- tion scientifi que, l’usage politique RG. phonologie ? qui insistent surla chercheurs enneurosciences contradiction avec les Cela n’est-il pasen tout fairemal. faire en mêmetemps, on risque de ture. Quandonessayede tout sions del’enseignementlalec- de dissocier les différentes dimen- l’école maternelle. Ilfautaccepter pour Cèbe Sylvie de direction que nous avons élaborés sous la s’inspirer desscénariosNarramus En maternelle on commence à En maternelle on commence à Non, iln’yapasdecontradic- entendus ». la compréhension detextes explicite del’enseignement de « Construisons unepédagogie le soit pas et a su minimiser les cheurs atout fait pour ne qu’elle RG. relancée àlarentrée… méthodes delecture aété La polémiquesurles lance accrueetplusprécoce. unevigi- cipe maissansrefuser unbonprin- est descycles logique enseignement trèsdifférencié. La tissage hebdomadaire etd’un besoin deplustemps d’appren- auraient élèves Certains sées. tantes ?Sioui,pourquellescom- pour décelerlesdifficultés impor- ser d’évaluations standardisées l’année duCP?Doivent-ilsdispo- établir un seuil d’alerte au cours de ont besoin les enseignants pour dont indicateurs sontles quels tôt : pas auCP. Laquestionseraitplu- RG. Mais tout sejoue-t-il auCP? Le cycle 2dure trois années. némiques. des correspondances graphopho- la classe de l’étude systématique sage delalecturemaisleCPreste phiques vont faciliter l’apprentis- des lettres,leshabiletésgra- giques, laconnaissance du nom On saitqueleshabiletésphonolo- sontprivilégiées. qui d’encodage tique. Cesontdonclesactivités découvrent leprincipe alphabé- ment voyelles)afi n quelesenfants Non biensûr, tout nese joue La communautédescher- La des aides personnali- conception la et RASED aussi à réviser lerôle des tion. Celaamènerait d’alerte et de remédia- construire des dispositifs de auxmaîtres permettre novembre pourraient évaluations aumoisde s’inquiéter etréagir. Des Pâquesattendre pour pétences ?Il ne faut pas tion d’uneméthodeunique. l’imposi- c’est inacceptable serait tous lesmaîtreslefont.Cequi monde estd’accordet,enplus, et les sons. Sur ce point, tout le lettres les entre correspondances un enseignement explicite des signifi qui »ce syllabique « type e devilégier unenseignement Le ministre a dit qu’il fallait pri- heureux. c’est et DGESCO par la aucune consigne n’a été rédigée du ministre. Aucune circulaire, maladresses de communication et 18del’autre… côté d’un 6 parfois et élèves, 24 les avec co-intervention en être momentson pourraàcertains Ainsi intéressants. résultats des 24 élèves,ondoitpouvoirobtenir possible avec deux maîtres pour maîtres quede classes »rendue de du «plus dynamique collective place. Enplus, sionutilisela du maître doivent semettre en validation-invalidation delapart giles, des moments de les plusfra- diats pourlesélèves plus ciblé des feedbacks immé- individuels, un accroissement ciations plus poussées, des temps de pédagogies avec des différen- types D’autres pratiques. des tion l’accompagner d’unemodifica- provoquer uneffetfort,ilfaut fois plussouvent.Maissionveut moins d’élèves on leur parle deux vent modeste.Avec deuxfois CPdédoublé,sou- »uneffet ment aussi pourquoi il y a vers les élèves augmente, c’est nombre de feedbacks du maître dans lestâchesscolaires.Le niveau d’engagement des élèves liore leclimatdelaclasseet parce quegénéralementçaamé- RG. d’enseigner lalecture ? réponse àladiffi culté Les CPà12sont-ils une C’est uneréponse partielle « mécanique- du SNUipp UNIVERSITÉ 17 ’ automn automn e 19

LECTURE 20 Dossier

17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 nié par leurs enseignants tant il était éloigné de cet exercice obligé, très souvent adapté et rema- élèvesterritoiredu CP les tous de ont sacrifi à é les que papier à crayon d’un souvent plus le d’encre.beaucoup coulerfait c’estMais armés déjà ont septembrecourant passées luations cipitation et sans aucune concertation, les éva- Annoncées tardivement, concoctées dans la pré- Des évaluations contestables des 3881postes supplémentaires prévus. serait étendu aux CP de REP, absorbant 3400 dédoublement le que annoncé a ministre leL’an difficulté.prochain, en élèves des également comptent qui classes des semble çants,l’allégementde effectifsdes l’en- dans rempla- titulaires de postes de création la aux dépens de la reconstitution des RASED, de élèves. Les CP à 12 se construisent également travaille etéquipe en apprentissages les des taire avec des premiers effets mesurables sur talle progressivement dans l’éducation priori- s’ins- qu’il même alors endroit,détricoté par positif détournementtable moyens.de dis-le Ainsi, financer la mesure et il a dû recourir à un véri- suffid’être loin sont elles ment, pour santes gouverne-précédent le par décidées poste de créations des année premièrecette pour tions d’apprentissage. Si le ministre bénéficie condi- les sur classe effectifsde des l’impact favorablement par des enseignants qui savent Une disposition qui ne peut qu’être accueillie dans l’éducation prioritaire renforcée (REP+). dédoublement de 2500 CP limités à 12 élèves 2017.rentrée la Le dès place en mise tique embléma- mesure une par passeministre le 100 % de réussite au CP : l’objectif affiché par Les CPà12imposés auxforceps « Plus de maîtres que de classes été » a LECTURE réaffirmée parlesnouveaux programmes et lesréalités duterrain. et depréconisations quivont parfois àl’encontre delalogiquecycles ministre atraduite dèsledébutdel’année paruncertain nombre demesures cruciale et déterminante pourlasuite delascolarité. Unefixation quele Jean-Michel Blanquersemble se focaliser, voyant dansleCPuneannée Si pourcertains, tout se joueavant sixans, c’est surlecours préparatoire que Tout se joueauCP? sur letravail desenseignants hiérarchie la de accrucontrôle favoriser un de de peser sur le contenu de l’école maternelle et tions positives en maternelle ainsi que le danger évalua- les et cycles des politique la avec ture les élèves ou les enseignants ? Il a pointé la rup- système,Le ? évalue-t-onévaluations. Qui ces files sur s’interrogeant plan, ce sur de nalités pose. Le SNUipp-FSU a exprimé ses inquiétudes se l’exploitationqui résultatsde questiondes la c’estdésormais maternelle, de grammes pro- nouveaux des contenus les avec complet des compétences évaluées souvent en décalage tée, de la difficulté des items choisis et du choix maternelle. Au-delà de la présentation inadap- la de juste tout sortant enfant d’un réalité la méthode globale, dont tout le monde admet monde le tout dont globale, méthode la sur pas non et syllabique type de explicite, vertes des neurosciences, donc sur une pédagogie décou- les s’appuierasur on lecture, la Pour « L’épouvantail delaméthode globale probants. » Par une déclaration dans l’ sauf toutrésultats des qu’elleeu aujourd’hui a sciences nesont élément. qu’un neuro- les dont 18-19) pages voir Goigoux, Roland de celui recherche(comme de travaux réfll’ensemble sur des pratiques leurs et exion leur d’appuyer et d’apprentissage modes réalité plus complexe, soucieux de diversifier les une dans quotidiennement immergésautres, les et CP de enseignants les pas convaincra c’est sans doute le but, le discours du ministre ne l’opinion et dans publique, chemin son fait S’il tées comme réponse définitive à l’échec scolaire. réinterpré-neurosciences des quasi-exclusiveà gnants de CP. D’autre part, il martèle sa référence complètementpratiquesdes disparu ensei- des signifiutilisée été jamais quasi- a etcativement n’aqu’elle même alors collège, l’entréeau d’élèvesà % non-lecteurs 15 des et thographe comme responsable de la déliquescence de l’or- désignée fantasmée, globale méthode une nouveau à exhume il part, D’une coups. deux pierre d’une fait Blanquer Jean-Michel août, Obs du 28

© TRÉVIERS / NAJA D tous leschemins Lecture :explorer REPORTAGE ENCPÀHAGÉTAUBIN (64) l’expertise dumaître, sans doute plusquesurlaméthode choisie. enlecturecourts desCPd’Hagétaubin. Unelecture collective quis’appuie sur phrase, illustrations, viennent structurer lesséances dedécouverte detextes Décodage, reconnaissance globale, mémorisation del’ordre desmotsdansla variété d’approches que Gaël apprécie parti- apprécied’approches variétéGaël que C’estcetteprocédures. de ensemble un à tidieux, mais la lecture se met en place grâce une phrase dedeuxlignes, peut sembler fas- reconstituerpour mot, par procédé,Cemot Lire, unedémarche complexe trouveront ce quiest écrit. sant d’autrescohérent.Sur c’estfai-mots,est en précédemment écrits pour vérifier que le sens enchaîne en faisant relire l’ensemble des mots stratégie.autreacquiescemaîtreet Led’une comme vendredi », commente Flora qui a usé ment il s’écrivait sur mon livre. » « Il commence je volerais jusqu’à la lune ». « J’ai regardé com- reconstituer la phrase pour TBI le sur mot du l’étiquette glisser rais ? » demande-t-il à Calie qui vient de faire « Comment as-tu fait pour trouver le mot vole- stratégies.différentes travers à sollicitant front,de séancetout aprèsséance,mène les il CP 11 ses Pyrénées-Atlantiques,avec des du Hêtre blanc à Hagétaubin, une école rurale l’écolede GS-CP classe une dans Enseignant que les enfantsles que » lettres les chanter « avec Gaël il n’y a pas à choisir.à pas a n’y il Gaël avec tains éléments de manière globale, reconnaîtrelecture,cer- de projet compréhension d’un texte, avoir un la dans entrer code, le échiffrer « Si j’étais une libellule, page defichier aujourlejour. suivreune de pas écouted’êtrenon etleur à élèves,des besoins des près plus au rester diffien de s’agitlui Il pour notamment. culté pratique aux besoins de chaque élève, les plus sa adapte d’autresméthodes, à emprunte proposed’autres crée qu’il qu’il ou même lui exercicesles sélectionne l’intéressent,qui en il TBI, du usage fait Gaël Ainsi, ». détacher m’enpouvoir d’expérience pour fisamment sur le livre du maître, depuis. l’aenrichieil grandement mais Ribambelle, méthode s’appuyerla de continuesur gnant l’ensei-débuts, ses à Comme culièrement. lecture ouencore delire àvoix haute. de formesdiversespratiquer cettede compréhension,régulertexte, comprendrede un de aussi il va s’agir d’identifier des mots avec une association régulière de l’encodage et du décodage. Mais mer à l’oral, lire, dire et comprendre le fonctionnement de la langue. Plus précisément en lecture, En français, les enseignements se construisent autour de quatre domaines : comprendre et s’expri- mentaires. Ces apprentissages se construisent demanière simultanée enlecture et enécriture. fonctionnementmaîtrisedu la codedu etcompréhension la textes,des foisla à narratifs et docu- prentissage central dont l’enseignement de la lecture fait partie avec deux dimensions principales : pensée transversalement avec l’ensemble des disciplines. Cet apprentissage constitue l’objet d’ap- Ce qu’en disent lesprogrammes « Je ne garde surtout pas le nez collé nez le pas surtout garde ne Je « devrontavoir acquis premièreleur autonomie lecture.la dans L’étude êtredoit langue la de élèves les que années trois de CP,terme regroupeC’estles au 2 CE2. donc cycleet Le CE1 confie-t-il. J’ai acquis suf- rité qui rité une régularité pour être assimilée, une régula- Lire, c’est une démarche complexe qui nécessite exercicesdes similaires.proposer cédure, de aussi l’importance pour lui de répéter une pro- précise Gaël phrase. de début en majuscule la ou pluriel du » s « le par sollicitée est aussi syntaxeLatexte. du l’illustration par suggéré contexte un à encore ou globale, naissance recon- une à sens, au grâceaussi mais lettres des sonorité la à liées d’indice prises des sur fois la construireà se va lecture la Ainsi, Gaël. lecture.»,première sa réguler à ainsi d’autresapprend lui Celastratégiespossibles. sur sollicité est il temps, même en et mieux le « Chaque enfant se saisit du canal qu’il maîtrise sens. son tout prend séance la coup, Du plement appliquée. de l’enseignant, au delà d’une méthode sim- pagnés pas à pas par les gestes professionnels faire,accom-à réussi ont classe la de élèves C’estles collectivement,phrase.que,» cela de mot reconnaîtrefautchaque lire,il pour « que alors précise élève,lui autre une Marie, mémoire. de récité ou lu a s’il demande maîtreLe album. son ni regardersansTBI, le » lit « phrase,Paul la de relecture la de Lors ractions entre lemaître et lesélèves. met un climat favorable à ces moments d’inte- volontierspetiteffectifle que classesa de per- . Gaël confie Gaël ». enfants les rassure « précise du SNUipp UNIVERSITÉ 17 ’ automn automn e 21

LECTURE Dossier LECTURE

Recherche lire-écrire au CP : quelques résultats

LA COMPRÉHENSION AU SECOND PLAN D’OÙ VIENNENT LES PERFORMANCES FINALES ?

Selon l’étude de l’équipe Goigoux, la plus grande partie des tâches L’étude a cherché à connaître les ressorts lis à se passe avant la lecture, très peu pendant et après la découverte la progression des élèves de CP en lecture à collective. Peu de temps reste donc disponible à la lecture et à la partir de deux évaluations réalisées en début et compréhension de textes lus par l’enseignant dont les élèves ne en fin d’année scolaire. peuvent avoir une lecture autonome. Selon l’étude, l’évolution des performances 30 min constatée en fin d’année est due pour : 1,08 heure tâches orales par semaine consacrée qui portent sur aux diverses tâches l’élaboration de compréhension. du sens

13 min tâches informelles 53%aux performances initiales 25 min 34% tâches écrites de l’élève en début d’année individuelles indéfinissable 8,1% 5% L’univers magique à l’effet classe aux caractéristiques (méthodes et supports socio des Moomins va utilisés par le maître) démographiques émerveiller une nouvelle génération d’enfants… GRAPHO-PHONÉTIQUE : PARTIR VITE

Plus le nombre de graphèmes et phonèmes 20 étudiés est important au cours des Anagraph neuf premières semaines plus l’effet est ce texte est-il lisible par mes élèves ? bénéfique sur l’apprentissage de la lecture. 16 Les 13 classes dont le 14 Plateforme en ligne entièrement gratuite et disponible sur le site tempo est le plus lent 13 de l’IFÉ, « Anagrah » permet d’entrer les correspondances grapho- étudient en moyenne 11 6 CGP 10 phonémiques qui ont été explicitement étudiées et les mots entièrement 9 mémorisés pour ensuite analyser le texte. Elle offre une vision du contenu 8 linguistique du texte, avec l’ensemble des graphèmes qui le composent. 7 Elle permet de savoir si le texte choisi est peu ou au contraire très déchif- 6 Dès frable et s’il est adapté aux enseignements conduits. C’est une aide à la - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e 3 ans 17 planification de l’étude du code et à la différenciation. L’outil permet d’obtenir un texte en couleur mettant en valeur les gra- phèmes en rouge, les mots étudiés en vert avec la possibilité de faire 22 étudiés de CGP nombre apparaître les lettres muettes. Après analyse du texte, il y a possibilité • effet négatif • effet positif Les 13 classes dont le tempo AU CINÉMA LE 29 NOVEMBRE d’effectuer des tests en cochant ou en décochant des graphèmes pour est le plus rapide étudient en observer les conséquences sur la part déchiffrable. en moyenne 20 CGP DISTRIBUTION INTERNATIONALE EN COLLABORATION AVEC AVEC LE SOUTIEN DE

BIS-MOOMINS-FENETRESURCOUR.indd 1 04/10/17 12:33 atelier APPRENTISSAGES 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp « Le langage, un outil qui nous permet de penser » ÉLISABETH BAUTIER Élisabeth Bautier, professeure émérite en sciences de l’éducation (université Paris 8, équipe Circeft Escol), privilégie l’entrée langagière pour traiter des questions de différenciation sociale, d’apprentissage, d’enseignement. Elle travaille à la compréhension de l’évolution de l’école, du curriculum, des discours et pratiques scolaires et à leurs incidences sur les inégalités scolaires. Dernier article paru : AJA

/ N « Et si l’oral permettait de réduire les inégalités ? » in les dossiers des sciences de IRA IRA

© M l’éducation n° 36.

Qu’est-ce que le langage pour faute de formation suffisante des prentissage d’un vocabulaire pour pour une séance où elle propo- apprendre? enseignants. Dès le début de la réfléchir, notamment celui de sait d’apprendre à faire la diffé- EB. La question de la maîtrise de la scolarité, il s’agit de familiariser les l’école. Par exemple les verbes rence entre les deux. Alors langue se pose à l’école depuis des élèves avec un usage qui n’existe comparer, organiser, classer, sou- qu’elle aurait pu revenir sur le décennies avec une question pas toujours en famille en propo- vent utilisés sans que certains sens du mot différence, définir ce récurrente : pourquoi cette maî- sant aux élèves des situations pour élèves en maîtrisent vraiment le qu’est une caractéristique... Il trise différencie-t-elle à ce point les les faire expliquer, les faire réflé- sens. Que ce soit en langue mater- n’y a pas de raison de se priver élèves souvent en relation avec chir sur les «objets du monde» et nelle ou en langue étrangère, il me d’utiliser et donc d’apporter aux NAJA leur milieu social et culturel? L’im- ainsi leur faire comprendre que le semble que l’on a abandonné l’en- élèves un vocabulaire spécifique UCADIE / © puissance des enseignants à langage n’est pas uniquement là seignement de lexiques déconnec- précis et adapté, notamment résoudre ce problème signifie sans pour parler de ce qu’on ressent ou tés des situations qui les celui qui est propre à chaque dis- doute que la question est mal raconter des histoires, même s’il nécessitent qui n’était pas efficace. cipline. Les enfants n’ont pas de posée. Peut-être convient-il plutôt est aussi fait pour cela et qu’il faut difficulté particulière à de s’interroger sur les usages spé- aussi savoir le faire. apprendre et retenir des cifiques de la langue et donc du noms compliqués, par Le langage pour apprendre langage qu’il faut enseigner à tous « Les enfants n’ont pas exemple ceux des joueurs les élèves pour qu’ils puissent Pouvez-vous donner de difficulté particulière de football étrangers ! bénéficier des situations scolaires un exemple de ce type La langue n’est pas le langage. d’apprentissage qui passent forcé- de situation pour à apprendre et retenir ment par du langage oral et écrit. les jeunes enfants? Les enseignants sont-ils Pour la chercheuse Élisabeth PAROLE DE MAÎTRESSE Le langage pour apprendre, c’est EB. Il s’agit pour les enseignants de des noms compliqués » suffisamment sensibilisés Bautier la distinction est un usage qui met l’accent sur le solliciter les enfants à prendre la aux enjeux que vous fondamentale. Il existe bien un rôle cognitif du langage en tant parole avec des questions en com- décrivez? langage spécifique à l’école qui qu’outil qui nous permet de pen- ment? En pourquoi? pour entraî- Le lexique pour apprendre, c’est EB. J’ai l’impression que la forma- i je m’étais lancée dans la lante de la classe. Au début, convaincue par les ser, de conceptualiser, de raison- ner des réponses en parce que et d’abord le lexique en situation de tion a un peu de retard et laisse sur n’est pas le langage pour pédagogie Montessori, au chercheurs, je savais que je voulais le faire mais ner, d’argumenter. À la différence pas seulement des questions en travail, celui des disciplines et des ce point les enseignants dans le s’exprimer ou pour raconter mais moins on verrait ce que je je n’y arrivais pas, alors je collais des post-it un qui? et en quoi? Ce savoirs, celui des verbes d’activité flou. Pour atteindre les objectifs un langage qui sert à questionner, fais », s’amuse Cécile peu partout pour me le rappeler pendant la type de questions d’exploration et de raisonnement. ambitieux affichés par les nou- à réfléchir, à apprendre. Cet Hemous, enseignante en journée », témoigne Cécile. Quid des effets de « Amener les enfants va amener les veaux programmes d’aider les «Spetite section et directrice de l’école primaire la parole modélisante de l’enseignante sur le enfants à s’interro- élèves à penser, réfléchir, raison- instrument essentiel, vite maîtrisé de Cubnezais (33). À force d’accueillir des langage des élèves ? « Il faut être patient, en à s’interroger, à formuler ger, à formuler des Pour l’enseignant, cela passe ner, on a encore plus besoin du par les « bons élèves », doit être élèves qui ne parlent presque pas, ou restent maternelle. Au début, on est dans la redite, hypothèses, ceci par une certaine rigueur dans langage. Lorsqu’il ne s’agissait que appris par les enseignants aux cantonnés à un vocabulaire très utilitaire, mais pour certains enfants, il ne faut pas des hypothèses, ceci bien sûr avec leur propre expression orale... de réciter par cœur et de restituer, Cécile a ressenti la nécessité de jouer un rôle oublier qu’il s’agit de la première fois. » Et pour l’étayage de l’en- EB. Tout à fait, j’ai l’habitude de l’exigence était moindre. Les enfants qui le méconnaissent. actif dans le domaine du langage. « Le lan- ceux qui restent mutiques ? « Parfois, je les sol- bien sûr avec l’étayage seignant. Celui-ci dire que si les enseignants pou- enseignants ont bien conscience Pas toujours facile, comme en gage ne s’invente pas, c’est à moi de leur impo- licite seulement par un oui ou par un non, c’est va fournir les vaient éviter d’utiliser le verbe qu’il faut se saisir de cette com- témoigne l’enseignante de petite ser un modèle », précise l’enseignante qui une façon pour eux de se réapproprier la parole de l’enseignant » formes lexicales et faire, ce serait une bonne habi- plexité nouvelle et enrichissante section Cécile Hemous, mais s’astreint à commenter à voix haute toutes les de la maîtresse ». Une démarche parfois diffi- syntaxiques néces- tude. Ce verbe est typique d’une proposée aux élèves mais ils n’ont activités de la classe, en verbalisant le projet cile qui demande d’abandonner la volonté de saires afin de les intercompréhension où tout le pas forcément été préparés à en - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e fondamental pour lutter contre

17 qu’elle a pour ses élèves, en posant des mots tout contrôler et de sortir de la valorisation d’autres usages comme la com- rendre progressivement familières monde comprend ce que cela décrypter les ressorts, à transfor- APPRENTISSAGES les inégalités sociales. précis sur les situations, les faits et gestes des immédiate apportée par des activités qui munication ou l’expression. Cette même aux enfants qui ne les veut dire mais de façon vague et mer en ce sens leurs pratiques enfants avec le souci de s’éloigner du descrip- débouchent sur des productions concrètes. notion a été mise en exergue dans entendent pas à la maison. Il ne imprécise. Un exemple entendu pédagogiques, avec à la clé une 24 tif pour expliquer, traduire ses intentions, sa « Heureusement mes collègues sont convain- les nouveaux programmes car elle s’agit pas de leçons de vocabulaire en classe : une enseignante qui impuissance à lutter contre les iné- 25 pensée, ses analyses. « Ce n’est pas facile de cues et constatent des effets dès la moyenne n’était pas assez identifiée et tra- ou de listes de mots comme cela a dit à ses élèves « aujourd’hui, on galités scolaires. prendre de la distance avec l’activité fourmil- section », se rassure Cécile. vaillée dans les classes, sans doute pu être proposé mais plutôt l’ap- va faire les légumes et les fruits » PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE MIQUEL atelier APPRENTISSAGES 17e UNIVERSITÉ « Sans concepts ’automn préexistants, les élèves du SNUipp seraient dans le chaos » EMMANUEL SANDER Emmanuel Sander est professeur ordinaire à l’université de Genève dans le domaine « Intervention en situation scolaire : apprentissage et développement ». Ses travaux portent sur les processus de construction et de transmission de connaissances et ont montré que la psychologie des apprentissages scolaires avait grandement à gagner en intégrant les interprétations initiales d’un élève. Il est co-auteur, avec Jacques Lautrey, Sylviane Rémi-Giraud et Andrée Tiberghien de l’ouvrage « Les connaissances naïves » AJA

/ N (Armand Colin, 2008) et, avec Douglas Hofstadter, de « L’analogie, cœur de la pensée » IRA IRA

© M (Odile Jacob, 2013).

En quoi les connaissances tants, les élèves, comme tout être domaine de validité de la connais- leurs permet de court-circuiter le de la vie de tous les jours humain, seraient dans le chaos. sance intuitive. C’est là que la ques- codage spontané de l’énoncé et participent des L’idée est répandue que ces tion des savoirs scolaires est d’aller vers l’addition de deux par- apprentissages des élèves ? connaissances intuitives sont un essentielle. L’école de la vie ne suffit ties pour retrouver le tout. On rend ES. Lorsqu’une notion de vocabu- épiphénomène de début d’appren- pas, c’est un socle fondamental le recours à l’addition beaucoup laire ou de mathématiques est tissage. Pourtant il n’en est rien car mais insuffisant. plus aisé en retrouvant une logique introduite en classe, les élèves vont elles gardent une utilité écologique à la situation qui s’y prête. On favo- faire le lien entre les savoirs pré- et n’ont pas vocation à disparaître. rise un développement des savoirs sentés et ce qu’ils connaissent pré- Elles sont la manifestation de la Vous proposez alors scolaires par recodage qui s’appuie alablement, issu de leur vie propension humaine à aborder une le recodage sémantique? sur des connaissances familières. quotidienne. J’utilise le terme de notion par analogie à une connais- ES. Pour dépasser les limitations Bien entendu, cela ne se fait pas « connaissance intuitive » pour sance préalable. Elles s’imposent, des connaissances intuitives, une tout seul et nécessite des séances marquer le fait qu’il s’agit de sont implicites et restent présentes voie est de s’appuyer sur d’autres spécifiques. (Ré)concilier concepts connaissances premières, sponta- de manière robuste. connaissances de la vie quotidienne nées, construites hors les murs de mais que l’élève ne mobiliserait pas l’école. Le sens commun laisse de manière spontanée dans ce Vous insistez sur l’importance penser qu’il faut distinguer la per- Sont-elles suffisantes pour de la reformulation quotidiens et savoirs scolaires ception de la conception comme aborder les savoirs scolaires? par les élèves… s‘il était possible de percevoir sans ES. Il est assez facile de répondre par « Un recodage ES. La reformulation, à la faire appel à ses connaissances. Il la négative, car ces connaissances sémantique consiste à différence du paraphra- Les mathématiques, c’est aussi n’en est rien, car toute notion nou- naïves sont justement celles évo- sage, met l’élève en situa- velle va s’articuler avec des quées dans l’immédiateté pour les- donner une nouvelle tion d’exprimer l’énoncé une affaire de langage. Autant QUAND LA SOUSTRACTION RÉSISTE connaissances préexistantes. Si on quelles quelques raccourcis de en s’appuyant sur les qu’en littérature, il s’agit de prend la notion de soustraction, pensée peuvent suffire. Pour autant, grille de lecture à l’élève » concepts qu’il a mobilisés donner du sens, d’interpréter. AUX CONNAISSANCES INTUITIVES elle va évoquer parmi les connais- il ne s’agit pas de les dénigrer et d’y pour le comprendre. Elle sances de la vie quotidienne l’idée voir uniquement des obstacles à la contexte. On cherche à engager les va permettre à l’enseignant de La manière dont un élève «d’enlever, de perdre, de retirer». connaissance. Ces mêmes connais- élèves dans leur mise en œuvre à déceler les codages adoptés pour comprend l’énoncé d’un problème sances intuitives assurent bon escient dans des contextes sco- construire son interprétation de va influencer sa résolution. oustraire, c’est perdre, retirer, enlever. pour dépasser certaines limites des connais- le fondement de l’entrée laires. Ainsi le problème Paul avait l’énoncé. Cette reformulation va Les chercheurs le savent, en Cette connaissance intuitive permet de sances intuitives. Dans ce problème d’abandon « L’école de la vie ne dans une notion et elles des billes il en perd 5, il lui en reste 3. pousser l’élève à faire un traite- résoudre les problèmes simples dans de course, plusieurs possibilités de recodage sont ont un domaine de vali- Combien en avait-il au départ?, qui ment approfondi de la signification particulier dans les laboratoires lesquels une partie est retranchée offertes : il peut s’agir de chercher l’écart qui suffit pas, c’est un socle dité. Si on demande à des se résout pourtant par une simple de l’énoncé. Elle peut l’encourager en psychologie du développement d’une totalité avec une question qui sépare le nombre de partants et le nombre d’ar- jeunes élèves « Est-ce addition, pose des difficultés. Le à aller au-delà des indicateurs par Sporte sur la partie subsistante. Dans une étude rivants, ou encore la partie manquante, sachant fondamental mais qu’une sauterelle ça dort, codage le plus immédiat de ce pro- mots clés pour contrecarrer une et de l’éducation. Pour améliorer de la DEPP en 2014, seul un quart des élèves de que parmi les coureurs qui ont pris le départ ça respire ? », ils vont blème ne conduit pas à la solution, réponse trop rapide. On peut en l’enseignement, il faut agir sur CE2 réussissaient le problème : « 108 coureurs (tout), certains sont arrivés (partie connue) et insuffisant » répondre positivement car cet énoncé est hors du domaine faire également un exercice méta- la langue, le choix des mots et des prennent le départ d’une course. Il y a beaucoup d’autres pas (partie manquante), ou alors de car leurs connaissances de validité de la connaissance intui- cognitif dans lequel l’élève va cher- situations, les formulations. d’abandons. 85 coureurs seulement terminent la percevoir dans ce problème une recherche de Un élève démuni de cette connais- intuitives sur les humains vont les tive de l’addition, vue comme une cher différents points de vue pour course. Combien de coureurs ont abandonné ? » reste. « Quel est l’écart entre les 108 coureurs qui sance intuitive serait entravé car il conduire à cette réponse. Elles recherche du résultat d’un ajout. se représenter la situation ; il

- 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE L’enseignant doit accompagner e

17 La connaissance intuitive que soustraire c’est prennent le départ et les 85 qui arrivent ? ». Avec ne serait pas en mesure de raccro- rejoignent la connaissance scolaire Un recodage sémantique consiste s’agira alors de reformuler de dif- APPRENTISSAGES les élèves dans la mobilisation des rechercher ce qui reste après une perte est lacu- les élèves ce recodage amené dans le cadre cher le savoir scolaire à un concept et scientifique. En revanche, si les à donner une nouvelle grille de lec- férentes manières. C’est ainsi une 26 outils langagiers qui permettent naire dans ce cas car l’objectif n’est pas ici de d’une interaction orale permet de comprendre déjà développé. Les connaissances enfants évoquent dans une autre ture à l’élève. Paul avait des billes façon de renforcer la flexibilité 27 de réinterpréter une situation. trouver le reste mais ce qui a été enlevé. Le reco- que l’écart recherché est ce qui manque à 85 intuitives sont donc indispensables situation la tristesse de la sauterelle, bleues et des billes rouges. Il perd ses cognitive et la palette des straté- dage sémantique constitue alors un levier sur pour atteindre 108. Il rend compréhensible et même si elles contiennent des parce qu’une autre est morte à côté 5 billes rouges et il lui reste que 3 gies de résolution. PROPOS RECUEILLIS lequel des enseignements peuvent s’appuyer évident le recours à la soustraction. limites. Sans concepts préexis- d’elle, on touche la limite du billes bleues. L’introduction des cou- PAR LAURENT BERNARDI atelier APPRENTISSAGES 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp « Ceux qui ont le pouvoir sont ceux qui écrivent » DOMINIQUE BUCHETON Professeure honoraire de l’université de Montpellier 2, Dominique Bucheton a enseigné en collège et à l’IUFM avant de diriger le LIRDEF, Laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique, éducation, formation. Ses recherches ont d’abord porté sur l’enseignement de l’écriture puis sur les gestes professionnels et postures des enseignants. En 2014, elle a publié « Refonder l’enseignement de l’écriture, AJA

/ N vers des gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée » (Retz) IRA IRA

© M en collaboration avec Danielle Alexandre et Monique Jurado.

