L'émergence De Nouveaux Modèles Économiques En Provence-Alpes-Côte D'azur
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Action P.2 L’émergence de nouveaux modèles économiques en Provence Alpes Côte d’Azur ? Novembre 2015 Sommaire I. Entre renouveau et adaptation : de nouvelles logiques économiques ............................. 7 A. L’économie collaborative : des pratiques anciennes remises au goût du jour................ 7 B. L’économie circulaire : une version opérationnelle du développement durable.......... 19 C. L’économie de la fonctionnalité : vers un nouveau processus coopératif .................... 35 II. Des domaines économiques en émergence ................................................................... 45 A. Les industries créatives ............................................................................................... 45 B. La « silver economy » ................................................................................................. 63 III. Des spécialisations régionales en cours de réinvention .............................................. 73 A. L’hélicoptère en Provence .......................................................................................... 73 B. Le parfum de Grasse ................................................................................................... 83 C. Le vin rosé de Provence .............................................................................................. 93 D. Le Festival d’Avignon ................................................................................................ 107 2 Synthèse La crise structurelle traversée par nos économies et les mutations et reconfigurations des systèmes productifs dans une économie mondialisée, entraînent des changements tant dans les manières de produire, dans les finalités de production que dans les comportements des acteurs. Bien souvent ces mutations se recoupent, voire se cumulent parfois, pour répondre à des objectifs d’économie de moyens et de ressources, de réduction des coûts et de compétitivité par l’innovation. A cela s’ajoute la puissance du levier « numérique » qui transforme les activités, des biens et services comme du fonctionnement des marchés. Aussi ce travail propose-t-il de cerner, au travers de l’étude de trois grands « modèles » (économie collaborative, circulaire et de la fonctionnalité, de deux domaines d’activités émergents ou extension de domaines d’activités traditionnels (les industries créatives et la « silver économie »), et de quatre objets ou services emblématiques de la région Provence Alpes Côte d’Azur, quelques grands enjeux d’avenir pour l’économie de la Région Provence Alpes Côte d’Azur : reconfiguration éventuelle des écosystèmes et des organisations productives ; insertions des entreprises régionales dans les échanges mondialisés et conditions de leur ancrage territorial ; facteurs d’opportunité ou de fragilité liés à ces évolutions. Ces trois approches répondent à des interrogations ou des constats faits sur la nature des activités économiques et leur évolution : l’émergence de nouvelles logiques économiques modifiant les « règles du jeu » traditionnelles (les nouveaux modèles) ; l’apparition de nouveaux terrains de jeu investis par l’univers marchand, liés à de nouvelles aspirations ou à des phénomènes démographiques (les domaines d’activité émergents) ; la mutation d’activités économiques traditionnelles, dont certaines sont parties prenantes du processus d’émergence de nouveaux paradigmes économiques (les objets ou services emblématiques de la région). La mobilisation d’études et de données, ainsi que des auditions d’experts ont permis de dégager les contours de chaque modèle économique, les évolutions à l’œuvre et les expériences menées en région. L’analyse aboutit au constat que l’économie allait devenir de plus en plus servicielle (cf. ci-dessous le cas de l’hélicoptère en Provence), y compris dans l’industrie. Cette transformation répond à certaines contraintes liées aux impacts négatifs d’un type de développement fondé sur l’épuisement des ressources, la dégradation de l’environnement (cf. l’économie circulaire), mais aussi à la nécessité de conquérir de nouveaux espaces marchands (dans les loisirs, la culture, les déplacements,… ; cf. les industries créatives) y compris auprès des populations seniors (de plus en plus importantes, cf. la « silver économie ») et dotées de pouvoir d’achat. Ce changement profond s’accompagne nécessairement de nouvelles règles qui en accélèrent le rythme, mais leur émergence se heurte aussi à un ensemble de conventions comme de rentes de situation dont l’un des enjeux en est la possible réappropriation par de nouveaux acteurs extérieurs, via l’outil numérique notamment. Une des caractéristiques essentielles de la période réside en effet dans l’élargissement du statut de « producteur » (de service notamment) que chacun de nous peut potentiellement devenir, face à des clients de plus en plus utilisateurs d’un bien dont ils privilégient désormais l’usage à la détention. Ces relations plus directes (avec moins d’intermédiaires) peuvent à la fois enrichir qualitativement les relations interpersonnelles et constituer la base de relations asymétriques, affranchies de conventions, notamment dans le domaine du travail. 