Chez le même éditeur

Belleville au cœur, Clément Lépidis. La colère de vivre, Jean Tavantzis.

Collection « SPIRITISME

La vie et I'oeuvre, Allan Kardec, André Moreil. Recueil de prières, Allan Kardec. Révélation Spirite, Allan Kardec. L'Abbé Julio, Robert Ambelain. Conseils aux médiums d'après St Eloi. Esprits et médiums, Léon Denis.

Collection « CIMETIÈRES DE ET D'AILLEURS »

DÉJÀ PARU OU À PARAÎTRE

Du même auteur

— Ésotérisme, médiums et spirites du Père-Lachaise. — Tombeaux de musiciens. — Le Père-Lachaise par les timbres-poste. (Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition internationale PHILEXFRANCE 82 - Paris - La Défense 11-21 juin 1982.) — Tombeaux d'aviateurs. — Tombeaux d'écrivains — Tombeaux d'hommes d'État. — Tombeaux de femmes célèbres. — Tombeaux d'artistes : les peintres. — Tombeaux d'artistes : les comédiens. — Tombeaux d'artistes : les sculpteurs. — Tombeaux d'artistes : le cirque et la chanson. — Tombeaux d'étrangers morts en . — Tombeaux de grands soldats. — Tombeaux de couples célèbres. — Tombeaux de grands savants. vincent de langlade 1 le père lachaise par les timbres- poste

cimetières de paris et d'ailleurs

éditions vermet 10, avenue du père-lachaise, paris ISBN 2-86514-005-9 AVIS LIMINAIRE

Certes, le « Père-Lachaise » a principalement vocation de cimetière. Et, pourtant, plusieurs milliers de visiteurs, chaque jour, le par- courent en tous sens, s'amusant du charme désuet d'une architecture au style dépassé, mais qui n'en est pas moins le reflet de toute une époque, admirant la délicatesse ou la somptuosité d'un bronze fine- ment ciselé, quelquefois se pâmant d'aise en découvrant au hasard du chemin, la tombe d'une vedette de la chanson — Yvette Guilbert, Marie Dubas, Jim Morrison —, d'un écrivain célèbre — Marcel Proust, Colette, Jules Romains —, d'un grand compositeur — Geor- ges Bizet, Gustave Charpentier, Reynaldo Hahn —, ou d'un illustre militaire — Maréchal Ney, Général Ferrié, Colonel Maubert... Certains de ces visiteurs, faute de guide, de plan, de poteaux indicateurs détaillés, repartent souvent au bout de quelques instants d'une infructueuse recherche, découragés devant l'étendue de ces 43 hectares de nécropole, et comprenant vite que trouver la sépulture de Chopin, de Papus ou d'Edith Piaf, demande un bon sens de l'orientation, une forte dose de courage et pas mal de chance... Devant le nombre toujours croissant des touristes et amateurs de « passé », et considérant qu'il est impossible en quelques heures de voir les deux à trois mille sépultures offrant un quelconque intérêt historique, artistique, architectural, émouvant, culturel, etc., j'ai pensé qu'il serait utile de proposer une série de « parcours thémati- ques » permettant à chacun de trouver sans peine les dernières demeures des personnalités qui l'intéressent. Ainsi Madame X..., aimant la peinture, pourra directement aller se recueillir devant les restes de Seurat, Pissaro, Ingres, Corot, Dela- croix, etc., tandis que son époux, passionné d'aéronautique, en un parcours parallèle, découvrira rapidement les tombes de Morane, Charles, Tissandier, Villemin, Vanier, Mesmin, Mouchotte, etc. Se retrouvant à la sortie, ils pourront échanger leurs impressions et... pourquoi pas, leurs parcours, en vue d'une nouvelle visite !

Il est bon de savoir que les cimetières ne sont pas ouverts au public nuit et jour, mais seulement :

L'hiver — en semaine de 8 h à 17 h 30 — samedi,dimanche et fêtes de 9 h à 17 h 30

L'été — en semaine de 7 h 30 à 18 h — samedi de 8 h 30 à 18 h — dimanche et fêtes ...... de 9 h 00 à 18 h

Très important

Un quart d'heure avant la fermeture, les gardiens avertissent à l'aide de sifflets à roulette afin que les promeneurs ne se trouvent pas face à une porte close après la fermeture générale du cimetière. Si cela arrivait, il faudrait alors regagner le bâtiment de la conservation.

Des visites guidées peuvent être organisées dans les cimetières de Paris, avec l'accord du Conservateur. Se renseigner au Salon d'Accueil de la Mairie de Paris (Hôtel de Ville) ou à la librairie, 10, avenue du Père-Lachaise (75020) Paris. LE CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE

De nombreux ouvrages, à maintes reprises, ont relaté l'histoire du cimetière de l'Est parisien, dit du Père-Lachaise. Mon but n'est pas de répéter ce que l'on trouve déjà dans tous les bons guides de Paris, mais voici toutefois un résumé — très som- maire — du passé de ce cimetière, ou plus exactement de ce « lieu- dit ».

Les villes saintes — Athènes, , Jérusalem — étaient entou- rées de sept collines. Paris était dans ce cas : le mont Souris, le mont Martre, le mont Parnasse, le Mesnil montant, la colline de Chaillot, la butte aux Cailles et Champ-l'Evêque. Cela fait bien sept. Comme son nom l'indique, Champ-l'Evêque était une terre qui appartenait à l'évêque. Germain d'Auxerre fût certainement celui-là. C'est à Charonne qu'il reçut celle qui devint ensuite sainte Gene- viève. Champ-l'Evêque étant précisément situé à Charonne, il est possible que cette rencontre, historique s'il en fût, se soit déroulée à l'emplacement même du cimetière qui nous intéresse aujourd'hui. Ceci se passait en l'an 429 de notre ère. La vigne y était cultivée ainsi que les céréales. Plus tard, bien plus tard, des jésuites y avaient installé une sémil- lante maison de campagne. Encore plus tard, le jeune roi Louis XIV vint y assister — de loin — au combat que menaient ses troupes à l'emplacement de l'actuel faubourg St-Antoine. En remerciement de cette royale visite, et pour se mettre bien en « cour », les jésuites suppriment le nom de « Champ-l'Evêque » pour baptiser ce lieu « Mont Louis » ! Ils savent, ces jésuites, que le roi n'est pas un ingrat ! En effet, celui-ci choisira plus tard parmi eux, son confesseur : le révérend père François de Lachaise d'Aix. Constatons que ce Père Lachaise devait avoir une immense per- sonnalité puisque son nom s'est substitué à celui de Louis XIV pour désigner ce lieu !... Outre les jésuites, deux propriétaires sont à signaler : un importa- teur d'épices nommé Regnault de Wandonne, et les frères Baron- Desfontaines, auprès de qui enfin, le préfet Frochot négocie l'achat du terrain pour en faire le cimetière que nous visitons aujourd'hui, et dont les plans ont été imaginés par l'architecte Alexandre Bron- gniart, celui-là même qui construisit la Bourse de Paris, palais qui porte son nom. Ouvert en 1804, mais trop éloigné de la ville à l'époque, le cime- tière ne connaît le succès qu'après l'arrivée en ses terres de personna- lités célèbres — Héloïse et Abélard, Molière et La Fontaine — dont on avait été cherché les restes à des fins publicitaires. Mais, c'est finalement grâce à des personnages de romans, que cette vaste nécropole qu'est le Père-Lachaise, est définitivement « lancée » et connaît une vogue incessante depuis près de deux siè- cles. En effet, le génial écrivain que fût Honoré de Balzac, avant de venir y reposer lui-même en 1850, y fait enterrer presque tous ses héros ! Aujourd'hui, le « Père-Lachaise » subit un regain de popularité dû en grande partie à l'ouvrage de Michel Dansel « Au Père- Lachaise », publié chez Fayard il y a quelques années. En effet, depuis la parution de ce livre, des films y sont tournés, des articles descriptifs sont publiés dans les journaux et magazines du monde entier et les touristes y affluent à longueur d'année.

