Circuit de Marcaulieu

Résolvez d’épineuses énigmes. Reconnaissez la vache meneuse. Marchez sur les pas de Christian Konrad Sprengel. Rêvez sous les vieux frênes. Rencontrez l’angélique et la petite pervenche. Écoutez le « Grand poulain » puis assistez au combat entre deux géants tout en mâchant une tige d’origan.

Village d’accueil :

Promenez-vous dans le village avec le “ Guide de découverte de Lahaymeix ”

Stationnement conseillé : Mairie de Lahaymeix

Départ :

Longueur du circuit : 10 Km.

Temps de marche : 3h30

Outils

1

Poste 1 : Truffière Coordonnées GPS : 48°56'23.1''N, 5°24'49.4''E Observer : Dans la prairie enclose en contrebas du sentier, vous apercevez des alignements de noisetiers. Mais la production attendue de cet espace cultivé est la truffe. Celle-ci vit dans la terre en association avec les racines de divers arbres tels que noisetiers, charmes, chênes pins, hêtres, aubépines ou troènes. Avant plantation, les arbustes ont été cultivés en godets. Durant cette période, leurs racines ont été mises en contact avec des spores du précieux champignon, la spore constituant l’équivalent de la graine des plantes vertes et la truffe pouvant alors être assimilée à un fruit. Par son climat, son sol et ses essences forestières, la offre un environnement particulièrement favorable à tuber incinatum appelée ici « truffe de Lorraine ». Il s’en vendit officiellement trois tonnes en 1867 malgré une importante autoconsommation locale dont même les plus humbles profitaient alors. Les méthodes de sylviculture intensive, l’abandon du pâturage sur les friches de coteaux et la suppression des haies ont fait disparaitre de nombreuses truffières naturelles. Cependant, le département compte aujourd’hui plus de cent cinquante hectares de truffières cultivées. Observer de juin à octobre : Autour de certains arbres, apercevez-vous une zone de végétation herbacée sèche et clairsemée, avec seulement quelques plantes résistantes éparses ? Elle est appelée « brûlé ». C’est le signe annonciateur de la présence de truffes dans le sol. Celles-ci commencent à se former à la fin du printemps et arrivent à maturité entre septembre et décembre.

Poste 2 : Panorama sur le village et son environnement Coordonnées GPS : 48°56'19.1''N, 5°24'52.9''E Observer : Lahaymeix occupe le fond d’une section de vallée étroite et bien ensoleillée, abrité des vents du nord par l’imposante colline du Moyémont qui culmine à soixante-dix mètres au- dessus des toits. Le Moyémont, aujourd’hui enherbé, était autrefois le domaine de la vigne. Le plateau, sous lequel vous stationnez, domine le village de plus de cent-cinquante mètres. IL fait barrière aux courants d’air venus de la vallée de la Meuse. Entouré par cinq mille hectares de forêts, profondément encaissé et abondamment pourvu en sources, Lahaymeix jouit d’une position stratégique appréciée depuis le Moyen-Âge. Pendant la guerre de 14-18, il fut le village français le plus proche du front à ne pas avoir été évacué de ses habitants, bien que les lignes ennemies aient été établies à moins de quinze kilomètres de là.

2

Jusqu’à vers 1920, on ne pouvait accéder au vallon que par une mauvaise piste reliant à Courouvres, ainsi que par quelques chemins de traverse, dont celui sur lequel vous cheminez, appelé « sentier de Marcaulieu ». Vous apercevez derrière le clocher du village le sentier que des habitants de Lahaymeix empruntèrent chaque jour jusqu’en 1914 pour se rendre au château de , distant de trois kilomètres, afin de se mettre au service domestique du comte et de la comtesse, propriétaires des lieux.

Poste 3 : Armoise Coordonnées : 48°56'17.8''N, 5°24'54.2''E Observer : L’armoise se plait sur les sols riches en nutriments tels que les bordures de champs où elle profite des engrais apportés aux cultures. Sa feuille, harmonieusement échancrée, est lisse et vert sombre sur le dessus, velues et vert-blanc en- dessous. Goûter : Mâchez une feuille. La plante mérite bien son surnom d’Herbe-aux-cent-goûts étant à la fois amère et sucrée, avec des arômes d’artichaut, de bouillon-cube et de citron. Elle entre dans la composition de certains pastis. Les jeunes pousses sont tendres, juteuses et sucrées, mais deviennent coriaces avec l’avancement de l’été. Goûter d’avril à juillet : Ajoutez quelques jeunes pousses d’armoise à une salade composée, ou encore, à la sauce d’une viande un peu grasse, dont la digestion sera ainsi facilitée.

3

Humer d’avril à novembre : Froisser une feuille et humer l’odeur, évoquant un mélange d’amande amère, d’anis, de résine de pin et de feuillage de thuya. Le parfum prononcé des tiges florales a ses partisans et ses détracteurs. Selon la pharmacopée populaire, flairer un bouquet d’armoise donnerait envie de dormir et le placer sous un lit favoriserait le rapide endormissement de son occupant. Quelques tiges d’armoise fraiche glissées dans l’oreiller provoqueraient la survenue de rêves prémonitoires. Observer de juillet à octobre : Des petites coupes vertes et duveteuses contiennent plusieurs minuscules fleurs brun-rouge ou brun-jaune. Elles sont densément rassemblées dans la partie supérieure des tiges. Un seul plan d’armoise peut produire plusieurs dizaines de milliers de graines. Faire : Laisser sécher un brin d’armoise, le disposer sur une soucoupe. En le faisant brûler en combustion lente, il dégagera une fumée à l’odeur d’encens qui a la réputation de purifier l’air et de chasser les influences néfastes.

Œuvre 153 : Christian Lapie, Le silence divisé (VdF 2009). Coordonnées GPS : 48°56'14.9''N, 5°24'55.7''E

Œuvre 012 : Ernst Amelung, Land-Field-Forest Signs (VdF 1997). Coordonnées GPS : 48°56'08.6''N, 5°25'01.9''E

Poste 4 : Épines Coordonnées GPS : 48°56'07.2''N, 5°25'04.6''E Observer : Cette jeune haie a été plantée par les chasseurs de l’association communale de chasse de Lahaymeix afin d’améliorer la capacité du milieu à permettre la survie d’oiseaux, d’insectes et de petits mammifères tels que le hérisson ou le lièvre. Elle présente une belle diversité d’arbustes. Parmi ceux-ci, des représentants de plusieurs espèces d’épineux. Pour ces végétaux, l’épine est un moyen d’empêcher les herbivores de brouter leurs feuilles.

4

- La feuille du mahonia est divisée en cinq à onze parties appelées « folioles » qui sont coriaces, luisantes et munies de dents épineuses. Chacune d’elles ressemble à une feuille de houx. L’arbuste est originaire de l’ouest de l’Amérique du Nord. L’apparence de ses fruits lui vaut d’être désigné en anglais sous le vocable de « raisin d’Oregon », l’état américain en question ayant fait de la plante son emblème national depuis 1899. L’espèce fut introduite en Europe en 1823 pour l’ornement des jardins mais depuis, elle colonise des espaces naturels. - Les épines de l’églantier semblent modestes. Mais avec leur forme en griffe recourbée elles accrochent la peau et y occasionnent de longues griffures au moindre mouvement de l’imprudent qui s’y frotte. - Les épines droites de l’aubépine, dite « épine blanche », se camouflent parmi les feuilles et peuvent ainsi piquer les naseaux ou la bouche d’un herbivore qui, ignorant le piège, voudrait brouter la plante. - Le prunellier, également appelé « épine noire », exhibe les plus longues et les plus solides épines de la haie. Des substances durcissent leur pointe dont l’extrémité peut casser dans une plaie, favorisant ainsi l’infection microbienne. Faire : Prélever une épine de prunellier, l’écorcer et tailler sa base en pointe avec un canif. Vous venez de réaliser un hameçon droit. Une fois attaché à une cordelette et camouflé dans un gros lombric, il est utilisable pour capturer des poissons ainsi que des oiseaux, si l’on se trouve en situation de survie.

Faire de juillet à octobre : Quatre épines d’églantier sont piquées dans une baie du même arbuste : un petit cochon est né.

5

Faire : Tenir une foliole de mahonia entre le pouce et l’index par deux pointes judicieusement choisies et souffler dessus pour tenter de la faire tourner comme un moulin à vent. Observer de fin décembre à fin février : Les feuilles du mahonia virent au rouge sombre tandis qu’apparaissent et grossissent les bourgeons floraux.

