Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane

Le Parc, c’est 64 communes associées au Conseil Général et à la Région avec la participation de l’Europe dans le cadre du programme Leader Le Mot du Président

Le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes vous propose à travers les chartes de paysage et d’urbanisme de mettre en valeur la richesse exceptionnelle que constituent les paysages pour nos territoires. Cette action se concrétise par cette démarche qui complète la charte sur cette thématique.

Pendant toute la durée de la réalisation de ces chartes, les collectivités du Parc, les élus des communes et des communautés de communes ont partagé l’histoire de leurs paysages et ses évolutions pour construire ce référentiel.

Que vous soyez habitant, élu du Parc, professionnel de l’aménagement, de l’architecture et du paysage, vous trouverez par l’approche paysagère tout ce qui fait l’identité de notre territoire...

Président du Parc des Pyrénées catalanes Président du Conseil Général des Pyrénées Orienatles COMPOSITION DU COMITE TECHNIQUE Version au format A3 recto-verso

Les Services de l’Etat Nombre de pages : de 1 à 69

Monsieur le Sous-Préfet de l’arrondissement de Prades, DIREN, Madame STEINFELDER et Monsieur DEVERNAY Parc naturel régional des Pyrénées catalanes DDE, Madame POU et Monsieur SASERAS DDAF, Monsieur AUGIER et Monsieur MOURER ONF, Monsieur Jean-Luc MARTIN et Bernard KAZANDJIAN SDAP, Monsieur l’Architecte des Bâtiments de , Commissariat de Massif Pyrénées, Monsieur Paul LAVILLE Charte de paysage et d’urbanisme de Les Chambres Consulaires la Vallée de la Castellane Chambre d’Agriculture, Chambre des Métiers, Chambre de Commerce et d’Industrie, Madame Françoise DELCASSO Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Les autres organismes Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

CAUE des Pyrénées Orientales, Madame Michèle ORLIAC DEATM, ODIT France Le stagiaire sous la direction du Chargé de mission Urbanisme et Paysage du Parc naturel régional Centre Régional de la Propriété Forestière Nicolas Antoine : Nicolas Pettini, étudiant à l’Institut national d’horticulture d’Angers Service Départemental Restauration des Terrains en Montagne (INH), de mars à septembre 2007. SAFER Languedoc-Roussillon Conseil Général des Pyrénées-Orientales Conseil Régional Languedoc-Roussillon CNFPT –ENACT- Montpellier, Gaëlle AGGERI - Responsable du pôle de compétence «Paysage et espaces verts» Légende. Cliché ou Réalisation NP : Nicolas Pettini Cliché ou Réalisation NDF : Nathalie Dumont-Fillon

Nathalie DUMONT-FILLON Xavier DAURES tél 05 61 03 86 83 fax 05 61 03 86 83 tél 05 34 01 00 15 fax 05 61 67 52 92 [email protected] [email protected] [email protected] 5 et 7 rue des Jacobins 09 100 PAMIERS Le Courtal 09 000 BURRET

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Table des matières

Table des matières 2

Première partie Le diagnostic page 3

Introduction 4

Présentation générale 5

A L’approche géographique : les éléments communs aux quatre communes 2 B- L’approche paysagère et l’importance des voies 13 C- Les dominantes forestières, agricoles et pastorales 18 D- Les paysages agricoles et les mutations principales d’occupation du sol 21 E- Les échappées visuelles 27 F- Quelques analyses de terrains et de cartes 29 G- Les chemins ruraux et les offres touristiques, les repères indiqués par les guides 38 H-Les représentations artistiques et littéraires 40 I- Le patrimoine bâti 43

Deuxième partie Les enjeux page 47

Troisième partie Les orientations page 57

La Table des figures 64 Des Sources 66

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane

Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

Première partie

Le diagnostic

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Introduction

La charte de paysage de la vallée de la Castellane est la plus petite des six chartes, en nombre de communes : quatre communes comparables la constituent, à savoir , Molitg-les-Bains, Campôme et . Sur rendez-vous, il a été possible de rencontrer les élus des quatre communes et de préciser ensemble cette notion d’unité homogène fondée sur une vallée.

C’est aussi la charte paysagère dont l’unité de paysage, c’est-à-dire le découpage opérationnel, semble être le plus évident, car il est fondé sur un cours d’eau commun aux quatre communes étagées de Mosset en amont à Catllar en aval.

Cependant, la réflexion sur les caractéristiques des paysages (objet de la première phase du diagnostic) mettra en exergue le fait que Catllar est bien une commune située sur la Castellane, mais à son débouché vers la Têt, soit à l’articulation des vallées, à proximité de la ville de Prades. Monsieur le Maire revendique néanmoins l’appartenance organique et paysagère de Catllar à la vallée de la Castellane.

Précisons également que les limites des chartes (fixées dans le cahier des charges) correspondent à des limites administratives : la limite communale, voire la limite de canton. Figure 1 Les nombreux Il sera donc nécessaire d’établir une distinction entre le village principal (un ensemble ruisseaux qui bâti avec un centre historique en habitat en général groupé ou semi-groupé) et ses limites accompagnent communales, souvent très étendues (de vastes territoires de montagne) et éloignées des la descente vers Mosset depuis le col cheminements principaux. de Jau.

Nous insistons ici sur une autre distinction qu’il conviendra d’établir : certains lieux sont accessibles physiquement et en voiture, d’autres sont accessibles visuellement dans un premier temps, mais parfois de manière large et prégnante au plan du paysage et des vues, en dehors même d’une pratique spécialisée (chasseurs, naturalistes, randonneurs, éleveurs, etc.) Cliché NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Présentation générale de la région étudiée Fig. 2 Région étudiée Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

La carte présentée montre le territoire du parc naturel régional des Pyrénées catalanes :

-dans le département français des Pyrénées-Orientales (66) ;

-la ville de , de Toulouse, de Béziers et de Barcelone.

Il est important de préciser que les périmètres des six chartes de paysage et d’urbanisme, dont celui de la charte présentée ici, ont été définis indépendemment de cette étude, en période de préfiguration du parc naturel régional.

Le regoupement des communes présenté dans cette première phase, le diagnostic, est donc rigoureusement suivi pour cette étude qui n’a pas lieu de les définir différemment.

Figure 2 Présentation de la région étudiée. Carte NDF

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Présentation des six chartes de paysage et d’urbanisme Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 3 Les périmètres et le Charte du Capcir chevelu hydrographique Charte de la vallée Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 de la Castellane

Charte de la vallée Le Galbe du Carol

La Têt

Charte de la vallée de la Têt et de ses affluents

Charte de la Haute Cerdagne

Charte de la Basse Cerdagne

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 4 Les communes sur la carte Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 du relief

Mosset

Molitg-les-Bains

Urbanya Catllar Sansa Nohèdes Campôme Conat Ria-Sirach PRADES En bleu : les vallées En orange, les parties plus hautes : -le village de Mosset se situe à 750 mètres -Prades à 360 mètres

Traits rouges : les limites communales.