Pour nous rendre au cimetière du Père-Lachaise, si nous sommes en voiture hors de Paris, nous quittons le boulevard périphérique à la porte de Bagnolet et nous nous dirigeons vers la place de la Répu- blique par la rue Belgrand. Arrivés place Gambetta, nous tournons autour du rond-point central et nous nous engageons dans la courte avenue du Père-Lachaise, d'où nous apercevons l'entrée du cimetière, et près de laquelle nous laisserons notre véhicule.

Par le métro — ligne ° 3 : Pont de Levallois-Galliéni —, nous descendrons à la station « Gambetta », sortie avenue du Père- Lachaise que nous empruntons jusqu'à la porte du cimetière.

Par l'autobus, six lignes nous intéressent (1) : — 26 : Gare St-Lazare - Cours de Vincennes — 60 : Porte de Montmartre - Place Gambetta — 61 : Les Lilas-Pré-St-Gervais - Gare d'Austerlitz — 69 : Champ de Mars - Place Gambetta — 101 : Place Gambetta - Romainville — 355 : Place Gambetta - Mairie de Montreuil Quelque soit la ligne utilisée, nous descendons à la station « Gambetta » et nous suivons jusqu'au bout l'avenue du Père- Lachaise jusqu'à la « Nouvelle Entrée », dite Porte de la Dhuyse, nom de la rivière souterraine qui passe à cet endroit.

N.B. : Les lignes 60-61-69 ne circulent pas le dimanche ni les jours de fête. LE PÈRE-LACHAISE PAR LES TIMBRES-POSTE

... D'une manière plus générale, le développe- ment de la philatélie sous tous ses aspects, et en particulier sa promotion aussi bien en France qu'à l'étranger, retient toute mon attention. Des études sont en cours..., dans l'esprit de mieux servir les collectionneurs de timbres et de donner à notre philatélie un rayonnement à sa mesure...PHILEXFRANCE, en juin 1982, doit être l'occasion de ce nouvel essor tant attendu.

Louis Mexandeau, Ministre des P.T.T. (Propos recueillis par J.-T. Stofati) (Le Monde des Philatélistes, n° 346, octobre 81)

Le timbre-poste est non seulement une œuvre d'art due à la collaboration d'artistes éminents mais il a également une valeur historique et culturelle.

Gabriel Gourin Président de la Fédération des Sociétés Philatéliques Françaises Commissaire général Adjoint PHILEXFRANCE 82

Vaste histoire que l'histoire...

Maurice Bruzeau directeur du Musée de la Poste (Discours prononcé à l'assemblée générale de la Société des Amis du Musée de la Poste le 23 janvier 1982) Pour venir à bout de cet ouvrage, il m'a fallu faire appel aux connaissances des personnes et organisations suivantes : — Monsieur P. Brault, chef du bureau des cimetières de la ville de Paris qui m'a délivré les autorisations nécessaires à mes recherches. — Le personnel du cimetière du Père-Lachaise (conservation, gardes, jardiniers, fossoyeurs, graveurs, cantonniers...), et plus parti- culièrement le brigadier Simonnet, dont l'érudition a été mise à rude épreuve... — Monsieur Henri Marinot, l'un des plus éminents historiens des cimetières de Paris. — Madame Léger, qui arpente chaque jour le Père-Lachaise, y transportant en un perpétuel sourire enthousiasmant ses 95 printemps débordant de merveilleux souvenirs. — Madame Françoise Landowski et le Musée Paul Landowski. — Monsieur André Vermet, éditeur spécialisé dans les ouvrages sur le Père-Lachaise. — Madame du Pasquier, conservateur adjoint du musée National de l'Ordre de la Légion d'honneur. — Le général Marty et le sapeur René Boucher, anciens collabo- rateurs du général Ferrié. — Monsieur Murassol et la chancellerie de l'Ordre de la Libération. — Monsieur Dalphin, conservateur du musée Valentin-Haüy. — La Société des Gens de Lettres. — La bilbliothèque du Grand-Orient de France. — Monsieur Pierre Nouat, ingénieur-conseil au centre technique de l'Aluminium. — La bibliothèque du Palais de la Découverte. — La bibliothèque du Conseil Économique et Social. — Le service des Archives de l'Assistance Publique. — Monsieur Francis Bouzinac et le journal l'Équipe. — La bibliothèque du musée de l'Homme. — Le Musée de l'Air et de l'Aéronautique. — La cinémathèque et le musée du Cinéma. — Le service des archives de la Comédie française. — La bibliothèque du musée de la Poste. — Mademoiselle Christiane Benoît et la Société des Amis du musée de la Poste. — Monsieur René Picardat, nécrologue émérite. — Monsieur Médard, directeur avisé des Marbreries Lecreux, toujours disposé à fournir le renseignement désiré avec le maximum de précision. — Bruno Marlier et Gilbert Filleul, mes correspondants de province. — Élisabeth et Bruno Fontana, mes correspondants en Suisse. — Docteur Lee Colman, professeur à l'université de Samford, ma correspondante aux U.S.A. qui vient de publier deux études sur le cimetière du Père-Lachaise, en s'appuyant sur mes recherches. — La bibliothèque de l'Arsenal, les archives de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, l'Institution Nationale des Jeunes Aveugles, le Consistoire et la Société Historique du Protes- tantisme Français, le Consistoire et la Bibliothèque du Séminaire israélite de Paris, les archives de l'Archevêché de Paris, la conserva- tion du Musée Victor-Hugo, le Conseil de l'Ordre des Médecins et l'Académie de Médecine, la bibliothèque de l'école des Beaux-Arts. — Monsieur R. Lœuillet, enfin, président-directeur général de l'office Philatélique de Paris et le catalogue Cérès dont la lecture, sans être obigatoire, vous sera très utile pour le suivi philatélique du présent ouvrage. — ... et toutes les bonnes volontés anonymes que j'ai rencontré dans les allées du Père-Lachaise et d'ailleurs..., sans oublier les très serviables conservateurs et employés des cimetières de Passy, Mont- martre, Auteuil, Montparnasse, Vincennes, Gentilly, Tours et Lyon

