journal des Débats

Le jeudi 29 novembre 1973

Vol. 14-N° 4 TABLE DES MATIÈRES

Dépôt de documents Commission de police 103 Conférence interprovinciale 103 Rapport Gendron 103 Conseil des affaires sociales 103 Commission des transports 103

Questions orales des députés Ports pétroliers 103 Québécor 104 Autoroute de la Beauce 105 Orchestre symphonique de Montréal 105 Régime d'aide sociale 106 Cartonnerie de Cabano 106 Rapport du vérificateur général 107 Programmes hydronucléaires 108 Reprise du débat sur le message inaugural M. Claude Simard 109 M. Yvon Vallières 112 M. Lucien Lessard 113 M. Gilles Houde 118 M. Henri Lecours 123 M. 125 M. Jean-Claude Boutin 129 M. Jacques Tremblay 131 M. George Springate 135 M. Georges Massicotte 138 M, Jean-Marie Pelletier 139 M. Vincent Chagnon 139 M. Michel Gratton 141 Ajournement 143 103

(Quinze heures huit minutes) de déposer le rapport annuel 1972-1973 du Conseil des affaires sociales et de la famille. M. LAVOIE (président): A l'ordre, mes- sieurs! LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Avec votre permission, j'aimerais souligner la Transports. présence dans nos galeries d'un de nos collègues de récente date, l'ex-député de Sainte-Marie, M. Charles Tremblay. Commission des transports Affaires courantes. M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai l'hon- Dépôt de rapports de commissions élues. neur de déposer le rapport des activités de la Dépôt de rapports du greffier en loi sur les Commission des transports du Québec, pour projets de loi privés. l'exercice financier se terminant le 31 mars Présentation de motions non annoncées. 1973, incluant le rapport de la Régie des Présentation de projets de loi au nom du transports pour la période du 1er juillet 1972 gouvernement. au 15 février 1973. Présentation de projets de loi au nom des députés. LE PRESIDENT : Questions orales des dépu- Déclarations ministérielles. tés. Dépôt de documents. QUESTIONS DES DEPUTES DEPOT DE DOCUMENTS LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Op- LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la position officielle. Justice. Ports pétroliers Commission de police M. MORIN: M. le Président, j'avais l'honneur M. CHOQUETTE: M. le Président, je vou- de poser une triple question au premier minis- drais déposer le rapport annuel de la Commis- tre, hier, au sujet de l'article paru dans la sion de police du Québec, pour l'année 1972. Gazette et qui portait sur les projets des ports pétroliers du gouvernement. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Le premier ministre m'avait promis une Institutions financières, Compagnies et Coopé- réponse au sujet de ces déclarations parues dans ratives. la Gazette. Je lui demanderais, aujourd'hui, trois choses: Premièrement, s'il peut nier qu'il y a eu des dissensions au sein de son cabinet au Conférence interprovinciale sujet de l'octroi des contrats pour le port pétrolier; deuxièmement, s'il a pu identifier la M.TETLEY: M. le Président, j'ai l'honneur personne qui a fait ces déclarations; enfin, de déposer un condensé de la première confé- troisièmement, s'il va faire enquête sur les rence interprovinciale des ministres responsa- rapports qui existent entre le ministre des bles des questions relatives aux compagnies et à Richesses naturelles et ses fonctionnaires pour la protection du consommateur. vérifier s'il est vrai que ceux-ci n'ont pas confiance en leur ministre. Merci, M. le Prési- LE PRESIDENT: L'honorable ministre de dent. l'Education. M. BOURASSA: M. le Président, pour ce qui a trait à l'octroi des contrats, cela n'a pas été Rapport Gendron discuté au conseil des ministres et, dans l'arti- cle, il n'est fait mention d'aucun nom de firme. M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai l'hon- S'il fallait que le premier ministre du Québec neur de déposer le troisième volume du rapport commente chaque article de journal qui men- de la commission d'enquête sur la situation de tionne la possibilité de contrats à des firmes, il la langue française et sur les droits linguistiques lui resterait très peu de temps pour administrer. au Québec. Je pense que je peux référer le député de Sauvé et le chef de l'Opposition à l'article du LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Devoir de ce matin. Je comprends qu'il préfère Affaires sociales. peut-être la Gazette comme source d'information, mais il pourra...

Conseil des affaires sociales UNE VOIX: Ah! M. FORGET: M. le Président, j'ai l'honneur M. BOURASSA: Non, non! Mais le chef de 104 l'Opposition trouve cela drôle? Division au sein puis dire, c'est répéter ce que le ministre a dit de l'Opposition, M. le Président! hier, que les discussions actuelles étaient à l'état très préliminaire et ne pouvaient pas permettre UNE VOIX: II n'entend pas à rire. de conclure aux affirmations qu'a mentionnées le député de Saguenay. Même s'il y avait de très M. BOURASSA: M. le Président, je pense bonnes choses, dans l'article du Devoir, ce que le chef du gouvernement a trop à faire pour matin, sur ce point, je pense que les informa- commenter tout ce qui peut s'écrire. Tout ce tions n'étaient pas complètes. que je puis dire au chef de l'Opposition, c'est que le ministre des Richesses naturelles a fait M. LESSARD: Est-ce que le premier minis- ses preuves et a la totale confiance du gouverne- tre, en lisant l'article, se serait aperçu que ces ment et du chef du gouvernement. informations viennent directement d'un haut fonctionnaire du ministère des Richesses natu- M. MORIN: M. le Président, une question relles? Il semble que les hauts fonctionnaires ne supplémentaire à laquelle j'ose croire que le seraient pas informés. premier ministre va donner une réponse cohé- rente, une réponse pleine et entière. Est-ce que M. BOURASSA: M. le Président, cela dé- le premier ministre a été informé de la déclara- pend. Hier, c'était un autre fonctionnaire. tion faite hier par le ministre fédéral de Evidemment, il faudra peut-être voir ce que le l'Energie, M. Macdonald, à l'effet que le Québec gouvernement peut faire pour assurer la loyauté n'a pas la compétence voulue, le pouvoir de des fonctionnaires vis-à-vis du gouvernement. conclure des ententes avec un pays étranger en Hier, un autre fonctionnaire critiquait le minis- matière d'approvisionnement pétrolier? Est-ce tre. Ce matin, c'est un fonctionnaire qui louan- que le premier ministre accepte cette limitation geait le ministre. Je pense que c'est quand des pouvoirs constitutionnels du Québec? même du oui-dire, c'est le moins qu'on puisse dire. Je ne pense pas qu'il serait sérieux de la M. BOURASSA: M. le Président, de toute part du chef du gouvernement de commenter manière, c'est une limitation assez théorique. Si en détail de telles affirmations qui proviennent j'ai bien compris — je n'ai pas lu complètement de sources anonymes, sauf pour mentionner la déclaration du ministre qui doit en faire tous qu'il y avait une très nette contradiction entre les jours puisqu'il est appelé à répondre aux la Montreal Gazette qui inspire mon camarade, questions tous les jours — une société d'Etat du le député de Maisonneuve, et le journal Le Québec, qui représente l'Etat du Québec, peut Devoir. négocier avec les pays étrangers. Alors, cela revient au même à toutes fins pratiques. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda. M. LESSARD: Une question additionnelle, M. le Président, concernant justement l'article du Devoir. Est-ce que le premier ministre Québécor pourrait nous dire s'il est vrai que, suite à certaines discussions avec certains pays arabes, M. SAMSON: M. le Président, ma question ces pays seraient prêts à approvisionner en s'adresse à l'honorable premier ministre. Le pétrole le Québec pour une somme allant de premier ministre pourrait-il nous dire s'il est $800 millions à $1 milliard? Deuxièmement, exact qu'il a dû intervenir personnellement aux est-ce qu'il est vrai que l'Arabie Saoudite serait fins d'aider l'entreprise québécoise Québécor à prête à investir dans... s'approvisionner en papier journal? Deuxième- ment, est-ce que le premier ministre peut nous DES VOIX: Ah! Ah! dire s'il a réussi enfin, par son intervention, à résoudre entièrement ou partiellement le pro- M. LESSARD: Oui, messieurs, le Robert blème de cette entreprise québécoise? affirme que c'est bien Arabie Saoudite. Pas Et le premier ministre peut-il assurer à cette votre Robert, là! Donc, est-il vrai que l'Arabie Chambre que les entreprises québécoises seront Saoudite serait prête à investir, avec le Québec, désormais servies avant que les compagnies $300 millions dans un projet de complexe papetières exportent à l'extérieur de la province pétrochimique? le papier journal? M. BOURASSA: Le ministre a répondu M. BOURASSA: Je suis intervenu personnel- avant-hier et hier. Je n'ai pas d'objection à ce lement au tout début. Il y a eu une rencontre que le député pose des questions. C'est quand hier entre M. Paul Lachance, qui est président même une question importante. Le chef du de l'Association des compagnies de pâtes et Parti québécois disait ce matin, dans un journal, papiers, et les représentants de Québécor. Les que si nous étions indépendants, les Arabes informations que j'ai eues aujourd'hui et que je seraient prêts à investir des centaines de mil- dois vérifier aujourd'hui, c'est qu'on serait lions de dollars au Québec. Je ne sais pas où il arrivé à une solution satisfaisante pour les trouve ses sources d'information. Tout ce que je entreprises québécoises. Mais il est évident que 105 si on n'arrive pas à une solution satisfaisante M. ROY: Question additionnelle sur des pour les entreprises québécoises, sur le plan de questions que j'ai déjà posées en Chambre. l'approvisionnement à des prix du marché ou à Est-ce que le ministre peut me dire, à propos de des prix concurrentiels, le gouvernement inter- cette autoroute, comment il se fait que les viendra par législation. appels d'offres ne semblent pas avoir été ou- verts ou que les contrats ne semblent pas avoir M. SAMSON: Question supplémentaire. Est- été accordés? ce qu'il a été porté à l'attention du premier Ceci aurait été une décision prise au tout ministre d'autres cas semblables à celui de début de la campagne électorale. Est-ce que le Québécor ou si le cas aurait été isolé? ministre pourrait faire le point de la situation et nous dire, justement à propos de cette autorou- M. BOURASSA: II y a un autre cas qui a été te, où en sont rendus les travaux préliminaires porté à mon attention. et quand le gouvernement entend-il prendre les mesures pour que le début des travaux se fasse M. SAMSON: Est-ce que le premier ministre en 1973, parce que c'est ce qu'on avait dit? pourrait faire part à cette Chambre de l'autre Est-ce qu'au moins on peut espérer que le cas qu'il mentionne? gouvernement commence les travaux en 1974? Il y a deux parties dans la question que je M. BOURASSA: C'est une imprimerie de viens de poser, M. le Président, et j'aimerais que Granby, je crois, appartenant à M. Jacques le ministre fasse le point de la situation très Francoeur. clairement. LE PRESIDENT: L'honorable député de M. MAILLOUX: M. le Président, sous réser- Chicoutimi. ve — je pourrai donner une information plus précise au député de Beauce-Sud demain — je pense que les contrats de la première tranche Autoroute de la Beauce ont été accordés récemment, mais je préciserai demain au député de Beauce-Sud quelle est M. BEDARD (Chicoutimi): Ma question l'importance des contrats et quelle est la date s'adresse au ministre des Transports. Il a sans possible pour le début des travaux. doute, comme nous, pris connaissance du rap- port Grégoire sur l'autoroute de la Beauce qui M. ROY: Est-ce que le ministre pourra nous lui a été remis en fin de septembre. A ce dire demain s'il a reçu des recommandations, propos, j'aimerais lui poser les questions suivan- des doléances de la part de certaines municipali- tes: tés de la Beauce, municipalités riveraines qui Quelles consultations sont prévues actuelle- ont opté pour tel ou tel choix dans le tracé de ment aux fins de déterminer lequel des trois l'autoroute? tracés proposés est préférable? Deuxième question: Sur quel échéancier se M. MAILLOUX: Est-ce que le député de poursuivront les consultations? Beauce-Sud parle du tracé éventuel entre Saint- Maxime de Scott et Saint-Georges? M. MAILLOUX: Le rapport sur l'autoroute de la Beauce entre Saint-Maxime de Scott et M. ROY: Oui, pour faire suite à la question Saint-Georges a été effectivement déposé et la du député de Chicoutimi. première consultation aura lieu mardi prochain dans une des villes de la Beauce. Si d'autres M. MAILLOUX: J'ai répondu tantôt, M. le consultations ultérieures étaient nécessaires, Président, qu'on écouterait les représentations nous y verrions par la suite. qui seront faites. Il y a eu effectivement des gens qui ont envoyé des mémoires aux fonctionnaires M. BEDARD (Chicoutimi): Question supplé- du ministère. J'imagine mal que toutes les villes mentaire concernant ce tracé. Est-ce que le ou les paroisses de la Beauce seront heureuses ministre lui-même penche vers une solution lorsqu'on se sera prononcé sur l'un des trois parmi les trois solutions proposées? Et quand tracés. Il y aura des malheureux comme il y le ministère entend-il mettre fin aux consulta- aura des heureux, mais je pense qu'un éclairage tions et entreprendre les travaux? assez parfait de la situation sera donné par les hauts fonctionnaires du ministère mardi pro- M. MAILLOUX: On nous demande de con- chain. Par la suite, on pourra répondre plus sulter. Il faudrait commencer par consulter explicitement. quelqu'un avant de prendre une décision, parce qu'autrement on blâmerait le ministère de se LE PRESIDENT: L'honorable député de prononcer sans que les gens du milieu puissent Saint-Jacques. eux-mêmes le faire. Nous voudrions au moins que la première consultation qui réunira toutes les paroisses de la Beauce mardi prochain ait Orchestre symphonique de Montréal lieu. Par la suite, s'il s'avérait que le ministère doive se prononcer, il le fera. M. CHARRON: M. le Président, dans une 106 déclaration qui paraît ce matin dans les jour- de continuer dans ce sens afin, précisément, que naux, le ministre des Affaires culturelles a voulu ces organismes soient administrés le plus vala- rassurer les gens sur l'avenir de l'Orchestre blement possible. symphonique de Montréal. J'aimerais lui de- mander, cet après-midi — je ne lui demande pas M. CHARRON: Y a-t-il une rencontre pré- quand les démarches aboutiront parce que je vue dans les prochains jours entre la direction m'attends à une réponse trop vague — si, au de l'Orchestre symphonique et le ministre des cours de ces négociations et jusqu'à l'aboutisse- Affaires culturelles? ment des démarches, il est possible d'attendre du nouveau ministre des Affaires culturelles une M. HARDY: II n'y a pas de rencontre position très ferme, au moment où l'avenir de prévue, mais il y a des rencontres actuellement l'orchestre symphonique est en jeu, quant au entre les hauts fonctionnaires du ministère et la contingentement de musiciens québécois pour direction de l'Orchestre symphonique de Mont- que, comme cela est normal, le seul orchestre réal. symphonique que supportent les Québécois puisse laisser une place aux musiciens québé- M. CHARRON: Est-ce que le ministre des cois? Est-ce qu'au cours des négociations de- Affaires culturelles,... vant assurer la survie et le développement, je l'espère, de l'Orchestre symphonique de Mont- LE PRESIDENT: La dernière. réal, la position ferme attendue depuis long- temps de la part du ministère des Affaires M. CHARRON: La dernière. Est-ce que le culturelles quant à l'intérêt des musiciens qué- ministre des Affaires culturelles peut nous dire bécois sera intégralement défendue par le minis- aujourd'hui de quel montant il pense disposer tre des Affaires culturelles? pour effacer le déficit de l'Orchestre symphoni- que de Montréal? M.HARDY: M. le Président, quant à la première partie, je dis au député de Saint-Jac- M.HARDY: M. le Président, la seule chose ques que nous allons régler le problème de que je peux dire actuellement c'est que nous l'Orchestre symphonique de Montréal d'une allons prendre tous les moyens pour permettre façon aussi valable que nous l'avons fait pour à l'Orchestre symphonique de Montréal de les Grands Ballets canadiens. continuer à exister. Quant à l'autre problème qui est soulevé, je puis dire également au député de Saint-Jacques UNE VOIX: Très bien. que c'est notre intention d'examiner en profon- deur la vocation, l'insertion sociale et l'adminis- LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires tration des organismes culturels tels que l'Or- sociales aimerait apporter un éclairage, une chestre Symphonique de Montréal, et le problè- addition à une réponse donnée hier. me soulevé par le député de Saint-Jacques en est un. Régime d'aide sociale M. CHARRON: Deux petites questions ad- ditionnelles bien courtes, M. le Président. Je M. FORGET: M. le Président, il me fait veux demander si le gouvernement du Québec a plaisir d'être en mesure aujourd'hui de préciser accepté la proposition faite par la Guilde des la réponse que je donnais hier à l'honorable musiciens qu'un représentant du gouvernement député de Beauce-Sud, en indiquant que les soit présent aux auditions concernant les musi- informations qu'il cherchait quant aux modifi- ciens de l'Orchestre symphonique de Montréal, cations du régime d'aide sociale à compter du en vue de favoriser l'engagement, l'embauche de 1er janvier 1974 seront publiées dans la Gazette musiciens québécois; et deuxièmement sur un officielle de cette semaine et sera disponible à autre plan, est-ce que le ministre a l'intention compter de demain au plus tard. de resserrer le contrôle financier que le ministè- re des Affaires culturelles a le droit d'avoir sur M. ROY: Merci, M. le Président. l'Orchestre symphonique de Montréal, puisque, nous assure-t-on, M. le Président, ce serait un des orchestres symphoniques les plus mal admi- Cartonnerie de Cabano nistrés sur le continent nord-américain? M. LESSARD: M. le Président, ma question M.HARDY: M. le Président, nous avons s'adresse au ministre de l'Industrie et du Com- l'intention — nous avons d'ailleurs déjà com- merce. Est-ce que le ministre pourrait faire le mencé, au ministère des Affaires culturelles — point sur la situation des négociations concer- de regarder de plus près l'administration des nant la cartonnerie de Cabano? différents organismes que nous subventionnons, Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il en particulier, nous avons établi des cahiers de a reçu un deuxième rapport de M. Lucien charges qui sont soumis aux organismes que Saulnier et est-ce que le ministre pourrait nous nous subventionnons et nous avons l'intention dire si, à la suite justement de ce rapport, on 107 peut espérer que des ententes pourront être des. Si la population partage notre point de vue faites avec d'autres compagnies que Sibetra? Si sur ceci, peut-être alors qu'on peut, au niveau oui, quelles sont ces compagnies, actuellement, de l'emploi, avoir autant d'avantages et, au avec lesquelles il y a des négociations? niveau des risques financiers, tant pour le gouvernement que pour la population, les rédui- M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à la re grandement. suite du refus du groupe Sibetra de continuer dans le projet, M. Saulnier, tel que c'était décrit M. LESSARD: Si on me permet, M. le dans son mandat, avait examiné des projets Président, une dernière question supplémen- différents pour une installation industrielle dans taire, concernant la pénétration du marché, la ville de Cabano. Actuellement, au moins trois est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il projets sont examinés, des projets de nature était vrai, en tout cas, en date du 26 octobre différente. Dans un premier cas il s'agirait, avec 1973, que cette question du marché était réglée des groupes uniquement canadiens, essentielle- à peu près à 80 p.c, puisqu'on affirmait, à ce ment de tenter de relancer la cartonr.erie en moment, que la Belgique, la Suisse et l'Allema- s'associant uniquement avec des groupes cana- gne étaient prêtes à signer des contrats pour diens, québécois essentiellement, et qui impli- acheter 80 p.c. de la production de Cabano? queraient peut-être uniquement le gouverne- ment et la population. M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense Les deux autres projets sont dans des sec- que lors du voyage de M. Saulnier en Europe, il teurs légèrement différents mais qui implique- n'a pas hésité à faire des démarches additionnel- raient essentiellement une transformation de la les pour confirmer souvent les avancés qui ressource et qui retiendraient, dans une large avaient été faits sur le projet Cabano. Il faut mesure, les éléments qui ont toujours été bien voir la différence entre quelqu'un qui veut contenus dans le projet de Cabano, c'est-à-dire agir comme agent exclusif de votre production, une participation de la population. Avant de souvent avec l'intention mesquine de contrôler dévoiler publiquement l'état de ces négociations votre production, et qui, contractuellement, ne — je sais que dans un cas, particulièrement, M. s'engage absolument à rien, sauf à avoir une dis- Saulnier doit se rendre à Cabano avec un groupe tribution exclusive de votre produit. Lorsque je en fin de semaine prochaine — par décence, dis qu'il y a absence d'intégration verticale, il faut j'aimerais peut-être que M. Saulnier ait la se rappeler qu'il ne faudrait pas être sous la chance d'en discuter avec nos partenaires de dépendance de groupes qui, souvent, européens Cabano que nous n'avons pas abandonnés jus- ou américains, pourraient avoir comme simple qu'ici. Dès que nos partenaires, à savoir la intérêt de contrôler notre production, sans pour population de Cabano et le gouvernement, autant s'engager à le faire. Dans le cas que vous auront pris des décisions pour une installation citez, les 80 p.c, ce sont des gens qui accep- industrielle quelconque, il me fera plaisir de les taient d'être des agents exclusifs pour le marché communiquer à cette Chambre. européen et qui ne s'engageaient à acheter aucune tonne à aucun prix donné. Il n'y avait M. LESSARD: Question additionnelle, M. le aucun engagement pour assurer la rentabilité du Président. Dans l'éventualité d'un nouvel échec produit. avec les compagnies avec lesquelles on négocie, est-ce que le gouvernement du Québec a envi- M. ROY: M. le Président, j'aurais une ques- sagé la possibilité d'une augmentation de la tion. participation du gouvernement du Québec dans le projet en collaboration avec la population de LE PRESIDENT: L'honorable député de Cabano et de la région? Beauce-Sud. M. SAINT-PIERRE: Je pense que, dans ma M. ROY: J'aurais une question à poser à réponse, je l'avais indiqué. C'est-à-dire que l'honorable ministre des Finances. lorsqu'on envisage de refaire la cartonnerie, la contribution du gouvernement du Québec pour- M. BOURASSA: On est nerveux. rait être augmentée si la rentabilité était moin- dre. Je pense qu'avec la population, compte tenu, au niveau technologique, du fait que Rapport du vérificateur général notre pénétration des marchés dans le secteur de la cartonnerie cause quand même beaucoup M. ROY: Vous êtes nerveux, je le savais, M. de difficultés puisque nous ne sommes pas dans le premier ministre que vous étiez nerveux. le cas d'une compagnie qui a une intégration Vous pouvez être sans inquiétude, ma question verticale, il y a peut-être d'autres secteurs ne sera pas une question tellement énervante. Je manufacturiers, au niveau de l'emploi et au voudrais savoir quand l'honorable ministre des niveau de la participation des citoyens, au Finances entend déposer le rapport du vérifica- niveau, en particulier, de la possibilité d'avoir teur général à l'Assemblée nationale du Québec. des cadres francophones québécois, où les chances de succès seraient beaucoup plus gran- M. GARNEAU: Bientôt. 108