L’enseignement de l’écriture, urgent de continuer à réfléchir, à gnement de l’écriture c’est un thème très actuel? refonder les pratiques d’écritures aussi considérer «dire, lire « Chaque nouveau DB. C’est même une urgence tant dans les classes. et écrire» comme indisso- brouillon déplace les pratiques et les représentations ciables et s’enrichissant anciennes ou technicistes de l’en- conjointement. L’écriture la pensée qui évolue, seignement de l’écriture ont la vie Qu’entendez-vous par ne peut être présentée aux dure et reviennent aujourd’hui avec refonder cet enseignement? élèves comme une simple se nuance, met à force. Dans l’évaluation CP qui DB. La sélection socio-scolaire, on tâche scolaire répondant à vient d’être proposée, il n’est ques- le sait, se joue dans le rapport à des normes à maîtriser, distance l’émotion » tion que de «copier un mot ou une l’écriture construit par les élèves. mais bien plus comme une phrase », de mesurer le contrôle L’école a insisté sur la variété des pratique sociale et culturelle qui ment, pousser les élèves à trouver Refonder l’enseignement d’un geste graphique. Cela va à types et genres textuels et la varia- s’inscrit dans la vie ordinaire de la des ressources. Cela passe par de l’encontre de tout ce que l’on a tion des formes linguistiques atten- classe et des projets. Ensuite, il faut l’écoute, une absence de jugement développé dans la recherche et les dues. Aujourd’hui, il s’agit d’aller écrire partout, dans toutes les dis- et d’autres dispositifs d’évaluation programmes. Faire écrire un élève, plus loin et de faire de l’écriture un ciplines car les modes de pensée, s’intéressant autant à ce que dit de l’écriture ce n’est pas lui faire faire un exer- outil pour penser, pour apprendre de communiquer prennent des l’élève qu’à sa capacité à se confor- cice orthographique, grammatical et se construire, développer la formes multiples selon les activités. mer à des normes. Cela passe par ou textuel. Ce n’est pas non plus dimension réflexive de l’écriture. Ce ne sont pas les exercices d’écri- une formation repensée, par l’in- Écrire, ce n’est pas un simple geste traduire à l’écrit des idées préexis- D’où l’importance des écrits inter- ture, de conformité à des modèles vention collective de nouveaux tantes que l’on aura fait «préparer» médiaires car tout mouvement de qui font progresser les élèves, mais gestes professionnels. (ortho)graphique, une maîtrise DES CLASSES SCÉNARISTES DE FILMS à l’avance. Non, aujourd’hui l’ob- la pensée entraîne un mouvement l’engagement dans des activités de techniques, mais une activité jectif c’est d’amener l’élève à «pen- de la langue et vice versa. Lorsqu’on porteuses de sens. Quel que soit le complexe d’élaboration ser le stylo ou le niveau, en CP ou en thèse, Que penser des difficultés d’écriture des élèves arrivant et production d’une pensée clavier à la écrire est toujours une résolu- epuis trois ans, des écoles des cir- chaque « équipe » a la charge d’une partie du main», l’amener « Développer la dimension tion de problèmes complexes au collège? singulière qui engage son auteur conscriptions Montpellier Est et Sud scenario. Dans un atelier dirigé avec l’ensei- à faire de l’écri- qui touche aux dimensions DB. Les élèves ne peuvent pas avoir avec tout son bagage linguistique, s’inspirent des travaux de Domi- gnant, « un élève du groupe écrit, puis la feuille ture un outil réflexive de l’écriture, faire affectives, cognitives. appris toute la syntaxe et l’ortho- culturel, émotionnel. nique Bucheton pour relever un défi passe au suivant, tous sont impliqués, il n’y a intellectuel pre- graphe en fin de CE2 ou en fin de de taille : écrire ni plus ni moins pas cette solitude face à la feuille blanche ». mier pour ses CM2, c’est un apprentissage qui C’est pourquoi son enseignement, advenir l’élève, comme Dqu’un scénario de film. « Cela m’a fait très Ensuite le groupe 1 fait relire au groupe 2 qui apprentissages, Comment faire en classe? continue au collège, au lycée et tout dans toutes les matières, doit envie… et très peur », témoigne Mourad Bou- fait ses remarques. « Cette phase de critiques, son développe- auteur de sa pensée » DB. La mise en œuvre n’est pas au long de la vie. Nous, adultes, être repensé. Depuis plusieurs tounas qui, jeune T1, s’est lancé dans l’aven- constructives, est très importante », souligne ment personnel évidente car cela demande une continuons d’apprendre, par années, l’universitaire ture. C’est que sa conseillère pédagogique Isabelle Le Moyec, « les élèves disent ce qu’ils et sa vie sociale. révolution culturelle dans le exemple à écrire sur des blogs ou Isabelle Le Moyec a été très persuasive, n’ont pas compris, ce qui manque ». Alors le Écrire c’est pouvoir revenir sur sa fait travailler des élèves en écriture rapport à l’écriture avec lequel tous des réseaux sociaux… Cette révolu- Dominique Bucheton plaide convaincue qu’elle est, année après année, des groupe 1 repart en réécriture et le groupe 2 pensée, la questionner, la faire évo- et réécritures successives, qu’on les enseignants, parents, ont été tion de l’enseignement de l’écriture pour la refondation de cet bienfaits d’un tel projet. « Cela donne un objec- s’attelle à sa partie et ainsi de suite. S’inter- luer dans la confrontation avec les regarde les écrits des écrivains, des éduqués: «ne laisse pas de fautes est donc collective, sociale, ce n’est enseignement, une refondation tif aux élèves et du sens à leur écriture ». Il ne calent des phases de mise en commun en autres, dans la rencontre avec chercheurs, de leurs brouillons d’orthographe ou de syntaxe, cache pas seulement l’affaire de l’école ou rendue possible aujourd’hui, par s’agit pas là d’un simple exercice mais d’une groupe classe, de liaison des parties, puis le d’autres textes, d’autres conseils. jusqu’aux articles, on se rend tes brouillons». Refonder l’ensei- d’un cycle, elle est à mettre en place création collective qui aboutit à un film, un vrai film – d’animation ou joué par les élèves volon- Ceux qui ont le pouvoir sont ceux compte que les développements gnement c’est accepter de laisser sur tous les cycles et avec les ensei- - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e les programmes. Sur le terrain,

17 et engage les élèves. « Ils sont super motivés et taires – est tourné avec l’aide du réalisateur qui écrivent. Lorsqu’on maîtrise cognitifs, linguistiques, psycholo- passer des premiers jets avec des gnants. Elle est résolument à l’op- APPRENTISSAGES tous les jours, des équipes reviennent sur leur texte pour l’améliorer », note Gilles Miller du centre de ressources Images et l’écriture, qu’on écrit sur des blogs, giques sont en interaction. Chaque fautes, que l’enseignant corrige lui- posé des slogans simplistes, s’y attellent. le jeune PE. Sur le thème du déracinement, de son. Et, grand final, toutes les œuvres des sur les réseaux sociaux, on devient nouveau brouillon déplace la pen- même pour laisser produire plus rétrogrades et conservateurs: «lire, 28 l’utopie et cette année des émotions, les classes participantes sont projetées sur grand un citoyen actif qui pense, discute sée qui évolue, se nuance, met à librement. Cela demande aussi des écrire, compter d’abord…» Soyons 29 classes apprennent à écrire de façon collabora- écran au cinéma Diagonales. « Une grande et peut se faire reconnaître en tant distance l’émotion, la contrôle ou changements de posture pour pas- plus ambitieux. PROPOS RECUEILLIS PAR tive. C’est-à-dire par groupes de quatre ou cinq, fierté ! » témoigne la conseillère pédagogique. que sujet singulier. Alors oui il est la questionne. Refonder cet ensei- ser du contrôle à l’accompagne- LAURENCE GAIFFE 30 atelier

17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 l’orthographe pour et enseignement apaisé et d’une école démocratique raisonnable d’enseigner et exigible communiquer. Alorsqu’est-il de s’agitenjeux humainspuisqu’il à l’emploi. Mais avant toutdes et d’accèsaussi d’insertion facilité synonyme deréussite scolaire, mais car Desenjeuxsociaux, importants. enjeux liésàsa maîtrise sont minés parlespréjugés tant les d’encre et suscité devifs débats toujours fait couler beaucoup L’orthographe dufrançais a son enseignement àtous Orthographe

néanmoins quelles sont lesvoies d’un

se faire comprendre et elle est très valorisée et APPRENTISSA exigeant de ? tous ? GES B Danièle. À Mohammed, Soudanais, qui a écrit ‘semaine’ sur votre ardoise» demande ensuite «Écrivez tableau. au date la écrire vient POUR S’INTÉGRER PARLER, LIRE…ÉCRIRE AUSSI, nous ? un accès facilité à l’emploi. «Quel jour sommes- apprendre à parler, lire... et leurécrire, sésame pour de bien s’agit il cours, ce dispense qui FLA, à bénévoleManesse, Danielle Pour liens ou Afghans, des hommes essentiellement. Soma- Soudanais, ans, 30 d’asile,et 18 entre une quinzaine dans ce cours, tous demandeurs cadre européen commun de référence. Ils sont

» interroge-t-elle. Mariam, afghane, Mariam, interroge-t-elle. » de l’alphabétisation au niveau B1 du l’alphabétisationdu de B1 niveau au migrants les accompagne et langue la travers à l’intégration pour milite ciation elleville, un petit local loué par l’asso- Français langue d’accueillangue Français qui : faciliter ‘ français en l’écrit qu’on ça très bien pour l’oreille mais ça n’est pas comme ‘ police oude Pôle emploi. de préfecture,d’allocationsfamiliales, de réussir à lire puis à remplir tous les documents pourtravailler bien falloirva qu’il page Une manuel. du 8 page la de consignes breuses ardoise.leur sur Recopier. trèsnom- des Une pendant que les autres recopient « aujourd’hui thé le prépare qui Soudanais, cettepage à regarderpouvez s’écrivent,vous mots les comment plus savez on peut lire les jours de la semaine… si vous ne tous ont pris le livre par la fin. « demande d’aller page 6. C’est un peu long car Ce men semaine ’ elle explique « ’ au tableau. L’enseignantetableau. leur au ’

Oui tu as raison, c’est ». C’est». Khaled, Sur cette page, . le écrit Elle ». » semaine »

ÉCRIRE… UN DES FONDAMENTAUX P OUR LES DEMANDEURS D’ASILE.

© MIRA / NAJA le corps social. Elle est fortement le corpssocial.Elle estfortement thographe esttrèsvaloriséedans D maîtrisée orthographe Quels sont lesenjeux d’une tique. appelle lacapacité métalinguis- prendre de la distance,ce que l’on choix raisonnés, mais aussi des faire et analyser sans cesse forme orale‘chanter’. Donc ilfaut il y a neuf manières d’écrire la nombre etlesmarques des temps en genre, d’accord en règles de lesanalyser etappliquer les des mots pivots, leverbe, lesnoms, demande demarquerlafonction thographe grammaticalequi et savoirsonsens.Puisilyal’or- écrire unmotilfautl’avoirvuécrit mais aussiidéographique. Pour C’est uneécriturealphabétique d’écrire unmotselonsonsens. plus souventplusieursmanières se de « L’enjeu écrite danslamesure oùilyale respondance entre la forme orale et problème eststructurel,lanoncor- faut analyserlesmots.Lepremier il pourécrire, que c’est française, D française difficultés del’orthographe Quelles sont lesprincipales et M. M. M. M.

Il L’or sociaux. enjeux yades - La difficulté de l’orthographe l’orthographe de difficulté La de faire l’orthographe ? communiquer » comprendre principal ? est :

quand mêmesimplifier. savoirs. Maisl’enjeuprincipal les perspective en mettre de à larelationl’abstraction,celle d’analyse, àlacapacité est corrélée del’orthographereprésentation bons enorthographe mais la sont scolairement réussissent veut pas dire que tous lesgens qui liée à laréussitescolaire.Cela ne ne sont pas formés pour ça. La secondaire sont surchargés et ils trop tard. enseignants Les du c’est qu’après parce langue la de sortent del’écoledélivrésdupoids élèves les que sorte en faire prendre l’autonomie. Il faudrait d’ap- et maîtriser salangue, de ensemble, travailler de lité, sociabi la de l’apprentissage de l’école devraitêtred’abordlelieu code de la route. Au primaire langue étrangère, informatique, le lire, écrire, compter mais aussi l’école pour qu’elle enseigne tout, langue. Onamis lapressionsur durée de l’enseignement de la diminution considérable de la D significative baissé demanière français a-t-il enorthographe Pourquoi leniveau des de M. M. La causeprincipaleestla

savoir… qu’on pourrait est bien plusqu’un L’orthographemettre. expliquer et àtrans àanalyser,capacité à et delacuriosité, exercice de laréflexion niquer. C’estaussiun prendre etde commu- com- faire se de reste ? et et ou àl’étranger. en2016 àl’écriture Elleaparticipé deDICLE,dictionnaire pourlire en languedesélèves demilieuxpopulaires del’école publique, quece soit enFrance langue seconde, langueétrangère, principalement surlaquestion porte desdifficultés Son travail, en didactique générale et en didactique du français, langue d’enseignement, Danièle Manesse est professeur émérite desciences dulangageàl’université Paris 3. D savoirplus qu’un » « L’orthographe est bien

adultes, dansleurappropriation dufrançais écrit. pour écrire (éditionsRetz) conçu pouraccompagner desapprenants, adolescents ANIÈL - - E M mais autonome. gogie exigeante delalangue Comme chezFreinet, une péda- grammaire... une et naire - undiction utiliser savoir de et motslesplusfréquents 500 les nombre derègles, savoirécrire thographe c’estsavoirunpetit le faire. Lanorme utilede l’or pour certains,seulel’écolepeut standard qu’ilfautenseigner. Et D école démocratique ? d’enseigner et exigible d’une Qu’est-il raisonnable un savoirprofessionnel. savoirs académiques a délégitimé plus développé. Leprestige des qu’ils avaientun savoir pratique beaucoup mieuxformés parce de vue,lesinstituteursétaient d’usage estdifficile. De cepoint langue maternelleoudela la de dérable tantladidactique variété des problèmes est consi- lire, àcomprendre, àécrire…etla sition dessavoirs,lacapacitéà Tout passe par lalangue, l’acqui- tance quelalangueadansvie. par rapport minuscule à l’impor- auneplace enEspé français des enseignants. Ladidactique du seconde raison tientàlaformation faut standard norme « Il yaune M. M. ANESSE Il yaunenormedufrançais enseigner » du qu’il français

-

muettes, saufàl’accord du parti- plus dur car cesont des lettres le accords grammaticauxc’est et D de l’orthographe Comment penser uneréforme entre élèves. tionne parexempleletutorat activités de soutienoùfonc- tifs atteignables avec de vraies rencier etleurdonnerdesobjec- niveaux est telle qu’il faut diffé- disponible. L’hétérogénéité des en primairen’estnicapitalisé Il yenapourquiceétéfait plus engrâceàseslectures. l’orthographe etvaavancerde tie desélèvesatrèsbiencompris qui ontétéloupéscarsiunepar- apprentissages des à récupérer former les enseignants decollège faudrait Il français. de professeur élèves etilssedéchargentsurle des problèmesd’orthographe des s’occupern’ont pasletempsde til. Les professeurs de collège sur lesfondamentauxetl’ou- Au collège,ladisciplineprime rupture. cette d’aménager essaie D entre leprimaire et lecollège Comment assurer lacontinuité ler surl’originede lalangue. cela n’empêchera pas de travail- fier lesconsonnesdoubles... Et les accents circonflexes, simpli- gues romanes,supprimertous comme l’ont fait toutes les lan- remplacer les lettres grecques ser en -s les pluriels en x, - Onpourraitrégulari cipe passé. PRO M. M. M. M. P On ne peut pas toucher aux pastoucher peut On ne Cela faitlongtempsqu’on OS R OS E CU E ILLIS

P AR VIR ? G INI ES OLUNTO du SNUipp UNIVERSITÉ 17 ? ’ automn automn e 31

APPRENTISSAGES 17e UNIVERSITÉ Dossier ’automn du SNUipp L’ÉCOLE RURALE

SALON PROFESSIONNEL DE L’ÉDUCATION Du mercredi 15 au vendredi 17 novembre 2017

BURELOR PRINT RCS PARIS 794 489 625 BURELOR PRINT RCS PARIS Un nouveau chemin ?

L’école rurale se transforme comme le rural lui-même, autrefois caractérisé par l’importance de l’activité agricole. Il voit changer sa population, s’ouvrir ou au contraire s’enclaver ses territoires sous SALON DE l’effet conjugué des choix politiques en matière de transports et du développement des nouvelles technologies. Pour une école à la fois élément central de la vie des territoires ruraux et montagnards L’ORIENTATION et rempart contre les inégalités sociales, il s’agit d’évoluer sans se dénaturer. Préfet de Paris N°2000-341 du 14 avril 2000 - IMP. ÇAVA Préfet de Paris N°2000-341 du 14 avril 2000 - IMP. DES JEUNES

Thème à l’honneur : algré la diminution très sensible du a toujours su réagir par l’innovation et l’adaptation nombre d’écoles sous l’effet des des formes scolaires et de ses pratiques pédago- l’esprit d’entreprendre fermetures ou de la création de giques. Parmi ces dernières, la classe multi-niveaux, regroupements pédagogiques inter- rendue obligatoire par le tissu scolaire dispersé, a lar- Du vendredi 17 au communaux (RPI), malgré la perte gement fait la preuve de son effi cacité pédagogique Md’effectifs, le système éducatif en milieu rural concerne comme le souligne Sylvie Jouan (voir p.35). Plus lar- dimanche 19 novembre 2017 encore aujourd’hui près du quart des élèves du pri- gement, le débat récurrent entre le local (habitants, maire, et un peu moins du cinquième des collégiens, parents d’élèves, maires ruraux) qui défend la pré- ce qui représente près d’un million d’élèves. sence d’un service public de proximité, et le global L’école rurale demeure donc une réalité incontour- (l’institution scolaire, le ministère de l’Éducation) prin- ENTRÉE GRATUITE nable et ceci bien qu’elle n’échappe pas aux évolu- cipalement préoccupé par les questions budgétaires tions de notre société comme le souligne Pierre a été récemment réactivé par le développement des Champollion (voir p.34). Elle est ainsi confrontée conventions ruralité qui proposent une contractuali- 9H30 - 18H00 PARIS EXPO PORTE DE VERSAILLES selon les secteurs à un renouvellement de sa popula- sation entre les acteurs. Une modalité controversée tion entraînant une évolution sociale des publics qui ne répond pas aux enjeux du maintien d’un ser-

Organisation : La Ligue de l’enseignement (SIREN 775 666 415) - Salon autorisé par arrêté du Préfet la Région Ile France, www.salon-education.com accueillis, ou au contraire à une baisse démogra- vice public d’éducation au plus près de ses usagers et 33 phique qui peut menacer jusqu’à la survie de certains de la préservation d’une école rurale qui peut se mon- DOSSIER RÉALISÉ PAR UN ÉVÉNEMENT DE AVEC FRANCIS BARBE ET territoires. Face à ces transformations, l’école rurale trer fi ère de ses résultats. PHILIPPE MIQUEL

Affiches Salon-Educ-2017.indd 1 26/09/2017 16:57 34 Dossier

17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 ritoire est aussi différent : les élèves ritoire est aussi différent : les élèves d’âges différents. Lerapport auter- développer letutorat entre élèves accompagnatrice - et conduisent à à magistrale de - l’enseignant de par exemple, changent laposture qui, multi-cours classes des avec innovantes pédagogiques tiques L’école ruraleresteporteusedepra- parents etdetouslesacteurs. les comportementsdesélèves, la didactique, lesreprésentations et scolaire, l’orientation, la pédagogie, moyenne montagne :l’organisation dimensions de l’école rurale et de essayant d’appréhender toutes les différents milieux ruraux. En ans d’écartd’élèvesscolarisésdans tudinaux CM2-3 rurale àpartirdedeuxsuivislongi- tion, atravaillésurlascolarité sociologie et sciences de l’éduca- cheurs, quiassocie géographie, ou 30ans.Notreéquipe de cher- moins forte aujourd’hui qu’il y a 20 tinction avecl’écoleurbaineparaît PC. rurale ? Peut-on encore parlerd’école une école deseconde zone » « L’école rurale et montagnarde n’est pas Je pense queoui,même siladis- L’ÉCOLE RURALE e réalisés à douze réalisés à douze l’école ruraleàdiminuer. de conséquence,laspécificité a tendance àdécroître et,par voie l’ensemble de cescaractéristiques dans lereste de la France. Mais des études longues etgénérales que ainsi signifi cativement moins vers sième. Lesbons élèvess’orientent moment de l’orientation en troi- avec uneorientation«modeste»au ment debonsrésultats scolaires gnard, quicombine paradoxale- notamment en rural monta- », territoire de un«effet également de leurécole.Nousavonsrepéré positive de leurterritoirede vieet élèves ruraux ont une vision plus situations d’apprentissage ; puis les l’environnement territorial pour les gnants utilisentplusfréquemment ensei- les et plusmarqué territorial présentent souventun«ancrage » PC. inégalités territoriales. et doncsurlaquestion des de réussite et deparcours Revenons surlesdifférences Les inégalités scolairesne

© MIRA / NAJA CNESCO àparaître intitulé «Justice àl’école et territoires ». l’école rurale montagnarde »,unecontribution aurapport rédiger «Inégalités d’orientation et territorialité. L’exemple de rurale et réussite scolaire »(éditionsCanopé, 2016), ilvient de (OET). Co-auteur avec Yves d’«École Alpeet AngelaBarthes (ESO-Caen). Ilpréside l’Observatoire éducation et territoire et chercheur associé aulaboratoire Espaces et Sociétés-Caen Éducation, cultures, politiques(ECP) deLyon 2-Saint-Étienne Pierre Champollionest chercheur titulaire aulaboratoire PIERRE CHAMPOLLION d’un TBI» classes sont pourvues par exemple, toutes les « Au fond del‘Ardèche, études moins longues et même, à des aspirent :ils scolaire tation sociaux égaux, en termes d’orien- formances scolaires et niveaux d’expectation plus faibles, à per- qui ontdes niveauxd’aspiration et durural élèves les et parents les d’auto-censure qu’ontrouvechez Avec, en premier lieu, une forme ». symbolique, la«territorialité ritoire, et notamment à son volet 15 %qu’onpeutattribuerauter- ment, maisilenresteenviron l’effet-établisse- l’effet-maître, cadre scolaireavecentreautres, au sontrelatives elles d’entre à l’environnementsocial,untiers ruraux etmontagnardssontliées milieux en contextuelles inégalités aussi du contexte. La moitié des viennent pasquedel’élève,mais y réussissent plutôt assez bien. Sur y réussissent plutôt assezbien. Sur des études montrent que les élèves ineffizone, majorité grande La cace. seconde de école pasune n’est PC. sur l’école rurale… certain nombre d’idéesreçues Votre enquête tord lecou àun médecin ontleniveauMaster. où ils nepourront pas revenir aupays gagent dans des études longues, former. Car, silesgarçons s’en- fi les que « » pour partent selles que cesmêmesparentsacceptent par ceux-ci à rester au pays, alors quisontincités parents, des ferme autrefois «voués»àreprendrela tagnarde. Cesontlesgarçons, liée àlaterritorialitérurale-mon- larité paradoxalerelativeaugenre ruraux de montagne, une particu- territoires danscertains aussi, Onnote de formation. de l’offre delafaiblesse gnement et,parfois, del’éloi- problèmes les ajoutent s’attendent àyéchouer. S’y L’école ruraleetmontagnarde « seuls »levétérinaireet « seuls pour lacollectivité… scolaire beaucoup pluscoûteuse terme une augmentation de l’échec risque deproduireàpluslong d’économies àcourtterme.Cela de bons résultats sousprétexte souvent présente qui et preuves ses détruire une organisation qui afait mais ilnefaudraitpaspourautant pas maintenir des écoles partout, graphiques, qui font qu’on ne peut nier qu’ilyadesproblèmesdémo- l’école rurale.Personne nepeut l’école de qualité qu’est encore passoutenir ne de dommage renciées. Ilserait vraiment tées àchaqueterritoire,doncdiffé- faut réfléchir àdesréponsesadap- chaque territoire.C’estpourquoiil mais des situations spécifi ques à lité etdoncunesolutionunique, n’y apaspourmoiuneseulerura- « concentrés»auxRPIéclatés ».Il vilégier systématiquementlesRPI desclassesuniquesetpri- fermer ment de «chevaux »pour Troie de tions ruralesserventtropfréquem- Mais, dans lapratique, lesconven- tures etdesouverturesdeclasse. d’opérer touslesansdesferme- »,plutôtque « contractualisatrice d’entrer dans uneplanification se projeterdanslemoyenterme et PC. conventions ruralité ? le développement des Comment analysez-vous documentaire pond pasàl’imagenostalgiquedu le plan pédagogique, ellene corres- exemple de difficultés de transport. géographique, générateurpar le croit,maisplutôtl’enclavement ment socialetculturel,commeon n’est pasautomatiquementl’isole- pourvues d’un TBI. Ce qui pèse ce exemple, toutes lesclasses sont matique. Au fond de l’Ardèche, par loppement de l’équipement infor- parledéve- compenser l’isolement ment, on essaie souvent de pée. Dansle«ruralisolé»notam- pas nonplusuneécolesous-équi- sations scolairesadaptées.Cen’est des outilsdidactiques,organi- pédagogiques, situations des ter l’école ruraleàréfléchir etàinven- démographie déclinante ont obligé didactique. Lesdiffi cultés liéesàla « laboratoire » au contraire en général un véritable Je trouve intéressante l’idée de Je trouveintéressantel’idéede « Être et avoir » pédagogique et , c’est , c’est de demain?(ESFÉditeur) aujourd’hui, archaïsme ouécole classe multiâged’hierà multiâge et apubliéen2015 La réticences àl’égard delaclasse Lyon 2(laboratoire ECP) surles des recherches àl’Université de site deMende(Lozère). Ellemène l’université deMontpellier -surle - Faculté d’éducation de professeurs desécoles àl’Espé pédagogie auprès desfuturs philosophie, formatrice en Sylvie Jouanest professeure de SYLVIE JOUAN pédagogique » de pratiques surl’organisation « Unchangement deregard et l’éducation morale n’y soitpas conservateurs. Ils craignaientque beaucoup de critiquesde lapart des etquiasuscité moniteurs élèves pédagogie reposant surlerôledes méthode parla alors concurrencée nisation élèves enmêmetemps.Uneorga- faire lamême chose à tous les tiste deLaSallequiconsisteàfaire « simultanée »initiéeparJean-Bap- époque d’appliquer laméthode àcette fait pédagogique au choix pays essentiellementrural.C’estdû de maîtresqueniveauxdansun faute de moyens pour avoir autant est considéréecommeunpis-aller, L’hétérogénéité delaclasseunique possible, enâgeetniveauscolaire. valorise laclasseplushomogène discours de l’institution scolaire loppement des écoles publiques, le SJ. réalité desécoles. Pourquoi ? necorrespondait qu’il pasàla très tôt enFrance, alorsmême classe homogènes’est imposé Le modèlepédagogiquedela Dès lesannées1830 etledéve- avec une »avec « mutuelle

© MIRA / NAJA primaire. primaire. del’école scolaires jusqu’à lafin mances desélèvesetleurscursus tiâge est très net sur les perfor- rural, l’avantagedelaclassemul- vement rural.Maisencontexte pas associéeàuncontexteexclusi- de réponsescientifi que quinesoit classe à un seul cours?»,il n’y a pas la que résultats meilleurs de elle générale contexte rural.Ainsi,àlaquestion général, indépendammentdu comparatives sur lemultiâge en est vraiqu’iln’yapasd’études positif de la classe multiâge. Mais il montrent clairementunimpact contexte uniquement rural, en par laDEPdanslesannées1990 SJ. debonsrésultatspourtant ? La classe multiâgeobtient tant d’uneimagetrèsnégative. milieu rural isolé, souffrant pour- multi niveaux ont perduré en classes. Maislesclassesuniquesou de l’écoleélémentaireàcinq cursus urbainsstructurantle laires développement desgroupessco- le ruralet l’exode avec 1960 années s’imposera fi nalement àpartirdes veaux. Laquêted’homogénéité puisque majoritairement multini- hétérogènes très classes des lité parce qu’à niveau unique,etlaréa- valorisant laclasseditehomogène entre le discours institutionnel eu trèslongtempsunnetdécalage élèves enmêmetemps.Ilyadonc faire faire la même chose à tous les lesquelles il était impossible de dans uniques auxclasses inadaptée simultanée, bien que celle-cisoit lement fait lechoix de la méthode raisons politiquesquel’Étatafina- mis endanger. C’estdonc pour des garantie etquel’ordresocialsoit Les études réalisées notamment étudesréaliséesnotamment Les « la classe« la obtient- multiâge du SNUipp UNIVERSITÉ 17 ’ automn automn e 35

L'ÉCOLE RURALE Dossier L’ÉCOLE RURALE atelier MÉTIER 17e UNIVERSITÉ ’automn « Le gouvernement du SNUipp serait bien inspiré de D’où viennent ces bons résultats ? réfléchir à des mesures SJ. On peut faire plusieurs hypo- thèses. Le nombre d’élèves par améliorant l’attractivité classe est sensiblement inférieur en milieu rural, mais il y a aussi un fonctionnement pédagogique de notre métier » inhérent à l’hétérogénéité, comme le développement du tra- vail en autonomie qui permet

NAJA RÉGIS METZGER davantage d’individualisation des / MIRA parcours et une meilleure utilisa- © Co-secrétaire général du SNUipp-FSU tion du temps, avec moins de « temps d’attente », ou encore une plus grande proximité de l’école aux familles. Les comparaisons galitaire, de consacrer les moyens ment des personnels. Alors que bien inspiré par ailleurs, de réflé- internationales montrent nécessaires à l’aide aux élèves en leur pouvoir d’achat n’a cessé de chir à des mesures améliorant Y a-t-il des écueils à éviter qu’en France l’école primaire difficulté, de s’engager enfin vers se dégrader ces dernières années, l’attractivité de notre métier ou dans un fonctionnement en est sous-investie par rapport la diminution des effectifs et les agents de la Fonction publique participant de la réduction des classe multiâges ? à des pays comparables. d’augmenter les salaires des ensei- ont besoin d’être confortés dans écarts salariaux entre hommes et SJ. Ce qu’il faut éviter, c’est de Comment réagissez-vous gnants au même niveau que ceux leur rôle et leurs missions. La femmes. gérer sa classe multiâge comme à cette situation ? des onze pays. FSU, notre fédération, s’est une superposition de classes à RM. En effet, notre pays doit consa- solennellement adressée au Pre- niveau unique. Mais de toute crer une plus grande part de ses mier ministre pour qu’il revienne Le jour de carence en cas façon, si cet écueil est fréquent en richesses à l’éducation. Le ministre de l’Action et des sur ce report. d’arrêt maladie a été rétabli. classe de double niveau, il dispa- La dépense par élève dans le pri- comptes publics a annoncé le Comment prenez-vous raît en classe à partir de trois maire y est inférieure de 34 % à la report d’un an de l’application cette mesure ? niveaux, puisque l’enseignant ne rité et leurs études, ce que l’année moyenne des onze pays compa- du protocole « PPCR ». Justement, le gouvernement RM. Sous prétexte d’équité avec les peut plus suivre ! Tous les outils de formation initiale ne peut suf- Les conventions rables référencés par France Stra- Comment appréciez-vous a aussi annoncé un nouveau salariés du privé, le gouvernement de coopération permettant aux fi re à modifi er. tégie, qui, faut-il le rappeler, est un cette mesure ? gel du point d’indice des a rétabli une journée de carence élèves de développer des appren- organisme rattaché au Premier RM. À l’occasion de ce que nous fonctionnaires. Comment cela dès 2018 pour les fonctionnaires en tissages sans la présence continue rurales se multiplient ministre. Ces onze pays ont un avons appelé un « non rendez- va-t-il se traduire en termes arrêt maladie. Or, les deux tiers des de l’enseignant s’imposent dans Les classes uniques et à meilleur système éducatif à la fois vous salarial », le ministre de l’Ac- de pouvoir d’achat ? salariés du privé, relevant majori- ces classes. multiniveaux ne sont-elles tion et des comptes RM. Avec des taux d’inflation pré- tairement des entreprises de plus pas condamnées à plus ou Convention ruralité : qu’est-ce que c’est ? publics a pris la déci- visionnels de 1,7 % en 2017 et de de 250 salariés, voient leurs jours moins brève échéance ? « Le taux d’inflation prévisionnel sion brutale de revenir 1,8 % en 2018, estimés par l’IN- de carence couverts par des accords Les enseignants sont parfois SJ. Le nombre de classes uniques a Les conventions ruralité, dont la première est apparue, en 2014 sur cet accord salarial. SEE, cela correspondrait à une d’entreprise. Jour de carence qui, réticents à prendre en charge déjà chuté, celles qui demeurent dans le Cantal, consistent en un engagement entre l’Éducation de l’INSEE pour 2017 et 2018 Cela constitue une nouvelle perte de pouvoir d’achat au passage, avait été supprimé en des classes multiniveaux. aujourd’hui sont souvent dans des nationale et les élus des départements pour mettre en œuvre un correspondrait à une nouvelle rupture de la parole de de 2,9 % pour les fonctionnaires. 2014. Il y a bien aujourd’hui une Pourquoi selon vous ? contextes ruraux isolés où l’on schéma territorial pluriannuel d’évolution de l’organisation scolaire l’État car cette mesure Pour un collègue débutant dans la inégalité entre les salariés du sec- SJ. Précisément parce qu’ils ont imagine diffi cilement leur dispari- dans le 1er degré. Avec à la clé une dotation ou un gel de postes même perte de pouvoir d’achat de ne figurait pas au pro- carrière on peut estimer la perte à teur privé qui ont une prise en « hérité » d’un modèle pédagogique tion totale, sauf à renoncer à l’offre quand les effectifs d’élèves sont à la baisse. Elles peuvent être signées 2,9 % pour les fonctionnaires. gramme du nouveau environ 600 euros par an. De 2010 charge totale, et les autres salariés, incompatible avec la prise en main scolaire sur tout le territoire. Quant à l’échelon d’un département avec les représentants des maires et Président. Décider de à 2016, les enseignants, comme du public comme du privé, qui se de ce type de classes et consi- aux classes multiniveaux comme parfois le conseil départemental. Mais des contrats peuvent aussi être Pour un collègue débutant décaler ce calendrier l’ensemble des fonctionnaires, voient appliquer intégralement ou dèrent les outils de travail en auto- les classes de double niveau, elles paraphés au niveau infra-départemental, entre maires de quelques dans la carrière on peut est une mesure totale- n’avaient déjà eu aucune revalori- partiellement les jours de carence. nomie et d’individualisation des sont très nombreuses aujourd’hui, communes qui s’engagent à réfléchir sur leur réseau d’écoles. ment incomprise. Le sation du point d’indice servant de Alors que le taux d’absentéisme parcours comme relevant de péda- en ville plus encore qu’à la cam- Aujourd’hui quarante conventions départementales ont été signées, estimer la perte à environ 10 octobre dernier, à base au calcul de leur salaire. Ce pour maladie est faible chez les gogies « alternatives ». Ils sont sou- pagne, ce qui impose de la part de sans compter les conventions locales. l’occasion de la jour- gel des salaires, à peine inter- enseignants, le ministre leur fait vent beaucoup plus familiers de la tous les acteurs de l’école un chan- 600 euros par an ». née de mobilisation rompu par une augmentation de ainsi porter la responsabilité de la méthode simultanée, ayant pour gement de regard, et de pratique, Un modèle contesté pour l’école rurale unitaire à laquelle les 0,6 % en juillet 2016 et en février désorganisation des services. C’est la plupart été formés ainsi en tant sur l’organisation pédagogique sur les résultats moyens Pisa et en neuf fédérations de fonctionnaires 2017, a accentué la perte de pou- donc une sanction, considérant qu’élèves durant toute leur scola- qu’elles requièrent. Derrière la contractualisation proposée, l’objectif est trop souvent termes d’impact des inégalités ont appelé, près d’un million voir d’achat qui s’élève à 15 % qu’ils sont coupables d’être de fermer les écoles isolées, de concentrer les écoles sur un seul sociales sur les résultats scolaires. d’agents des services publics se depuis 2000. Cela représente une malades alors que nous savons que site ou de les rapprocher du collège sans adapter les réponses à la spé- En clair, quand dans le même sont mis en grève. Pour eux et perte de près de deux mois de la majorité de nos collègues - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 cifi cité du territoire. Une mutation qui n’est pas sans conséquences pour temps la fraude fiscale représente leurs collègues, le protocole « Par- salaire. Ce que nous gagnons repousse le moment de devoir s’ar- MÉTIER « En contexte rural, l’avantage les écoles de village ou pour les élèves utilisant les transports scolaires entre 60 et 80 milliards d’euros, ce cours professionnel, carrières et aujourd’hui ne représente que rêter pour assurer la continuité du et qui suscite l’opposition de nombreux acteurs locaux dont les sections sont 6 milliards d’euros qu’il fau- rémunérations » constitue un pre- 85 % de ce que nous gagnions en service mise à mal par les nom- 36 de la classe multiâge est très net départementales du SNUipp-FSU. Ainsi, la mobilisation a permis de drait affecter au premier degré mier pas dans l’amélioration des 2000. C’est la véritable mesure de breuses suppressions de postes de 37 repousser, voire d’arrêter la signature de projets, comme dans la Sarthe, pour combler l’écart. Cela permet- carrières et la reconnaissance des la dégradation de notre pouvoir remplacement par exemple. sur les performances des élèves » les Landes ou le Morbihan. trait de rendre l’école moins iné- qualifications et de l’investisse- d’achat. Le gouvernement serait PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MAGNETTO atelier MÉTIER 17e « Quand le sentiment UNIVERSITÉ ’automn d’injustice est très fort, du SNUipp le climat scolaire est très dégradé » CAROLINE VELTCHEFF Caroline VELTCHEFF, IA-IPR, est directrice territoriale du Canopé Normandie. Elle est chargée de la politique de pro-action par le climat scolaire au sein de la mission ministérielle de prévention et de lutte contre les violences en milieu scolaire. Elle a conduit de nombreux projets et travaux en France comme à l’étranger,

AJA attachée à des thématiques transversales visant une école réellement inclusive. / N

IRA IRA Dernière parution : Pour un climat scolaire positif, Canopé (2015), Oser le bien-être au collège, Le coudrier (2016),

© M Climat scolaire et espaces scolaires, «Innover dans l’école par le design» (2017).