Une partie est en contact avec Ria-Sirach, , Nohèdes, Sansa (parc naturel) et bien sûr Prades

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Le chevelu hydrographique Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Figure 5 Le chevelu La Castellane prend sa source au Madres. On rejoint rapidement son hydrographique cours par la route peu en dessous du à l’échelle du Parc col de Jau. 7 8

Le Galbe 9 10

6

2

5 1 La Têt 4

3

La Castellane : 1- (la Têt) 2- (confluences) 7-Mosset 3- 8-Molitg-les-Bains 4- 9-Campôme 5-Vernet-les-Bains (le Cady) 10-Catllar (confluence avec la Têt) 6-Villefranche (confluent la Têt/le Cady)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  La topographie Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 6 Le relief 11 à l’échelle du Parc

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 La Castellane 4 Source de la carte PNRPC, des altitudes : Le Galbe 10 Dictionnaire des Pyrénées (voir liste des sources) 9 12 La Lladura Le Caillan

La Têt Lac de

2 L’ Le Cady La Rotja La Têt

1

Le Carol

6 5 7 Llivia 8 1-Porta : altitude 1505 m Ribera d’Err 2-Col de Puymorens 1915 m 3 Le Sègre 3-Planès 1540 m 4- 1450 m 5- 1309 m 6-Latour de Carol 1260 m 7-Ur 1180 m La Vanera 8-Py 1020 m 9-Nohèdes 980 m 10-Urbanya 850 m 11-Mosset 750 m 12-Prades 360 m

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 -  Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 7 La carte de la vallée de la Castellane au 1/25 000 (limite de la charte en rouge) Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

Le Col de Jau

Mosset

Molitg-les-Bains

Campôme

Catllar

PRADES

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 10 Figures 8 Les périmètres des cinq autres chartes Les périmètres des cinq (sur le fond IGN 25/000) autres chartes Charte de la vallée du Carol Quatre communes Charte de la Basse Cerdagne -Porté-Puymorens Douze communes -Porta - - -Latour-de-Carol -Ur -Angoustrine-Villeneuve - -Saillagouse -Sainte-Léocadie Charte du Capcir -Osséja Sept communes -Palau-de-Cerdagne -Bourg-Madame -Matemale -Err -Les Angles -Valcebollère -Formiguères - Charte de la vallée de -Puyvalador-Rieutort la Têt et de ses affluents - Trente-et-une communes -Réal -Caudiès-de-Conflent Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

Charte de la Haute Cerdagne Six communes

-Targasonne -Egat -Font-Romeu-Odeillo-Via -Bolquère - -

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 11 L’approche géographique

A L’approche géographique : les éléments communs aux quatre communes

a) Au préalable de l’analyse des paysages, nous admettons l’idée logique que la rivière formant vallée a été retenue comme élément commun des quatre communes. Cette démarche logique est rejointe par une autre facilité pour l’analyse : c’est le fait que la principale route départementale traverse elle aussi le territoire étudié sur un axe nord-ouest /sud-est relativement parallèle à la Castellane, du Col de Jau au nord (entrée nord du parc naturel en venant de l’Aude) à Prades au sud.

Comme le montrent les cartes présentées plus loin et notamment celles réalisées à partir de l’échelle du 1/ 25 000 (IGN), le tracé de la route suit le relief et permet la découverte des villages échelonnés de l’amont Figures 9 Mosset (en haut) et Campôme (en vers l’aval. bas) et son pont (clichés NDF)

b) le deuxième élément important concerne la toponymie, car la désignation des lieux correspond à des éléments communs aux quatre communes. Ainsi la présence du Madres, ou de manière plus éloignée celles du , ou du Pic du Roussillou, permettent d’étudier des lieux d’importance locale.

Nous reviendrons en détail sur les alentours de la charte puisque certains de ces lieux et communes sont situés en dehors de la charte et même actuellement du parc naturel régional.

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 12 L’approche paysagère B- L’approche paysagère et l’importance des voies

Ce chapitre établit une distinction entre les données géographiques, lisibles notamment sur les cartes, et les perceptions des paysages sur place, dans l’esprit de la nécessaire différence qu’il faut établir entre la carte et les paysages dans le sens des travaux du géographe Yves Lacoste *.

Grâce au parc naturel régional et à l’ensemble des acteurs du territoire tels Figure 10 le Col de Jau en que l’Office National des Forêts ou les naturalistes chargés du programme Natura mars 2007. Cliché NDF 2000 sur le Madres, les données scientifiques sont nombreuses. En revanche le diagnostic de cette charte n’a pas pour objectif de rassembler toutes les données actuelles — on pourra par exemple se reporter au Plan d’occupation des sols de Clichés NDF 2007 Molitg pour les cartes détaillées d’habitats écologiques — mais de mettre en Quelques exemples de différences de superficies et de population valeur les perceptions (sensibles) des paysages sur le terrain et les évolutions (source annuaire des maires 2001) passées ou futures.

L’objectif du diagnostic de cette charte vise également à mettre en Campôme 525 hectares 110 habitants en 2001 lumière certains espaces plutôt que d’autres, en fonction des enjeux locaux ou Catllar 802 639 des observations issues de nos analyses de terrain, qui sont donc liées à notre Molitg 1296 208 période d’analyse (d’avril à septembre 2007 et non pas toute l’année). Mosset 7192 296

Ces exemples ci-dessous sont choisis volontairement hors charte L’importance des voies pour faciliter la comparaison.

D’une manière générale il est possible de considérer qu’il existe une voie Prades 1086 6315 en 2001 principale, conduisant du Col de Jau à Prades en traversant en partie les quatre communes en rive gauche (la route départementale n°14). En réalité il ne faut 1 603 hectares 13 habitants en 2001 pas oublier de mentionner une possibilité de traverser la Castellane à Mosset et à 481 ha 27 Campôme pour relier ces deux villages par la rive droite. C’est aussi un passage Olette-Evol 2 894 ha 351 Villefranche 447 228 obligé pour rejoindre les deux hameaux de Mosset, ceux de La Carole et de Planès 1 424 27 Brèzes. Fontpédrouse 6000 126 Vernet-les-Bains 1676 1561 Py 5086 110 * Sur la différence entre cartes et paysages, voir notamment page 49 et suivantes, 350 622 dans : Yves Lacoste. 1990. Paysages politiques. Le livre de poche. 284 p. Mont-Louis 35 ha 235 habitants

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 13 Pour l’automobiliste, amené à suivre délicatement une route relativement étroite qui suit le relief en de nombreux virages, les traversées de ruisseaux par des petits ponts sont Figure 11 Les villages de la nombreuses. Castellane : ici Catllar aux toits oranges groupés, l’attirance La carte présentée ici indique tous ces franchissements pour un paysage rural stable. de vallons ou de ravins, où parfois la présence de l’eau est Cliché NP (Nicolas Pettini). visible en petites cascades qui plongent sous la route avant de rejoindre la Castellane.

Dès l’entrée nord dans le parc naturel régional par le Col de Jau, on remarque la présence fréquente de murets de sécurité construits en général en marbre rose et toujours couronnés de blocs arrrondis, présents en réalité dans l’ensemble du territoire.

Même si des glissières de sécurité en bois ou métalliques sont également présentes dans les virages les plus forts, cet accompagnement de bord de route par des murets de pierre (ou parfois de bétons qui imitent forme, volume et aspect, comme sur la route de Conat) fait partie du paysage de l’automobiliste.

