FRAC025462 0001 INV 1790.Pdf
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DÉPARTEMENT DU DOUBS VILLE DE PONTARLIER INVENTAIRE SOMMAIRE DES ARCHIVES COMMUNALES ANTÉRIEURES A 1790 RÉDIGÉ SOUS LA DIRECTION DE L'ARCHIVISTE DÉPARTEMENTAL PAR JULES MATHEZ BESANÇON IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE DE PAUL JACQUIN Grande-Rue, 14, à la Vieille-Intendance 1889 IMPRIMERIE DU DEPARTEMENT DU DOUBS BESANÇON 1986 REIMPRESSION DE L’EDITION DE 1889 COLLECTION DES INVENTAIRES SOMMAIRES DES ARCHIVES COMMUNALES ANTÉRIEURES A 1790 PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR VILLE DE PONTARLIER INVENTAIRE SOMMAIRE DES ARCHIVES COMMUNALES DE PONTARLIER Bâti à la jonction de trois voies antiques venant l’une de Besançon, l’autre de Lausanne, la troisième de Salins (1), sur un chemin fréquenté de temps immémorial par les marchands de Piémont et de Lombardie ou par les convois de sel expédiés sur la Savoie ou sur l’Helvétie, Pontarlier doit son origine comme son développement actuel au courant commercial qui en fait encore aujourd’hui l’entrepôt des montagnes du Doubs. D’Usier à la Cluse, protégé aux deux extrémités par une forteresse imposante, s’étendait, au moment de la décadence romaine, le Filum Usiacum de la carte Théodosienne. Inutile de chercher sous ce vocable l’emplacement d’une ville, car celte station, au lieu d’être une agglomération d’édifices, se composait d’une foule d’hôtelleries, d’abris, d’écuries ou relais, voire même de péages appartenant au fisc, disséminés sur plusieurs lieues d’étendue et prélevant sur les voyageurs soit des taxes officielles, soit des contributions vo lontaires. Quand les Burgondes eurent recueilli à Pontarlier l’héritage de l’Empire et relevé dans les postes de Joux et d’Usier les sentinelles romaines, les défilés de la Cluse conservèrent le monopole du commerce, mais la population du Filum Usiacum tendit de plus en plus à se grouper sous la protection des vainqueurs. Elle le fit naturellement sur trois points, d’abord autour des doux forteresses, puis au passage du Doubs, dont le fossé, quoique peu profond, pouvait abriter contre une surprise le bourg primitif de Pontarlier. Sur ce bourg, peuplé d’hommes libres, relevant du domaine royal de Bourgogne, comme ils avaient relevé naguère du fisc impérial, s’étendit naturellement l’influence des chefs burgondes qui se perpétuaient héréditairement dans la garde de la voie romaine, de Jougne à Usier, et dans la possession des deux châteaux qui en surveillaient les passages (2). Au vi° siècle, les libéralités des rois de Bourgogne ayant donné à la fameuse abbaye de Saint- Maurice d’Agaune Salins et le chemin qui y conduisait à travers les défilés du Jura, les gardiens de Joux et d’Usier devinrent naturellement d’abord les clients, les officiers de l’abbaye, et plus tard, au xe siècle, les (1) Ed. C l e r c , La Franche-Comté à l'époque romaine. 1847, in-8°. (2) On a découvert vers 1850, à Pontarlier, lieu dit « Fort Moisi, » un cimetière burgonde dont quelques armes ont été recueillies à la biblio thèque de la ville ; d’autres cimetières de la même époque se retrouvent à Bannans, Bulle, Chaffois, Dommartin, Frasne, Vuillecin, toujours dans la Chaux d’Arlier, au voisinage immédiat de la voie romaine. vassaux de la race princière à laquelle Salins fut inféodéARCHIVES COMMUNALESDEPONTARLIER.-PRÉFACE. par les moines d’Agaune. Pontarlier, son sol, ses habitants, passèrent sous la souveraineté des sires de Salins, et plus immédiatement dans la quasi-dépendance des sires de Joux et d’Usier (1). Entre ces deux familles, l’une souveraine, l’autre vassale, se partagèrent le droit de justice, les taxes péagères, les cens ou impôts fonciers prélevés sur la population libre ou main mortable de Pontarlier et de ses abords immédiats, connus de toute ancienneté sous le nom de Chaux d’Ar lier ; cette plaine marécageuse, entrecoupée de lacs et d’étangs, entourée d’un cirque de hautes collines ombragées de noirs sapins, se morcela promptement par les libéralités de la maison de Salins, ou les anticipations de la maison de Joux, entre l’abbaye transjurane de Romain-Môtiers, l’abbaye dijonnaise de Saint-Bénigne, et nombre de féodaux qui s’attachèrent à la fortune de l’un ou de l’autre des maîtres in contestés des montagnes. Au xie siècle, les sires de Salins sont encore tout-puissants ; au xiie siècle et au début du x i i i e , les sires de Joux régnent sur les deux versants du Jura, contenus seulement par les comtes de Neuchâtel du côté de Morteau et au levant, par la gardienneté des empereurs d’Allemagne du côté de Mouthe au sud, enfin, par les comtes de Bourgogne et les comtes de Chalon à l’ouest et au nord, sur les confins des terres de Rochejean, de Nozeroy et d’Usier. Dans ces conditions, l’influence des sires de Joux, toute-puissante à Pontarlier au