La notion de climat scolaire fort, le climat scolaire est très ment plus de considé- est très présente dans dégradé. Lorsque les enseignants ration sur la rhétorique « Le droit doit s’appliquer le débat public sur l’école. n’ont pas suffisamment travaillé du débat. On va deman- Pourquoi? en équipe de manière cohérente der aux gamins d’être de manière individuelle CV. C’est devenu une exigence de pour que les élèves s’y retrouvent eux-mêmes les acteurs notre société. On a vu émerger en on assiste massivement à ce type du cadre scolaire, du et proportionnelle. même temps les deux notions de de reproche de la part des élèves. fonctionnement de la C’est un principe général Améliorer le climat scolaire : climat scolaire et de bien-être, La pratique personnelle de chaque classe, de s’approprier sous l’impulsion de pays étrangers enseignant qui ne fait pas l’objet le débat et d’apprendre du droit français que qui se sont dotés d’enquêtes natio- d’échanges réguliers entre adultes à accepter le point de nales comme la Finlande ou l’On- conduit à des réponses indivi- vue de l’autre. On voit l’on oublie souvent ». une citoyenneté en acte tario, par exemple. La France a fait duelles de l’ordre du punitif. Si l’on des enfants dans le un sacré chemin dans les dix der- souhaite s’engager dans une pers- cadre de ces conseils se nières années par rapport à pective éducative vis à vis des poser des questions auxquelles on d’autres pays. On est en train de élèves il est nécessaire de prévoir n’avait pas pensé. On peut les ame- Comment modifier le rapport rattraper le retard qu’on avait. On des temps importants de débrie- ner très loin dans la réflexion, mais Comment faire vivre la des enfants et des familles à l’école À TORCY : voit émerger le sujet du climat sco- fing au niveau de l’équipe. Il est c’est un travail de longue haleine citoyenneté au quotidien? et y développer une relation de laire comme quelque chose que indispensable de se mettre d’ac- qui demande un peu d’ardeur. Il ne CV. La méthode climat scolaire LA LOI POUR FAIRE ÉCOLE l’on peut enfin, ou du moins qu’on cord sur les réponses que l’on faut rien lâcher. On peut par consiste à faire de la prévention sympathie ? Comment créer essaye, de mesurer au sein de exemple partir d’un et d’essayer d’éviter que les crises un rapport à la fois heureux et l’école. On devient même assez phénomène d’incivilité adviennent. Ça commence tout détendu aux apprentissages bons sur la connaissance beaucoup « Le mode d’adressage qu’on transforme en simplement par la question du l’arbitraire et qui a permis de légitimer la déci- plus fine de notre système et sur la réflexion philoso- règlement intérieur. Il ne faut pas absolument nécessaire quand on n mode sauvage, c’était la loi de la rue, sur le modèle sion collective. Ce cadre enfin posé rend pos- mesure assumée du phénomène. des enfants entre eux n’est phique. Le mode mélanger ce qui relève de chaque veut lutter contre les déterminismes du Caïdat ». C’est ainsi sible un travail sur la gestion des conflits. « On C’est un domaine de connaissance d’adressage des niveau de responsabilité entre le sociaux ? C’est au quotidien par qu’Yvan Nemo décrit la aide les enfants à exprimer et à énoncer leur qui fait enfin le lien entre «qu’est-ce pas terrible. Ils s’insultent, enfants entre eux n’est département, l’école et la citoyen- des petits gestes, par la prise en situation de l’école Bel Air conflit plutôt qu’à dénoncer. Ça a une force que c’est que la vie à l’école?» et se traitent ». pas terrible. Ils s’in- neté intérieure à l’école. Souvent «à Torcy en Seine-et-Marne, E lorsqu’il est arrivé pacificatrice énorme », relate Yvan qui insiste « qu’est-ce que c’est qu’ap- sultent, se traitent. Ils des règlements s’inventent dans compte de la parole des élèves en 1990. « Des scènes extrêmement violentes sur l’importance de la cohérence d’équipe. « Il prendre?». disent souvent « On chaque classe, différents de la et de leur désir d’apprendre et de entre les enfants et des adultes qui se faisaient faut passer de ‘’ faire la classe ’’ à ‘’ faire donne à leurs comportements et rigole». Et bien non «On ne rigole classe voisine. Il faut mettre de la découvrir que l’on peut réussir à respecter avec la poigne. Le soir, on retrouvait école ’’ ». Un déplacement du centre de gra- de s’entendre sur la mise en place pas», il faut les accompagner sur cohérence et de la continuité. Vous établissez un lien fort transformer l’école en un lieu où les élèves sur le toit de l’école », témoigne vité qu’il juge indispensable et qui s’est de règles communes. du décentrement, leur tendre le J’insiste là-dessus, la citoyenneté encore Yvan, devenu directeur en 1995. Une accompagné d’une transformation de l’école entre climat scolaire et justice miroir. «Tu es sûr que quand tu lui commence là, avec des adultes il fait bon vivre et travailler. école perdue au milieu de plus de 600 loge- en un véritable centre de découvertes perma- scolaire. C’est à dire? dis ça il a envie de rire?». On peut qui se mettent d’accord. Enfin ments sociaux et dont tous les espaces vides nent. Aujourd’hui deux espaces informatique CV. Dans les facteurs explicatifs Qu’apportent les programmes ainsi réfléchir à l’humour, à sa dans une école on trouvera forcé- étaient squattés en dehors. L’équipe essaye et centre de ressources sont investis aussi bien d’un bon climat scolaire la ques- d’EMC de 2015 sur réception, au rire ou encore à la ment des élèves résistants aux alors petit à petit de mettre en place des par les adultes que par les élèves au service tion de la justice scolaire revient l’amélioration du climat place de la dérision au sein d’un règles qu’on leur propose. Aussi règles communes et c’est l’usage des ballons des projets de classe. Une mini-ferme et un tout le temps. Quand un enfant dit scolaire? groupe ou de l’école. J’ai vu cer- on ne peut souvent pas les traiter en mousse qui va fournir l’électrochoc. « Il fal- laboratoire scientifique permettent de créer «c’est pas juste» on a tendance à ne CV. Ils apportent une dimension taines écoles proposer des comme les 75% des enfants qui - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 lait décider à partir de quand leur usage devait des espaces d’interactions au sein de l’école, pas le croire. Et quand on regarde réflexive supplémentaire puisqu’ils semaines de la politesse ou sont malléables. Le droit doit MÉTIER s’arrêter en cas de pluie. Une année a été une sorte « d’intelligence en essaim », se plait- ce que les élèves disent dans les invitent les enseignants à se pen- semaines du chic qui permettent à s’appliquer de manière indivi- nécessaire pour convenir entre nous que il à décrire. Un patrimoine mais surtout un enquêtes, on note que cette notion cher sur des pratiques quoti- chacun de réfléchir à son compor- duelle et proportionnelle. C’est 38 lorsque l’enseignant avait décidé qu’il pleuvait climat que ce capitaine Nemo a aujourd’hui d’injustice est particulièrement diennes qui permettent aux élèves tement vis-à-vis des autres. Il s’agit un principe général du droit fran- 39 ce n’était pas négociable », raconte-t-il. Une à cœur de transmettre avant de tirer sa révé- mise en avant. Or, quand le senti- de confronter leur rapport aux de déclencher une envie, une inten- çais que l’on oublie souvent. position qui relève de l’arbitrage et non de rence dans quelques années. ment d’injustice des élèves est très autres. Ils ont introduit notam- tion au respect de l’autre. PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT BERNARDI atelier MÉTIER 17e « Un décalage entre ce UNIVERSITÉ ’automn que l’enseignant croit du SNUipp mettre en place et ce que l’élève en comprend. » PATRICK RAYOU Patrick Rayou est professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université Paris 8 et membre de l’équipe Circeft-Escol. Il conduit des travaux sur l’expérience des élèves confrontés aux attentes des apprentissages scolaires d’aujourd’hui, sur les gestes professionnels de leurs enseignants, sur la formation que ceux-ci reçoivent. AJA

/ N Il est l’auteur d’articles et de livres sur ces thèmes ainsi que d’ouvrages de diffusion IRA IRA

© M des recherches en éducation.

Vous dites que le monde des ces deux mondes sont moins un monde dans lequel vous allez pertise et arriver à comprendre ce enseignants et celui des emboités qu’ils ne l’avaient été être récompensé parce que vous qu’il faut ajuster dans une péda- élèves ne sont plus communs. auparavant et qui suscite des obéissez à des règles et en fonc- gogie différenciée « a priori ». Pourquoi? malentendus. tion du mérite que vous démon- C’est-à-dire imaginer que ce PR. Aujourd’hui, ce sont le plus trez. Il faudra lever le doigt et aller qu’on va dire aux élèves va être souvent des étudiants issus de aux toilettes à heures fixes. Les reçu et filtré à travers des prismes catégories sociales moyenne et Des malentendus modes de socialisation familiale, qui ne sont pas les mêmes et qu’il moyenne-supérieure qui se des- de quel ordre? selon que les parents « pédago- faudrait connaitre ces prismes. Il tinent au métier d’enseignant. PR. J’en vois essentiellement trois gisent» ou non les manières d’ap- y a des familles de malentendus. Des jeunes qui ont réussi dans formes. D’ordre cognitif, d’abord. prendre les choses de la vie, ne Les élèves qui confondent la fin leurs études et ont peut-être plus Il y a une manière d’enseigner et préparent pas tous les enfants de et le moyen du cours, c’est une de mal à comprendre comment et d’apprendre à l’école qui consiste la même façon à faire avec les des catégories les plus répan- Enseigner pour que pourquoi on peut ne pas réussir à «rendre raison» des savoirs et règles scolaires. C’est pour les uns dues. Cette confusion entre le but à l’école. Ils ne sont pas préparés à adopter pour cela des procé- une continuité évidente mais pour de la leçon et les moyens mis en dures particulières. Et d’autres une rupture qui peut être œuvre pour la faire. Je pense que il peut y avoir un insurmontable. sensibilisés à ça, les enseignants les élèves apprennent « Les modes de socialisation décalage entre les pourraient aménager plus facile- situations que l’ensei- ment leurs séquences, être un familiale ne préparent pas gnant croit mettre en Vous parlez d’une nécessaire peu plus dans la co-construction, place et ce que l’élève co-construction. Laquelle et en anticipant sur ce que pour- Il ne suffit pas toujours de faire la même façon aux règles en comprend. (Voir ci- comment? ront-être les réactions des élèves, cours aux élèves pour qu’ils LE MALENTENDU PAR L’EXEMPLE scolaires » contre.) Il y a un autre PR. Il ne faudrait pas parler de parce qu’on les connait. Il s’agit apprennent et il peut y avoir un malentendu, d’ordre séquences d’enseignement mais d’anticiper le malentendu pour culturel cette fois. La de séquences d’enseignement- pouvoir le lever. décalage entre les situations à enseigner à des élèves qui ne littérature jeunesse par exemple apprentissage. Quelque chose qui que les enseignants mettent en l peut y avoir un sérieux décalage entre deuxième approche me semble la meilleure, manifestent pas forcément la a envahi l’école primaire, alors va au-delà de la préparation place et ce que leurs élèves ce qu’attend l’enseignant d’une tâche parce que vous savez comme moi que la pré- même appétence qu’eux pour les qu’avant, elle restait à la porte. didactique de la séquence. Qui Ça demande de la formation… en comprennent. Une partie de qu’il propose et les représentations que conisation du fabricant est toujours suréva- apprentissages. Dans le même Mais est-ce qu’elle fait sens, pour regarde aussi du côté des élèves, PR. Bien sûr! Une formation qui s’en font ses élèves. Pour illustrer ce luée. Vous avez déjà vu une peinture dite temps, l’école est poreuse, qu’on les enfants éloignés de ses codes? de leur réception. Il y a des élèves devrait pouvoir attirer l’attention ces « malentendus » qui parasitent malentendu, Bernard Rey, professeur en monocouche où il n’y a vraiment besoin de le déplore ou pas. Elle s’était De la même manière, les garçons qui sont là, avec leurs disposi- sur des phénomènes qu’on les apprentissages pourrait être Isciences de l’éducation, donne en exemple passer qu’une couche ? » Mais ça, ce n’est construite avec une frontière qui veulent tout le temps jouer au connait mieux levés dans une co-construction une classique situation problème. Donner pas faire des mathématiques. À l’école, on étanche entre elle et le milieu, football ne comprennent pas que aujourd’hui, qu’ils à des élèves les dimensions d’une pièce n’attend pas des enfants qu’ils démontrent une étanchéité qui s’est défaite en l’EPS ce n’est pas le sport. Et c’est « Une confusion entre soient psycholo- qui invite le maître à réfléchir qu’on veut peindre, leur donner le pouvoir une expérience de ce type-là. On habille un raison même de son succès. Plus pourtant une pratique culturelle. giques, sociolo- la préparation didactique de couvrant au litre d’une peinture et leur exercice parce qu’on veut construire des on scolarise et plus la forme sco- Comme les opérations cognitives le but de la leçon et giques mais aussi sa séquence en tenant compte demander le nombre de pots de 5 litres règles mathématiques, tout à fait robustes laire s’étend dans la société et sont scolairement définies et cali- sur les modes d’ap- de la façon dont ses élèves nécessaires. « Ça paraît assez simple et une et importantes, en l’espèce des calculs de plus on peut s’attendre à ce que brées, le rapport à la culture est les moyens mis en œuvre prentissages des grande partie des élèves comprend qu’on est surfaces. Le registre cognitif scolaire est un la société pénètre dans l’école. Du lui aussi secondarisé et scolarisé. élèves. Il n’a pas une la recevront. en train de faire des mathématiques », registre bien particulier, dans lequel il y a coup, et c’est vrai aussi au pri- Et ça, c’est quelque chose qui ne mais «des» théories

- 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE pour la faire » e

17 reconnaît le chercheur. Mais certains feront des règles et des normes partagées, aux - maire, les enfants installent dans va pas de soi et alimente de nom- de l’apprentissage MÉTIER une autre hypothèse. Pour eux, il vaut quelles le maître comme l’élève doit obéir. l’école des modes de vie, des breux malentendus. Il y a enfin de des élèves. Et si on mieux aller acheter un pot de 5 litres, Avec une idée de « reddition de comptes », manières d’être ensemble qui ne l’identitaire. À l’école, vous faites tions qui ne sont pas identiques, apprend bien à l’Espé comment 40 peindre et voir ensuite s’il est nécessaire une rationalité qui est propre au monde sont pas celles de la culture sco- l’expérience que le monde fami- et là on touche à la question de la on fait un cours, on apprend 41 d’aller en racheter. « Eh bien moi, je dis que scolaire. Or dans la vraie vie, ce n’est pas laire antérieure. Un contexte lial dans lequel vous êtes un différentiation, pour lesquelles il moins comment un élève apprend. si je veux repeindre mon appartement, la toujours comme ça. sociologique général qui fait que héros, c’est fini. Vous êtes dans faudrait avoir une capacité d’ex- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCIS BARBE atelier MÉTIER 17e « L’enseignant, un acteur- UNIVERSITÉ ’automn stratège développant du SNUipp des stratégies pour cheminer avec l’élève » SERGE EBERSOLD Serge Ebersold est titulaire de la chaire accessibilité au CNAM. Il était préalablement professeur de sociologie à l’INSHEA de l’Université Paris Lumières où il a créé le groupe de recherche sur l’accessibilité, le handicap et les pratiques éducatives et scolaires (GRAHPES). Il vient de publier L’éducation inclusive, droit ou privilège? Accessibilité et AJA

/ N transition juvénile, et un rapport sur le financement des politiques inclusives dans 18 pays IRA IRA

© M de l’Union Européenne.

Vous publiez «L’éducation en France n’est pas soutenue par l’enseignant de mettre en arrière ne disent pas uniquement qu’ils inclusive, droit ou privilège? un cadre institutionnel spécifique- plan toute forme de routine au pro- ont besoin de plus de savoirs. Ils Accessibilité et transition ment dédié à cet objectif. Certains fit d’une personnalisation et d‘une disent qu’ils ont besoin de nou- juvénile». En quoi cette pays scandinaves par exemple, ont adaptation des pratiques aux velles routines leur permettant de question est-elle toujours développé un cadre institutionnel besoins particuliers des élèves. Le penser différemment la relation Pour une éducation d’actualité? soutenant aussi bien les collectivi- rapport maître-élève se trouve enseignant-enseigné et, plus géné- SE. Elle me semble d’actualité pour tés que les établissements scolaires radicalement redéfinit. L’ensei- ralement, le métier d’enseignant. plusieurs raisons. Malgré le déve- loppement de politiques d’éduca- « L’augmentation du nombre d’élèves à besoin tion inclusive, les inégalités La présence de l’AVS ne vraiment inclusive persistent. L’augmentation du éducatifs particuliers scolarisés en milieu ordinaire n’a l’aide-t-il pas à prendre le nombre d’élèves à besoin éducatifs pas contribué à augmenter leur niveau de qualification recul nécessaire? particuliers scolarisés en milieu SE. À l’heure actuelle, l’AVS est L’école inclusive, ça ne se décrète ordinaire n’a pas contribué à aug- ni à améliorer leurs chances d’accès à l’emploi » autant la béquille de l’élève que pas. La loi de 2005 qui a ouvert CE QUE DIT LE FINANCEMENT menter leur niveau de qualification celle de l’enseignant. Une béquille ni à améliorer leurs chances d’ac- en transformant, notamment, les gnant devient un acteur-stratège dont on ne sait même pas si elle a les portes des écoles aux élèves cès à l’emploi. D’autre part, ces établissements spécialisés en devant développer des stratégies un effet capacitant. Si on ne s’in- en situation de handicap a été DE L’INCLUSION EN EUROPE élèves sont surexposés à l’échec centres ressource. En France, on qui vont permettre de cheminer terroge pas sur l’effet capacitant prolongée 9 ans plus tard par une scolaire, de telle sorte que nous demande au milieu spécialisé de avec l’élève plutôt que d’être dans de ce qui est fait, on a du mal à loi d’orientation demandant à avons une acception mathéma- jouer ce rôle or ce dernier n’est ni un rapport enseignant-enseigné. penser les progrès, la qualité du tique de l’inclusion qui consiste à financé ni formé pour ça. C’est ce L’aider à formaliser de nouvelles travail réalisé et à formaliser les l’école d’adopter le principe de e pas confier au secteur spécia- inclusive ont augmenté y compris dans ceux mettre l’accent sur l’accès phy- qui fait que les acteurs de l’école ne routines en formalisant les inno- compétences requises. En quoi les l’inclusion pour les élèves à besoins lisé ou médico-social (comme les où le budget global de l’éducation était en sique aux établissements scolaires trouvent pas les appuis nécessaires vations est à ce titre essentiel. soutiens permettent-ils à l’ensei- éducatifs particuliers. Sa mise en Sessad en France), un rôle de baisse. Cette hausse n’a rien d’étonnant. au détriment des conditions de pour penser l’adaptation de leurs gnant d’accéder à d’autres rou- ressource auprès des ensei- Dans la plupart des pays, l’éligibilité au sou- scolarisation et de ce qui s’y joue pratiques pédagogiques, et forma- tines et à l’élève d’exercer son rôle œuvre sur le terrain n’est pourtant gnants et établissements sco- tien est corrélée à une reconnaissance offi- pour l’enfant. liser leurs innovations. Les enseignants font souvent d’élève ? En quoi les politiques pas évidente. Le sociologue Nlaires accueillant des élèves à besoins cielle de l’élève à besoins éducatifs part de la difficulté à accueillir d’établissement permettent-elles Serge Ebersold qui a conduit une éducatifs particuliers, alors qu’ils n’ont ni les particuliers, rôle que joue la MDPH en dans leur classe des élèves à à l’enseignant de penser le métier S’il ne suffit pas de décréter Qu’est ce qui doit bouger besoins éducatifs particuliers. étude internationale sur la question moyens financiers, ni la formation néces - France par exemple. Or, les écoles et ensei- d’enseignement autrement que saire. Regarder de près l’effet « capacitant » gnants des pays européens semblent ressen- que l’école est inclusive pour pour que ça change? Comment s’y prendre? celui dont il était question dans le montre qu’il faut désormais se des dispositifs mis en place, c’est-à-dire véri- tir un besoin croissant de faire reconnaître qu’elle le soit, que lui SE. Un des enjeux pour les établis- SE. On a besoin des routines pour cadre de sa formation ? Ce qui fait départir d’une approche purement fier leur impact sur la capacité de l’enfant à un plus grand nombre d’élèves comme étant manque-t-il aujourd’hui? sements est ce que j’appelle l’or- penser ce que l’on fait et pour se difficulté, c’est moins les dimen- comptable pour construire devenir élève et sur la capacité de l’ensei- à besoins éducatifs particuliers. « La person- SE. À l’heure actuelle on place les chestration de l’accessibilité, penser compétent dans ce que l’on sions formelles pour lesquelles il un système inclusif allant bien gnant d’accéder à des routines adaptées à nalisation des politiques inclusives a conduit acteurs de l’école face à un c’est-à-dire la façon dont ils vont fait. Un élève à besoins éducatifs y a des soutiens, que les dimen- ces élèves. Mettre l’accent sur une concep- à ce qu’on reconnaisse à besoins éducatifs ensemble d’injonctions para- inscrire l’éducation inclusive dans particuliers est un élève qui bous- sions informelles qui traversent au-delà de l’école. tion inclusive de l’accessibilité... Telles sont particuliers tout élève qui nécessite d’être doxales. On a délégué aux ensei- leur politique, dans les modes cule ces routines. En les bouscu- les organisations, qui établissent les recommandations majeures formulées soutenu. Ainsi, on a remplacé l’élève en gnants et aux chefs d’établissement d’organisation, dans les dyna- lant, il interroge les enseignants de véritables rites où les manières dans Le financement de l’éducation inclusive situation de handicap par l’élève dans le un certain nombre de responsabi- miques de gestion de la classe, dans leur représentation de ce de faire qui ont lieu d’être. C’est pilotée par Serge Ebersold à la demande de besoin », commente Serge Ebersold. D’une lités sans pour autant les outiller. dans les rapports entre les diffé- qu’est enseigner, les choses les plus une dimension qu’on ignore alors - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 l’Agence européenne pour les besoins spé- certaine manière, ce rapport appelle aussi Au niveau de l’OCDE, les ensei- rents enseignants. Il s’agit de automatiques cessent de l’être. Ils que s’y joue le sens de l’ouverture MÉTIER ciaux et l’éducation inclusive, auprès de 18 à une clarification du champ que doit couvrir gnants français sont parmi ceux repenser et de formaliser les nou- se trouvent confrontés à des ques- à la diversité des profils éducatifs pays de l’UE*, la France n’ayant pas parti- l’éducation inclusive. qui se sentent les plus désarmés velles manières d’enseigner et les tions qui interrogent le bien fondé et, finalement, la possibilité pour 42 cipé à l’enquête. L’observation principale pour modéliser des pédagogies nouvelles manières d’apprendre. Il de ce qu’ils font et leur capacité à le les acteurs de l’école d’appliquer 43 faite durant cette enquête est que les finan- * Croatie, Estonie, Finlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays alternatives. À la différence faut aussi garder à l’esprit que faire. Quand les enseignants disent les principes inclusifs. PROPOS Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Slovénie, Suède, Suisse, Angleterre, Ecosse cements alloués par les États à l’éducation et Pays de Galles. d’autres pays, l’éducation inclusive l’éducation inclusive demande à qu’ils ont besoin de formation, ils RECUEILLIS PAR PIERRE MAGNETTO atelier MÉTIER 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp « Mettre en place des stratégies relationnelles » YVES GUÉGAN Yves Guégan est psychosociologue. Ancien professeur de lettres, il forme aujourd’hui des enseignants de CFA sur les thèmes de la motivation des apprentis, la conduite de la classe, la gestion des comportements difficiles. Derniers articles et ouvrages parus : Petit traité de manipulation à l’usage des professeurs (Sciences de l’éducation, avril 2009), Gérer les conflits avec les élèves : AJA

/ N l’approche paradoxale (Delagrave, 2012) Élèves difficiles ? Osez les ruses de IRA IRA

© M l’intelligence (ESF Éditeur 2016).

Pourquoi perçue comme malveillante en échanges dépourvus de préoccu- tion est le plaisir et elle obéit faut-il ruser avec référence à ses usages militaires pations tactiques. aussi à une certaine logique de les élèves? ou commerciaux. Or tout le l’honneur notamment chez les YG. Je rencontre souvent des monde ruse, en particulier les adolescents. Il convient d’y être enseignants démunis face aux parents qui cherchent à détour- Le but est-il de garder attentif et de comprendre que la problèmes qu’ils ont à gérer. ner l’attention du petit enfant le pouvoir? résistance au pouvoir dans une Ceux que j’accom- YG. Le pouvoir n’est pas un classe se fait aussi par une résis- pagne travaillent but en soi. Quand il n’y a tance au savoir. en centre de for- aucun souci de coopération, mation pour « La ruse permet de les élèves agissent seuls et apprentis avec des l’enseignant peut lâcher Est-ce que la ruse élèves souvent en reprendre le pouvoir prise. C’est quand il y a résis- fonctionne tout La ruse, une alternative échec scolaire. tance de type chahut ou refus le temps? Beaucoup disent d’apprendre qu’il est néces- YG. La réponse est bien sûr néga- que c’est de plus pour résoudre le conflit saire de mettre en place un tive. Ça ne fonctionne pas quand en plus difficile. La pouvoir mobilisateur pour c’est trop visible. Même si cer- à l’autorité crise de l’autorité en douceur » apprendre. La ruse permet de taines ruses visibles mais parfai- est réelle, elle est reprendre le pouvoir pour tement bienveillantes peuvent partout mais c’est résoudre le conflit en dou- être acceptées. Il y a des ruses de particulièrement criant à l’école. pour éviter d’entrer en conflit ceur. Elle préfère l’évitement au profs que l’on perçoit mais que « Tenir » sa classe, obtenir Aujourd’hui, bien heureuse- direct avec lui quand c’est inu- rapport de force. Ce n’est pas l’on accepte. Une ruse ça s’use l’engagement de ses élèves dans PETIT TRAITÉ DE MANIPULATION… ment, la violence physique est tile. Les ruses bienveillantes l’obéissance ou la soumission vite aussi il faut en changer régu- les activités, gagner leur confiance, proscrite. L’autorité morale recherchent le détournement ou qu’elle vise, mais plutôt la déses- lièrement. On ne peut pas tout le reposant sur le seul statut est le faire semblant et se mettent en calade conflictuelle ou même temps non plus être sur la ruse. obtenir leur adhésion. Autant de délégitimée. Aussi les ensei- place au bénéfice de l’enfant et l’adhésion volontaire par des Le dialogue, la transparence, tâches qui font le quotidien des out enseignant sait combien il peut suasion, peuvent favoriser une pédagogie gnants ont parfois du mal à trou- de la transmission. Il convient voies indirectes et souples. Elle restent les outils essentiels de la enseignants et qui nécessitent des être difficile d’obtenir des élèves la de l’engagement. Avec Jean-Léon Beauvois, ver le bon niveau d’autorité, soit donc dans le monde scolaire de relation humaine. lecture chez eux du texte discuté la autre chercheur et professeur des universi- trop, soit pas assez et n’arrivent réhabiliter la ruse qui est l’astuce Enfin, il ne faut pas stratégies de persuasion pour semaine suivante. À peine un quart tés, il est l’auteur d’un livre dont le titre pas à faire face à la résistance secrète utilisée quotidiennement tout miser sur la trans- y parvenir. C’est un domaine de d’entre eux suivront la consigne. « Petit traité de manipulation à l’usage des des élèves. L’idée c’est donc de par tout un chacun dans ses rela- mission et le discipli- TMais armé d’un petit outil de persuasion honnêtes gens » peut prêter à sourire ou mettre en place des stratégies tions avec les autres. À l’inverse « Obtenir naire en négligeant la la recherche que connaissent bien les marchands et les publicitaires issu de la psychologie sociale, le professeur laisser perplexe. Il n’en est pas moins une relationnelles qui puissent com- si la ruse est malveillante, ce relation établie avec les peut être beaucoup plus efficace. Si, juste mine de renseignements sur la manière penser cette perte. Parmi celles- n’est pas efficace, cela se voit et élèves et le groupe qui utilisent volontiers les apports avant de laisser les élèves quitter la classe, d’obtenir l’engagement et l’activité de per- ci la ruse est une stratégie vous prenez le risque d’être dis- l’engagement classe. L’essentiel, de la psychologie sociale. Ruses il leur lance : « Ne partez pas tout de suite, sonnes qui n’en avaient pas forcément l’in- camouflée qui permet de détour- crédité. La ruse dont il est ques- c’est d’obtenir l’enga- et manipulations sont aussi, quand j’ai besoin de savoir qui aura lu le texte la tention a priori. Des techniques qui sont ner l’attention de l’élève « résis- tion est la ruse vertueuse, gement des élèves en elles sont mises entre de bonnes semaine prochaine. Je n’oblige personne... employées dans différents champs ou pour tant » pour tenter de le ramener constructive, dépouillée du des élèves » usant de certains outils Levez bien la main, je voudrais compter », différentes causes comme l’utilisation du vers les apprentissages. cynisme et de la volonté de nuire. de partage du pouvoir. mains, des outils pertinents au plus de la moitié de la classe l’aura effecti- préservatif dans le milieu étudiant ou Elle ne peut qu’être utilisée à Il faut leur ouvrir la - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 vement fait. Voici ce que les psychologues encore l’acceptation des normes de sécurité dose homéopathique. Les ensei- s’apparente ainsi à une méde- possibilité de faire des choix et de service de la bonne cause pour MÉTIER Ruser, est-ce bien obtenir l’engagement des personnes. sociaux appellent la psychologie de l’enga- au travail pour les employés d’EDF. Des tra- gnants doivent avant tout cine douce dont l’effet est d’apai- participer aux décisions. Les gement. Cette anecdote que raconte le vaux de la psychologie sociale dont peuvent honnête comme construire au quotidien une rela- ser les relations. Cela dit, la ruses fonctionnent d’autant plus 44 chercheur Robert-Vincent Joule, montre que s’inspirer les éducateurs qui cherchent à manière d’agir? tion de confiance basée sur la résistance n’est pas complète- qu’elles font appel à l’intelligence 45 de nombreuses connaissances produites par obtenir le consentement et l’engagement YG. La ruse a très mauvaise répu- sincérité et la transparence et ment négative, elle aide à la individuelle et collective. PROPOS la psychologie sociale à propos de la per - de leurs élèves. tation parce qu’elle est souvent multiplier avec les élèves des construction de soi. Sa motiva- RECUEILLIS PAR LAURENT BERNARDI atelier MÉTIER 17e UNIVERSITÉ ’automn « Une pratique compétente, du SNUipp c’est une pratique informée et réflexive » OLIVIER MAULINI Olivier Maulini est professeur associé à l’Université de Genève. Il est responsable du laboratoire Innovation-Formation-Éducation (LIFE) et intervient dans la formation des enseignants, des formateurs et des directeurs d’établissement. Ses recherches portent sur les pratiques pédagogiques et les institutions scolaires, le travail, le métier et la formation des enseignants, les rapports entre savoirs, école et société. Dernier ouvrage AJA

/ N paru : « Comment changent les formations d’enseignants » (Ed De Boeck, 2017). IRA IRA

© M avec Julie Desjardins, Jacqueline. Beckers, Pascal Guibert.

