L’Algérie profonde / Centre

Restauration au sein des écoles primaires à Bouira

Des écoliers “au régime” et des élus impuissants

Les écolier s contra ints de ramen er de chez eux de quoi se susten ter. © D.R.

La problématique se pose toujours avec acuité dans la wilaya, notamment dans les zones enclavées, en dépit des assurances des pouvoirs publics.

En effet, le dernier rapport de la commission de l’Assemblée populaire de wilaya (APW), chargée d’évaluer le secteur de l’éducation à Bouira, a été sans concession au sujet des cantines scolaires à Bouira. “Nos enfants, notamment ceux issus des zones enclavées, au mieux mangent des repas froids, et au pire jeûnent toute la journée faute de cantines scolaires”, est-il mentionné dans ledit rapport transmis à la presse. Pour ces élus, la situation est “gravissime” dans certaines localités de la wilaya de Bouira où, selon eux, les écoliers se contentent d’un morceau de pain et un bout de fromage pour se sustenter. Des exemples ? Ledit rapport contient une liste non exhaustive d’établissements primaires où la restauration connaît quelques carences, et dans certains cas elle y est carrément inexistante. Ainsi, d’après la même source, dans la commune de Sour El-Ghozlane, l’école primaire Si-Hamid, sa cantine a été décrite comme non fonctionnelle, bien que récemment réceptionnée. Dans la municipalité voisine de Bir Ghebalou, les écoliers de l’établissement Khiter-Laâroussi ont droit à des repas froids à cause du manque de personnel. D’autres établissements scolaires, dans les communes montagneuses de , et Maâla, ont été cités par les membres de la commission de l’APW. “Nos élèves n’ont nulle part où se restaurer ! La plupart des écoliers ramènent des sandwichs avec eux”, avait affirmé un élu de la commune de Zbarbar, en citant l’école primaire de Bsibla. À El-Hachimia, plus précisément dans l’école primaire Kenane-Kouider, les chérubins n’ont droit qu’à des repas froids au beau milieu de l’hiver. Pis encore, au chef-lieu de wilaya, les établissements scolaires d’Ouled Guefifa et Ras Bouira sont toujours dépourvus de cantines. “En dépit des milliards injectés dans le secteur de l’éducation, nos enfants continuent à s’empoisonner avec des sandwichs achetés dans le commerce et ceci dans le meilleur des cas. Au pire, ils jeûnent tout au long de la journée ! C’est une honte pour l’Algérie de 2019 et un échec des pouvoirs publics”, avaient asséné des élus du groupe RCD de Bouira dans une déclaration remise à la presse.

La DSP comme alternative Mais qui dit gestion des cantines scolaires, dit forcément APC, car la restauration dans les établissements du cycle primaire relève exclusivement de ses prérogatives. Les élus de Bouira, du moins ceux interrogés, le disent haut et fort : ils ne peuvent assumer cette tâche. “C’est une charge trop lourde pour des municipalités sans ressources financières”, dira un élu de la commune de . D’autres P/APC, à l’instar d’Aghbalou, El-Hachimia ou encore Bouira, admettent le fait qu’ils sont “incapables” de gérer ce dossier. Un aveu d’impuissance somme toute compréhensible, quand on sait qu’une APC comme El-Hachimia a un budget annuel de… 600 000 DA, soit 60 millions de centimes. Devant cet état de fait, le législateur, via le décret exécutif n°18-199 du 2 août 2018, a mis en place un mécanisme permettant aux APC de déléguer certaines de leurs prérogatives dans le cadre de la délégation du service public (DSP). Ce mécanisme s’axe et s’oriente vers davantage d'efficacité et permet d'asseoir de nouvelles bases à même d'améliorer la vision des entreprises pour une performance optimale, tout en encourageant l'esprit d'initiative, la modernisation des moyens de gestion et la sauvegarde de l’intérêt public. La restauration scolaire est incluse dans ce dispositif, dans la mesure où les APC peuvent se décharger de ce fardeau. En effet, selon Sabri Mouloud, expert en marchés publics et enseignant à l'ISGP (Institut supérieur de gestion et de planification), les DSP sont un fardeau de moins sur les épaules des collectivités locales. Elles permettent selon lui à ces dernières via un contrat “gagnant-gagnant” de céder tout ce qui est commercial à un partenaire privé, le tout dans un cadre légal et un cahier des charges bien précis. À Bouira, les avis sur l’application de la DSP divergent. Certains élus, à l’image du P/APC de , sont pour. Tandis que d’autres, à l’instar du P/APC de M’chedellah, y voient “une remise en cause” du caractère social de l’éducation et du service public. Face à ces réticences et à en croire Dr Mouloud Sabri, le législateur a mis une batterie de mesures visant à sauvegarder le patrimoine communal de toutes velléités malintentionnées.

RAMDANE BOURAHLA