Qu'ils veuillent bien trouver tous ici, l'expression de ma profonde gratitude. Une exposition philatélique internationale dénommée PHILEX- FRANCE 82, devant avoir lieu à Paris — La Défense, au Palais du Centre National des Industries et des Techniques (CNIT) — que cer- tains appellent « Snitt », mais qu'il est plus courant de prononcer « Knitt » —, du 11 au 21 juin 1982, j'ai pensé qu'à cette occasion, bien des philatélistes parmi ceux venus de tous les points du globe, seront très heureux de visiter facilement le plus beau, le plus origi- nal, le plus prestigieux cimetière du monde : le Père-Lachaise. Et j'ai pensé qu'il serait intéressant de préparer, spécialement à leur intention, un parcours à thème philatélique, insolite certes, mais du plus haut intérêt émouvant, amusant, historique et culturel, tout au long des allées ombragées de ce centre nécromantique où, de toute manière, les touristes affluent particulièrement nombreux à cette période de l'année. Après de multiples journées de recherches, parfois difficiles, j'ai pu réunir une bonne centaine de sépultures ayant un rapport avec la collection française du timbre-poste depuis les « ballons-montés » jusqu'à nos jours. Le plus compliqué a été la rationalisation du parcours. Celui-ci comprendra, bien entendu, des points forts et d'autres qui le seront moins. Il comprendra également des lacunes qui n'auront pas tou- jours été des oublis de ma part : je m'explique. A ma grande désola- tion, j'ai dû supprimer de cette visite-promenade, beaucoup de sépul- tures intéressantes, mais trop excentrées, entre autres celles de Ful- gence Bienvenue, le constructeur du métro (Cérès 1847) et Robert Le Besnerais, le fondateur de la SNCF (Cérès 339/340 et toutes les vignettes « chemin de fer »), tous deux inhumés dans la 82e division. Et bien d'autres... Je vous demande de m'en excuser et d'admettre que, ce parcours ne pouvant être effectué en moins de quatre heures, je me suis trouvé dans l'obligation d'opérer une sélection. Mais vous aurez la ressource de compléter cet ouvrage en mentionnant sur les pages blanches réservées à cet effet en fin de volume, toutes les sépultures intéressantes et concernant la philatélie, que vous aurez pu découvrir vous-même dans ce cimetière. Je vous remercie de votre compréhension et de votre collaboration. Durant notre visite, il y aura des hommages directs — par exem- ple celui rendu à Balzac —, et des hommages indirects, par personne interposée, — comme celui rendu à Gérard Philippe (qui repose à Ramatuelle) ou à St-Exupéry (dont on n'a jamais retrouvé le corps perdu en Méditerranée, mais j'ai découvert la tombe de son épouse, située non loin de celle de l'aviateur Mesmin). Mesmin ne figure pas dans la collection française des timbres-poste. Il s'est tué en vol avec son compagnon Le Brix : c'est écrit sur sa tombe. Il existe un timbre de la poste aérienne Costes et Le Brix, (Costes est inhumé au cime- tière de Passy, non loin de Henri Farman et du pilote d'essai Roza- noff) ; comme nous passons automatiquement devant la tombe de Mesmin, nous en profiterons pour rendre un hommage indirect à Costes et à Le Brix. De même, il est possible d'avoir une pensée pour un artiste qui n'est pas inhumé au Père-Lachaise, mais dont l'effigie est reproduite sur une vignette postale et dont on peut admi- rer une des œuvres dans ce cimetière. C'est le cas pour l'architecte Viollet-le-Duc, et pour les sculpteurs Rude et Bartholdi, qui reposent tous deux au cimetière du Montparnasse. A propos de ce genre de rapprochement, il m'est arrivé une curieuse aventure que je vais vous relater, car je suppose que vous aurez plaisir à savoir comment j'ai procédé dans mes investigations. Dans le Guide Michelin vert de Paris, ouvrage qui fait autorité, j'ai lu à la page 20, édition de 1978, sour le titre « La sculpture à Paris », en fin de rubrique, la phrase suivante : «... la sculpture abstraite a gagné droit de cité à Paris : mobile de Calder à l'UNESCO, bronzes de Zadkine au Père-Lachaise, suivies de sculptu- res d'Agam, Philolaos, Calder, Louis Leygue à la Défense ». Ainsi, il y aurait eu des bronzes de Zadkine au Père-Lachaise, et je ne le savais pas ! Voilà qui était fort intéressant. J'allais bien vite parcourir les divisions où j'avais le plus de chance de découvrir des ouvrages « abstraits », ce qui, il faut bien le reconnaître, ne court pas les cimetières. Et surtout pas celui du Père- Lachaise. Entre parenthèses et pour information, je vous signale que le sculpteur Ossip Zadkine, est inhumé au cimetière du Montparnasse tout près de Tristan Tzara et non loin de Baudelaire ; fermons la parenthèse. Après plusieurs jours de recherches infructueuses, j'entamais une véritable course aux renseignements... auprès du Brigadier Simonnet, de Monsieur Marinot, de Monsieur Médard, de Madame Léger, de Monsieur Vermet, ... sans succès ; je m'adressais aux graveurs, aux fleuristes, aux fossoyeurs, aux jardiniers, aux gardiens, aux employés de la conservation, aux habitués du cimetière, ... en vain. Au bout d'un mois, de guerre lasse, après toutes ces recherches pas complète- ment inutiles puisque pendant ce temps, j'avais pu répertorier les tombes d'Albert Lambert, le grand tragédien, du juge Renaud, le fameux « shérif » assassiné à Lyon et celle d'Alain Saint-Ogan, le dessinateur de Zig, Puce et du pingouin Alfred, les inoubliables com- pagnons illustrés de mon enfance. Au bout d'un mois donc, je décrochais le téléphone et j'appelais à mon secours le rédacteur du Guide Michelin. Geste qui aurait pu me faire gagner un mois, si je l'avais fait plus tôt ! Ce rédacteur, fort courtois au demeurant, semblait ne plus savoir pourquoi il avait indiqué ces bronzes ; il était persuadé — errare humanum est — qu'il s'agissait du monument souvenir des déportés d'Orianenburg, — mais cette œuvre est signée J.-B. Leduc... et cela de toute façon ne nous donnait qu'un seul bronze, alors que le mot étant mentionné au pluriel en indiquait au moins deux ! Monsieur Arnaud, c'est le nom de ce rédacteur, me demandait un délai de quelques jours pour vérifier ses sources. Il me rappelait une semaine plus tard et me priant de l'excuser, convenait enfin ne pouvoir me confirmer la présence de bronzes de Zadkine au pluriel comme au singulier dans le cimetière du Père-Lachaise. Les guides Michelin, étant rédigés avec le plus grand souci de précision, et y parvenant toujours avec un rare bonheur, je n'étais pas peu fier d'y avoir décelé cette si mince erreur, mais qui avait néanmoins perturbé les vivants qui hantent quotidiennement le cimetière du Père-Lachaise. Voilà comment nous aurions pu inclure dans notre parcours le timbre (Cérès 2076) représentant « La Femme à l'Eventail » de Zad- kine et pourquoi il n'en sera pas question. De même, nous ne rendrons pas hommage à la mémoire de Rodin, (Cérès 344/384) dont le commissaire Le Clère mentionne, dans son livre « Cimetières et Sépultures de Paris » (Hachette, 1978), une des œuvres au Père-Lachaise : le buste de Piault, tout près d'Oscar Wilde. Ce buste ne montre ni la signature ni la facture de ce maître incontesté que fût Rodin (inhumé à Meudon). Tout ce préambule pour en arriver à vous présenter une partie de ma collection, non pas de timbres-poste, mais de sépultures, car je suis, vous l'aviez deviné, nécrophiliste comme vous êtes philatéliste. Et je sais aussi, que vous ne collectionnez pas les timbres dans un but d'investissement plus ou moins rentable, à échéance plus ou moins brève, car nous savons tous qu'ils ne doivent pas être choisis comme objets d'investissement ; en effet, s'ils permettent, en théorie, de réaliser des gains importants quelquefois, il est nécessaire de pos- séder de sérieuses connaissances en la matière tant pour les acheter que pour les vendre dans de bonnes conditions. Mais la collection, — acte gratuit par excellence, — uniquement pour le plaisir, quelle joie ! Et quel apport instructif ! Par exemple, je connais une fillette qui illustre ses cahiers (géographie, maths, his- toire, sciences, littérature, etc.), en collant des timbres en regard des leçons correspondantes aux sujets évoqués par ces vignettes. Et cela, bien entendu, sans aucun souci de charnière, de gomme d'origine, de « le, choix » ou de nombre de dents... Le vrai collectionneur n'est pas obnubilé par la valeur monétaire de sa collection. Une collection, qu'elle soit composée de timbres- poste, ou de sépultures de gens célèbres (beaucoup plus difficile à transporter, m'objectera-t-on), peut, il est vrai, être considéré comme un « hobby », mais elle constitue, bien souvent aussi, un remède extraordinaire contre les vicissitudes de la vie moderne. Connaissez-vous l'histoire de la vieille dame anglaise qui, seule au monde, n'ayant que des revenus modestes, découvrit, après un sui- cide manqué, une raison d'être en s'adonnant à la collection, humble s'il en est, mais pour elle, ô combien passionnante, des boutons. Oui, vous avez bien lu : des boutons, des boutons de culottes et des boutons de chemises, des boutons pressions et des boutons de botti- nes... Son médecin lui avait conseillé de chercher une activité capable de meubler son esprit. Elle suivit cette suggestion au pied de la lettre et s'intéressa aux boutons. Elle s'y intéressa même à un point qu'elle devint, en quelques années, non seulement l'un des meilleurs experts en cette matière, mais également une spécialiste recherchée de l'his- toire du costume ! Il est donc évident que l'on peut commencer une collection avec des moyens limités, très limités même en ce qui concerne ma collec- tion de sépultures : aucune d'entre elles ne m'appartient en propre ; je n'en connais que l'aspect et l'emplacement, un peu de son histoire et de celle des défunts qui l'occupent c'est peu, mais c'est de tout cœur que je vous offre le plaisir de partager une partie de mon ines- timable collection, la partie qui, au cimetière du Père-Lachaise, vous permettra d'effectuer, en ma compagnie, un inoubliable pèlerinage philatélique. Et maintenant, en avant ! A l'intérieur du Père-Lachaise, nous allons rendre visite, dans l'ordre, à