Figure 11 bis Vue sur le mont Canigou au loin, encore enneigé, cliché NP

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 14 Le ravin de Réservoir, Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 La Tour de Mascarda Parc naturel régional Canals village de La Coume Mosset des Pyrénées catalanes

Le col de Jau Ravin de las bottes

Mosset

Molitg-les-Bains Campôme

village de Catllar

Le pont de Figure 12 L’analyse du paysage Le pont du hameau de Campôme, Le pont rouge , la Carole sur la Castellane Le pont bleu par son accès physique sur la Castellane La route du Col de Jau à Catllar par la vallée de Canal d’irrigation, Le pont de Catllar, sur la Castellane la Castellane : relief et principaux ponts (rivière ou ruisseaux) ruisseau et pont à Molitg-les-Bains

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 15 Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

village de Catllar

Le pont de Catllar, sur la Castellane

Figures 13 A Catllar, Un pont bordé de deux points de vue remarquables

-Le village ancien

-Les jardins en terrasses, clos de murets

Un ouvrage d’art remarquable. Cliché : regard sur les piles rouges

Muret de soutènement, en descendant du col de Jau

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 16 Figure 14 Une route inscrite dans les Parc naturel régional des Pyrénées catalanes paysages (en balcon et en corniches) Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

Mosset

Molitg-les- Bains Campôme En amont de Mosset, sur la courbe de niveau (marron)

Entre Mosset et Campôme, village de un fond de vallée élargi Catllar

Les virages épousent le relief en corniches, entre Molitg et Catllar

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 17 C- Les dominantes forestières, agricoles et pastorales Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Il est classique de distinguer les deux versants d’une vallée par leur Figure 15 Les principales occupations du sol. différence d’exposition, de géologie et d’occupation du sol, ainsi que de Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 distinguer des étages de végétation en fonction de l’altitude. Carte de synthèse d’après les études précédentes (Urbane).

Là encore ce qui correspond à l’analyse paysagère tient surtout aux perceptions visuelles plus qu’à une analyse précise de l’occupation du sol, établie par ailleurs. Les regards varient selon les préoccupations de l’observateur, un habitant qui connaît bien les lieux regrettera la progression de la forêt sur d’anciennes prairies ou cultures non entretenues actuellement, alors qu’un visiteur de passage ou un nouvel habitant appréciera en priorité le caractère boisé et feuillu du massif forestier.

La route départementale qui relie le Col de Jau à Catllar étant située en rive gauche, elle est souvent en contrebas du versant qui devient invisible dans sa majeur partie - par exemple la Tour de Mascarda ne se voit pas lorsque la voie passe à son pied- mais au contraire les ouvertures visuelles vers la rive droite sont nombreuses.

• Il est possible d’établir schématiquement un découpage de la vallée en quatre parties distinctes. En commençant par le col de Jau et en descendant à la confluence, ce découpage est le suivant :

-Du Col de Jau à l’éperon où est construit le village de Mosset ;

Le col de Jau est le premier accueil dans le parc naturel régional, marqué de panneaux signalétiques (bilingues), et son aire de stationnement de type forestier (les limites sont marquées par des rondins de bois et non pas par un marquage au sol de type peinture blanche).

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 18 Figure 16 Les jardins en terrasses C’est un paysage forestier, d’abord constitué de pins à crochets du beau pont à l’entrée au niveau du col, puis d’une végétation feuillue dans un environnement du village de Catllar de chaos et de rochers. C’est aussi le territoire pastoral où de nombreux cortals — abris de volume carré pour les animaux (et les familles…) en estive — seront présentés plus loin. Le hêtre domine avec son port en boule et ses couleurs de rameaux rouges avant la feuillaison d’avril- mai. Quelques peupliers noirs d’Italie, de forme fastigiée, accompagnent quelques bâtiments isolés, toujours éloignés de la route. Quelques ruines laissent l’observateur s’interroger sur l’histoire locale, tandis qu’au loin les rochers offrent des scènes pittoresques.

Puis, parfois assez tard en venant de l’amont, le village de Mosset se détache soudain sur son éperon, et des prairies d’élevage apparaissent au pied des forêts.

- de Mosset à Molitg-les-Bains, la vallée s’élargissant et l’altitude ayant Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 diminué, nous approchons d’un territoire de fond de vallée cultivé, notamment autour de Campôme où l’arboriculture a constitué une activité importante.

- La troisième partie nettement différente concerne l’aval de Molitg- les-Bains, où une végétation méditerranéenne ne ressemble plus du tout aux forêts de hêtres de l’amont, par son feuillage persistant et brillant lié aux essences mieux adaptées aux sécheresses d’été (chênes verts par exemple).

C’est aussi l’endroit où la route devient de plus en plus sinueuse sur de solides enrochements liés au relief (cartes). Figure 16 Bis La diversité des paysages de la Castellane, à la fois en montagne (la neige à Mosset) et en climat du Roussillon (la vigne près de Molitg) Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 19 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 17 Les relations entre rivières et Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Entre Mosset et Molitg-les-Bains, la vallée routes au niveau des trois communes. s’élargissant, il est possible de quitter la route principale pour relier les hameaux de Brezes et de La Carole par l’autre rive de la Castellane.

On note notamment la situation du cimetière de Campôme, à l’entrée du village, la présence de la chapelle de Corbiac, monument inscrit et apparaissant derrière un premier plan de plantes aromatiques.

C’est aussi de cette petite route que nous sommes très sensibles, si l’on ralentit la vitesse du véhicule au relais téléphonique, aux capteurs solaires mis sur pieds, et surtout au long toit d’un hangar agricole.

Si l’on s’arrête enfin, on peut observer des canaux d’arrosage, mais aussi une petite fontaine à Brezes (derrrière laquelle se cache parfois un lézard vert).

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 20 D- Les paysages agricoles et les mutations principales d’occupation du sol -Encadré : Le contexte socio-politique et historique actuel ne va pas dans le sens d’une La charte de paysage et d’urbanisme vise, une fois le diagnostic établi, à orienter évolution des paysages vers leur “ouverture”. l’encadrement de l’évolution des territoires : soutenir l’activité agricole, accompagner Les politiques agricoles, le marché de l’emploi, les services publics, sont bien évidemment des le développement urbain, etc. Il est donc nécessaire dans un premier temps d’établir les mécanismes indépendants des volontés locales principales mutations récentes des territoires. d’habiter ou de travailler dans la Castellane...

Certains habitants comme certains élus constatent une dynamique d’évolution considérée Cette question de l’avenir des territoires comme “une évolution dans le mauvais sens” par rapport à un état précédent. La régression et du rôle des acteurs sera développée dans les deux parties suivantes : les enjeux (partie 2) et des espaces ouverts - ceux travaillés par l’agriculteur - et au contraire la progression des forêts les recommandations (partie 3). - “qui redescendent” - font partie des thèmes principaux de la charte de la Castellane comme de beaucoup d’autres territoires en France. Le lien avec le territoire et le terroir s’estompe au fur et à mesure que notre société évolue comme actuellement vers le secteur dit tertiaire.

Ce qui se nomme couramment “la fermeture des paysages” est étudié par des chercheurs en sciences humaines et des ingénieurs paysagistes (cf. travaux de Sophie Le Floch). Ce Figure 18 phénomène n’est globalement pas récent et date, en vallée de la Castellane comme partout Les variations de la population permanente sont un ailleurs, essentiellement du grand bouleversement de la guerre de 1914-18, puis des périodes souci réél, à juste titre, de tous les maires et élus de mécanisation de l’agriculture et d’exode rural (à partir des années 1950). rencontrés, toujours soucieux de faire vivre leur village. Mais le territoire est aussi marqué par des périodes de “reconquêtes”, que ce soit par Le tableau ci-dessous retrace quelques évolutions l’installation d’agriculteurs, par la résidentialisation ou par les politiques naturalistes qui caractéristiques, depuis 1936. s’appuient sur un patrimoine naturel. Ainsi, la friche agricole devient un élément marquant de l’évolution récente du paysage actuel.