Existe-t-il de bonnes ou pelle l’école, pas la classe. ponctuelle, circonscrite et intensive gies qu’il est facile de diaboliser mauvaises pratiques L’organisation des écoles en pour être efficace. L’école a besoin mais impossible de soumettre à pédagogiques? degrés, en classes, en un système d’un surcroît de compétence, donc l’intelligence humaine sans les OM. La question renvoie à l’expres- annuel d’évaluation et de sélection de capacité, ici collective, d’organi- utiliser. sion d’un horizon normatif réfé- par le redoublement est une inven- ser le travail scolaire sans le réduire rant au bien. Pas étonnant, dès tion plus récente. Une société avant à l’application plus ou moins scru- lors, que les débats sur la pédago- tout soucieuse de légitimer la puleuse de règles bureaucratiques. Comment former et outiller gie tournent souvent à la guerre de sélection sociale par l’école n’a les enseignants sur le plan religions. Plus prosaïquement, les aucun intérêt à modifier ce sys- des pratiques? «bonnes pratiques» dépendent de tème. Il permet d’attribuer les Les nouvelles technologies OM. Soutenir les pratiques et leur nos critères d’évaluation. Qu’est-ce places d’une manière acceptable doivent-elles faire évoluer la développement, c’est d’abord les que «savoir lire», par exemple? politiquement, soit parce que la façon d’’enseigner? prendre au sérieux, et ne pas les Décoder? Comprendre? Inférer? compétition profite aux plus riches OM. Non. Elles ne le doivent pas, invalider en bloc au motif que le Lire le journal, sa fiche de paie, et aux plus puissants, soit parce elles le peuvent éventuellement. problème de l’école ne serait pas là. Rabelais, Shakespeare ? Si l’on que les plus fragiles l’acceptent Changer de pédagogie à cause du Ici encore, attention aux oscilla- Et si on parlait pratique ? accepte de fixer un but qui fait à comme une fatalité : « notre fils smartphone, c’est une mauvaise tions. D’un côté, les mythes de la peu près consensus, la discussion n’est pas scolaire, c’est pour cela qu’il raison de se mettre en question. «liberté pédagogique» ou de l’«art peut commencer. Une pratique a échoué…». Si vous souhaitez sor- D’ailleurs, les observations d’enseigner» peuvent être les fos- « Pas de métier sans gestes et sans efficace, c’est d’abord une pratique tir du statu quo, vous devez forcé- montrent qu’ajouter des ordina- soyeurs des pratiques s’ils compétente, donc informée et ment repenser votre organisation teurs à une didactique inefficace empêchent tout échange, tout règles du métier », nous dit QUESTION DE MÉTIER AVEC L’AGEEM réflexive. Deux points de fuite sont n’améliore pas les débat professionnel sur leur légiti- Olivier Maulini. Quand la formation dangereux: celui qui confond la résultats. Parfois, ils mité. Pas de métier sans gestes et initiale s’appauvrit, quand la fermeté du guidage avec un profes- « Changer de pédagogie baisseraient même sans règles du métier. Par ailleurs, formation continue disparaît, où seur exposant le savoir devant des en privant l’ensei- les illusions scientistes et techno- Association générale des ensei- deux œuvres d’art dans les classes avec une élèves sommés de ne pas l’interro- à cause du smartphone, gnant de ses meil- cratiques d’une méthode sans faille et comment réfléchir sur ses gnants des écoles et classes mallette pédagogique. Les ateliers mis en ger; l’autre qui se méprend sur la leurs outils, certes peuvent rassurer politiquement, pratiques de classe, les adapter maternelles publiques (AGEEM) place dans les classes ont fait ensuite l’objet «pédagogie active» en plaçant les c’est une mauvaise artisanaux mais mais en escamotant la complexité aux prescriptions institutionnelles, est bientôt centenaire. L’AGEEM, d’une exposition en fin d’année. » Change- élèves en situation d’agir et de s’ex- fonctionnels. Seuls d’une relation pédagogique irré- ce n’est pas seulement le grand ment de cap à la rentrée, les membres du primer, mais sans intervention raison de se mettre les professeurs qui ductible à la «fabrication d’autrui». aux évolutions sociales et L’congrès qui réunit chaque année un millier groupe ont choisi d’axer leurs rencontres sur magistrale pour guider leur ques- pratiquaient l’inte- Nous avons encore beaucoup à technologiques, mais aussi mesurer de passionnés de la maternelle autour les échanges autour du métier « On essaie tionnement. L’enseignant compé- en question. » ractivité avant les faire pour valoriser et questionner à leur efficacité particulièrement d’une thématique éducative. C’est aussi de lutter contre une tendance actuelle à la tent est capable de régler les deux machines se sont la fois les pratiques ordinaires, auprès de ces élèves qui résistent ? dans les départements des collectifs d’en- consommation et à l’individualisme, les col- curseurs en situation. C’est pour du travail mais alors assumer les saisis d’elles pour aller plus loin seule manière d’en faire le patri- seignantes et d’enseignants qui se ren- lègues sont toujours intéressés par le métier cela que nous avons besoin d’êtres risques de l’innovation. D’une part, dans leurs projets. C’est là, bien moine d’une profession à la fois Le chercheur suisse invite les contrent, échangent, réfléchissent sur leurs et la pédagogie, mais ils ont de plus en plus humains pour éduquer les enfants, se heurter à la méfiance de ceux sûr, que le numérique peut deve- exigeante et fière d’elle-même. Ces- enseignants à se montrer prudents pratiques de classe pour les faire évoluer au besoin d’un expert ou d’un formateur pour pas de robots ou de systèmes qui pensent que vous bradez l’école nir puissant: une correspondance ser d’idéaliser l’enseignement et et patients et à ne pas sous-estimer bénéfice de leurs jeunes élèves. En Gironde, les encadrer. À tour de rôle, c’est donc experts développés en laboratoires. en ouvrant la classe. D’autre part, scolaire en direct, reliant Annecy l’école serait la première condition « la complexité de la relation Corinne Grezet, directrice de l’école primaire chaque enseignante qui propose au groupe commettre la maladresse de croire et Chicoutimi, Freinet en rêvait, d’un progrès cumulatif parce que Flornoy à Bordeaux, pilote le groupe dépar- une réflexion sur un sujet ou une pratique de qu’un cycle d’apprentissage est fait Internet l’a fait ! L’école devrait patient. Mais nous vivons à l’ère de - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e pédagogique. » Faut-il sortir de la forme

17 temental depuis trois ans. « Nous nous réu- classe qui l’intéresse. » Ni syndicat, ni insti- pour repousser le moment du bilan rester le lieu de deux missions : l’accélération et des fantasmes de MÉTIER nissons environ une fois par mois avec à tution, l’AGEEM reste cette association ori- scolaire classique un maître, et de la remédiation, alors qu’il contraindre à la décélération sans toute-puissance. Autant dire que le chaque fois une vingtaine de personnes pré- ginale au sein de laquelle enseignantes et une classe et pourquoi? devrait au contraire resserrer les laquelle l’étude et la raison cri- réalisme commande d’abord de ne 46 sentes. Auparavant, nous proposions de tra- enseignants peuvent parler métier. D’au- OM. La forme scolaire implique un échéances sans attendre un verdict tique sont impossibles ; inclure pas sous-estimer la difficulté qui 47 vailler toute l’année autour d’une activité tant plus indispensable quand la formation lieu séparé du monde pour organi- de fin d’année. La recherche dans cette critique le monde tel nous attend…PROPOS RECUEILLIS PAR artistique.Par exemple, on a fait circuler continue fait défaut… ser les apprentissages. Ce lieu s’ap- montre qu’une régulation doit être qu’il est, y compris des technolo- PHILIPPE MIQUEL atelier MÉTIER 17e UNIVERSITÉ « La voix fait intégralement ’automn partie du dispositif du SNUipp pédagogique » CORINNE LOIE Corinne LOIE, chargée de prévention et orthophoniste MGEN, fut tout d’abord artiste lyrique et ce sont des difficultés vocales qui l’ont amenée à s’interroger sur le fonctionnement de cet organe, vital dans les métiers enseignants. Elle mène de nombreuses actions de prévention, de formation et de rééducation des troubles de la voix parlée et chantée. Ces actions s’adressent aussi bien aux jeunes enseignants stagiaires des Espé qu’aux professeurs confirmés de tous les degrés. Depuis 2014, AJA

/ N elle produit de nombreux supports pédagogiques et travaille également à la création IRA IRA

© M d’un réseau national de personnels ressources.

La voix est-elle un atout des bruits de lèvres, des sirènes, vocale en direction des ensei- pour l’enseignant? aller du plus bas au plus aigu de Qui et quand consulter en cas gnants de tous les degrés. Cinq CL. Elle est un atout pour tout le sa voix sans forcer. Après s’en de défaillance? journées de la voix par an se monde. C’est un atout dans la suit une plénitude vocale, d’une CL. Avec 26 heures de phonation tiennent en région et à Paris. Elles mesure où elle fait intégralement durée variable en fonction des professionnelle par semaine, constituent des actions de préven- partie du dispositif pédagogique. gens, allant généralement de 1h l’enseignant est en utilisation tion sous la forme d’information Grâce à la voix, face à ses élèves, à 1h30. Ensuite le muscle a supra physiologique de la voix. collective, et réunissent de grands l’enseignant fait passer les besoin de repos. La santé vocale L’opération des cordes vocales spécialistes nationaux et des connaissances mais aussi son état des enseignants est liée à leur concerne 16% des enseignants artistes reconnus. La MGEN vient émotionnel. Si la voix est bien pla- faculté à reposer leur voix, à exerçant. 20% des arrêts de tra- aussi de publier sur M@gistère, la cée, si l’enseignant a des intona- savoir se taire, cesser d’être dans vail sont liés aux problèmes de plateforme de formation à dis- tions, un débit, une hauteur et un l’interaction et suffisamment voix. Lorsque l’enseignant sent tance de l’Éducation nationale, un timbre de voix agréable et adapté dormir. Parler est un acte psy- une fragilité ORL ou phoniatrique parcours hybride de formation aussi aux situations qu’il ren- tel qu’un voile durable composé d’un module en distan- Dans la classe, trouver sa voix contre, tant relationnelles que sur la voix, des difficul- ciel avec des jeux de mise en situa- pédagogiques, son message n’en « Les conflits et les tés à moduler, un tion ciblant les situations passera que mieux. La voix essoufflement ou des professionnelles à risque vocal La voix, outil professionnel de construit la congruence nécessaire tensions relationnelles, douleurs, il faut absolu- élevé et des contenus en présentiel l’enseignant, ne se résume pas à UNE FORMATION APHONE à une bonne communication avec ment que son médecin axés sur la pratique vocale. La le groupe classe. Par ailleurs, il y l’environnement de généraliste lui donne MGEN publie également Vocal’ize, un simple exercice d’émissions aurait énormément de choses à accès libre aux spécia- une application mobile gratuite, phoniques. Elle renseigne sur les faire au niveau de l’environnement travail parfois difficile listes de la voix que sont actuellement disponible sur relations que ce dernier entretient acoustique comme assourdir les les ORL et les pho- Iphone et android. des enseignants interventions. « Il serait essentiel d’ap- salles à l’acoustique trop réverbé- ont un impact sur la niatres. Ceux-ci vont avec sa classe, mais aussi avec souffrent de prendre aux enseignants à respirer, à maî- rante ou rendre plus sonores celles pouvoir examiner préci- les apprentissages, et surtout avec pathologies de triser l’énergie que l’on met dans la lecture dont l’acoustique est trop sèche. Et résistance vocale. » sément le fonctionne- Quel type de formation lui-même. Elle participe dans son la voix qui sont d’un texte pour le nuancer, à parler piano pourquoi pas, lever le tabou et ment des cordes faudrait-il mettre en place 55% pour les enseignants ? entièreté à l’acte pédagogique, qui à l’origine de 20 % des arrêts de travail, pour être plus efficace en terme d’atten - s’équiper d’un micro lorsque la cho-moteur qui engage à la fois vocales, en fournir une image contre 4 % dans les autres professions, tion ». Du côté de la formation initiale voix «fait grève», c’est-à-dire en les facultés cognitives, la résis- avec laquelle l’enseignant pourra CL. Il serait bénéfique pour les ne peut se résumer lui-même à selon l’INSERM. Mais que fait donc leur c’est le service minimum. L’Espé de Stras - période d’aphonie. tance physique et la sphère affec- aller consulter l’orthophoniste enseignants d’avoir accès réguliè- une simple transmission des employeur, l’Éducation nationale, pour bourg propose aux M2 stagiaires un tive de l’individu. Les tensions qui lui, sera chargé de la rééduca- rement à une visite médicale leur savoirs. Car enseigner c’est avant préserver l’outil de travail de ses ensei- module de 12 heures sur la voix qui mêle relationnelles, un environne- tion mais aussi de l’éducation en permettant de faire le point sur technique vocale et enseignements sur la Comment les enseignants ment de travail difficile ont un matière d’émission vocale. leur forme vocale. La formation tout communiquer et dans cet gnants et les accompagner tout au long de leur carrière ? Pas grand chose en for - communication verbale et non verbale. À peuvent-ils se prémunir au impact sur la résistance vocale. initiale devrait comprendre des exercice la voix est pour mation continue, sinon déléguée à leur l’Espé de Lyon, Jean Duvillard, doctorant quotidien de la fatigue de cet Pour finir, on sait que les patho- cours réguliers hebdomadaires l’enseignant un atout précieux mutuelle de santé. Les stages voix ont dis - au laboratoire ICAP (innovation, concep- outil de travail? logies vocales telles que nodules, Où en sont les politiques de abordant la technique vocale prévention concernant la voix? qu’il doit entretenir et préserver. paru depuis longtemps des plans de for - tion et accompagnement pour la pédago- CL. Il faut éviter le surmenage et polypes se déclenchent souvent mais aussi les domaines mation académique. Et pourtant, selon gie) propose un outil interactif « La voix le forçage vocal. Il est aussi lors d’une pathologie ORL de CL. Les pathologies vocales ne sont connexes à la prévention des Travailler le geste vocal se fait Jean Moissonnier, chargé de mission du mon instrument de travail » pour les mas- nécessaire d’échauffer le muscle type laryngite, rhino-pharyn- toujours pas reconnues comme troubles de la voix tels que la ges- - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 en questionnant les représentations développement des activités musicales ters d’enseignement. Des modules vidéo vocal : prendre le temps de mas- gites, trachéite... Quand on est maladies professionnelles. La tion des conflits, la communica- MÉTIER de l’enseignant sur sa voix mais pour un réseau d’éducation prioritaire à et des MOOC qui couvrent l’ensemble des tiquer, de s’hydrater et de un professionnel de la voix, il est MGEN déploie une importante tion interpersonnelle, la aussi sur ses méthodes Strasbourg, les besoins et les demandes besoins des jeunes débutants à cette pro- détendre la nuque, les épaules, nécessaire d’être attentif à la politique de prévention des pédagogie, et tout ce qui touche à 48 sont criantes. « Mon geste vocal n’est pas blématique professionnelle. le dos, la mâchoire, la langue y manière dont on s’habille et troubles de la voix qui se présente la posturologie et aux techniques 49 pédagogiques et ses capacités adapté », « le soir ma voix est très fati- contribue. On peut ajouter prendre toujours soin de couvrir sous la forme de conférences, de gestion du stress. PROPOS relationnelles. guée », entend-il lors de chacune de ses http: //voix.corps.enseignant.univ-lyon1.fr quelques petites vocalisations, son cou quand il fait froid. mais surtout d’ateliers de pratique RECUEILLIS PAR VIRGINIE SOLUNTO appel 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

APPEL UN APPEL L’école de la réussite de tous et Les premiers de la formation des citoyens signataires Lancé à Port-Leucate a besoin de toute la recherche lors de l’Université AU MINISTRE d’automne du SNUIpp-FSU, hanger l’école et la rendre plus effi cace pour plus de justice et l’appel à Jean-Michel Blanquer a déjà recueilli une d’égalité impose de renforcer la formation initiale et continue quarantaine de signatures. des professeurs des écoles. Pour réaliser cette ambition, les Au moment de mettre sous DE L’ÉDUCATION presse, nous publions la liste Censeignants ont besoin, au cours de leur formation, que la des premiers signataires. recherche éclaire leurs pratiques afi n de construire ensemble les savoirs • Christian Baudelot professionnels en faveur d’une école de la réussite de tous les élèves. • Serge Boimare Dans le dialogue permanent que l'école doit entretenir avec la • Véronique Boiron NATIONALE • Stéphane Bonnery recherche, aucune discipline ne peut légitimement s'imposer aux • Joël Briand Enseignants, chercheurs, autres et aucune ne doit être ignorée. La recherche ne peut être • Mireille Brigaudiot instrumentalisée dans des débats médiatiques le plus souvent • Sylvain Broccolichi formateurs, lancent un • Jean-Luc Cazaillon réducteurs. • Pierre Champollion appel au ministre de La complexité des processus d'apprentissage suppose une coopération • Roland Charnay • Pascal Clerc l’Éducation nationale pour durable entre chercheurs et praticiens. Toutes les recherches et tous les • Sylvain Connac mouvements pédagogiques, qui prennent l'école et les apprentissages • Boris Cyrulnik la diffusion de la recherche • Laurence De Cock pour objet, concourent à la constitution d'un corpus de connaissances • Eric Debarbieux par le biais de la formation. en perpétuel développement. Cette dynamique de la connaissance ne • Marie Duru-Bellat • Agnès Florin peut se réduire à un prêt-à-penser immuable dont les enseignants ne • Roland Goigoux seraient que les interprètes. • Joëlle Gonthier • Jean-Pierre Jaffre VIDÉO Le sens et les enjeux des apprentissages reposent sur l'expertise • Yves Jean enseignante. C’est le pédagogue qui s’empare, traduit, et met en • Christophe Joigneaux œuvre la ressource délivrée par la recherche. Il travaille à la • Bernard Lahire • Françoise Lantheaume transposition pédagogique des savoirs universitaires en savoir-faire • Claude Lelièvre dans des situations d’enseignement / d’apprentissage. • Françoise Lorcerie • Philippe Merieu Le développement et le déploiement de cette expertise s'inscrit • Pierre Merle nécessairement dans un processus continu d'appropriation des apports • Stanislas Morel • Christine Passerieux de la recherche et de la formation. Mon tout est • Pierre Perier Mon premier est un ministre qui à découvrir sur C’est pourquoi nous, chercheurs, enseignants et formateurs, appelons • Eric Plaisance a des partis pris sur la recherche et qui • Eirick Preirat aime beaucoup les neurosciences. la chaîne youtube le ministère à développer et à diffuser la recherche dans tous les du SNUIpp-FSU • Patrick Rayou Mon deuxième est un syndicat qui • Bruno Robbes pense que l’école a besoin de l’ensemble domaines intéressant l'école par le biais de la formation et à valoriser des disciplines de la recherche pour ainsi la professionnalité des professeurs des écoles pour construire une • Jean-Pierre Terrail la réussite de tous les élèves. • Marie Toullec-Thery Mon troisième c’est l’université école capable de réduire les inégalités et de former des citoyens libres d’automne avec des chercheurs pluridisciplinaires qui ont un avis de pensée. sur la question. - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e 17 50 51 17e UNIVERSITÉ La prévention à l’école avec la MAE Dossier ’automn du SNUipp Agréée par le ministère de l’Éducation nationale depuis 2008 COMMENT DURER DANS LE MÉTIER ?

ème Semaine Nationale 4 de Prévention à l'École ! Accidents de la vie courante et gestes qui sauvent du 15 au 19 janvier 2018

Enseignants, pour participer, inscrivez-vous ! du 9 octobre au 4 décembre 2017, formulaire en ligne sur

Suite à votre inscription, vous recevrez une con rmation de l’enregistrement de votre participation. À partir du 11 décembre, nous vous enverrons un email Tenir la distance pour vous donner accès au téléchargement en ligne de votre kit pédagogique. Les enseignants en fi n de carrière seraient tous aigris et démotivés quand ce n’est pas incompétents. C’est ce poncif que l’équipe dirigée par Françoise Lantheaume a voulu interroger au moyen d’une vaste enquête de trois ans soutenue par les syndicats enseignants de la FSU et menée auprès des personnels de plus de 50 ans. Votre Kit pédagogique u’est-ce qui fait que passée la cinquan- pensée critique s’exerce envers l’institution. Non pas taine et après plus de 25 ans de carrière, que les enseignants ignorent les réformes mais ils les nombre d’enseignants sont toujours traduisent en pratiques qui ont du sens pour eux. Et NOUVEAU ! engagés dans le métier, plutôt satisfaits ils exercent aussi cette pensée réflexive sur leurs Le Club des Super-Héros janvier 2018 Qde leur travail et en bonne santé ? C’est propres façons de faire. En effet, les enseignants qui ce que l’équipe pluridisciplinaire de l’université de vont plutôt bien savent à la fois s’appuyer sur des rou- PARCOURS NUMÉRIQUE pour sensibiliser les élèves Lyon 2 autour de Françoise Lantheaume a voulu cer- tines et les remettre en cause quand ils en sentent les DU CYCLE 1 AU CYCLE 3 à la prévention des accidents ner dans une recherche au long cours. Durant plus de limites. Ensuite, face aux défaillances de reconnais- de la vie courante et aux gestes qui sauvent. trois ans, les chercheurs ont mené des entretiens qua- sance du métier dans la société et par la hiérarchie, ils litatifs auprès de 176 enseignants du primaire et du ont su construire des sources de reconnaissance per- secondaire et observé les classes pour aboutir à un sonnelles : un collectif de travail dans l’école ou en Cycle 1 Cycles 2 et 3 rapport de recherche publié en 2016. dehors, des passions personnelles, des engagements Ils ont pu dégager cinq éléments clés qui expliquent associatifs, syndicaux. Les portraits réalisés à l’occasion

Création : MAE • APA4-SNP4 09-17 : MAE • APA4-SNP4 Création cette longévité et ce plaisir toujours à faire classe, de la 17e Université d’automne (lire p.56-57) illustrent sans éluder les éléments de souffrance au travail qui d’ailleurs ces stratégies pour durer : des changements apparaissent en fi ligrane. L’usure est citée par les de postes, des projets, des engagements personnels. personnes interrogées, et notamment celle face aux Car ces professionnels qui durent aiment se lancer des successions d’injonctions ministérielles entendues défi s et dans ce cycle de fi n de carrière ont encore soif dans leur carrière. d’apprendre, de progresser et de transmettre à leurs Alors le premier élément qui les aide à persister est collègues plus jeunes. La fi n de carrière se construit justement une capacité d’esprit critique et d’autono- dès l’entrée dans la profession, souligne l’universitaire. 53 DOSSIER RÉALISÉ PAR mie, comme l’explique Françoise Lantheaume dans Elle traduit ce besoin de reprendre en main le métier VIRGINIE SOLUNTO Accompagner petits et grands sur le chemin de la prévention l’entretien qu’elle nous a accordé (lire ci-après). Cette que porte le SNUipp-FSU. ET LAURENCE GAIFFE MAE SOLIDARITÉ est agréée par le ministère de l’Éducation nationale depuis 2008 54 Dossier

17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 seule chose que l’on a ce sont les seule chosequel’on acesontles La question. àcette pour répondre sur lesfi ns decarrièreilyadixans F.l. plus difficile aujourd’hui ? Durer danslemétier serait-il qu’il enétait. ce voir de envie avonseu Nous gés. moins compétents,enga- ticulier, enfi n decarrière,seraient salariés etlesenseignantsenpar- qui diffusel’idéeselonlaquelleles moyen, médiatique,institutionnel xième raison était lediscours le groupe professionnel.Ladeu- donc unpoidsplusimportantdans riquement plusimportanteeta cette tranched’âgedevientnumé- gnants entrantdans lemétier. Or carrière, contrairementauxensei- fi en enseignants surles tion n de quêtes organisées par l’administra- voiremêmed’en- scientifiques F.l. durer danslemétier »? recherche sur«Comment Pourquoi avoir lancé cette une pensée critiqueet del’autonomie » « Les enseignants quidurent manifestent Il y avait très peu de données Il faudrait avoirdes donnéesIl faudrait COMMENT DURERDANS LEMÉTIER? des typesdefatiguedusàl’âge. comparaison avec«avant » etont fi n de carrière ont des éléments de tous les enseignants, mais ceux en rend leschoses plus diffi ciles pour sociale decertainesfamilles.Cela l’aggravation de lasituation dans l’accélération des réformes, qui prend sa source notamment l’intensifi cation de ces ressentis La différence aujourd’hui c’est élèves et une plus grande fatigue. aveclesparents, difficiles du métier, avecdesrelationsplus cette impression de dégradation fi cile qu’auparavant. On retrouvait l’idée qu’enseigner étaitplus dif- d’oùressortaitde 2001-2002* tranche d’âgedansnotreenquête discours desenseignantsdecette d’avoir unautre regard. » minorer les difficultés mais enseignants. Ilnes’agit pasde victimaire, dépréciative des d’uneapproche « Sortir

© MIRA / NAJA l’enseignement dequestions controversées. ses évolutions, surlesréformes et leurdevenir et sur (ECP). Sestravaux surletravail portent desenseignants, Elle dirigelelaboratoire Éducation, cultures, politiques universités ensciences del’éducation àl’université Lyon 2. Françoise Lantheaume est sociologue, professeure des FRANÇOISE LANTHEAUME force au groupe professionnel cela cela augroupeprofessionnel force il yadelasouffrance.Donner diffi en quand onest pourquoi culté, mieux comprendrecequimanque mais d’avoir un autre regard et de s’agit pasdeminorerlesdiffi cultés dépréciative desenseignants. Il ne victimaire, approche sortir d’une renouveler notredémarche etde téresser àcegroupe a permis de métier, plutôt en bonne santé. S’in- gnants plutôtsatisfaitsdeleur au travail,soitinterrogerlesensei- orienter l’enquêtesurlasouffrance enseignants endifficulté etdonc sibles. Soitnousintéresseraux F.l. enseignants plutôt satisfaits ? Pourquoi interroger les Nous avions deux choix pos- choix Nous avionsdeux bonne santé. vité, engagé et en persister dans l’acti- et satisfaisante rière pour avoirunecar- on peuts’appuyer surquoi ce possible, montrer ce qui est passe aussipar enseignant sont raresoùilpeut dans lavie professionnelle d’un Mais les momentsqu’ils feront. ont fait, sur ce qu’ils font, sur ce delaréflfestent exivité surcequ’ils leurs proprespratiques.Ilsmani- vers tournée aussi est critique eux, pourleursélèves.Leurpensée pratiques quiontdu senspour de les traduire en dispositifs, en sontcapables etils changements surces critique réflexion une compte des réformes mais ilsont travail etqu’ilsnetiennentpas leur qu’ils nesont pas engagés dans chiques. Celaneveutpasdire hiérar- personnels de réformes, gnants ontvubeaucoupde l’institution d’une part. Ces ensei- vers orientée est critique sée tique etdel’autonomie.Cettepen- c’est l’importance de la pensée cri- dans lemétier. premierélément Le enseignants quidurentplutôtbien ments quiserventd’appuiàces F.l. dans letravail ? Quels élémentsaident àdurer Nous avons identifié cinq élé- leurs pratiques, de niveau, d’école. leurs pratiques,de niveau,d’école. cause. Ilschangent certainesde qu’ils sontcapablesderemettreen construites aufildesannéeset ont qu’ils efficaces routines des carrière agissentens’appuyantsur enseignants quivontbienenfi n de point d’appuietuneentrave.Les F.l. un point d’appui ? Les routines sont-elles contraire pourbientravailler. pour enfairemoins, mais au préservent leurautonomienonpas teur, duministre.Lesenseignants classe sansriensavoirdel’inspec- danssa toutseul pastravailler n’est mise enœuvre.L’autonomie ce enseignants qui réfl échissent à la des avec coopérative et collégiale plus façon de élaborées réformes système éducatifatoutàgagnerde enseignants, leur expérience.Le prendre encomptel’inventivitédes sont pasréunies.C’estne tions de cetteautonomie positive ne gnement, ni formation, les condi- aucune concertation,niaccompa- réformes sontdécrétées sans engagement sera fort. Quand des être desapplicateurs,moinsleur engagement. Plusilssontréduitsà leur de conditions des l’une C’est se créentdesmargesd’autonomie. durent lemieux sont ceux qui ont et professionnel. Lesenseignantsqui ils sontenrelationetleurparcours élèves, lesfamilles aveclesquelles leurs travail, de environnement leur est imposé et l’adapte à leur qui àlafoisprenne encompte cequi mique de constructionde solutions dyna- une créer mais passubir ne F.l. critique et injonctions? Comment conjuguer pensée gues etdesintervenants. a fait,endiscuteravecsescollè- prendre ce recul, réfl échir à ce qu’il l’inventivité. » collégialité favorisent professionnels, dela existent des débats « Les écoles où Les enseignants savent très bien Les enseignantssaventtrèsbien Les routines sont à la fois un Les routines sontàlafois un des passions personnelles… Cela Cela personnelles… passions des associatives, politiques, syndicales, extérieures, activités des gique, de l’école,ungroupement pédago- peut être des collègues endehors Cela personnelles. reconnaissance sont constituédessourcesde face à cela, ceux qui vont bien se temps, au-delà du service dû. Alors donnent de leur énergie, de leur missions. Cela fait 25-30 ansqu’ils pourleurs œuvré beaucoup d’avoir sentiment ontle carils mal plus Les plusde50ansleviventencore sources desouffranceautravail. part deresponsabilité,estunedes tats ne sont pas si bons, ils ont une travaillent maletque,silesrésul- rière. L’idée que les enseignants enseignants satisfaits en fin de car- les chez ycompris défaillante très F.l. Et lebesoindereconnaissance ? de fairedubeautravail. épreuves choisiesontpourobjectif dégradent leuractivité.Ces qui imposées épreuves les sissent. En revanche, ils vivent mal épreuves àsurmonterqu’ilschoi- mation spécialisée. Ce sont des pédagogique ou de suivre une for- conseiller devenir mutation, une dedemander fonctions, ses évoluer faire de être peut stratégie autre choses nouvelles de essayer ».Une que jen’ai jamais fait avant pour chosetelle ce personne, ouavectelle « Cette année jevais travailler sur intérêt pourletravail.Par exemple, leur stimulant épreuves sont des mais se lancent aussi des défi s qui bonnes conditions de travail, oui, pas leurseulconfort.Ilsveulentde jets, deseformer. Ilsnecherchent ment, d’apprendre,d’avoirdespro- de se développer professionnelle- continuent ceux quisontsatisfaits les enseignants n’évoluent plus, ment à l’idée qu’en fi n de carrière risent, cette inventivité.Contraire- des débatsprofessionnels,favo- écoles oùexistentdelacollégialité, routines efficaces.De même les et laconstructionde ou moins cette créativité plus travail favorisent des organisationsdu seul, l’individu de fait renouveler n’estpasle Mais la capacité à se La reconnaissance du travail est La reconnaissancedutravailest favorisent l’inventivité. » professionnels, delacollégialité « Les écoles oùexistent des débats aspects. Plus le collectif est perçu estperçu aspects. Pluslecollectif enseignants arbitrent entrecesdeux contrainte. Enfindecarrièreles est à la fois une ressource et une cela lefragilise. Lecollectif de travail sollicitant tellementl’individu que encaractéristiques personnelles surdes essentiellement reposent Ou alors difficilement. existent pour persister dans lemétier gnants, tousleséléments signalés collégialité entredirectionetensei- n’y apasdecollectifentrepairs, n’existent pas.Danslesécolesoùil tant plusquandcesressources dentes, importantes, on levoit d’au- F.l. des ressources ? L’équipe, lecollectif sont-ils par seretrouverunpeuplusseuls. mations, certains projets etfi nissent passe àl’école,ilsratentdesinfor- moins «danslecoup»decequise peut lesmarginaliser, ilssesentent sence enclasse.Etletempspartiel d’heures de service, moins de pré- autant travaillermaispourmoins Ces enseignants ont tendance à allègement delacharge detravail. pastoujoursun n’entraîne il plus De fi en moins fréquent carrière. n de travail àtemps partiel même s’il est d’autres. Cela peut reposer sur le ou telle activité et moins sur traduit par unaccentmis sur telle d’alléger lecoût du travail. Cela se forte que dans les âges précédents l’usure apparaîtlanécessitéplus variables dans letemps. Enlienavec il y a des engagements sélectifs et rapidement enarrêtmaladie.Mais gager complètement sinon ilest L’enseignant nepeutpassedésen- dernier cycledevieprofessionnel. tions d’engagementàl’intérieurdu corpus deplus50ansdesvaria- F.l. parcours defin decarrière ? Y a-t-il unecontinuité dansles institutionnelle enlamatière. ne faitquesoulignerladéfaillance Oui, cesontdesressourcesévi- Nous avons trouvé, dans notre Nous avonstrouvé,dansnotre enseignant (PUF, 2008). Une sociologiepragmatique dutravail Christophe. Lasouffrancedesenseignants. * LANTHEAUME Françoise &HELOU des premièresannées. au-delà perdurent qui ressources boulot, de façon à seconstruire des discuterdu débats professionnels, réunionnite »mais pour avoir des lective, non pas pour « faire de la col- dynamique dans une mettre nels eux-mêmes comme de se éléments relèventdesprofession- des décideurspolitiques. D’autres travail, de la part de la hiérarchie et une meilleure reconnaissance du non pas imposées. Ensuite ilfaut internes àl’institution, décidées et besoin de possibilités de mobilités vieillir autravail».Demême,ilya continuée rend difficile le«bien ait plusde formation réellement bilité des individus. Lefait qu’iln’y ce n’est pas de la seule responsa- L’institution auneresponsabilité, critiques etd’adaptationcréative. en développant sescompétences prépare dès ledébut, notamment pective delafi n decarrière.Celase trée danslemétier avoirlapers- Le premier conseil,c’estdès l’en- milieu decarrière ? enseignants endébutou conseilsQuels pourles passé. dansle différente expérience par eux qui ont pu connaître une c’est ressentiencoreplus fortement enseignants enfi n decarrière,mais source. Cen’estpaspropreaux rarement perçue comme une res- enquête, lahiérarchie n’est que très cialisés. Enrevanche,dansnotre pédagogiques, desenseignantsspé- conseillers des coordonnateurs, des delà del’écoleetpeutcomporter vaau- qui élargi, uncollectif aussi sont internesàl’écolemais ilexiste qui ceux différents, collectifs de mettre lemétier. Ilyades formes trans- de unsouci et l’expérience de proprient etsontporteurs. Ilsont ressource, cesenseignantssel’ap- l’investissent. Maisquandc’estune comme une contrainte, moins ils du SNUipp UNIVERSITÉ 17 ’ automn automn e 55