M. ROY: Comment? disponible au cours du mois de mars ou avril de l'an prochain, de telle sorte qu'il a pu rattraper M. GARNEAU: Bientôt. le temps perdu. Je pense que dans les années à venir il pourra être déposé suivant les prescrip- M. ROY: Est-ce que le ministre pourrait tions de la loi parce que le mécanisme de nous dire pour quelle raison ce rapport n'a pas rattrapage aura été fait. encore été déposé, alors que, normalement, il doit être déposé au cours du mois de juin? M. ROY: M. le Président, question addition- nelle. M. GARNEAU: M. le Président, effective- ment, je vais le déposer demain. Il a été apporté LE PRESIDENT: Dernière. dans l'antichambre alors que je n'avais pas mes exemplaires. J'aurais pu le déposer aujourd'hui. M. ROY: Une dernière question addition- Je vais le déposer à l'appel du dépôt des nelle. Suite au dépôt de ce rapport, est-ce documents, demain. La raison pour laquelle il l'intention du ministre et du gouvernement de n'a pas été déposé, c'est qu'il ne m'avait pas été convoquer le vérificateur général devant la remis. Il m'a été remis, je pense, durant la commission parlementaire de façon que celui-ci campagne électorale. Je pourrais avoir la lettre puisse être à la disposition des députés de de transmission. Comme la Chambre ne siégeait l'Assemblée nationale, des membres de l'Opposi- pas, et que la loi m'oblige à le déposer en tion, afin que nous puissions l'interroger, com- Chambre dans les quinze jours de la reprise des me le ministre l'a mentionné tout à l'heure, travaux, c'est ce que je vais faire. mais l'interroger sans avoir à attendre l'étude des crédits? M. ROY: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous dire si la cause du délai M. GARNEAU: M. le Président, je n'ai au- n'aurait pas été occasionnée par le fait qu'il cune objection à ce que le vérificateur général manquerait de personnel au bureau de l'audi- puisse être entendu devant la commission des teur général du Québec et que, de ce fait, étant comptes publics, des finances et du revenu. Il donné la complexité de la machine administrati- s'agit de déterminer le processus de travail avec ve, étant donné les changements qui se sont le leader du gouvernement. Pour ma part, je n'ai faits lors de la réforme administrative du pas d'objection sauf que ce rapport sera celui gouvernement, ceci aurait eu pour effet de pour l'année financière terminée le 31 mars paralyser en quelque sorte le travail de l'audi- 1972 et que la session, évidemment, compte teur général? tenu des dates où nous sommes rendus, sera relativement courte. Je serais prêt à considérer M. GARNEAU: Je pense que les questions la possibilité de réunir cette commission dès concernant le personnel du vérificateur général que le rapport pour l'année 1973 sera terminé pourraient lui être posées lors de l'analyse des et donner la possibilité aux députés de cette crédits. Evidemment, je peux répondre, et Chambre de questionner le vérificateur général j'espère que vous allez me croire quand je dis non seulement sur l'année 1973 mais également que nous n'avons jamais refusé de personnel au sur son rapport de 1972, au lieu de le reprendre vérificateur, bien plus, nous avons accepté son séparément puisqu'il s'agit de choses qui sont plan d'effectifs sur une période plus longue que passées depuis longtemps. celle que nous acceptons d'habitude pour les Les recommandations, d'ailleurs, qui ont été autres ministères, justement pour qu'il ait la faites, les remarques que vous allez retrouver latitude d'agir, étant donné que c'est un orga- dans le rapport de 1972 ont été corrigées au nisme qui relève de l'Assemblée nationale et cours de l'année 1973 et au cours de l'année non pas de l'administration d'un ministère financière actuelle de telle sorte qu'on pourrait comme tel. Je pense que la raison du retard facilement analyser le processus de l'évolution — parce que le rapport que je vais déposer qui s'est faite de ce côté. demain, date du 31 mars 1972— est due, comme le député de Beauce-Sud l'a mentionné, LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Op- à l'application de la nouvelle loi de l'administra- position officielle. tion financière qui a exigé du vérificateur de faire la vérification après paiement. Sous l'ancien système, l'auditeur de la pro- Programmes hydronucléaires vince faisait la vérification avant paiement pour l'émission des chèques, c'est-à-dire que le travail M. MORIN: M. le Président, ma question de vérification était, disons, à 75 p.c. réalisé au s'adresse au ministre de l'Industrie et du Com- moment où le chèque se faisait. Mais, comme merce. Il y a un an et demi, environ, à la on a voulu disséquer ces deux opérations, cela a commission parlementaire où l'on traitait de la été la mise en marche de tout le système. J'ai baie James, l'ex-député de Gouin, M. Joron, causé avec le vérificateur général, qui m'assure avait demandé à 1'Hydro-Québec de fournir les que son rapport pour l'année financière qui chiffres sur un certain nombre de programmes s'est terminée au 31 mars 1973 pourrait être hydronucléaires ou de programmes mixtes. Le 109

ministre, à ce moment-là, avait indiqué qu'il M. Claude Simard appuyait cette requête de l'ex-député de Gouin. Il avait demandé à l'Hydro-Québec de fournir M. SIMARD: M. le Président, mes premiers les chiffres dans les semaines suivantes. Nous mots seront pour vous dire combien je suis n'avons toujours pas ces chiffres devant nous. heureux cet après-midi, à l'Assemblée nationale, Est-ce que le ministre a l'intention de les faire de parler du discours inaugural, étant donné connaître sous peu? Est-ce que le ministre les a que pour une première fois on donne une entre ses mains? S'il ne les a pas, pour quelles importance accrue au ministère que je dirige, raisons? c'est-à-dire le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. M. SAINT-PIERRE: Comme le disait mon Je pense, M. le Président, qu'il ne faut pas collègue d'en arrière, nous n'avons pas les reculer bien loin pour se souvenir que le chiffres, nous n'avons plus le député de Gouin. ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Peut-être la question qu'a soulevée le chef de Pêche était l'enfant pauvre non seulement du l'Opposition officielle pourrait-elle être prise en cabinet mais du Conseil du trésor et du gouver- considération par le ministre des Richesses nement tout entier. naturelles, de qui relève 1'Hydro-Québec. J'au- Maintenant, je dois vous dire avec fierté que rais une simple suggestion personnelle: c'est que nous avons perdu, de façon permanente, ce l'Hydro-Québec pourrait peut-être, à la lumière pseudo-complexe d'infériorité et que notre des incidents récents dans le secteur de l'éner- équipe est résolue à tenir les guides de la gie, en particulier la hausse considérable des deuxième industrie de par son importance prix de l'huile brute et certains facteurs qui ont économique au Québec. Ceci grâce à la collabo- changé au niveau des coûts de construction des ration très étroite de mon adjoint parlementai- centrales nucléaires, refaire les programmes, les re, des députés, de mon cabinet et aussi à la 45 programmes que vous mentionnez, et qui bonne collaboration de mes sous-ministres et nous avaient été mentionnés à l'époque. Je fonctionnaires. Nous pouvons aujourd'hui nous pense que — d'une façon encore plus concluan- réjouir des succès que notre gouvernement a te qu'il y a deux ans — on verra la sagesse de la accomplis dans ce secteur. décision du gouvernement Bourassa d'aller de Aussi, M. le Président, je voudrais remercier l'avant avec le programme de la baie James. d'une façon toute particulière de son appui la population du comté de Richelieu qui m'a fait M. MORIN: M. le Président, je vois que le confiance pour un second mandat comme son ministre, sans avoir vu les chiffres, en vient à représentant à l'Assemblée nationale. J'ai com- des conclusions qui sont pour le moins très... me principe, M. le Président, qu'avant d'être ministre, il faut d'abord être député. DES VOIX: Question! Les dernières projections de notre service de recherche permettent d'affirmer que 1973 mar- M. MORIN: Est-ce qu'on peut se permettre quera le dépassement de la borne du milliard de de questionner? Puis-je poser la même ques- dollars en revenus touristiques dans la belle tion, M. le Président, au ministre des Richesses province. Autant à Québec qu'à Ottawa, com- naturelles? me je le disais tout à l'heure, l'importance capitale de cette activité économique est offi- M. BOURASSA: II a répondu ! Le ministre a ciellement reconnue au Québec. répondu. Le tourisme paraît au discours inaugural pour la première fois et, à Ottawa, l'Office du M. MORIN: II n'a pas répondu. tourisme devient au début de novembre une branche majeure du ministère de l'Industrie et M. MASSE: Je prends avis de la question, M. du Commerce par la promotion du directeur le Président. général du Tourisme au poste de sous-ministre adjoint. LE PRESIDENT: Le ministre prend avis de En Colombie-Britannique, le ministre res- la question. ponsable du tourisme dirige maintenant un ministère désigné Travel Industry Department. M. MORIN: D'accord. L'année 1973 a vu plusieurs records dépas- sés. Premièrement, les comptoirs d'accueil sai- LE PRESIDENT: Affaires du jour. sonniers ont accueilli plus de 450,000 visiteurs, soit une augmentation de 22 p.c. sur 1972 et de M. LEVESQUE: Article 1). 38 p.c. sur 1971. Nous n'avons pas les dernières statistiques des comptoirs permanents, mais il y LE PRESIDENT: Article 1). en aura d'ici quelque temps et il me fera extrêmement plaisir de vous les communiquer. Reprise du débat Mais là aussi il y aura sûrement augmenta- sur le message inaugural tion, d'après les premiers chiffres que nous possédons, de l'ordre de 12 p.c. sur 1972 et de LE PRESIDENT: L'honorable ministre du 20 p.c. à comparer à 1971. Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Aussi l'occupation hôtelière a atteint 97 p.c. 110 dans la région de Montréal et de Québec au sollicitation des réunions organisées par les cours de l'été, et cela pendant plusieurs mois compagnies privées. Selon le magazine Meeting durant. Encore au début de novembre, on me and Conventions et l'Office du tourisme fédé- disait que ce taux se maintient à 85 p.c, chose ral, les voyages organisés par les compagnies qui n'a jamais été vue dans l'histoire touristique pour inciter leurs employés à mieux travailler du Québec. ou encore pour les récompenser des résultats Les hôteliers des régions à tourisme saison- obtenus deviennent un secteur majeur de l'in- nier comme les Laurentides et la Gaspésie ont dustrie touristique. On estime donc, en 1973, connu à peu près la même prospérité. Aussi, fait aux Etats-Unis seulement, que les compagnies sans précédent pour une année ordinaire, c'est- dépenseront tout près de $525 millions à cette à-dire une année où nous n'avons pas d'Expo, le fin, soit une augmentation de 25 p.c. sur 1972 tourisme venant d'Europe marque des progrès et de 400 p.c. sur 1968. spectaculaires. A la fin de juillet 1973, le Selon les prévisions du magazine Travel nombre de visiteurs européens au Canada a Weekly et de l'Office du tourisme fédéral, ce augmenté de 25 p.c. sur la même période de genre de congrès dépassera, en Amérique seule- 1972 et les sommes dépensées par ces visiteurs ment, le chiffre de $1 milliard d'ici trois ans. En dépassent de 36 p.c. les revenus de la même résumé, le marché des congrès aux Etats-Unis période de l'an dernier. dépasse annuellement $7 milliards, dont $4 Nous n'avons pas encore les chiffres spécifi- milliards dépensés par les compagnies. Ce der- ques pour le Québec de cette manne miracu- nier montant comprend $500 millions en dé- leuse mais, comme Montréal est le port princi- penses pour des réunions appelées incentive pal d'entrée des Européens au Canada, je suis travel et aussi, en 1973 seulement, les compa- convaincu que nous en avons eu notre juste gnies américaines auront tenu 366,000 réu- part. nions, soit 1,000 par jour en moyenne. On Aussi, tout le monde sait bien combien la estime qu'en 1978 ce marché atteindra le tenue de congrès est importante dans un pays et chiffre fabuleux de $12 milliards. représente une source de revenus de plus en La part du Canada pour ce marché ne plus rémunératrice. Les congressistes dépensent dépasse pas 5 p.c. en 1973 et pourra atteindre près de $50 par jour. Pour donner un ordre de 7.5 p.c. en 1978. C'est pourquoi le ministère grandeur, signalons que le congrès international fournit un effort particulier pour obtenir une des Kiwanis à Montréal en juin dernier a laissé part plus grande de cette source de revenus si au Québec, en six jours et demi, plus de $6 rémunératrice et si fructueuse sur le plan de millions et a rapporté à la province de Québec l'emploi. L'Association internationale d'experts $450,000 en taxes directes. Et, s'il faut calculer scientifiques du tourisme, lors de son vingtième le montant rapporté en taxes indirectes, il faut congrès à La Haye, en septembre 1970, a évalué multiplier cette somme de $450,000 par deux. qu'avec un taux d'augmentation annuel de Le nombre de congrès tenus à Québec en 15 p.c. le nombre des congrès internationaux 1973 à ce jour a presque doublé comparative- passerait de 4,000, en 1968, à 34,000 en 1985, ment à 1971, avec une augmentation de avec deux millions de participants en 1968 pour 109 p.c. du nombre de participants. A Mont- atteindre 19 millions en 1978. réal, 1973 voit une augmentation de plus de Alors, il ne fait aucun doute, M. le Président, 30 p.c. sur 1971 quant au nombre de congrès et que les conditions économiques générales qui de 45.4 p.c. quant aux participants. prévalent dans le monde ont favorisé un afflux En mai dernier, le ministère a obtenu, pour plus fort de visiteurs chez nous. L'inflation en la ville de Québec, un congrès qui groupera près Europe et aux Etats-Unis, doublée d'une fai- de 5,000 personnes en 1976; c'est, de loin, le blesse chronique du dollar américain, a modifié plus important à ce jour. Nous sommes sur le les règles du jeu en notre faveur. Mais ce n'est point d'obtenir, pour Montréal, un congrès de pas par hasard que les gens se sont tournés vers 40,000 personnes. Pour avoir une idée du la belle province. Au moment où la manne était rendement d'une telle réunion, multipliez par disponible, tout le dispositif publicitaire et deux les résultats obtenus en une semaine lors promotionnel du ministère était en place. du congrès des Kiwanis auquel je faisais allusion Agressif, soutenu, bien orchestré, notre pro- tout à l'heure. gramme de promotion et de publicité était déjà Le ministère a formé un comité de sollicita- lancé depuis près d'un an au moment où, au tion et d'organisation de congrès, qui a élaboré début de 1973, le réservoir du tourisme s'est un plan d'action portant sur sept ans. Au cours ouvert. de cette période, plus de 4,000 groupements Jamais, je pense, M. le Président, un timing seraient invités à venir tenir leurs assises au n'a été aussi bien réussi. Et la machine publici- Québec. Une campagne systématique de sollici- taire du Québec, sur le plan touristique, est en tation est en marche pour solliciter 400 de ces grande vitesse pour continuer à orienter ce flot associations et compagnies au cours des douze de dollars vers les goussets de notre industrie prochains mois. Nos conseillers en tourisme à touristique. l'étranger constituent, bien sûr, un élément Ainsi, la publicité dans les grandes revues et majeur de ce mécanisme de vente. les journaux a été totalement rajeunie et adap- Une importance spéciale est apportée à la tée à la nouvelle mentalité des gens. De très 111 nombreuses réunions sont organisées durant l'organisation des terrains de camping tant cette saison d'hiver, aux Etats-Unis et au privés que publics. Au cours des dernières Canada, pour attirer et stimuler le sport du ski. années, à cause de l'expansion rapide du nom- Le ministère est non seulement à la page, bre d'agences de voyages, nous avons connu au mais plus encore il est largement en avance sur Québec, comme dans le reste du Canada d'ail- les autres provinces canadiennes quant aux leurs, de malheureuses expériences de faillite méthodes publicitaires employées et aux orga- qui ont créé des situations fort embarrassantes nismes de promotion utilisés. Le programme et même désastreuses pour de nombreux voya- intense de promotion du ministère vise certes à geurs, de nombreux touristes québécois et augmenter en chiffres absolus les revenus an- canadiens. nuels de l'industrie touristique du Québec. Mais Un projet de loi qui est à l'étude proposera vu le haut taux d'occupation des chambres, tant de déterminer le statut des agents de voyages et à Montréal qu'à Québec où les chiffres attein- de réglementer adéquatement les services of- gent et dépassent de loin toutes les normes ferts au public par ceux-ci. La tenue à Montréal, établies, il nous faut réorienter notre program- en octobre prochain, du premier congrès mon- me et nos positions de promotion vers deux dial du voyage au Canada groupant plus de nouveaux buts, à savoir: inciter la visite des 4,000 représentants de l'industrie touristique touristes vers les périodes moins occupées et les sera une occasion unique pour démontrer que le périodes creuses de l'année, et augmenter d'une Québec se préoccupe du bien-être des touristes. façon très particulière le nombre de chambres D'ailleurs, le Québec est la première province par l'incitation faite auprès des entreprises canadienne à prendre cette initiative. Enfin, le privées pour la construction d'hôtels. ministère apportera, au cours des prochains Le Québec est maintenant reconnu comme mois, une attention spéciale à la vocation des un centre touristique international. Lorsqu'on parcs ou des réserves du Québec. Comme vous voit les grandes chafnes d'hôtels les plus impor- le savez, M. le Président, les parcs, la chasse, la. tantes du monde s'installer chez nous, c'est là je pêche sont pour le Québec des éléments uni- pense la confirmation de cette assertion. Le ques d'attractions touristiques. Hilton international a cinq hôtels au Canada Il faut en accentuer l'importance du point de dont trois au Québec. Toutes les autres grandes vue publicitaire en rendant encore plus accessi- chafnes d'hôtels s'installent chez nous, comme bles ces loisirs de plein air qui deviennent de le Méridien, Air France, Inn on the Park, le plus en plus importants pour le mieux-vivre des Concorde, l'organisation Loews, et les nom- humains. Ce secteur de notre industrie touristi- breux Holliday Inn qui se sont construits que fait donc l'objet d'une attention particuliè- dernièrement. re de la part de nos services d'information Déjà nous avons les chaînes de Sheraton, touristique. Quality Courts, les Constellation, Ramada Inn, Mais voilà qu'en pleine expansion notre les Western International et bien d'autres. Que deuxième industrie québécoise se voit confron- toutes les grandes chaînes d'hôtels soient venues tée avec des problèmes d'envergure internatio- s'installer au Québec, c'est une preuve irréfuta- nale nullement dépendants de nos moyens et de ble que l'industrie touristique du Québec est notre champ d'action. Qui peut prédire, qui appelée à des développements spectaculaires. peut mesurer l'ampleur des conséquences de la Ces chaînes ne s'installent que là où le marché crise de l'énergie sur notre industrie du touris- est important et en expansion. me quand chacun sait que plus de 80 p.c. de Dans la seule ville de Québec, M. le Prési- nos visiteurs nous arrivent en voiture? Même si dent, il y aura, dès le mois de juillet prochain, le Québec n'arrivait pas à connaître une pénurie 2,000 chambres de plus qu'actuellement. A très grave de l'essence, comment dire à nos bons Montréal nous aurons, d'ici trois ans, une voisins les Américains que chez nous les diffi- addition de 3,500 chambres. Ainsi, grâce aux cultés sont moins grandes et l'incertitude moins démarches accomplies par le ministère, l'entre- totale? Ce serait là, à mon avis, une publicité prise privée a pu être attirée chez nous et nous de mauvais aloi. On ne parle pas d'abondance, avons obtenu de cette façon une contribution même si elle n'est que relative, à des amis qu'a absolument essentielle au développement de abandonnés l'abondance. notre industrie. En conjonction avec l'Office du tourisme Nous avons bien l'intention d'étendre cette fédéral nous étudions intensément cette situa- manne dans toutes les autres régions de la tion. Une équipe spéciale fédérale est à coor- province en présentant une loi créant le crédit donner toutes les données du problème et des touristique. Ce crédit servira non seulement à problèmes grâce à des renseignements obtenus supporter la consolidation de l'équipement exis- de toutes les parties du Canada et des vingtaines tant, mais aussi à le diversifier dans les régions de bureaux de tourisme aux Etats-Unis. Je serai où il est essentiel que les saisons touristiques en mesure, M. le Président, de vous faire part soient prolongées ou même doublées. bientôt des conclusions et des prévisions qui en En effet, il existe des régions où le tourisme découleront. Cependant, il y a quand même une est fort en hiver, faible en été et vice-versa. L'un lueur d'espoir qui découle de l'acuité même de des buts de la loi sera justement de pallier cette ce problème. Si la situation arrivait à s'amélio- situation. L'effort du ministère portera aussi sur rer sensiblement avant l'été prochain, qui est 112