Campôme Mosset Molitg-les-Bains Catllar* *En 2005, 687 habitants à Catllar - Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 21 Les paysages agricoles

L’agriculture, et en particulier l’élevage, marque encore très profondément l’histoire du paysage en vallée de la Castellane. Les indices visibles de cette activité sont omniprésents, notamment dans le fond de vallée : pâturages et animaux bien sûr, mais aussi leurs enclos (des clôtures, des haies, des barrières), les abris, les points d’eau, les abreuvoirs, les lieux d’alimentation, et des bâtiments. Sur les hauteurs, la soulane accueille quelques exploitations, accessibles depuis la route départementale par des pistes qui grimpent en lacets sur la pente. Mais, dissimulées par les sursauts du relief, la plupart en sont invisibles depuis le fond de la vallée.

C’est sur le territoire communal de Mosset, une superficie d’au moins 7000 hectares, que se concentrent la plupart des exploitations. La configuration des pâturages diffère selon que l’on se trouve dans le fond de vallée ou sur les estives. Les parcelles, de taille modeste, sont parfaitement délimitées par des haies et des enclos dans le fond de vallée ; elle sont en revanche plus diffuses sur les hauteurs. L’ensemble est irrigué par des canaux d’arrosage, qui hélas ne sont plus entièrement utilisés.

De grandes dimensions notamment par leurs toitures allongées, les bâtiments d’élevage deviennent visibles de loin.

Deux types d’éleveurs font vivre la vallée : d’une part des professionnels, à plein temps ou bi-actifs, d’autre part des particuliers qui possèdent quelques animaux, par exemple des chevaux de loisir.

Encadré : « La Rosée des Pyrénées », un veau élevé sous la mère, est à la fois l’un des produits phare de la vallée de la Castellane et une viande qui subit actuellement une Figure 19 Mosset : les murettes et les roches demande tellement forte que les producteurs peinent à la Clichés NDF satisfaire. Cette production agricole de haute qualité est commercialisée uniquement de juin à décembre.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 22 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 20 Le relief de terrasses sous le canal d’irrigation de Mosset, Réalisation : N. Pettini et entre les deux bois (A et B) . N. Dumont-Fillon 2007 Le canal d’irrigation Le canal d’irrigation de Molitg

La modification des A paysages par la fermeture des milieux, fruit de A B la déprise agricole, est souvent mal perçue par les élus locaux qui considèrent ce phénomène comme une évolution B « regrettable ».

Mais au contraire le visiteur, notamment lorsqu’il n’a pas connu les situations antérieures, se satisfait des paysages boisés de feuillus.

vers Campôme La route départementale La route départementale Le bois Le bois

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 23 La déprise agricole, fruit de l’exode rural, et le changement des pratiques d’élevage se sont accompagnés d’une forte baisse de la pratique du gardiennage des troupeaux en estives et du pâturage itinérant. L’abandon des structures pastorales tels que les cortals et les orris, l’enfrichement de nombreuses estives et des terrasses de cultures, modifient nettement l’aspect d’un paysage de moins en moins agricole.

Le nombre de terrasses exploitées aujourd’hui est très réduit. L’augmentation de la taille des parcelles cultivées, et le pâturage extensif qui en découle favorisent également leur envahissement par les ligneux. Les prairies de fauche ne sont plus à la base de l’alimentation des bêtes. La complémentation en hiver par un fourrage est alors nécessaire, bien qu’acheté à l’extérieur, livré par camion et parfois venant d’Espagne ! L’installation de nouveaux éleveurs (et d’arboriculteurs) est difficile notamment pour des raisons de morcellement foncier. Figure 21 Mosset, clichés NDF Le débroussaillage, le gyrobroyage et l’écobuage permettent d’entretenir les espaces. Cette dernière consiste à « conduire le feu de façon planifiée et contrôlée sur une surface prédéfinie » (extrait de la Charte du Parc). C’est le Syndicat Interchambres d’Agriculture Montagne Elevage (SIME) qui encadre chacune des opérations de brûlage dirigé entreprises dans le département. Il existe une Charte du brûlage dirigé qui définit les bonnes pratiques à adopter pour minimiser les impacts négatifs.

D’un point de vue paysager, l’impact de l’écobuage n’est pas anodin notamment à court terme. Les végétaux sont en effet calcinés sur de grandes surfaces et se renouvellent lentement. En outre, la destruction de bouquets d’arbres isolés, propices à la biodiversité, utilisés comme abris par le bétail et à l’impact paysager fort, peut difficilement être évitée. L’ouverture du milieu sur de petites surfaces permet en outre d’accroître l’effet lisière particulièrement Figure 22 La borne de la Méridienne de l’an favorable à la biodiversité. 2000 à Mosset

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 24 La vallée de la Castellane fut de tradition arboricole, d’abord spécialisée dans les pommes pendant les années 1940, puis ensuite dans les pêches après la seconde Guerre.

Un réseau de canaux d’irrigation et une structure de terrasses de culture (les feixes) marque le paysage. Malheureusement, le Président de la gestion des canaux (arboriculteur à Campôme) déplore que de nos jours les habitants n’entretiennent plus les fossés et ne respectent plus les calendriers Figure 23 Mosset d’horaires de prélèvements.

Sur un besoin récent de mécanisation, l’arboriculture actuelle se détourne de cette vallée méditerranéenne (aux gelées tardives) pour préférer les plaines du Roussillon aux parcelles plus faciles à cultiver. Figure 24 Quatre centres historiques À Campôme, la vallée se rétrécit (ou s’élargit) selon le sens d’arrivée. aménagés et accueillants (ici, Campôme) Campôme porte dans son propre nom, son paysage agricole, puisque le Campo ultimus indique le dernier champ du temps où la commune était attachée à Molitg)

Selon Madame le Maire, la commune est rurale, mais aussi résidentielle et touristique. Le caractère rural se perçoit aussi par l’architecture, avec des bâtiments d’habitations anciens (rénovés) parfois habités par des habitants originaires du village, ou au contraire par de nouveaux actifs venus dans la région pour travailler à Molitg, Prades ou plus loin.

(Sources : entretien en mairie le 10 avril 2007) Figure 25 L’importance des espaces publics et des aménagements (ici le sol au centre village). Molitg-les-Bains.

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 25 Un motif paysager marquant dans le paysage agricole et pastoral : les cortals

Les cortals sont témoins d’une intense activité passée liée à l’élevage en milieu de moyenne montagne. Érigés par les bergers, ils servaient d’abri pour les troupeaux montés en estive. La déprise Figure 26 L’intérieur d’un cortal agricole d’après guerre et l’évolution des pratiques d’élevage sont et son pilier central, cliché NP responsables de leur abandon. Les cortals sont devenus des éléments forts du patrimoine pastoral en vallée de la Castellane et dans tout le massif du Madres-Coronat auquel elle est rattachée (la Castellane prend en effet sa source au pied du Madres). De nombreux cortals ont été construits de manière disséminée sur les soulanes, versants les mieux exposés et en particulier aux environs de Mosset sur le versant situé en rive gauche de la Castellane.

La répartition des cortals dans l’espace est assez remarquable Figure 27 car en effet elle n’est pas le fruit du hasard ! Les cortals s’échelonnent régulièrement en remontant le ravin del Boutas. Cette situation reflète Dessin présenté dans l’étude le fait que plusieurs bergers coexistaient sur un territoire relativement d’urbanisme de déjà restreint et que les ressources étaient suffisantes pour assurer citée (Loeillet Martinez et al.) l’approvisionnement en herbe des troupeaux.