Observer en mars-avril : Le mahonia porte de gracieuses grappes de fleurs jaune-citron dont le discret parfum évoque celui du miel et du muguet. Observer en septembre- octobre : Les baies du mahonia forment des grappes bleu foncé. Elles sont couvertes d’une « pruine », fine couche de matière cireuse destinée à prévenir certaines maladies, ce qui accentue encore leur ressemblance avec du raisin noir. Mais la comparaison s’arrête là, car si les baies, acidulées et amères du mahonia peuvent servir à confectionner gelées, liqueurs ou confitures, leurs gros pépins contiennent des substances faiblement toxiques. Il est prudent de ne pas laisser un jeune enfant les manipuler.

Poste 5 : Écologie et comportement des bovins au parc Coordonnées GPS : 48°56'04.2''N, 5°25'44.3''E Observer : Dans le parc, le tapis herbacé est très majoritairement composé de graminées, famille de plantes comprenant notamment le blé et les espèces utilisées pour réaliser un gazon. Depuis votre point de stationnement, vous n’apercevez pas un seul arbrisseau dans la prairie malgré la proximité de la forêt et la présence de grands arbres à l’intérieur-même du parc. Pourtant, de nombreuses graines d’arbres sont déposées dans l’herbe par le vent ou par des oiseaux et trouvent ici de bonnes conditions pour germer. Mais sitôt sorties de terre, les plantules sont broutées par les vaches, ce qui les fait mourir. A contrario, l’herbe a beau être pâturée six mois par an, l’éleveur n’a pas besoin de la ressemer pour qu’elle continue à alimenter son troupeau. Sa vitalité est même augmentée par l’action des vaches. Car tant qu’ils restent modérés, la tonte et le piétinement des graminées favorisent la multiplication de leurs feuilles

6 et racines. Nous mimons donc les vaches qui broutent lorsque nous tondons régulièrement nos pelouses ! L’absence d’arbres permet à l’herbe de profiter de tout le soleil dont elle a besoin pour pousser dru. Elle peut ainsi nourrir grassement les vaches qui, en retour, évitent à l’herbe de disparaître à cause de l’ombrage des arbres. Les écologistes disent que les vaches et les graminées sont en relation symbiotique et que les arbres et les vaches sont en relation antibiotique, « bios » signifiant « vie » en grec ancien.

Faire de mai à octobre : Cueillez quelques branchettes feuillues en lisière de forêt et jetez-les dans la prairie, à proximité des vaches. Celles-ci ne tarderont pas à venir les brouter même si l’herbe est disponible en abondance. Pour elles, les rameaux de frêne, de hêtre, de chêne ou de charme sont une véritable friandise.

Observer en août-septembre : - L’herbe rase laisse apparaître des taches où l’herbe est plus haute, correspondant à des emplacements de bouses recolonisés par la végétation. Elles sont appelées « refus », car les vaches n’y broutent pas. - Des zones qui ont été trop piétinées, notamment autour des abreuvoirs, sont colonisées par des plantes supportant ce traitement : plantain et renouée des oiseaux. Cette dernière forme un tapis dense de tiges rampantes. - Sur une bande de terrain longeant le ruisseau, l’ombre, l’humidité et le piétinement se sont conjugués pour priver le sol d’aération. Des plantes peu appréciées ou toxiques pour les bovins s’y sont installées, telles les renoncules dite « boutons d’or ». Jusqu’aux premières gelées, on aperçoit leurs fleurs qui réapparaissent çà et là après la principale floraison de printemps.

7

- Les arbres du bosquet, visible en sommet de colline, n’ont pas de branches basses, celles-ci ayant été broutées par les bovins. On aperçoit du lierre sur leur tronc, les vaches n’appréciant pas cette plante. Les arbustes poussant à la lisière du bosquet sont exclusivement représentés par des épineux : ronce et aubépine. Aux emplacements où la clôture du parc longe une forêt, les vaches ont brouté toutes les ramilles à leur portée : la lisière semble taillée en une haie régulière jusqu’à environ un mètre cinquante de hauteur, surplombée par des branches hautes qui s’avancent vers la prairie, étant hors de portée du museau des bovins. Observer d’avril à octobre : Malgré l’extension récente des terres labourées consacrées aux céréales, au colza et au tournesol, les prairies restent encore bien présentes dans le paysage rural meusien. Le département a la réputation d’être un « réservoir herbagé » depuis le milieu du 19ème siècle, période durant laquelle la consommation de fromage augmenta fortement en et en Europe. Les bovins qui y pâturent appartiennent en très grande majorité à trois races importées, la race meusienne ayant disparu au cours de la période 1850-1950. - La Prim’Holstein, encore appelée « hollandaise pie noire », est une race laitière de grande taille. Les vaches ont une mamelle bien adaptée à la traite mécanique et produisent chacune environ neuf mille litres de lait par cycle de lactation. Celui-ci s’étale sur les trois cents jours qui suivent la mise-bas, encore appelée « vêlage ». Il est suivi d’un temps de repos de deux mois durant lequel la vache ne produit plus de lait avant une nouvelle mise-bas. - Les bovins charolais, race originaire de Bourgogne, se reconnaissent aisément à leur grand gabarit et à leur couleur blanche, tirant parfois vers le blanc-crème. Ils se sont imposés en Meuse vers 1960 auprès d’éleveurs spécialisés dans la production de viande mais aussi, auprès des producteurs laitiers car l’insémination de leurs vaches Prim’Holstein avec la semence de taureaux charolais, leur permet d’améliorer la conformation des veaux destinés à la boucherie. - La limousine est une race à viande qui s’implante fortement en Meuse depuis le début du siècle au détriment des deux précédentes races évoquées. Sa robe est rouge-orangé pâle avec le tour des yeux et du mufle plus clair. Elle est appréciée pour sa viande tendre et peu grasse. Son rendement est aussi une clé de son succès car une limousine de six cents kilogrammes sur pied produit presque trois cents kilogrammes de viande rouge. Un charolais de même poids vif n’en produit que deux cent soixante kilogrammes.

8

Observer d’avril à octobre : En moyenne, les vaches passent un tiers de leur temps à brouter, un autre tiers à ruminer et le troisième à se reposer. Pendant qu’elles broutent, les vaches restent fréquemment groupées en progressant dans la même direction, même si le parc à une vaste étendue. Tentez de reconnaître l’animal qui impulse le plus souvent les déplacements du troupeau et que l’on l’appelle la « vache meneuse ». Essayez de repérer des groupes d’affinité, caractérisés par des animaux gardant une certaine proximité au gré de leurs occupations. Vous verrez peut-être une vache se frotter contre sa voisine ou la humer, la lécher et parfois lui donner des petits coups de tête amicaux. Mais deux vaches du troupeau peuvent également se menacer et s’attaquer.

Poste 6 : Reconnaître les arbres d’une lisière forestière Coordonnées : 48°56'03.9''N, 5°25'45.8''E Observer et écouter : Cinq essences de grands arbres dominent les arbustes sur la première centaine de mètres de lisière forestière qui longe le parc à bovins à partir du chemin. Essayez de les reconnaître selon des caractères adaptés aux saisons : couleur du feuillage d’été ou d’automne, bruissement du feuillage au vent, forme et inclinaison des grosses branches, densité de la ramure … - L’essence la plus facile à reconnaître est le peuplier tremble car au moindre souffle de vent, ses feuilles arrondies s’agitent, présentant alternativement une face vert mat et une face vert argenté au bout d’une longue « tige » très élastique. La frondaison de l’arbre semble ainsi scintiller au soleil tandis qu’elle fait entendre un bruissement continu évoquant celui d’une cascade ou d’une lointaine houle marine. C’est le plus grand arbre de cette portion de lisière. En hiver, on distingue les profondes crevasses verticales qui marquent son tronc massif.

9

- Du haut de son tronc droit et élancé, l’érable sycomore domine l’érable champêtre au tronc tourmenté et envahi de lierre. Même de loin, on perçoit la différence de taille et de couleur des feuilles, celles du premier étant plus grosses et plus claires que celles du second. En automne, les feuilles de l’érable sycomore virent au jaune pâle. Celles de l’érable champêtre deviennent jaune doré avant de tomber et de laisser paraître une ramification plus fine et plus dense que celle de son cousin. - À la belle saison, le chêne montre ses branches tortueuses à travers sa feuillaison qui laisse passer la lumière. En hiver, sa ramification semble plantée en désordre à l’extrémité de grosses branches peu nombreuses et zigzagantes. En été, le charme camoufle presque entièrement sa charpente sous un feuillage dense qui forme un œuf assez régulier. En hiver, ses branches apparaissent assez fines, nombreuses et dressées vers le ciel, portant des rameaux sinueux, tandis que le tronc laisse voir son écorce lisse et gris-vert.

