Vie De La Société
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Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne, 7, 2009 – S.B.F.C., C.B.N.F.C. Inventaire et cartographie de la flore patrimoniale du Bassin Vi du Drugeon (2002-2007) e de la sociét par Julien Guyonneau, Max André et Yorick Ferrez Julien Guyonneau et Yorick Ferrez, Conservatoire botanique national de Franche-Comté, Maison de l'Environnement de Franche-Comté, 7 rue Voirin, F-25000 Besançon. Courriel : [email protected] Max André, 30, rue Pergaud, F-25300 Pontarlier Courriel : [email protected] Résumé – Cet article présente de manière synthétique les résultats et quelques exemples de l’inventaire des espèces patrimoniales du bassin de Drugeon (25). Sur la proposition de la Communauté de com- é munes du plateau de Frasne et du val du Drugeon, la Société Botanique de Franche-Comté a réalisé les prospections de terrain de 2002 à 2007, permettant de localiser précisément les espèces rares ou pro- tégées sur l’ensemble du site. Les résultats, mis en forme par le Conservatoire botanique national de Franche-Comté, mettent en évidence un patrimoine floristique exceptionnel et inédit. 969 stations de 70 espèces patrimoniales sont identifiées sur une surface cumulée de 294 hectares. Pour certaines espè- ces, liées notamment aux milieux tourbeux, le site présente une responsabilité particulière vis-à-vis de leur conservation. Mots-clés : flore patrimoniale et menacée, Bassin du Drugeon, Doubs. u regard de la bibliographie déjà largement assurée quand la stricta (Sw.) Hiern, taxon malheu- disponible, le bassin du Société botanique de France orga- reusement disparu de la flore fran- A Drugeon apparaît comme nisa, en juillet-août 1869, une ses- çaise. Citons encore Charles Henri un secteur géographique régulière- sion extraordinaire à Pontarlier. Godet (1797-1879), François Hétier ment prospecté par les botanistes (1861-1940), Antoine Magnin depuis la fin du XVIIIe siècle. La Parmi les botanistes jurassiens qui (1848-1926) et Louis Hillier (1869- notoriété des tourbières du secteur, ont prospecté avec assiduité le 1962), qui furent également de par la présence de plantes rares, a bassin du Drugeon, on peut citer très fins connaisseurs de la flore toujours attiré d'éminents spécia- Charles Grenier, qui découvrit, en du Haut-Doubs et du bassin du listes. C’est certainement Girod de 1868, Agrostis schraederianaa Bech. Drugeon. Chantrans1 (1750-1841), lors de (non revu de nos jours) dans la son séjour au fort de Joux (1784- grande tourbière de Pontarlier. Plus près de nous, GUINOCHET et 1791), qui a fait connaître la grande De même, ce fut certainement cet GILLET () et ROYERR et VADAM richesse de la zone à ses confrères, auteur qui découvrit, en juin 1863, (1980a, 1980b, 1983) étudient en et tout particulièrement à Charles Calamagrostis strictaa (Timm) Koeler, détail les végétations des tourbiè- Grenier (1808-1875). La réputa- ajoutant ainsi une nouvelle espèce res du massif jurassien et notam- tion du bassin du Drugeon était pour la France. Marcellin Garnier ment celles situées entre Frasne et (1794-1862) de Salins est probable- Pontarlier. À la même époque, Jean- 1. Il découvre notamment Betula nana, Saxifraga hirculus, Sedum villosum... ment le découvreur de Minuartia François PROST (1977, 1980), dans 3 Inventaire et cartographie de la flore patrimoniale du Bassin du Drugeon (2002-2007) le cadre des travaux menés par le teau de Frasne et du val du Drugeon faisant l'objet d'une prospection comité de liaison pour les recher- à proposer une cartographie pré- sur un an. ches écofaunistiques dans le Jura, cise de l’ensemble de la zone. Les conduit une étude approfondie objectifs étaient d’une part d'amé- La localisation sur le terrain a été des tourbières, lacs et marais de la liorer la connaissance et l'identifi- réalisée au GPS. Chaque relevé chaîne jurassienne. C'est l'occasion cation des principaux enjeux de GPS ayant au moins un écart cor- pour ces auteurs de découvrir dans conservation de cette biodiversité respondant à la précision (5 à 10 le bassin de nombreuses localités, et d’autre part de disposer d'un mètres), l'observation d'une popu- souvent inédites, de plantes parti- inventaire localisé et précis des espè- lation a pu se faire par l'acquisition culièrement rares : Calamagrostis ces patrimoniales au sein du site de plusieurs pointages au GPS. stricta (Timm) Koeler, Carex ces- Natura 2000. Il devenait prioritaire pitosaa L., Carex chordorrhizaa L.f., de pouvoir informer, en amont de Une liste de 59 taxons de plan- Carex heleonastess L.f. et Liparis loe- toute intervention humaine (amé- tes vasculaires avait été établie au selii (L.) Rich.. nagement, gestion conservatoire), départ par ANDRÉ et al. (2003). de la présence d’espèces patrimo- Elle représentait la totalité des espè- Dans une période encore plus niales sur la zone considérée. Cette ces protégées, menacées ou rares récente, de nouvelles prospections mission2 