COMMENT DURER DANS LE MÉTIER ? 56 Dossier

17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 fois moinssérieux ». beaucoup pour des moments sérieux... et par- voit se on et réunit se on équipe, en vaille lable dans mon métier avec les enfants. On tra- été une année très difficile. J’ai une foi inébran- doutes : miné au commissariat. Mais cela a généré des quand un problème avec des parents s’est ter- L’aide précieuse,surtout été a collègues des pèsent. lui injonctions ses et hiérarchie la etpressions commence-t-elle. Lesreste », le enfantsj’occultedevantles suis je quand tout Rep. « C’est un métier qui n’épargne pas. Mais en maintenant Zepet en parisienne,région en enseigne Christine que ans 30 fait Cela Seine-Saint-Denis (93) Christine Dura en SOLIDAIRE SURLETERRAIN L’ÉQUIPE... « Je ne me suis pas arrêtée mais ça a COMMENT DURERDANS LEMÉTIER? l’enseignant comme lapersonne. Alorschacuntrouve sa réponse pour «durer ». font c’est partie, unmétier difficile quiinterroge, quiuse, quipeutlasser aussi remplit desatisfactions quotidiennesaucontact deleursélèves oudel’équipe dont ils élémentaire, lesenseignants n’ont credo qu’un :«Ce métier jel’aime les ».Pourtant s’il exercentQu’ils enéducation prioritaire ouàlacampagne, enmaternelle ouen pour durer aussi longtemps ? Mais comment font-ils

© MIRA / NAJA née», l’an-fini n’auraispas peut-êtreje complète semaine une avec et handicap de situation c’étaitRep,diffi J’avaisencile. élèves quatre rie et faire des choix. travailler à des projets, de lire un peu de théo- ressourcer,réflse de de possibilité échir, de scolairediffinement c’estla cile,avoir aussi gnante, et particulièrement dans un environ- plein temps. » un pour qualité de travail un fournir de sible m’étaitenfants,impos-il six avec car métier le permettre, aété une façon dedurer dansle se peut on quand travailLetempspartiel, « à Pyrénées-Atlantiques (64) Kathy Champierdansles POUR BIENFAIRE PRENDRE LETEMPS… grande richesse. »,conclut-elle. croisés sur la classe avec ma collègue sont une c’estEt aussibien élèves.les pour regardsDes réaliserprojetsdes faireetde bien. choses les de temps le a on mais classe la pour nation rural.milieu en continue-t-elle.exerceElle maintenant commence Kathy. Pour l’ensei- « Cela demande de la coordi-la Celade « demande « Ma dernière année en

© MIRA / NAJA tant. Iln’yapasquel’école ». personnels. Avoir quelque chose à côté c’est impor- paramètres des aussi Mais maternelle. de qués syndi- de groupe d’un j’aiexemplepartie où fait d’autres aussi syndicatpar a leviers.Le y il Mais « l’ac’estenvie…: durer.qui faitcelapoursuit Elle à l’AGEEM... et à l’UDA ». Se nourrir, avoir toujours J’ai fait des stages mais j’ai aussi beaucoup appris continuer,d’émulation. renouvellement,pour de aussi. J’avais besoin de changement, d’une rupture car à 50 ans le physique en maternelle ça compte « J’avais envie de continuer en faisant autre chose explique-t-elle. », rebondir de envie toujours ment senti de lassitude mais je suis curieuse et j’ai plein qu’elle travaille à l’Espé. en formation générale. Aujourd’hui, c’est à temps à mi-temps et assure son autre mi-temps à l’IUFM classe en est 2006,elle En formateurs». de tion forma- faireune pour disponibilité de année une passé le CAFIPEMF en 2000, puis en 2005 j’ai pris maternelle je me suis lancée dans la formation, j’ai 1986. en enseignante devient Anne spécialisée, éducatrice été avoir Après enMoselle(57)Anne Mory POUR TRANSMETTRE SE RENOUVELERETVIVRE… « Je n’ai jamais vrai- « Après 11 ans en en ans 11 Après «

© MIRA / NAJA aussi que important les maths et le français. » raire des élèves. La culture, pour les élèves, c’est litté- et artistique éveil un pour forts gogique envers l’école. Mes projets sont des choix péda- redevable sens me je et beaucoup apporté poursuit-il avant de conclure : », j’auraismétier autre d’autresfaitun choix, d’écriture,projetsces bien à mener de sibilité rencontres. Si l’on ne m’avait pas donné la pos- demande une ouverture d’esprit et il est fait de m’investir.métier de Notre J’aibesoin sant. c’estintéres-projet moins de pédagogie sans lassitude. Et éviterla carrièrepour de pectives pers- des donner se faut Il « ateliers. les vivre fairepour aussi réseau... de coordonnateur devient il PDM suppressiondu la à ans, deux Créa’Livres.avec», projet des parents, de co-intervenir sur pédagogie de l’impulsion possibilité,sous j’aila où eu PDM de postej’ai changé,un occupéayant travail bibliothèque/imprimeur. ville/ partenariats des aussi développe mais écrivains et illustrateurs au sein de ses ateliers venird’écriture.fait mutualise, ateliers Il des mateur Rep lui donne l’opportunité de monter c’estd’ani-postesion l’écriture.un 1998, En s’est attaché à monter des projets mais sa pas- Alain passé,est il où partout ans, 30 Depuis dans leNord (59) Alain Chevalier AVEC SESÉLÈVES FAIRE VIVRESESPASSIONS… parfois moinssérieux. » moments sérieux... et beaucoup pourdes on se réunit et onse voit « Ontravaille enéquipe, « Les modalités de modalités Les « explique-t-il. Il y a y Il explique-t-il. « Ce métier m’a

de carrière sereinement. fisa envisage déroutants,elle changements n aux institution une dans compliquées années des Après projet. un dans relance la école son dans ans trois de moins de classe d’une différent sur l’enfant », réflma dans évolué regard un porte je et exion métier.j’auraisle quoi J’aiquittéfaisais,sans en maternelle pour me conforter dans ce que je J’ai cherché et trouvé des options pédagogiques lien avec l’éducation et tout cela m’a maintenue. l’extérieurà davantageen impliquée suis me d’automneSNUipp-FSU.l’Université du à Ligue de l’Enseignement et les CEMEA, se rend ? tenir mais ce que je faisais mais comment faire pour l’exercicecompliqué.devient métier du avec un inspecteur et une fermeture de classe, diffirelations des mari, son ciles de décès le tive avec une équipe qui marchait bien. ». Après étions très impliqués dans une dynamique posi- Nous mari. mon que école même la dans lais suis pas posé cette question de durer. Je travail- 35 ans. depuis département son dans PE Valérieest en Seine-Maritime(76) Valérie Peuple POUR ÉVOLUER ENSEMBLE LES COLLECTIFS PÉDAGOGIQUES... », explique-t-elle. Elle renoue avec la avec renoue explique-t-elle.Elle », « Pendant de longues années, je ne me pour éviter lalassitude.» perspectives decarrière « Ilfaut se donner des poursuit-elle. L’ouverture « J’ai-« « Je Je «

© MIRA / NAJA autre chose pournepasmescléroser ». finit : directricegrosseécolematernelle.d’une Elle lance un nouveau challenge. Elle est à présent se et CAFIPEMF le commence puis TICE, trice école,sondevientanima- quitte elle talle.Et s’ins- lassitude la nouveau à classe.Mais de travail son présenter pour invitée est elle où numérique du salons de portes les ouvre lui échange avec des collègues et son expérience numérique pédagogique. Elle se forme seule, du challenge le dans lance se elle 2007 En niveau de vent reconnaissance des parents » la sentir de et découverte de classes des ser et m’a permis de travailler en projet, d’organi- Ce changement d’école, de milieu, a été positif quitter la ZEP, pour me rapprocher de chez moi. pour mouvement au passée suis Je lassitude. de ZEP, j’ai commencé à ressentir une certaine dées. Au début de ma carrière, après neuf ans ont été très bonnes avec des équipes très sou- ont été plus faciles que d’autres mais beaucoup de carrière, elle constate : Anne a toujours enseigné à Nice. Après 29 ans dans lesAlpes-Maritimes (06) Anne Guimonnet POUR NEPAS SESCLÉROSER CHANGER… « C’est ma façon d’évoluer, faire encore « pour avoir encore l’envieencoreavoir ». pour « « Certaines années . Elle change sou- du SNUipp UNIVERSITÉ 17 ’ automn automn © MIRA / NAJA e 57

COMMENT DURER DANS LE MÉTIER ? Dossier COMMENT DURER DANS LE MÉTIER ?

Une enquête pluridisciplinaire

omment les enseignants durent-ils dans le métier ? Usure, adaptation, épreuves et ressources », tel est le nom complet de l’enquête «Cau long cours réalisée de 2012 à 2016 par le Laboratoire Éducation, cultures, politiques (ECP) de l’université Lyon II sous la direction de Françoise Lantheaume. Les enseignants de plus de 50 ans sont de plus en plus nombreux dans la profession du fait de l’allongement des carrières et peu de don- nées scientifiques existent sur cette popula- tion. C’est pourquoi l’équipe de 14 chercheurs, enseignants et étudiants a voulu cerner les éléments qui les aident à durer. L’échantillon de 176 enseignants des premier et second degré public comprenait donc des profession- nels avec environ 25-27 années d’ancienneté et « plutôt satisfaits de leur métier », c’est-à- dire heureux de l’exercer, en bonne santé et engagés. Les chercheurs reconnaissent qu’il s’agit d’un biais dans l’étude, mais un biais L’univers magique assumé (lire ci-dessous). Cet échantillon est d’enseignement. L’enquête, volontairement selon une grille « multi-scalaire et multi- également constitué presque exclusivement qualitative plutôt que statistique, a été réali- focale ». des Moomins va de titulaires. sée sous forme d’entretiens individuels et col- Ce projet se situe dans le cadre d’un pro- Sept thème ont été choisis pour guider les lectifs. Elle a également comporté un volet gramme de recherche sur les évolutions du émerveiller une questions : la temporalité, c’est-à-dire les ethnographique dans les écoles, un question- travail des enseignants, en début et en fin de cycles de la vie professionnelle, le parcours naire pour un sous-groupe de la population carrière. Projet pluridisciplinaire financé par nouvelle génération des personnes interrogées, leur origine retenue afin d’explorer une question particu- l’Institut français d’éducation et les syndicats sociale, mais aussi l’engagement dont ils font lière et elle a été complétée par des observa- enseignants de la FSU, il a croisé les champs d’enfants… preuve, la reconnaissance de leur travail, les tions filmées. Un guide d’entretien a permis de la sociologie, de l’ergonomie et des réformes et les spécificités de leur niveau de mener les échanges, analysés ensuite sciences de l’éducation.

RÉPARTITION DES ENSEIGNANTS DU PRIMAIRE PUBLIC PAR TRANCHES D’ÂGE ENQUÊTE RÉALISÉE AUPRÈS DE

40,8 41,4 41,8 L’évolution n’est pas spectaculaire, mais de toute enseignants de 39,9 évidence la population enseignante vieillit. Certes, ce que note en creux ce graphique, c’est que près plus de 50 ans de la moitié des PE ont entre 30 et 40 ans, un 176 plutôt satisfaits chiffre à rapprocher d’une autre donnée qui veut de leur travail, titulaires. que la moyenne d’âge des enseignants du premier degré se situe autour de 40 ans. Mais la part des La population de l'enquête enseignants âgés de plus de 50 ans va en • 41 en école Dès 19,3 progressant depuis 2003, légèrement il est vrai, • 11 en SEGPA - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e mais la courbe est régulièrement ascendante. La • 97 en collège 3 ans 17 question de la longévité dans le métier posée par • 27 en lycée 12,2 11,4 10,5 l’étude de Françoise Lantheaume n’est donc pas dénuée d’intérêt. Par ailleurs, la diminution Dans 52 établissements 58 constante des moins de 30 ans pose sans doute la • 13 écoles AU CINÉMA LE 29 NOVEMBRE question de l’attractivité du métier. Mais ça, c’est • 39 collèges et lycées une autre histoire. 2003 2011 2013 2015 Source : Bilans sociaux du ministère.

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17e UNIVERSITÉ D’AUTOMNE DU SNUIPP - 20-21-22 OCTOBRE 2017 à simpleexécutant. passer l’enseignant deconcepteur pédagogie officiellequiferait Elle à cette dimensioninnovante. solution miracle quisemble dévolus la interroge lapertinence, militante del’éducation nouvelle, les écoles. Christine Passerieux, semble créer desdynamiquesdans les « appellations institutionnels, lessalons et Valorisée parlesdiscours prescription ? Innovation, unenouvelle déontologie ouleprincipede alerte surlesrisques d’une alerte MATERNELLE », l’innovation

D formation, « de manque un à associée qui, enseignants, les portent que culpabilisation la confirme Finistère, du Sabrina, interroge-t-elle. mauvaise ? serait ordinaire nalité nelle qui n’est pas définie. Alors, la profession- en opposition à une pédagogie dite tradition- « enseignant en Gironde, regrette que souvent, de recul et sur leur mise en pratique. Christine, la pression portée sur les enseignants, la prise Le relais fort de ces propositions interroge sur pédagogique. liberté la de mépris au nelles institution- prescriptions des parfois même conceptions très différentes. Elles deviennent d’innovation, englobant des pratiques et des PAS DESOLUTION MIRACLE des pratiques intéressantespratiquespositionnent des se prennent souvent la terminologie la souventprennent Elles médiatiquement. relayées largement sont pédagogiques démarches ou expérimentations certaines années, plusieurs epuis entraîne les collègues à chercher » rel de l’intuition, comme si enseigner c’était natu- il y a cette idée que « présentée comme facile et innovante. Et puis, donnée comme prodige. D’autant qu’elle est marche pas, on va aller chercher une recette faite « être pas ne de des gourous méthodes « « redonnent qui métier le dans impulsions trouverdes de besoin le sur insiste Christine je ne cherche pas à progresser suis pas une bonne enseignante, mais en plus, ficile truction ducollectif. recons une par bien mais miracle,comme malhonnêtementprésentée solution d’une applicationen mise la par passer pas peut métier,du remobilisationne la Passerieux,

des étincelles dans les yeux

», complète-t-elle. « » ou se détacher en analysant ce qui ne : non seulement, intrinsèquement, je ne pensée en main ». Du coup, plutôt que d’accepter une enseignante 100 enseignante une la pédagogie relèverait Ce qui rend le refus des » encore plus dif ». Pour Christine ». De son côté, % par % - - -

© MUCHIELLI / NAJA

© MIRA / NAJA Cette « c’est hiérarchiser les individus. construites, culturellement et ment mais sociale- en riennaturelles qu’elles nesont élèves, alors différences entre Naturaliser les cause del’égalité. une remiseen « des développement, d’une conception naturalisante du dument neutre, leretour enforce Ainsi aunom de LA sciencepréten- manière plus ou moins masquée. de l’avenir engagent qui tissage de l’enseignementetl’appren- savoirs, des l’école, de conceptions mue aujourd’hui,portedes pro- est qu’elle telle l’innovation, élèves necessentdesecreuser. Or nité s’imposer, comme la« C del’innovationpertinence Pourquoi s’interroger surla échecs leurs de comptables sont seuls élèves et Enseignants évacuées. ments… Lesvraies questions sont comporte auprofitdes mations savoirs qui sont réduits à des infor aussi l’absence de réflexion sur les plus acteur mais exécutant. C’est pratiques avec laprescription de « tion de la complexité du métier - néga la et pédagogiques et taires décennies derecherchesuniversi- d’entreprise). C’estlerejetde compris dansl’éducationàl’esprit d’éducation (marchandisationy public service le menace qui l’école de accélérée marchandisation P. P. L’innovation semble devoir », alors que les écarts entre : les élèves s’ils ne se sai se ne s’ils élèves les : innovation » où l’enseignant n’est » oùl’enseignantn’est » c’est aussi la » c’estaussila « Naturaliser entre hiérarchiser talents moder- bonnes » est » est ? élèves - - - au débutdu20 tessori quiaapporté des ruptures sa validation.OuencoreàMon- et amentisur privée, expérience une ontpermis lui financiers et de révélerquelsappuispolitiques dons ressemblent étonnamment à des dont les intelligences multiples face à l’avenir. Je pense à Gardner parents légitimement inquiets rement lesenseignantset politiques, etvisaient particuliè - ment de soutiensmédiatiqueset certaines ontbénéficiétrèslarge- C innovations particulières Faites-vous référence àdes « charisme pourappliquerles les enseignantss’ilsmanquentde sissent pasde l’égalité deschances, modèles politiques inquiétants. renvoie à desgie officielle sur le service public. Une pédago- tiques des menaces quipèsent sonttrès embléma- exemples port àl’obéissance… Ces rap- pensée, la de construction absence du langage comme Rythmediscutables. « giques etpédagogiques plus que - idéolo bases sur des ministre, chand, très cher, promu par le est devenue un produit mar- P. P. bonnes Il ennaîttouslesjoursmais

les (…) ; à Céline Alvarez qui a omis ; àCélineAlvarezquiaomis les » méthodes.

individus. »

différences c’est e sièclemaisqui réfléchissant auxpistes possibles pourfaire réussir tous lesélèves. au sein duGFEN.Elleaégalement coordonné plusieursouvrages surl’école maternelle, Christine Passerieux continue son militantisme dansl’éducation nouvelle, enparticulier Après avoir été enseignante, conseillère pédagogique, associée àl’équipe ESCOL, CHRISTINE PASSERIEUX cause del’égalité » une remise en naturalisante quiest « Une conception

naturel ? », », vient pasquandelle sous-estime trajets singuliers. Ellen’y par scolaires, quelsquesoientleurs apprentissages dansles entrer puissent pourqu’ils langagiers et desoutils cognitifs enfants maternelle est de doter tous les C la maternelle l’échec... Cela sejouedéjàdès Vous parlezdefaire reculer C promouvoir niveau. Peut-on encore la responsable d’unebaisse de critiquée car jugéevaine et L’égalité sembleactuellement des pratiques. politiques, choix des partis-pris, dansdes vivre faire la de mais ne suffitpasdedécréterl’égalité, Pour ? membres ses de autantil amputée delamoitié une société une nécessité. Quel avenir pour un droit,et savoirs pourtousest L’accès aux humanité? commune gine, exclusdecequifaitnotre soient d’emblée, de par leurori- ment justifierquedes enfants des inégalitésscolaires.Com- inégalités sociales,quideviennent l’école reproduitetaggrave les plus enplus entre élèves car revanche lesécartssecreusentde en réalité, àla nullement de niveau invoquée ne renvoie baisse La loterie. une est l’école sauf àpenserque l’inacceptable, pour fonctionde faireaccepter retour àl’égalitédeschancesa ministère envisage l’égalité. Le bien leméprisdanslequel P. P. P. Le termed’égalitarismedit Le rôle premier de l’école ? ?

- dans leréel. pas unsloganmaiss’inscrive lité d’accèsàlaculturenesoit Pour que l’éga- quelles finalités? transmettre missions assignéesàl’écoleque surles réflexion une chantier La formation doit remettre en tivement leur professionnalité. enseignants construisent collec- les taire etpédagogique,afin que lien avec larecherche universi- pour lesélèves. Elledoit être en outille surcequifaitdifficulté initialeetcontinuequi formation nécessaire. L’urgence estàune progresser est une condition sont capables d’apprendre et de La conviction que touslesenfants gnants s’yemploientavecsuccès. c’est possibleetquedesensei- C inégalités scolaires les possibles pourlutter contre Quelles sont alorslespistes est perçucommedesmanques). gences, uneadaptation àcequi time (avecunebaissedesexi- Mais aussiquandelleles sures- des enfants lesplusconnivents. tissages sontconçusenfonction les différences lorsque leappren- service qui des très Ces « MATHILDE P. Il fautd’abord rappeler que

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MATERNELLE atelier MATERNELLE 17e UNIVERSITÉ « Favoriser les pratiques ’automn langagières plus du SNUipp élaboratrices » ÉLISABETH MOUROT Elisabeth Mourot est docteure en sciences de l’éducation et chercheuse au laboratoire CIRCEFT-ESCOL, de l’université Paris 8. Elle a été enseignante en maternelle, directrice d’école, conseillère pédagogique et a travaillé essentiellement dans l’éducation prioritaire. Son questionnement constant sur les inégalités d’apprentissage l’a conduit à s’engager dans la recherche. Elle s’interroge sur la symbolisation en maternelle

AJA et a récemment publié « Construire la signification des objets scolaires »*. / N

IRA IRA * in LARDON I.(coord.) GFEN maternelle. Apprendre à comprendre dès l’école maternelle. Réflexions, pratiques, outils,

© M Chroniques sociales, 2017.

Comment définissez-vous apprentissages fera que d’autres la première, l’interprétation est les objets scolaires? l’identifieront comme étant le réaliste. Le sens est porté par la Comment la favoriser? EM. Ce sont tous les objets de la symbole du mois de mai. On représentation – une fleur est EM. Je pense qu’il est intéressant classe visibles et concrets pense simplifier les affiches en y une fleur – et l’élève utilise le lan- que les enseignants aient en tête comme par exemple le matériel, introduisant des dessins, des gage dans l’immédiateté de la ces trois modalités interpréta- le mobilier, les jeux, les livres. situation pour dénommer, tives. Car il y a des situations qui Mais les objets scolaires ce sont dire ce qu’il voit. Dans la deu- vont parfois solliciter chez les aussi des abstractions liées aux xième, l’interprétation est élèves un usage spontané du finalités des enseignements, ce à « Au même âge, associative. L’élève va faire langage et d’autres favoriser des quoi on a affaire lorsqu’on appel à son expérience pour pratiques langagières plus éla- Construire la signification apprend quelque chose de précis. dans une même rapprocher ce qu’il ne connait boratrices. Un travail sur les affi- Dans ce cas, ces objets ont une pas du support de ce qu’il chages constitue une belle relation invisible au savoir qu’il classe, face aux connaît. Il pourra dire que le opportunité de questionner les faut construire avec les élèves. petit train des jours « c’est représentations et d’utiliser le Ce ne sont plus des objets ordi- mêmes affiches, pour les anniversaires» se sou- langage d’une autre manière. des objets scolaires naires puisqu’ils sont en lien venant que l’enseignant s’en Les élèves qui symbolisent ne avec l’intentionnalité pédago- est approché à cette occasion. disent plus seulement « c’est » gique de l’enseignant. Par tous les élèves ne Le langage sert ici à se remé- ou « c’est pour » mais aussi exemple, une table n’est plus un morer et redire les choses « c’est pour dire ». Ils mettent Derrière l’affichage du célèbre simple meuble mais un espace voient pas la connues et non pas à explorer alors à distance la signification « petit train des jours » dans UN TRAIN PEUT EN CACHER de travail, une affiche n’est pas quelque chose de nouveau. première attachée à la représen- les classes maternelles se cachent une simple image mais devient même chose. » tation et ils élaborent avec le des interprétations bien différentes UN AUTRE un support pédagogique. Or langage une autre signification. comme beaucoup d’objets de la Et la troisième catégorie? Cela ne peut se faire que si l’en- de la part des enfants. classe sont potentiellement des marques de couleurs, des EM. Elle correspond à une moda- seignant pratique lui-même ce Car l’apparente simplicité des supports pédagogiques cela crée codages pour en faciliter la com- lité interprétative symbolique. type de langage avec les élèves, dessins masque souvent un objet ne locomotive suivie de sept familiers, plus les élèves peuvent se laisser des ambigüités. préhension comme le muguet Pour parvenir à la signification s’il explique pourquoi tel objet wagons encadrés de couleurs diffé- « piéger par le réalisme des représentations pour mai, le poisson pour avril, symbolique, les élèves doivent n’a pas la même signification scolaire très symbolisé et rentes. Sur certains de ces wagons, figuratives » et par leur proximité avec leur uni- mais ce sont de fausses évi- changer de cadre de référence. dans telle situation. C’est une finalement complexe. la photo de la maîtresse, sur vers quotidien. Il sera d’autant plus nécessaire C’est le cas avec dences. Car pour en construire la Le langage n’est plus utilisé habitude à prendre et à faire Élisabeth Mourot attire notre d’autres une petite maison. Pour que l’enseignant enseigne les transformations les affichages? signification, les élèves sont cen- pour les associations ou les prendre aux enfants qui n’ont Ules enseignants l’objectif est clair, ce « train des que l’enfant doit opérer pour passer de « c’est EM. Au même âge, dans une sés mobiliser des éléments désignations d’objets mais pour pas ce rapport au monde. Se attention sur la nécessité jours » doit permettre aux élèves d’identifier, une maison » à « c’est pour dire qu’on est à la même classe, face aux mêmes culturels qui ne leur ont pas for- la mise en relation de ces objets demander ce que les objets d’accompagner les enfants dans nommer et ordonner les jours de la semaine maison et qu’il n’y a pas école ». La chercheuse affiches, tous les élèves ne voient cément été transmis. avec le contexte des apprentis- signifient dans le contexte sco- la construction de ces significations en repérant ceux où il y a école ou pas. Mais montre d’ailleurs que des affichages a priori pas la même chose car ils n’in- sages scolaires et les savoirs en laire peut même devenir une symboliques si nécessaires aux ce n’est pas si clair pour les nombreux élèves plus complexes et moins figuratifs comme les terprètent pas le sens porté par jeu. Les objets prennent un autre contrainte utile. On peut aussi de grande section à qui Élisabeth Mourot a affiches sur les sons (j’entends / je vois) favo- ces objets de la même manière. Comment les enfants sens qui inclut l’intentionalité pratiquer des activités de codage apprentissages premiers. demandé à quoi servait cet affichage et ce qu’il risent davantage des modalités d’interpréta- Ces supports ont en effet une interprètent-ils ces affiches? pédagogique de l’enseignant et qui permettent de s’approprier Un impératif pour réduire les disait. En effet, le support ludique et stylisé tion symboliques et une mobilisation des double valence. Le dessin du brin EM. Ma recherche a montré que suppose un autre rapport au ces manières de faire de l’école - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 peut faire oublier aux élèves que le train doit connaissances de la part des élèves pour peu de muguet figurant sur le calen- les modalités que les élèves monde : « le train c’est pour et de comprendre comment, inégalités d’accès au savoir. MATERNELLE servir à se repérer dans le temps, ils peuvent que « les codages conventionnels utilisés aient drier de la classe peut être perçu mettent en œuvre pour interpré- apprendre les jours de la quand on n’a pas recours à 62 ne pas avoir compris que le dessin de la mai- été enseignés ». par ses qualités extrinsèques et ter les signes peuvent se classer semaine ». Cette transformation l’oral, la symbolisation permet 63 son représente un jour sans école et la photo Pour une approche plus didactique de la question, on pourra lire certains élèves vont y voir une en trois catégories selon l’usage nécessaire, que j’ai appelé sym- de stocker l’information comme de la maîtresse un jour d’école. La chercheuse « Les affichages à l’école maternelle, première entrée dans l’écrit » fleur. Mais ce signe possédant qu’ils font du langage et l’activité bolisation, doit être accompa- le fait aussi l’écrit. de Mireille Delaborde dans la collection Doubles pages pour l’école explique que plus ces dessins sont simples et maternelle chez Canopé éditions. une qualité intrinsèque liée aux cognitive qui y est associée. Dans gnée à l’école maternelle. PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXIS BISSERKINE atelier MATERNELLE 17e UNIVERSITÉ « Les activités de ’automn l’école ont toujours du SNUipp une part d’étrangeté pour le jeune enfant » MARYSE REBIÈRE Enseignante-chercheure honoraire, Maryse Rebière a longtemps formé les futurs enseignants à Bordeaux, dans sa spécialité de sciences du langage et de sciences de l’éducation. Elle est membre de l’Association française des enseignants de français AJA

/ N (AFEF) et a participé à l’ouvrage collectif du GFEN paru en juillet 2017, IRA IRA

© M « Apprendre à comprendre dès l’école maternelle. Réflexions, pratiques, outils.».