Œuvre 137 : Fabien Lerat, Fontaine (VdF 2007). Coordonnées GPS : 48°56'02.9''N, 5°25'49.6''E

Poste 7 : Chandelle de merisier et sente d’ongulés (Poste 6 Circuit des 3 Fontaines) Coordonnées GPS : 48°56'00.0''N, 5°25'53.5''E Observer : On appelle chandelle un tronc mort debout et dépourvu de branches. Celle-ci est ce qui reste d’un merisier. Il est encore reconnaissable à la forme élancée de son tronc en cylindre régulier, ainsi qu’à son écorce, luisante et brun-rouge, qui se détache en lanières horizontales. Le merisier est très exigeant en lumière et doit donc s’élever rapidement, d’où son tronc grêle jusqu’à un âge avancé. Il est ainsi particulièrement exposé aux tempêtes de vent, ce dont ce sujet a été la victime.

10

Observer : Les plaques d’écorce à moitié détachées et enroulées sur elles-mêmes constituent autant d’abris diurnes pour de nombreux invertébrés qui s’activent surtout pendant la nuit : insectes, araignées, mille-pattes… Elles servent également de refuges d’hivernage à des insectes qui sont capables de survivre à plusieurs mois de froid et de privation de nourriture : carabes, coccinelles, femelles de bourdons fécondées et certains papillons tels que le paon-de-jour ou le citron. En été, elles peuvent héberger des chauves-souris forestières pendant leur repos diurne : barbastelle, noctule, pipistrelle… Observer : Au pied de la chandelle vous apercevez un sentier utilisé par les animaux sauvage, appelé « sente » ou « coulée ». Cette coulée est ici marquée par une simple dépression dans la litière de feuilles mortes. Cependant, elle est dépourvue de végétation herbacée, signe qu’elle est utilisée régulièrement. On peut y deviner les empreintes d’un chevreuil qui en est l’usager le plus fréquent. Cet animal est très fidèle à son territoire et s’y déplace en utilisant le plus souvent les mêmes coulées. En marchant, il y laisse des marques olfactives issues de la sécrétion de glandes localisées entre ses sabots de chaque patte avant. Elles permettent à l’animal de communiquer des informations aux congénères du voisinage, par exemple s’il est un mâle ou une femelle. Mais elles l’aident aussi à se déplacer de nuit en créant une piste olfactive, aussi facile à suivre pour lui qu’un chemin balisé par des bougies pour nous ! Des renards utilisent occasionnellement cette coulée pour rallier une de leurs nombreuses zones de prédation saisonnière.

Poste 8 : Sapin à deux cimes (Poste 4 Circuit 3 Fontaines) Coordonnées GPS : 48°55'50.6''N, 5°26'05.2''E Observer : L’épicéa est né d’une graine apportée par le vent. Pour cela, il est dit de « peuplement spontané ». Lors d’une tempête, sa cime a été cassée par la chute d’un arbre voisin. La disparition du bourgeon sommital, qui permet l’allongement du tronc, a « réveillé » deux bourgeons qui « dormaient » sous l’écorce et qui se sont chacun transformés en une nouvelle pousse sommitale. L’arbre a donc pu reprendre sa croissance en hauteur, mais avec deux cimes. Cependant, vous pouvez encre remarquer une forte disproportion entre la circonférence de son tronc, déjà conséquente, et sa hauteur présente, encore modeste. Son feuillage jouit donc d’une moins bonne insolation qu’autrefois, ce qui diminue la résistance de l’arbre aux maladies et aux infestations parasitaires.

11

Observer : À l’extrémité d’une branche basse, on aperçoit une masse compacte et sombre appelée « balais de sorcière ». Un champignon parasite microscopique est à l’origine de cette formation. Lorsqu’il infecte une branche, il provoque sur celle-ci l’apparition et le développement de nombreux rameaux. Ils vont secréter en abondance des substances nutritives qui alimenteront le champignon et qui lui permettront de fabriquer d’importantes quantités de spores. Celles-ci seront disséminées par le vent et contamineront peut-être d’autres épicéas. La maladie ne fera pas mourir l’arbre mais elle peut induire un ralentissement de sa croissance.

Poste 9 : Lierre sur sycomores (Poste 3 Circuit 3 Fontaines) Coordonnées GPS : 48°55'49.3''N, 5°26'12.8''E Observer sur les arbres : Le plus souvent, les tiges du lierre escaladent leur tuteur en ligne droite, en pouvant monter jusqu’à cinquante mètres de hauteur. Elles s’inclinent parfois pour mieux exposer leurs feuilles à la lumière, quitte à devoir croiser un autre brin du même pied. Mais elles n’enserrent pas les troncs au point de gêner la circulation de leur sève, à l’image du chèvrefeuille. Les plus gros brins perdent leurs feuilles ainsi que les crampons avec lesquels ils s’accrochaient à l’arbre. Ils laissent les plus fines tiges feuillées soutenir tout l’ensemble. Ils grossissent jusqu’à atteindre parfois le diamètre d’un bras, voire bien plus, signe d’un âge avancé pouvant dépasser mille ans. Les racines de la plante s’enfoncent profondément dans le sol où elles puisent l’eau et les sels minéraux que ses feuilles transformeront en sève nourricière. Le lierre n’a donc pas besoin de la sève des arbres pour pourvoir à sa nourriture. Pour preuve, vous apercevez de ce point un arbre mort sur lequel il pousse avec la même vigueur que sur les arbres vivants. Observer à terre : En forêt, le lierre se conduit ordinairement comme une plante rampante. Les parties de ses tiges en contact avec la terre émettent des racines qui l’ancrent au sol et lui permettent de s’alimenter. Il peut ainsi tapisser le sous-bois en nappes étendues. Lorsqu’il rencontre un arbre ou un obstacle, il l’escalade. Mais pour fleurir et fructifier, le lierre a besoin de beaucoup de lumière qu’il ne peut trouver au sol. C’est pourquoi il fleurit toujours en hauteur. Faire : Prélever quelques morceaux de tiges accrochées à un tronc d’arbre afin d’observer les crampons à différents stades de leur développement. Les plus jeunes naissent sur la partie de la plante en contact avec le support, disposés sur une ou deux lignes. En grandissant, ils se couchent perpendiculairement à la tige qui ressemble alors à un millepatte. Puis ils grossissent jusqu’à combler les petites anfractuosités de l’écorce, avant de se dessécher tout en gardant le même volume. Ils se comportent donc comme une sorte d’enduit à reboucher les fissures dont l’efficacité est renforcée par la sécrétion d’un adhésif à haute résistance.

12

Attention : Des enfants ont tendance à vouloir grimper aux plus grosses tiges de lierre. Il est préférable de tester la résistance de leur accrochage dans l’arbre avant de les laisser faire. Pour cela, deux personnes agrippent la tige avec les mains, bras tendus verticalement au-dessus de leur tête. Puis ils lèvent les pieds ensemble pour se suspendre. Si la tige ne se décroche pas pendant la manœuvre, alors une personne peut ensuite y grimper. Observer : Comment le lierre peut-il vivre bien plus longtemps que les arbres qui lui servent de support ? D’une part, depuis ce poste vous apercevez plusieurs touffes de lierre qui, après avoir escaladé le tronc et les branches maîtresses d’un arbre, ont réussi à prendre pied dans la ramure d’un ou deux arbres voisins. En supposant que le premier arbre-tuteur meure et pourrisse sur pied, la liane restera accrochée en hauteur par les crampons des rameaux qui se sont développés sur les deux autres arbres-tuteurs. D’autre part, vous pouvez voir que les tiges ne se contentent pas d’escalader les branches. En effet, quand leurs extrémités ne trouvent plus de support pour poursuivre leur ascension, elles basculent vers le bas et poursuivent leur croissance vers le sol. Si elles y parviennent, elles prendront racines et pourront ainsi progresser à terre jusqu’à rencontrer un autre arbre. Observer en septembre, octobre et novembre : Le lierre est en pleine floraison. Les fleurs apparaissent toujours à l’extrémité libre de rameaux dépourvus de crampons. Elles possèdent un organe reproducteur mâle, sous la forme de quatre étamines, et un organe reproducteur femelle, le pistil. Sa partie apparente est un petit tube placé au centre de la fleur. Sur une même ombelle en floraison on trouvera le plus souvent des fleurs en bouton, des fleurs au stade mâle, des fleurs au stade femelle et d’autres ayant achevé leur cycle de fécondation. - Les fleurs en bouton sont côtelées comme des melons. - Les fleurs au stade mâle possèdent quatre pétales jaune-vert et quatre étamines dressées qui libèrent du pollen. Elles entourent l’organe femelle, le pistil, sur lequel s’allonge un tube fermé à son extrémité libre. Des insectes viennent pour collecter le pollen produit par les étamines ou pour lécher le nectar qui 13