1 - Léon JOUHAUX page 21 2 - Compagnons de la LIBÉRATION page 25 3 - Louis LUCIPIA page 29 4 - Alphonse BERTILLON page 32 5 - Georges COURTELINE page 34 6 - Consuelo de SAINT-EXUPÉRY page 36 7 - René MESMIN page 39 8 - Général Gustave FERRIE page 41 9 - Victimes de la GUERRE page 44 10 - Yvette GUILBERT page 45 11 - Déportés du TRAVAIL page 48 12 - Camp d'ORIANENBURG-SACHSENHAUSEN .... page 49 13 - Camp de BUCHENWALD-DORA page 49 14 - Colonel MANHES page 49 15 - Héros et Martyrs de la RÉSISTANCE page 50 16 - Pierre SÉMARD page 51 17 - Martyrs de CHÂTEAUBRIANT page 51 18 - Camp d'AUSCHWITZ page 52 19 - Colonel FABIEN page 52 20 - Camp de RAVENSBRUCK page 53 21 - Camp de NEUENGAMME page 53 22 - Camp de MAUTHAUSEN page 53 23 - Amédéo MODIGILIANI page 58 24 - Grand Rabbin Simon DEBRÉ page 62 25 - Éléonore DUPLAY page 64 26 - Comte de LAVALLETTE page 68 27 - Famille du Cardinal GERLIER page 70 28 - Luc Olivier MERSON page 71 29 - Alphonse LA VALLÉE page 75 30 - Henri SAINTE-CLAIRE-DEVILLE ...... page 77 31 - Auguste BLANQUI page 81 32 - GRIESS-TRAUT page 84 33 - Sarah BERNHARDT page 86 34 - Monument SCHŒLCHER page 88 35 - Dominique INGRES page 91 36 - René LALIQUE page 94 37 - J.-B. Camille COROT page 96 38 - Honoré DAUMIER page 99 39 - Simon LAPLACE page 101 40 - GAY-LUSSAC page 103 41 - Jean de La FONTAINE page 106 42 - MOLIÈRE page 110 43 - Alphonse DAUDET page 113 44 - Antoine PARMENTIER page 116 45 - Général HUGO page 120 46 - BRILLAT-SAVARIN page 123 47 - DAVID d'ANGERS page 126 48 - Richard WALL ACE page 129 49 - Dominique LARREY page 133 50 - Juliette DODU page 135 51 - BEAUMARCHAIS page 138 52 - Anna de NOAILLES page 141 53 - Claude CHAPPE page 145 54 - Yves du MANOIR page 148 55 - Docteur Alfred FOURNIER page 150 56 - Martin GAUDIN page 152 57 - Professeur Hyacinthe VINCENT page 154 58 - Adolphe THIERS page 157 59 - Louis DAVID page 159 60 - Théodore GERICAULT page 161 61 - TALMA page 163 62 - Sergent HOFF page 165 63 - Édouard BRANLY page 168 64 - Joseph LAKANAL page 171 65 - Frédéric CHOPIN page 173 66 - Gustave CHARPENTIER page 178 67 - Jacques CHARLES page 180 68 - GARAT et SOUBIRAND de BELLEGARDE ...... page 189 69 - Marie-Anne LAVOISIER page 191 70 - MÉHUL page 193 71 - Claude BERNARD page 195 72 - Gaspard MONGE page 199 73 - Docteur PINEL page 201 74 - CHAMPOLLION ...... page 203 75 - KELLERMANN ...... :**»****,**»**, ...... page 205 76 - Auguste COMTE page 208 77 - Francis POULENC page 212 78 - HÉLOÏSE et ABELARD page 214 79 - SINGER page 216 80 - Camille PISSARO page 219 81 - RACHEL page 222 82 - Xavier BICHAT page 224 83 - Marie-Joseph de CHÉNIER page 227 84 - Georges CUVIER page 229 85 - ' LEDRU-ROLLIN page 232 86 - Apollinaire LE BAS page 235 87 - Esprit AUBER page 237 88 - HAUSSMANN page 239 89 - Alfred de MUSSET page 242 90 - VISCONTI page 245 91 - François ARAGO page 247 92 - COLETTE page 250 93 - Raymond VANIER page 254 94 Jules ROMAINS page 258 95 - Léon et Charles MORANE page 260 96 - Valentin HAUY page 263 97 - Justin MENIER page 268 98 - Louis BLANC page 270 99 - Raymond RADIGUET page 273 100 - Jules VALLES page 276 101 - SEURAT page 279 102 - Georges MELIES page 282 103 - Georges BIZET page 285 104 - Défenseurs de BELFORT page 287 105 - Pierre CARTELLIER page 290 106 - Docteur Paul GACHET page 294 107 - Charles BARBIER de la SERRE page 298 108 - Duc de MORNY page 300 109 - Jules MICHELET page 302 110 - Honoré de BALZAC page 304 111 - Gérard de NERVAL page 306 112 - Eugène DELACROIX page 308 113 - Guillaume APOLLINAIRE page 312 114 - Marcel PROUST page 315 115 - Jules GUESDES page 317 116 - Paul DUKAS page 319 117 - Jean PICART-le-DOUX page 322 .118 - Le RETOUR ÉTERNEL ...... page 325 Sitôt passée la porte de la Dhuyse, s'ouvre face à nous, l'avenue de la Nouvelle-Entrée. A droite, le poste des gardes, à gauche l'ave- nue Circulaire que nous traversons. Nous voici donc à l'angle d'une division que nous atteignons en gravissant quelques marches. Cette division, les habitués du cimetière la dénomment « division des mil- lionnaires », ce qui paraît assez paradoxal à notre époque où pour être millionnaire, il faut déjà être milliardaire !... Dès que nous sommes en haut des marches, devant nous se pré- sente la tombe de la danseuse Harriet Toby, étoile des ballets du Marquis de Cuevas. Elle avait trouvé la mort avec la comédienne Lise Topart (57e division), dans l'avion qui les conduisait à Nice. Elle n'avait pas de place réservée dans l'avion, et c'est le chansonnier Pierre Dudan, qui lui avait offert la sienne, étant moins pressé qu'elle d'arriver à Nice. Finalement, il y est arrivé avant elle. Et vivant ! Nous tournons à droite, laissant à notre gauche la sépulture Risch, et la haie de buissons à notre di oite. La première tombe à notre gauche sera également la première de notre parcours. Elle ren- ferme les restes de