Que signifie «apprendre peinture ou un gâteau, jouer à la senter aux enfants des albums dif- ments connus empruntés à l’expé- à comprendre dès l’école poupée, on peut faire cela avec les ficilement compréhensibles, par rience. C’est le propre du langage. maternelle», le titre de parents mais l’enseignant a tou- les références culturelles qu’ils l’ouvrage collectif auquel jours, et c’est son rôle, une inten- contiennent et l’humour utilisé. Un vous participez? tion pédagogique qui détourne par enfant de trois ans peut-il savoir ce Quelle est la place du langage MR. C’est d’abord « apprendre son questionnement le sens de qu’est de la neige et donc com- oral dans les apprentissages? l’école» comme le dit Élisabeth cette activité. L’enfant doit très vite prendre ce que signifie l’empreinte MR. Les enfants doivent passer des Bautier, comprendre ce qui s’y comprendre qu’il ne s’agit pas uni- de Petit Ours Brun? Encore plus usages de la maison à ceux de passe et qui est totalement étranger quement d’activités ludiques difficile, même si l’album s’adresse l’école. Et le langage joue donc un au jeune enfant qui entre en petite comme à la maison. Une autre dif- à des plus grands: dans L’Afrique de rôle fondamental dans cette Zigomar, les héros croient partir appropriation par l’enfant des vers le Sud mais en fait ils partent codes de l’école. Il est l’outil prin- Apprendre à comprendre « Beaucoup d’albums sont vers le Nord et interprètent tout ce cipal de communication et de sco- qu’ils rencontrent en fonction de ce larisation. Il est aussi le ciment du difficilement compréhensibles pour qu’ils savent de l’Afrique, ce qui est groupe classe, avec des lexiques la source de l’humour du livre. En de classe, différents de celui de la dès l’école maternelle les jeunes enfants par leurs réalité, cet humour est incompré- classe d’à côté. Cela permet à l’en- hensible pour un enfant qui n’a pas fant de se reconnaître comme références culturelles, leur humour. » de représentations des univers afri- membre d’un groupe, de se posi- cain et nordique. Si l’enfant n’a pas tionner comme acteur de ce Pour le tout jeune enfant, entrer cette connaissance préalable, le groupe, de manière différente du à l’école maternelle c’est devoir LES COINS JEUX COMME SAS section. Tout d’abord accepter la ficulté très importante, c’est celle livre n’a aucun sens et on passe à rôle qu’il a dans son groupe fami- collectivité, pourquoi on se retrouve qui concerne les apports culturels côté de tout ce qui est drôle. De lial. Le langage fait des enfants des s’adapter à tout un univers qui lui à 25 ou plus, pourquoi on vit avec et principalement les albums. même les ruses, les intentions sont élèves. Le langage est également est étranger avec de nouveaux ces autres, pourquoi de nouveaux difficiles à comprendre. Dans Le spécifique selon les activités. On camarades, de nouveaux adultes, est un des débats qui traversent atelier est organisé avec le matériel du jeu posé adultes imposent des règles nou- Petit Chaperon Rouge, quand le loup ne parle pas la cuisine comme on Écouter un album lu par des codes. Il lui faut « apprendre les classes et les salles des sur une table et la présence de l’enseignant qui velles. Comprendre pourquoi on fait du charme à la petite fille, les parle le bricolage ou le calendrier. maîtres : quelle place de la mai- est là pour guider, poser des questions. Une fois doit se rassembler, s’asseoir en l’enseignant, ce n’est pas enfants jusqu’à 4 ans croient qu’il On n’utilise pas le même lexique l’école » et « apprendre à son, à l’intérieur de la classe ? tous les enfants passés dans cet atelier, nouveau rond, ce qui est nouveau, écouter, forcément le comprendre? dit vrai et qu’il veut vraiment jouer, et on ne regarde pas les objets de comprendre » ce qu’il fait là, ce Que fait-on de l’expérience de déplacement du jeu : dans le lieu de rassemble- parler à la demande, chanter en fai- MR. Véronique Boiron est montée ils ne voient pas immédiatement ce la même façon, et c’est un pas fait C’chacun ? Les coins jeux peuvent fournir une pas- ment. L’enseignant gère à nouveau mais avec le sant des gestes, aller aux toilettes au créneau sur cette question et je qu’il a derrière la tête. Il est donc en direction des langages discipli- que signifient les activités, quel est leur but ? L’entrée dans l’écrit, serelle et des universitaires (lire p.65) encou- groupe classe, ce qui ne permet plus à chacun avec les autres, exécuter des lui ai emboîté le pas. Dans les trois nécessaire d’apprendre à com- naires. L’enfant construit ainsi les ragent une démarche très progressive avec une de toucher les objets. La manipulation est mise consignes même si on n’en a pas années du cycle, expliciter les prendre, c’est-à-dire à reconnaître outils langagiers nécessaires pour qui est la grande affaire de phase où on vit l’activité, une phase où on parle à distance pour la parler. Puis des photos de l’ac- envie. Toutes ces pratiques sont albums qu’on lit aux enfants est dans l’image et les mots une expé- faire des sciences, de l’histoire... l’école, s’articule à cet univers de ce qu’on vit, une phase où on sort du lieu, on tivité permettent de l’évoquer non plus avec incongrues pour de jeunes enfants. absolument indispensable. Car rience vécue ou si ce n’est pas le Enfin, le langage permet de préalablement construit, que ce met à distance, on parle après à partir de pho- « J’ai baigné... » mais de façon générale, « Pour La première chose est qu’ils com- contrairement aux croyances par- cas, en construire une fictive, créer mettre à distance ses expériences. tos, ensuite on introduit un album et de l’écrit. baigner la poupée, on...» . Ces différentes phases prennent ce qu’ils font là, dans ce tagées par les enseignants, les un nouveau monde, à partir d’élé- Ce travail de langage après coup soit au niveau du sens porté entre « Ces étapes sont indispensables pour que les « arrachent » l’enfant à la situation qui res- nouveau lieu si différent de ce qu’ils parents, la compréhension de la permet d’aborder des autres par les albums ou à celui enfants arrivent à s’arracher du langage premier, semble à celle de la maison pour aller vers un connaissent. En revanche certaines littérature jeunesse n’est pas opérations cognitives - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e « Le langage joue un

17 très corporel, affectif pour petit à petit entrer dans langage plus distant. Ce n’est qu’après cette activités peuvent ressembler, pas immédiate. L‘école a introduit telles que classer, trier, de la technique d’encodage. MATERNELLE le langage de l’école », souligne Maryse Rebière, démarche qu’on peut présenter un album du toujours et pas pour tous les massivement les albums mais la rôle primordial dans comparer qui sont 64 enseignante-chercheure honoraire. Exemple type Ploum prend son bain afin de s’éloigner enfants, à des activités développées façon dont les adultes les choi- constitutives du déve- 65 avec le bain de la poupée. Une première étape encore plus de l’expérience vécue par le person- à la maison. Mais ces activités ont sissent, leurs goûts personnels et l’appropriation par l’enfant loppement de la pen- est de laisser tous les enfants y jouer tour à tour nage mais qu’on peut comprendre «parce qu’on toujours une part d’étrangeté dés- leurs difficultés à voir ce qui peut sée. PROPOS RECUEILLIS PAR dans les premières semaines d’école. Puis un l’a parlée avant ». tabilisante, par exemple faire de la faire implicite les amènent à pré- des codes de l’école » LAURENCE GAIFFE PUB FSC oct 2017_Mise en page 1 20/10/2017 12:32 Page1

LES NOUVEAUTÉS DE RUE DU MONDE Choukri Ben Ayed INTERVIEW 17e Un tout petit UNIVERSITÉ ’automn silence bleu Tu respires, du SNUipp Alain Serres Sandra Poirot Cherif Joan, collectionneur de silences, parvient tu voyages et à en trouver même dans le vacarme de la cité. Un livre qui, peu à peu, tu penses mieux apaise l’enfant et lui fait savourer le silence… Dès 4 ans, le mondee ! 2 albums 48 pages, 17 € pour souffler un peu Respire Inês Castel-Branco Un album ludique A. Fronty qui nous apprend à apaiser les différentes parties de notre corps, à souffler fort pour chasser les mots qui nous pèsent, nous concentrer et respirer ensemble. € Dès 3 ans, 48 pages, 17 NAJA / MIRA ©

Mille dessins dans un encrier Alain Serres / Zaü 2 titres Trois enfants sont fascinés par l’artiste pour sauver Inégalités scolaires : qui travaille au pied de leur immeuble… la planète Travail, doute, partage, courage pour recommencer, une belle initiation au monde du dessin et un hommage ni recette miracle ni fatalité aux 50 ans d’images de Zaü. Dès 7 ans, 96 pages, 25,80 €

e système éducatif français reste très marqué Michel Blanquer en est un exemple. Elle s’est faite 2 beaux par les inégalités scolaires. Années après sans évaluation des effets de ce dispositif, pourtant livres années, les politiques éducatives ont été dans plébiscité par les équipes d’enseignants. La mixité pour les l’incapacité d’assumer la massification de sociale reste un facteur déterminant pour permettre fêtes l’école et de donner toute leur place aux la réussite de tous les élèves. La question fait débat Lenfants des classes populaires, reproduisant au sein dans la société et suscite bon nombre de résistances. Kéti des Terres rouges de l’école les inégalités sociales, culturelles et l’entre- Mais si « les lignes ont bougé » selon le chercheur, et Karim Ressouni-Demigneux soi. Et pourtant, la question des inégalités scolaires qu’il y a une prise en compte de cette problématique Le plus extraordinaire Cœur-des-Forêts a parlé fait l’objet de nombreuses recherches et les analyses tant au niveau du ministère que des collectivités sont de plus en plus fi nes. Mais que ne sait-on pas locales, il n’y a pas de« solution miracle ». Les réponses des jardins Patrick Fischmann encore des dispositifs et des environnements qui nécessitent une certaine stabilité et de vrais choix, mais Daniel Picouly / Aurélia Fronty Ces deux héros émouvants, l’un venu de l’est permettraient de les réduire ? « le politique veut-il se les approprier ? ». Au-delà de Une merveilleuse balade botanique africain, l’autre du Grand Nord, nous disent Comme le souligne le sociologue Choukri Ben Ayed, l’origine sociale, d’autres facteurs aggravants peuvent pour nous faire découvrir l’urgence d’agir pour la survie de l’équilibre la multiplication des dispositifs, leur empilement ou surgir dans ce combat contre les inégalités scolaires. l’art des jardins et celui naturel du monde. Avec le talent de Bruno leur succession, « ne permet pas d’en mesurer les L’impact de la dimension socio-spatiale, les choix que INTERVIEW du voyage imaginaire. Pilorget qui illustre les deux albums… effets susceptibles de réduire ou d’accroître les inéga- font les collectivités dans la répartition de leurs dota- € Dès 8 ans, 48 pages, 22,90 € Dès 6 ans, 48 pages, 17 chaque livre lités afi n de vérifi er en acte si les promesses sont bien tions ou la combinaison à trouver entre le national et tenues ». La suppression de postes de « Plus de le local. Des sujets en recherche dont les politiques 67 DOSSIER RÉALISÉ PAR maîtres » en éducation prioritaire, au profit du auraient tout intérêt à tenir compte pour lutter vérita- PIERRE MAGNETTO ET Nos livres sont disponibles dans toutes les bonnes librairies dédoublement des CP en Rep+ imposé par Jean- blement contre les inégalités scolaires. VIRGINIE SOLUNTO RUEDUMONDE Choukri Ben Ayed INTERVIEW 17e BIBLIOGRAPHIE UNIVERSITÉ ’automn • Ben Ayed C., « L’éducation prioritaire interrogée du point de vue de l’égalité juridique et de la politique d’égalité », du SNUipp Revue française d’administration publique, n° 162, 2017)...à paraître • Ben Ayed C., (2016) « Les acteurs locaux aux prises avec l’injonction paradoxale de la mixité sociale à l’école », Espaces et sociétés, n°166. • Ben Ayed C. (2015). La mixité sociale à l’école. Tensions, enjeux, perspectives. Paris : Armand Colin. • Ben Ayed C., (2013) « L’école et les ségrégations urbaines et scolaires 1986-2013 », Diversité, n°174. • Ben Ayed C. (dir.) (2010). L’école démocratique. Vers un renoncement politique ? Paris : Armand Colin. • Broccolichi Sylvain, Ben Ayed Choukri, Trancart Danièle (coord.) (2010). École : les pièges de la concurrence. Comprendre le déclin de l’école française. Paris : La découverte. • Ben Ayed C., Broccolichi S. (2009)« Les inégalités socio-spatiales d’accès aux savoirs », in A. Van Zanten & M. CHOUKRI BEN AYED Duru-Bellat (dir), Sociologie du système éducatif. Les inégalités scolaires, Paris, PUF, « Licence » Choukri Ben Ayed est professeur de sociologie à l’université de Limoges et co-directeur du Groupe de recherches sur les sociétés contemporaines GRESCO. Ses recherches portent sur les inégalités scolaires, les ségrégations scolaires, les transformations des politiques éducatives, le rapport à l’école des classes populaires. acteurs locaux, notamment les ne peuvent pas constituer des fins Il ne s’agit pas de dire que toutes Il a participé à différents programmes de recherche collectivités locales. Tout ceci en soi, il s’agit dans ce cas d’une les inégalités se confinent dans le Les dotations territoriales nationaux ou européens consacrés aux relations n’existait pas encore il y a dérive. Il faut a minima clarifier local, mais que potentiellement le sont-elles un facteur famille-école, aux politiques d’éducation prioritaire, quelques années. Mieux vaut la les objectifs et les usages que l’on renvoi au local peut les accroître aggravant des inégalités aux inégalités socio-spatiales d’éducation, aux effets mise en œuvre progressive d’un veut en faire. Les politiques d’au- ou les réduire, c’est toute la com- scolaires ? © MIRA / NAJA MIRA © © MIRA / NAJA / MIRA © de l’assouplissement de la carte scolaire. nouveau cadre d’action, aussi tonomie des établissements plexité de la question, tant qu’on CBA. Tout d’abord qu’entend-on lourd d’enjeux, que la précipita- accroissent les logiques de n’explore pas en profondeur cette par dotations ? Dans un article tion pour des raisons de commu- concurrence, les chefs d’établis- question pour effectuer des recti- récent, j’ai pu constater à quel nication politique. Je peux sement en sont les premiers fications nécessaires. point ce sujet est flou et pratique- affirmer qu’aujourd’hui nous dis- conscients. Pourtant la course à ment pas travaillé par les cher- posons d’outils significatifs pour l’autonomie ne parait pas vouloir cheurs. Les rouages comptables faire avancer le problème. La s’interrompre… Quant aux Vous évoquez la dimension de l’institution sont très com- « Inégalités scolaires : question pertinente est : est-ce logiques de management, ce n’est socio-spatiale des inégalités plexes, opaques et presque jamais que le politique veut se les appro- pas en injectant de nouveaux scolaires. Pouvez-vous explicités et parfois les sources prier ? Surtout dans un contexte outils d’évaluation, et autres expliquer ? syndicales sont plus fiables ! Les post-électoral qui redistribue les mises en tension des personnels, CBA. C’est un sujet qui est encore dotations partent « d’en haut » les domaines à explorer sont cartes… qu’on en obtiendra le meilleur. peu travaillé. L’idée c’est que les mais à différents échelons, des C’est en leur donnant des cadres origines sociales et culturelles choix sont effectués sans qu’on en d’actions précis, surtout stables, n’ont pas les mêmes impacts connaisse réellement les motifs et Les causes de l’inégalité les modalités. Par exemple, com- encore très vastes » scolaire ont-elles évolué ? ment expliquer que les territoires CBA. Je l’ai déjà évoqué mais on « L’origine sociale et culturelle les plus riches sont également les pourrait ajouter que de nouveaux mieux dotés en dépit du credo de chantiers des inégalités s’ouvrent. n’ont pas les mêmes impacts l’éducation dite prioritaire qui n’a Par exemple nous ne savons pas parfois de prioritaire que le nom ? encore grand chose des liens selon les configurations locales » J’ai découvert également qu’il Vous dites que la nant le lien entre pré-scolarisa- mesures de leur impact sur les ment, certes tardivement, entre inégalités et mesures de était quasiment impossible d’esti- connaissance sur les inégalités tion et réussite scolaire, ou à inégalités afin de vérifier en acte constituent des évolutions déconcentration, de décentralisa- mer ce que serait par exemple une scolaires évolue. Qu’est-ce l’autre extrémité ce qui se joue si les promesses sont bien tenues. notables. Il ne faut pas confondre tion et d’autonomie des établisse- un bon accompagnement ainsi selon les configurations locales. sur-dotation, ou un traitement qu’on ne savait pas déjà ? dans l’enseignement supérieur. Les domaines à explorer sont la complexité de la question, des ments. Le problème en la matière qu’une reconnaissance profes- Ils peuvent être réduits très signi- différencié des élèves en éduca- CBA. La question des inégalités On peut également explorer les encore très vastes. mesures à mettre en œuvre, et les c’est que ces décisions sont sou- sionnelle, que leurs actions seront ficativement ou au contraire for- tion prioritaire, en l’absence de scolaires est toujours un sujet de relations entre inégalités scolaires résultats encore embryonnaires et vent davantage prises en fonction plus efficaces. N’oublions pas que tement augmentés. Il s’agit de normes comptables clairement recherche dynamique. L’affine- et la myriade des dispositifs à la difficilement mesurables par de logiques politico-administra- nous parlons d’éducatif, de trans- raisonner non plus en termes de établies. On ne sait pas par ment des appareillages statis- périphérie de l’école, Réussite La question de la mixité manque de recul. Il ne faut pas tives, comme le new management mission de connaissances, de facteurs séparés et indépendants, exemple si le budget alloué à tiques permet des analyses plus éducative, PRE, Contrats éduca- sociale à l’école a-t-elle non plus occulter que personne public, que dans une perspective relationnel, et non d’une chaîne de type « toutes choses égales par l’éducation prioritaire, très diffici- fines des inégalités au-delà de la tifs locaux... Que savons-nous évolué ? ne détient aujourd’hui la solution de lutte contre les inégalités. Par- de production sur le modèle éco- ailleurs », mais en termes de fac- lement accessible en réalité en seule prise en compte de l’origine réellement de l’impact de ces dis- CBA. Il est faux de penser que la miracle. Une chose est néan- fois ces mesures sont totalement nomique. La transposition de ce teurs combinés. Par exemple dehors des chiffres bruts, consti- sociale du père par exemple. Dès positifs sur les inégalités sco- question de la mixité sociale moins certaine : les lignes ont contre-productives dans cette modèle productiviste constitue un qu’en est-il des liens entre inéga- tue une sur-dotation réelle, ou un lors que l’on introduit des laires ? Pour l’heure, ils ne font n’évolue pas. Le simple fait que ce bougé. Sur beaucoup de points on lutte. Les logiques de déconcen- véritable fléau pour l’Éducation lités, densité urbaine, densité des simple rattrapage d’inégalités de variables plus complexes telles pas l’objet de mesures statis- sujet soit mis sur la place peut noter des avancées : les tration et de décentralisation par nationale, quoiqu’en pensent les établissements scolaires et dotations initiales en ne parve- que le capital culturel familial, tiques, qui seraient complexes publique, porté à l’agenda poli- textes, loi et code de l’éducation, exemple, sans les critiquer sur le « experts ». Un autre sujet quasi- logiques de concurrence ? Cette nant toujours pas à les combler comme le niveau de diplôme des pour en évaluer la contribution tique par le dernier gouverne- l’initiative ministérielle sous l’an- fond, diluent les responsabilités inexploré est celui du rapport approche combine le social et le d’ailleurs. Cette question est loin deux parents, ou bien que l’on rai- spécifique, au-delà des recherches cienne mandature d’une et compliquent considérablement entre dotations et inégalités, spatial et apporte de nouvelles d’être anecdotique. En examinant sonne en terme de cohorte, le qualitatives. Dernier point enfin, expérimentation à la mise en œuvre des politiques entendu comme choix effectué à connaissances susceptibles d’ou- certaines données on constate suivi systématique des élèves chaque nouveau dispositif, REP+, « Mixité sociale : l’échelle nationale, la éducatives, car elles supposent de l’échelle locale consécutivement tiller les politiques. Comprendre bien qu’il y a un traitement diffé- - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 depuis l’école élémentaire jusqu’à assouplissement de la carte sco- construction d’indica- nouveaux outils de régulation. au dialogue de gestion à l’échelle les facteurs « aggravants », au- rencié à l’endroit des élèves de INTERVIEW la sortie du système éducatif, laire, réforme du collège...est sus- personne ne détient teurs statistiques, de C’est ainsi que les questions de nationale. Quels effets différen- delà de l’origine sociale, ouvre la milieux populaires, mais en nous obtenons des mesures tou- ceptible de réduire ou d’accroître géolocalisation... Et sur- régulation l’emportent sur la lutte ciés des choix réalisés ? Quels voie à des leviers sur lesquels on moins… Pourquoi ce type de rai- 68 jours plus précises. Autre les inégalités. Le système éducatif aujourd’hui la tout dans certains terri- contre les inégalités. Au-delà de outils de mesure d’une comptabi- peut concrètement agir. Le fata- sonnement, que l’on pourrait 69 exemple, nous pouvons encore n’étant pas stable, chaque nou- toires, l’appropriation de leur caractère critiquable, les ins- lité transparente de ces choix ? lisme en la matière n’est donc pas qualifier d’économique, n’est-il affiner les connaissances concer- velle disposition appelle des solution miracle. » cette question par les truments de politiques publiques Quels impacts sur les inégalités ? de mise. pas davantage travaillé ? Pourquoi Choukri Ben Ayed INTERVIEW 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

ger de culture institutionnelle et cesser de se renvoyer la patate chaude. Les situations intéres- santes sont celles où l’on trouve des combinaisons vertueuses entre le national et le local. Ce qui reste à inventer ce sont des espaces intermédiaires, que le national donne des orientations claires, qui ne changent pas en Quelques éléments permanence, et qu’il ne se limite de comparaisons pas à des injonctions sans outiller internationales les acteurs locaux, ni les suivre et les accompagner. En retour il est L’enquête PISA évalue les résultats des nécessaire que les pratiques élèves de 15 ans en maths, compréhension locales irriguent le national. Le de l’écrit et sciences. Les résultats de PISA 2015 temps des incompréhensions montrent que la France fait partie des pays où le réciproques est révolu, il n’est pas poids de l’origine sociale dans la réussite aux tests plus à la hauteur des enjeux et des est la plus forte des pays de l’OCDE. urgences sociales. La différence de résultats entre les 25 % des élèves issus des milieux les plus populaires et les 25 % des élèves issus des milieux les plus favori- Quelles solutions sés est de 110 en maths, 122 en compréhension préconisez-vous ? Une école qui amplifie de l’écrit et 117 en sciences quand elle est de 84, CBA. En creux, elles sont latentes 86 et 88 pour la moyenne des pays de l’OCDE. dans les réponses que j’ai faites. Ce poids des déterminismes sociaux est d’autant L’action politique doit tenir les inégalités plus marquant si l’on compare les résultats de la compte des dernières avancées de France à 11 pays à niveau économique sensible- la recherche, inscrire une poli- ment équivalent, et qui investissent en moyenne tique du dialogue sur la base de près de 30 % de plus pour l’école primaire constats clairement établis sans a parution en septembre 2016 laire, l’augmentation de la durée de (cf tableaux suivants où est représenté l’écart de dogmatisme. Il est par ailleurs du rapport du CNESCO intitulé la scolarité obligatoire. résultats entre les 25 % d’élèves issus des milieux

© MIRA / NAJA / MIRA © indispensable de pouvoir raison- « Inégalités sociales et migra- Mais ces quinze dernières années, les les plus populaires et les 25 % d’élèves issus des ner de façon cumulative. Le poli- toires : comment l’école ampli- inégalités scolaires se sont creusées. milieux les plus favorisés). tique ne sait pas faire cela, tenir fie-t-elle les inégalités ? » est Du fait des politiques à l’œuvre, les Pour la France, le niveau des élèves issus des compte des pratiques antérieures, Lvenu rappeler le caractère très inéga- déterminismes sociaux se sont renfor- milieux les plus favorisés est sensiblement com- le ministère ne met-il pas à dispo- des constats réalisés - l’exemple litaire de l’école en France. Si elle est cés. La démocratisation de notre sys- parable à celui des mêmes élèves des autres sition des données fiables ? C’est « La course à l’autonomie des de l’assouplissement de la carte capable de former à haut niveau les tème scolaire n’est toujours pas à pays. L’importance de l’écart de réussite en fonc- un travail de fourmi qu’il faut réa- scolaire est flagrant - , ne pas meilleurs de ses élèves, elle met dans l’ordre du jour. Et les comparaisons tion de l’origine sociale s’explique essentielle- liser, qui combine approche de établissements ne paraît pas repartir à chaque fois de zéro : le même temps en situation d’échec internationales montrent que le sys- ment par les difficultés que rencontre le système droit public car la discrimination nouveaux rapports, consulta- une part non négligeable des enfants tème éducatif français est aujourd’hui scolaire français à assurer la réussite des élèves positive n’est pas qu’un simple vouloir s’interrompre » tions, nouvelles restitutions des qu’elle accueille, majoritairement un des plus inégalitaires des pays de issus des classes populaires. mot, il s’agit d’un cadre juridique rapports qui s’accumulent. Cela issus des classes populaires. l’OCDE. clairement établi, de comptabilité au fond bride l’action. Les Jusqu’aux années 1990, l’école publique, et analyse sociologique. familles, conjugués à l’existence Il faut leur laisser le temps de se connaissances sont déjà riches, connaît une longue phase d’améliora- Raisonner en termes de « moyens » d’un enseignement privé, mettre en œuvre et d’en mesurer l’appel aux recherches et autres tion du niveau des élèves. Cette évo- ne peut donc se limiter à des « slo- accroissent les logiques ségréga- dans un second temps les effets. expertises ne peut donner lieu à lution est corrélée à l’augmentation gans ». Le rôle du chercheur est de tives. Plus personne ne le Ensuite il faudra faire des choix : une politique en soi. Ils ne des moyens donnés à l’école, l’unifi- UN SYSTÈME TOUJOURS AUSSI INÉGALITAIRE soumettre cette question à un conteste. L’enjeu à présent est de maintien d’un cadre étatique peuvent être que des propédeu- cation progressive du système sco- examen rigoureux qui peut poten- concevoir des politiques alterna- contrôlable ou fuite en avant vers tiques qui engagent l’action et Aux évaluations PISA, la moyenne obtenue par la France ne la place pas au rang des plus mauvais élèves. En revanche, elle se place au tiellement étayer les mobilisa- tives. Le sujet n’est pas que tech- les logiques de marché déjà à non être mobilisés comme des premier rang pour ce qui est des écarts entre les élèves qui obtiennent tions, loin d’être illégitimes. nique mais également très l’œuvre. outils de diversion. Ceci, sans les meilleurs résultats et ceux qui obtiennent les moins bons. politique. La piste de la re-secto- oublier l’impact des alternances Compréhension de l'écrit risation d’espaces scolaires par- politiques, des logiques parti- DES INÉGALITÉS SOCIALES AUX INÉGALITÉS SCOLAIRES 580 Quels ont été les effets de Quelle place pour l’État et fois larges, à l’échelle d’une ville, sanes, où des avancées sont subi- 560 l’assouplissement de la carte d’un département, n’a pas été suf- quelle place pour le local pour tement interrompues. Ce que l’un Chez les 20 % des élèves Chez les 20 % des élèves scolaire en 2008 ? combattre les inégalités ayant les plus mauvais scores ayant les meilleurs scores 540 fisamment explorée et les résis- fait, l’autre le défait. Il y a matière aux évaluations de 6e aux évaluations de 6e - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE 520 e scolaires ?

17 CBA. Ils ont été largement étudiés. tances de certaines groupes ici à repenser les logiques d’action 500 INTERVIEW Finlande Canada

Il ne fait plus aucun doute que sociaux sont très fortes, parfois CBA. Comme on l’a cru un certain au profit de la réduction des iné- Irlande Japon % ont des parents 9 % ont des parents 480 Allemagne l’assouplissement de la carte sco- des enseignants eux-mêmes… Les temps, opposer national et local galités qui supposent stabilité et 34 Danemark Australie Pays-Bas 70 à faible capital scolaire à faible capital scolaire 460 71 Moyenne OCDE

laire et l’introduction d’un libre expérimentations en cours dans n’a aucun sens. Il s’agit davantage continuité du service public Belgique Suisse France Autriche choix de l’école, qui renforcent les certaines grandes villes et dépar- de postures que de réalisme. Il est d’éducation. Nous en sommes 5 % ont des parents 42 % ont des parents 440 pratiques d’évitement des tements s’avèrent prometteuses. évident qu’il faut à présent chan- parfois encore loin. à fort capital scolaire à fort capital scolaire 420 Choukri Ben Ayed INTERVIEW atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp « Tous les élèves L’évolution du poids de l’origine sont capables de réussir sociale dans la réussite scolaire à l’école mais il faut compenser les inégalités »

a France est engagée dans les La France mène depuis 2003 un cycle ARNAUD MALAISÉ enquêtes PISA depuis 2000. d’évaluations disciplinaires réalisées NAJA / MIRA Depuis cette date, on constate sur échantillon (CEDRE) en fi n d’école EN MATHS, LE POIDS DES ORIGINES SOCIALES © Co-secrétaire général du SNUipp-FSU pour la moyenne des pays de et fi n de collège. L’évolution des résul- l’OCDE, une diminution des tats en mathématiques montre aussi Mathématiques Lécarts de résultats entre les élèves une augmentation du poids de l’ori- issus des milieux les plus populaires gine sociale dans la réussite aux et ceux issus des milieux les plus favo- épreuves : baisse des résultats des Un des temps forts de l’UDA notre système scolaire comme peut actuellement résorber ces primer l’ISF. Une redistribution risés. En France, cet écart était bien élèves issus des milieux les plus popu- • 1er quartile aura été la plénière avec l’ont montré successivement les inégalités. L’urgence est donc de seule à même de s’attaquer à la moindre en 2000 : La période sui- laires et hausse de la performance des (élèves issus des milieux Choukri Ben Ayed sur le thème évaluations Pisa ou encore le rap- combler ce sous-investissement précarité et à la pauvreté. les plus populaires) vante y a été marquée par une aug- élèves issus des milieux les plus favo- des inégalités à l’école. port du Cnesco paru l’an dernier. pour faire réussir tous les élèves. • 4 ème quartile Avez-vous le sentiment que mentation des déterminismes risés. L’évolution en maîtrise de langue (élèves issus des milieux Face à cette situation insuppor- Cela engendrera un cercle « ver- sociaux. ne connaît pas la même dynamique. les plus favorisés) les choses évoluent sur cette table, la lutte contre les inégalités tueux » avec de nouveaux moyens Où en est le SNUipp-FSU sur 2008 2014 question ? est un des ferments, un moteur permettant un retour de la forma- les questions de solidarité, AM. Le poids des inégalités est fort, de notre engagement syndical. tion professionnelle, une véri- des droits et de l’égalité, toujours aussi pesant dans la table éducation prioritaire, des notamment face à la situation société et donc par ricochet sur changements de pratiques ensei- des migrants ? l’école. La France compte 5 mil- Justement, quel doit être le gnantes notamment avec plus de AM. Les migrants présents ou lions de pauvres dont un tiers rôle de l’école pour participer maîtres que de classes ou la arrivants dans notre pays vivent d’enfants, les inégalités sociales à la réduction des inégalités ? construction de collectifs de tra- une situation bien souvent dra- s’accroissent tandis que les inéga- AM. Ces inégalités ne sont pas une vail enseignant… matique en termes de condi- lités culturelles restent toujours fatalité sur laquelle l’école bute- tions de vie que ce soit à Calais, aussi persistantes avec une réus- rait sans solutions. Tous les à Paris ou dans la vallée de la site scolaire encore fortement liée élèves sont capables de réussir à À elle seule l’école Roya, avec un droit à l’éducation au niveau de diplôme des parents. l’école mais pour cela il faut peut-elle tout ? des enfants très loin d’être res- Et ces inégalités se traduisent à mettre les bouchées doubles pour AM. Effectivement lutter contre pecté. Non seulement la France l’école en inégalités scolaires avec compenser les inégalités. Il s’agit les inégalités ne peut se limiter ne joue pas son rôle d’accueil une propension très forte de pour l’école de contribuer à réé- seulement à l’école. Elle ne peut des migrants mais en plus elle reproduction sociale et d’exacer- quilibrer le capital culturel, c’est pas tout, une école véritablement poursuit devant les tribunaux bation de ces inégalités au sein de à dire permettre aux enfants éloi- démocratique est étroitement liée ceux qui se substituent à elle et gnés des codes de la à une société comportant davan- à ses carences comme Cédric culture scolaire de tage de justice sociale. Il s’agit de Hérou. Nous soutenons bien « Une école s’emparer des appren- changer l’école mais également évidemment tous ces citoyens tissages scolaires. en parallèle d’améliorer l’accès de solidaires. Il est inacceptable C’est une affaire qui tous à des logements et des que la solidarité dont ils font véritablement allie à la fois les pra- transports de qualité, de dévelop- preuve puisse être un délit. Plus tiques enseignantes, la per la prévention en matière de globalement sur le terrain des formation des ensei- santé, d’élargir l’offre de soin… solidarités, de l’égalité et des démocratique gnants et les moyens Tout cela passe par un dévelop- droits, le SNUipp-FSU poursuit alloués à l’école. Mais pement de services publics de ses engagements en faveur du est étroitement ces trois aspects sont qualité accessibles sur l’ensemble droit à la scolarisation de tous, interdépendants. En du territoire, du quartier popu- notamment pour les enfants l’état actuel, au vu du laire actuellement isolé et coupé Roms, de l’égalité filles-gar- liée à une société sous-investissement du monde à quelques encablures çons, qui s’apprend et doit s’ap- chronique de l’école du centre-ville, comme au petit prendre à l’école contrairement française, comparée village reculé et perdu au fond de aux affirmations du ministre, et - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e comportant 17 aux 11 autres pays qui sa vallée. Sans oublier la néces- des droits des femmes alors que ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT réussissent mieux que sité d’imposer une redistribution nous sommes au cœur d’un davantage de nous à Pisa et qui sur- des richesses, passant notam- débat public dénonçant le har- 72 tout exacerbent beau- ment par une autre politique fis- cèlement et les agressions dont 73 coup moins les cale davantage progressive, à elles sont victimes. justice sociale » inégalités, l’école ne rebours du choix actuel de sup- PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MAGNETTO atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ « Mettre le paquet ’automn sur la formation du SNUipp des enseignants » DIVINA FRAU-MEIGS Divina Frau-Meigs est professeure à la Sorbonne Nouvelle en sciences de l’information et de la communication. Elle dirige la Chaire Unesco « Savoir-devenir à l’ère du développement numérique durable : articuler usages et apprentissages pour maîtriser les cultures de l’information ». Elle est également experte auprès de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe sur ces questions. Elle a participé en 2016 à la création de l’association Savoir Devenir s’adressant AJA

/ N à tous les publics pour les accompagner dans la transition numérique à travers IRA IRA

© M notamment des actions en faveur de l’éducation aux médias et à l’information. © MIRA / NAJA MIRA ©