sourd à la surface du pistil. - Les fleurs au stade femelle ont perdu leurs pétales et leurs étamines. L’extrémité du pistil est ouverte. Des insectes continuent à venir lécher le nectar secrété. En se frottant au tube, ils feront peut-être tomber dedans quelques grains du pollen qui s’est accroché à leurs poils, lors d’une précédente visite à une fleur au stade mâle. - Les fleurs fécondées ont l’extrémité libre du pistil qui est desséchée. Observer de septembre à octobre: Les fleurs du lierre produisent du pollen et du nectar en abondance qui nourrissent de nombreux insectes, notamment des abeilles. Elles trouvent là les dernières ressources alimentaires à collecter avant l’hiver. On y voit aussi une abeille sauvage appelée « collète du lierre ». Son cycle de reproduction est adapté à son habitude de nourrir ses larves uniquement avec du pollen et du nectar de fleurs de lierre. Elle est très poilue, ce qui lui permet de jouer efficacement son rôle de pollinisateur. Quand elle visite une fleur au stade mâle, ses poils recueillent du pollen. Si elle visite par la suite une fleur au stade femelle, elle fera tomber du pollen dans le tube du pistil en passant au-dessus de son ouverture. La collète est dépourvue de fonction venimeuse. Cette espèce a été décrite comme telle pour la première fois en 1993. Observer de décembre à mars : Les fruits grossissent et mûrissent, devenant en février et en mars une précieuse ressource alimentaire pour les grives, les pigeons et les merles, souvent affaiblis par la disette hivernale. Pour l’homme, elles sont toxiques. L’absorption de deux ou trois baies suffisent à provoquer des troubles chez l’enfant. Observer de novembre à avril : Les rameaux feuillus du lierre restent cantonnés au tronc et aux grosses branches de l’arbre-support et ne perturbent donc pas l’activité de son feuillage pendant la belle saison. En effet, le lierre a surtout besoin de lumière en hiver, période pendant laquelle il fructifie, alors que les arbres sont dépourvus de feuilles. Il lui est donc inutile d’envahir les extrémités des branches porteuses de feuilles pour être suffisamment éclairé, d’autant plus que cette action pourrait

faire mourir son tuteur.

14

Faire : Collecter des feuilles de lierre provenant de tiges courant à terre ou escaladant des obstacles. Vous pourrez ainsi comparer leur apparence. Toutes sont d’un vert vif et luisant. Elles sont coriaces et vernissées afin de résister au froid et à la sècheresse. Elles vivent de trois à six ans avant de se dessécher et de se détacher de leur tige. Celles qui proviennent des rameaux sans fleurs se divisent en trois à cinq triangles vert foncé. Celles des rameaux porteurs de fleurs ou de fruits sont ovales ou en losange. Cette différence de forme s’expliquerait par leur localisation fréquente à l’extrémité des plus hautes tiges. Cette situation les exposant au vent, elles ont adopté une forme qui les rend plus résistantes au déchirement que les feuilles implantées en dessous. Créer : Réaliser une « buse » obtenue en glissant une feuille de lierre pliée en deux dans un tronçon de branchette préalablement fendu. Puis éliminer les parties de la feuille qui dépassent de la branchette. En soufflant dans la fente, on imite le cri miaulé de la buse, un rapace diurne fréquent en Lorraine. On peut apercevoir cet oiseau toute l’année en lisière des forêts ou dans les prairies. Elle rentre parfois dans les bois par temps de neige tenace. Faire : Des recettes d’antan conseillent de remplacer le liquide à vaisselle par une décoction de feuilles de lierre. On l’obtient en faisant bouillir pendant dix minutes deux poignées de feuilles fraiches dans deux litres d’eau. Filtrer la solution et la diluer dans le même volume d’eau chaude avant d’y plonger les ustensiles et les couverts à laver. De préférence, utiliser des gants pour éviter le desséchement des mains.

Œuvre 066 : Denis Malbos, Les cents ciels plantés (VdF 2001). Coordonnées GPS : 48°55'49.1''N, 5°26'14.8''E

15

Œuvre 043 : Françoise Maire / Michèle Schneider, Dédale (VdF 1999). Coordonnées GPS : 48°56'01.8''N, 5°26'27.5''E

Poste 10 : Épilobe en épi (non repris dans Gros Caillou : à reprendre) Coordonnées: 48°56'01.7''N, 5°26'26.7''E Observer : L’épilobe en épi est une plante forestière amie de la lumière. Elle est capable de disséminer de grandes quantités de graines, plusieurs dizaines de milliers par plant, qui vont se déposer partout sur le sol de la forêt où elles resteront viables pendant des années. Par manque d’ensoleillement, l’immense majorité de celles-ci ne germeront jamais ou ne dépasseront pas le stade de la plantule. Mais si un « puits de lumière » vient à se créer suite à un incendie, une inondation ou une tempête, alors les plantes issues de graines qui auront été déposées là grandiront rapidement. Elles finiront ensuite de coloniser l’emplacement en se propageant par leurs racines. À ces clairières naturelles qui sont le milieu de vie originel de l’épilobe, s’ajoutent aujourd’hui les parcelles coupées à blanc, les bords de routes, de pistes et de chemins forestiers ou les passages de lignes électriques. On peut également la trouver au bord des étangs et des cours d’eau. C’est ainsi qu’elle abonde au « Jardin japonais » de Nicey-sur-Aire. Observer de mai à novembre : Même sans fleur ou à l’état de plantule, l’épilobe se reconnait facilement aux nervures qui se rejoignent deux par deux sur la bordure de la feuille en formant une boucle. Goûter de mai à octobre : La plante est surnommée « thé de Russie » car on peut confectionner une tisane avec ses feuilles fraiches ou sèches. Le breuvage fera l’objet de commentaires plus ou moins élogieux selon les goûts de chacun. Goûter de mai à septembre : Les jeunes pousses d’épilobe et les feuilles des épis se mangent crues sitôt cueillies ou ajoutées à une salade composée. En plus de leur saveur agréablement acidulée, elles seraient des plus efficaces contre les brûlures d’estomac. Observer de juillet à septembre : Les fleurs de l’épilobe, d’une couleur rose bleutée appelée « magenta », s’épanouissent le long de l’extrémité d’une tige pouvant mesurer jusqu’à un mètre quatre-vingt. Elles sont ainsi très faciles à repérer visuellement par les insectes butineurs et se passent donc de parfum.

16

Faire de juillet à septembre : Caresser l’intérieur de quelques fleurs avec l’extrémité du majeur afin que du pollen s’y colle : il est bleu turquoise. Observer de mi-juillet à fin août : Chaque fleur change de sexe au cours de son existence, devenant successivement mâle, hermaphrodite et femelle. Le cycle d’une fleur dure environ deux à trois jours. La floraison est progressive, entre juillet et août, partant des fleurs les plus basses et remontant vers le sommet de l’épi. Sur un seul épi, vous pourrez donc fréquemment suivre la succession de toutes les étapes de la reproduction de l’épilobe, de l’éclosion de la fleur à la dispersion des graines. Commencez l’observation par le sommet de l’épi où se trouvent les fleurs les plus jeunes. - Le premier stade de la floraison est exclusivement mâle avec quatre étamines arrivées à maturité tandis que l’extrémité de l’organe reproducteur femelle chargé de recueillir le pollen, appelé « stigmate », est positionnée derrière la fleur. Puis ces premières étamines se rétractent et fanent pendant que quatre nouvelles étamines s’allongent. Le deuxième stade est hermaphrodite. Tandis que la seconde génération d’étamines est fonctionnelle, le stigmate apparait au centre de la fleur, bien plus en avant que les étamines, sous la forme de quatre petites crosses. - Le troisième stade est exclusivement femelle : les étamines sont fanées et se sont rétractées tandis que le stigmate est largement épanoui. - La floraison étant achevée, toutes les parties de la fleur se détachent, mis à part le réceptacle contenant les cellules fécondées. Celui-ci s’allonge en forme de haricot cylindrique et finit par s’ouvrir en quatre parties. Il libère alors les minuscules graines portant de longs poils très doux qui offriront une prise au vent et permettront leur dispersion.