En amont de Mosset, un sentier autour du ravin del Boutas permet d’en découvrir un bon nombre, mais qui sont, hélas, pour la plupart déjà en ruine ou en passe de l’être. L’architecture de ces anciennes La présence de pâturages environnant les cortals reflète l’activité pastorale qui bergeries d’altitude combine la pierre sèche, la llose et le bois (de pin leur était associée par le passé. Depuis les dernières décennies, ces prairies subissent le plus souvent), tous prélevés sur le site même. Les quatre murs, de de plein fouet l’enfrichement et sont en train de disparaître. Ce phénomène est hauteur variable, sont surmontés d’une toiture en lloses inclinée, à particulièrement visible autour du cortal Descasate où l’herbe lutte en vain contre l’avancée de la broussaille. pan unique. D’imposants piliers de pierres, de section carrée, portent la toiture que des poutres en bois viennent également soutenir. Les De nos jours, les éleveurs n’ont plus recours au pâturage itinérant, ce qui entraîne piliers, en nombre variable (1 à 3 en général), subsistent assez souvent l’abandon de nombreuses estives et donc des cortals qui leur étaient associés. Par dans les cortals ruinés. ailleurs, en dehors de toute activité agricole, des demandes d’achat sont formulées régulièrement pour réhabiliter des cortals en résidences secondaires. C’est le cas de certains à Mosset.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 26 E- Les échappées visuelles

Dans un contexte socio-économique peu favorable à une relance réelle de la production agricole, il est probablement vain de vouloir agir sur l’occupation du sol sans tenir compte des données nouvelles.

Les perceptions visuelles des paysages dépendent des personnes, nous proposons donc ici une sélection de dominantes. Il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur, ni de considérer une dimension dite “esthétique” qui serait discutable, mais simplement de mettre en lumière quelques éléments que nous jugeons importants pour les habitants ou pour les visiteurs.

Contrairement à d’autres parties du parc naturel régional, la Figure 28 Pic du Canigou et vallée de la Castellane. Clichés NP. traversée de la vallée de la Castellane n’offre pas de vues panoramiques mais plutôt des vues cadrées, qui ont les avantages du champ restreint (cf. article de Pascal Aubry où le panorama n’est plus un paysage).

La route est souvent limitée par une vue dissymétrique (plutôt vers le versant côté Madres) mais les sommets et les repères sont très présents : le Canigou enneigé, les autres crêtes.

Le Madres, bien qu’important sur le plan géographique, n’est pas véritablement visible. Le Canigou au contraire, aux sommets enneigés, domine en arrière plan au-delà de Prades. L’arrivée du Col de Jau vers Mosset offre une échappée sur cet éperon bâti. Figure 28 bis. Campôme vu depuis Bilade, un point de vue indiqué lors de Un point de vue important est souligné par un arboriculteur l’entretien en mairie. rencontré en mairie de Campôme : il s’agit d’observer le village à partir Cliché NP. du lieu-dit Bilade (figure ci-contre).

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 27 Les tours à signaux marquent les distances

La Tour de Goa est remarquable car visible de nombreux endroits -Encadré : précisions Mais lorsque l’on sait qu’en Roussillon, en vallée de la Castellane historique. IXe au XIe siècle, les signaux (la tour Mascarda à Mosset) et en vallée de la Têt, un réseau de tours et viennent du littoral (vers d’églises communiquent entre elles en tant que tours à signaux, on entre l’intérieur) bien dans une dimension paysagère de cônes de vue réciproques. XI et XIIe siècle, rayonnements La carte présentée par Annie de Pous et publiée récemment dans un autour des châteaux comtaux magazine vendu en kiosque (Terres Catalanes n°47 mars-avril-mai 2007, XIIIe et XIVe siècles, tous page 83) établit de manière visuelle un paysage dans le sens du géographe les signaux centralisés vers Perpignan. Yves Lacoste : d’une part la carte localise ces tours à signaux, d’autre Figure 29 part elle montre les points de vue visuels comme autant de couloirs La Tour de Goa et le massif du libres habilement formés entre des versants de reliefs montagneux. Canigou, dessin NP

La vallée de la Castellane rejoint la vallée de la Têt aux environs de Prades. Ainsi le château de Paracolls se trouve relié, au-delà de la Têt au sud vers le massif du Canigou, au point majeur de la tour et du château de Saint-Etienne, à l’est de et de Clara (carte d’après IGN 2349 ET).

En terme de paysages, c’est donc à distance que l’on remarque le plus les tours à signaux, qui servent de repères dans le paysage lointain mais peuvent aussi être approchées de près (sans voiture) comme à Goa.

Figure 30 Le réseau des tours, source dans le texte ci-contre (Annie de Pous)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 28 F- Quelques analyses de terrains et de cartes Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Les quatre villages sont composés de constructions bâties suffisamment groupées pour qu’il existe au moins un point de vue privilégié sur chaque village ; c’est aussi le cas grâce aux tracés des méandres qui forment une courbe pour les villages ; ainsi Mosset, vu d’en bas, apparaît comme un front défensif entre jardins en terrasses et ancien château dominant ; Molitg comme un village groupé derrrière son premier plan d’arbres fruitiers entourés de murets ; Campôme attaché à son pont de pierre légèrement à l’écart de la route départementale ; Catllar établi le long du cours d’eau au delà de son grand pont aux impressionnantes piles de briques rouges.

Figure 32 Figure 31 Mosset Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 La vue de carte postale donne un point de vue Plan de Molitg-les-Bains et de la rivière privilégié, celui qui semble être le meilleur pour Source : POS 1/ 5000. tenir à distance le village de Mosset. Cliché NP

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 29 Les entrées de villages et les traversées des quatre villages sont comparables. En effet, il s’agit à chaque fois d’un ensemble de bâtiments groupés, organisés à proximité de l’église et/ou du château. Bien que séparé du village, le quartier de Molitg-les-Bains rejoint facilement celui-ci.

Comme nous l’avons vu précédemment, l’inscription des villages dans le site est toujours remarquable, que cela soit en éperon comme à Mosset ou en creux de vallée comme à Campôme, selon que prévalaient les soucis de sécurité ou d’accès à l’eau, les développements sur les carrefours d’échange restant réservés à l’axe de vallée principale.

La relation à la rivière (le village tourné vers ses cours d’eau) est Figure 33 le Pic du Canigou et la vallée de la Castellane. aussi évidente dans le cas des forges, indiquées en partie sur la carte Cliché NP. IGN au titre de repère du territoire (Mosset), et bien sûr les villages eux-mêmes comme Campôme et Catllar près de leur pont de pierres. La La Méridienne végétation brise-vent, comme à Campôme, ponctue les parcelles par des alignements de persistants. C’est également une approche paysagère qui met en relation des communes du nord au sud de la France, une ligne marquée Nous remarquons aussi que les cimetières se tiennent à distance concrètement par des bornes comme c’est le cas à Mosset. du village, souvent isolés du tissu bâti et “tournant le dos” aux routes. En tant qu’inscription dans le territoire elle fait aussi l’objet de souvenirs liés à son inauguration en l’an 2000. Le travail du plasticien associé à celui de l’architecte (Paul Chemetov) a nécessité la mise en valeur éphémère des terres de la commune.

Figure 34 Molitg-les-Bains

Figure 35 Route de montagne clichés NP

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 30 Les villages au contact de la rivière de la Castellane

Figure 36 La végétation et ses couleurs nous interrogent sur ce qui marque le paysage de la Castellane. Cliché NP.

Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Figure 37 Le plan de Campôme

Nathalie Dumont-Fillon, dessin à main levée, d’après fond de plan du Plan d’occupation des sols

Campôme

-Le village se trouve situé de manière remarquable auprès du cours d’eau et possède un pont.