notre période, comme vous le savez, la plus certaines impressions vis-à-vis de ce qui se passe importante pour le tourisme, il se pourrait que dans cette Assemblée, et plus particulièrement nos voisins américains, sevrés pendant de si vis-à-vis du rôle que veut se donner l'Opposition longs mois d'attente de voyage et d'évasion, se en cette Chambre. Je dois dire que je fus très dirigent vers le centre touristique le plus près déçu de l'attitude des députés du Parti québé- pour se donner quelques jours de détente et cois lors de l'ouverture de cette session. Je me d'oubli. demande comment il se fait que des gens qui se Nous n'avons pas modifié nos projets de disent de bonne volonté, qui se plaignent si publicité tant pour maintenir notre présence sur souvent du sort que l'on réserve à l'Opposition le marché que pour être en mesure de profiter soient les premiers à abuser des règlements. J'ai de cette éventualité si elle se présentait. Les eu très nettement l'impression que l'Opposition consultations en cours nous permettront d'y ne désirait pas jouer son véritable rôle dans voir plus clair bientôt, je l'espère bien. Une cette Chambre. Je pense que tous m'entendent consolation, si on peut l'appeler ainsi, c'est de actuellement, même si j'occupe un siège qui savoir que le Québec n'est pas seul à connaître n'apparaît pas sur la première rangée. ces difficultés, tout le monde doit y faire face; Je dois aussi vous assurer que ce n'est pas ce qui ne veut pas dire que nous ne devons pas, parce que mon bureau se situe dans "un pour tout de suite, tout mettre en oeuvre pour coqueron de fond de réfectoire", pour em- tirer le meilleur parti de cette situation et c'est ployer une expression d'un de mes savants ce que nous faisons au moment où nous nous collègues de l'Opposition, que je ne pourrai pas parlons. Comme l'a dit un certain philosophe, accomplir adéquatement mon travail de député. même l'obstacle doit devenir une occasion. Somme toute, je trouve que l'Opposition en M. le Président, je vous remercie. cette Chambre frise le ridicule et qu'au rythme où vont les choses non seulement elle se . LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'hono- discrédite aux yeux de la population, mais elle rable député de Richmond. risque fort d'occuper encore moins de sièges à la prochaine élection. Ce grand manque de réalisme de l'Opposi- M. Yvon Vallières tion, M. le Président, ne constituera pas un handicap aux travaux de cette Assemblée, grâce M. VALLIERES: M. le Président, je voudrais à la forte majorité que nous détenons et aussi tout d'abord, avant de vous faire part de grâce à cette volonté qu'ont tous les députés certains commentaires suite à la lecture du libéraux d'exercer une critique constructive à discours d'ouverture de la première session de la l'endroit de la législation de leur propre parti. trentième Législature, profiter de l'occasion C'est d'ailleurs cela, la force du Parti libéral: pour remercier les électeurs du comté de c'est que nous pouvons nous y exprimer sans Richmond de s'être prévalu aussi intelligem- pour autant être rejetés. Nul besoin de se ment de leur droit de vote en élisant, pour les demander pourquoi tant de jeunes députés ont représenter, le plus jeune député de l'Assemblée choisi le Parti libéral. nationale du Québec. Les électeurs du comté de Je voudrais maintenant, M. le Président, Richmond, en même temps que la très grande commenter quelque peu certains points du majorité de tous les électeurs du Québec, ont discours inaugural qui, loin de m'avoir surpris, accordé leur confiance au Parti libéral pour des intéressent de façon toute particulière le comté raisons que plusieurs de mes collègues ont citées de Richmond. Il y est en effet dit que nous mais que je tiens à souligner de nouveau. aurons à étudier le problème de la transforma- Il y a, bien entendu, l'efficacité qu'a démon- tion en produits finis du minerai extrait du trée le gouvernement libéral d'avant le 29 territoire québécois. La ville d'Asbestos possède octobre 1973, un gouvernement qui a su l'une des plus grandes mines d'amiante au administrer d'une main très adroite les finances monde et l'on constate que, malheureusement, publiques, un gouvernement qui a conservé la une très petite partie de ce minerai est transfor- bonne habitude des gouvernements libéraux mée sur place. Il est pressant de mettre l'accent précédents, soit d'être le maître incontesté dans sur la recherche de moyens pour augmenter la le domaine des mesures sociales d'envergure et production au Québec des produits finis à base nécessaires pour les Québécois. Un autre facteur d'amiante. Je me rends compte, M. le Président, qui m'a paru déterminant lors du dernier que le gouvernement libéral provincial veut agir scrutin, c'est l'équipe compétente et sérieuse dans ce domaine. J'en suis très heureux et qu'a proposée le Parti libéral au peuple québé- espère que les délais ne seront pas trop longs. cois. Notre parti fut le seul à présenter des Du côté du gouvernement fédéral, l'honorable positions claires et précises à l'électorat. Jamieson nous dit dans son livre jaune sur la D'ailleurs, la faible proportion des sièges situation économique du Québec qu'une aug- occupés par mes collègues de l'Opposition le mentation de 20 p.c. de la proportion du dénote tellement bien qu'il devient presque minerai extrait au Québec transformé en pro- inutile d'en parler plus longtemps. duits finis résulterait en la création de 6,000 M. le Président, j'imagine facilement que nouveaux emplois et qu'un domaine où l'on chez tous les nouveaux députés élus se dégagent pourrait envisager un accroissement substantiel 113 de traitement du minerai est celui des produits électorale. Je le remercie d'être venu me faire de l'amiante. de la publicité dans mon comté, de même que M. le Président, la population de mon comté je remercie le ministre de la Justice, le ministre insiste, depuis fort longtemps, sur la nécessité de l'Industrie et du Commerce, et le vice- de transformer sur place une plus grande partie premier ministre. J'espère, pour le vice-premier de ce qui y est extrait. Mais les pouvoirs de ministre, qu'il n'a pas gardé un trop mauvais décision échappent aux cadres locaux et sont souvenir du passage qu'il a fait chez nous, en entre les mains de compagnies mères aux particulier à Manic 3. Lorsque le premier Etats-Unis. Il est, à mon avis, plus que temps ministre est venu chez nous... que nous fassions plus que de l'extraction, il faut transformer le minerai. C'est pour cette M. LEVESQUE : J'ai été très heureux d'aller à raison que j'ai apprécié cette partie du discours Manic 3. J'ai été reçu par des travailleurs qui inaugural qui prévoit que nous aurons à nous étaient très heureux de l'administration... pencher sur ce problème. M. le Président, le deuxième point dont je M. LESSARD: Ce n'est pas enlevé sur mon vais traiter, mais de façon très concise, c'est le temps, M. le Président? problème de la diffusion de la prospérité sur l'ensemble du territoire québécois. Mon inter- M. LEVESQUE: ... libérale, très heureux de vention voudrait juste souligner que nous de- continuer... vrons faire preuve de prudence en ce qui concerne la distribution des industries au Qué- M. LESSARD: D'accord, M. le Président. bec si nous désirons aplanir les disparités J'ai juste une demi-heure. régionales. J'irais même plus loin en suggérant qu'au niveau régional il faudrait être soucieux M. LEVESQUE: C'est parce qu'on m'a invi- d'une distribution juste et équitable, sans quoi té! nous risquons de constater des disparités locales trop grandes. Il ne faudrait jamais perdre de vue M. LESSARD: M. le Président, je remercie qu'un comté comme le comté de Richmond a particulièrement le premier ministre. Lorsque le besoin qu'on l'aide dans le domaine industriel premier ministre est venu dans mon comté, il et qu'on ne néglige pas le fait que cette partie est venu dire que j'étais un petit polisson à de notre région devrait bénéficier des avantages l'Assemblée nationale. Or, les gens de mon apportés par l'industrie de la transformation de comté m'ont dit, le 29 octobre, d'être encore l'amiante, dont de nombreux emplois stables et deux fois plus polisson pour dire à ce gouver- une activité économique accrue. nement qu'il est un gouvernement de mitaines, J'aurai très certainement l'occasion dans un pour dire à ce gouvernement qu'il ne sait pas avenir rapproché de m'attarder sur un sujet très administrer la province. Quand j'écoute les intéressant et non moins important pour la ministres de ce gouvernement, en particulier le population québécoise, soit celui de l'éduca- ministre du Tourisme, de la Chasse et de la tion. Le but principal de la réforme de l'éduca- Pêche et, en particulier, depuis quelques jours, tion étant la formation de l'enfant, nous aurons le ministre des Richesses naturelles, on constate avantage à planifier dans ce sens et à humaniser combien ce cabinet est pauvre, combien ce davantage notre système éducatif. cabinet est chétif, impuissant, nul. On se Je termine, M. le Président, en vous assurant, demande, avec anxiété, ce qui va arriver. Com- ainsi que mes collègues, de mon entière collabo- me le disait Victor Hugo, quand il ne sort rien ration pour l'édification d'un Québec plus fort du cabinet, il sort quelque chose du pouvoir. Le au sein d'un Canada plus uni. ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et le ministre des Richesses naturelles, LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'hono- cela me fait penser à des carreaux de vitre; on rable député de Saguenay. voit toujours le premier ministre à travers leurs réponses. En somme, ce gouvernement est plate. On n'a même pas le plaisir d'être exploité M. Lucien Lessard par quelque chose de grand. "Le Québec — lit-on dans le discours inaugu- M. LESSARD: M. le Président, d'abord, il y ral — est un territoire privilégié tant par l'abon- a une chose que je voudrais indiquer, au début dance que par la diversité de ses ressources". de cette intervention, aux députés libéraux, Mais le Québec n'est pas le seul pays au monde surtout aux néophytes, comme on disait: qu'il qui compte autant de ressources. On pourrait sachent bien qu'on n'est pas venus ici pour vous parler du Brésil. On pourrait parler du Pérou. faire des compliments. La population ne nous a On pourrait parler de l'Indonésie et combien pas élus le 29 octobre pour vous faire des d'autres pays pourraient nous dire qu'ils possè- compliments. On n'attend pas de compliments dent de nombreuses et d'immenses richesses de vous autres, et on n'ira pas vous consulter naturelles. Pourtant, je n'ai pas besoin de vous pour établir notre stratégie. Cela, sachez-le. Il dire que le niveau de vie dans ces pays n'est pas semble que le premier ministre ne l'ait pas particulièrement élevé. Par ailleurs, on pourrait compris au cours de la dernière campagne aussi parler du Japon qui ne possède pas 114 tellement de richesses naturelles, qui n'en possè- colportés à travers le Québec pour nous conser- de pratiquement pas. La Suisse, le Danemark, la ver strictement dans la servitude et dans la Suède sont des pays qui ne comptent pas dépendance? d'énormes et d'immenses ressources naturelles. Les pires ennemis de notre développement Pourtant, M. le Président, grâce à leur économique, M. le Président, ce ne sont pas les intelligence et grâce à leur imagination, ils ont Anglais ni les Américains. Les pires ennemis de réussi à donner à leur population un niveau de notre développement économique, ce sont vie qui se compare avantageusement à celui du d'abord vous autres, les libéraux, qui n'êtes pas Québec. capables de prendre vos responsabilités. Ce ne Tout cela pour vous faire remarquer que les sont pas les Américains qui ont donné, par quantités de richesses naturelles, ce n'est pas exemple, sur la Côte-Nord, un territoire de nécessairement un critère de développement 56,000 milles carrés à ITT-Rayonier. Ce ne sont économique, que les richesses naturelles, c'est pas les Américains, M. le Président, qui. ont un atout dans le développement économique. donné nos territoires de chasse et de pêche, qui Mais cela peut aussi être un handicap dans le ont donné encore aux Américains les meil- développement économique, quand on ne sait leurs territoires de chasse et de pêche. Ce pas s'en servir avec discernement et avec intelli- ne sont pas les Américains qui ont donné nos gence. rivières à saumon aux Américains. Mais ce sont Un peu comme dans la parabole des talents: bien les petits politiciens québécois qui, pour ce qui compte, ce n'est pas la quantité qu'on a faire du patronage, ont cédé nos ressources aux reçue, c'est la façon dont on les fait fructifier. autres. Tout dépend des choix que nous ferons comme Ces choses, M. le Président, je les ai répétées hommes politiques et comme citoyens québé- à maintes reprises, depuis quatre ans que je cois. Ces ressources devront-elles d'abord servir siège en cette Chambre. Mais malheureusement, aux Québécois ou aux étrangers? En fait, c'est il faut les répéter continuellement, dans l'espoir à nous, comme peuple, c'est à nous, comme qu'un jour, dans ce parti, des gens nous hommes politiques, de décider si nous serons entendront. des scieurs de bois ou des drillers plutôt que les Il est vrai qu'au royaume des aveugles, les administrateurs de nos ressources naturelles. borgnes sont rois. Mais je pense bien qu'il y a de Comme l'écrivait un ancien libéral, qui n'est plus en plus de Québécois — et les chiffres sont pas particulièrement reconnu comme révolu- clairs, depuis 1966— qui prennent conscience tionnaire, votre ancien collègue Eric Kierans: que ce sont eux qui vont développer leurs Ce n'est pas une question de capitalisme, de ressources et non les autres. socialisme ou de tout ce qui est en isme. C'est M. le Président, ce n'est pas vers la dépen- d'abord de savoir pour qui ces ressources dance, comme nous le prône actuellement ce devront être développées. On ne peut quand gouvernement, qu'est notre avenir, mais c'est même pas — écrivait encore M. Kierans — natio- bien vers l'indépendance. naliser ce qui nous appartient. Le territoire du Au Québec, nous sommes loin d'avoir pro- Québec, c'est à nous qu'il appartient. Le terri- fité de tous les avantages de nos ressources na- toire du Québec et les ressources naturelles que turelles. compte ce territoire, c'est aux Québécois qu'il Dans un secteur aussi important que celui appartient. des mines où les ressources ne se renouvellent Il est clair que ce ne sont pas les autres et ce pas, par opposition aux richesses renouvelables ne sera pas la responsabilité des autres que de telles la forêt, on peut même affirmer que venir nous développer mais c'est d'abord notre l'exploitation de nos ressources a contribué à responsabilité. Malheureusement, il semble en- appauvrir les Québécois. Les quelques bénéfices core à trop de Québécois et surtout à trop de que nous avons reçus, que ce soit sous forme de nos politiciens timorés que les seules chances taxes ou de salaires, représentent peu par qui nous restent soient de poursuivre petite- rapport à ce qui est sorti du Québec, par ment une existence quotidienne et de s'en rapport aux profits considérables qu'ont faits remettre à d'autres du soin de fixer notre les compagnies chez nous, qui sont malheureu- destin. Car si nous possédons d'énormes riches- sement bien souvent réinvestis à l'extérieur. Ce ses, nous avons malheureusement trop de com- qu'on a retiré, c'est également peu comparative- mis voyageurs de la résignation, quand ce n'est ment à la perte de richesses subie en termes de pas de la prostration, trop de politiciens de la dépôts miniers épuisés. Les gens de l'Abitibi, en capitulation tranquille, dont le rôle est de nous particulier, ont pris conscience depuis quelque maintenir dans la dépendance économique et temps de ce que ça donnait de laisser les autres politique. exploiter nos ressources; ils se ramassent aujour- Ces politiciens, ces commis voyageurs, ce d'hui avec des mines fermées, avec des presta- sont exatement les mêmes petits politiciens qui tions d'assurance-chômage ou d'aide sociale. sont en face de nous et qui se promenaient, Voilà où nous conduit notre incurie collec- pendant la campagne électorale, faisant peur tive. Quand on pense, par exemple, qu'au aux Québécois en leur disant: Mais après l'indé- dernier rapport du ministère des Richesses pendance, les capitaux vont sacrer le camp! naturelles les revenus d'exploitation minière au Après l'indépendance, la piastre va être à $0.70. Québec ne rapportent que $16 millions. On a Combien d'épouvantails à corneilles n'a-t-on pas souvent décrit les pays colonisés comme étant 115 des réservoirs de matières premières pour les Le ministre des Richesses naturelles s'est métropoles et des marchés pour les produits simplement assis dans son bureau et a laissé transformés. Ottawa négocier seul. Le ministre des Richesses Dans ce domaine, nous constatons, quand on naturelles a été absolument en dehors de toutes regarde les chiffres, que le Québec est vraiment les grandes négociations. En particulier, on a un pays colonisé. Si on regarde un tableau laissé Soquip complètement en dehors de ces général de la transformation des ressources discussions comme nous le disait le ministre des naturelles chez nous, on est surpris. On constate Richesses naturelles, alors que de partout même qu'en moyenne plus de 70 p.c. — écoutez ça, les le ministre de l'Energie d'Ottawa, on nous libéraux — de notre minerai, de nos ressources, pressait de faire intervenir la Société québécoise sont exportés à l'état brut pour être transfor- d'initiatives pétrolières, parce que — nous disait- més à l'extérieur et nous être ensuite revendus on — les pays arabes, les pays du Moyen-Orient, sous forme de produits finis. comme le Vénézuéla étaient prêts à négocier Dans le domaine de l'amiante, par exemple, des contrats à long terme. en particulier dans ce domaine où nous fournis- Si nous avions eu, M. le Président, un vrai sons 65 p.c. du monde libre, nous avons un ministre des Richesses naturelles, nous n'au- bargaining power, un pouvoir de négociation rions pas à subir, du moins aussi fortement, la très fort et le gouvernement ne fait rien. Une pénurie de pétrole; nous n'aurions pas à réduire étude du ministère des Richesses naturelles nos thermostats de 70 degrés à 68 degrés, ou à nous démontrait, l'an dernier, qu'à peu près fermer nos rideaux le soir pour les ouvrir le 2 p.c. à 5 p.c. de notre amiante est transformée jour, à la demande de M. Macdonald. chez nous. Le gouvernement nous annonce aussi que Cela donne quoi? Prenez le cas de la nous aurons l'occasion d'adopter une nouvelle Canadian Johns-Manville Corp., par exemple, politique forestière afin d'obtenir une utili- qui exploite une mine au Québec. Elle emploie sation maximale des ressources de la forêt pour 3,000 travailleurs au Québec, au niveau de le plus grand avantage des Québécois. Celle-là, l'extraction primaire, mais, là où sont situées M. le Président, je l'attendais parce qu'elle ses entreprises de transformation, c'est 18,000 revient à peu près à chaque discours inaugural travailleurs avec des gros salaires qui sont depuis 1970. Pourtant, pendant quatre ans, le engagés par cette compagnie. Nous sommes, ministre des Terres et Forêts n'a pas été capable dans ce domaine, des scieurs de bois, des d'appliquer un iota de ce qu'il proposait dans le drillers, parce que c'est nous autres qui l'avons livre blanc du ministère des Terres et Forêts. décidé, parce que ce sont nos petits politiciens M. le Président, notre position, du côté du qui l'ont décidé. Parti québécois, est bien connue dans ce domai- Le gouvernement nous annonce dans le ne, en particulier en ce qui concerne les discours inaugural que "cette Législature sera concessions forestières. Et, si le ministre n'est appelée à prendre des mesures extrêmement pas encore convaincu de la nécessité d'abolir les importantes afin de réévaluer et de moderniser concessions forestières, je l'invite à venir chez les politiques de mise en valeur des richesses nous, sur la Côte-Nord, constater les conséquen- naturelles." En tout cas, s'il y a un petit sursaut ces néfastes des concessions du domaine public de pudeur dans ce gouvernement, j'ai bien hâte à des compagnies forestières irresponsables. Je de voir les mesures qu'on va nous proposer, l'invite, M. le Président, à venir visiter des petits mais je crains bien, par suite de l'expérience que villages comme Clark City, comme Rivière- j'ai eue depuis quatre ans, qu'encore là la Pentecôte, comme Baie-Trinité, comme God- montagne n'accouche d'une souris. bout, comme Franklin, prochainement comme Je pense que la solution, c'est d'abord un Rivière-Portneuf et Les Escoumins, qui ont été changement de mentalité chez nos politiciens exploités, dont les territoires ont été exploités traditionnels, qui ne savent ou qui ne veulent et vidés par les compagnies internationales de pas imposer aux grandes entreprises multi- papier. Et les compagnies ont sacré le camp une nationales les règles du jeu qui sont imposées fois qu'elles eurent pris toutes les ressources. ailleurs. Ces villages sont devenus des villages fantômes, J'aurais voulu parler du sort qu'on réserve à des villages où les populations vivent de l'aide des instruments collectifs qu'on a créés il y a sociale et de l'assurance-chômage, quand elles quelque temps au Québec en particulier, pen- peuvent vivre, M. le Président ! dant la révolution tranquille, et qu'on laisse Il me semble, au moins, que le ministre des dans la stagnation. J'aurais en particulier voulu Terres et Forêts devrait étudier la possibilité de parler de ce qu'on a fait avec la Société formation, comme un de ses collègues le disait québécoise d'initiatives pétrolières, particulière- — je pense que c'est le député de Taschereau, ment à ce moment-ci, où nous subissons une hier — de coopératives forestières pour permet- crise du pétrole importante, une pénurie de tre à ces populations de vivre. Ce qui est encore pétrole. Nous avons un instrument clé qui nous pire, M. le Président — et là je voudrais faire aurait permis de faire face à cette pénurie de exception pour une compagnie comme pétrole et le ministre des Richesses naturelles North Shore, par exemple, qui a établi une n'a absolument rien fait. usine de transformation chez nous; justement 116 parce qu'elle a établi une usine de transforma- rien. Ce gouvernement ne représente que les tion à Baie-Comeau, elle a utilisé de façon intérêts des autres. Ce gouvernement ne repré- rationnelle les ressources naturelles qu'on lui sente que les intérêts d'ITT-Rayonier, ce gou- accordait. Malheureusement, ce n'est pas le cas vernement ne représente que les intérêts de pour toutes les compagnies que nous avons vues Quebec Cartier Mining et autres compagnies. M. venir chez nous. Ce qui est encore pire c'est que le Président, ce gouvernement-là est maintenu non seulement on leur a concédé la forêt mais au pouvoir par des caisses électorales qui on leur a tout concédé, même nos rivières à viennent de ces compagnies. saumon et nos lacs. Encore là, M. le Président, Ce fut donc avec un certain sourire que j'ai ces compagnies ont à peu près tout gaspillé. entendu tout à l'heure le ministre du Tourisme, J'ai fait connaître, par exemple, au ministre de la Chasse et de la Pêche nous parler de des Richesses naturelles et au ministre des certaines réformes dans ce secteur, en particu- Terres et Forêts ce que la CIP à Pentecôte avait lier lorsque j'ai lu dans le discours inaugural que fait avec l'une des belles rivières à saumon que le gouvernement entend reconnaître d'une fa- nous avions sur la Côte-Nord la rivière Pentecô- çon non équivoque la richesse du potentiel te. On a détruit un barrage sans la permission touristique du Québec en proposant des nouvel- du ministère des Richesses naturelles, comme le les mesures de développement de cet important prévoit la loi. Aujourd'hui, cette rivière est secteur économique. Encore faudrait-il être foutue, finie. Ce ne sont pas les braconniers, convaincu, M. le Président, que nous avons un comme le dit trop souvent le ministre du gouvernement, que nous n'avons pas un gouver- Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, qui ont nement des autres, mais que nous avons un vidé les rivières à saumon chez nous; ce sont les gouvernement de Québécois qui protège les compagnies forestières, M. le Président, par intérêts des Québécois. suite du fait qu'on les a laissées sans aucun En plus, M. le Président, de la nécessité de contrôle, qui ont vidé les rivières chez nous. l'amélioration de notre infrastructure routière Le ministre de l'Environnement, qui m'écou- dans le domaine touristique, il faudrait au te, devrait vérifier ce dossier que j'ai fait moins reconnaître deux facteurs fondamentaux parvenir à deux ou trois reprises à l'un ou importants si on veut avoir une politique l'autre des ministres. On se lave les mains; le touristique cohérente. D'abord, le fait français ministre des Terres et Forêts dit: Cela dépend chez nous. Cela, à la suite du discours que j'ai du ministère des Richesses naturelles. Le minis- entendu du ministère des "affaires aculturelles", tre des Richesses naturelles dit : Cela dépend du si vous voulez, je pense bien que ce ne sera pas ministère des Terres et Forêts. fait de sitôt. Je sais que si j'avais fait parvenir le docu- Il y a une chose quand même qu'il faudrait ment au ministère de l'Environnement il m'au- se mettre dans la tête: les Américains et les rait probablement renvoyé à Ottawa. Ontariens, quand ils viennent au Québec, ce M. le Président, à Baie-Trinité, par exemple, n'est pas pour voir un Québec à visage anglais, la compagnie Domtar qui n'exploite plus rien ce n'est pas pour voir de l'affichage en anglais. là, qui a concédé, qui a cédé ses concessions Les gens viennent ici parce qu'ils veulent forestières en échange d'une autre belle conces- rencontrer, en tout cas veulent connaître une sion à Lebel-sur-Quévillon, la compagnie Dom- culture qui est différente de la leur. Cela tar contrôle encore la rivière à saumon. On a pourrait être un attrait touristique considérable exploité les ressources qui pouvaient permettre si on voulait au moins établir des politiques aux gens de vivre, les ressources forestières puis dans ce domaine. après ça on a sacré le camp ailleurs parce qu'il Mais je ne pense pas que ce gouvernement, qui n'y en avait lus, mais on a gardé une seule n'accepte même pas de reconnaître une chose ressource, par exemple, qui pouvait permettre à qui est reconnue par tout le monde puisqu'il est la population de vivre, une seule ressource qui normal de reconnaître la langue française com- pouvait être un attrait touristique considérable me langue nationale, puisse faire quelque chose pour le petit village de Baie-Trinité. dans ce domaine. Nous avons demandé à maintes reprises au Il faudrait aussi que ce gouvernement accep- ministre du Tourisme, de la Chasse et de la te de reprendre nos territoires de chasse et de Pêche de libérer cette rivière et de faire du petit pêche qui ont été concédés, par patronage, village de Baie-Trinité un village touristique. encore à des Américains. Actuellement, 29,233 Nos pétitions, nos lettres n'ont pas été enten- membres de clubs privés se partagent encore dues. Il a fallu, M. le Président, aller jusqu'à plus de 80 p.c. des territoires de chasse et de contester puis on va continuer de la contester, pêche qui sont accessibles et 89.5 p.c. de la cette rivière à saumon, parce que c'est d'abord population québécoise — je sais que les libéraux aux Québécois qu'elle doit appartenir et non ne sont pas là-dedans parce qu'eux ils sont pas à la compagnie Domtar qui exploite des membres de clubs privés — doit se partager forêts à Lebel-sur-Quévillon. encore moins de 20 p.c. des territoires de chasse Non, M. le Président, je sais que dans le et de pêche, malgré les promesses du gouverne- domaine touristique comme dans d'autres do- ment Bourassa d'abolir les clubs privés. maines, ce gouvernement ne fera absolument L'accessibilité pour tous les Québécois aux 117 ressources cynégétiques et halieutiques, c'est un laisser tomber les caisses électorales, il ne faut peu comme la souveraineté économique et pas laisser tomber le patronage. Je vous dis, M. culturelle des Québécois. le Président, que la patience des Québécois a Les politiciens nous la promettent à chaque des limites. Nous sommes encore bien chanceux élection pour ensuite nous dire: Plus tard; ce que la contestation ne soit pas plus forte. Je n'est pas possible tout de suite; on n'est pas vous le dis encore, nous sommes les seuls à avoir capable; ça va coûter trop cher. Pire: ça va être ce système du moyen-âge. En Europe, ça un chaos écologique. On est trop braconnier. Si n'existe pas des clubs privés et il reste encore du on ose faire cela, bientôt il n'y aura plus de poisson. J'aurais l'occasion de vous le prouver, truites, de brochets, de dorés et d'orginaux au je n'ai pas le temps, pour le moment. Québec. Bientôt ils vont venir nous dire qu'il va Aucune raison ne justifie ce système. La rester juste des menés. Je n'ai pas le temps, M. vérité, c'est que les clubs privés constituent un le Président, de vous prouver toute la fausseté scandale au Québec, pour utiliser le titre du de ces affirmations qui sont, d'ailleurs, répan- volume de Poupart. La vérité c'est que le dues par ceux qui profitent du système, ceux ministère du Tourisme, de la Chasse et de la qui en ont des clubs privés, ceux qui peuvent se Pêche est un ministère de "patroneux", un permettre d'ailler à la chasse à l'orignal ou au ministère de récompenses pour les amis politi- chevreuil, ceux qui peuvent se permettre d'aller ques qui fournissent à la caisse électorale. Je pêcher, eux autres, parce qu'ils possèdent des doute que ce gouvernement ait les couilles clubs privés. nécessaires pour faire une véritable politique Je voudrais dire aux Québécois que dans ce cohérente, une politique complète du tourisme, secteur de notre libération et de notre indépen- de la chasse et de la pêche. dance, comme dans tous les autres, nous ne Le discours inaugural nous annonce aussi un sommes pas plus bêtes que les autres, nous programme complet et cohérent de développe- pouvons faire ce que les autres peuples nor- ment de l'agriculture comprenant, entre autres, maux du monde ont fait depuis longtemps et un plan de zonage du territoire agricole, la s'occuper nous-mêmes de nos affaires. La bê- révision globale des politiques de crédit agrico- tise, ce serait de laisser se perpétuer la situation le, la diversification des productions et le actuelle. Il me paraît aberrant de devoir répéter développement du secteur agro-alimentaire. Je à nouveau devant les membres de l'Assemblée n'ai pas la prétention d'être un expert en ce qui nationale, à l'endroit des défenseurs de ce concerne l'agriculture. D'ailleurs, je salue mon système de patronage et surtout aux dix der- ex-collègue à l'Assemblée nationale, Charles niers ministres du Tourisme, de la Chasse et de Tremblay, qui a fait un travail formidable la Pêche, qu'on est les seuls, parmi tous les pays depuis 1970 dans ce domaine. Si ça n'avait été civilisés au monde, à garder un système aussi de la machine rouge libérale, des télégraphes et moyenâgeux. On est les seuls. L'Ontario n'a pas de sa maladie aussi, probablement que Charles de club privé, la Colombie-Britannique n'a pas Tremblay serait encore avec nous. de club privé, la Saskatchewan n'a pas de club M. le Président, je sais que ce n'est pas privé et les Américains n'ont pas de club privé. encore le Parti libéral qui va résoudre les Si ça peut faire plaisir à M. Bourassa, qui problèmes agricoles. En tout cas, en ce qui me tente de les copier continuellement, les Améri- concerne, moi, le travail je vais le prendre au cains n'ont pas de club privé, mais ils se paient sérieux et je serai un critique impitoyable du la traite chez nous, par exemple. Ils se paient la ministère de l'Agriculture. J'invite aussi tous les traite, ça, je vous le garantis. "Nous avons mis agriculteurs et tous les organismes agricoles à — je cite le petit volume qui est encore d'actua- engager ou à continuer la discussion avec le lité: Le scandale des clubs privés", de Pou- Parti québécois, qui est le seul parti qui peut part — la main sur la liste des membres d'un présenter des solutions adéquates à leurs problè- club privé parmi tant d'autres." Liste que j'ai mes que je ne peux qu'esquisser dans le court demandée à maintes et maintes reprises à délai qu'il me reste. l'Assemblée nationale, au feuilleton, mais on Dans l'agriculture, c'est encore là, je pense nous donne les noms des secrétaires. Il est bien, qu'on est plus colonisé, parce que dans certain que les secrétaires sont québécois; c'est l'agriculture on a le marché. Les Québécois probablement la petite secrétaire du patron ou achètent plus de $1.5 milliard en produits le secrétaire du patron. On dit: Regardez, cela alimentaires. Et, dans tous les pays du monde appartient aux Québécois. Non, M. le Président, normaux, on tend au moins à l'auto-appro- voyons la liste des membres. visionnement dans ce secteur. Mais nous, les "Et bien, dit-il, croyez-le ou non ce club Québécois, ne produisons que 63.7 p.c. des compte 88 membres dont 81 sont des Améri- produits agricoles consommés au Québec. On cains". Eux, ils n'ont pas de club privé mais ils est donc déficitaire dans ce domaine en particu- viennent se payer la traite chez nous, par lier, dans le domaine de la viande où il serait exemple. Nous, on accepte cela. Ceci nous possible, en ce qui concerne le porc, en ce qui explique que tous les politiciens nous promet- concerne le boeuf, en ce qui concerne l'agneau, tent, avant chaque élection, l'abolition des d'améliorer la situation. Et, encore là, on se clubs privés et, après, c'est une autre histoire. demande si le ministre de l'Agriculture, plutôt Après, on n'est plus capable, il ne faut pas qu'aider les agriculteurs, n'est pas là pour mieux 118 les fourrer. Justement, mon ami Charles Trem- D'autre part, considérant que c'est tellement blay s'était opposé, lors de la discussion de la important, je vais sûrement y revenir. Quand Loi des producteurs agricoles, à cette clause qui même — cela est de la faute du député de demande, pour qu'un référendum soit valide, Saguenay et de cette tradition qui fait que, que 60 p.c. des agriculteurs se prononcent. Et depuis à peu près quatre ans, cela adonne à peu parmi ces 60 p.c, ça prend les deux tiers qui près continuellement que je parle immédiate- votent oui pour que le référendum soit consi- ment après lui — je me vois forcé de donner, à déré comme valide. Cela est la démocratie des mon tour, certaines répliques à certaines de ses libéraux. Il n'y aurait probablement pas beau- affirmations. Ce qui m'étonne, c'est de voir coup de libéraux qui seraient élus si on accep- avec quelle virulence non seulement le député tait cette démocratie. de Saguenay, mais la plupart des députés du Or, qu'est-ce qui arrive? Une des seules Parti québécois ont insisté pour essayer de nous productions que nous avons qui est solide est la faire passer, nous, les membres du Parti libéral, production du porc. Ces gens ont demandé candidats élus, députés, pour des gens malhon- dernièrement un vote pour créer un plan nêtes; de nous faire passer, comme encore conjoint et donner naissance à un organisme de tantôt je l'entendais, pour des passeurs de commercialisation et de contrôle de la produc- télégraphes, pour nous faire passer tous ensem- tion. Or, 70 p.c. des agriculteurs dans ce secteur ble pour des faiseux d'organisations d'élections se sont prononcés lors du référendum; 62 p.c. ou comme si nous étions le diable en personne. de ces gens ont voté oui. A cause de cette Eh bien, j'invite les membres du Parti québécois intransigeance de la loi qu'on n'a pas pour en cette Chambre à faire leur propre enquête, d'autres secteurs de la société, les producteurs non seulement la mienne. Vous allez vous rendre de porcs du Québec ne pourront pas avoir un compte que, même si on n'a pas, dans d'autres organisme de commercialisation et de contrôle domaines en tout cas, peut-être des leçons de de la production. On se demande si on n'est pas vertu à donner à qui que ce soit, celui qui vous en train, là où s'améliorait la situation concer- parle en a sûrement une de civisme et d'honnê- nant les grains de provende, de jeter à terre teté à donner à de nombreux candidats péquis- l'une des rares productions qui étaient solides tes et, en particulier, à celui qui a été mon au Québec. On demande au ministre de l'Agri- adversaire dans le comté de Fabre. culture du Québec de modifier cette clause M. le Président, cela fait rire tout le monde absolument injuste de la Loi des producteurs quand c'est René Lévesque qui le dit. Sûrement agricoles, afin qu'on reconnaisse que 50 p.c. des que cela n'en fera pas rire quand c'est Gilles producteurs plus un dans un secteur puissent Houde qui le dira, mais il y a des maudites établir un plan conjoint. J'aurai l'occasion de limites à nous prendre pour une gang de toute façon de parler de ce secteur plus cabochons et de malhonnêtes. Quand vous longuement, plus tard. Mais, nous n'avons pas frisez le fanatisme, quand vous frisez l'hystérie, particulièrement — et je termine, M. le Prési- quand vous rayez tout ce qui n'est pas franco- dent — tendance à être optimiste, car depuis phone comme nom des listes, par milliers; 1970 nous avons constaté que ce gouvernement quand, malgré l'indication et la lettre que tous est bien plus qu'autre chose, une image qu'il les candidats ont reçue du président de l'Hydro- réussit à créer à cause des immenses moyens Québec nous demandant, par mesure de sécuri- qu'il possède, moyens électoraux en particulier. té, de ne pas afficher sur les poteaux. Toutes les Quand je vois le premier ministre et les minis- photos de péquistes dans mon comté en tout tres de ce gouvernement, je crois à la déca- cas, étaient justement sur les poteaux. Vous dence. Heureusement, il m'arrive de sortir de êtes des hors-la-loi dans ce secteur de l'afficha- cette Assemblée nationale et de voir la nation ge. Vous avez eu le culot, par toutes vos petites québécoise. Et là je crois au progrès et à l'avenir manigances, d'aller chercher $0.25 et $0.50 de notre peuple. Merci. dans le fonds de dépôt d'un grand nombre d'étudiants de nos CEGEP pour vous faire de LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'hono- petits cadeaux dans votre petite caisse propre, rable député de Fabre. propre, propre qu'on a battue net, net, net. Nous avons été invités par la compagnie La Baie à travers le Québec, dans les centres commer- M. Gilles Houde ciaux où il y avait un magasin La Baie, dans au moins sept ou huit endroits du Québec, et nous M. HOUDE (Fabre): M. le Président, je suis affrontaient; les adversaires des différents partis. un peu embarrassé, encore une fois, et ça va A ville de Laval, nous y étions, les quatre partis devenir presque une tradition, depuis quelques en lice. Ce n'est pas nous autres qui avons fait années, à cause du député de Saguenay. Je vous peur à la population. Vous nous accusez de avoue très honnêtement que j'avais l'intention faire peur à la population. Vous êtez-vous vus de consacrer tout mon temps à une section du en gang! Vous êtes-vous regardés dans un mi- discours inaugural qui traite de l'éducation et roir en gang? Ce n'est pas possible! Vous êtes- de l'humanisation, si vous voulez, de l'enseigne- vous vus une gang de péquistes, 75 à 100, dans le ment, chose qui est devenue une vieille marotte centre commercial, avec vos longues barbes, vos pour celui qui vous parle, et cela depuis huit longs cheveux, vos jeans vos ponchos vos 22 ans. colliers dans le cou, vos ballons, vos disques de 119