17

Observer de mi-juillet à fin août : Les bourdons et les abeilles fréquentent assidument les épilobes en fleurs, riches en nectar. Ils opèrent toujours selon le même protocole en commençant par visiter les fleurs épanouies les plus basses sur l’épi floral. Ils vont donc déposer le pollen dont ils sont saupoudrés sur les « vieilles » fleurs qui, étant au stade femelle, vont ainsi être fécondées. Les butineurs progressent ensuite vers le sommet de l’épi en finissant donc par visiter les « jeunes » fleurs. Celles-ci étant au stade mâle, les insectes vont se saupoudrer le corps de pollen. Puis ils quittent la tige florale et renouvèlent l’opération auprès d’un autre plant d’épilobe. La floraison de l’épilobe et le comportement des insectes butineurs favorisent donc la « fécondation croisée » de la plante, pendant laquelle les cellules reproductrices femelles sont fécondées par du pollen provenant d’un autre individu, alors que chaque fleur contient les organes des deux sexes. Ce processus permet à l’espèce de conserver un potentiel adaptatif bien plus important que si elle se perpétuait par autofécondation. C’est en observant l’épilobe et ses visiteurs ailés que le botaniste allemand Christian Konrad Sprengel (1750-1816) put démontrer le rôle des insectes dans la reproduction des fleurs. Faire en août-septembre : Collecter quelques grosses pincées du duvet qui apparait lorsque s’ouvrent les capsules protégeant les graines. Étirer la boule tout en la roulant entre deux doigts pour la filer. Vous obtiendrez ainsi un petit morceau de fil très doux au toucher. On en faisait autrefois des mèches de bougies et de briquets. Des pullovers auraient été tricotés en ouate d’épilobe filée.

18

Poste 11 : Après la tempête Coordonnées : 48°56'15.6''N, 5°26'19.5''E Observer : Le paysage forestier entrevu de ce point est un taillis serré et dense, formant une couche régulière de six à huit mètres. Quelques grands sujets isolés en émergent, portant des moignons de grosses branches charpentières qui ont été brisées par le vent ou par la chute d’arbres voisins. Ils sont les rares survivants de la tempête de décembre 1999 qui a saccagé ce secteur de la forêt domaniale de Marcaulieu. Il a fallu ici procéder à des coupes dites « à blanc » sur de vastes étendues. Les moins éclopés des grands arbres encore debout ont cependant été conservés comme semenciers. Le peuplement en place est donc majoritairement un taillis âgé d’une quinzaine d’années composant un paysage assez monotone. Parmi les grands arbres encore en place, quelques sujets méritent le coup d’œil. - Un épicéa a conservé l’apparence d’une haute colonne, forme qu’il avait adoptée quand il était presque entièrement entouré d’arbres très hauts et serrés contre lui, sinon en direction du chemin d’où provenait l’essentiel de la lumière qu’il pouvait capter. - Sur votre droite, vous apercevez un érable sycomore qui supporte mal le fort ensoleillement qu’il subit depuis la chute de ses voisins, ne pouvant le compenser en puisant suffisamment d’eau avec ses racines. Cette soif inassouvie est à l’origine d’une maladie appelée « descente de cime ». Ses branches les plus hautes sont mortes, étant devenues trop difficiles à alimenter. - Presque dans l’alignement de l’épicéa, se découpe un second érable sycomore à un stade encore plus avancé de la descente de cime. Sous le squelette de sa cime, son maigre feuillage se cantonne désormais au rameaux proches du tronc. - Un très grand chêne semble défier les lois de l’équilibre. L’extrémité de sa cime ayant

19

été cassée par le vent, une branche latérale, prenant naissance à mi-hauteur de l’arbre, a connu une si forte croissance qu’elle dépasse aujourd’hui la cime de plusieurs mètres. Ayant produit une abondante ramification, elle déséquilibre la masse du feuillage par rapport à l’axe du tronc, accentuant ainsi le risque de déracinement de l’arbre au prochain gros coup de vent. - Hormis l’excroissance formée par la seconde cime, la silhouette de l’arbre en feuille évoque désormais une haute tour. Avant la tempête, le chêne poussait parmi d’autres arbres de même grandeur que lui. A cause de l’ombre portée par ses voisins son tronc était dépourvu de branches sur la première moitié de sa hauteur. Après les bourrasques, le chêne s’est retrouvé isolé et éclairé des pieds à la tête, ce qui a provoqué la pousse de branches latérales tout le long de son tronc, appelées « gourmands ». Récolter d’avril à novembre : Les bords du chemin ne sont pas encore trop ombrés par les jeunes arbres, ce dont profite la flore herbacée et arbustive des lieux. Au gré des saisons vous pourrez facilement faire provision de petits fruits comestibles : fraises, mûres, cenelles d’aubépines, cynorhodons et noisettes, ainsi que de plantes à tisane ou à salades : coucou, violette, chicorée, mauve, tussilage…

Œuvre 132 : Sanaz Azari, Immigrare I (VdF 2007). Coordonnées GPS : 48°56'15.9''N, 5°26'19.4''E

Poste 12 : Galette de grouine Coordonnées : 48°56'13.4''N, 5°26'33.3''E Observer : En bordure du chemin, cette souche d’arbre renversé par le vent a conservé une galette de terre et de cailloux prise entre ses racines. Elle révèle la présence d’un affleurement de « grouine » sous l’humus forestier. On désigne ainsi le dépôt d’un mélange de sable et de graviers, ces particules présentant des angles vifs. Le tout est enrobé et légèrement cimenté par de l’argile. Celle-ci contient un oxyde de fer qui confère à la grouine sa couleur ocre jaune. Cette formation géologique provient de la dégradation de roches calcaires sous l’effet du climat qui régna ici de quatre-vingt mille à vingt mille ans avant notre ère. Il se caractérisa par une alternance rapide de périodes de gel et de dégel qui favorisa la fraction des minéraux en petits éléments. Ceux-ci furent déplacés au pied des reliefs par les eaux ruisselantes et formèrent des dépôts, épais parfois de plusieurs dizaines de mètres. Dans la région, on trouve la « grouine » en abondance dans la vallée de la Meuse ou le long des pentes de la côte de Meuse. Dans la contrée, elle servait autrefois à la réalisation de murs en torchis ou d’aires de battage pour les céréales. Elle entrait également dans la composition du mortier ou du crépi des murs en moellons. Actuellement on l’emploie surtout

20 comme remblais de chemins et assise de chaussées. Une ancienne carrière de grouine est visible à l’entrée du village de Lahaymeix (Poste 21). Faire : Prendre en main une poignée de grouine. Sa plus importante fraction est constituée de particules mesurant deux à cinq millimètres de plus grande dimension. Elles sont appelées « graviers ». Les composants qui sont inférieurs à cette taille mais que l’on peut encore sentir rouler sous ses doigts sont dits « sableux ». Les particules formant une poussière impalpable sont de nature « argileuse ». La proportion de ces trois fractions et les angles vifs des particules palpables confèrent à la grouine de bonnes capacités à rester durablement compacte après avoir été tassée, propriété mise à profit en construction et en génie civil.

Poste 13 : Frênaie Coordonnées : 48°56'13.2''N, 5°26'34.6''E Observer : Ici, vous êtes entouré par plusieurs frênes de belle taille. - Le frêne le plus imposant du secteur est corseté par un lierre vénérable. Son écorce grisâtre est parcourue de petites fissures peu profondes et orientées verticalement, signe d’un grand âge. - Vous apercevez également plusieurs frênes dont le tronc a fourché à faible hauteur du sol, sans doute à cause d’une forte gelée de printemps qui détruisit la pousse venant d’éclore à la cime du jeune arbre. En réaction, la croissance du tronc en hauteur a incombé à deux bourgeons placés en-dessous de la pousse moribonde. - D’autres sujets ont le tronc divisé en plusieurs tiges à la base. Ils sont issus de souches d’arbres qui furent coupés par les bûcherons. Des bourgeons qui « dormaient » sous l’écorce des souches se sont alors « réveillés » et se sont transformés en autant de brins. Ces formations végétales, nommées « cépées », produisent du bois de chauffage. Observer de juin à octobre : La feuille de frêne est composée de cinq à treize « folioles » qui semblent collées à un « pétiole » doté d’une base élargie.

21

Observer : Si vous regardez la litière à terre sous l’arbre, vous ne trouverez pas de feuilles entières mais des folioles et des pétioles séparés. Ces derniers portent les cicatrices du point d’attache des folioles. Ils mettent plus d’un an à disparaître alors que les folioles se dégradent rapidement en humus. Quelle que soit la saison, la présence de pétioles dénudés au pied d’un l’arbre suffit à reconnaître un frêne. Observer : En levant les yeux vers la cime, vous apercevez peu de branches maitresses. Elles sont prolongées par des branches plus fines, rectilignes et redressées, portant des étagements de deux rameaux disposés l’un en face de l’autre. Les ramilles suivent le même mode de division. Les feuilles y sont attachées par paires, placées en opposition et selon un axe perpendiculaire à celui de l’étage de feuilles du dessous. Les branches feuillues du frêne s’inscrivent donc dans un volume plus ou moins cylindrique alors que celles du hêtre ou du charme sont plates.