-le village se situe dans un petit méandre, en contact direct avec un pont sur la Castellane

-le cimetière est situé à l’écart, route de Brezes

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 31 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Des clichés montrent des motifs de paysage au Figure 38 Le plan de Mosset Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 caractère «universel» dans la mesure où ces photographies ont pu être prises n’importe où dans le parc naturel régional.

Bien entendu une terrasse agricole de la vallée de la Castellane ou de la Têt (figure 39) n’est pour le spécialiste qu’une variante de la terrasse d’Ardèche ou des coteaux du Layon.

De même le tracé de la route sineuse, qui sur ce cliché mène on ne sait où (figure 35), ne permet pas de se repérer dans un paysage particulier.

Et pourtant ce sont bien des éléments importants dans le paysage de la Castellane au relief de montagne.

Figure 39 Un motif important, la terrasse de cultures, mais la vue rapprochée ne permet pas Figure 38 de situer le village concerné. Mosset est un village perché qui se Cliché NP trouve en fait dans un grand méandre jusqu’à son hameau de la Carole. Carte NDF à main levée d’après fond de plan du POS.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 32 La labellisation “beaux villages de France”

Figure 41 Il est vrai que les labels indiqués ici s’appuient Les chaos pittoresques et les sur le caractère historique des villages dans constructions lointaines font oublier l’esprit d’une remarquable stabilité, le village la végétation et l’altitude : la photo étant conservé dans une enceinte marquant nettement n’est plus localisée, elle pourrait se ses limites. situer partout où existent des cortals. cliché NP A ce titre il est évident que les nouvelles limites des villages et leurs nouvelles constructions de villas isolées ou de hameaux altèrent, parfois gravement, le caractère initial du village et son attractivité.

Cependant, en géographie humaine (entretiens qualitatifs auprès des habitants) il est connu que les visiteurs ne voient que ce qu’ils sont venus voir, et ne regardent pas ce qui échappe au pittoresque (cf. travaux menés dans les villages de chaumières normandes du marais Vernier).

En fin de compte, nous sommes attentifs, en tant que techniciens, à l’ensemble du bâti et remarquons quelques habitations, par exemple une ancienne ferme reconvertie en logement, que les architectes considèrent comme des “erreurs” qu’il ne faudrait plus renouveler en raison de leur implantation.

Figure 40 Mosset et sa topographie Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 33 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Figure 42 Le plan de Mosset Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Les ruelles et les circulations piétonnes.

Les escaliers, les places publiques, les pentes, les fontaines, les revêtements de sols accompagnent le piéton. Nous notons qu’un recensement précis a déjà été effectué à Mosset dans le diagnostic de la Zppaup, qui met ainsi en valeur l’organisation du village par rues et enceintes autour de l’ancien château. (cf ci-droite carte des escaliers)

Les ruelles sont nombreuses, encadrées de murs continus des maisons alignées par les pignons. Dans les centres historiques, la forte mise en place de revêtements de sols minéraux retient l’attention notamment lorsque les matériaux changent. Ainsi à Campôme sommes nous surpris lorsque après avoir emprunté une ruelle principale pavée vers la mairie, nous arrivons sur la place de la mairie couverte de pavés autobloquants.

Figure 42 Mosset, extraits de l’analyse urbaine. Carte NDF d’après dossier Zppaup

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 34 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes Figure 43 Les plans de Mosset Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Un soin relatif aux aménagements est en général concentrique, à partir du centre historique et en s’éloignant vers les couronnes extérieures. Ceci est vérifiable en général par la mise en valeur en priorité de la mairie et de ses places, notamment pour l’enfouissement des lignes, ou par la restauration des clochers et églises.

Figure 43 Mosset extraits de l’étude urbaine, Carte NDFd’après dossier de Zppaup de Mosset

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 35 Parmi les actions intéressantes on notera la relance de la filière bois-énergie. A Mosset : des bâtiments communaux (la mairie par exemple) Figure 44 Le village de Mosset, exposé à l’inté- rieur de la mairie sont chauffés au bois.

Le mobilier des églises, l’attractivité par le patrimoine artistique et les musées orientent les visiteurs vers les centres historiques. L’art roman catalan demeure encore méconnu.

Figure 45 Molitg-les-Bains : une Figure 46 Molitg : en rouge les surfaces non vue impressionnante des soutène- bâtis du village, ruelles, cours, jardins ments et de la route en corniche. Source capture sur l’Internet

Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 36 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

La carte montre ici la confluence de la Castellane et de la Têt à Catllar, au lieu-dit du Figure 47 Catllar, le relief et les Réalisation : N. Dumont-Fillon 2007 Mas Riquet. cours d’eau

Catllar est un village qui appartient à la vallée de la Castellane sur son plan paysager, mais qui est aussi situé en confluence sur le plan géographique.

Les Bains de Molitg

CATLLAR et la Castellane

La Têt au lieu-dit Mas Riquer

Prades

La Coume

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 37 G- Les chemins ruraux et les offres touristiques, les repères indiqués par les informateurs et guides.

A vocation touristique, les communes ont aussi, et d’abord, comme l’indiquent les élus rencontrés, un caractère historique et organique rural et agricole, et celui-ci sert de support à la pratique récréative.

Les chemins sont nombreux et certains sont indiqués sur la carte IGN au départ des villages, c’est pourquoi nous plaçons ce chapitre dans le cadre de l’approche urbaine : le point de départ et de stationnement des véhicules est important avant de partir “plus loin”.

Ainsi du village de Mosset à la Coûme un chemin longe le canal d’irrigation, traverse des ravins, rejoint des cortals et revient en boucle vers le village (ou permet des liaisons plus éloignées).

Au départ de Campôme il est également possible de rejoindre le chemin du “Tour du Coronat” et les possibilités de randonnées Figures 48 pédestres sont de toutes façons nombreuses au départ des quatre Au centre, le hameau communes. de la Carole

De même à Catllar, par exemple au Mas Riquet, de nombreux clichés et croquis NP réseaux s’orientent vers la vallée de la Têt.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 38 L’encart du randonneur.... à la découverte des cortals

Un itinéraire simple, à la portée de tous, offre à chacun la possibilité de découvrir un grand nombre de cortals en vallée de la Castellane. Il est préférable de prévoir une carte (IGN 2348 ET) car l’itinéraire n’est pas balisé. On y accède par la route départementale en provenance de Mosset, en prenant la direction du col de Jau. Un peu avant d’atteindre la tour (à signal) de Mascarda, un chemin part sur la droite après un virage serré.

Le chemin s’élève vers les hauteurs et le randonneur peut admirer de très jolies vues ouvertes sur le village de Mosset, avec comme toile de fond le Massif du Canigou. On atteint rapidement une exploitation d’élevage (bovins et porcins) non visible depuis la départementale.

Les verts pâturages qui l’environnent sont maintenu en l’état grâce à un entretien régulier opéré par les éleveurs (débroussaillage, élimination des ligneux).

Le chemin se poursuit vers les hauteurs. Les cortals en ruines se succèdent alors les uns après les autres au fur et à mesure de la progression. Bien souvent, les piliers en pierres, qui assurent le soutien de la toiture, sont encore debout. Mais des poutres tiennent de-ci de là en équilibre précaire et les murs perdent une à une leurs pierres.