Pauline Julien et de je ne sais pas qui, qui on ne l'a pas eu, nous, le culot d'aller poser des enterrent tout le monde? Et je passe ce que affiches sur des lampadaires pour forcer le vous criez lorsque nous prenons la parole. Je conseil municipal à envoyer la girafe de la ville, passe les injures que j'ai reçues, les "mange tout sur les petites heures du matin, décrocher tout ce que tu voudras, Houde", mafia Houde, cela. On n'a pas occasionné ces dépenses à nos Laporte-Houde, écoeurant Houde. Vous êtes- municipalités. On n'a pas désobéi aux règle- vous déjà entendus dans un centre commercial, ments et aux lois de l'Hydro-Québec. Vous 100 de votre gang ensemble? Ce n'est pas nous autres, vous vous prenez pour des espèces de qui faisons peur à la population. Vous avez fait vierges, je ne sais pas comment dire cela, mais peur au monde. Vous êtes dignes en gang — je ne c'est effrayant. parle pas individuellement; il y a de bons gars. Concernant le tourisme, dommage que le Je dis qu'en gang — vous nous accusez, nous, ministre n'ait pas été ici tantôt et qu'il n'ait pas en gang; moi, je vous accuse en gang — vous eu la chance, peut-être, de parler après. Je n'ai seriez dignes du cirque! On vendrait des pas eu la chance de me préparer. Je ne possède billets! Ce serait une ressource naturelle, au pas toutes les données par coeur. Je ne suis pas cirque ou au zoo, mais pour adultes seulement. une espèce de machine IBM à enregistrer, pour Pour adultes seulement. C'est un spectacle réfuter tout ce que le député de Saguenay a dit. épouvantable à voir. Et vous venez nous dire Mais le député de Saguenay, chaque fois qu'il qu'on fait peur à la population ! C'est épouvan- parle de cela, je sais qu'il est convaincu et qu'il table. est vendu et nous autres aussi, on l'est. Cela, Vous nous arrivez avec des raisonnements de d'abord, qu'on l'établisse. Qu'on établisse une pied, de petites révolutions à gauche et à droite. fois pour toutes qu'il n'y a pas seulement, dans Encore tantôt, j'écoutais le député de Sague- cette Chambre —je m'adresse à tous mes nay. Il n'y a pas un ministère qui n'a pas passé nouveaux collègues, vous allez vous en rendre au batte. Il n'y a pas un ministre qui a fait son compte — le député de Saguenay qui est intéres- travail. On est de travers de a à z: les richesses sé au tourisme, à la chasse et à la pêche. Cela, naturelles, cela ne marche pas; le tourisme, cela c'est une chose que le monde va savoir. L'autre marche encore moins, l'autre affaire, cela ne affaire, c'est que le député de Saguenay, il va marche pas. Vous des de contre professionnels! falloir qu'il comprenne, aussi, un jour que, dans Vous êtes toujours contre quelque chose. un ministère comme celui du Tourisme, de la Je ne devrais pas vous dire cela. Le coach qui Chasse et de la Pêche, même si le nom peut être est en moi — ma déformation sportive — fait choquant — je ne suis pas d'accord, en tout cas, que je vous rends service, actuellement, peut- sur les mots chasse et pêche après le mot être. J'espère que vous ne m'écouterez pas. tourisme— ce n'est plus cela. Il y a autre chose Continuez à être de contre. Continuez à démo- que de la chasse et de la pêche, en partant. lir. Continuez à vous promener en gang et à Alors qu'il y a à peine dix ans il y avait deux hurler et sortez-en, des ballons et des pétards. disciplines dans ce ministère, on en est rendu à Envoyez... oui, tout le monde, en français à quinze et à vingt. part cela. Continuez, on va être là longtemps. Troisièmement, il faudra qu'il sache aussi Ne me changez pas, pour tout l'or au monde, que non seulement on critique toujours le fait mon adversaire, Unterberg. Il m'aide tellement qu'il y ait des clubs privés ou qu'il y a des quand il dit: Mesdames et messieurs, si on Américains qui possèdent des territoires, mais il prend le pouvoir, les ambassadeurs du Canada faudrait aussi, de temps en temps, il me semble, et du Québec — cela va être devenu un pays — s'il veut être constructif, s'il veut nous aider un ne se promèneront pas en Cadillac. Ils ne peu — s'il ne veut pas, parfait; cela nous aide boiront pas du champagne, eux autres. On va dans l'autre sens. distribuer du jus d'orange aux petits Québécois. Mais il faudrait peut-être dire aussi que des Faites-moi brailler! En pleine télévision, dire territoires sont accessibles à la population. Il y des choses semblables! Trois fois, dans des en a pas mal, et de plus en plus. Il faudrait aussi débats. Nous prenez-vous pour des nonos? Les de temps en temps lorsqu'on parle de dévelop- ambassadeurs ne se promèneront pas en Cadil- pement touristique, surtout ne pas avoir l'im- lac. Comme si tous les ambassadeurs se prome- pression que le développement touristique, mê- naient en Cadillac en buvant du champagne. me ce qui a été fait dans le passé, est unique- C'est-y assez fort? Vous venez nous dire, après ment pour les régions éloignées. Là, je parle en cela: Vous faites peur à la population. Vous mon nom personnel, même si je sais qu'actuelle- êtes même drôles, dans des cas comme cela. ment mon ministre a une tendance à revenir à C'est même comique. ça. Mais, M. le Président, dans l'intervention du Par tradition, dans le secteur du plein air, on député de Saguenay, tous les partis y sont s'est senti obligé —je ne sais pas pourquoi au passés, tous les ministères y sont passés. Je juste — de construire tous les parcs très loin. Je voulais rétablir que nous ne sommes pas des n'ai rien contre la Gaspésie, contre la Côte voleurs. Des télégraphes, je serais embêté de Nord, le Lac Saint-Jean, le Saguenay et l'Abiti- vous expliquer comment en passer un. J'ai bi. Je suis bien d'accord là-dessus. Bravo! Et gagné mon élection parce qu'on a travaillé. On a plus on va en faire, plus je serai content, parce travaillé comme tout le monde. On n'a pas eu le que ce sont des régions extraordinaires. culot d'aller faire radier les gens par milliers et Bien d'accord et bien heureux aussi pour la 120 région de Québec, qui sera un site à peu près surtout parce qu'il maîtrise et possède certaines unique au monde avec tout ce qui l'entoure, données et certaines connaissances dans ce son mont Sainte-Anne, ses parcs, le parc des secteur. Laurentides, etc., tout ce qui existe ici autour M. le Président, nous aurons l'occasion de de Québec. Il ne faudrait pas oublier non plus revenir sur la question du tourisme et je suis que peut-être la région la plus mal desservie convaincu que le ministre se fera un devoir, — et pas seulement au Québec, sur une grande tout à l'heure en tout cas, de relire le discours échelle — c'est la région métropolitaine. Et que du député de Saguenay. Je suis certain qu'avant là aussi, dans la région de Montréal, il faut faire longtemps, pour les questions très précises, il des efforts pour l'accessibilité, pour certains aura sans doute des réponses à apporter. Je espaces verts, pour la pêche également. voudrais cependant prendre le temps qu'il me Il y a peut-être des milliers de pêcheurs de reste pour rappeler que, dans le discours inaugu- plus qui vont à la pêche sur la rivière des ral de cette année, il y a quelque chose de tout Prairies et la rivière des Mille Iles. Ce n'est à fait nouveau. Un de mes collègues dont peut-être pas de la truite, mais il y a 67 espèces j'oublie le comté, j'ai crû comprendre qu'il était de poissons différents, d'après les biologistes un jeune professeur ou enseignant, en a glissé dans la rivière des Prairies et la rivière des Mille un mot. A la page 22 du journal des Débats du Iles. Cela, c'est une chose. 22 novembre, il est dit: "Le système d'éduca- Il faudrait aussi que le député comprenne tion du Québec est maintenant en place depuis enfin, qu'il fasse cet effort de relire le discours près d'une dizaine d'années. Vous aurez à voir à que le ministre a prononcé tout à l'heure. Je ce que les structures que la société québécoise regrette de ne pas avoir ce texte devant moi. Je s'est données en matière d'éducation ne fassent pense que le député admettra quand même que pas perdre de vue l'objectif fondamental de la depuis une couple d'années un effort considé- réforme de l'éducation, c'est-à-dire la formation rable a été fait non seulement pour la promo- de l'étudiant. Aussi, vous serez appelés à hu- tion touristique à l'extérieur du Québec, pour maniser davantage notre système d'éducation amener des montants d'argent énormes, mais par une plus grande décentralisation et l'instau- que des efforts très considérables et très con- ration d'un type nouveau de relations entre les crets, avec des résultats fantastiques ont été étudiants, enseignants, administrateurs scolaires faits également pour la connaissance du Qué- et parents". bec, pour que les Québécois eux-mêmes appren- nent à connaître les régions. Je voudrais, M. le Président, rappeler à cette Le ministre a mentionné aussi que nous Chambre, particulièrement aux 24 plus anciens avions au programme cette année toute la dont je fais partie, que depuis 1966 que je siège question de la réglementation pour les agents de à cette Assemblée il ne s'est pas passé une seule voyage. Il y a toute la question qui a été créée occasion en cette Chambre, pour le député de l'an dernier du commando de la promotion des Fabre et quelques autres, Dieu merci! sans congrès qui a rapporté jusqu'ici des succès qu'ils soulèvent cette question d'humanisme extraordinaires en allant chercher à gauche et à dans nos écoles. Quitte à rappeler certains droite toute une série de congrès. Et je sais que clichés, les étudiants, les écoliers sont devenus dans le cours de l'année on veut essayer des numéros; les corridors, les manufactures d'amener des congressistes non seulement dans d'étudiants, tout ça. Je suis prêt à admettre des villes comme Montréal et Québec, mais aujourd'hui — maintenant que ça fait dix ans — qu'on veut essayer d'en décrocher pour d'autres que depuis huit ans ceux qui ont toujours régions du Québec. Il y a tout ça. insisté pour que le ministère de l'Education Il y a, bien sûr, les problèmes que le député a fasse des efforts pour humaniser n'ont peut-être mentionnés. Mais je pense en toute honnêteté pas eu — ceux qui y croient à cette vie que malgré, peut-être, certains territoires qui étudiante — tous les succès voulus. On les a si vraiment appartiennent à une minorité, il y a peu eus que depuis huit ans il s'est développé quand même des efforts considérables. Si le deux écoles de pensée, c'était rendu là, chez les député de Saguenay pouvait venir passer quel- grands professeurs. Les plus grands pédagogues, ques jours — je l'invite, je pense que ce serait je ne sais pas qui, ont même commencé à se peut-être une bonne chose — au septième étage demander si vraiment c'était le rôle de l'école de l'autre côté, je pense qu'il ne pourrait plus, d'humaniser ou d'avoir un peu d'humain, ou si en conscience, traiter soit le ministre du Touris- on n'était pas mieux de laisser aller les élèves me, celui qui vous parle ou certains hauts comme ça, comme des numéros, puisque dans fonctionnaires... la vie — dit-on — on est devenu des numéros. Ce n'est pas vrai qu'on n'y croit pas, qu'on J'ai assisté à des réunions, à des colloques, à est des pourris. C'est vrai qu'on fait notre moses des séances d'étude où vraiment des pédagogues de possible et c'est vrai qu'on veut le faire. Il a très consciencieux se posaient la question. Ils dit lui-même tantôt qu'il n'est pas ici pour nous disent: Un individu s'en va dans la vie, sur le envoyer des fleurs. Je suis bien d'accord, il est marché du travail, coin de Peel et Sainte-Cathe- ici pour nous critiquer. Mais il me semble qu'il rine, c'est un numéro. Pourquoi ne pas le y a un moyen de critiquer de façon constructi- préparer tout de suite comme ça à l'école à être ve, de collaborer davantage qu'il ne le fait, un numéro? Il va être ça toute sa vie. Bon! 121

Deux écoles de pensée, et je vous avoue en tout chose dans cette façon future d'enseigner, qui cas — et je ne suis pas un pédagogue savant — sera programmée, où on ne sera pas obligé en que j'ai eu peur à un moment donné que cette groupe de suivre la classe. école de pensée, du type numéro, gagne la Vous voyez les avantages pour celui qui veut partie. Elle la gagnera peut-être au niveau faire du théâtre? Lorsqu'il y a répétition à universitaire davantage. Mais, M. le Président, je deux heures l'après-midi, il n'a pas à se préoccu- n'achèterai jamais la thèse. per s'il a un cours de maths ou de religion ou de En ce qui concerne les niveaux inférieurs à français ou d'anglais. Il peut aller à sa répétition l'universitaire, dans notre système d'éducation de théâtre. Vous voyez l'avantage pour celui qui — et là je cite le député de Laporte qui, lui, veut faire de la sculpture? Vous voyez l'avanta- citait le président Nixon récemment — très ge pour celui qui veut faire de la musique? bientôt 10 p.c. seulement de l'enseignement Vous voyez l'avantage pour celui qui veut sera du type magister dixit ou magistral, type pratiquer le sport ou l'éducation physique? conventionnel; 45 p.c. du temps de l'étudiant Avantages énormes, puisque l'étudiant pourra sera consacré à des recherches individuelles et suivre son propre rythme à lui, non seulement une autre tranche de 45 p.c. de son temps à dans les matières académiques, mais dans les l'école sera consacrée à travailler dans un autres matières. A une condition, M. le Prési- laboratoire. Cela veut dire qu'il nous faut ici dent, c'est que, vraiment, ce qui est dans le — si le ministre de l'Education était là, je le lui discours inaugural devienne une réalité, non suggérerais directement, je le fais par l'intermé- seulement des voeux pieux. A la condition que, diaire du journal des Débats — ajouter au justement, le nouveau type de système d'éduca- discours du lieutenant-gouverneur, "nouveau tion prévoie, avec la même importance qu'il type de relations entre étudiants, enseignants, semble le prévoir pour ses matières académi- administrateurs scolaires et parents", la phrase ques, prévoie, dis-je, avec la même importance, aussi du "nouveau type d'enseignants". tout ce que l'on peut appeler, qu'importe le nom, parascolaire, vie étudiante, activité cultu- Là-dessus, j'appuie et j'appuierai certaines relle, sociale ou sportive. déclarations du ministre du Travail au cours de la période électorale; en ce qui me concerne, M. le Président, le ministre de l'Education, c'est à ce moment-là que je les ai entendues. Je récemment, a lancé, c'est à l'occasion des Jeux ne vois pas pourquoi, puisque nous voulons du Québec, j'en suis très flatté, ceux qui sont ici humaniser la vie de l'étudiant, je ne vois pas depuis huit ans savent combien de fois j'ai pourquoi, immédiatement, on ne se penche pas abordé ces sujets. J'étais très flatté, c'est pres- également sur toute la question du nouveau que un compliment personnel, c'était presque type d'enseignants. une petite victoire personnelle que d'entendre Si c'est vrai que, théoriquement, très bien- récemment le ministre de l'Education dire: La tôt, un élève — j'ai dit théoriquement — pour- troisième priorité du ministère de l'Education, rait passer presque deux ans ou trois ans de sa cette année, c'est l'éducation physique. Il l'a vie, au niveau du CEGEP en tout cas, sans annoncé partout. Il y a eu, en tout cas, un seulement voir son enseignant lui parler, je commencement et je pense que, via l'éducation pense qu'il est temps et qu'il est grandement physique, c'est un moyen extraordinaire pour temps et sérieusement temps de prévoir ce humaniser ce système scolaire qui a eu, bien nouveau type d'enseignants, de collaborer avec sûr, ses défauts, qui a ses grandes qualités, mais le corps professoral à cette vie future qui est son principal défaut c'était ça. très près de nous. Je crois que dans l'avenir nous allons devoir Et je suis bien placé pour en parler, puisque dialoguer davantage — je ne parle pas de négo- nous sommes censés avoir, dans notre ville de ciation, je parle de dialogue — avec une masse Laval, le CEGEP futuriste Montmorency de d'enseignants qui ne demandent pas mieux que Laval, le CEGEP avant-gardiste dont la cons- d'embarquer dans cette nouvelle réforme, une truction a commencé il y a à peine quelques masse d'enseignants qu'on n'a pas le droit de jours, le CEGEP programmé, le CEGEP où cataloguer automatiquement comme étant des chaque étudiant recevra ses leçons en pressant ennemis du Parti libéral. Je suis convaincu qu'il trois ou quatre boutons de quatre ou cinq y a des centaines d'enseignants, dans la province machines, et en rendant compte de ses résultats de Québec, qui ne sont pas partisans, de de temps en temps à son enseignant. Je ne suis quelque parti que ce soit. Je suis convaincu pas contre le progrès, au contraire. Je ne suis aussi, foncièrement convaincu, qu'on n'a pas le pas contre ce nouveau type d'enseignement. Au droit de dire: Tous les enseignants sont péquis- contraire, M. le Président, si, une fois pour tes comme on n'a pas le droit de dire qu'ils sont toutes, au ministère de l'Education, on peut tous dans le Parti libéral ou dans le parti du comprendre, on peut réaliser qu'en dehors des Crédit social. La plupart des enseignants atten- matières académiques, il y a toute une vie et dent, la plupart des enseignants veulent jouer que c'est là qu'entre l'humanisme. Il y a toute peut-être le rôle futur de l'éducation, mais une vie intense pour que nos gars et nos filles, encore va-t-il falloir justement faire ces efforts de quelque palier que ce soit, puissent avoir pour les prévoir et c'est cela que je demande d'autres choses que a plus b, 10 divisé par 2, comme député de Fabre parce que j'aurai, avec que nos gars et nos filles puissent avoir autre mon collègue de Laval, mon collègue de Mille- 122