1 Léon JOUHAUX (88e division) 1879-1954

C'est une très sobre tombe en marbre loir brillant sur laquelle aucun autre renseignement ne figure que le nom de Léon Jouhaux et les années de sa naissance et de sa mort. Il fût inhumé ici le 28 août 1954, après un séjour de quatre mois en caveau provi- soire — le temps nécessaire à la construction du caveau et de la dalle de marbre —, date à laquelle une petite cérémonie eût lieu en pré- sence de Madame Jouhaux et de quelques intimes, cérémonie au cours de laquelle Justin Godard déclara dans une brève allocution, qu'il venait s'incliner « sur la dalle simple comme lui de sa tombe »...

Né à Paris d'une famille ouvrière, Léon Jouhaux, dont le père travaillait à la manufacture d'allumettes et qui ambitionnait pour son fils une carrière d'ingénieur, dût, très jeune, abandonner ses études afin de gagner de quoi participer aux dépenses familiales. Il part tra- vailler dans le Maine-et-Loire et dés 1906, âgé de 27 ans, il repré- sente la Bourse du Travail d'Angers au sein des Bourses du Travail de la CGT ; il y développe ses dons d'intelligence, de méthode, de clairvoyance qui devaient lui valoir tout au long de sa vie la con- fiance totale de ses camarades. Trois ans plus tard, il est secrétaire général de la CGT. C'est dès cette époque qu'il se montre hostile à toute collusion du syndicalisme avec un parti politique. Les années passent, et à la veille de la guerre de 1914, il déploie des efforts désespérés pour obtenir l'appui des syndicats des empires centraux en vue de maintenir la paix, mais Jaurès (1) est assassiné et la guerre ne peut être évitée : comme tout un chacun, il fait son devoir. En 1919, il est nommé délégué ouvrier de la France à la commis- sion chargée de la rédaction de la Charte Internationale du Tra- vail — Partie 13 du Traité de Versailles. Puis c'est l'entre-deux-guerres qui le voit refuser en 1936, le por- tefeuille ministériel que lui propose Léon Blum (2) : fidèle à sa ligne de conduite, il ne veut pas mélanger le syndicalisme et la politique. Avec la tourmente de 1940, débute en vérité, la plus glorieuse époque de sa vie. Son admirable flair intuitif et son sens patriotique . ne le font pas hésiter un seul instant sur la conduite à adopter ; son comportement est tel que dès 1941, en décembre, il est arrêté, interné et livré à la police allemande, puis déporté en 1943. A son retour de déportation en 1945, la Fédération Syndicale Mondiale le désigne comme vice-président. Puis il est nommé délégué de la France à l'ONU. Il est désormais considéré comme le « Grand Jouhaux ». Il contribue, avec un éclat particulier, au rayonnement de la France à l'étranger. Mais les années qui suivirent la guerre ne devaient pas tarder à faire éclater un grave conflit entre Léon Jouhaux et la majorité des dirigeants CGT, auxquels il reproche de lier les intérêts de la Confé-