Comment évolue l’éducation en cycle 4. Avec mon association, plusieurs mois. On peut tester des p. 74), sont au nombre de trois : à la citoyenneté dans le cadre nous nous battons pour qu’elle choses, on a le droit de se tromper, éditoriales, opératoires et de de l’éducation aux médias soit aussi introduite aux cycles 2 de recalibrer, de donner de la sou- recherche. C’est ce que nous appe- et à l’information? et 3. L’enjeu est qu’il n’y ait pas plesse. C’est ça qui permet d’abou- lons l’info-médias, c’est-à-dire Les compétences DFM. L’éducation à la citoyenneté de discontinuité d’âge, parce que tir, avec au bout, parfois, des savoir publier de l’information en et l’éducation aux médias ont tou- tôt ou tard, les enfants aussi vont choses que l’on peut montrer: une ligne, l’info-doc, c’est-à-dire jours été liées car on considère la être connectés, et qu’être expo, un podcast en ligne… qui savoir vérifier l’information, presse comme un des organes connecté ne signifie pas nécessai- permettent de valoriser ce que les l’info-data, c’est-à-dire savoir démocratiques indispensables rement être compétent. Pour enfants produisent, et de le parta- coder ou prototyper. J’insiste sur numériques, c’est à l’école dans un pays se voulant ouvert à acquérir ces compétences, il ger avec les parents et l’équipe le fait qu’il faut que ces compé- la liberté d’expression. Mais avec existe des outils libres d’accès et pédagogique. tences soient distribuées. ludiques, comme le site Hoax- Buster, qui permettent très facile- que ça s’apprend « L’éducation aux ment de sensibiliser les plus Quelles compétences faut-il Comment se former? jeunes à la vérification d’une maîtriser pour faire de l’EMI DFM. On peut s’entraider, aller voir médias doit information par exemple; de les au primaire? les tutoriels, consulter M@gistere « Les compétences numériques permettre de amener très tôt à avoir des DFM. Je dirais qu’il y a des compé- qui propose des choses pas si mal réflexes citoyens. Le tout est de tences individuelles et des compé- que ça. Il faut avancer comme ça ne s’improvisent pas. » Dans un LE MEDEF EN EMBUSCADE maîtriser la liberté partir de situations concrètes, tences attribuées. Quand on ne les parce que justement il y a beau- texte publié par La Tribune, avec des projets passant par des a pas soi-même, il faut regarder coup de retard dans la formation. la sociologue des médias d’expression » outils numériques. autour de soi, dans l’école ou en Mais on ne peut en rester là. Tous les acteurs intéressés, syn- Divina Frau-Meigs explique quels u mois de décembre dernier, la Com- début à la fin de leur scolarité obligatoire ? » le numérique, cette situation a dicats compris, doivent se sont les enjeux de l’éducation mission européenne a lancé la «Coa - lance Divina Frau-Meigs. Cette sociologue des évolué. D’autres grands principes Comment construire un projet « on peut tester des mettre sérieusement autour aux médias et à l’information à lition en faveur des compétences et médias (lire ci-contre) vient de publier les résul- démocratiques associés aux droits avec sa classe? de la table pour résoudre le l’heure du numérique. Pour elle, des emplois dans le secteur du numé- tats d’une étude réalisée pendant trois ans à la de l’homme sont venus s’ajouter: DFM. Les enfants sont pragma- choses, on a le droit problème de la formation rique », en coopération avec les États demande de l’Agence nationale de la recherche, la protection de la vie privée, car la tiques, on peut travailler avec eux des enseignants. En France dans cette période de transition Amembres, les entreprises, les partenaires sociaux, l’étude ANR Translit. Selon elle, l’usage respon- citoyenneté c’est aussi savoir pro- à partir de faits, comme par nous avons les ressources, de se tromper, de numérique la maîtrise de trois les ONG et les acteurs de l’enseignement. Elle a sable du numérique requiert de maîtriser la téger ses données, la participation exemple le taux de pollution dans les moyens, l’accès au cultures de l’information s’avère pour objectif de « contribuer à répondre à la « translittératie numérique » à savoir de maîtri- citoyenne puisque chacun peut leur ville. Ils peuvent aller chercher recalibrer, de donner réseau, les outils. Globale- souhaitable, c’est ce qu’elle demande de compétences numériques en ser trois compétences essentielles, qui relèvent être producteur de contenus. En des données, les comparer avec ment nous avons tout ça. Europe, qui sont devenues indispensables sur le de l’éducation aux médias et à l’information résumé aujourd’hui l’éducation celles d’il y a 20 ans, avec celles de la souplesse » L’enjeu aujourd’hui est de se appelle l’Info-médias, l’Info-doc marché du travail et dans la société ». Chaque « Nous avons mis en évidence les compétences aux médias doit permettre de maî- d’une autre ville. Je suis favorable mettre d’accord sur les com- et l’Info-Data. Plus que jamais, pays membre est invité à créer sa propre coali- nécessaires. Des compétences éditoriales, des triser la liberté d’expression, de à des projets concrets et connectés pétences indispensables et l’école est le lieu où doivent être tion et, parmi les missions qui lui sont assi- compétences opératoires et des compétences de maîtriser ses données person- qui se construisent petit à petit: à dehors, et ne pas hésiter à agréger de mettre le paquet sur la forma- gnées, figure celle « de moderniser recherche. Ces compétences dérivent soit de l’info nelles et de maîtriser sa participa- quel public s’adresse-t-on? Quel des personnes compétentes, col- tion des enseignants. Actuelle- enseignées ces compétences l’enseignement et la formation afin de permettre prise comme média, soit de l’info prise comme tion en ligne. est l’objectif précis de ce projet-là? lègues ou parents par exemple. Il ment chacun fait les choses dans qui relèvent de l’éducation à la à l’ensemble des étudiants et des enseignants data, soit de l’info prise comme doc. Vérifier Quelles compétences va-t-on faut se sortir cette idée de la tête, son coin. Le Clemi, le CSA, le citoyenneté et à la démocratie. d’utiliser des supports et des outils numériques l’info, c’est l’info doc, savoir publier c’est l’info viser, du coté de la communica- que l’on doit être compétent en CNC… mais il y a un problème de - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e Comment aborder ces sujets

17 dans le cadre de leurs activités pédagogiques et média, savoir coder ou prototyper c’est l’info tion, du coté de l’information ? tout, c’est hyper angoissant et ça gouvernance. Le paradoxe français ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT d’apprentissage, ainsi que de développer et data ». Or ces compétences qui répondent à des avec des enfants du primaire? Plus l’enseignant clarifie ces ques- a un effet bloquant. Ces compé- est d’avoir une grande richesse d’améliorer leurs compétences numériques ». En enjeux de citoyenneté et de démocratie comme DFM. Pour moi, il est clair qu’il tions, plus il va pouvoir progresser tences, que nous avons mis en évi- d’opérateurs et une situation 74 France, c’est le MEDEF qui coordonnera et ani- le montrent les fréquentes dérives (fake news, faut que tous les cycles soient et évaluer ce qui se passe. Un pro- dence lors de l’enquête générale de stagnation. Il faut 75 mera la coalition « Imagine-t-on que le Medef rumeurs, etc), ne s’improvisent pas. Elle s’en- concernés. Malheureusement la jet, ça ne peut pas tenir dans une ANR-Translit que nous avons qu’on sorte de ce cercle vicieux. est disposé à financer 12 millions d’enfants du seignent, à l’école d’abord. loi place l’EMI en fin de parcours, seule séance, ça doit s’étaler sur menée pendant trois ans (lire PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE MAGNETTO atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn « On veut des enfants du SNUipp ensemble quelles que soient leurs possibilités » PATRICK MOREL Depuis le milieu des années 2000, Patrick Morel, vice-président de l’USEP chargé de la pédagogie et de la recherche, travaille sur la question du sport et de l’école inclusive. Une réflexion qui l’a mené à réfléchir à la prise en compte des enfants en situation de handicap dans la rencontre sportive. Un travail de longue haleine AJA

/ N qui commence à porter ses fruits grâce à la diffusion à l’échelle nationale IRA IRA

© M du savoir-faire de l’USEP pour organiser des rencontres sportives inclusives.

À quand remontent les contres sportives, il n’y a pas des s’agit de passer de la notion des enfants à besoins particuliers. réflexions de l’USEP autour © MIRA / NAJA MIRA © enfants qui auraient des enjeux d’égalité à celle d’équité. Nous sommes à même de traiter de la notion d’inclusion dans moindres parce qu’ils auraient cette question-là. les rencontres sportives des capacités moindres. Notre organisées par la fédération? travail nécessite une connais- Comment se déroule la PM. Nous avons commencé à tra- sance très fine des enfants en diffusion de vos programmes C’est un travail de longue vailler sur cette question après la amont. On ne peut pas improviser à l’échelle nationale? haleine? Inclure tous les enfants loi de 2005 (« Pour l’égalité des une adaptation qui sera néces- PM. Nous sommes une force de PM. En 2009, l’USEP a réalisé une droits et des chances, la participa- saire le jour de la rencontre. proposition, de formation et d’ac- première boîte à outils, la mallette tion de la citoyenneté des per- compagnement sur ce thème. Il sport scolaire et handicap. Nous sonnes handicapées et la loi nous reste aujourd’hui à le diffuser, avons actualisé cette mallette en dans la rencontre sportive d’orientation »). Dans nos choix Quelle est la différence avec à le faire connaître dans tous les 2015. Entre 2009 et 2015, nous fondamentaux figurait le fait de les rencontres qui avaient lieu territoires. Ce travail est parti d’une nous sommes rendu compte que auparavant? expérience de terrain qui a été les gens s’arrêtaient sur la question PM. C’est la valeur à l’identique de récupérée au niveau national. de la sensibilisation. Ils pensaient Des rencontres sportives scolaires « Passer de la chaque enfant qui participe. Notre expérience récente montre avoir avancé un peu en permettant qui ne laissent aucun enfant sur le UNE JOURNÉE DE SPORT Avant, on se disait: «On ne va pas que les territoires s’en emparent de de faire aux enfants des activités en bord du chemin. C’est la démarche notion d’égalité à tout changer pour un enfant ». plus en plus. Il y a des besoins. La fauteuil. Nous pensons que c’est POUR TOUS Maintenant, nous disons: «Oui, question du handicap est compli- une étape, mais il ne faut surtout conduite par l’USEP (Union sportive celle d’équité » nous allons tout changer pour un quée. On s’arrête à l’idée qu’il fau- pas s’arrêter là car elle ne permet de l’enseignement du premier enfant». Et on ne va pas perturber drait être un enseignant spécialisé. pas de remplir notre objectif qui est degré) afin de prendre en compte ne pas laisser d’enfants sur le les autres enfants à condition vraiment l’inclusion tous les besoins particuliers des Montagnat, petit village situé à mais aussi des quartiers sensibles de Bourg-en- bord du chemin, et qu’il fallait qu’ils acceptent de changer de et la prise en cinq kilomètres de Bourg-en- Bresse. « Ce sont des enfants que nos élèves ne prendre en compte les enfants en point de vue. Si, par exemple, j’or- « La singularité de chacun compte des enfants enfants et dépasser la seule idée du Bresse, les élèves de l’école pri- connaissent pas. L’idée est aussi de créer de la situation de handicap dans la ren- ganise une course de vitesse, et qui sont vraiment handicap. Pour accompagner les maire ont pris l’habitude, depuis mixité sociale », glisse Daniel Galataud. Le jour contre sportive. Depuis, nous que je propose à un enfant de par- est fondamentale » handicapés. J’ai enseignants, l’USEP a conçu une quelques années, de participer à de la rencontre, tous les enfants se sont mélan- avons cheminé de cette notion, tir devant, les autres enfants l’impression que Àune journée de rencontre sportive inclusive. gés par équipes, dans lesquelles un adulte réfé- qui relevait plus de l’intégration, doivent avoir compris ce concept. nous sommes série d’outils pédagogiques pour « Nous avons été contacté par l’USEP pour rece- rent était présent en cas de problème. Il y avait vers la notion d’inclusion. On a C’est la notion de course équi- Il y a tout un pan où l’on a besoin aujourd’hui tous sensibilisés à la mettre en œuvre, dans les écoles, voir dans nos locaux et sur le stade ce type de des enfants autistes, des enfants qui souffraient commencé par travailler sur la table. On maintient de l’enjeu d’un enseignement spécialisé, avec question du handicap. Il faut passer des journées « sport pour tous ». journée. Nous étions très intéressés à l’idée de de problème moteur. Tous évoluaient en auto- sensibilisation des adultes et des pour tout le monde. Si on prend ses compétences. Mais sur le plan à la marche suivante. Il n’existe pas rencontrer d’autres élèves, des élèves différents», nomie. Avec un seul leitmotiv : chaque activité enfants à la question du handicap, l’exemple de la course, vous pou- pédagogique, d’expérience, nos de kit tout fait, c’est pour cela que explique Daniel Galataud, directeur de l’école devait pouvoir être pratiquée par tous les à faire découvrir des activités vez faire dix fois la même course, programmes sont accessibles à nous parlons de boîte à outils qui de Montagnat. L’école accueillait déjà, au quo- enfants. Au programme : un atelier sarbacane, dédiées aux personnes handica- vous aurez dix fois le même résul- tous les professeurs des écoles. doit s’enrichir au fil des expé- tidien, un élève en fauteuil électrique. « Je me de la boccia (un jeu proche de la pétanque pra- pées, handisport ou sport adapté. tat. Celui qui la gagne dix fois va Même si cela reste compliqué car riences. Chaque situation est diffé- posais la question de savoir comment intégrer tiqué en fauteuil roulant), une course équitable Au fil du temps, notre credo s’est finir par faire n’importe quoi, cou- la plupart de mes collègues ont rente. Avec la notion d’inclusion, la cet enfant dans nos cours d’EPS », se souvient le ou encore une course d’orientation. Pour l’ate- forgé : « On veut des enfants rir à cloche-pied, par exemple, et l’impression ne pas être spécialisés singularité de chacun devient fon- directeur d’école. La dernière rencontre de ce lier sarbacane, les enfants déficients visuels ensemble quelles que soient leurs celui qui perd dix fois, il va arrêter ni sur la question du sport ni sur damentale. Cette notion est plus type, organisée il y a deux ans sur le thème du avaient, par exemple, un guide qui leur donnait possibilités ». La notion d’inclu- de courir car il n’a plus aucune celle du handicap. Parmi nos par- large que celle du handicap. Notre - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 vélo avec l’appui logistique de l’USEP, avait réuni des indications pour rectifier le tir («plus haut », sion nous a guidés. Aujourd’hui, raison de se surpasser. En réta- tenariats, il y a les deux fédérations contrainte est celle de la réussite ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT plus de 150 enfants. Une cinquantaine d’enfants « plus bas »), la distance était modifiée pour les nous développons des rencontres blissant des équilibres, on main- sportives spécialisées: handisport inconditionnelle. C’est pour cela provenaient des classes de CM1 et de CM2 de enfants souffrant d’un handicap et les enfants qui permettent de prendre en tient de l’enjeu. Les enfants qui (FFH) et sport adapté (FFSA). qu’il existe différents degrés de 76 l’école de Montagnat. D’autres enfants, en dits ordinaires tiraient encore à une autre dis- compte tous les enfants, en même ont gagné une fois vont partir der- Aujourd’hui, à l’USEP, nous nous réussite. C’est le système qui 77 situation de handicap, sont venus de l’ITEP (Ins- tance. « Tout le monde fonctionne ensemble. », temps, et avec le même enjeu. rière et ceux qui étaient arrivés considérons comme une fédération s’adapte à l’enfant. PROPOS RECUEILLIS titut thérapeutique éducatif et pédagogique) résume Daniel Galataud. Cela signifie, que lors des ren- derrière vont partir devant. Il spécialiste de la prise en compte PAR ÉRIC MUGNERET atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn « Favoriser la participation du SNUipp des parents les plus éloignés de l’école » AGNÈS BATHIANY Agnès Bathiany est directrice générale de la Fédération générale des PEP (Pupilles de l’enseignement public), l’une des organisations à l’origine de « Mille et un territoires ». Elle revient sur les racines de cette mobilisation, à travers tout le AJA

/ N territoire et rappelle l’importance de la prise en compte des parents, notamment IRA IRA

© M les moins perméables à l’institution scolaire, dans la réussite des enfants.

Dans quel contexte l’initiative lité. À l’échelle locale, des plus grande diffi- « Mille et un territoires» enseignants et des parents mettent culté à l’école. L’une « Nous devons les a-t-elle été lancée? en œuvre des actions pour favori- des solutions est de AB. La démarche a été initiée en ser la participation des parents. développer les accompagner pour (…) 2007-2008, avant l’appel de Bobi- Mille et un territoires est un pro- échanges, et aussi gny lancé en octobre 2010 par les cessus d’accompagnement, avec de rétablir la famille devenir ‘ perméables ’ principaux acteurs de l’éducation des outils et surtout des échanges dans son rôle paren- mobilisés pour appeler à la mobi- pour changer les regards. Dans une tal. L’autorité paren- à ce que dit l’enseignant » lisation de tous autour de l’éduca- première phase, des groupes se tale est tion des enfants. Notre réflexion sont créés ex nihilo. Ensuite, nous indispensable à développer. Au vous avez un projet éducatif de concernait la place des parents sommes allés rechercher d’autres sein de Mille et un territoires, territoire, la question des familles Intégrer les parents dans dans les processus éducatifs. La organisations d’éducation popu- nous avons mené, par exemple, vient en second, après l’organisa- Fédération des PEP est l’une des laire comme la Ligue de l’enseigne- des expériences de formation croi- tion du lien entre l’école et la col- premières organisations à s’être sée qui réunissent des ensei- lectivité locale. Le lien entre les posé cette question. Nous sommes gnants et des parents. Cela acteurs éducatifs n’est pas la pre- le processus éducatif donc rentrés dans ce qui était alors « L’autorité parentale aboutit à un regard croisé sur mière chose sur laquelle on tra- un «chantier projet». Il s’agissait leurs pratiques, par exemple, vaille dans ces politiques d’identifier dans nos territoires des est indispensable sur la question des devoirs. Le territoriales. La question de la par- L’initiative « Mille et un territoires » pratiques favorisant la participa- fait de donner des devoirs, c’est ticipation des personnes, de la tion des parents, notamment ceux à développer » aussi envoyer un cartable à la liberté d’action vis-à-vis des insti- fédère les villes et des associations DES EXPÉRIENCES FOISONNANTES qui sont les plus éloignés de l’école, maison…Comment les parents tutions doit être améliorée. Nous (FCPE, Ligue de l’enseignement, dans les quartiers populaires, mais ment ou les Francas. La FCPE a doivent-ils faire avec ce cartable et ne pouvons pas concevoir des pro- Fédération des pupilles de aussi dans les zones rurales. En également toujours été présente au cette liste de devoirs s’ils ne com- jets éducatifs de territoire sans 2011, nous sommes passés à la dif- sein de cette initiative. Nous avons prennent pas les codes de l’école? prendre en compte les personnes l’enseignement public, ATD Quart appel à projets d’action-recherche a quartier mais aussi favoriser la circulation de fusion de ces bonnes pratiques. développé le nombre d’organisa- Nous travaillons sur ces objets qui qui réalisent des actions sur le ter- Monde), pour que les familles permis, depuis 2009, de mener des l’information, la connaissance des acteurs du «Mille et un territoires» est né lors tions autour de la table. passent d’un univers à l’autre. En rain. Nous nous mobilisons sur défavorisées soient parties expérimentations dans une vingtaine territoire. C’est un temps d’échanges, sans rap- de cette deuxième phase. L’objectif Vendée, un groupe a travaillé sur tous les territoires, métropole et prenantes dans l’éducation de de villes et de quartiers. Il s’agissait port hiérarchique, sur des sujets tels que les vio- étant d’aboutir à mille et une des actions autour du livre pour Dom. En milieu rural, les regrou- dans un premier temps d’identifier lences à l’école, la notation, les insultes... Autres actions qui pourraient se revendi- Pourquoi la prise en compte amener des familles à se familiari- pements d’écoles sont nombreux. leurs enfants, en lien avec le L’des leviers renforçant le rôle des familles, sur- expériences hors l’école à Lorient. Dans le quar- quer de ces pratiques. des parents est-elle ser avec l’univers de la lecture, en Ce n’est pas toujours facile d’orga- milieu scolaire. Initiée en 2007, tout les plus défavorisées, dans l’école et le sys- tier de Kervénanec, la « Maison pour tous » incontournable selon vous? croisant le regard des enseignants niser les échanges. Le temps des l’objectif de « Mille et un tème éducatif, en impliquant parents, compte parmi ses objectifs l’instauration de la AB. L’enfant passe beaucoup de sur leur approche. enseignants et le temps des Quels sont les liens que territoires » est d’impulser professionnels de l’éducation, chercheurs, etc. confiance des habitants dans les institutions. La temps à l’école, mais il ne se parents n’est pas le même. Les À Nantes, dans le quartier de La Bottière Pin- Ville a proposé une formation commune (ensei- « Mille et un territoires» a construit pas uniquement à personnes les plus éloignées de une large mobilisation, Sec, depuis 2012, une pause-café hebdoma- gnants, animateurs, parents) sur le thème des noués avec l’école? l’école. Nous savons que s’il y a Quelles difficultés l’institution ont parfois eu des localement et à l’échelle nationale daire a été mise en œuvre dans deux écoles découvertes scientifiques. Des enseignants de AB. Nous avons participé à diffé- une plus grande concordance, rencontrez-vous pour diffuser parcours scolaires difficiles et pour créer nouvelles maternelles. Ce moment convivial réunit CP ont proposé d’aider les parents à accompa- rents forums du ministère de cohérence entre le discours de la les actions de Mille et donc retourner à l’école pour dia- parents, professionnels scolaires, représentants gner les devoirs, avec l’appui de bénévoles. À l’Éducation nationale avec la Direc- famille et le discours de l’ensei- un territoires? loguer avec un enseignant n’est dynamiques locales et collectives. associatifs et agents municipaux. Accueillis dans Maurepas, dans les Yvelines, un groupe de tion générale de l’enseignement gnant, l’enfant construit plus faci- AB. Ces freins sont liés aux poli- pas toujours évident. Il y a un - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 l’entrée de l’école, les parents peuvent, après réflexion a travaillé sur les conditions pour asso- scolaire, qui soutient cette lement un parcours scolaire de tiques territoriales d’éducation. mur qu’il faut arriver à dépas- ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT avoir déposé les enfants, s’installer et échanger cier les parents les plus éloignés de l’école et démarche. Il y a eu aussi le rapport réussite. Des incompréhensions Ces dernières ne sont pas totale- ser. Nous devons les accompa- à propos de leur quotidien. Cette pause-café est favoriser la coéducation. Un outil de formation Delahaye, « Grande pauvreté et entre la culture familiale, quelle ment coordonnées. Elles le sont gner pour prendre la parole et 78 animée par le directeur d’école ou un éduca- est né, fruit d’une expérimentation de cinq ans, réussite scolaire» publié en 2015, qu’elle soit, et la culture savante institutionnellement mais il n’y a devenir « perméables » à ce que 79 teur. L’objectif ? Toucher et intégrer les parents pendant laquelle les enseignants et les parents qui a été très important, notam- développée par l’école, conduisent pas toujours d’activité de portage dit l’enseignant. PROPOS RECUEILLIS éloignés de l’école dans la vie scolaire et du ont partagé leurs réflexions. ment sur les questions de parenta- parfois à ce que l’enfant soit en en commun. Par exemple, quand PAR ÉRIC MUGNERET atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn « Le cerveau serait le juge du SNUipp de paix des méthodes les plus efficaces » STANISLAS MOREL Stanislas Morel est sociologue, maître de conférences à l’université de Saint-Étienne et effectue ses recherches dans le cadre du laboratoire Éducation, cultures et politiques. Après avoir travaillé sur la question de la médicalisation de l’échec scolaire, AJA

/ N il analyse actuellement les raisons de la place dominante des neurosciences dans IRA IRA

© M les questions éducatives.

À quand remonte l’irruption cipline domine actuellement le serait le juge de paix, objectif, des neurosciences dans monde de la recherche, remettant La stratégie des impartial qui permet de séparer le le domaine scolaire? souvent en cause la légitimité et neuroscientifiques vis-à-vis bon grain de l’ivraie, de mettre en SM. À la fin des années 90. L’intro- l’autonomie de certaines disci- des enseignants est ambiguë… valeur les méthodes les plus effi- duction des neurosciences dans le plines, à commencer par celles des SM. Dans son livre Apprendre à lire, caces car les plus ajustées au fonc- La tentation de domaine scolaire s’effectue à tra- sciences humaines et sociales. des sciences cognitives à la salle de tionnement du cerveau des vers la question des troubles spé- classe (2011), Stanislas Dehaene enfants. Les neuroscientifiques cifiques des apprentissages explique que le passage du labora- reconnaissent eux-mêmes la comme la dyslexie, l’hyperactivité Quelle est l’attitude des toire à la classe ne peut se faire complexité de l’entreprise et font la médicalisation de ou la dysphasie. En 2000, le rap- professeurs des écoles par sans le savoir-faire et les compé- souvent preuve de prudence et port Ringard «À propos de l’en- rapport aux neurosciences? tences des professeurs des écoles. d’ouverture. Cependant, quand ils fant dysphasique et de l’enfant SM. D’après mes enquêtes sur la Un neuroscientifique comme s’adressent à des hommes poli- dyslexique» s’inscrit dans le cadre médicalisation de l’échec sco- Franck Ramus, déclarait par tiques ou hauts fonctionnaires, l’échec scolaire laire, les enseignants se exemple il y a quelques années auditoires très influents pour ce « L’enjeu est de rappeler réfèrent à des catégories dans Le Monde de l’éducation que qui est du financement de la diagnostiques actuelle- les enseignants n’étaient pas aptes recherche et des concurrences l’importance d’avoir des ment travaillées par les à évaluer objectivement leurs pra- internes à l’univers scientifiques, L’instrumentalisation relations partenariales neurosciences, même s’ils tiques, et donc à déterminer la ils adoptent parfois un discours des neurosciences pour tenter LA PSYCHOLOGIE AU SECOURS les connaissent mal. La méthode pédagogique la meilleure. assez réducteur. Cela donne par- d’imposer des méthodes avec les chercheurs » plupart des professeurs des « Seule la recherche scientifique fois des déclarations surpre- DES ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ ? écoles sont des passeurs, nantes qui outrepassent, d’apprentissage strictes et ignorant d’une individualisation des aides des vecteurs de cette médicalisa- « les neurosciences sont mobilisées je crois, les conclusions l’apport des autres disciplines aux élèves à besoins éducatifs par- tion. Cela s’explique en partie par par des journalistes qui pourfendent le auxquelles peuvent de la recherche comme ticuliers. On se réfère alors aux le fait qu’ils sont formés dans les fonctionnement actuel de l’école » conduire leurs travaux la sociologie, les sciences de n 2013, suite à la publication d’une scolaires liées à la distance entre les socialisa- neurosciences pour individualiser inspections d’académie sur les scientifiques. On étude de Stanislas Morel, Les profes- tions familiales et scolaires. Cet exemple est le traitement de l’échec scolaire. troubles spécifiques d’apprentis- menant des études rigoureusement retrouve par exemple cette ambi- l’éducation, la pédagogie seurs des écoles et la psychologie, tiré d’une étude de Stanislas Morel qui s’est Dans un deuxième temps, on sage et sur l’individualisation des contrôlée est en mesure de le faire», valence au sujet de l’interpréta- ou la linguistique, replace sur le Fenêtres sur cours publiait une pré- intéressé à l’usage social de la psychologie passe de ce domaine relativement réponses à la grande difficulté affirmait-il, remettant de fait en tion des inégalités scolaires. D’un devant de la scène un vieux sentation de l’ouvrage du chercheur d’inspiration psychanalytique par les ensei- confiné «des enfants atteints d’un scolaire. Ces troubles sont par cause l’autonomie professionnelle côté, les neuroscientifiques pré- Edont les propos restent d’actualité. « Une gnants d’une école primaire en zone d’éduca- trouble », à des suggestions au ailleurs fortement médiatisés: les des professeurs des écoles. tendent œuvrer à la réduction de fantasme, celui que la solution enseignante parle des difficultés d’un de ses tion prioritaire pour expliquer les difficultés niveau de la pédagogie générale neurosciences sont notamment ces inégalités; de l’autre, certaines aux difficultés scolaires relèverait élèves qui se manifestent en classe par son scolaires de leurs élèves. Le chercheur notait (celle qui s’adresse à tous les mobilisées parfois au grand dam de leur déclaration tendent à une moins des compétences absence d’autonomie – il ne travaille pas sir que tous les enseignants n’utilisent pas ce enfants). C’est le moment où le des neuroscientifiques eux- Pourquoi les neurosciences se véritable naturalisation/biologi- sont-elles érigées en discipline pédagogiques des enseignants, la maîtresse n’est pas « derrière lui » – et par type d’explications avec la même aisance et neuroscientifique français Stanis- mêmes, par des journalistes qui sation de ces inégalités. En défini- un manque de respect des règles – il « copie », le même sentiment de légitimité. Il mettait las Dehaene publie son livre sur la pourfendent le fonctionnement universitaire la plus légitime tive, la relation difficile des que d’une certaine forme de il est parfois perturbateur. Selon elle, le pro- aussi en évidence le rôle de cet usage pour lecture (Les neurones de la lecture, actuel de l’école, se lamentent de pour penser de nombreuses enseignants aux neurosciences médicalisation de l’échec scolaire. blème n’est pas seulement scolaire. Il ne s’agit comprendre et agir. Pour le chercheur, le 2007). Les neurosciences s’im- la «baisse du niveau» et prônent questions éducatives? pose plus généralement la ques- pas non plus d’un problème d’intelligence. recours à la psychologie participe de la néces- posent progressivement dès lors un retour aux «fondamentaux». SM. Plusieurs aspects entrent en tion de leur rapport à l’univers de « J’ai dit au père que le problème c’était qu’il sité de l’enseignant de croire en la possibilité comme une référence scientifique Les parents, à commencer par les compte. Elles incarnent, dans l’es- la recherche. Au niveau syndical, - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 n’arrivait pas qu’il n’arrivait pas à se mettre d’action et de résolution – même partielle- incontournable pour répondre à la associations de parents d’enfants prit de beaucoup de gens, un vieux l’enjeu est certainement de rappe- ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT au travail parce qu’il était parasité par des des difficultés scolaires. Ces explications, sur question: Comment faut-il faire atteints de troubles spécifiques mythe : l’espoir de rapporter la ler l’importance d’avoir des rela- choses ». L’enseignante mobilise ici des expli- des problèmes sur lesquels les enseignants pour apprendre? Mais, plus géné- des apprentissages, jouent aussi pédagogie à ce qu’il se passe dans tions « partenariales » avec les 80 cations psychologiques. Elle aurait pourtant considèrent n’avoir que peu de prises, ralement, la domination des neu- un rôle très important dans la notre cerveau. Fini les contro- chercheurs, quelle que soit leur 81 pu utiliser la sociologie et mettre en avant induisent la délégation, induisent la déléga- rosciences s’exerce dans de diffusion des thèses issues des verses sur les questions pédago- discipline de rattachement. PROPOS l’incompréhension par l’élève des exigences tion de ces « problèmes » aux spécialistes. » nombreux domaines et cette dis- neurosciences. giques. Désormais, le cerveau RECUEILLIS PAR PIERRE MAGNETTO atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn « Le manque de sommeil du SNUipp entraîne des troubles cognitifs » RÉGIS LOPEZ Régis Lopez est psychiatre et somnologue à l’unité des troubles du sommeil de l’hôpital Gui de Chauliac de Montpellier. Il accueille des enfants et adultes pour l’exploration de divers troubles du sommeil, de l’insomnie aux problèmes de somnolence excessive, d’apnées du sommeil, de somnambulisme ou encore de AJA

/ N syndrome des jambes sans repos. Son équipe constitue le centre national de référence IRA IRA

© M pour les maladies rares de la somnolence, comme la narcolepsie et les hypersomnies.