Iles maintenant, nous aurons, sur l'île Jésus, Il arrive qu'on dit que ça n'existe plus les cette première expérience très bientôt d'un directeurs de conscience: Ah! ah! ah! dehors. CEGEP très avant-gardiste. Il y a peut-être d'autres moyens de remplacer Nous ne voulons pas que se répètent certai- ça, le tuteur, le coach, appelez ça comme vous nes expériences vécues depuis quelques années voulez. C'est ça, l'éducation: le contact, la tape dans certaines grandes écoles polyvalentes ou dans le dos au gars, puis à la fille. L'endroit le CEGEP. Je suis loin d'être plus catholique que plus précis, pas du dos, mais de l'école, où on a le pape, comme le dit l'expression, mais je sais le plus d'influence, qu'on le veuille ou non, une chose, par exemple, c'est que quand les qu'on rie ou pas, c'est encore, bien souvent, curés, les bonnes soeurs et les bons frères sont dans les douches, puis dans les vestiaires. C'est disparus de nos écoles, il y en a plusieurs qui encore dans des activités comme ça, en dehors ont crié: Hip! Hip! Hip! Hourra! Il y en a des contraintes mathématiques et de l'horaire, plusieurs qui ont dit: Nous autres, les laïcs, on puis de l'examen au bout. C'est ça, de l'éduca- est bien plus fins qu'eux autres; non seulement tion. C'est ça que le discours inaugural veut on est plus fins, mais on a bien plus de nous dire et c'est ça que a dit qualifications, on a bien plus de diplômes. Ce comme premier ministre, pendant toute la qui était vrai dans beaucoup de cas. Il y a un campagne: On va essayer d'humaniser. J'espère, paquet de frères et de pères, dans le temps, qui en tout cas, ne pas être déçu en tant qu'individu nous enseignaient juste avec leur petit diplôme et en tant que membre d'un parti. J'espère qu'il de théologie. Ils étaient éducateurs de chimie, va y avoir autre chose que de la brique, autre de physique, peu importe. D'accord sur la chose que des gymnases vides, des piscines question des diplômes et de la qualification, je vides, des arénas vides, des auditoriums vides. Il peux aller jusque là. y a des centaines d'auditoriums dans la provin- Mais il y a une chose qu'on a oubliée; on a ce, des centaines, des milliers de sièges dans des oublié que là où il y avait une robe et une théâtres vides; pas un chat, pas de spectateurs, soutane, ça prend deux et trois laîcs, juste en pas d'artistes, rien. Trouvez-moi une école qui a nombre d'heures, pour les remplacer. On a une chorale, trouvez-moi un collège qui a son oublié cela dans bien des cas. Quand j'allais au glee club, sa troupe de théâtre ici et là. On collège, à six heures le matin, feu Charlemagne détient le record presque mondial, sauf l'Etat Séguin, sulpicien, après avoir dit sa messe, lui, d'Indiana, au Québec, dans le nombre de aimait bien mieux être sur le bord de la paniers de basket ball accrochés aux murs. En patinoire, vous me direz, pour l'arroser que Indiana, ils viennent au monde avec un ballon. d'être à ses dévotions; peut-être, mais au moins, Nous autres, on vient au monde avec un puck. on avait une patinoire. L'autre, c'était la chora- On a des paniers de basket ball partout dans la le; un autre, c'était le club des jeunes naturalis- province avec les winches électriques à part de tes; un autre, c'était la fanfare. C'était de six, ça; tu pèses sur le piton, puis ça monte en haut. sept ou huit heures le matin jusqu'à huit, neuf Il n'y a pas deux ligues dans la province. Cela va et dix heures le soir. suffire, je pense, cette brique, cette masse, puis Nous, les laies, on est tous capables de faire les investissements pour la construction: cela, on est bien d'accord, mais il va falloir, il va $300,000, $400,000 pour un auditorium, une falloir à cause des négociations, des conventions piscine, un laboratoire de langues. collectives, du nombre d'heures qu'un ensei- On chiale encore sur le bilinguisme et le gnant travaille, il va falloir — ce sera ma français, comme vous faites. Vous êtes dix ans conclusion — que dans ce nouveau schème de en arrière, les péquistes. Avec les laboratoires de l'éducation, dans cette nouvelle philosophie de langues qu'on a, n'importe quel professeur l'éducation, si vraiment on veut humaniser brillant spécialisé là-dedans est censé être capa- l'école, il va falloir prévoir. J'espère qu'on ble d'enseigner deux, trois et quatre langues en achève d'en construire, j'espère qu'on achève de même temps, à quarante élèves différents. On dépenser des millions et des centaines de investit des millions pour des laboratoires de millions seulement sur de la brique, j'espère langues. On boycotte dans certaines régions les qu'on est rendu au jour — c'est ce que semble cours d'anglais! On les boycotte; on va parler vouloir dire le discours inaugural — après sept français, puis juste ça, alors que le Concorde va ans ou dix ans, j'espère qu'on va penser à autre faire Montréal-Paris en trois heures, Montréal- chose que de la brique, j'espère qu'on va penser Miami, en une heure; alors qu'on a des postes à meubler par l'intérieur, par des animateurs de télévision qui nous arrivent de partout, alors — c'est peut-être une des futures branches de la qu'on va avoir les Olympiques avec des gens de future profession d'enseignant — par des tu- tous les pays du monde, je ne rêverais pas que teurs. mon enfant parle trois et quatre langues! J'ai Combien de fois, depuis huit ans, avez-vous eu assez de misère à en apprendre une deuxiè- entendu ceux qui sont ici parler des tuteurs? me; je m'en veux assez. Au lieu de faire les Combien de gens ont été contre? Bien oui, crétins comme vous le faites dans les centres mais ils n'ont jamais proposé rien de mieux. Des commerciaux de temps en temps, en gang, je le tuteurs, le tutorat. Dans le temps, on avait un répète, prenez donc une barque, essayez donc directeur de conscience. Les laies ont dit: Cela de vous rendre ailleurs voir ce qui se passe. Au n'existe plus, les directeurs de conscience. moins, si vous revenez, vous aurez vu quelque 123 chose. Vous aurez vu comment on est fier de rhétorique un peu vieillot n'ayant d'autre but vivre ici. Si vous ne revenez pas, je ferai chanter que de se gargariser de belles phrases sans offrir une grand-messe pour vous autres. quoi que ce soit de concret à mes électeurs de M. le Président, j'arrête; je pourrais parler Frontenac et à ma belle province. Rapidement, des heures. Je vous remercie et j'espère que, j'ai diagnostiqué chez la plupart des honorables dans cette Chambre, au début d'une nouvelle députés séparatistes un infantilisme avec un session, tous les députés sans exception, vont devré important de névrose politique. Ils se parler sans gêne. Je n'ai pas l'air d'un gars gêné; devaient de parler longtemps, longtemps, quitte malgré tout ce que cela a pu me coûter, je ne a dire des banalités et des bêtises. Une fois mon suis pas un gars gêné. J'espère donc que tous les étonnement passé, je me suis dit qu'un député députés, tous les nouveaux, quand vous en qui avait du coeur au ventre, surtout un député aurez des sujets que vous avez à coeur, des élu par des gens bien ordinaires, travailleurs des sujets qui peuvent, à première vue, vous sembler mines, cultivateurs, se devait de réagir et de terre à terre — ce n'est pas de la constitutionnali- réclamer pour son comté des choses concrètes, té, ce n'est pas du gros droit, ce n'est pas de la utiles à toute la région de l'amiante. grande justice; on n'est pas avocat tout le J'aimerais donc entretenir quelques minutes monde — levez-vous, quand vous avez un do- mes distingués collègues des problèmes qui maine qui vous tient à coeur. N'ayons pas peur m'ont poussé à me faire élire comme député. Le tous et chacun d'entre nous de défendre ce premier problème, celui qui me tient le plus à pourquoi on a été élus, les objectifs, les buts, ce coeur, c'est de réclamer justice pour les mineurs pourquoi on est entres en politique. C'est ce de l'amiante qui sont atteints d'amiantose. que je souhaite. Comme vous le savez probablement, plusieurs Quant au député de Saguenay, je lui souhaite de mes électeurs sont atteints de cette terrible d'essayer d'être très constructif et de cesser de maladie. Mais presque tous, hélas! n'obtien- nous remâcher toujours les mêmes exemples de nent jamais justice de la Commission des saumons et de rivières qui appartiennent aux accidents du travail, leur incapacité reconnue Américains. Qu'il ne fasse pas son petit Paul étant toujours plus faible considérant leur Unterberg et qu'il se promène dans la province, incapacité clinique. Lorsque le comité de pneu- ailleurs que sur la Côte-Nord, Bon Dieu! Je vais moconiose accorde 20 p.c. en incapacité, le l'amener quelque part; il va voir qu'il y a des patient est déjà presque complètement invalide. places, le parc de Joliette, par exemple, où c'est Mon défi, qui est un défi de taille, je l'avoue, par milliers que les gens sont allés à la pêche sera de faire obtenir justice pour ces travailleurs tout l'été et pendant toute la saison. et leur famille si durement éprouvée. M. le Président, je pense que ma demi-heure Le parti séparatiste doit être surpris de ma est terminée, je vous remercie. prise de position. Mais les travailleurs de ma région, eux, ont réalisé depuis quelques années LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'hono- déjà qu'ils pouvaient compter pour défendre rable député de Frontenac. leurs droits sur leur médecin, devenu mainte- nant député. Depuis quelque temps déjà, nos mineurs ont M. Henri Lecours compris aussi que le parti séparatiste ne leur fait la cour que lors de sa quête annuelle, espérant M. LECOURS: M. le Président, en tant que recevoir l'argent dont il a besoin pour faire élire député du nouveau comté de Frontenac, je cinq ou six députés, toujours avec une caisse veux vous féliciter pour votre réélection comme bien, bien propre. président de l'Assemblée nationale. Il est d'usa- Pour régler le problème des mineurs, je ge, pour un nouveau venu à l'Assemblée natio- suggère, premièrement, de faire rouvrir chacun nale, de se vanter d'être le député du plus beau des dossiers de ces patients lésés dans leurs comté de la province de Québec. Mais, je n'ai droits; deuxièmement, chaque fois qu'un mé- pas l'intention de rivaliser avec les beaux decin diagnostique de l'amiantose chez son parleurs séparatistes, et permettez-moi d'être patient, ce dernier devrait être examiné dans les plus pratique et de vous entretenir des problè- trois mois qui suivent la requête faite à la CAT mes propres à mon comté. et non dans les douze mois, comme c'est le cas Durant le discours de l'honorable chef de présentement; troisièmement, comme l'amian- l'Opposition, j'ai vraiment eu la nostalgie de ma tose est, de prime abord, une maladie d'exclu- belle profession de médecin de famille, profes- sion et avant tout une bombe à retardement, le sion où je me sentais réellement utile et où je degré d'incapacité devrait tenir compte de l'état pouvais travailler plus de seize heures par jour général du patient. pour le mieux-être de mes patients. En l'écou- Trop souvent, hélas! cette maladie conduit tant, j'ai passé de longs et difficiles moments aux maladies cardiaques, principale cause de me demandant si je devais sortir ou demeurer à décès au Canada. mon siège. Mais, me montrant compréhensif Il faudrait garder en mémoire qu'il y a pour ce chef sans expérience, j'ai décidé d'y 7.5 p.c. plus de cancers chez les travailleurs de demeurer espérant que de ce discours, il en l'amiante que chez les autres travailleurs de sortirait peut-être des suggestions pratiques. l'industrie en général. J'avais l'impression d'écouter un professeur de Quatrièmement, considérant que les travail- 124 leurs des mines d'amiante se situent dans les compétent et d'expérience, nous garantit que le Cantons de l'Est, il serait obligatoire que les coût serait de $250,000 seulement. Ces résultats des examens et des tests respiratoires $500,000, c'est probablement un calcul de passé au CHU de Sherbrooke soient légalement péquiste, je ne peux voir autre chose. Ils ne acceptés. Ceci empêcherait les patients d'avoir à savent pas compter, eux autres. reprendre tous les mêmes tests, onéreux et très M. le Président, vous comprendrez comme fatiguants pour des personnes malades, à la CAT moi que j'ai le devoir de demander au ministre de Montréal. Cet organisme pourrait économi- concerné de se pencher sur ce dossier. Je suis ser de l'argent car le patient doit passer cinq persuadé à l'avance qu'avec des ministres com- jours à Montréal aux frais de cette même pétents et travailleurs comme les honorables commission. députés de Bourassa et de Saint-Laurent, très Cinquièmement, lorsqu'un patient reconnu bientôt, je pourrai les inviter à l'ouverture comme porteur d'amiantose décède, sa veuve officielle de ce complexe chirurgical. ou ses héritiers légaux devraient obtenir une M. le Président, comme médecin de famille pension adéquate, ce qui n'est jamais le cas. La qui oeuvre dans un milieu peu fortuné mais où CAT refuse de payer, car il faudrait prouver que se retrouvent de vrais patriotes et de vrais c'est bien l'amiantose qui a tué le patient en Québécois, je veux féliciter le gouvernement question. Ceci n'est pas possible, ni conforme à libéral pour sa loi concernant les allocations la justice, ni conforme à la réalité, parce que, familiales. En plus de rendre justice à ces presque toujours, ces patients décèdent de familles, cette loi encouragera sûrement une maladies cardiopulmonaires secondaires à natalité plus grande. Voilà un moyen intelligent l'amiantose. d'augmenter notre population de vrais Québé- Sixièmement, M. le Président, c'est mon cois, sans avoir à se chicaner avec chacun des intention de porter cette affaire d'amiantose immigrants qui s'installent chez nous. devant la commission permanente des affaires Comme nouveau député libéral qui se sent sociales, pour vider cette question. On permet- bien libre d'exprimer ses idées et celles de ses trait ainsi aux parties concernées de se faire électeurs les moins favorisés, je veux réclamer entendre. Ce problème est complexe mais né- pour les assistés sociaux une augmentation cessite un règlement équitable que seul un substantielle de prestations. En octobre dernier, gouvernement libéral pourra obtenir pour ces le gouvernement fédéral a accru les allocations travailleurs. familiales. Plusieurs familles de mon comté ont J'aimerais ajouter une remarque et des félici- vu leur chèque du bien-être social coupé d'au- tations au ministre de l'Environnement, le tant. Avec le coût de la vie qui augmente, j'ose député de D'Arcy-McGee, car, depuis ses inter- espérer que le prochain projet de loi du ministre ventions auprès des compagnies minières de ma des Affaires sociales se montrera plus com- région, je puis affirmer que les travailleurs âgés préhensif envers ces malheureux qui trop sou- de moins de 50 ans qui travaillent dans les vent dans le passé furent si mal défendus par les mines d'amiante peuvent espérer un meilleur seuls partis de l'Opposition dans le but premier sort que leurs prédécesseurs. Les conditions de de leur soutirer un vote de protestation à travail sont très améliorées quant à la quantité l'endroit du gouvernement. de poussière tolérée par la loi. Je puis vous assurer que je prends mon rôle Un autre problème sérieux se pose chez de député au sérieux et que toujours je défen- nous, à l'hôpital général de Thetford-Mines. Le drai les intérêts de mes électeurs qui sont taux d'occupation de notre bel hôpital se situe réellement de vrais bons citoyens. Pour prouver à au moins 90 p.c. et plus. Voilà que nous avons au député de Saguenay que chacun des 102 22 lits en chirurgie qui ne servent pas car les députés libéraux peut accomplir un travail utile, hauts fonctionnaires aux Affaires sociales s'en- je veux informer cette Chambre que très bien- têtent à fermer cette aile de l'hôpital. Cet état tôt la région de Thetford Mines-BlackLake sera de chose ne saurait durer. Depuis juillet 1973, dotée d'un complexe industriel nouveau. Cette nous avons obtenu six nouveaux spécialistes à manufacture contrôlée à 75 p.c. par les Qué- notre hôpital. Ces jeunes spécialistes sont com- bécois sera partiellement financée par des indus- pétents et dévoués. Pour les garder chez nous, triels japonais. J'espère que ça vous fait plaisir. on doit faciliter à leurs patients l'accès rapide à J'aimerais dire au député de Saguenay que l'hôpital. Pourquoi payer $120 par jour pour très bientôt deux industries nouvelles de trans- traiter au CHU de Sherbrooke ou de Québec un formation de l'amiante seront construites à patient alors que celui-ci peut recevoir ces Sherbrooke. Déjà un voeu qui est accompli mêmes traitements à Thetford-Mines, à $70 par d'avance. On est vite, nous autres, les libéraux. jour? Et que l'on pense aux dépenses de transport que nécessite une hospitalisation loin M. LESSARD: II faut dire que ça fait quatre de notre région. ans qu'on le demande aux libéraux. Un point à relever, qui me semble très curieux. Des fonctionnaires prétendent que le M. LECOURS: Cela fait longtemps que vous coût annuel de ces 22 lits serait de l'ordre de l'aviez demandé à d'autres aussi. Et nous autres $500,000, alors que le directeur général de on va vous l'avoir, c'est une belle réalisation l'hôpital de Thetford-Mines, qui est un homme déjà. 125

M. LESSARD: Vous faites un excellent dis- étant située au niveau de 25,000 âmes, les cours, je vous félicite. municipalités de moindre population ne reçoi- vent pas de subvention per capita. M. LECOURS: En terminant, je fais une J'ai souligné — et je me répète — que ces promesse à mes collègues de cette Chambre. Je municipalités sont très nombreuses. Effective- vais m'abstenir de parler des machines à pluie, ment, 80 p.c. des municipalités du Québec car, selon certains créditistes, ça porte malheur. comptent moins de 1,000 âmes. Si l'on examine Merci. la situation financière de ces municipalités, on constate qu'effectivement il y en a qui taxent LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le minis- fortement leurs contribuables et manquent de tre des Affaires municipales. ressources mais il y en a beaucoup qui n'ont presque pas de taxes municipales. Et, puisqu'el- les ne taxent pas, elles ne fournissent pas de M. Victor Goldbloom services. Justement, la qualité de la vie, le caractère de la vie dans ces municipalités est tel M. GOLDBLOOM: M. le Président, il me fait que les citoyens ne semblent pas exiger, au plaisir d'intervenir brièvement dans ce débat moins dans cette époque de notre histoire, la pour répondre à certains commentaires qui fourniture de ces services. nous étaient offerts avant-hier par l'honorable Par contre, nous avons — et je l'admets faci- député de Lafontaine, qui s'est attaché particu- lement — établi d'une manière arbitraire cette lièrement au ministère des Affaires municipales ligne de démarcation et nous avons voulu aider les et aux Services de protection de l'environnement municipalités plus importantes quant à leur popu- pour indiquer ce qui, à son avis, constituent des lation. Mais l'ayant fait de façon approximative et lacunes, des manquements, des retards dans dans ce sens arbitraire, ayant utilisé pour le l'accomplissement de certains programmes et de faire ce bon vieil instrument québécois qui certaines transformations au Québec. s'appelle le pifomètre, nous nous devions d'exa- Sans vouloir lui rendre la moindre injustice, miner l'impact économique de ces gestes, donc je me permets de résumer son discours en trois d'examiner la valeur des subventions accordées parties. à ces municipalités et comparer la situation des Premièrement, le regroupement municipal municipalités qui reçoivent les subventions à est au ralenti et même arrêté, ce qui nuit au bon celle des municipalités qui n'en reçoivent pas. fonctionnement des municipalités en général et Nous avons constaté que dans le cas des petites du Québec en particulier, et l'on devrait aller municipalités, des municipalités de moins de plus loin que le simple regroupement de cer- 25,000 âmes, des subventions per capita ne taines municipalités et effectuer l'établissement suffiraient pas pour leur fournir des sommes de gouvernements régionaux à travers la provin- adéquates pour l'accomplissement des travaux ce. importants qui leur sont nécessaires. Il faut Deuxièmement, la loi adoptée en décembre donc garder en réserve, en bloc, des sommes dernier, Loi de la qualité de l'environnement, importantes pour pouvoir accorder ces subven- est une loi police qui punit après le fait et en ce tions aux municipalités qui, à un moment faisant devient une loi qui permet la pollution. donné, en ont besoin. Si nous distribuions tout Troisièmement, l'autorité du gouvernement l'argent à notre disposition, il n'y aurait pas de du Québec est insuffisamment exprimée en ce réserve pour permettre le versement de ces qui concerne certaines initiatives de la ville de subventions au moment et à l'endroit où la Montréal. nécessité se ferait sentir. Je voudrais reprendre chacun de ces élé- Quand même, nous n'étions pas en mesure ments pour les commenter à mon tour. Premiè- de savoir avec certitude si les montants prévus rement, mon collègue de Lafontaine a dit: Les pour les municipalités importantes étaient des petites municipalités manquent de ressources. Il montants justifiés. Je n'ai pas encore la réponse a raison dans une bonne mesure, mais pas à cette question, M. le Président. Après tout, ce entièrement. n'est qu'au mois de mars que le programme a La première chose que je voudrais lui dire, été annoncé; ce n'est qu'au début de l'été que la c'est que les grandes municipalités manquent de loi a été adoptée et ce n'est qu'au cours de ressources aussi. Effectivement, l'an dernier l'automne que les versements se sont faits. — je m'excuse, c'est toujours cette année mais Maintenant nous commençons à recevoir les c'était dans le Parlement précédent — le minis- budgets pour le prochain exercice financier de tre des Finances a annoncé, et ensuite nous ces municipalités. avons adopté une loi pour confirmer cette Nous pourrons juger si nous avons bien fait intention du gouvernement, des subventions per ou s'il y a des ajustements à apporter. Mais il y capita aux municipalités de 25,000 âmes et a une chose qui est déjà évidente, M. le plus. J'ai eu l'occasion, vous vous en rappelle- Président, c'est que, jusqu'à un certain niveau rez, M. le Président, de discuter avec une de population, il y a un parallélisme entre certaine intensité de cette mesure et du fait que l'augmentation de la population et l'augmenta- nous avons dû nécessairement tracer une ligne tion des coûts impliqués par l'administration de de démarcation. Cette ligne de démarcation la municipalité, mais rendu à ce niveau, qui se 126 situe quelque part entre 25,000 et 50,000 de ces frontières n'ont pas de sens; mais demandez population et probablement d'après nos pre- donc aux citoyens de ces municipalités, et vous mières analyses plus près de 50,000, il y a une trouverez qu'effectivement ces frontières ont augmentation beaucoup plus rapide des respon- un sens tel que ces citoyens ne veulent pas les sabilités financières des municipalités. changer à la légère. Donc, l'échelle qui a été conçue et qui Il est vrai, M. le Président, que nous pour- augmente les subventions avec l'augmentation rions améliorer l'efficacité de nos administra- de la population est au départ une échelle tions municipales — et ce n'est pas un commen- justifiée, et nous continuerons l'analyse écono- taire sur la qualité des personnes, ni de leur mique de cette situation pour pouvoir juger si administration mais simplement de façon admi- véritablement la formule est la meilleure ou s'il nistrative et sur le plan des structures — nous y en a une autre qui pourra être utilisée. pourrions certainement améliorer notre fonc- Je me permets de vous rappeler, M. le tionnement en réduisant le nombre de munici- Président, que le Parti libéral, au cours de la palités. J'ai dit et répété: Ce n'est pas un jeu de campagne électorale, a pris deux engagements, chiffres, pour réduire à un nombre magique le un engagement de revoir avec les intéressés, nombre de municipalités que nous avons au c'est-à-dire avec les ministères intéressés et avec Québec. Il faut des raisons plus profondes que les municipalités, la formule actuelle de redis- cela. Ce n'est pas un jeu de chiffres pour tribution de la taxe de vente. Vous savez que identifier la population idéale pour une munici- certaines municipalités se plaignent que cette palité. C'est une question que je me suis posée formule n'est pas satisfaisante. Certaines per- et que j'ai posée à beaucoup de personnes qui sonnes, certains organismes se sont permis de ont une compétence professionnelle dans ces suggérer une formule de rechange, mais chaque domaines. Je n'ai pas de réponse. formule de rechange comporte des inconvé- Je sais comme vous, M. le Président, qu'il y a nients pour d'autres municipalités; or, nous ne des limites, que rendu à un chiffre de 200,000, sommes pas du tout convaincus que la formule et certainement à un chiffre de 300,000 de suggérée par telle ou telle personne ou tel ou population, on arrive à une agglomération qui tel organisme constituerait une amélioration risque fort de dépersonnaliser ses citoyens, qui sur ce que nous avons présentement. Mais nous risque fort de les éloigner du contact indispen- avons le devoir de réexaminer chaque formule sable avec leurs administrateurs municipaux. que nous utilisons, afin d'être certains qu'elle C'est cela qui me semble un peu étrange dans la est la meilleure possible et, si elle ne l'est pas, thèse avancée par l'honorable député de Lafon- de la modifier en conséquence. taine. L'administration municipale étant néces- Notre deuxième engagement est de poursui- sairement celle qui est la plus près des citoyens, vre le même processus un peu plus loin et il va sans dire que nous, qui sommes ici à d'examiner non seulement avec le domaine l'Assemblée nationale, les députés fédéraux qui municipal, mais également le milieu scolaire et sont à la Chambre des communes, notre devoir le ministère de l'Education, l'équilibre entre les est d'être ici et nous ne pouvons être à la fois ici taxes scolaires et les taxes municipales qui sont et dans nos comtés, près de nos citoyens. Mais imposées aux contribuables municipaux, nous les dirigeants municipaux sont là, sur place, et rappelant toujours que le contribuable munici- ils ont à la fois la joie et la difficulté de pal est essentiellement différent du contribua- rencontrer, à tous les jours, leurs contribuables ble provincial et fédéral, ces deux derniers étant et de devoir leur répondre à tous les jours, taxés selon leurs revenus et selon leurs achats, d'être accessibles à tous les jours. Les députés tandis que le contribuable municipal est taxé font du bureau en fin de semaine et le lundi. principalement selon la valeur de sa propriété, Les maires et conseillers font du bureau, à sans relation à son revenu ou à ses activités toutes fins pratiques, à tous les jours. Il est économiques. important que ce contact soit préservé. C'est ainsi, M. le Président, que nous vou- Je me pose la question: De quelle façon un drons, de la façon la plus sérieuse et la plus gouvernement régional pourrait-il maintenir ce scientifique possible, arriver à de meilleures genre de communications? Effectivement nous formules de financement des municipalités. avons, dans la province de Québec, des gouver- C'est notre devoir de le faire. Mais, quand on nements régionaux, nous en avons trois: deux dit que c'est un système qui est trop centralisé communautés urbaines, une communauté régio- et qui devrait être décentralisé, et que pour nale. Je ne veux pas faire le procès de ces trois cette décentralisation, on propose la création de organismes; vous savez que chacun est soumis à gouvernements régionaux, on va loin, et l'on va un certain examen présentement, chacun est loin si l'on a la moindre connaissance du soumis à une certaine contestation. J'ai parlé, à sentiment des Québécois qui s'identifient avec plusieurs reprises, de devoirs, nous avons le leur municipalité. devoir d'examiner la situation et l'avenir de ces Il est facile de dire que les frontières trois organismes et de trouver des solutions à la municipales n'ont pas de sens. Pour un géogra- coordination des efforts à l'échelle de ces phe, pour un économiste, pour un urbaniste, agglomérations. Il me semble qu'il serait bon pour un député péquiste — parce que c'est la que nous complétions, en bonne mesure, cet thèse avancée par le porte-parole de ce parti — examen avant de nous lancer dans d'autres 127 efforts, d'autres réalisations dans ce domaine, modifier cet équilibre de responsabilités, je ne parce qu'il y a des leçons à prendre. le ferai pas parce que, sur un dossier, je suis en Ayant dit cela, M. le Président, je voudrais désaccord avec le maire de Montréal parce que souligner que la collaboration entre les munici- j'impliquerais la responsabilité des 1600 maires palités qui occupent un territoire est indispensa- de la province de Québec. ble. Cette collaboration doit être canalisée par Je ne toucherais pas à leurs responsabilités des organismes, en commençant par le gouver- générales sans les consulter — et c'est un autre nement de la province, qui en est responsable et engagement du gouvernement actuel — à l'occa- qui doit être l'animateur de discussions entre les sion d'une conférence provinciale-municipale. municipalités. Je leur demanderai: Qu'est-ce que vous voulez Dans certains cas, il doit obliger les munici- faire? Je leur dirai: Nous allons vous imposer palités à travailler ensemble. Nous le faisons des obligations dans certains domaines précis. déjà. Mon ami de Lafontaine a dit: Chaque Mais nous ne vous enlèverons pas votre respon- petite municipalité veut avoir son usine de sabilité primordiale d'administrer votre territoi- filtration. C'est peut-être vrai quant à la volon- re. té, quant au désir, mais, dans les faits, ce n'est Il y a, évidemment, des protections à créer pas vrai, M. le Président, parce que nous pour nos ressources en espaces verts qui dispa- exigeons la régionalisation des services. Nous raissent beaucoup trop rapidement, nos. ressour- reconnaissons que, pour les fins d'alimentation ces en terres agricoles qui disparaissent aussi en eau potable, pour les fins de traitement des trop rapidement. Il faut un équilibre de respon- égouts et même pour les fins du traitement des sabilités. Il s'en vient une loi qui fournira les déchets, les frontières municipales n'ont pas de mécanismes pour protéger, d'une façon beau- sens, et que, là, il faut traiter un bassin de coup plus efficace que dans le moment, les population ou un bassin de drainage. Nous ressources indispensables et irremplaçables. l'imposons, en vertu de nos lois et de notre C'est la future Loi de l'urbanisme et de l'aména- autorité. Nous allons continuer de le faire. gement du territoire. Je vous donne un engage- Justement, si la centralisation risque d'éloi- ment, M. le Président, comme ministre des gner les citoyens, il n'en est pas ainsi pour la Affaires municipales et de l'environnement, soit centralisation, sur le plan régional, de certains d'accélérer le processus d'examen de cet avant- services. Nous encourageons la mise en commun projet de loi qui sera bientôt projet de loi et qui de services comme celui de la protection contre sera, j'espère, bientôt loi pour que nous puis- l'incendie. Je ne me gêne pas pour dire que sions ensemble, en collaboration avec les divers notre politique est d'accorder une subvention paliers de gouvernement, assurer le bon déve- plus importante à des municipalités qui accep- loppement du Québec, la protection des élé- tent de mettre en commun leurs services de ments indispensables de nos ressources naturel- protection contre l'incendie, parce que, juste- les et surtout de notre terre québécoise, et, en ment, elles protègent mieux la vie et les biens même temps, permettre le genre de développe- des citoyens en ce faisant. ment industriel et résidentiel, avec des zones Il y a moyen de faire les deux choses à la tampons entre les deux, pour que nous ayons fois, d'amener les municipalités à travailler les industries qu'il nous faut, pour que nous ensemble pour la mise en commun de leurs ayons les maisons dont nos citoyens ont besoin schémas d'aménagement, par exemple, pour et que nous les ayons dans le cadre d'un plan, que nous ayons des schémas de secteur, de d'un schéma qui nous montrera où les situer région et, éventuellement, à l'échelle de la sans endommager et sans gaspiller nos ressour- province. C'est indispensable qu'il en soit ainsi. ces indispensables. Je n'ai besoin de personne pour me rappeler le Alors, j'arrive à cet autre élément du dis- cas de Val-David et du creusage de carrières en cours du député de Lafontaine, la Loi de la plein milieu d'un village touristique, parce qu'il qualité de l'environnement. C'est, je pense, un n'existait pas de schéma d'aménagement, il peu à la légère que le député de Lafontaine a n'existait pas de règlements de zonage. dit: Ce n'est qu'une loi policière qui arrive après Voici M. le Président, un commentaire que je le fait. Premièrement, parce qu'il sait aussi bien voudrais faire sur le troisième élément du que moi que ce dont je viens de parler, la Loi de discours du député de Lafontaine selon lequel l'urbanisme et de l'aménagement du territoire le gouvernement de la province manque d'auto- est l'autre côté de cette même médaille et que rité sur le maire de Montréal, qui propose les deux ensemble constitueront notre vraie certains projets pour les Olympiques. M. le protection de l'environnement, et qu'il fallait Président, il y a dans cette Chambre des maires une Loi de la qualité de l'environnement pour de municipalité, d'anciens maires de municipali- nous permettre de lutter contre la pollution. té. Ils savent que ce n'est pas simplement le Quand le député de Lafontaine dit que le fait maire de Montréal qui est plus puissant, dans le d'établir des normes constitue un permis de domaine de ses responsabilités, que le gouverne- polluer; mais, soyons sérieux; s'il faut établir ment de la province; c'est également le maire de une norme à zéro, ce ne sera pas techniquement Saint-Pie-de-Bagot, le maire de Cowanswille, le possible. Il faudra donc accepter un certain maire de n'importe quelle municipalité que je montant de pollution. Il faudra juger cette pourrais prendre au hasard. Si je suis pour concentration de polluants d'après les meil- 128 leures connaissances que nous possédons quant responsabilités, moins d'instances d'administra- aux effets de ces polluants sur la santé humaine, tion. sur les autres espèces vivantes et sur l'environne- Il est vrai que, dans certains cas, si de petites ment en général. C'est ce que nous essayons de municipalités se groupent ensemble, elles peu- faire. Ce n'est pas facile d'arriver en grand détail vent retenir les services de personnes spéciali- et de prévoir tous les effets et établir toutes les sées dans plusieurs domaines administratifs et normes, même si beaucoup de travail scientifi- autres et que, individuellement, elles ne peuvent que est déjà fait. se permettre ce qui est, dans ce cas, un luxe. Ce travail scientifique se poursuit et se Quand même, nous avons des responsabilités au poursuivra. Il est clair que nous devrons atten- niveau de la province pour leur fournir certains dre, dans certains cas, la précision que seuls les services, si elles ne peuvent les obtenir elles- hommes de science pourront nous fournir afin mêmes, et c'est ce que nous essayons de faire de savoir exactement quelles normes adopter. dans la mesure de nos moyens. Il est évident que nous devons nous fier aux Il y a un besoin absolu, impérieux de cette conseillers juridiques qui font un travail minu- collaboration à laquelle j'ai fait allusion. Nous tieux, et souvent nous, députés — et je vous l'avons effectuée, dans certains cas — et dans un assure, M. le Président, encore plus souvent cas particulier vous vous rappellerez qu'au mois nous, ministres— devenons impatients devant de juillet, nous avons adopté une modification ce qui nous semble être la lenteur du travail des importante à la Loi de l'évaluation foncière —. avocats. Mais, M. le Président, nous reconnais- Nous avons reconnu pour la première fois un sons et nous respectons la nécessité de ce travail rôle administratif aux conseils de comté, chose minutieux, même si nous sommes obligés d'at- désirée depuis longtemps par eux. Je tiens à dire tendre un peu plus longtemps le document que que l'Union des conseils de comté, à l'occasion nous voulons publier comme projet de loi ou de son congrès annuel en septembre, a dit à ses comme règlement dans la Gazette officielle du membres: Si nous sommes à la hauteur de cette Québec. Nous devons attendre parce que nous responsabilité, nous en aurons d'autres. Mais si devons faire figure de personnes sérieuses, et nous ne sommes pas à la hauteur, nous n'en comme personnes sérieuses, nous devons être aurons pas d'autres. certains qu'il n'y a pas de lacune dans les lois et Ce qui est plus important pour moi — parce les règlements, dans le mesure où l'être humain que c'est vrai ce que je viens de citer du peut en être certain. Voilà ce que nous essayons président de l'Union des conseil de comté — de faire. c'est que les municipalités membres du conseil Je voudrais relever une affirmation de mon de comté devront donner leur appui à cet collègue de Lafontaine qui n'est pas véridique. organisme central pour qu'il acquière d'autres Il a dit que l'on se prépare à accorder des responsabilités et que, dans cette mesure, le rôle exemptions ou des annulations temporaires et de la municipalité individuelle soit moindre. générales à cause de la crise de l'énergie ou Je ne veux pas, pour ma part, prendre cette d'autres facteurs. Je voudrais dire à mon ami de initiative. Lafontaine que ce n'est pas vrai. Non seulement Je veux faire ce que je fais depuis mon celui qui vous parle mais également le président arrivée à ce ministère, je veux continuer de de la Communauté urbaine de Montréal, qui a travailler avec les municipalités, les amener à une responsabilité administrative directe dans toutes les tables de discussion possibles pour ce domaine, avons dit publiquement: Nous ne essayer de faire ressortir un consensus et un donnerons pas d'exemptions générales et nous esprit de collaboration et de travail commun, n'en donnerons pas par anticipation. Si des vers les objectifs qui sont les nôtres. problèmes se présentent, nous nous pencherons Deuxièmement, il est clair que nous n'avons sur ces problèmes de la façon la plus objective pas une autorité dictatoriale sur les municipali- possible pour essayer de juger s'il faut exiger un tés. Je n'en veux pas. Mais il y a lieu d'examiner petit ralentissement ou un agencement de l'acti- l'équilibre des responsabilités, l'équilibre de vité industrielle ou bien, s'il y a une obligation, l'autorité entre les paliers de gouvernement, et pour ne pas chambarder complètement l'écono- nous avons l'intention de le faire. mie du Québec, accorder temporairement et Troisièmement, nous avons l'intention de dans des cas d'espèce des exemptions pour une poursuivre cette action d'examen de ce que période bien définie et bien limitée. nous avons, pour l'améliorer ou pour le confir- M. le Président, nous n'avons pas l'intention mer si nous sommes convaincus que c'est la d'invoquer la crise, qui est réelle, pour agir à la meilleure formule possible, le meilleur arrange- légère dans un domaine aussi important. ment pour la collaboration entre les municipali- Plutôt que de continuer de relever des tés. éléments particuliers, je voudrais simplement Enfin, M. le Président, nous allons adopter résumer en disant ceci: Premièrement, il est vrai une Loi de l'urbanisme et de l'aménagement du qu'il serait plus facile pour nous d'avoir moins territoire qui bouclera la ceinture de protection de municipalités. Il est vrai qu'il serait plus de notre environnement et nous permettra facile pour nous — pas simplement pour nous d'aller de l'avant de confiance et avec sagesse du gouvernement, mais pour tous les Québé- dans un esprit de planification et dans un esprit cois — dans un sens, d'avoir moins de centres de scientifique et objectif. 129