Observer de novembre à juin : En forêt, la fructification du frêne est très irrégulière, environ une tous les quatre ans. Les fruits sont des « samares » munies d’une aile droite qui permet la dissémination des graines par le vent. Elles sont regroupées en grappes pendantes sur les branches. Elles y restent attachées tout l’hiver et souvent même pendant toute la belle saison qui suit. Sur l’arbre, elles sont appréciées par les oiseaux granivores tels que le verdier, le gros-bec ou le bouvreuil mais aussi par l’écureuil. Une fois tombées à terre, elles sont recherchées par les mulots et par les campagnols roussâtres qui les consomment sur place ou les transportent dans leurs entrepôts. Observer de juin à octobre : Si le soleil brille, levez les yeux et appréciez le jeu des rais de lumière qui traversent la frondaison des frênes, tandis que les feuilles elles-mêmes apparaissent d’un vert clair légèrement translucide. Cette lumière qui parvient au sol profite ici à de jeunes plants d’érables sycomores, de noisetiers et de frênes. Vous cheminerez parmi cette jeunesse en empruntant la sente d’accès à l’œuvre « Cachée » (N° 128bis).

22

Écouter d’avril à juillet : En marchant sur la sente d’accès à l’œuvre « Cachée » (N° 128bis), vous serez sans doute accompagné par des rafales de « tit-tit » aigus, constituant le cri d’alarme du Troglodyte mignon, résident assidu du lieu. Vous prenant pour un pilleur de nids, l’oiseau se montrera peut-être à faible distance afin de détourner votre attention,. Vous pourrez alors détailler cette minuscule boule brune piquée d’une queue souvent dressée. Il est habituellement très remuant au sol, recherchant sous les feuilles les petits invertébrés dont il se nourrit. Il se faufile comme une souris dans la végétation basse ou vole parfois en rase-motte très rapide sur de courtes distances. Observer de février à mai : La Petite pervenche, assez peu fréquente dans le massif de Marcaulieu, est ici à son aise, notamment sur les bordures de la sente menant à l’œuvre Cachée (N° 128bis). En toutes saisons, ses feuilles vert foncé et luisantes couvrent le sol, portées par des tiges rampantes. La fleur s’épanouit, solitaire, à l’extrémité d’un court rameau dressé, alors que les arbres sont encore dépourvus de feuilles. La plante est actuellement très en vogue, ayant la capacité d’améliorer la circulation sanguine du cerveau et de retarder sa sénescence. Mais elle doit impérativement être prescrite par un médecin.

Œuvre 128 : Lorentino, Cachée (VdF 2006). Coordonnées GPS : 48°56'12.1''N, 5°26'35.4''E

Œuvre 034 : Catherine Beloeil, La forêt m'est témoin (VdF 1999). Coordonnées GPS : 48°56'21.2''N, 5°26'48.2''E

Œuvre 095 : A. Huber / V. Mair / H. Schoönegger, Backbone (VdF 2003). Coordonnées GPS : 48°56'21.2''N, 5°26'48.2''E

23

Poste 14 : Angélique des bois Coordonnées GPS : 48°56'37.4''N, 5°26'38.4''E Observer : Au bord de cette partie du chemin, l’angélique des bois est à son aise. Cette plante fait partie de la famille des « ombellifères », caractérisée par la disposition dite « en ombelle » des fleurs sur la tige. Cette organisation compense la très petite taille des fleurs, souvent blanches ou jaunes. Car en se retrouvant ainsi disposées, elles forment une sorte de « super fleur ». Dans le cas de l’angélique, les fleurs sont assemblées en petites ombelles qui s’assemblent en une plus grande. Ici, la plante dépasse rarement un mètre de hauteur mais elle peut atteindre deux mètres, voire plus. Les ombellifères sauvages suscitent souvent la crainte car certaines d’entre elles peuvent être à l’origine de troubles de la peau à la suite d’un simple contact. D’autres, telle la Grande ciguë, qui est absente des lieux, provoquent de graves empoisonnements une fois ingérées. L’angélique peut susciter quelques réactions dermiques de contact, mais au vu de son utilité elle mérite néanmoins son nom, possédant de multiples vertus reconnues telles que la capacité à réduire les douleurs, la mauvaise digestion, les spasmes nerveux ou les troubles du sommeil. Grande ciguë et angélique se distinguent facilement à la forme de leur feuille ainsi qu’à leur odeur une fois froissée. Celle de la ciguë est forte et répugnante, évoquant l’urine de souris ou de chat. Celle de l’angélique est douce et aromatique. Goûter en juin et juillet : Croquer une jeune feuille d’Angélique des bois ou en collecter une poignée pour aromatiser une salade composée ou un potage. Faire : Collecter une tige sèche d’angélique ou d’une autre ombellifère de la localité et la couper en tronçons de dix à quinze centimètres avec un canif. Boucher une extrémité avec de la terre argileuse. Coincer les morceaux les uns contre les autres à l’abri de la pluie, sous une pierre, dans une cavité du sol ou d’un arbre. Orienter si possible l’ouverture libre des tubes vers le sud. Des insectes, tels que des bourdons, des abeilles solitaires ou des araignées apprécieront ce petit hôtel rustique.

24

Œuvre 158 : Karina Bisch, Twisted Cube (VdF 2010). Coordonnées GPS : 48°56'48.2''N, 5°26'33.7''E

Poste 15 : Le Grand poulain Coordonnées GPS: 48°56'59.7''N, 5°26'23.9''E Observer : Le pic vert est assez commun autour de Lahaymeix et parfois même dans le village, mais il ne se laisse pas facilement observer. Lorsqu’il est dérangé, on le reconnait assez aisément en vol à sa silhouette massive et à sa trajectoire ondulée, alliée à une certaine lenteur de déplacement. Celle-ci rend l’oiseau très vulnérable aux attaques de rapaces tels que l’autour des palombes ou le faucon pèlerin. Mais dès qu’il se pose dans un arbre, l’oiseau semble disparaître, bien camouflé dans le feuillage par son plumage vert. Il peut également s’agripper au tronc ou à une branche qui fera écran au regard d’une source possible de danger. Si nécessaire, il tournera autour de son perchoir en même temps que l’intrus se déplacera, afin de demeurer invisible. Écouter : Le pic vert se fait entendre bien plus souvent qu’il ne se montre. À Lahaymeix, il est appelé « grand poulain » à cause de son cri d’alarme portant loin, qui est comparé au hennissement du jeune cheval appelant sa mère. Ailleurs, la vocalise de l’oiseau est souvent assimilée à un éclat de rire moqueur. Observer : Le biotope favori du pic vert est fait de grands et vieux arbres, dans lesquels il se camoufle et creuse son nid, qui bordent des zones herbeuses rases et ensoleillées où les fourmis jaunes, ses proies favorites, vivent à leur aise. Les nids souterrains de ces insectes sociaux sont parfois surmontés de dômes de terre, signe qu’ils sont établis là depuis plusieurs années et que leur population est importante. Quand il en trouve un, le pic vert le défonce avec son bec et capture ses habitants avec sa longue langue collante. Malheureusement, les labours tendent actuellement à remplacer les prairies, tandis que les pâturages restants sont régulièrement fertilisés pour produire plus de fourrage. En conséquence, l’herbe y pousse plus haute et plus serrée qu’autrefois et le sol devient trop froid et trop humide pour que les fourmis puissent prospérer. Par suite, la population locale de pics verts a régressée.

25

Écouter en février, mars et avril : D’autres espèces de pics fréquentent les lieux. À cette période de l’année elles peuvent être reconnues au rythme, à la puissance et à la durée du « tambourinage » qu’ils font entendre à toute heure du jour. Avec son bec, l’oiseau frappe un tronc sec ou une branche faisant office de caisse de résonnance. Les coups sont donnés à une fréquence très élevée au cours d’une courte période, celle-ci pouvant être renouvelée plusieurs fois de suite. Comme les chants nuptiaux, le tambourinage signale aux congénères d’un couple de pics qu’ils n’ont pas le droit de pénétrer dans l’espace où le concert est audible. Le tambourinage ne doit pas être confondu avec le martèlement émis lorsque le pic frappe du bec un tronc ou une branche à la recherche de nourriture ou pour forer sa loge. Ce bruit est irrégulier et beaucoup moins puissant que le tambourinage. Il peut être entendu toute l’année. - La période du tambourinage du pic épeiche dure un peu plus qu’une demi-seconde, pendant laquelle l’oiseau donne une dizaine de coups de bec. Elle se reproduit fréquemment après un silence d’une dizaine de secondes. Le son porte à huit cents mètres au maximum. - La période du tambourinage du pic épeichette dure un peu plus d’une seconde pendant laquelle l’oiseau donne une trentaine de coups de bec. Souvent l’oiseau piaille avant de recommencer à tambouriner. Ce cycle peut se poursuivre une dizaine de fois par minutes. Il n’est pas audible au-delà de trois ou quatre cents mètres. - La période du tambourinage du pic noir dure autour de deux à trois secondes pendant lesquelles l’oiseau donne une trentaine de coups de bec. Il adopte une fréquence de deux à sept tambourinages par minutes qui peuvent porter jusqu’à deux kilomètres.