(1) Jaurès est inhumé au Panthéon. (2) Léon Blum est au cimetière de Jouy-en-Josas (78). dération avec ceux d'un parti politique. A son appel du 19 décem- bre 1947, se crée une nouvelle organisation syndicale qui prend le nom de CGT-Force Ouvrière. Aussitôt, il est élu président du Con- seil Economique et Social. En 1951, il reçoit le Prix Nobel de la Paix. On peut dire que ce fût là, l'ultime récompense d'une vie publique bien chargée, une existence tout entière consacrée au triomphe de la liberté, de la jus- tice sociale et de la coexistence pacifique des nations par ce lutteur parfaitement humain. Sa réélection à la présidence du Conseil Economique et Social, quelques heures seulement avant sa mort imprévisible, prouve d'une part qu'il possédait d'une façon innée l'art de « présider », cet art fait de compréhension souriante et aussi d'autorité qui sait être impartiale, et, d'autre part, lui permit d'emporter dans l'au-delà, cette suprême marque de confiance et d'estime des membres du Con- seil Economique. Décédé le 28 avril 1954 en fin d'après-midi, son corps reposa tout d'abord au siège de la CGT-FO, puis dans une chapelle ardente du CES. Des obsèques officielles eurent lieu le 2 mai, place du Palais- Royal en présence du Président de la République, René Coty (1). Devant les ministres et au nom du gouvernement, le président du Conseil Joseph Laniel prit la parole : « La voix d'un apôtre de la paix et de la justice sociale s'est tue : il s'est éteint très simplement comme il avait vécu ! » Puis au cimetière du Père-Lachaise, le cercueil est placé quelques instants au bas de l'allée d'Honneur, et c'est Paul Pisson qui, pre- nant la parole, s'adresse en ces termes à Madame Jouhaux : « A l'heure où Léon Jouhaux monte vers le mystère, nous vous donnons l'assurance, Madame, que l'oubli ne le menace pas. Rien n'effacera ses traits. Et avec Lammenais, je dirais : Entre ce mort-là et nous, il n'y a qu'un voile : on cesse un instant de se voir, et c'est tout... » Et pour terminer qu'il me soit permis de citer quelques mots de Léon Jouhaux : « Sans sentiment de la Justice, on ne saurait être utile à la cause de l'émancipation humaine. Etre juste, ce n'est pas être partisan d'une justice distributive, mais c'est avoir une claire notion de la dignité humaine et en vouloir le respect dans tous les actes de la vie. »

Léon Jouhaux.

(1) René Coty est inhumé au Havre. Philatélie

Personnages célèbres : Léon Jouhaux Cérès 2032 émis en février 1979 / Valeur faciale : 1,20 F + 0,30 F gris et bistre dessin : Jacques COMBET

Conseil Economique et Social Cérès 1957 émis le 22 octobre 1977 / Valeur faciale : 0,80 F sépia et bistre dessin et gravure : Albert DECARIS

Observations, notes et impressions personnelles : Nous nous tournons à gauche entre Léon Jouhaux et la famille Levert-Bernard, dans le layon qui s'ouvre face à nous, nous traver- sons de bout en bout cette 88e division, sachant qu'y reposent égale- ment Marie Laurencin et l'éditeur Bernard Grasset. Nous passons sous le saule où Jacques Hilairet, l'historien de Paris, s'est réservé un emplacement. Nous arrivons enfin, avenue Aguado, entre les sépultures Ycre et Jouneau. Nous lisons que ce dernier, Georges Jouneau, était Compa- gnon de l'Ordre de la Libération, car c'est inscrit sur sa tombe, où figure le blason avec le sabre et la croix de Lorraine, surmontant la banderole qui porte la devise : « Patriam Servando Victoriam Tulit ». Ce que nous ne lisons pas, c'est que Georges Jouneau, est mort à Cannes, le jour de son 79e anniversaire, et surtout qu'il fût un des héros de la Résistance dans les maquis du Vercors. Lorsque nous faisons face à cette sépulture, nous opérons un quart de tour à gauche et sans changer de trottoir, nous comptons 3 tombes afin de nous arrêter devant le marbre gris qui porte la mention :

2 « ICI REPOSENT DES (88e division) COMPAGNONS DE LA LIBERATION ET DES RÉSISTANTS DE FRANCE »

C'est une grande pierre tombale rectangulaire d'environ 1,70 m x 2,20 m, en granit poli, sur laquelle se profile en relief, le blason et la banderole comme sur la tombe voisine où dort la dépouille mortelle du compagnon Jouneau. Sur la partie inférieure de la dalle, bien centrée, une plaque ronde porte gravés ces mots : « Patria Non Immemor. » Aucune autre inscription ne figure sur ce monument. En somme, un caveau, c'est un peu comme un iceberg : on ne connaît que la partie qui émerge. Qui pourrait dire ce qui dort au fond de ce tombeau ? J'ai voulu le savoir pour vous en faire part. Je suis donc allé rendre visite à Monsieur Murassol, secrétaire géné- ral de l'Ordre de la Libération. C'est finalement de sa bouche que j'ai appris qu'« ici ne repose personne ! » Il s'agit, vous l'avez com- pris, d'un endroit réservé, pour parer à toute éventualité... Il reste encore en vie 407 compagnons au moment où j'écris ces lignes. A l'origine, il y en avait 1 059, dont, il est bon de le souligner : 1 036 personnes physiques, 18 unités et 5 villes. J'ignore, si elle est tou- jours vide, ce que deviendra cette sépulture lorsque tous les compa- gnons de l'Ordre de la Libération seront disparus. Peut-être servira-t- elle d'aide-mémoire aux générations futures ?... A signaler que, selon le vœu exprimé par le Général de Gaulle, inhumé à Colombey-les-Deux-Eglises (52), le dernier survivant des Compagnons de la Libération sera enterré au fort du Mont-Valérien.

Philatélie

Libération Cérès 669 émis le 16 janvier 1945 / Valeur faciale : 4 F dent 13 / bleu dessin et gravure : Pierre GANDON

Résistance Cérès 790 émis le 10 novembre 1947 / Valeur faciale : 5 F dent. 13 / noir dessin : LEMAGNY / gravure : DUFRESNE

Xe Anniversaire du Débarquement et de la Libération Cérès 983 émis le 5 juin 1954 / Valeur faciale : 15 F dent. 13 / rouge et bleu dessin et gravure : SERRES

Ordre de la Libération Cérès 1272 émis le 11 novembre 1960 / Valeur faciale : 0,20 F noir et vert dessin et gravure : Claude DURRENS

Résistance Cérès 1335 émis le 7 avril 1962 / Valeur faciale : 0,20 F vert, noir et olive Cérès 1336 émis même jour / Valeur faciale : 0,30 F bleu ardoise foncé Cérès 1337 émis même jour / Valeur faciale : 0,50 F bleu et bleu clair dessins et gravure : Albert DECARIS

Hauts Lieux de la Résistance Cérès 1380 émis le 23 mars 1963 / Valeur faciale : 0,30 F brun et gris olive dessin et gravure : CAMI

XXe Anniversaire du Débarquement et de la Libération Cérès 1409 émis le 8 juin 1964 / Valeur faciale : 0,30 F + 0,05 F dent. 13 / noir, rouge, brun et bleu Cérès 1410 émis même jour / Valeur faciale : 0,30 F + 0,05 F Cérès 1410 dent. 13 / lie de vin, rouge et gris dessins et gravure : PHEULPIN

XVe Anniversaire de la Libération de Paris Cérès 1611 émis le 25 août 1969 / Valeur faciale : 0,45 + 0,10 F dent. 13 / gris bleu et brun olive dessin et gravure : Pierre GANDON

Libération de Strasbourg Cérès 1621 émis le 24 novembre 1969 / Valeur faciale : 0,70 F + 0,10 F dent. 13 / brun rouge, lilas brun et brun olive dessin et gravure : Pierre GANDON

Compagnons de la Libération Cérès 1774 émis le 27 octobre 1973 / Valeur faciale : 1 F dent. 13 / rouge, carmin et outremer dessin et gravure : PHEULPIN XXXe Anniversaire de la Libération Cérès 1976 émis le 25 mai 1974 / Valeur faciale : 1 F dent. 13 / vert, gris et sépia dessin et gravure : PHEULPIN