Tout cela pour dire, M. le Président, que ce Reprise de la séance à 20 h 20 qui compte pour ce gouvernement est ce qui est réaliste, ce qui est pratique. Nous voulons agir LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A dans cet esprit et nous voulons agir tenant l'ordre, messieurs! compte de la volonté des Québécois, tenant Le député de Johnson. compte de cette volonté telle qu'elle est, telle qu'elle s'exprime, en communication directe avec elle, pas telle que certains voudraient M. Jean-Claude Boutin qu'elle soit, parce que c'est ça — le travail avec la volonté des citoyens — c'est ça la démocra- M. BOUTIN (Johnson): M. le Président, mes tie! premiers mots seront pour la population du comté de Johnson, pour la remercier de la M. BIENVENUE : Comme il est six heures confiance qu'elle m'a accordée en m'élisant moins deux minutes et demie, M. le Président... pour la représenter. J'espère qu'elle ne sera pas déçue et que je serai à la hauteur de la situation. LE PRESIDENT: Je veux reconnaître l'ho- En second lieu, mes mots sont pour notre norable député de Johnson, qui aura la parole à premier ministre, notre chef qui a su mener 20 h 15. depuis trois ans et demi les destinées de la province de Québec d'une façon admirable. M. M. BOUTIN: Merci, M. le Président. le Président, je vous soumets que le premier ministre est passé par des difficultés tout à fait LE PRESIDENT: L'Assemblée suspend ses particulières. Il a su résister à toutes ces travaux jusqu'à 20 h 15. épreuves et la preuve c'est que nous avons réussi à faire élire 102 députés dans la présente (Suspension de la séance à 18 h 1) Législature. En troisième lieu, mes remerciements vont à mes collègues de l'Assemblée nationale et plus particulièrement ceux des Cantons de l'Est, qui ont su faire valoir leur point de vue et se faire élire à la présente Assemblée nationale. Je voudrais aussi féliciter le personnel de l'Assem- blée nationale, qui s'est montré particulière- ment accueillant et a réussi à nous dépanner dans bien des circonstances. On parle souvent du comté de Johnson. Permettez-moi, M. le Président, de vous en décrire un peu la localisation. Ce comté est un tout nouveau comté issu de l'adoption de la dernière carte électorale. Il se situe presque au centre du Québec et s'étend sur une longueur de 90 milles par 35 milles de large. Il comprend plusieurs municipalités, 32 plus particulière- ment, dont quatre villes. Ce sont Windsor, Brompton, Acton Vale et Valcourt. Ce comté se compose d'une population mi-urbaine, mi-rurale. Les principales industries de ce comté sont celles des pâtes et papiers, l'industrie de l'autoneige et l'industrie de l'agri- culture. En effet, comme vous le savez sans doute, M. le Président, notre comté possède les deux plus grandes entreprises de pâtes et papiers, soit Domtar et Kruger Pulp and Paper. Je dois vous soumettre, M. le Président, que le présent gouvernement devrait penser à ces industries en élaborant une politique de reboise- ment. Comme vous le savez, ces industries se trouvent assez loin de leur point d'approvision- nement et cela crée certaines difficultés quant au coût de production. Je pense que le ministè- re des Terres et Forêts devrait songer à une solution dans les plus brefs délais. Quant à l'industrie de la motoneige, évidem- ment, nous avons quatre principales industries qui sont directement liées. Nous avons Bombar- 130

dier, Skiroule, Rockland Accessories et Roski. vois que d'après le discours inaugural, des Ces quatre industries emploient un nombre mesures seront adoptées pour aider nos indus- imposant de travailleurs et vous savez sans tries dans le milieu rural. Comme vous le savez, doute qu'elles subissent, à l'heure actuelle, une nous ne pouvons avoir de grandes industries, certaine difficulté surtout en cette période de mais il y a des domaines où les Québécois, du l'année où la neige devrait recouvrir notre côté rural, peuvent innover, comme le domaine province. Vous savez sans doute que la moto- de l'autoneige, à Valcourt, où nous avons eu un neige se pratique l'hiver et nous avons, à l'heure homme qui a créé une merveille. Je crois qu'il actuelle, certaines difficultés dans cette entre- reste encore beaucoup à faire et que beaucoup prise, vu que l'hiver retarde. Je soumets tout de de Québécois peuvent réaliser de nouvelles même respectueusement que le gouvernement a inventions. Dans notre comté, j'ai rencontré les déjà fait quelque chose pour l'industrie de la gens qui avaient de nouveaux projets et je crois motoneige et plus particulièrement en créant un qu'il y a lieu de les encourager pour aider les comité interministériel qui a élaboré certains régions rurales, les comtés ruraux. règlements qui vont favoriser nos sportifs, les Je voudrais féliciter le gouvernement qui, amateurs de ce sport. dans le discours inaugural a prévu qu'il y aura Cependant, je crois qu'il serait avantageux de une aide particulière à nos industries dans les créer des parcs pour les amateurs de ce sport et milieux ruraux. aussi de favoriser davantage le creusage de Enfin, je ne voudrais pas être trop long ce tunnels pour améliorer la circulation et les soir. Tout à l'heure, avant la suspension du visites entre les différents clubs. Cela se fait débat, mes collègues m'ont félicité pour mon dans certaines régions et on devrait accélérer ces discours, mais je n'avais même pas commencé. travaux dans d'autres régions comme celles des J'espère que les applaudissements que j'ai eus Cantons de l'Est. avant seront mérités après. En voyant mon collègue de droite, j'aimerais aussi souligner que Enfin, il y a l'industrie de l'agriculture d'où nous avons à la présente Assemblée nationale nos cultivateurs, en grand nombre, tirent leurs un député de l'Abitibi-Ouest dont je ne peux revenus. Nous avons, dans le comté de Johnson, dévoiler le nom en vertu des règlements de les plus belles fermes et, en particulier, le plus l'Assemblée nationale, mais je peux vous dire grand producteur de mais-grain de la province que nous deux, ensemble, nous allons tenir de Québec. J'ai eu l'occasion de visiter, en notre bout. compagnie de l'honorable ministre de l'Agricul- Je regarde les députés de l'Opposition, plus ture, le comté en son entier. Je voudrais particulièrement du Parti québécois. Je ne profiter de l'occasion pour féliciter l'honorable voudrais pas terminer mon allocution de ce soir ministre de l'Agriculture du magnifique travail sans faire un petit tour d'horizon sur les qu'il effectue actuellement pour nos cultiva- résultats de la dernière campagne électorale. teurs, pour rehausser le revenu de nos cultiva- Plusieurs en ont parlé, mais je crois de mon teurs et pour les aider de différentes façons. Je devoir d'essayer d'analyser un peu ce résultat dois vous soumettre que ce travail a eu un du 29 octobre dernier. Si on regardait les certain effet. Plus particulièrement dans notre journaux, après le 29 octobre, on voyait beau- discours inaugural, nous voyons que le gouver- coup de gens qui écrivaient différents édi- nement entend mettre de l'avant des politiques toriaux en disant: Ce n'est pas raisonnable avec précises pour réviser les crédits agricoles, pour 30 p.c. du vote, nous n'avons eu que six augmenter les revenus de nos agriculteurs et députés. créer un plan de zonage des terres arables. On essayait de toutes les façons, par des Je crois que le gouvernement a pris conscien- calculs, de trouver que ce n'était pas raisonna- ce que nous devons absolument augmenter le ble. Mais on a toujours analysé cela en termes budget du ministère de l'Agriculture et ceci sera de chiffres et je crois que le parti officiel un grand bienfait pour la province de Québec. d'Opposition ne s'est pas analysé lui-même. On Si nous consacrons plus d'argent à l'achat de ne s'est pas assez regardé en disant: Mais denrées alimentaires, il nous en restera beau- qu'est-ce qui se passe avec ce résultat du 29 coup moins pour acheter d'autres biens et octobre? Je dois vous dire que ce qui se passe, services. c'est que les jeunes, dans les milieux ruraux et Je crois qu'il est très important que le dans les milieux urbains, ont vu ce qu'avait fait gouvernement agisse dans les plus brefs délais. le gouvernement Bourassa, le gouvernement du Je suis certain que nous aurons probablement, premier ministre actuel. Je dois vous soumettre d'ici quelques mois, des lois dans ce domaine, et que la population ne pouvait aucunement ne ceci à l'avantage des cultivateurs et des agricul- pas faire confiance au gouvernement actuel. teurs de toute la province et plus particulière- Nous avions, avec cette situation, deux options ment ceux de notre beau comté de Johnson. bien claires et nettes, soit le fédéralisme ou Enfin, M. le Président, lors de la dernière l'indépendance. Alors, certainement les gens campagne électorale, j'ai eu l'occasion de visiter ont choisi la chose la plus sûre, soit de voter toutes les industries de notre comté. Je dois pour un parti qui avait une position claire et vous dire qu'il y a beaucoup à faire pour le nette. Ce que nous proposait le parti d'Opposi- développement industriel dans les secteurs ru- tion, c'était une aventure. J'ai eu l'occasion de raux, dans la région extra métropolitaine. Je le vérifier même parmi nos jeunes. 131

Le député d'Anjou parlait de la jeunesse qui, campagne électorale. M. le Président, des politi- souvent, disait-on, adhère à un parti séparatiste, ques sont mises de l'avant dans le discours un parti nouveau, un parti vers l'aventure. inaugural, dans le domaine de l'agriculture, dans Moi-même, j'ai fait l'expérience lorsque j'ai eu le domaine de la voirie, par exemple. Dans les l'occasion de rencontrer des jeunes alors que je parties rurales, nous avons besoin de chemins. voyageais en automobile et j'ai même fait Nous avons de la grande voirie qui a été faite, monter certains jeunes sur le pouce. Je leur ai mais je dois vous soumettre que nous devons posé la question directement: Qu'est-ce que avoir aussi un oeil du côté de la voirie rurale. vous avez dans la tête, M. le jeune étudiant? Alors, pour aider le développement industriel N'est-il pas vrai que c'est une question d'aventu- de nos petites localités, c'est bien facile. Dans la re? Il m'a avoué franchement que c'était ça. E région — je ne suis pas contre la région de n'était aucunement au courant des politiques Montréal, ni les grandes régions — mais, tout de du parti séparatiste et des autres. Mais ce qu'il même, il faut penser qu'il y a des populations voulait, c'était l'aventure. C'est bien facile de qui attendent l'aide du gouvernement. Beau- s'en aller à l'aventure. Mais je pense qu'il faut coup a été fait et je suis heureux du travail fait prendre conscience aujourd'hui, il faut avoir les par le gouvernement. En terminant, je dois vous deux pieds sur terre. avouer qu'il est certain que la population n'a La population rurale l'a démontré. D'ail- aucunement à craindre. Même si nous avons leurs, si vous regardez les résultats par région, 102 députés, avec l'honorable premier ministre, dans les populations rurales vous allez remar- la population peut être certaine, parce qu'elle a quer que le parti séparatiste a beaucoup moins prouvé qu'elle avait confiance en cet homme, de voix qu'on se le dit. Au niveau provincial, il que nous allons avoir des résultats patents dans a 30 p.c. Mais si on regarde dans les Cantons de les quatre prochaines années et, lors de la l'Est ou dans les Bois-Francs et la Chaudière prochaine élection, il ne restera peut-être pas ensemble, on remarque qu'il a 17.8 p.c. du vote six péquistes; il n'en restera peut-être pas un. en 1973, alors qu'il en avait 13.2 p.c. en 1970. Merci. Il n'y a pas eu une grosse augmentation du côté rural, votre Seigneurie, M. le Président, dis-je; je LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): m'excuse mais c'est un défaut professionnel! Je suis souvent appelé à plaider devant les cours L'honorable député d'Iberville. et cela peut arriver que l'on puisse se tromper. Plaise au président du tribunal... ! au président de la Chambre, on me dit que c'est un confrère, M. Jacques Tremblay effectivement. Si on regarde ces résultats, cela M. TREMBLAY: M. le Président, permettez- dénote que dans les milieux ruraux il n'y a moi d'adresser mes premières paroles à la presque pas eu d'avancement du côté du Parti présidence, de féliciter chaleureusement le pré- québécois. Les gens ont voté pour un parti sident de l'Assemblée nationale, ainsi que vous- fédéraliste. même, comme vice-président et votre collègue, Quand on regarde la campagne qui s'est le député de Saint-Louis, comme deuxième déroulée, on avait souvent des personnes qui vice-président. Nous sommes assurés que le avaient des méthodes, des méthodes à l'ancien- choix a été judicieux. L'élection des deux ne, je dirais, des méthodes de vieux partis pour vice-présidents s'est faite en douce. un jeune parti. Je trouvais cela plutôt comique. Nous ne pouvons pas en dire autant de On nous a fait peur sur la question du crayon l'élection du président de l'Assemblée nationa- de vote. Certains voulaient employer un crayon le, mais, tout de même, il a bien gagné ses à l'encre au lieu d'un crayon au plomb. On a dû épaulettes après les grands services qu'il a surveiller. Nous autres, de l'organisation, on rendus à cette Chambre durant le 29e Parle- nous a accusés d'avoir passé des télégraphes. ment. Imaginez-vous, avec 4,000 de majorité dans un Egalement, j'aime à saluer et à féliciter notre comté comme le mien, des télégraphes, s'il premier ministre pour le travail gigantesque aurait fallu en passer. C'est complètement qu'il a accompli durant son mandat précédent, illogique. On a trouvé toutes sortes de raisons. surtout pour le leadership incontestable dont il On a imbibé cela dans la pensée des jeunes, en a fait preuve et qu'il a démontré d'une façon disant: Vous avez gagné, mais pour telle, telle encore plus tangible auprès de tous ses candi- ou telle raison. Mais le vrai problème, le Parti dats et face à l'électorat québécois durant cette québécois devrait se regarder et dire: Qu'est-ce campagne électorale qui reconduit son gouver- qu'il en est exactement? nement â la barre des affaires du Québec. Je pense que c'est cela qui leur manque. Il Je félicite tous les ministres qui sont revenus faut avoir les deux pieds sur terre. Qu'ils à leur poste. Je félicite également les nouveaux viennent, dans les milieux ruraux, voir nos ministres et particulièrement une bonne cama- cultivateurs, nos ouvriers. Ils vont s'apercevoir rade, Madame le ministre d'Etat aux Affaires qu'eux, ils ont les deux pieds sur terre. sociales, le député de Bourassa qui nous a valu Enfin, je ne voulais pas finir mon allocution par cette victoire d'être agréablement privilégiés sans parler un peu de ce domaine de la dernière de sa charmante présence en Chambre. 132

J'aimerais également offrir mes voeux de de Verchères, ex-député de Rouville. Je profite bonne santé à notre whip en chef qui subit de l'occasion pour le saluer et le remercier actuellement des examens médicaux dans un également de son attachante collaboration. On hôpital de Québec. Il nous reviendra encore l'a appelé le parrain du cidre, on l'a surnommé plus revigoré. Je pense bien que l'Opposition instigateur de l'industrialisation des produits de officielle, au fond, souhaite bien son retour, la pomme. car, malgré tout ce qu'on a pu dire au sujet de Je tâcherai de me montrer à la hauteur de ce leur aspirant président de la Chambre, on sait que l'ex-député de Rouville a pu accomplir bien que c'est un gars sympathique qui s'est durant son mandat lorsque ce comté existait mérité la confiance du caucus du parti et de son sous ce vocable. Nous arrivons ensuite dans la premier ministre. Nous lui formulons de bon section de Missisquoi qui a été détachée de voeux de prompt rétablissement, ainsi qu'un l'ancien comté de Missisquoi pour faire partie grand merci, de ma part du moins, à tout son du comté d'Iberville, particulièrement la ville de personnel pour la facilité avec laquelle il nous a Farnham ainsi que Venise-en-Québec, dite la accueillis lors de notre arrivée en cette Cham- baie Missisquoi, Clarenceville et Noyan. Ce bre. territoire devient maintenant partie intégrante Je ne voudrais pas oublier les responsables de d'Iberville. Lui aussi a été le siège d'un autre la diffusion intégrale des débats de cette Cham- membre éminent de cette Chambre, de regrettée bre. Evidemment, c'est un personnel qu'il nous et respectueuse memoire. est donné, nous de l'arrière-ban ici, de voir d'un Vous voyez, M. le Président, dans quel peu plus près, le personnel du journal des contexte le candidat dans ce nouveau comté Débats, qui accomplit son boulot très conscien- s'est amené peu de temps avant la déclaration cieusement et qui permet à la population de l'élection pour affronter un électorat qui québécoise de se rendre compte de ce qui se était plutôt disparate mais qui, d'un autre côté, passe à l'Assemblée nationale. a su accueillir un gars de bonne volonté prêt Mes chers amis, M. le Président, en faisant à servir et tâcher de le représenter de son mieux une allusion à un propos que le député de à l'Assemblée nationale. Saint-Jacques tenait jeudi dernier lorsqu'il re- Nous arrivons finalement dans la partie qui gardait, de ses yeux peut-être un petit peu s'appelle Iberville proprement dit, la belle ville envieux, le groupe — comme il les a appelés — d'Iberville ainsi que les six paroisses qui l'entou- de back-benchers libéraux; il a même pointé un rent. Sous l'ancienne loi, ça faisait tout le petit peu du doigt ces néophytes et il leur a dit : comté d'Iberville qui est maintenant intégré au Vous en verrez peut-être bien d'autres durant territoire dont je viens de parler et qui nous les quatre prochaines années. Mes chers amis, donne finalement cinq villes, treize villages et M. le Président, je vais certainement faire ma dix-huit paroisses pour un total de 36 municipa- part, moi aussi, avec mes nouveaux collègues, lités. avec tous ceux qui sont à leur première expé- Comme vous le voyez, M. le Président, le rience parlementaire à l'Assemblée nationale. Et boulot du député d'Iberville est déjà tout je pense bien qu'à l'instar de ceux qui nous ont désigné. Je vous avoue franchement que c'est précédés, profitant de leur expérience, profitant un défi de taille que je relève avec grand plaisir. également des bons conseils qu'ils pourront Je suis conscient qu'il y a quelque chose de nous prodiguer, nous saurons faire face à tangible et quelque chose de bon à accomplir l'Opposition et, mes chers amis, M. le Président, pour le bénéfice des commettants de ce nou- nous aurons certainement l'occasion de croiser veau grand comté. le fer, nous, les néophytes, avec celui qui fut lui Il m'est arrivé, M. le Président, durant cette aussi déjà un cadet en cette Chambre il n'y campagne électorale, pour en citer moi aussi a pas si longtemps. quelques petits exemples, de subir à un certain Eh bien, c'est le nouveau comté d'Iberville moment les sarcasmes pernicieux d'adversaires qui m'amène à l'Assemblée nationale; le nou- politiques qui ne ménageaient pas les façons veau comté d'Iberville c'est, M. le Président, les plus ou moins orthodoxes d'attaquer le gouver- retrouvailles d'un électorat qui nous arrive de nement et d'attaquer surtout le candidat du plusieurs segments de comtés qui ont été gouvernement. Il est arrivé un incident, en représentés ici par des hommes tantôt célèbres, particulier à une polyvalente de la ville d'Iber- tantôt un peu plus humbles, si vous voulez, et ville, où un groupe d'une couple de centaines ça commence par une partie de Saint-Hyacin- d'étudiants m'avaient reçu. Cela a été pour moi the, avec la petite ville de Saint-Damase; nous une expérience unique, que j'ai vécue avec arrivons à une partie de Bagot, avec Saint-Pie, grande joie. II m'a fallu user de beaucoup de — Saint-Pie-de-Bagot, ici à l'Assemblée nationa- diplomatie mais finalement je me suis aperçu le, c'est un nom un peu prédestiné, ce fut la que ces jeunes, qui avaient déjà accueilli les circonscription d'un ancien premier ministre, de trois autres candidats à l'élection, me recevaient regrettée mémoire sans doute — et nous arri- le dernier et c'était probablement pour le vons dans la partie de Rouville, moins ce qui a dessert. été déversé dans Verchères, soit Otterburn et Finalement, je pense que je m'en suis bien Saint-Hilaire, et dont le député à l'Assemblée tiré. A la sortie, un des professeurs, qui n'était nationale était notre collègue, l'actuel député peut-être pas un membre actif du parti de 133