XIIe siècle, y décline au xiiie, pour faire insensiblement place à celle de nos comtes (2). En 12-16, un traité formel conclu entre Jean de Chalon et Amauri de Joux, et ultérieurement appuyé par les armes, restreint les prétentions d’Amauri, constate les franchises des bourgeois de Pontarlier (et non des barons, comme on l’a trop longtemps écrit), et réserve les droits du comte Jean sur le chemin d’Houtaud à Boujailles (3), en interdisant au sire de Joux toute construction de forteresse de Pontarlier au Lac-Dampvauthier. Cette charte fixe l’origine de la commune de Pontarlier, puisque, sous l’autorité d’un prévôt seigneurial, elle nous montre les Pontissaliens donnant leur avis obligatoire, quand il s’agit d’aliéner les communaux ou d’en régler la jouissance. Les sires de Joux conservent, il est vrai, dans la ville, outre l’administration de la justice communale, dont ils nomment le prévôt, outre le commandement militaire, nombre de redevances, l'éminage, le banvin, une partie du produit brut du péage; mais ces droits, ils les tiennent en hommage des comtes de Bourgogne, dont la souveraineté s’affirme en pourvoyant à la garde et au péage du chemin d’Italie, en créant à Pontarlier un château d’où dépend tout un domaine, enfin en y établissant des officiers et une cour de justice que Philippe le Bel y maintiendra comme comte de Bourgogne (4). L’histoire du château de Joux n’en reste pas moins intimement liée de tout temps à celle de Pontarlier, dont il protège les abords. Tous les faits de guerre, toutes les invasions, tous les assauts subis par la ville, ont leur prélude ou leur complément sous les murs du donjon que les Blonay, les Vienne, les Hochberg, se transmettent de l’extinction de la branche aînée des Joux au xive siècle, jusqu’au jour où Maximilien (1) De Chambrier et Gingins La Sarraz, Généalogie de la maison de Joux ; Doc. inédits de l'Académie de Besançon, III, p. 117-297. (2) D ro z , Mémoires pour servir d l'hist. de Pontarlier , 1760 ; Gingins La Sarraz, Généalogie de la maison de Joux. (3) J’ai réédité cette chat te, inexactement publiée par Droz (Mémoires, p. 290) et par D u v e rn o y (D o c . inédits, III, 249), dans le Cartulaire des comtes de Bourgogne, n° x x i i i , p . 23. (4) V. Bulletin de l'Académie de Besançon, 1884, p. 246-248 et pl. IV, les sceaux de la cour de Pontarlier de 1280 à 1780 ; et dans le Bulletin d e la même Académie, 1882, p. 71-72 et pl. III, les sceaux municipaux de 1565 à 1790, que j’y ai publiés ou dessinés. d’Autriche l’enlève en 1507 et le réunit au Domaine (1). Détruit partiellement en 1298 et 1336 par les confé dérés comtois, en 1475 par les Suisses, en 1639 par Weymar, incendié accidentellement en 1656, 1675 et 1736, Pontarlier a perdu dans ces désastres toutes ses archives anciennes, en même temps que ses principaux monuments, que la Révolution a achevé d’anéantir. Aussi, quand l’historien François-Nicolas-Eugène Droz (2) se préoccupa, en 1760, d’écrire les annales de sa ville natale, ce fut aux chartriers de Montbenoît, de Mont- Sainte-Marie et de la Chambre des Comptes de Dole qu’il emprunta les éléments de son œuvre, les archives municipales ne les lui fournissant qu’à compter de 1640. Dans ces conditions, et malgré l’érudition réelle et le zèle de leur auteur, les Mémoires pour servir à l’histoire de Pontarlier, restés, malgré d’infructueux essais tentés pour les améliorer ou les refaire (3), le meilleur des écrits historiques que nous possédions sur cette ville, sont insuffisants et incomplets. Le développement commercial et municipal de Pontarlier sous le gou vernement intelligent des ducs de Bourgogne et de la maison d’Autriche y est à peine indiqué. Droz n’a pas connu la date précise de l’établissement de la mairie, substituée en fait dès 1537, en droit dès 1565, au gou vernement des échevins, ni l’existence du sceau daté que nous donnons pour épigraphe à ce volume, et qui marque la prise de possession des armoiries municipales, au moment où des lettres patentes de Philippe II, reconnaissant implicitement la commune, accordent aux Pontissaliens un octroi sur le sel (11 octobre 1565). Et cependant c’est de cette époque, où l’industrie multiplie sur le cours du Doubs les moulins et battoirs, les forges et martinets, les papeteries et les scieries, que commence l’accroissement notable de la ville, empruntant à son site et à son nom les armes parlantes d’un pont franchissant une rivière. Ses trois paroisses, son hôpital, six monastères d’Augustins (1284), de Jésuites (1613), d’Annonciades (1612), d’Ursu lines (1634), de Capucins (1618), de Bernardines (1665), des fortifications relativement imposantes, un audi toire royal, etc., inspirent alors au populaire une admiration dont il reste trace dans le vieux dicton patois : On ot biau virie, davirie, On ne voit ran de té que Pontarlie.