Villes Compagnons de la Libération Cérès 1802 émis le 15 juinl974 / Valeur faciale : 1 F + 0,10 F dent. 13 / vert, gris et sépia dessin et gravure : Michel MONVOISIN Médaille de la Résistance Cérès 1820 émis le 23 novembre 1974 / Valeur faciale : 1 F dent. 13 / olive,noir et rouge dessin et gravure : Claude HALLEY

Association des Français Libres Cérès 1889 émis le 19 juin 1976 / Valeur faciale : 1 F outremer, rouge et bleu dessin et gravure : Claude DURRENS Observations, notes et impressions personnelles : Nous nous retournons et nous apercevons sur l'autre trottoir de l'avenue Aguado, face à nous, mais légèrement sur notre gauche, à l'angle de l'allée centrale, un buste placé sur un socle. Nous nous rendons devant cette tombe dans laquelle repose

3 Louis LUCIPIA (89 division) 1843-1904 Président du Conseil Général de la Seine (1896) Président du Conseil Municipal de Paris (1899) Vice-Président des Journalistes républicains Président du Grand-Orient

Monument élevé par souscription publique en 1907 et surmonté d'un buste en bronze par Jean Boucher. Concession gratuite par arrêté préfectoral du 31-7-1908.

Ce pauvre Louis Adrien Lucipia, publiciste né à Nantes, avait été accusé, mais sans raison valable, semble-t-il, d'avoir été pendant la Commune, l'un des auteurs de l'exécution des dominicains d'Auteuil. Condamné à mort, il est grâcié et déporté au bagne en Nouvelle- Calédonie. Il rentre en France en 1880 et collabore à plusieurs jour- naux radicaux dont « La Justice ». Il devient président du Conseil de l'Ordre du Grand-Orient en 1895-1896, puis à nouveau en 1899-1900. C'est la solitude de sa sépulture qui m'a ému et m'a incité, chère lectrice et cher lecteur, à choisir cette figure attachante pour vous présenter le timbre commémorant le bi-centenaire du Grand-Orient de France, sachant qu'en 1971, cette éminente organisation s'est ren- due à travers ce cimetière jusqu'au Mur des Fédérés — 76e division. Ce jour-là, toutes les loges étaient représentées avec leurs bannières et leurs décorations. Grand-Orient, ou plus simplement « G.O. », désigne une fédéra- tion de loges appartenant à la Franc-Maçonnerie et pratiquant des rites différents. Le Dictionnaire Universel de la Franc-Maçonnerie, publié aux éditions de Navarre, en 1974, sous la direction de Daniel Ligou, nous apprend que « ...la pensée maçonnique a donné à la France, le plus beau de son idéal et que l'action efficace de générations de républicains ne se comprend pas sans elle », que «... l'organisation du G.O. est éminemment démocratique. Dans chaque loge, le suf- frage des Frères fait toujours la loi ». A l'issue du « convent » annuel tenu du 10 au 13 septembre 1981, au cours duquel il venait d'être élu Grand Maître du Grand- Orient de France, Paul Gourdot déclarait : « Le convent qui vient de se terminer a été le convent de la continuité, de la poursuite de la politique historique et traditionnelle du Grand-Orient de France telle qu'elle s'est développée à nouveau au cours des deux années précédentes. « Notre Obédience, qui compte aujourd'hui 30 000 membres et 550 loges a été à l'origine, il y a tout juste un siècle, de l'évolution de l'Ordre maçonnique vers ce qu'il a été convenu d'appeler depuis, la Franc-Maçonnerie libérale, qui se caractérise par : — D'une part : « La liberté absolue de conscience », c'est-à-dire le droit de croire à un dieu de son choix ou de ne pas croire en une vérité révélée, le refus de tous les dogmes religieux ou idéologiques, et une remise en cause permanente ; — D'autre part : la recherche du progrès social. « Ces deux caractères complètent le perfectionnement individuel de l'homme, l'esprit de Tolérance et de Fraternité qui furent de tout temps la raison d'être de la Franc-Maçonnerie. « Notre convent a constaté avec satisfaction cette évolution de nos grands principes dans le monde entier, en même temps qu'il a pris acte également d'amorces d'évolutions sociales nouvelles dans notre pays. « L'année dernière, devant vous, mon prédécesseur, le Grand Maître Roger Leray, s'était fait l'écho de nos analyses économiques, politiques et idéologiques de la société en crise dans laquelle nous vivons, en soulignant la nécessité pour la Franc-Maçonnerie du Grand-Orient de France de faire entendre sa voix pour refuser toutes les restrictions à la liberté de l'Homme et être une force de proposi- tion au service du progrès social. C'est cette ligne d'action maçonni- que que notre convent vient à nouveau d'approuver massivement et que nous entendons poursuivre et développer dans l'année qui vient. »

Philatélie

Bi-centenaire du Grand-Orient de France

Cérès 1753 émis le 12 mai 1973 / valeur faciale : 0,90 F dent. 13 / bleu violet et pourpre dessin et gravure : Georges BETEMPS Observations, notes et impressions personnelles : Laissant Lucipia à notre gauche, sur le même trottoir, remontons l'avenue Aguado. La troisième tombe est celle du compositeur de « La Fille de Madame Angot », Charles Lecocq. Nous nous arrêtons devant la quatrième où repose

4 Alphonse BERTILLON (89e division) Inventeur du Signalement Anthropométrique 1853-1914

Cette sépulture en pierre ouvragée présente à l'avant un petit jar- dinet recouvert de lierre. Au fronton, un bronze très finement sculpté montre le défunt tenant dans ses mains la fameuse « boîte à encre » ; sur son bureau, nous voyons, épars, les divers instruments de mesure qui servent à son invention. Au sommet de la stèle, sur les rayons supérieurs d'un soleil, nous pouvons lire : « ORBI ». Il est bon de signaler que le bronze porte la signature du sculpteur : Paul Théconissen, 1918. A ses côtés, repose également son jeune frère, le docteur Georges Bertillon.

Il convient de savoir que l'anthropométrie est l'étude des caracté- ristiques morphologiques permettant d'identifier un individu. Basée sur le principe énoncé par Quételet en 1835, selon lequel il n'existe pas deux êtres humains ayant exactement les mêmes caractéristiques et les mêmes mesures, elle a inspiré le « Bertillonnage », appelé ainsi d'après le nom du personnage qui nous intéresse ici. Ce procédé con- siste à relever sur l'individu un certain nombre de longueurs osseuses déterminées et à les transcrire sur une fiche. Les fiches sont ensuite classées selon un système permettant d'identifier un récidiviste dissi- mulant sa véritable identité. Il s'agit donc là, d'une méthode d'iden- tification anthropométrique et anthroposcopique des criminels, mise au point par Bertillon, il y a près d'un siècle, et comportant 15 men- surations complétées par la dactyloscopie, qui permet de pratiquer un véritable relevé dermatoglyphique, le dermatoglyphe désignant chacun des sillons digitaux ou palmaires qui constituent les emprein- tes digitales ou l'empreinte palmaire. Les empreintes digitales d'un individu donné sont immuables ; elles diffèrent d'un individu à l'autre et d'un doigt à l'autre, de sorte qu'elles peuvent servir très utilement à l'identification et à l'établissement des fiches anthropométriques. La police mondiale doit beaucoup à Alphonse Bertillon, qui, pourtant, s'est lourdement trompé en affirmant qu'il avait reconnu sur le fameux bordereau, l'écriture du capitaine Dreyfus (1), alors que Gobert, l'expert de la Banque de France se montrait beaucoup plus nuancé. Mais l'affaire Dreyfus pourra être évoquée au cours d'un prochain itinéraire qui nous conduira une fois encore dans les « cimetières de Paris et d'ailleurs ».