Le cortal Descasate, érigé sur le versant est du ravin del Boutas, est un ouvrage remarquable de par sa taille. L’enfrichement progressif des pâturages qui l’environnent y est particulièrement visible. C’est mélancolique que l’on quitte ces lieux où la déprise agricole a laissé son empreinte.... Figure 49 En fin d’itinéraire, il est possible de longer le canal qui rejoint un peu plus bas le village de Mosset. Un agréable sentier le borde sur une bonne partie de sa longueur. Il est souvent emprunté par les habitants à l’occasion d’une promenade journalière. Par endroit, l’eau Randonnées, textes, cartes et planches de Nicolas des torrents qui dévalent les ravins approvisionne le canal comme Pettini par exemple au niveau du ravin de la Canals.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 39

H-Les représentations artistiques et littéraires

Les paysages pittoresques du XIXe siècle et les représentations artistiques actuelles traduisent un paysage villageois stable. De nombreux tableaux sont exposés en mairie, des cartes postales et sources anciennes du début du siècle sont commentées et appréciées par leur paysage d’aspect “propre”, paysage témoin d’une valeur agricole et arboricole d’une plaine irriguée.

Par nature, les élus ne sont pas nostalgiques, mais on voit là tout de même un attachement au passé proche de ces paysages dont on sent bien qu’ils ont radicalement évolué, dans le sens de la déprise et de l’abandon de leur sociologie rurale fondatrice. Figure 50 Molitg-les-Bains et son cadre de Le recueil “Conflent pittoresque” (cf. bibliographie) présente notamment les bains montagne de Molitg, et là c’est de nouveau la présence de la rivière qui domine dans la représentation artistique. Ruines, rochers, cascades deviennent des motifs de paysage importants.

Ces tableaux gravures et lithographies sont caractéristiques de ce genre artistique pittoresque qui repose sur trois phases :

-le dessin de la trame du paysage ;

-le dessin définitif ;

-le dessin spécifique, par un artiste spécialisé, des personnages en premier plan.

Le Guide du patrimoine insiste sur l’intérêt porté aux ruines par les peintres lithographes, comme pour l’abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa.

Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 40

Végétation de Les cortals ponctuent l’activité pastorale puisqu’ils étaient couleurs attirantes des abris d’estive sédentaire. Ils accompagnent de nous jours les parcours montagnards du promeneur d’aujourd’hui. Ils sont aussi un motif de paysage recherché dans le paysage de montagne, mais leur intérêt réside en même temps dans leur fonction pastorale spécialisée : une forme carrée remarquable.

Cependant là encore, le paysage est objet de discussion et d’évocations orales au-delà de son approche physique. Il faut en effet partir sur les sommets pour découvrir ce patrimoine agricole, donc s’éloigner des routes principales.

Ces deux clichés de cortals à Mosset montrent leur importance actuelle pour le visiteur qui les regarde dans leur paysage de montagne, soit par la présence d’une végétation colorée et de chaos de pierres (à gauche), soit par le port majestueux d’un grand arbre (à droite) ! Figures 51 Les cortals Il est intéressant également de constater parfois une ligne de cortals ré- partis de manière logique dans le territoire communal (ci-dessous)

clichés et croquis NP avril 2007.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 41 Le cas des paysages du Canigou

En 1905 les ascensions d’hiver sont à la mode et la revue Le Tour de France fait son premier reportage de sortie en ski au Canigou. Texte de Henry Spont (note : l’orthographe est fidèle au texte d’origine, à savoir notamment «vallée du Tet» et non pas vallée de la Têt).

«Sous la lune, au loin, le Canigou scintille.(..) Rapidement on gagne un plateau d’où la vue s’étend, très belle, sur la vallée du Tet, sinueuse, violette, encore envahie par l’ombre. Une ligne droite, Figure 52 d’un bleu opaque, marque la mer lointaine et proche, un rouleau de nuages noirs couvre Perpignan, les plaines roussillonnaises Les Bains de Molitg Source : page 34 qu’on devine.» (Jean Ribas, op. cit. cité page 167 et suiv. Revue no17 du 1er Juin 1905).

Note : le Club alpin français inaugure le chalet des Cortalets au congrès national du 31 août au 7 septembre 1899. La brèche dynamitée en 1896 fait l’objet d’un article de l’Indépendant du 24 août 1896.

Le Canigou dans les textes d’Adolphe Joanne apparaît en 1858 : en partant du Vernet à cheval jusqu’à une heure du sommet.

Le thermalisme

La Ville d’eau comprend trois éléments indispensables : Figure 53 L’importance des peupliers d’Italie, les thermes, le casino et le parc public. Voir le dictionnaire des toujours présents dans les paysages actuels du parc naturel Pyrénées, op. cit. Source : page 22

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 42 I- Le patrimoine bâti

Nous avons vu une approche par la géographie et l’occupation du sol, qui montrent des dynamiques récentes (une cinquantaine d’années) liées aux changements de pratiques agricoles notamment. C’est une observation sur une courte durée, où l’état actuel a été comparé à quelques périodes précédentes.

Nous avons étudié par ailleurs l’approche visuelle liée aux reliefs et aux “couloirs” de la vallée, il s’agit d’une approche actuelle, indépendante de son avenir. Certaines observations sont bien sûr réversibles : la prairie surpaturée, la stabulation, la maison isolée retiennent l’attention actuellement mais leur impact dépend, comme évoqué précédemment, de l’attention que nous y accordons, attention variable selon les “filtres” respectifs des observateurs (l’habitant, le visiteur, etc.)

Un troisième aspect concerne le patrimoine, qu’il soit bâti ou naturel. Il semble nécessaire, dans une préoccupation paysagère, de tenir compte autant que faire se peut du monument mais aussi de l’espace associé qui l’entoure : le moulin et son bief, le château et son village, le cortal et les estives, etc.

Les ponts anciens et leurs abords sont très importants dans les paysages. On cite notamment le très beau pont de Catllar et ses jardins en terrasses. Figure 54 Vue depuis le pont de Catllar Malgré le relief de montagne, la population des villages, plus nombreuse à la fin du XIX vers ses remarquables jardins en terrasses. siècle et presqu’exclusivement liée à l’agriculture, a mis en valeur toutes les terres exploitables, même sur les penchants abrupts, en construisant de nombreuses terrasses de cultures, en recherchant toute la surface utilisable. Bien entendu le réseau des canaux d’arrosage impressionne par la maîtrise de l’eau sur le plan technique et l’organisation sociale de son usage. Sur un plan visuel, les canaux traduisent souvent une ligne de niveau, accompagnée d’un chemin. Les prises d’eau, les vannes s’observent dans l’ensemble du paysage communal. En effet, l’eau qui coule à ciel ouvert, dans l’organisation urbaine actuelle où souvent les rivières ou ruisseaux sont busés sous les routes et aires de stationnement, anime le promeneur qui trouve son contact. Clichés NDF 2007

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 43 Les mégalithes

Le paysage permet de découvrir des terrasses de culture, des cortals, des canaux d’irrigation, mais aussi...des mégalithes.

Il s’agit de celui de Campôme, inscrit monument historique en 1990 (le Rocher de Fornols haut) et celui de Molitg-les-Bains notamment.

D’autre part, l’association d’archéologues tire parti d’un incendie au-dessus de la Têt et du lac de Vinça pour mettre à jour les traces de l’ancien paysage cultivé ou pastoral, au titre de ce que les archéologues nomment un «paysage-palimpseste».

(Association archéologique des Pyrénées orientales http://www.aapo-66.com)

Figure 55 à Catllar, le village comme un ensem- ble harmonieux, près du pont.