En quoi l’usage des écrans à-dire qu’on va décaler le moment mauvaise nuit ou une nuit peut-il nuire au sommeil où notre organisme plonge dans blanche et que le lendemain on Comment repérer ces enfants des enfants? le sommeil. Ce faisant on décale a des obligations, nous avons dans sa classe et que faire? RL. La première raison est biolo- aussi le moment où notre orga- des difficultés à nous concentrer, RL. Évidemment, un enfant qui gique. Un écran d’ordinateur, de nisme est censé se réveiller. du mal à prendre de bonnes déci- s’endort en classe ce n’est jamais téléphone, d’une tablette, émet sions, nous sommes instables, normal. C’est le premier signe qui énormément de lumière blanche impulsifs. Le manque de som- doit alerter qu’il y a une problé- Dormir pour mieux ou bleue correspondant au spectre Combien de temps avant de meil entraîne des troubles cogni- matique en lien avec le sommeil. de la lumière du jour. Or cette s’endormir faut-il arrêter de tifs dans la journée, Si un enfant s’endort en classe, lumière qui permet de régler notre regarder les écrans? principalement portés sur des c’est le signe d’un trouble très horloge biologique, signale à notre RL. Il n’y a pas de règle absolue, problèmes de concentration. Et sévère qui a des conséquences apprendre à l’école organisme qu’on doit être réveillé. tout dépend de la personne. Si la concentration, c’est justement cognitives et comportementales. À l’inverse, c’est l’absence de sti- vous travaillez sur votre ordina- ce que l’on demande à tous les Un enfant qui a beaucoup de dif- mulation lumineuse le soir qui lui teur jusqu’à minuit et que vous enfants à l’école. Le manque de ficultés à se concentrer, qui est signale que les conditions sont n’avez pas de problème de som- sommeil, la somnolence se tra- irritable, impulsif, un enfant chez Entre 8 et 12 % des enfants ronflent réunies pour bien dormir. Donc, meil, il n’y a pas lieu de s’alarmer. duisent très souvent pour les lequel on constate un change- DES PATHOLOGIES ENFANTINES l’exposition à de fortes intensités En revanche, je reçois en consul- enfants dans la journée en dormant, 2 à 4 % souffrent lumineuses le soir va perturber tation des personnes qui ont des par des problèmes de d’apnée du sommeil, surtout les ÉGALES À CELLES DES GRANDS notre horloge, et décaler la sécré- problèmes d’endormissement concentration en classe « Les apnées du sommeil moins de 3 ans. Un nombre plus tion d‘une neurohormone qui parce qu’elles s’exposent aux qui vont forcément avoir sont une grande cause important encore s’endort très tard favorise le sommeil, la mélato- écrans. Je leur demande d’arrêter un impact sur leurs nine. La deuxième raison c’est que de s’exposer assez tôt. Mais il apprentissages. Ça a été de fausse hyperactivité et éprouve des difficultés à se es troubles du sommeil chez l’enfant sont longe et qui empêchent de s’endormir correc- les activités devant un écran sont existe aussi des alternatives pour très largement démontré réveiller le matin du fait de l’usage beaucoup plus fréquents qu’on ne le tement. C’est une cause du trouble du sommeil souvent plaisantes, stimulantes. les personnes qui ne peuvent pas par des études faites et de troubles des écrans dont la lumière bleue croit. Le cabinet du docteur Régis Lopez chez l’enfant peu connue et qui pourtant est Elles maintiennent en éveil car se séparer de leurs écrans le soir. auprès d’adultes. La res- de l’hôpital Gui de Chauliac de Montpel- assez fréquente, notamment chez les enfants elles conduisent à sécréter des Du spectre de la lumière blanche- triction du temps de som- des apprentissages » retarde la sécrétion de la lier ne désemplit pas et parmi les qui ont des problèmes d’hyperactivité. Autre hormones comme l’adrénaline, bleue il faut arriver à basculer meil entraîne des mélatonine, l’hormone qui favorise Lpatients, un grand nombre d’enfants. La pre- pathologie, l’apnée du sommeil qui provoque défavorables à l’endormissement. vers un spectre auquel on est diminutions des performances ment par rapport à un état qui l’endormissement. mière cause, c’est l’insomnie, c’est-à-dire le fait des périodes d’éveil tout au long de la nuit et C’est à la fois le spectre de la moins sensible, c’est celui de la attentionnelles et à l’inverse, si précédemment ne manifestait Les perturbations et les troubles de ne pas dormir suffisamment la nuit, qui se bloque l’effet réparateur du sommeil. Et puis, lumière des écrans et la stimula- lumière rouge. Il est possible de on augmente leur temps de som- pas ce type de problème, est un traduit notamment par des somnolences il existe des pathologies plus lourdes, les mala- tion qu’ils procurent, qui peuvent placer un film sur son écran, qui meil on augmente aussi leurs enfant qui fort probablement est du sommeil ne sont pas sans durant la journée. Les causes peuvent être dies dites d’hypersomnolences avec sa mani- générer des difficultés du som- donne une teinte rouge, on peut performances scolaires. Dormir atteint de troubles du sommeil. conséquences sur le comportement diverses : un décalage de phase dû à un usage festations la plus fréquente, la narcolepsie. meil. Cela provoque ce qu’on baisser la luminosité. On peut plus, peut augmenter les capaci- Un enfant que l’on trouve fatigué, des enfants et sur leurs tardif des écrans (lire ci-contre), un problème Cette fois c’est le contraire, il s’agit de patients appelle un retard de phase, c’est- aussi utiliser des lunettes dites tés de concentration et moins, somnolent, qui a des difficultés à performances scolaires. comportemental comme celui de ne pas mettre qui dorment trop. Les enfants atteints de cette blublockers, qui filtrent la les diminuer. C’est très impor- se concentrer, qui ne tient pas en place de rituels pour l’endormissement, de maladie d’origine pédiatrique sont pris d’en- lumière bleue. tant car chez l’enfant ce n’est pas assis sur sa chaise, ça doit évo- Savoir les détecter, n’est pas prendre l’enfant dans le lit des parents quand dormissement très brutaux dans la journée, « L’exposition à de forcément quelque chose qui se quer des troubles du sommeil. Ce toujours évident. il pleure la nuit ou de le laisser veiller tard s’endorment instantanément, ont beaucoup voit facilement. Ca se traduit qu’il faut faire évidemment, c’est devant la télévision. Selon le médecin, en géné- de mal à rester éveillés. Il s’agit d’une maladie fortes intensités En quoi le sommeil ou souvent par de l’agitation, de solliciter les parents pour que - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e le manque de sommeil

17 ral les parents sont assez réceptifs aux explica- neurologique. Enfin, beaucoup d’enfants sont l’énervement. On peut les dans un premier temps ils ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT tions fournies. Mais il existe aussi de réelles également atteints de parasomnies, c’est-à- lumineuses le soir influencent-ils les prendre pour des enfants hype- emmènent leur enfant chez un pathologies, c’est en particulier le cas de la dire qu’ils éprouvent des sensations désa- apprentissages chez ractifs. Par exemple, les apnées médecin généraliste qui lui, 82 maladie des jambes sans repos. Il s’agit d’im- gréables pendant la nuit(terreurs nocturnes, perturbe l’horloge l’enfant? du sommeil sont une grande ensuite, les orientera vers un 83 patiences, de sensations très désagréables qui somnambulisme, énurésie, cauchemars). Dans RL. On en a tous fait l’expé- cause de fausse hyperactivité et centre spécialisé. PROPOS RECUEILLIS obligent à secouer les jambes quand on s’al- tous les cas, il faut consulter. biologique. » rience, quand on passe une de troubles des apprentissages. PAR PIERRE MAGNETTO atelier ENFANT & SOCIÉTÉ 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

« Ensemble, c’est possible ! » SAFY NEBBOU Safy Nebbou est cinéaste. Il a notamment réalisé « Le cou de la girafe » avec et Claude Rich, « L’autre Dumas » avec Gérard Depardieu et , « Dans les forêts de Sibérie » avec Raphaël Personnaz. Il travaille actuellement à la réalisation d’un film pour enfants tiré du livre AJA

/ N de Daniel Pennac « L’œil du loup ». Un film qui pourra être IRA IRA

© M l’occasion d’échanges et de partenariats avec les enseignants des écoles.

Comment est né le film? Au Liban, j’ai rencontré les gens SN. D’une prise de conscience, des Jardins de la paix et les Qu’est-ce qui vous « Pour ces enfants, d’un désir d’être tout simplement enfants dont ils s’occupent. J’ai a frappé dans utile à quelque chose tout en fai- regardé leur travail, j’ai passé du ces rencontres? malgré toutes les sant mon métier de cinéaste. Sur temps avec eux, sans voyeu- SN. Je crois que c’est le un tournage en Sibérie, mon risme, pour qu’ils m’appri- paradoxe entre les chef-opérateur, , qui voisent et surtout pour qu’ils énormes difficultés dans difficultés, il y a avait fait un travail avec l’associa- apprivoisent la caméra. Qu’elle lesquelles ces gens se tion autour d’autoportraits d’en- ne soit pas un objet qui soit là trouvent et la force, la joie quelque chose qui fants, m’a parlé des actions de pour les scruter mais plutôt un même qu’ils dégagent et Solidarité laïque autour de l’édu- camarade de jeu. Et à partir de qui les porte. Ça c’est ressort de l’ordre cation. Et l’éducation, c’est ça j’ai écrit quelque chose autour troublant. Leur situation Éduqués aujourd’hui, quelque chose qui me touche, je d’un groupe. À Bamako, il m’a nous semblerait invivable pense que c’est le nerf de la semblé qu’il y avait des histoires et elle l’est à bien des du bonheur » guerre et qu’en aidant les gens à personnelles très fortes à La égards et pourtant, on a le y accéder, on leur donne la force maison de l’espoir. Celle de la sentiment que malgré tout ça, il toutes les difficultés, il y a plus libres demain d’avancer, de conquérir une indé- petite Awa notamment, une y a une force de vie. Aussi bien quelque chose qui ressort de pendance. Solidarité laïque fait un au Liban qu’au Mali, l’ordre du bonheur. boulot très impressionnant sur ce il y a chez les enfants terrain. Alors on s’est rencontrés et les jeunes ce désir L’ONG de développement de et ils m’ont suggéré deux struc- « Donner à voir et ce plaisir d’ap- C’est quoi, le message? l’éducation Solidarité laïque LA SOLIDARITÉ tures qu’ils appuient depuis long- prendre. Ils savent à SN. Un message de solidarité, soufflait cette année ses soixante temps, une au Liban qui accueille un engagement quel point la possi- bien sûr. J’ai voulu donner envie DANS TOUS SES ÉTATS des enfants handicapés et l’autre bilité de s’en sortir de s’engager, chacun à sa bougies. L’occasion pour le cinéaste au Mali qui prend en charge des est là. Des choses manière, avec ses possibilités, Safy Nebbou de lui offrir un film, filles en grande difficulté. qui vous porte que moi, je n’avais le temps qu’il a à donner, mais sensible et poétique, qui raconte jamais ressenties surtout sans chercher à culpa- des parcours de vie transformés. Sri Lanka, en appuyant la mise en développés par Solidarité laïque sont nom- quand j’étais jeune biliser qui que ce soit. J’ai fait place d’un réseau d’écoles mater- breux. Ils s’appuient sur les compétences de ses Comment avez-vous procédé? et vous invite et que je vivais un film mais après, l’important L’histoire de filles et de garçons nelles publiques et la création partenaires locaux, mais aussi sur les res- SN. Je ne voulais pas faire un film l’école comme une c’est le sens qu’il prend pour les qui n’auraient pas eu accès d’un syndicat pour leurs ensei- sources humaines et techniques de ses organi- publicitaire, qui vanterait les à faire de même » punition. Leurs édu- gens, comment ils le perçoivent. à l’éducation si des femmes et gnantes, en Haïti avec la réhabili- sations membres. Associations, syndicats, dont mérites d’une ONG, ou qui pla- catrices, leurs ensei- Là où je suis touché, c’est quand Àtation d’écoles et le soutien à un centre de le SNUipp-FSU, acteurs de l’économie sociale cerait le spectateur dans une gnantes, dans leur dans une projection publique, je des hommes ne s’étaient formation professionnelle pour un groupe de et solidaire et mouvements d’éducation popu- forme de culpabilité parce qu’il Kirikou, une héroïne à la per- façon de faire leur métier, d’ac- suis avec des élèves qui pen- pas levés contre leur exclusion. jeunes filles, en Afrique de l’ouest, avec de la laire sont en effet engagés dans cette coopéra- vit dans le confort occidental. sonnalité vraiment touchante. complir leur mission ne sont saient que l’école c’est quelque Moteur, action ! formation d’enseignants, mais aussi dans la tion qui opère aujourd’hui dans une vingtaine J’ai horreur de ça. J’ai plutôt J’ai choisi de raconter son itiné- jamais blasées, elles sont com- chose d’acquis et qui se rendent « jungle » de Calais avec l’équipement des de pays. En France, Solidarité laïque produit voulu donner à voir un engage- raire et au montage, de faire un plètement investies, elles croient compte que finalement, pour salles de classe de « l’école laïque du chemin aussi des outils d’éducation à la citoyenneté, ment qui vous porte et vous va et vient entre ces deux lieux en ce qu’elles font, elles pensent d’autres, ça peut être un luxe. des dunes » : Solidarité Laïque agit partout des documents pédagogiques pour faire vivre invite à faire de même, mais de vie, dans une forme de chro- que ça a du sens. Il y a un para- Ils s’identifient à ces enfants qui - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 dans le monde pour que davantage d’enfants, par exemple dans les classes la campagne sans guide pour vous expliquer nologie. Deux univers qui se doxe entre cette misère dans ont leur âge et leur histoire les ENFANT & SOCIÉTÉ ENFANT de jeunes et d’adultes aient accès à une éduca- annuelle « Un cahier, un crayon », des films, ce que vous devez penser et à complètent, deux ambiances, laquelle elles évoluent et la joie touche. Ça leur donne peut-être tion de qualité et s’émancipent. Un combat de des reportages, pour sensibiliser les enfants et quel moment vous devez être deux histoires d’éducation, avec laquelle elles se lèvent un autre regard sur l’éducation, 84 longue haleine et une philosophie : travailler les jeunes à leurs droits, à la lutte contre les ému. Quelque chose entre le d’engagement, avec la musique chaque matin. Et le résultat est sur la différence. C’est ça le 85 avec des acteurs locaux, associations et syndi- discriminations et à la solidarité internationale. documentaire et le reportage qui d’Ibrahim Malouf pour faire le là. Pour ces enfants, ces jeunes, message. PROPOS RECUEILLIS PAR cats à partir de leurs besoins. Les instruments En savoir plus sur: www.solidarite-laique.org « conterait » des histoires de vie. lien entre les deux. malgré toutes les entraves, FRANCIS BARBE atelier ENFANT & SOCIÉTÉ Boris Cyrulnik GRAND ENTRETIEN 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp DES ENFANTS ⅓ NON SCOLARISÉS LE SONT EN RAISON DE LEUR HANDICAP

L’éducation est un droit fondamental qui permet d’accéder à tous les autres droits. Solidarité Laïque agit dans 20 pays pour que les plus démunis et les plus fragiles puissent y accéder : femmes, filles, enfants en situation de handicap, réfugiés... Avec vous, nous construisons un monde plus juste !

BORIS CYRULNIK

Neuropsychiatre, ancien professeur des universités, Boris Cyrunik a animé de longues années le groupe de recherche en éthologie clinique au centre hospitalier de Toulon-La Seyne-sur-Mer. Il est connu pour avoir vulgarisé le concept de « résilience » – renaître de sa souffrance – tiré des écrits de John Bowlby. Lui-même a dû surmonter le traumatisme de son arrestation, enfant, lors de la rafle de Bordeaux en 1944 - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE

e et de la disparition de ses parents. Recueilli d’abord par une institutrice puis sa tante, 17 il témoigne de la place déterminante de l’école dans le parcours de nombreux enfants. ENTRETIEN GRAND 86 87 Boris Cyrulnik GRAND ENTRETIEN 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp « Les enseignants ont la capacité d’être des tuteurs de résilience »

On connaît de lui son travail par la violence, il fallait se battre à l’école, c’était écran peut n’avoir aucun sens pour la per- de vulgarisation du concept de un facteur d’adaptation. Aujourd’hui, nous en sonne qui arrive et la découvre, en revanche sommes à la 2e génération sans guerre et cette elle a du sens pour celles et ceux qui suivent résilience, résilience qu’il a violence est découragée. L’éthos, la hiérarchie l’intrigue. Ce qui s’est passé avant et ce qui lui-même éprouvée ayant été pris des valeurs, dépend du contexte socioculturel. passera ensuite. Quand notre vie est censée, dans la rafle de Bordeaux en 1944 L’école aussi. Aujourd’hui ce qui socialise c’est elle métamorphose la manière dont nous et séparé de sa famille. Le le diplôme. La plupart des familles rêvent que éprouvons le réel. Le travail, même difficile, leur enfant soit bon élève, acquière des a un sens donc cela vaut la peine de le faire. neuropsychiatre Boris Cyrulnik à la diplômes pour avoir un bon métier et s’intégrer Si notre vie n’a pas de sens, nous sommes bibliographie impressionnante, mais il existe aussi des familles qui rejettent stéréotypés, nous répétons les mêmes gestes vient de publier « Psychothérapie l’école, certains enseignements comme les lois dans une hébétude. de l’évolution, la non séparation des garçons et de dieu » dans lequel il explore des filles. Elles sont minoritaires mais la plu- les effets psychologiques de part des grands mouvements socioculturels ont Certains enfants s’opposent à certains © MIRA / NAJA MIRA © la religion sur les êtres humains. été déclenchés par des minorités. Qui aurait pu enseignements, notamment pour des raisons religieuses. Plus généralement, ses travaux l’ont prévoir la Révolution française en 1788? Ou la Révolution communiste en Russie en 1916 ? Que doit faire l’école? conduit aussi à s’intéresser de très Personne. Alors pour l’instant ce sont des FJ. Cela veut dire que chez eux, dans leur près à l’éducation des enfants. minorités mais il faut en tenir compte car cela quartier, on dispense à ces enfants un peut déclencher un processus. autre enseignement. On leur dit de ne pas croire ce que l’on apprend à l’école, que les lois de l’évolution sont une théorie blas- Quel regard portez-vous sur l’école Comment agir avec ces phématoire, que la Shoah n’a jamais dans le contexte des phénomènes élèves qui ont des vécus très différents, existé… Notre culture n’est plus partagée « Ce rôle intégrateur de l’école reste communautaristes qui ne parfois des traumatismes ? par ces familles. L’enfant se retrouve dans l’épargnent pas ou encore l’arrivée FJ. L’école peut agir par les deux mots-clés de un conflit de loyauté, entre ce que dit l’en- d’enfants migrants? la résilience. Le soutien et le sens. Dans les seignant et ce qu’il apprend chez lui. S’il un espoir pour beaucoup, parce qu’on FJ. L’école n’est pas coupée du contexte socio- classes existe un soutien des enfants entre aime ses parents, il va avoir tendance à les culturel et des familles. Ce n’est pas un lieu où eux, qu’on a souvent sous-estimé. On voit des croire. Mais s’il est maltraité chez lui, l’en- apprend la même langue, les mêmes l’on apprendrait des choses abstraites, coupé bandes tractées par un bon élève, d’autres seignant peut devenir un énorme tuteur de des familles et de la culture. Quand j’étais sont attirées par la délinquance parce qu’ad- résilience. Et souvent il ne le sait pas. Les gamin, l’école était le lieu d’intégration des miratives d’un chef de bande. Ce soutien études menées auprès des enfants maltrai- immigrants, ce qui est mon cas. C’est encore le affectif de l’école est nécessaire mais il faut tés montrent qu’une majorité est en diffi- - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE

e valeurs, on acquiert des diplômes. »

17 cas aujourd’hui mais pas toujours. Ce rôle inté- se méfier de ces phénomènes de groupe des culté à l’école. On leur parle du théorème GRAND ENTRETIEN GRAND grateur de l’école reste un espoir pour beau- enfants entre eux. Ils ne sont pas soumis qu’à de Pythagore et eux, dans leur tête, n’ont coup, parce qu’on apprend la même langue, les leurs parents ou à leurs enseignants. L’école que ce qu’ils ont subi la veille à la maison 88 mêmes valeurs, on acquiert des diplômes. Il y peut également donner du sens. Et ce sens ne et ce qu’ils vont subir en rentrant le soir. 89 a quelques générations, avec les guerres inces- peut être produit que par la représentation du Mais une partie réussit étonnamment à santes, on se socialisait par la force physique, temps, par le récit. L’image d’un film sur un l’école car c’est le seul endroit où on leur Boris Cyrulnik GRAND ENTRETIEN 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

« L’école peut agir par les deux mots-clés de la résilience. Le soutien et le sens. »

parle gentiment, où on leur apprend des concours d’entrée au lycée. Je ne savais même parents sont préoccupés par la difficulté de se ils ont peur de l’école et vont tout tenter pout choses intéressantes. Alors ils surinves- pas qu’un tel examen existait, ma famille d’ac- nourrir, de se loger, ils ne pensent pas forcé- ne pas y aller. Ils s’accrochent aux parents ou tissent l’école qui les sauve. cueil non plus. Nous étions 44 dans la classe, ment à jouer avec leur enfant. Lorsque l’on suit les frappent. Ils pleurent, se montrent incon- quatre inscrits et trois reçus. Là je suis tombé ces enfants, on se rend compte que ceux qui solables et souvent s’auto-agressent, se amoureux de l’école car j’avais des copains, les ont été sécurisés par leurs parents accèdent mordent. Cela mobilise les enseignants qui Quel peut être l’impact affectif des enseignements m’intéressaient. J’ai vite com- les premiers au langage. Cependant, cela sentent la détresse de ces enfants. Les ensei- enseignants sur les élèves? pris que l’école était le lieu de la liberté. Le n’empêche pas que le premier jour d’école soit gnants d’après-guerre disent qu’ils avaient 40 FJ. Dans les enquêtes sur les rencontres qui savoir était la liberté. Si je à 50 enfants par classe et parmi eux un ou modifient nos destinées, presque toutes les voulais être libre, avoir un deux enfants difficiles. Aujourd’hui sur 25, on personnes interrogées ont répondu qu’elles bon métier, il fallait que je arrive parfois à six ou sept enfants dans ce cas. devaient leur métier à Madame untel, leur pro- réussisse à l’école. Si je ne « Les enseignants ne savent Cela veut dire que quelque chose se passe dans fesseure d’anglais ou à Monsieur untel pour réussissais pas, je ferais un notre culture, qui fait que l’on ne sécurise plus le goût de la philosophie qu’il leur a transmis. métier qui serait une entrave. pas à quel point ils peuvent nos bébés. L’école n’est plus pour eux un fac- Puis on est allé voir ces enseignants en leur Ensuite au lycée, un autre teur de résilience car ils en ont peur. Les phé- demandant s’ils se rappelaient de l’élève en professeur Monsieur Mou- faire un cadeau immense, nomènes de phobie scolaire augmentent question, s’ils avaient eu l’impression de sel, m’a inscrit au Concours rapidement. l’avoir sauvé. La plupart du temps, ils général. Ma famille d’accueil répondent n’avoir fait que leur travail. Les ne pouvait pas payer l’ins- parce qu’ils correspondent enseignants ne savent pas à quel point ils cription au Baccalauréat. Quels peuvent être les signes de peuvent faire un cadeau immense, parce qu’ils Alors il a enlevé son chapeau, à ce dont l’enfant a le plus traumatismes chez les élèves? correspondent à ce dont l’enfant a le plus mis des sous dedans et fait FJ. L’enseignant ne peut pas déceler les signes besoin à ce moment-là, ils apportent du sou- passer dans la classe. Ce sont besoin à ce moment-là. » d’un traumatisme mais il peut déceler les signes tien et du sens. Une identification que l’élève mes copains de classe qui d’un trouble, sans en connaître la source. Ces ne trouve peut-être pas chez lui. Le professeur m’ont payé l’inscription. signes, ça peut être un enfant qui devient anor- montre le chemin et galvanise. Ce fut mon cas. stressant. Ils arrivent dans un lieu inconnu malement agressif alors qu’il ne l’était pas aupa-

avec de nouveaux adultes, ils ne savent pas ce / NAJA MIRA © ravant, un enfant qui manifeste soudainement En quoi le premier jour d’école qui va les attendre. « J’ai un peu peur de cette des difficultés de concentration alors qu’il n’en Vous avez eu des débuts à l’école n’est pas le même classe, j’ai un peu peur de cette maîtresse mais avait pas jusque là, un enfant qui s’enferme dans difficiles, qu’est-ce qui vous a permis de pour tous les enfants? je vais surmonter ce stress, je vais être fier de un mutisme alors qu’il était plutôt bavard, un vous épanouir? FJ. Si les bébés préverbaux ont été sécurisés cette petite victoire et je vais raconter ce soir enfant qui devient hyperactif avec des activités FJ. Je ne suis pas allé à l’école avant 10 ans. Juif, par une niche affective, cela les imprègne combien j’ai été courageux». Ces enfants sécu- « Ces enfants sécurisés vont trop autocentrées. Ce type de comportement né avant-guerre j’ai été arrêté, puis je me suis d’une confiance dans les relations, ils n’ont risés vont éprouver le premier jour d’école n’est pas nouveau, mais aujourd’hui mes jeunes échappé et j’ai pu me cacher. L’entrée à l’école pas peur des adultes, ils savent qu’on va les comme une aventure stressante mais amu- collègues me font part de leur stupéfaction face

- 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE éprouver le premier jour d’école e

17 a été une fête pour la rencontre avec les cama- aimer, les prendre dans les bras. Environ deux sante aussi. Ils ont déjà acquis le plaisir d’ap- à des jeunes, surtout des filles d’ailleurs, qui GRAND ENTRETIEN GRAND rades mais sur le plan des résultats, j’étais enfants sur trois se sentent sécures. Cela prendre et le plaisir de découvrir. Pour les s’infligent des actes auto-agressifs dénotant de mauvais, je ne savais pas ce qu’il fallait faire, il signifie qu’un enfant sur trois est insécure, se enfants insécurisés par la maladie, la précarité comme une aventure stressante troubles du développement. L’enseignant ne 90 me fallait tout apprendre. Puis je suis tombé sent insécurisé pour des raisons de santé, ou le deuil, le premier jour d’école c’est tout peut pas en connaître la cause, ce type de com- 91 sur une institutrice qui m’a beaucoup sécurisé, parce que sa mère est morte ou de plus en plus autre chose. Ils se sentent terrorisés. Ils n’ont portement peut survenir après une agression sans s’en rendre compte. Elle m’a inscrit à un en raison de la précarité sociale. Quand les pas leur tranquillisant intime dans la mémoire, mais amusante aussi. » sexuelle, la mort d’un parent, une scène de vio- Boris Cyrulnik GRAND ENTRETIEN 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

« J’ai vite compris que l’école était le lieu de la liberté. Le savoir était la liberté. Si je voulais être libre, avoir un bon métier, il fallait que je réussisse à l’école. »

lence conjugale, cela peut être mille raisons car l’on trouve le plus d’enfants traumatisés, en la vie n’est pas toujours facile mais en tout cas, grande détresse. Mettre des enfants dans des Comment expliquer que des jeunes on peut déceler une altération dans le compor- camps, que ce soit à Calais, au Liban ou en tombent dans l’excès ou succombent tement de l’enfant. Palestine, c’est le pire accueil qu’on puisse leur à des formes de fanatisme ? A contrario, réserver, ça les place en vase clos, sans espoir ni comment promouvoir les valeurs du perspective d’intégration. Une autre situation est vivre ensemble ? Quelle différence entre trauma tout aussi critiquable, c’est la ghettoïsation qui FJ. C’est une preuve de défaillance sociale, c’est- et épreuve? conduit au communautarisme. Cette situation à-dire que ces gamins sont déculturés, pas de FJ. Nous avons tous connu des épreuves, un existe bel en bien en France aujourd’hui, à famille, pas d’école, comment voulez-vous échec, une rupture et nous avons tous appris à Béziers ou Perpignan par exemple, avec des qu’ils se développent s’il y a de la confusion les surmonter plus ou moins bien. Le trauma est quartiers où vivent des personnes parlant une autour d’eux ? Lors de chaque bouleversement complètement différent. L’imagerie montre que même langue, pratiquant une même religion, social, arrive quelqu’un qui leur dit: «croyez en le cerveau alors s’éteint. En temps normal, on chaque groupe ignorant celui du quartier voisin. moi je vais vous sauver, les autres vont mourir». Ils

© MIRA / NAJA MIRA © voit des nappes de couleurs différentes passer Les personnes se côtoient mais ne se voient pas, sont tellement mal, tellement désespérés qu’ils d’une zone à l’autre selon que l’on parle, écoute il n’y a pas d’interactions. Non, l’école ne peut sont prêts à croire n’importe quoi Ce sont des ou regarde, selon la consommation d’énergie de pas tout, elle a besoin d’une institution pour jeunes insécures, qui se rassurent par la soumis- tel ou tel lobe. En cas de traumatisme, l’individu l’accompagner dans l’apprentissage des langues sion à un gourou, à un groupe religieux extrême. est hébété, sidéré, l’imagerie montre un cerveau et des rituels sociaux, des codes de politesse qui Contrairement à ce que l’on croit, ces jeunes ont gris qui ne fonctionne plus. C’est sûrement un ne sont pas les mêmes d’une culture à l’autre. peur de la liberté. Lorsque nous sommes libres, processus adaptatif pour pouvoir mourir sans trop de souffrance. On remet un cerveau en « C’est en comparant les manières marche par le soutien et le sens.

d’aimer, de vivre, d’éduquer Comment gérer l’arrivée dans les classes d’enfants migrants qui ont que l’on découvre le monde de parfois vécu des traumas? FJ. L’école ne peut pas tout. C’est un lieu néces- saire mais qui a besoin d’être entouré pour que l’autre par la littérature, le cinéma, l’accueil soit de qualité. Aujourd’hui cet accueil est parfois défaillant. Quand l’immigration est le théâtre. Et également par souhaitée, c’est-à-dire que ce choix n’est pas dicté par des contraintes liées à la guerre ou à la famine par exemple, les enfants ont quand la philosophie. Il faut entraîner les même un stress d’acculturation. Ils ne parlent pas la langue, mais ils l’apprennent plus vite que enfants au plaisir de douter. » leurs parents. Ils ne connaissent pas les codes - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 de l’école mais de même, ils les acquièrent rapi- GRAND ENTRETIEN GRAND dement. Une fois ce stress surmonté, ils sont fiers de posséder deux langues, deux cultures et 92 l’on sait que parler deux langues est un facteur 93 d’intégration réussie. En revanche, c’est chez les enfants issus de migrations non souhaitées que Boris Cyrulnik GRAND ENTRETIEN 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp

« Pour haïr l’autre il faut l’ignorer. »

nous avons la possibilité de choisir, donc nous Pour haïr l’autre, il faut l’ignorer, se soumettre croyances ou ses convictions sont tout aussi doutons, donc nous sommes dans l’incertitude. à l’idée que l’on se fait de lui a priori sans cher- respectables. C’est en comparant les manières Nous pouvons nous documenter, lire, voyager, cher à la connaître. Je dirais que ce mécanisme d’aimer, de vivre, d’éduquer que l’on découvre hésiter. Dans une culture du sprint, nous ajoute de l’épreuve à l’épreuve en créant des sen- le monde de l’autre. La littérature, le cinéma, n’avons pas le temps, «Dites-moi vite la recette, timents de concurrence qui n’ont pas lieu d’être. le théâtre peuvent y contribuer. En jouant une dites-moi vite la vérité». Il y a toujours des per- Par exemple, des personnes en situation de pré- saynète, le rôle d’un policier par exemple, sonnes pour prétendre avoir la seule vérité, carité sociale voyant arriver des migrants l’élève se met «à la place» et peut appréhender son point de vue, faire preuve d’empathie. L’école doit également développer l’esprit scientifique et le débat philosophique. Il faut « l’enfant doit apprendre qu’il a droit entraîner les enfants au plaisir de douter, à exprimer ce qu’ils pensent et écouter l’avis des au respect mais que d’autres qui ne autres. Une relation humaine, intellectuelle, active les zones cérébrales et les stimule, tout comme le sport, la réflexion. Aujourd’hui, une partagent pas ses croyances ou ses petite fille sur deux arrivant au monde, dépas- sera l’âge de 100 ans. À quoi cela sert-il de la convictions sont au aussi respectables » faire sprinter à l’école ? Pourquoi ne pas prendre le temps d’apprendre, de consolider la confiance en soi? Les Finlandais ont allongé scientifique ou politique. Pour des jeunes peuvent penser que ces nouveaux venus repré- les congés parentaux, retardé la notation et ils anxieux, la soumission est un excellent tranquil- sentent un danger pour leur travail. Pourtant, réussissent aux évaluations Pisa bien mieux lisant mais au prix d’une amputation de la per- bien des études montrent le contraire, le Canada que la plupart des pays. Ils ont diminué leur sonnalité, d’un arrêt du jugement. On ne qui connaissait de grandes difficultés il y a une taux d’illettrisme, de suicide et de psychopa- raisonne plus, on parle par slogans comme le vingtaine d’années en raison d’une population thies. Un nouvel éthos est à inventer. Ce qui font tous les extrémismes. La culture structure vieillissante est redevenu un des pays les plus était valable au 20e siècle n’est plus valable notre environnement et nous permet de faire des riches grâce à l’immigration. aujourd’hui surtout avec le bouleversement choix. Quand il n’y a pas de culture, on ne peut technologique et numérique. Toute nouvelle pas se construire. La culture c’est le moyen de invention modifie le mode de pensée. Nous lutter contre les fanatismes. Nous pouvons inté- Quel rôle l’école laïque peut-elle sommes en train de créer un autre monde et grer les autres quand nous les connaissons, que jouer face à cet enjeu? l’école doit s’adapter mais pas seule. Un - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e

17 nous les aimions ou que nous nous disputions FJ. L’école participe à cet éveil culturel, à cette enfant se développera mieux avec des interac- GRAND ENTRETIEN GRAND avec eux, nous les connaissons. Mais si nous ne connaissance mutuelle. Pour éviter les lan- tions multiples et pas seulement avec ses faisons qu’imaginer l’autre, il devient l’écran de gages totalitaires, qu’ils soient religieux, pro- parents, ses enseignants mais aussi avec les 94 nos fantasmes, le bouc émissaire responsable fanes, scientifiques ou idéologiques, l’enfant copains, le prof de sport, de musique. Chacun 95 de nos difficultés, économiques par exemple doit apprendre qu’il a droit au respect mais peut lui apporter. PROPOS RECUEILLIS PAR FABIENNE comme c’est le cas aujourd’hui avec les migrants. que d’autres qui ne partagent pas ses BERTHET ET LAURENCE GAIFFE 17e UNIVERSITÉ ’automn du SNUipp RETROUVEZ TOUS LES INTERVENANTS DE L’UNIVERSITÉ D’AUTOMNE EN VIDÉO SUR SNUIPP.FR ET SUR LA CHAÎNE YOUTUBE DU SYNDICAT

Les interviews de

Élisabeth Bautier Élisabeth Mourot

Dominique Bucheton et aussi • Emmanuel Sander • Caroline Veltcheff • Serge Ebersold • Yves Guégan • Corinne Loie • Divina Frau-Meigs • Patrick Morel • Régis Lopez Danièle Manesse • Sylvie Jouan Patrick Rayou

Olivier Maulini Safy Nebbou Christine Passerieux

Maryse Rebière 97 Agnès Bathiany Stanislas Morel RETROUVEZ TOUS LES INTERVENANTS DE L’UNIVERSITÉ D’AUTOMNE EN VIDÉO SUR SNUIPP.FR ET SUR LA CHAÎNE YOUTUBE DU SYNDICAT

Des reportages avec

Choukri Ben Ayed Les inégalités scolaires

Roland Goigoux Apprendre à lire

Françoise Lantheaume Durer dans le métier

Et l’entretien avec Boris Cyrulnik École et affectivité - 20-21-22 OCTOBRE 2017 OCTOBRE DU SNUIPP - 20-21-22 UNIVERSITÉ D’AUTOMNE e 17 98