Poste 16 : Viorne lantane Coordonnées GPS : 48°57'02.6''N, 5°26'20.0''E Observer : Les grandes feuilles ovales, épaisses et rugueuses la viorne lantane sont étagées par paires sur la tige. Finement dentées, elles sont poilues au-dessus et duveteuse grise au-dessous. Dans cette lisière forestière, l’arbuste cohabite avec d’autres essences qui aiment comme lui une exposition bien ensoleillée, tels les genévriers. Observer : Les feuilles de l’alisier blanc et les feuilles de la viorne lantane se ressemblent. Mais les premières sont doublement et irrégulièrement dentées tandis que les secondes sont régulièrement bordées de dents simples. Faire : Gratter l’écorce superficielle d’un rameau. Son écorce interne, tout comme les racines de la plante, contiennent un suc visqueux et collant, autrefois utilisé pour piéger les chenilles et autres insectes nuisibles des jardins et des vergers.

26

Faire : Couper un jeune rameau de viorne lantane. Vous pouvez le nouer en nœud plat sans qu’il ne se casse. Autrefois les plus longs rameaux de l’arbuste étaient prélevés pour confectionner des liens ou pour tresser des paniers. Observer et humer d’avril à juin : Les fleurs de la viorne lantane sont blanc crème et densément serrées sur leur ombelle. Leur parfum n’est pas spécialement agréable à notre nez mais il est attractif à coup sûr pour de nombreuses mouches et moucherons. Ces visiteurs ailés fécondent les fleurs avec le pollen qui s’est collé dans leurs poils lors de précédentes visites à des fleurs d’arbustes de la même espèce. Observer de fin août à novembre-décembre : Les fruits de la viorne lantane sont ovales, un peu aplatis et groupés en bouquets étalés. Ils virent du rouge au bleu- noir à maturité. Ils sont légèrement toxiques pour l’homme mais très appréciés par les oiseaux. Observer de novembre à février : En automne, les feuilles de la viorne lantane prennent une belle teinte rouge. Certaines restent sur l’arbuste jusqu’au printemps suivant. Observer de novembre à mi-avril : Les bourgeons de la viorne lantane sont dépourvus d’écailles et ne sont formés que de feuilles ou d’ombelles de fleurs pliées. En novembre, une petite tête ronde avec deux oreilles poilues apparait à l’extrémité de chaque rameau de viorne lantane : elle deviendra une ombelle de fleurs cernée de feuilles. Mi-avril, les feuilles sont entièrement épanouies et, dans l’ombelle déjà bien visible, les fleurs sont en boutons.

27

Œuvre 002 : Klaus Heid, Utopia : 8215 km dans le 260° (VdF 1997). Coordonnées GPS : 48°57'12.8''N, 5°26'19.1''E

Poste 17 : Sureau Coordonnées GPS : 48°57'09.2''N, 5°26'13.7''E Observer : Avec l’intensification des pratiques agricoles et sylvicoles, le sureau est devenu plus rare dans les forêts et les campagnes que dans les villages. Celui-ci est le seul sujet repéré sur l’ensemble des circuits du Vent des Forêts. Le sureau est pourtant une vraie machine de guerre pour se faire une place au soleil. - Ses feuilles et sa jeune écorce sont toxiques pour les herbivores. - Il fait grandir ses jeunes branches à une vitesse phénoménale, jusqu’à deux mètres par an. Cependant, il se contente, dans un premier temps, de les constituer d’une mince couche de bois superficielle remplie de moelle. Dans les années suivantes, si la branche a tenu bon, elle verra son canal médullaire se rétrécir jusqu’à presque disparaître, remplacé par du bois. C’est à cette particularité que le sureau doit son nom latin sambuca, venu du grec sambûke, la flûte. Car il est très facile d’évider des jeunes branches en enlevant la moelle pour confectionner cet instrument. Observer de février à avril : Les feuilles du sureau sont parmi les premières à sortir en février mais leur croissance reste très lente jusqu’à mi-mars. Elle s’accélère ensuite pour s’achever mi- avril alors que de nombreux arbres et arbustes commencent seulement leur feuillaison. Observer et humer d’avril à octobre : La feuille du sureau est découpée en cinq à sept parties appelées « folioles », rattachées à l’axe central, appelé « pédoncule », par une courte « tige ». Ce dernier point permet de la distinguer de la feuille du frêne, dont les folioles semblent collées au pédoncule. Autre élément caractérisant la feuille de sureau : si vous la froissez, elle dégage un parfum désagréable. Observer de fin mai à fin juin : Le sureau se couvre d’ombelles de petites fleurs blanc- crème intensément parfumées qui attirent

28 quantité d’insectes butineurs tels que des abeilles de plusieurs espèces, des syrphes, des mouches et des papillons. Ces animaux féconderont les fleurs en même temps qu’ils feront provision de pollen et de nectar. De nombreux petits coléoptères aux reflets métallisés, viennent manger le pollen, tels les cétoines, et s’installent parfois à demeure sur une corolle jusqu’à son flétrissement. Humer de fin mai à mi-juin : L’odeur de la fleur a valu à l’arbuste le surnom de « vanille du pauvre ». Pourtant, ce parfum est fort éloigné de celui de la gousse en question. Mais il se transmet facilement au lait et à l’eau, permettant ainsi d’aromatiser les desserts à bien moindre coût qu’avec de la « vraie » vanille. Faire de fin mai à mi-juin : Détacher les fleurs d’une ombelle et les laisser infuser dans une tasse d’eau bouillante. Une fois filtrée, utiliser cette infusion pour se démaquiller et adoucir la peau, ou comme une originale lotion après rasage, à la fois tonifiante et délicatement parfumée. Goûter de fin mai à mi-juin : Séparer une ombelle de fleurs de sureau à peine écloses en une dizaine de bouquets. Trempez-les dans de la pâte à frire puis plongez-les dans l’huile chaude. Une fois cuits, égouttez vos mini-beignets sur un essuie-tout, saupoudrez-les de sucre et consommez-les encore tièdes. La tige principale du bouquet ne se mange pas. Elle sert juste au trempage des fleurs dans la pâte puis à mettre le beignet en bouche. Observer de juillet à septembre : Les fleurs du sureau se transforment en autant de baies, virant du vert au rouge puis au noir violacé, signe de maturité et de disparition de certains poisons qui étaient jusque-là présents dans les fruits. Elles font alors le régal des oiseaux : merles noirs et grives, ainsi que de certains mammifères, notamment les blaireaux. Les graines avalées avec la pulpe du fruit seront expulsées dans les fientes ou dans les crottes, parfois après un long voyage passé dans le ventre de l’animal, ce qui accroit par ailleurs leur capacité germinative. Gouter fin août et septembre : Manger quelques baies bien mûres reconnaissables à leur couleur noir- violacé. Le sureau tire son nom français de leur goût acide et aigre désigné par l’adjectif « sur(e) ». À plus haute dose, leur consommation peut occasionner des troubles à cause de la présence de substances quelque peu toxiques mais qui sont détruites par la cuisson. La consommation de sirop de baies de sureau renforce les défenses immunitaires. C’est un remède éprouvé de longue date pour prévenir les infections virales saisonnières telles que la grippe, ou pour raccourcir leur évolution. En fait, toutes les parties du sureau ont une utilité pour l’homme. Les baies peuvent également servir à fabriquer du vin, de la gelée, de l’encre, des colorants… On tire des feuilles un purin qui est répulsif pour certains insectes et mammifères. Les jeunes branches et la moelle se transforment en une panoplie de jouets et de jeux. 29

Poste 18 : La victoire du hêtre sur le chêne Coordonnées GPS : 48°56'59.4''N, 5°25'28.7''E