Philatélie

Police Nationale Cérès 1904 émis le 9 octobre 1976 / Valeur faciale : 1 F brun noir, bleu et rouge dessin et gravure : Georges BETEMPS

Observations, notes et impressions personnelles :

(1) Colonel Alfred Dreyfus : cimetière Montparnasse (29* division). A côté de Bertillon : le colonel Henri Mézière, mort au champ d'honneur ; nous le contournons, le laissant à notre gauche tandis qu'à notre droite nous ne jetons qu'un regard discret vers la chapelle J.-M.-Saenz, et nous entrons à l'intérieur de la division. Devant nous s'ouvre un layon à la gauche duquel nous allons nous rendre devant la deuxième tombe : celle où repose

5 Georges MOINEAUX (89e division) dit COURTELINE 1858-1929

Il s'agit d'un monument en marbre rouge, avec un petit jardinet accoté au bas de la stèle sur laquelle nous pouvons lire sous une croix latine : « ... j'étais né pour rester jeune et j'ai eu l'avantage de m'en apercevoir le jour où j'ai cessé de l'être... » Un médaillon carré d'un relief saisissant le représente de profil avec la mention : « Hommage respectueux de Gaston Braquet au Maître. 1929. » et à l'angle inférieur droit du bronze est gravé un triangle frangé vers l'intérieur. Aux côtés du célèbre humoriste repose son épouse qui faillit bien être centenaire : Marie-Jeanne Courteline (1869-1967).

Avec Courteline, bien des biographes se sont arrachés les cheveux car, par coquetterie, il avait pris l'habitude de se rajeunir de deux ans ! Il avait d'ailleurs de qui tenir puisque son père n'était autre que l'humoriste Julien Moineaux, auteur des « Tribunaux comi- ques » et qui est inhumé au cimetière parisien de Saint-Mandé tout près de Charles Rigoulot (l'homme le plus fort du monde). Mais c'est par son langage, plein de verve, simple et rapide, qu'il a su s'imposer. Ses étonnantes facultés d'observateur lui font atteindre souvent les sommets de la vérité au travers du ridicule de ses person- nages ; Pierre Brisson nous le dit : « C'est bâti dans l'extravagance à grands traits de vérité : un jet de cocasserie qui vient du fond de l'homme. » Deux grands écrivains nous parlent de Georges Courteline. Tout d'abord André Gide, inhumé à Cuverville (76) : « Courteline se laisse trop facilement aller à une truculence facile qu'il prête indiffé- remment à tous ses personnages. Mais, sans doute, plus l'humanité qu'il peint est vulgaire, moins il sied que ses représentants soient dif- férenciés. » Et enfin le cher Roland Dorgelès qui repose tout près de Marcel Aymé sur la butte Montmartre au petit cimetière St-Vincent : « Alors qu'on est souvent déçu en approchant un écrivain dont l'œuvre vous a conquis, il était impossible de fréquenter Courteline sans l'aimer. Il était vraiment l'homme de ses livres : raisonneur comme le sieur Trielle, bohême comme Stephen Hour, crédule comme Boubouroche, emporté comme Hurluret. Le bon cœur et le mauvais caractère, tout y était. »

Philatélie

Personnages célèbres Cérès 2034 émis le 23 juin 1979 / Valeur faciale : 1,20 F + 0,30 F gris vert, lilas et rouge dessin : Michel MONVOISIN

Observations, notes et impressions personnelles : Nous tournons le dos à Georges Courteline et nous regardons devant nous en comptant 5 alignements de sépultures. Nous aperce- vons sur le 6e un assez grand bloc de marbre blanc grossièrement taillé sur lequel se détache une tête de bronze. Depuis l'endroit où nous nous trouvons, nous pouvons même lire : « Enrique Gomez Carillo », vous savez, ce journaliste du Guatémala (1873-1927), tou- jours « en éveil parmi tant de choses endormies... » Rendons-nous directement jusqu'à cette tombe, c'est précisément celle où repose auprès de son premier époux

6 Consuelo de SAINT-EXUPERY (89 division) née SUNCIN de SANDOVAL à San Salvador, le 10 avril 1907 décédée à Grasse, le 28 mai 1979

Ce bloc de marbre a été posé sur la simple tombe de pierre, tou- jours fleurie.

Un hasard tout à fait providentiel m'a fait rencontrer au cours de l'été dernier dans les allées de ce cimetière, une très jolie jeune fille brune qui, venant du Salvador, cherchait désespérément les tom- bes de Molière et du célèbre clarinettiste Mez Mezzrow (sous-sol du columbarium). Outre son extraordinaire beauté, elle était charmante et fort cultivée et c'est avec plaisir qu'à sa demande, j'ai accepté de lui servir de Cicérone. Ce n'est qu'hors du cimetière, après la ferme- ture, qu'elle m'a dit, timidement, être venue pour se recueillir sur la tombe de sa tante Consuelo de Saint-Exupéry, mais que ne l'ayant pas trouvée, elle s'était finalement décidée pour une visite touristi- que. Lui ayant fait gentiment remarquer que nous étions passés tout près, je l'y aurais volontiers conduite si elle m'avait dit cela plus tôt. Très émue, et devant quitter la France le soir même, une main sur le cœur, elle m'a déclaré d'une voix chaleureusement inoubliable : « Lorsque vous viendrez au Salvador, ma maison sera votre mai- son... ! » En souvenir de cette rencontre, de temps à autre, je viens déposer ici une fleur en son nom. Madame de Saint-Exupéry, peintre et sculpteur, avait tout juste vingt ans lorsqu'elle fût veuve de Gomez Carillo. Quatre années plus tard, en Argentine, elle épousait Antoine de Saint-Exupéry qui, pour le compte de l'Aéropostale, étudiait en Amérique du Sud, avec Mer- moz et Guillaumet, la création de nouvelles lignes aériennes. Nous étions alors en 1931, l'année où parût « Vol de Nuit » dont le succès allait confirmer celui de « Courrier du Sud » (1929). Ce fût cette époque que l'Aéropostale choisit pour déposer son bilan. En 1935, « Saint-Ex. », pour Air-France, (dont le Musée de la Poste va bien- Couverture : « Le Retour Éternel » de Paul Landowski.

Photo : Renaud Marchand. Prix : 82 F

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