3 La région à travers nombre d’expériences évoquées ici est confrontée à cette mutation profonde, même si certaines activités traditionnelles emblématiques, dont certaines sont attachées à un terroir, ou associées à une ville, doivent surtout répondre à leurs propres enjeux pour assurer leur pérennité. Ainsi, l’hélicoptère, avec une part sans cesse croissante des services dans la solution vendue et une proximité s’inscrivant dans la durée, se dirige-il potentiellement vers de logiques de fonctionnalité ou/et collaborative. Les parfumeurs grassois, quant à eux, doivent faire face à un enjeu de préservation de leur spécificité dans un domaine d’activité investi par les acteurs de la chimie synthétique. Le festival d’Avignon est confronté à des enjeux de croissance, quelque part victime de son succès qui peut entraîner à certains égards des effets néfastes pour le territoire autant que pour sa propre pérennité. Enfin, le vin rosé de Provence, dont la production ne repose pas sur la maîtrise d’un verrou technologique, bénéficie de l’image du territoire (marketing territorial), qui participe à la définition et à la distinction du produit, et d’un effet de mode (une vision décomplexée dans l’approche du vin, une forme de légèreté), par définition volatiles. Ces bouleversements induits ou amplifiés par la numérisation de l’économie modifient les manières de travailler, de consommer, d’habiter, de se déplacer. A titre illustratif, on peut s’interroger sur les modèles de déplacement à mettre en place dans le futur tant les évolutions sont rapides en la matière (co-voiturage, auto partage, plateformes internet de type blablacar…). Tout le monde s’accorde à constater que nos modes de vie quotidiens sont et seront transformés de façon accélérée par les innovations numériques mais les réflexions sur les impacts, les effets leviers, les mutations du fonctionnement urbain et territorial demeurent encore balbutiantes. A cet égard, il est à noter qu’un travail sera mené en 2016 sur la conversion au numérique des activités économiques classiques, l’appréhension de leur degré de perméabilité / résistance, les éléments de blocage etc... 4 5 6 I. Entre renouveau et adaptation : de nouvelles logiques économiques A. L’économie collaborative : des pratiques anciennes remises au goût du jour et revisitées par le numérique L’économie collaborative une remise au goût du jour de pratiques anciennes ? Ou un nouveau modèle économique en soit ? Ces pratiques se sont certes développées sur de nouveaux modèles, principalement liés au développement du numérique ainsi qu’à la conjoncture des années 2000 (crise, raréfaction des ressources) mais sont basées sur des principes collaboratifs tels que l’échange, le troc, le partage qui existent depuis des décennies. Notons par exemple les Services d’Echanges Locaux (SEL) créés dans les années 1990, le troc qui a précédé l’échange monétaire,… Ces « nouvelles » pratiques de consommation collaborative répondent aux questionnements devenus courants de nos jours et en temps de crise : Est-il logique de disposer d’une voiture qui passe 92%1 de son temps sur une place de stationnement ? Ou encore d’acheter une perceuse pour ne s’en servir que quelques fois/an ?etc. Eléments de définitions : - Relation pair-à-pairs, selon P2P Foundation, est une nouvelle forme d’organisation sociale apte à produire et échanger des biens, à créer de la valeur. En effet tout agent appartenant à un réseau peut potentiellement entrer en relation avec tout autre membre du réseau, sans devoir passer par un intermédiaire afin de créer une valeur en commun. - Economie de la fonctionnalité : consiste en « la substitution de la vente de l’usage d’un bien à la vente du bien lui-même » (Bourg et Buclet, 2005). - Consom’acteur regroupe les personnes qui font usage de leur pouvoir d’achat pour protéger et défendre les valeurs et les causes qui leur tiennent à cœur. Leur geste de consommation est bien réfléchi et répond à une certaine valeur éthique et sociale, cela s’oppose à l’hyperconsommation/consommation de masse - Un « Fab Lab » est selon sa traduction un « laboratoire de fabrication » ouvert au public où sont mis à disposition des outils pour la conception et la réalisation d’objets. - Un « Think Tank » est un laboratoire d’idées, un lieu de débat qui regroupe des experts ou des professionnels chargés de réfléchir sur des questions relatifs à différents