Observer : La lumière en provenance de la lisière toute proche permet à de nombreux jeunes plants d’arbres de prospérer. Au pied du chêne, sur à peine un mètre carré vous pouvez repérer des charmes, des hêtres, des frênes, des chênes, des érables champêtres et des noisetiers. Tous ont réussi à se glisser entre le lierre qui tapisse le sol et les ronces qui tentent elles-aussi de se faire une place au soleil. La compétition s’annonce donc féroce dans les années à venir quand tout ce petit monde aura grandi, car il n’y aura plus assez d’espace et de lumière disponible pour tous. Les glands ont donc trouvé ici assez de soleil pour se transformer en jeunes plants. Mais quand vous vous avancerez plus en avant dans la forêt, vous constaterez leur complète disparition tandis que les rejetons des autres essences continueront à être présents, et notamment les hêtres. Le hêtre constitue en effet l’essence dominante de cette portion du massif, ce qui rend quasiment impossible la régénération naturelle du chêne. Pourtant, le jeune chêne pousse plus vite que le jeune hêtre. Mais il a besoin d’une intensité lumineuse qu’il ne peut trouver sous les hêtres et même sous les chênes. Quant au hêtre, il se suffit d’une semi pénombre pour s’installer. Puis il grandit lentement sous les grands arbres jusqu’à les dépasser. Il finit ainsi par évincer les chênes, ainsi que les pins ou les bouleaux. Si le sylviculteur voulait orienter la production forestière des lieux vers le chêne, il devrait donc préalablement supprimer les jeunes hêtres, puis éclaircir suffisamment le peuplement des grands arbres pour que le sol soit bien éclairé, permettant ainsi aux jeunes chênes de prospérer. Il lui faudrait ensuite procéder régulièrement à l’élimination des essences ayant une croissance plus rapide que celle du chêne : bouleaux, noisetiers…jusqu’à ce que ses protégés soient suffisamment hauts pour ne plus craindre leur concurrence.

Oeuvre 152 : Vincent Kohler, Wikiki (VdF 2009). Coordonnées GPS : 48°57'01.6''N, 5°25'15.2''E

30

Poste 19 : Origan et verge d’or Coordonnées GPS : 48°57'01.1''N, 5°24'48.7''E Observer : La clairière réalisée pour l’installation de l’antenne-relais est établie sur un sol bien exposé au soleil, caillouteux, pauvre en humus et laissant rapidement filtrer l’eau de pluie. L’origan a donc pu s’installer ici sans être concurrencé par des végétaux à croissance précoce et vigoureuse qui sont très gourmands en eau et en nourriture, tels que les graminées des prairies de pâture, les orties ou les pissenlits. L’origan est également appelé « marjolaine sauvage », la marjolaine de nos jardins étant une forme domestiquée d’origan originaire d’Afrique du nord. Observer d’avril à fin mai : Les jeunes pousses d’origan se reconnaissent à leur forme et à leur couleur vert lumineux, ainsi qu’à leur discret parfum aromatique évoquant un mélange de menthe et de thym. L’origan a une croissance lente, qui démarre tardivement mais qui nécessite très peu d’eau pour se poursuivre jusqu’à la floraison. Faire de mai à octobre : Rouler une tige d’origan entre les extrémités du pouce et de l’index pour constater que celle-ci a une section carrée. Humer et goûter de juin à octobre : Prélever quelques feuilles et les froisser. Elles dégagent alors un parfum très aromatique, évoquant un doux mélange de menthe, de thym et de lavande. Mâchées crues puis recrachées, elles parfument agréablement la bouche et rafraichissent l’haleine. Un brin d’origan fraichement cueilli fait une bonne tige à mâcher. Observer de fin juin à fin septembre : Les fleurs s’agglomèrent au sommet des tiges en boules irrégulières. Chaque minuscule fleur rose, est en forme de tube évasé qui se termine par cinq dents arrondies. La base du tube est presque cachée par un entourage de petites feuilles rouge violet. Goûter de fin juin à septembre : La tisane d’origan frais est presque unanimement très appréciée, notamment par les enfants. Sa belle couleur rouge s’ajoute au plaisir de sa dégustation. Utiliser une tige fleurie par tasse, avec ses fleurs et ses feuilles. En médecine douce, elle est recommandée pour stimuler l’appétit, calmer les maux d’estomac, favoriser la détente nerveuse et le sommeil.

31

Attention : Cueillir la plante en coupant la tige avec les ongles ou mieux, avec un canif ou des ciseaux, afin d’éviter d’arracher les racines, ce qui pourrait engendrer à la disparition de la plante en ces lieux. Faire en juillet : Glisser quelques tiges d’origan aux fleurs à peine épanouies dans un flacon d’huile d’olive. Elles lui communiqueront ainsi leur parfum. Observer en août-septembre : La floraison de l’origan est accompagnée par celle d’une plante de grande taille appelée « verge d’or géante ». Elle apporte son jaune lumineux aux couleurs de l’été finissant. Cette espèce, originaire d’Amérique du nord, est dite « invasive », car elle peut se développer au point de supplanter des espèces locales, appauvrissant ainsi la diversité floristique des lieux.

Œuvre 105 : Faust Cardinali, Sans Titre (VdF 2004). Coordonnées GPS : 48°56'59.9''N, 5°24'49.1''E

Poste 20 : Pin sylvestre et ancien village Coordonnées GPS : 48°56'53.6''N, 5°24'54.7'E Observer : Pour reconnaître les résineux autour de vous, regardez la partie supérieure des troncs. Leur couleur rouge brique est caractéristique du pin sylvestre. Le vert-clair et légèrement bleuté du feuillage est un autre élément de reconnaissance de cette essence. Notez la diversité de la végétation en sous-bois. Elle est favorisée par l’importance du rayonnement solaire traversant la frondaison clairsemée des pins, ainsi que par la faible teneur en substances herbicides contenue dans les aiguilles tombées à terre. Celle-ci est bien plus élevée dans les aiguilles des autres résineux, tels les épicéas sous lesquels la végétation herbacée est très pauvre, voire absente. Observer : L’extension de la forêt autour de Lahaymeix est liée à la baisse démographique et à la dépréciation des terres agricoles du village qui s’amorcèrent au milieu du 19ème siècle. Jusque-là, la forêt n’occupait que le sommet du coteau et vous auriez marché ici avec des labours et des prairies de part et d’autre du chemin. Jusqu’au 14ème siècle vous auriez aperçu sur votre gauche le village de Saint-Germain qui fut abandonné lors de la création du village de Lahaymeix par les moines de Saint-Benoît associés 32 au comte de Bar. L’église est restée visible jusqu’en 1725, année de sa destruction ordonnée par l’évêque de . Aujourd’hui il ne reste plus que la toponymie du lieu pour rappeler au souvenir du village disparu, « L.es Grèves », signifiant « les pierres » en patois meusien.

Œuvre 118bis : François Génot, Entrelacs (VdF 2005). Coordonnées GPS : 48°56'47.3''N, 5°24'50.9''E

Poste 21 : Ancienne carrière de grouine Coordonnées GPS : 48°56'34.5''N, 5°24'47.5''E Dans cette ancienne carrière, on devine que la grouine (voir poste 12) s’est accumulée par couches plus ou moins épaisses, appelées « strates », dont les limites sont plus ou moins parallèles. Ces strates peuvent être différenciées par la grosseur moyenne des particules qui les composent (granulométrie) ainsi que par la couleur de l’argile qui enrobe les grains, celle-ci allant du brun-jaune au brun rougeâtre. L’une d’elle inclut de gros morceaux de roches. Ceux-ci ont été charriés jusque-là, en même temps que les plus fines particules, par les eaux qui ruisselaient sur la pente de la colline aux périodes de dégel. Plusieurs vieilles maisons de Lahaymeix laissent voir la grouine utilisée pour le crépi de

33 façade ou comme mortier de leurs murs en moellons, par exemple, le N°2bis rue de l’Abreuvoir.

Poste 22 : Vanne de chute d’eau de moulin Coordonnées GPS : 48°56'30.2''N, 5°24'44.3''E Observer : On aperçoit depuis ce poste la chute d’eau d’un moulin qui fut édifié vers 1220 sur le ruisseau de Saint- Germain. Monsieur Traxler, tué en 1914, en fut le dernier meunier. La roue était encore en place vers 1940. Puis la bâtisse se délabra et les pierres de ses murs ont été réemployées pour la construction d’autres maisons. L’assemblage en pierres taillées, visible depuis ce point de vue, supportait deux vannes qui étaient plus ou moins soulevées pour régler le volume de l’arrivée d’eau sur les pales de la roue. En traversant la pâture puis le ruisseau, vous pouvez accéder aux fondations du moulin et aux maçonneries de la chute d’eau. Les lieux sont devenus le royaume bucolique des mousses et des plantes amies de l’eau : renoncule aquatique, cresson, ache fluviatile... Cependant, le site n’est pas aménagé pour la visite et présente quelques risques de chutes. La prudence est donc de mise.

Œuvre 166 : Les frères Chapuisat, La chambre forte (VdF 2011). Coordonnées GPS : 48°56'22.4''N, 5°24'31.4''E

34