l'Opposition officielle, m'a même dit: Vous Dans le domaine de l'agriculture, on parle de avez mieux fait ça, même si vous êtes candidat la révision globale des politiques de crédit libéral, que le candidat péquiste. agricole, de la diversification de la production Alors, cela a été une révélation pour moi. et du développement du secteur agro-alimentai- C'est peut-être parce que j'ai été plus poli avec re. On dit qu'une attention particulière sera les jeunes, que je les ai mieux compris, que j'ai accordée à l'établissement des jeunes sur la été plus à leur diapason. De toute façon, je n'ai ferme. Dans mon comté, je remarque — c'est pas à en faire l'analyse moi-même. Ce que l'on une question qui m'a été posée souvent — qu'il m'a dit, j'en suis très fier et c'est un peu la ligne y a encore des jeunes qui veulent se prévaloir de conduite que je me propose de prendre, ici des avantages que le gouvernement offre pour dans cette Chambre: la diplomatie, la politesse. les encourager, les inciter à s'installer sur la J'espère que les gens qui auront, dans les ferme familiale ou à acheter une ferme aux débats, à s'adresser au député d'Iberville sau- alentours de leur patelin. Il y aurait encore ront faire de même. beaucoup à faire dans ce domaine et nous Lors de cette assemblée avec les jeunes, il est remarquons que notre gouvernement s'atta- survenu un petit incident qui nous démontre quera à ce problème afin d'améliorer la condi- dans quelle optique nous étions projetés dans tion des jeunes qui veulent s'installer sur les des discussions qui, quelquefois, pouvaient faire fermes dans notre Québec. des minitragédies, jusqu'à un certain point, avec un jeune auditoire. Il y avait un grand jeune Les disparités régionales. Tout le monde en a homme, peut-être un peu plus vieux que les parlé pendant des années, tout le monde en autres, dans la vingtaine, qui était plus agressif, parle encore. Le Québec est presque un conti- celui-là. Il m'invectivait plus souvent et, finale- nent. Les disparités régionales, on ne peut les ment, il est arrivé sur la question du chômage éviter. en me demandant ce que Bourassa faisait contre Il faut continuer comme le gouvernement le chômage, la situation économique, etc. Dans désire le faire, travailler à la révision, avec le mes réponses, nécessairement, je lui faisais gouvernement fédéral, des programmes qui se- l'analyse de ce qui se passait dans son patelin à ront institués en vue de réduire les disparités lui, à savoir la ville d'Iberville et les paroisses régionales. Encore une fois, il est à souhaiter qui l'entourent. Ce sont des régions relative- que nous aurons l'occasion, ici en cette Cham- ment prospères, je pense bien. Tout n'est pas bre, de constater que le gouvernement peut parfait ! faire des choses tangibles et concrètes dans ce Pour en finir, il fallait arrêter la discussion. domaine. Alors, j'ai dit: Nous sommes une couple de Dans mon comté également, je remarque cents dans cette salle, vous avez tous des qu'une section de l'ancien Missisquoi possède parents, vous demeurez tous dans la même une tradition touristique. Il s'agit de Venise-en- région; que ceux dont le père est chômeur Québec, plus communément appelée la baie lèvent la main. Ne vous gênez pas, nous sommes Missisquoi. Ceux qui connaissent cet endroit de entre nous. Croyez-le ou non, M. le Président, la province, et ils sont légion, il y a au moins sur une couple de cents jeunes qu'il y avait là, il 6,000 estivants qui viennent à la baie Missis- y en a trois qui ont levé la main. Cela voulait quoi, depuis des années, constatent, depuis dire que l'argument que le Parti libéral ne faisait peut-être deux ou trois ans, que la clientèle rien pour la promotion de l'industrie dans cette touristique se désintègre graduellement, parce région-là ne tenait pas, dans les circonstances. qu'on manque de services principaux pour Dans le discours inaugural, à l'instar de mes attirer l'industrie hôtelière, on manque de collègues de cette Chambre, j'ai remarqué plu- réaménagement. Cette municipalité de Venise- sieurs passages fort intéressants qui sont de bon en-Québec compte dans ses rangs, maintenant, augure pour la session que nous avons commen- au-delà de 1,000 contribuables à l'année longue, cée. Le gouvernement se propose de se pencher en plus de tous ses touristes estivants qui sur le problème de la transformation en pro- possèdent des résidences à l'année également, duits finis du minerai extrait sur le territoire mais qui n'y demeurent pas douze mois par québécois au sein des entreprises multinationa- année. les engagées dans la mise en valeur de nos ressources naturelles. Bien entendu, c'est un Alors, finalement, le ministre du Tourisme, problème qui demeure aigu au Québec, la de la Chasse et de la Pêche a été sensibilisé à ce transformation du minerai brut, ce qui, néces- problème, et je l'écoutais faire ses remarques sairement, créerait plus d'emplois dans l'indus- avec optimisme, car je souhaite fortement que trie secondaire. J'incite fortement le gouverne- lui aussi écoutera les doléances du député ment à continuer dans cette optique et, autant d'Iberville qui, en l'occurrence, souhaite ar- que possible, d'exiger ou d'inciter les compa- demment que, dès 1974, quelque chose se gnies multinationales qui viennent exploiter nos fasse, quelque chose débute, que des chantiers richesses naturelles à organiser leurs transactions de réaménagement commencent à la baie Missis- de façon que la transformation se fasse ici et, quoi. Je souhaite également que les études de conséquemment, d'encourager la formation de réaménagement qui ont été faites depuis des l'industrie secondaire. années, que ces dossiers soient rouverts et que 134 l'on s'y attaque le plus tôt possible. J'écou- avoir pour mes ex-collègues fédéraux, je vous tais, cet après-midi, le député de Fabre parler avoue, M. le Président, que je me sens bien plus de ce ministère auquel il est attaché comme dans ma peau ici, à Québec. Après une certaine adjoint parlementaire. Je le félicite pour ligne de démarcation d'un certain vertige, qui son discours. Il a chanté les louanges des me prend un peu et m'être habitué à la vie grandes régions touristiques du Québec, mais nouvelle du parlementarisme québécois, je crois également, lui aussi, il a signalé le contexte que je pourrai apporter une contribution vala- métropolitain où il y a beaucoup à faire. Je ble à cette Chambre. Je souhaite de tout coeur crois que Baie Missisquoi, qui est à quelques pas pouvoir également profiter et bénéficier de de Montréal, peut être considérée, dans l'op- l'expérience de celui qui fut un député fédéral, tique du ministre du Tourisme, de la Chasse et qui siège maintenant en cette Chambre depuis de la Pêche, comme faisant partie de ce 1960, qui est un homme sans âge finalement, contexte métropolitain. Je souhaite fortement un homme qui ne vieillit plus, qui a cessé de qu'une suite soit donnée aux doléances que vieillir, qui demeure aussi jeune que nous tous nous avons présentées au ministre du Tourisme, ici. Alors je profite de l'occasion pour le saluer de la Chasse et de la Pêche. et lui présenter mes respects. Du même coup, Un énoncé que j'ai remarqué également, mon voisin immédiat est le plus jeune membre dans le discours inaugural, se lisait comme suit : de cette Chambre, le plus jeune député de "Dans le monde moderne, ce sont surtout les l'Assemblée nationale, le député de Richmond. droits économiques et sociaux qui déterminent Alors, je suis bien fier de côtoyer celui qui est la qualité de vie du citoyen. Les politiques de le plus jeune probablement en âge et en expé- justice et de promotion sociale demeurent rience ici dans cette Chambre et je me fais fort, désormais la mesure du respect qu'une société n'est-ce pas, de me croire, jusqu'à un certain porte à la liberté et à la dignité humaine." Dans point, aussi jeune que lui. des énoncés de principe de cette sorte, M. le M. le Président, je vous remercie de cette Président, il est à souhaiter que notre gouverne- occasion qui m'a été accordée de pouvoir faire ment continue dans cette façon de voir les ma part dans ce débat sur le discours inaugural. choses et que cette promotion du progrès Je ne veux pas trop ennuyer la Chambre mais, économique combinée avec cette priorité cultu- puisque ce discours que je fais sera publié dans relle des Québécois fasse un tout qui fasse mon comté, je me permettrai de lire un des finalement vivre les Québécois en harmonie et derniers paragraphes du discours inaugural qui, surtout de façon progressive pour toutes les finalement, sera consigné dans le texte de ce classes de cette société. discours que j'enverrai à mes électeurs. Je Nous avons été saisis également, non officiel- demande à mes collègues de bien vouloir lement en cette Chambre, par exemple, d'un m'excuser mais peut-être que cela fera du bien à projet de loi qui sera peut-être présenté prochai- quelques-uns de s'entendre dire cette chose qui nement, un projet de loi concernant le louage a été lue la semaine dernière. On disait: "Dans de choses et une loi instituant une chambre des les mois qui viennent, le gouvernement tentera loyers à la cour Provinciale. par tous les moyens d'assurer que le Québec Personnellement, je profite de l'occasion de dispose notamment de pétrole brut et de cette allocution sur le discours inaugural pour produits pétroliers en quantité suffisante, demander au ministre de la Justice, pour compte tenu de la situation actuelle. A cette demander également à son adjoint parlementai- fin, des dispositions sont et seront prises en re, le député de Louis-Hébert, de ne pas se collaboration avec les autres gouvernements au gêner, ni l'un ni l'autre, pour, éventuellement, Canada et avec l'industrie pour satisfaire les tâcher de consulter encore une fois le caucus besoins essentiels de tous les consommateurs." des députés avant de finalement déposer ce C'est un voeu que je formule également projet. Il y aura certainement des éléments envers le gouvernement pour qu'il puisse lui nouveaux que nous connaîtrons, alors que nous aussi donner suite à cet énoncé de principes voyons l'évolution économique se faire d'une qu'il a consigné dans le discours inaugural. façon aussi rapide. Les conditions qui préva- J'espère, M. le Président, que dans cette crise laient au moment où ce bill a été confectionné qui sévit un peu partout dans le monde, sur le ont certainement changé et je crois qu'il y continent nord-américain, particulièrement aurait des améliorations à apporter à ce projet chez nos voisins, les Etats-Unis, et nécessaire- de loi. Encore une fois, je me permets d'inciter ment chez nous, au Canada et au Québec, notre l'adjoint parlementaire du ministre de la Justi- gouvernement, avec sa clairvoyance habituelle, ce, mon collègue de Louis-Hébert, à se mêler de saura trouver les moyens de voir à ce que notre ce programme et à essayer d'influencer qui de population ne soit pas trop privée quant à ses droit pour que les députés soient consultés en besoins énergétiques, tel le pétrole et, naturelle- cette matière. ment, ce qui en dérive, l'électricité et autres. Et sur un plan un peu plus personnel et "Dans un autre ordre d'idées, le gouverne- sentimental, j'ai le plaisir de partager avec le ment est présentement saisi d'un dossier auquel député de Matapédia l'honneur d'avoir déjà il attache une importance particulière, celui de siégé à la Chambre des communes. Malgré toute la liberté d'information. la déférence, l'amitié, le respect que je puis "Les questions liées à la liberté d'infor- 135 mation dans une société moderne sont toujours You know, and that was exactly their extrêmement complexes tant est vital pour la problem, they were unable to convert the qualité de vie démocratique dans une société le population of this province to their way of rôle de la presse. thinking, their theory, their philosophy of life, "Au cours de cette première session, cette and thank God that the people did not fall for Assemblée sera appelée à suivre de près l'évolu- it. tion de ces deux dossiers prioritaires du gouver- Je dois dire à titre d'ex-botteur d'une équipe nement sur les questions énergétiques et sur la de football professionnelle que les citoyens du liberté d'information." Québec ont fait le meilleur placement de leur Mr Speaker, due to the fact I have in my vie le 29 octobre. constituency a segment of the population But, holy crow, the way they are talking, Mr which is of English language, I wish to give Speaker, you think that the separatists had them my respects as their Member in this won. They are getting all the reasons. You have National Assembly. I am very proud and glad to heard them. Ils ne sont pas contents de leurs be able to express myself in their mother bureaux. Ils parlent encore, ils sortent des tongue and I am very glad also when themselves chiffres, des statistiques. Ils parlent de la carte do the same to me. So, Mr Chairman, I am very électorale, de la représentation proportionnelle pleased that I can do it. M. le Président, je vous qu'il y a en Europe. Ils parlent, parlent, parlent. remercie encore une fois de l'occasion que vous Cela fait penser à un chef instructeur d'une m'avez accordée de m'adresser à cette Chambre. équipe de football. Dans la chambre des joueurs, après que le match a été joué, il y a LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): toujours un instructeur d'une équipe qui parle L'honorable député de Sainte-Anne. des premiers essais que son équipe a gagnés, des verges qu'ils ont franchies au sol, des passes qui ont été interceptées. Mais c'est toujours l'ins- M. George Springate tructeur perdant qui parle des statistiques. And football is like politics statistics are for losers. M. SPRINGATE: Mr Speaker, one month ago today, the population of this Province gave M. SHANKS: Un touché, ça. to our great Liberal Party an unprecedented victory in the annals of Quebec political M. SPRINGATE: Depuis le 29 octobre et history. Twenty one days ago, at this hour, nine lors du discours inaugural, jeudi dernier, nos o'clock, more that 60 Liberal Members had amis les séparatistes ont parlé des bureaux, de been elected. A few hours later, we were up to salle à manger, des recherchistes. Ils ont 22 102. 102 Members, Mr Speaker. And what does bureaux, pourtant. Et nous, on va prendre that mean? Basically, number one, that the justement les six députés ici, nous sommes six population as a whole came out in a determined et nous en avons douze. Eux, sont six; ils en ont voice and said no to the separatism. Point 22 et ils ne sont pas contents. number two, Mr Speaker, they said yes to the Nous autres, c'est un whip par 20 membres sound administration of the Liberal Govern- chez nous. Eux, ils ont un whip pour six ment. députés et ils ne sont pas contents. Talking A hundred and two, is that too many? We about six members, they tell a story in my have been asked that question many times, Mr county about René Lévesque. Il se promenait Speaker, in the last 21 days. I am not convinced dans une rue de Pointe Saint-Charles et il a that 102 is too many. As a matter of fact, I demandé à un gars: As-tu $0.10? Le gars a dit: think it is just the right number. $0.10, pourquoi? Il dit: Je veux appeler mes Etant libéral, M. le Président, je me réjouis députés. Le gars a dit: Tiens, je vais te donner du fait que le député de Dorion, le député de $0.60, appelle-les tous. Saint-Jean, le député de Bellechasse soient mes And as a back-bencher, Mr Speaker may be amis et soient des députés de l'équipe libérale. you do not do it, but I know that, for every six We have heard also that maybe our good members here, we do not have a limousine. friend René Lévesque is going to make a come Mais je dois dire à nos amis les séparatistes que back. He is thinking: Maybe I will ask one of ce n'est pas le fait qu'on vous donne une salle à the separatist Members to step down in view to manger ou que vous êtes situés au premier take his place. étage, au rez-de-chaussée, au deuxième ou au I would like to say this to René right now: troisième étage, qui fait la force de l'équipe ou Laurier was strike one, Dorion was strike two, la force d'un député. Ce n'est pas ça. and, René, my boy, next time it will be strike Nous, depuis le 29 octobre, nous sommes au three and you will be out. travail. On n'a pas parlé des bureaux, des salles Maintenant, qu'est-ce que nous avons en à manger. Immédiatement après le 29 octobre, Chambre? Cent deux députés de notre parti, on s'est mis au travail. And we will not stop for deux créditistes. Bien, d'après les manchettes the next four years because that is what the des journaux, un des créditistes a été expulsé de population of this province wants us to do, to son parti, l'autre est toléré. Six séparatistes; give them the best type of government that dans le jargon du football, c'est un touché non they can have and I know that we will give it. converti, six. It is no wonder the citizens rejected the 136 separatists. Remember during the campaign, the the Liberal Party. You ever hear anyone speak leader of the Separatist Party was complaining, against René Lévesque from their party? he had run out of money for this TV budget. He had burst his budget. And this man wanted UNE VOIX: No. to administer the budget of this province when he cannot even administer a little budget like M. SPRINGATE: "Le ministre a bien expliqué that! No. ce soir qu'il fallait implanter des structures d'ac- You think that he could have brought in cueil. Le ministre a dit également que ces structu- four budgets without raising the taxes, the way res d'accueil, en bonne part, ont été implantées our minister of Finances did? Never in your et qu'il va falloir passer à l'étape suivante. Pour life, never in your life, Mr Speaker. It takes différentes raisons, pour de nombreuses raisons, team work and we have it; it takes sound il va falloir éventuellement que les nouveaux administration, and we have it. And it takes immigrants, ceux qui ne sont pas encore ici, people working together to build a better fréquentent l'école de la majorité et je trouve Quebec. que ce ne sera rien d'extraordinaire. Pour cela, You know, I will not talk too much about il faudrait qu'il y ait cinq conditions bien St. Ann tonight but I will say one thing in précises qui existent avant qu'on puisse sauter passing, talking about sound administration, ces étapes et faire comme d'autres partis qui talking about people that are worried about the voudraient tout changer du jour au lendemain." future of Quebeckers. Since the 29th of April I am glad that he mentioned those five 1970, five schools were opened in the county particular points. He enumerated them. But I of St. Ann; how is that, Mr Speaker, for sound was disappointed because he forgot one of the administration? most important points in the history and in the Maintenant, M. le Président, on va passer une basic social structure of this province, one of section du message du lieutenant-gouverneur, the beauties and loves of this province, some- jeudi dernier. Il est dit que l'avenir culturel des thing called freedom of choice. You know, the Québécois francophones commande que le gou- minister of Education also spoke Tuesday night vernement apporte sans tarder les réponses and I was happy to hear his words. While he pertinentes. La présente Législature sera appe- was speaking I thought about the five year and lée à adopter des mesures qui garantiront le $99 million plan that the minister invoked one respect des droits de la majorité linguistique, year ago, to help with the teaching of French in tout en assurant à la minorité un traitement French schools, the teaching of French in the juste et équitable. English schools and lastly but not leastly and Those last words are very, very important. posssibly most importantly, the teaching of And I was a little disappointed to hear one of the English in French schools. And he said this : new members of the House speak on Tuesday, C'est avec beaucoup d'inquiétude que j'entends because this is really his feeling. And I just hope ce terme nationaliste. Je me considère tout that he has not forgot the important work, the aussi nationaliste qu'eux mais je diffère sur le industry and the love of this province that choix des moyens et je diffère très certainement English people have. sur mon évaluation de ce qu'est la société Le nouveau député d'Anjou a dit mardi soir québécoise. dans cette Chambre qu'il va falloir en arriver à Parler des immigrants, comme si les immi- des mesures où les nouveaux arrivants, c'est-à- grants étaient des espèces d'otages que l'on dire ceux qui ne sont pas encore arrivés, pouvait traiter un peu n'importe comment. Ceci devront fréquenter l'école française. comporte des conséquences extrêmement gra- ves, parce qu'il se trouve que notre équilibre M. BURNS: Une scission. démographique repose de plus en plus sur l'immigration et que toute politique que nous M. SPRINGATE: Cela ne pouvait pas se faire prendrons en rapport avec l'immigration, si elle d'un seul coup, tout cela. "Le ministre a bien doit en venir à la tarir ou à la diminuer de façon expliqué ce soir..." importante, augmentera encore notre minori- sation, mais cette fois non pas à l'intérieur du M. BURNS: Une scission. Québec, mais à l'intérieur du Canada et à l'intérieur de l'Amérique. M. SPRINGATE: Ils sont bien nerveux, M. le I could also go on and speak of freedom of Président, ils sont nerveux. Cela démontre choice as was presented by the Honourable quoi? Que nous sommes libres dans notre parti, Minister of Justice, the Member from Outre- que nous avons droit de parole. On peut dire ce mont, Wednesday, November 29, 1972. And I que nous voulons, quand nous voulons, à qui will say that I agree with the freedom of choice nous voulons. as opted for by the Minister of Justice and let And, Mr Speaker, if there is ever a man in us never forget that this year the statistics for this House who said exactly what he wanted, immigrants arriving into our province show that when he wanted, why he wanted, it happens to there will be but 17,000 whereas 85,000 will go be me. And I was never never told to keep quiet to Ontario. That is a lot. by the prime minister or anyone else. That is And I think that we have learned that moral 137 persuasion as presented by the Minister of d'ici, les vrais bilingues seront les anglophones. Education, with his five-year plan, is an excel- A ce moment-là, les francophones vont dire: lent one. Coercion will not work. The moment Ah! on s'est fait passer un Québec encore, c'est you try to ram something down someone's encore les anglophones qui vont de l'avant. throat, people will revoke, people will stay back, Depuis que je suis député, je me promène ici people will go elsewhere and we cannot have et là dans la province. Je fais des programmes this. And another time, another day, I will de hot-line à la radio et à la télévision, je fais bring out what the Honourable Member from des discours ici et là. Je n'ai jamais rencontré de Outremont said, but I will leave it till then. parents francophones, la mère ou le père d'un But I do not want to lose any immigrants étudiant, qui ne voulaient pas que leur petit coming into this province. We need them. And garçon ou leur petite fille apprenne l'anglais. Ce something that bothers me is, I do not think it sont des professeurs, des administrateurs d'éco- is fair, I do not think it is realistic, and I do not le qui ne veulent pas, pour des raisons... On ne think that it will work, to try and put the sait pas pourquoi. improvement of the French fact on the frail All they are going to do is they are going to shoulders of small immigrant children. cut the legs of mobility from these young Mr. Speaker, I wish to continue in English at children. We are not giving them a fair choice. this particular point, to discuss what I think is a That is close to criminal, Mr Speaker, and you major problem here in Quebec, especially in the cannot blame it this time on the English as Civil Service. One half of one percent of the some people would like to do. Quebec Civil Service state that their mother tongue is English. I believe that it should be Cela me fait penser un peu à Pierre Bour- exceptionaly higher. When 20 p.c. of the gault. Pendant cinq, six années, peut-être sept, population state that their mother tongue is il s'est promené ici et là dans la province. English, one half of one per cent is a too low Unilinguisme, séparatisme et tout ce que vous number to represent them in the Civil Service. voudrez, il a tout mis. Speak French only. That But, English people hesitate before deciding was a slogan. Qu'est-ce qu'il fait aujourd'hui? Il whether they should become a Civil Servant est à Toronto en train de traduire un livre du here in the Province of Quebec or the Federal français à l'anglais. C'était bon pour lui mais pas Government. One of the problems was an bon pour les autres. J'espère que le ministre de order-in-council that was passed November 4, l'Education et que notre gouvernement va 1970, that stated that the language of com- prendre les mesures pour corriger cette situa- munication in the Civil Service would be tion, pour au moins, enfin, donner l'occasion French. aux étudiants francophones de devenir complè- I am not stating that I am against this but tement bilingues. C'est essentiel, M. le Prési- what I am stating is that graduates of English- dent. speaking High School, CEGEP, etc. because In closing, Mr Speaker, I would like just to they are not fluently bilingual do not have the talk very briefly about the one million minority opportunity of working for their Government in this province, the one million who happen to and I believe this is wrong. I believe they have speak English as their mother tongue. One the right to work here as any other graduate of million, that is a lot. That is more that the any other school and something that I would respective populations of Newfoundland, New like to see done, is that we actively seek Brunswick, Prince Edward Island, Nova Scotia, graduates from English-speaking institutions Saskatchewan and Manitoba; that is a lot of and give them an immersion course in French people. They have, for the most part, lived so that they can adapt themselves to the work much of their life here, in this province. They and conditions of the Civil Service. love this province. They want to be treated with I think that this is fair, I think that this right respect, as they have been since we took office and it will be a way to keep our bright young April 29, 1970. They want a strong Quebec, a students in the Province of Quebec. prosperous Quebec in a strong Canada. They Un autre point: de plus en plus on dit que want exactly the same advantages. They have c'est essentiel que l'anglophone devienne exactly the same aims. They have exactly the bilingue. Cela, je l'accepte cent milles à l'heure. same goals as every French Canadian in this Comme anglophone, je sais que c'est nécessaire province. aujourd'hui dans notre société. Mais aussi il y a They want their children to be well edu- un autre fait: qu'est-ce qui va arriver dans vingt cated, they want to have a nice home, they ans d'ici si ce sont seulement les anglophones want to be able to have a colour television set, qui deviennent bilingues? they want the same things. When they are sick, Qu'est-ce qui va arriver? Comment se fait-il they go to a doctor; when they need their teeth que dans nos écoles on commence à enseigner out, they go to a dentist. When they need a l'anglais, dans les écoles francophones, dès la 5e lawyer, they go there. They want exactly the année. C'est trop tard, M. le Président, c'est same things, nothing else. And I will say this: II trop tard. ne faut jamais oublier que les anglophones qui Les anglophones, c'est depuis la maternelle demeurent dans la belle province sont aussi des qu'on leur enseigne le français. Dans vingt ans Québécois. Merci, M. le Président. 138

LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): rageante. Pour ceux qui sont dans la ville et qui L'honorable député de Lotbinière. aimeraient se renseigner du côté de l'agricultu- re, le comté de Lotbinière n'est pas si loin et vous y verrez une diversité dans les applications M. Georges Massicotte agricoles. De fait, l'industrie laitière est très avancée, nous avons l'industrie avicole, l'indus- M. MASSICOTTE: M. le Président, j'aimerais trie porcine et on sait que, ce temps-ci, les prix ajouter, au départ, mes félicitations au prési- sont tous bons. On a de très bons éleveurs dent de cette Chambre et aux deux vice-prési- d'animaux de boucherie, on a même des pro- dents qui ont été élus récemment. J'aimerais ducteurs maraîchers et on a des pomiculteurs. aussi réoffrir mes félicitations à l'honorable Cette année, lorsqu'on a fait le tour de ces gens premier ministre du Québec qui a encore — et d'ailleurs on le fait depuis plusieurs an- remporté une éclatante victoire et qui a su nées — pour une des rares fois, ces agriculteurs amener 102 députés en cette Chambre. J'aime- étaient fiers, étaient contents, et ils ont dit: rais féliciter notre groupe ministériel qui n'a pas Cette année, on fait de l'argent, nous sommes été changé, car on connaît ses bonnes qualifica- des agriculteurs heureux. C'était la première tions, et tous les élus de cette Chambre, fois, dans une carrière de vingt ans, que incluant l'Opposition. j'entendais un aussi grand nombre de cultiva- J'aimerais remercier les électeurs du comté teurs le dire et ceci fait suite aux différentes de Lotbinière car, après 25 ans et demi d'essais, applications du programme de notre honorable ils ont enfin voté pour un député du côté du ministre de l'Agriculture. Je suis fier de le dire. gouvernement. Une chose qui est unique dans le comté de Ces citoyens m'ont donné l'occasion de me Lotbinière, je dirais même en province, c'est joindre à une équipe gouvernementale sans qu'en 1971 on a eu une rencontre entre la pareille; une équipe gouvernementale composée Société d'agriculture du comté de Lotbinière de députés aux qualifications variées, qu'on soit qui, aujourd'hui, groupe plus de 400 membres, avocat, professeur, botteur de précision, ingé- et un club social, et on a fondé une exposition nieur, relationniste, médecin, agriculteur, agro- agricole, industrielle et commerciale. Ce qui, au nome, etc., ce gouvernement constitue réelle- début semblait un rêve, aujourd'hui, a attiré, en ment une force dans sa diversité. 1973, plus de 42,000 visiteurs. Je crois que M. le Président, on dit toujours: Jamais deux c'est une des meilleurs expositions de la provin- sans trois, aussi I would like to take this ce. Les gens du comté de Lotbinière en sont opportunity of thanking the English-speaking très fiers. Ceci est le résultat de caractères people of my county who did vote for the right dominants de notre population, soit l'hospitali- party and I hope for the right man. té et la collaboration. Tout cela, messieurs, se M. le Président, ce soir, on a eu une leçon de fait dans une politesse qui serait à être enviée. politesse et on a eu une leçon de bilinguisme. M. le Président, dans un comté rural, on a Est-ce qu'on est fier de cela? Je crois qu'on énormément de problèmes. Mais on sait qu'on devrait être fier d'avoir des gars comme le va les résoudre et, d'ailleurs, c'est déjà commen- député de Sainte-Anne, le député d'Iberville, cé. L'amélioration du réseau routier, tel que qui ont, non pas l'audace, mais la conviction de mentionné par mes collègues, se fera certaine- parler les deux langues, on doit en être fier et ment à un rythme plus accéléré. Le programme moi, je suis fier de les entendre. de développement régional qui sera mis en M. le Président, le comté de Lotbinière, on vigueur par l'honorable ministre de l'Industrie pourrait en parler énormément, parce que, et du Commerce nous aidera certainement, car, depuis trois ans et demi, il y en a qui ont dans nos comtés ruraux, nous avons besoin entendu différentes choses et j'ose espérer que d'industries agricoles, d'industries para-agricoles je ne continuerai pas la même veine, mais plutôt pour garder nos jeunes chez nous, garder nos que j'aiderai à construire quelque chose de bien cultivateurs qui se retirent peut-être mais qui du côté rural. Le comté de Lotbinière est sont très utiles et qui pourraient être très utiles favorisé. C'est un des rares comtés entièrement dans une autre production. agricoles. C'est un des comtés qui sont aussi favorisés par la deputation qui l'environne. De Un autre aspect d'un comté comme celui de fait, on a l'honorable député de Lévis, l'honora- Lotbinière, c'est l'industrie touristique. On voit ble député de Beauce-Nord, l'honorable député nos Québécois qui s'en vont faire un tour en de Frontenac, l'honorable ministre des Riches- Europe. Ils s'en vont faire des tours aux ses naturelles et l'honorable député de Nicolet Etats-Unis. Ils vont rarement à Vancouver, mais et, pour tous ceux qui ne font pas l'affaire, le ils devraient. Et puis, ils disent: Ah, que c'est fleuve pour encadrer notre comté. C'est un beau à l'extérieur de chez nous! Ce qui est comté formidable parce que nous avons au-delà malheureux, c'est que ces gens n'ont pas saisi de 1,750 milles carrés, comprenant 39 munici- l'occasion de visiter leur propre province. Je palités et au-delà de 25,551 électeurs et tous de vous invite tous à venir visiter le beau comté de bons électeurs. Lotbinière qui est extrêmement varié car, vous Je dis que c'est un comté entièrement rural, savez, nous avons la route 3 qui est une des et depuis quelques années on remarque une routes les plus pittoresques de la province; nous évolution agricole qui est extrêmement encou- avons des montagnes, quelque chose qui est 139 formidable en tout temps de l'année, surtout à former une compagnie de gestion en capital de l'automne, et nous avons énormément de cho- risque, possède la confiance de notre gouverne- ses à vous faire visiter. De plus, depuis que le ment. Le comté de Kamouraska-Témiscouata, pont Pierre-Laporte a été inauguré, les automo- possédant la matière première dans le secteur bilistes se dirigent vers le sud. industriel, il est de mon ressort de relever le défi J'aimerais souligner simplement un sujet qui face aux demandes de la population, tout a été abordé récemment par les journalistes et particulièrement à Cabano. que l'honorable ministre de l'Immigration va Connaissant l'habileté, l'efficacité, le leader- certainement traiter plus tard. C'est que, dans le ship de notre chef, je suis persuadé de la Québec, il semble qu'il y ait beaucoup moins réussite sur le plan économique de notre comté d'immigrants qui choisissent de s'établir ici, car la collaboration que j'ai eue dans le passé avec nous, de devenir nos concitoyens. Je crois — exemples: les Industries P.-E. Boucher de qu'un certain parti est plus au courant que nous Saint-Pascal, Moto-Ski, Ouellet & Frères — me des facteurs qui empêchent ces gens ou encou- prouve qu'on peut progresser avec un gouverne- ragent ces gens à ne pas s'établir ici. Toutefois, ment aussi dynamique. La population de Ka- en 1953, j'avais le plaisir de travailler pour mouraska-Témiscouata ne désire pas de l'assis- l'ex-ministère de la Citoyenneté et de l'Immi- tance sociale, l'assurance-chômage, mais plutôt gration du Canada, dans l'Ontario. Dans ce coin du travail. du Canada, on encourageait fortement l'immi- Mon but est d'axer mon travail sur le gration, non pas seulement des francophones, développement industriel, comme je l'ai fait non pas seulement des anglophones, mais de dans le passé. Je termine sur ces mots, soit que tout immigrant capable de survivre, tout immi- l'avenir de Kamouraska-Témiscouata dépend de grant capable d'aider la population canadienne. la participation financière de la population. Après quelques années, cet immigrant s'adaptait Merci, M. le Président. et devenait un apport économique très positif pour cette province. Je crois que nous pouvons LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): faire de même dans notre beau Québec. L'honorable député de Lévis. M. le Président, les membres de cette Assem- blée devraient collaborer à promouvoir une immigration rationnelle mais bienfaisante en M. Vincent Chagnon supportant les politiques de notre honorable ministre de l'Immigration. Ces quelques points M. CHAGNON: M. le Président, vous com- mentionnés sont tous compris dans le discours prendrez avec moi que c'est avec une fierté bien inaugural. Je vous l'ai dit, souvent lorsque l'on légitime qu'à titre de nouveau député de Lévis parle après plusieurs collègues, on pourrait je tiens à livrer ce premier message à cette parler énormément, mais il est souvent mieux Chambre. de ne pas trop répéter. Toutefois, notre popula- Qu'il me soit, d'abord, permis de présenter tion, cette année, s'est assurée d'être bien mes félicitations très chaleureuses, très sincères administrée par un gouvernement qui, lui, a fait et largement méritées au digne président qui, ses preuves et qui, avec ses 102 députés, malgré des tergiversations malheureuses, regret- continuera le travail commencé pour le bien- tables, de la part de certains membres du Parti être de ses citoyens. Je suis fier d'en être un, M. québécois, a été réélu à ce poste important, le Président. poste, d'ailleurs, qu'il a occupé avec une dignité impeccable au cours des dernières années. LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Je veux également adresser des remercie- L'honorable député de Kamouraska-Témiscoua- ments non moins sincères aux deux vice-prési- ta. dents. D'ailleurs, ces gens continueront à exer- cer et à remplir leurs fonctions avec le même sens de sérénité et le .même sens de dignité, M. Jean-Marie Pelletier d'objectivité et d'impartialité. M. le Président, j'éprouve actuellement de M. PELLETIER: M. le Président, à l'occa- profonds sentiments de satisfaction de représen- sion du discours inaugural, mon intérêt premier ter, dans cette Chambre, je ne dirais pas le plus est d'exprimer mes voeux, soit que le comté de beau comté, mais le beau comté de Lévis qui Kamouraska-Témiscouata puisse bénéficier du revient au bercail du Parti libéral après une programme électoral de notre chef Robert absence de sept années, et ceci avec une Bourassa. majorité jamais obtenue au niveau provincial: J'ai accepté de prendre le nouveau comté de plus de 7,000 voix. Kamouraska-Témiscouata, car j'avais eu con- Le mérite, je pourrais dire, d'un tel résultat, fiance à la population quant au développement d'un tel succès, revient indéniablement à celui industriel, par sa participation financière en qui a dirigé avec tant de maîtrise, avec tant de capital de risque. J'ai eu à négocier, dans le dévouement, de générosité, de compétence et passé, avec notre ministre de l'Industrie et du d'autorité les destinées de cette province, l'ho- Commerce, M. Guy Saint-Pierre, afin que le norable député de Mercier, le premier ministre groupe de 500 personnes, qui s'était réuni pour du Québec. 140

La lutte, M. le Président, que nous venons de m'ont inspiré confiance et qui ont incité la vivre, comme plusieurs l'ont signalé, est proba- population à élire dans cette Chambre cette blement la lutte la plus cruciale et la plus nombreuse et vaillante équipe du Parti libéral. importante de toutes les annales politiques du Comme j'ai eu l'honneur et le privilège Québec. Le peuple se devait de choisir entre d'oeuvrer durant plus de quatorze ans sur les deux idéologies bien distinctes. D'une part, plans municipal et scolaire, soit à titre d'ex-pré- vous aviez le maintien du Québec au sein d'un sident de la commission scolaire régionale, soit Canada uni et, d'autre part, le séparatisme avec à titre encore de maire d'une ville, vous me tous ses aléas économiques. Les citoyens du permettrez de faire valoir brièvement mes ob- Québec, pleinement conscients de leur avenir, servations personnelles dans ces domaines. ne se sont pas laissés attendrir par l'aventure J'ai été particulièrement heureux d'entendre péquiste, basée trop souvent, hélas, sur l'émoti- cet après-midi les commentaires formulés par vité, le faux patriotisme, le fanatisme, et même mon honorable ami le député de Fabre; d'ail- la démagogie, et alimentée par certains pseudo- leurs, il reflète entièrement les vues que j'ai intellectuels. dans ce domaine. En 1960, il était impérieux en M. le Président, le peuple du Québec s'est matière d'éducation de mettre sur pied un prononcé d'une façon non équivoque, d'une nouveau système, vu les années de stagnation façon catégorique et bien précise. Ce fut un que la province avait connues jusqu'alors. véritable référendum. A deux reprises, déjà, en Mais aujourd'hui, grâce à l'expérience vécue, 1970 et en 1973, le peuple s'est prononcé il est urgent de songer à perfectionner et contre le séparatisme. Les trois partis opposi- surtout à humaniser le système actuel. C'est tionnistes, d'ailleurs, en incluant les trois chefs, d'ailleurs un profond souci pour le Parti libéral ont été balayés comme cela ne s'est jamais vu et j'endosse, comme je le mentionnais tantôt, dans l'histoire du Québec, depuis la Confédéra- les propos de mon ami le député de Fabre. tion. Il ne faut plus que les étudiants soient J'espère qu'après cette élection le Parti considérés dans nos écoles comme des objets nu- québécois ne remettra pas en cause le même mérotés. Il faudrait, à mon point de vue, appor- problème du séparatisme. Sinon, je vous assure ter une attention toute particulière à nos institu- que, dans quatre ans, ce ne sera plus 102 tions indépendantes, et j'insiste sur ce problè- députés, mais 110 députés libéraux qui siége- me. Nos institutions indépendantes ont rendu ront dans cette enceinte parlementaire. dans le passé de très fiers services, de précieux Si je me suis présenté, mes chers amis, sous services à notre société québécoise. IL importe l'étiquette libérale lors des dernières élections, que, les institutions indépendantes qui ont c'est que j'étais, d'abord et avant tout, diamé- survécu, on s'y intéresse, on leur donne la tralement opposé à cette philosophie hasardeu- chance de survivre. Il ne faut pas seulement le se du Parti québécois. secteur public, les institutions indépendantes De plus, il m'appartenait d'adhérer à un parti ont leur place dans le Québec de 1973. et plus spécifiquement à un chef qui a su Il faudrait décentraliser l'administration sco- administrer sa province dans l'ordre et dans la laire et réorganiser des bureaux régionaux afin paix, à un chef qui a su administrer la province de rapprocher davantage des individus le minis- dans des circonstances les plus difficiles. Qu'on tère de l'Education. Un autre point que vous se rappelle notamment les heures sombres de me permettrez de signaler et auquel j'attache de 1970, les grèves dans les centres hospitaliers ou l'importance, il faudrait recourir — et je le dis encore dans les conflits ouvriers. Toujours le bien ouvertement — à des moyens appropriés premier ministre et son gouvernement ont su pour que l'enseignant devienne un véritable maîtriser avec énergie, avec fermeté et avec éducateur et non pas un partisan péquiste qui détermination la situation, maintenir le respect lors de ses cours est plus intéressé à répandre de l'ordre et de l'autorité et brider l'anarchie cette idéologie qu'à dispenser le véritable ensei- qui, avec la complicité de certains chefs extré- gnement comme cela se pratique en certains mistes, cherchait à détruire et à démolir le milieux dans le moment. Québec. La politique partisane, quelle que soit l'allé- De plus, comment aurais-je pu demeurer geance — et je dirais la même chose si c'était le indifférent à la restauration de ce climat social Parti libéral, le Parti créditiste ou un autre — qui nous a permis de recouvrer confiance dans doit être bannie de nos cours, de nos écoles, M. l'avenir du Québec? Disons, par exemple, le Président. Le rôle de l'enseignement est trop l'assainissement des finances, l'expansion de noble, trop grand et trop magnanime pour qu'il l'économie québécoise, les nombreux program- s'avilisse dans la politicaillerie. mes sociaux, tels que l'assurance-maladie, la Sur le plan municipal, M. le Président, je hausse des prestations sociales, la gratuité des demeure convaincu du nombre trop élevé de services juridiques, la protection du consomma- municipalités et villes dans cette province, qui teur, l'habitation à coût modique, des loyers à forment le total d'environ 1,600. Il faut songer, coût modique, la volonté ferme, énergique j'en suis certain, à un regroupement normal, d'affirmer la langue et la culture françaises et méthodique, rationnel, mais cela sans coerci- combien d'autres ! tion. Nous avons eu l'insigne privilège d'avoir Voilà autant de mesures législatives qui chez nous à maintes et maintes reprises l'hono- 141 rable ministre des Affaires municipales. Il est effectué par l'ex-ministre des Transports, M. venu dialoguer, il est venu participer à des Bernard Pinard, qui a fait préparer un rapport entretiens avec les corps intermédiaires et avec très détaillé sur les possibilités d'une communi- tous les corps municipaux. C'est de ces entre- cation directe. Prochainement, nous savons tous tiens que doit se dégager définitivement le sens qu'un autre rapport, une étude très précise sera du regroupement. Il faut que les populations produite en vue d'établir les possibilités de soient pleinement saisies de toutes les implica- construire un tunnel entre les deux rives. tions sur le plan financier socio-culturel et D'ici ce temps-là, messieurs, je puis assurer autres. Il faut que nos populations en connais- les gens de la rive sud comme de la rive nord sent les avantages et les inconvénients. que je travaille sans acrimonie, sans esprit de Je tiens à dire publiquement que je suis cloisonnement, en toute objectivité. Je veux entièrement opposé à des organismes monstres. offrir à tous les membres de cette Chambre Je n'accepte pas de nouveau gouvernement mon entière collaboration afin que nous cons- supra-municipal sur la rive-sud. L'expérience est truisions ensemble, d'une façon démocratique, tentée, on est en voie d'en connaître les un grand Québec, un Québec où nous serons résultats, les conséquences. A ce moment-là heureux. C'est précisément l'objectif que je me nous y verrons. Mais, pour le moment, je suis fixé, dans cette vie publique, après avoir préfère la régionalisation des services, la régio- franchi différents paliers: Vivons dans la paix et nalisation des équipements municipaux, comme dans une véritable démocratie. ça se pratique actuellement, qu'il s'agisse d'inci- nérateur, d'usine de filtration. Regroupons les LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le investissements afin de ne pas alourdir le député de Gatineau. fardeau du contribuable. Egalement, une chose qui est importante, et je suis fier que le Parti libéral l'ait inclue dans M. Michel Gratton son programme, c'est la loi-cadre de l'urbanis- me. Cette loi-cadre s'impose plus que jamais M. GRATTON: M. le Président, comme la afin d'assurer un meilleur aménagement du plupart des députés qui ont pris la parole dans territoire et surtout en protéger les ressources. ce débat l'ont fait, je désire, moi aussi, vous Il y a une autre chose, c'est un domaine adresser, à vous et à votre collègue le vice-prési- peut-être plus complexe, le problème de l'assiet- dent, mes félicitations pour votre élection. Je te fiscale. Depuis maintes et maintes années, désire surtout rendre un hommage spécial au l'on parle de la taxation scolaire. Cette taxation président de l'Assemblée nationale non seule- scolaire actuellement est extrêmement vexatoi- ment pour sa réélection à la présidence, mais re, surtout dans les petites municipalités. Pour surtout à cause du travail qu'il a dirigé depuis les gens qui possèdent une maison unifamiliale, 1970 pour moderniser le règlement parlemen- cette taxe devient préjudiciable. Il faut nécessai- taire, ici à l'Assemblée nationale. J'ai eu l'occa- rement réviser le mode de taxation afin de sion, M. le Président, et la Chambre de représen- permettre au petit propriétaire de garder son ter le Québec, il y a deux semaines, à un patrimoine. séminaire à Ottawa, le premier séminaire, en En terminant, M. le Président — les gens la fait, de la section canadienne de l'Association connaissent, mon opinion, sur un sujet que j'ai des parlementaires du Commonwealth, fait valoir depuis bien des années — il y a le auxquels participaient trois délégués de chacune problème des communications. Je veux être très des dix provinces et du Parlement fédéral. clair là-dessus: la population de Québec, de Le but de ce séminaire était justement de Lévis et des environs souffre présentement d'un comparer la procédure et le règlement en problème extrêmement aigu. Ce problème a été vigueur dans les différentes Législatures provin- créé, et je le dis bien clairement, un peu avant ciales, ainsi qu'à la Chambre des communes. Je les élections de 1970 par le gouvernement du suis fort aise de vous dire, M. le Président, que temps, celui de l'. Même s'il tous les délégués, sans exception, ont reconnu s'agit d'un parti aujourd'hui défunt en cette que le règlement de l'Assemblée nationale du Chambre, il nous a laissé quand même deux Québec est le plus moderne et le plus efficace vestiges, deux bateaux qui n'ont même pas le en vigueur présentement au Canada. Je pense quai pour pouvoir accoster de façon normale. que ceci est tout à l'honneur du président de Ce problème crée des embarras extrêmement l'Assemblée nationale. pénibles et sérieux à toute notre population M. le Président, comme mes collègues l'ont présentement et la population devra encore en fait, j'aimerais, moi aussi, vous livrer mon subir les conséquences pendant cinq ou six analyse du résultat de la dernière élection et semaines avant que le tout soit rétabli et que ajouter peut-être que, dans le comté de Gati- nous ayons, quand même, des traversiers, que je neau, on peut sûrement dire que ce balayage considère comme un système inadéquat en libéral qui a déferlé sur la province a peut-être 1973, à l'ère du développement et du modernis- été un peu plus complet chez nous. me. En effet, ce n'est pas 55 p.c. des gens mais Je me réjouis avec mon ami et homologue, le bien 69 p.c. qui ont voté pour le Parti libéral, ce maire de Québec, du travail élaboré, laborieux qui nous a valu une majorité nette de 11,638. 142

Les trois adversaires ont, chacun, perdu leur drye et pour la construction de routes d'accès à dépôt. Plus que cela, les trois adversaires ont deux centres de ski, le tout pour promouvoir également perdu leur droit au remboursement l'industrie touristique. Nous avons réussi à des dépenses électorales puisque aucun d'eux obtenir pour la ville de Maniwaki une cour des n'a recueilli les 20 p.c. des votes requis par la Sessions de la Paix qui s'est ouverte, heureuse- Loi électorale. C'est-y assez fort? Je pense que, ment pour moi, en plein milieu de la campagne devant ces faits, le moins que l'on puisse dire, électorale. Nous avons également réalisé un c'est que le résultat a été net et clair. Je n'ai regroupement des services gouvernementaux sûrement pas l'intention de prétendre que c'est dans cette ville qui est en somme un centre de à moi que revient le mérite d'une victoire aussi services pour toute la région de la haute écrasante. Gatineau. Des investissements dans le domaine Bien au contraire, j'ai la certitude — et je l'ai des services hospitaliers. La semaine dernière, à exprimée à plusieurs occasions depuis le 29 ce moment-là, c'était un peu tard pour l'élec- octobre — que la population du comté de tion, mais quand même, la semaine dernière on Gatineau a voulu, par son vote, donner sa commençait la construction d'un centre d'en- réponse à deux questions fondamentales, soit trafnement à la vie à Aylmer, un projet de $2 un non catégorique au séparatisme et un oui millions. enthousiaste à la continuation de la politique de Justement, durant l'élection, c'est ce que développement économique du gouvernement mes adversaires me reprochaient: d'être un libéral qui gouverne depuis 1970. Si quelqu'un distributeur de "candy" électoral. peut se réclamer d'une victoire personnelle dans Je vous avoue, M. le Président, que cela ne le comté de Gatineau, celui-là, ce n'est pas moi, m'a pas insulté du tout, bien au contraire. Un c'est plutôt le chef du Parti libéral, l'honorable député qui veut réellement faire son travail, il premier ministre. est vrai que son rôle principal ou son premier Je désire profiter de cette occasion pour rôle est celui de légiférer; mais, une fois qu'il a remercier l'honorable premier ministre de adopté ces lois, est-ce qu'un rôle tout aussi m'avoir fourni l'occasion d'être le récipiendaire important n'est pas de faire en sorte que la de ce vote de confiance de la population du population de son comté profite au maximum comté de Gatineau, un vote de confiance à de ces lois? C'est ce que moi, en tout cas, l'égard du gouvernement libéral, un gouverne- j'entrevois dans le travail d'un député. Et si, par ment dynamique qu'il dirige depuis trois ans et bonheur, un député travaille assez bien pour demi. obtenir des réalisations concrètes, certains pour- M. le Président, dans le comté de Gatineau, ront appeler cela du "candy" électoral, moi les réalisations abondent. Il faut dire que, dans j'appelle cela strictement une mesure du résul- la région de l'Outaouais québécois, le gouverne- tat du travail du député. Et, si cela rapporte des ment libéral, depuis 1970, a fait passer cette votes, tant mieux; on n'est pas là pour perdre, région qui, dans le passé, jusqu'à cette date, se on est là pour gagner. considérait, et à raison, négligée et oubliée, a Toujours est-il que j'entends, dans les quatre fait passer cette région maintenant à un point prochaines années, car je ne suis pas handicapé tel que c'est devenu la région au Canada où la ni par un ministère, ni par un secrétariat construction et les investissements sont les plus parlementaire, continuer le travail amorcé l'an vertigineux de tout le pays. Dans le comté de dernier. Et, sans vous brosser un tableau de tous Gatineau, par exemple, 27 milles d'autoroute les problèmes que nous devrons résoudre durant en chantier entre Hull et Wakefield, la réfection ce mandat, j'aimerais mentionner deux princi- de la route 11 qui débutera au printemps, un paux points: D'abord le problème de circula- budget de voirie de $8 millions, un record de tion dans le secteur Aylmer-Lucerne de mon l'an dernier... comté. Depuis 25 ans, à chaque élection, on parle de la construction du pont Britania-Des- UNE VOIX: Ce n'est pas un cadeau. chênes. Cela fait partie du plan Greber. Imagi- nez un plan vieux de 30 ans. Et, il y a 30 ans, M. GRATTON: II faudrait que cela se fasse. on disait que c'était primordial et prioritaire Je l'ai dit lors d'un discours il y a environ un an, que le pont Britania-Deschênes soit construit. la route 11 avait été construite par la défunte Eh bien, je pense que là c'est devenu plus que Union Nationale, c'est probablement pourquoi prioritaire. La situation est devenue ridicule. elle était croche, étroite et dangereuse. M. le Les gens doivent prendre jusqu'à deux heures Président, le gouvernement libéral a pris les pour voyager sur une distance d'à peine cinq mesures nécessaires, et les contrats sont déjà milles pour aller à leur travail et revenir à la octroyés pour la réfection complète d'une route maison, le soir. de 90 milles au coût total de $3 millions. Le M. le Président, j'entends, avec la collabora- travail s'entreprendra après 50 ans d'attente. tion de tous, sensibiliser le gouvernement à la Le ministère des Affaires municipales a nécessité de négocier avec le gouvernement accordé des subventions nombreuses aux diver- fédéral et le gouvernement ontarien pour ses municipalités pour nous assurer les infra- qu'une entente soit enfin paraphée afin de structures essentielles. Nous avons eu des inves- réaliser et construire ce pont Britania-Deschênes. tissements d'importance, au parc de La Véren- M. le Président, je me rends compte qu'il est 143 dix heures. Puis-je demander la suspension du tantôt du rôle du député. On a parlé tantôt, débat? Ou, si vous me le permettez, je pourrais également — ou on devrait avoir parlé — de la conclure dans deux ou trois minutes. disponibilité du député. Depuis dix mois que je M. le Président, en attendant que ce pont suis député, j'ai tâché d'être aussi disponible soit construit, il faudra que le ministère des que possible pour toute la population de mon transports s'acharne à trouver des solutions comté. temporaires afin d'alléger cette situation qui est Mais, avec les distances à parcourir, avec le devenue de plus en plus grave et qui, avec peu de temps à la disposition du député, je l'accroissement de la population dans ce sec- pense qu'il y aurait lieu de tâcher, si possible, teur, deviendra pire encore. d'améliorer les conditions de travail, dans les M. le Président, durant la campagne électora- comtés ruraux surtout, où les gens, à cause des le, j'ai parlé d'un projet qui m'est cher. Il s'agit distances, doivent passer par l'interurbain pour d'un zoo. Oui, un zoo. rejoindre le bureau de comté du député. J'aimerais suggérer, que ce soit par la Loi de M. BACON: Est-ce pour le Parti québécois? la Législature ou peu importe, que l'Assemblée nationale prenne les mesures nécessaires pour M.GRATTON: Depuis plusieurs années, les qu'un téléphone Zenith, comme on les appelle, gens du comté de l'Outaouais... soit mis à la disposition des députés où cela est nécessaire, de façon que les gens qui souvent, UNE VOIX: La grande cage... surtout dans les comtés ruraux, ne peuvent pas écrire, qui souvent n'osent pas appeler le député M. BACON: Est-ce pour le Parti québécois? parce qu'il s'agit d'un appel interurbain, se sentent bien à l'aise de pouvoir rejoindre le M. BURNS: Vous accaparez la plupart des bureau de comté du député en signalant un cages! numéro local Zenith. En terminant, j'aimerais simplement réitérer M.GRATTON: Justement, M. le Président, mon intention de continuer à travailler, à ma quand je parle de mon zoo, je ne parle pas d'un façon bien entendu, pour le plus grand bien du zoo ordinaire, avec des cages. C'est malheureux comté de Gatineau et j'espère que dans les que je n'en aie pas le temps, je pourrais décrire quatre années qui suivront... En tout cas, chose à l'honorable député de Maisonneuve quelle certaine, j'espère que, d'abord, je serai ici pour sorte de jardin zoologique, de laboratoire vivant quatre ans, parce que trois élections dans les de la faune nous voulons faire. douze derniers mois, je considère que c'était déjà deux de trop. J'espère vivement que je M. BURNS : Mais allez-y ! Allez ! serai ici pour quatre ans et que je saurai bénéficier en grande mesure des politiques du M. GRATTON: Toujours est-il que je disais, gouvernement libéral. Merci. M. le Président, que depuis plusieurs années, les gens de l'Outaouais québécois se demandent de LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): quelle façon attirer ces milliers de touristes qui, L'honorable ministre d'Etat aux Affaires socia- chaque année, visitent la capitale nationale, de les. quelle façon les attirer du côté québécois, de façon que la région profite des retombées MME BACON: M. le Président, je propose économiques de cette industrie touristique. Le l'ajournement du débat. gouvernement du Québec, conscient du besoin dans ce domaine, a fait tout récemment le LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): financement de l'installation d'un tel jardin Cette motion est-elle adoptée? zoologique. Les études de rentabilité démon- trent qu'il s'agira là d'un investissement de $10 M. ROY: Adopté. millions, avec des retombées économiques di- rectes et indirectes de l'ordre de $4.5 millions M. BIENVENUE: Je propose l'ajournement par année. de la Chambre à dix heures demain matin. M. le Président, je pense qu'encore là, c'est un exemple du genre de décisions, du genre LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): d'actions que le gouvernement libéral prend L'Assemblée ajourne ses travaux à demain dans le but d'assurer ce développement écono- matin, dix heures. mique. En terminant, M. le Président, on a parlé (Fin de la séance à 22 h 7)