a été réalisée conjointe- présentes dans le site (au sens de des tourbières et marais, mais éga- ment par la Société botanique de FERREZ et all., 2001). Une adapta- lement des milieux secs, ont donné Franche-Comté (SBFC), la Réserve tion a été faite en cours d'inven- lieu à de nouvelles publications de Naturelle du lac de Remoray et le taire avec la réalisation de la liste PROST (1994, 2000), de COSSON Bureau d'étude Y. FERREZ. La mise rouge de la flore régionale mena- et MORCRETTE (1999), de ANDRÉ en forme des données a été finali- cée (FERREZ, 2004). (2001a, 2001b, 2002, 2003, 2004) sée par le Conservatoire botanique et de ANDRÉ et FERREZ (2002, national de Franche-Comté. D'autres données (y compris celles 2003) qui ont encore mis au jour ayant trait à des bryophytes proté- des découvertes surprenantes d'es- gées ou menacées) ont été intégrées pèces jusque là inconnues dans le Méthodologie à cet inventaire : celles concernant bassin du Drugeon (Véronique le suivi d'espèces patrimoniales d'Autriche, Oseille aquatique, Gagée La cartographie floristique a consisté (Calamagrostis strictaa (Timm) Koeler, jaune, Potamot des Alpes), ainsi que à localiser précisément les popula- Carex heleonastess L.f., Liparis loeselii la multiplication du nombre de tions d'espèces d'intérêt patrimonial (L.) Rich. ou Saxifraga hirculuss L.), localités de certaines espèces rares et à évaluer leurs effectifs sur l'en- celles concernant le bilan stationnel (Gesse de Bauhin, Millepertuis de semble du site Natura 2000. d’Eriophorum gracilee Koch ex Roth, Richer, Stellaire des marais, Potamot ainsi que de nombreux pointages à feuilles obtuses, Potamot à feuilles Les données plus anciennes, bien réalisés lors de la cartographie du de graminée. Enfin, des études récen- que nombreuses, n'ont pas été inté- marais des Levresses (GUYONNEAU, tes sur la végétation, notamment grées à ce travail étant donné que 2005), des prairies du site Natura cartographiques, ont également leurs localisations sont souvent 2000 en 2007 (GUYONNEAU et permis d'améliorer la connaissance imprécises et que les informations MADY, 2007) et de la cartogra- floristique du secteur : FERREZ et quantitatives sont le plus souvent phie de l’Espace Naturel Sensible SCHMITT (1994), PERRINET (1995), inexistantes. Ces données, ainsi du lac de Bouverans (GUYONNEAU ADRIAENS et FERREZ (1999) et que les données bibliographiques, et all, 2008). GUYONNEAU (2005). ont servi à la recherche de taxons sur certains sites. Toutes les données sont intégrées Cette prise de conscience progres- dans une base de données SIG, sive de l’importance stratégique du La recherche des espèces s'est étalée dont la table de données renseigne site en matière de conservation de sur une période de six ans (2002 à a minima le nom du taxon, l'effec- la biodiversité et sa reconnaissance 2007). La zone a donc été décou- tif compté, l'année d'observation officielle (Zone Natura 2000, site pée en six secteurs, chaque partie et le nom de l'observateur. Ramsar) ont conduit, en 2002, la 2. Nous n’évoquons dans cette publication que les Communauté de communes du pla- inventaires botaniques réalisés sur la zone. 4 Les Nouvelles Archives de la Flore jurassienne, 7, 2009 – S.B.F.C., C.B.N.F.C. Résultats ces. Un suivi de l'effectif total de la nombre élevé de stations (59), la station ou de l'abondance estimée surface occupée est plus limitée (18 C'est ainsi qu'après 6 années d'in- est également indiqué pour chaque hectares). Sa répartition, illustrée ventaire, les résultats bruts comp- année à condition que ces indica- par la figure 3, montre assez claire- tent 9 139 enregistrements pour 70 teurs aient été renseignés. Le logi- ment le lien que l'espèce entretient taxons dont 6 bryophytes, consi- ciel SIG a permis en outre de calcu- avec le cours d'eau, ce qui limite sa gnés dans la base de données SIG. ler une surface indicative basée sur répartition globale sur le site; Chaque donnée étant liée à un point, une surface tampon de 10 mètres – Carex limosa L. (protégée en la compréhension des populations appliquée à chaque objet. France) est présente sur un grand est devenue difficile (figure n°1). nombre de localités disséminées Le tableau 1 présente le compte sur des surfaces plus restreintes Une manipulation des données, total du nombre de stations et la (figure 4). Au total, elle n’occupe devenue nécessaire, a été réalisée surface calculée pour chaque espèce. que 9 hectares. Son écologie étant en deux étapes : 969 stations d'espèces patrimonia- liée aux milieux tourbeux, elle peut – la première a consisté en l'agglo- les ont été identifiées et l'ensem- se rencontrer dans l’ensemble des mération des points initiaux pour ble occupe une surface cumulée tourbières. La surface occupée par que l'objet multi-point résultant de 294 hectares. En réalité, puis- station est donc très variable, allant corresponde à une observation que les stations se recouvrent pour de quelques mètres carrés localisés annuelle.