Clichés NDF 2007

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“Rocher de Fornols-Haut à Campôme Monument Historique à Mosset Roche ornée du Paléolithique Chapelle de Corbiac cour Historique : Ensemble de gravures de la fin du Paléolithique 13e siècle supérieur. Outre les traits dits “parasites” et quelques motifs géométriques, présence d’un bestiaire composé de bouquetins, Chapelle romane du 13e siècle à nef unique dotée d’une tribune de la fin du 16e siècle, et d’une abside semi- d’isards et d’oiseaux. circulaire ornée de fresques du 17e siècle. Surmontée d’un clocher-mur. A la fin du 16e siècle, l’ordre des gravure rupestre Trinitaires fonda un monastère. Plusieurs objets provenant de la chapelle du monastère de Corbiac sont maintenant conservés dans l’église de Mosset. propriété de la commune 1990/05/23 : inscrit MH propriété privée Rocher de Fornols-Haut (cad. B 20) : inscription par arrêté du 23 mai 2000/05/24 : inscrit MH 1990.” Deux Monuments Historiques à Catllar Eglise Base mérimée sur http://www.culture.gouv.fr:80/public/mistral/ 11e siècle ; 12e siècle ; 17e siècle merimee_fr Propriété de la commune 1973/01/30 : inscrit MH

Eglise Notre-Dame du Riquier (ancienne) Lieu-dit Moncamill

Propriété d’une personne privée 1983/03/21 : classé MH

Recherche sur Mérimée (Molitg néant)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 45 Parc naturel régional des Pyrénées catalanes

Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane

Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

Deuxième partie

Les enjeux

Charte de paysage et d’urbanisme - 2007 - 46 Les enjeux : introduction

Les enjeux ont été débattus lors des réunions, par série de deux chartes de paysage et d’urbanisme réunies.

Il est proposé de travailler en deux thématiques :

-la première concerne les espaces bâtis

-la seconde s’applique aux espaces non bâtis

Bien entendu, des enjeux sont communs à l’ensemble des espaces, qu’ils soient bâtis ou non.

=> Des tableaux présentés dans les pages suivantes permettent de définir les critères d’importance associés à chaque enjeu étudié.

Des éléments de réflexion qui y figurent sont ceux apparus notamment en réunion.

=> Des résumés des diagnostics, à l’échelle du Parc naturel régional des Pyrénées Catalanes, sont proposés par l’architecte-urbaniste de l’équipe

=> Des textes d’enjeux voire de propositions (amorce de la phase suivante) sont également développés.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 47 Les enjeux pour les espaces bâtis L e s e n j e u x

ordre de priorité (B) et critères d’importance ou valeur

- Fixer les habitants actuels ; l’accueil des nouveaux habitants...... -Important B1 Valeur socio-économique = le logement à l’année, y compris pour les saisonniers

- Suivre un schéma général de développement ...... -Important B1 (même s’il est admis que les PLU sont déjà moins = solliciter des études paysagères de développement, si possible permissifs que les anciens POS) Valeur paysagère et socio-économique, avec les communes voisines pour une entrée paysagère dans le PLU. Valeur Parc naturel

- La qualité des villages et des centres villes : ...... -Important B1 Valeur paysagère et touristique, architecturale, = La poursuite de l’opération des enfouissements de lignes aériennes valeur intercommunale et Parc naturel, = Les espaces publics et la possibilité de faire le tour du village = L’entrée du Parc naturel

- La reconversion de bâtiments existants...... -B2 Valeur patrimoniale, architecture , Parc

- Le respect des formes architecturales...... -B2 Valeur paysagère et touristique, et architect.

- L’économie et l’aménagement de zones d’activité, de sièges d’exploitation agricole, l’emploi et les services de proximité, etc...... -B2 Valeur socio-économique

- La définition des coupures d’urbanisation (un développement contrôlé de l’urbanisation)... -B2 Valeur paysagère et touristique

-

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 48 L e s e n j e u x Les enjeux pour les espaces non bâtis (tableau 1)

ordre de priorité (B) et valeur

- L’entrée dans le parc naturel régional ...... -B1 Valeur Parc et valeur paysagère - Les espaces publics et la possibilité de faire le tour du village...... -B1 Valeur Parc, Valeur paysagère et touristique, pédagogique = Les chemins, les accès et dessertes = Renforcer les liens des habitants au territoire => accès physiques, accès visuels, pédagogie = La reconnaissance des paysages importants localement et de leurs usages

- La préservation des espaces “ouverts” agricoles et cultivés les plus fertiles...... -B2 Valeur agricole-économique (Voir la chambre d’Agriculture)

- La définition des coupures d’urbanisation (un développement contrôlé de l’urbanisation)..... -B2 Sources : voir le PLU de Puigcerda sur l’Internet : notion d’urbanisation = Voir coupures vertes agricoles par secteurs (lisières végétales) terminée ; en loi Montagne même une route, une voie ferrée font coupures ;

- La maîtrise foncière, les couronnes agricoles et forestières...... -B1 Valeur agricole-économique,

- L’agriculture ; l’agro-tourisme (la multifonctionnalité de l’agriculture) et la biodiversité...... -B1 Valeur agricole-économique, paysagère et touristique = Voir l’exemple des Balades en estive de la Rosée des Pyrénées

- Les rivières (révéler des lieux que les habitants ne connaissent plus)...... -B1 Valeur socio-économique, paysagère et touristique = Que la collectivité soit gestionnaire (taillis), filière-bois énergie ; Voir Syndicats de rivières

- Les accès et dessertes...... -B1 Valeur socio-économique, et paysagère = Enjeu de plans de circulations dans les villages, et stationnement = traversées de bourgs, échanges entre voies, et stationnements -Les énergies renouvelables...... -B2 Valeur socio-économique, paysagère et touristique

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Les enjeux pour les espaces non bâtis (tableau 2)

-Les énergies renouvelables ...... -B2 Valeur socio-économique, paysagère et touristique Grandes éoliennes : ne pas s’enfermer dans un débat «pour ou contre» mais étude de petits projets avec des études paysagères à l’échelle collective ; Etude de petites éoliennes sans permis.

- La mise en valeur touristique des paysages...... -B2 Valeur paysagère et touristique, architecture, Rôle du Parc

-La maîtrise de la publicité ...... -B2 Valeur paysagère et touristique, architecture, Rôle du Parc = Ma mise en place d’une signalétique

-Les espaces forestiers...... -B1 Valeur socio-économique

-Les plantations (vergers, bords de route, places publiques)...... -B2 Valeur paysagère et touristique

-Les terrasses de cultures et le patrimoine local...... -B2 Valeur paysagère et touristique

-La lecture des paysages et la connaissance de l’environnement de montagne ...... -B3 Valeur Parc, touristique et paysagère et pédagogique (visites guidées, tables d’orientation, etc.)

-La maîtrise des clôtures agricoles et urbaines...... -B1 Valeur agricole-économique, paysagère et touristique

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 50 L e s e n j e u x Les chartes de paysage et d’urbanisme, au nombre de six, sont élaborées pour la mise en application de la charte générale, conformément aux prescriptions de celle-ci.

Elles comprennent une large première partie consacrée au diagnostic paysager Le relief général, complété par une série de comptes rendus des rencontres avec les élus communaux, généralement les maires de chacune des communes du Parc, interrogés in-situ et au regard Sur le territoire du Parc, on trouve quatre grandes catégories de paysages urbains, de leur principales préoccupations. découlant en grande partie de caractéristiques locales du relief :

Ces réunions ont permis de faire émerger des constantes dans la problématique de la 1) Les vallées ouvertes : basses Vallées de la Têt, Rotja, Castellane, Cady, Carol gestion communale, au niveau de l’exercice quotidien des décisions d’urbanisme, comme à 2) Le sillon du Conflent et ses vallées hautes connexes celui de la planification, ainsi que, parfois, des interrogations concernant les rapports entre 3) Les plateaux de Cerdagne et du Capcir communes voisines et la cohérence (convergence…) de leurs intérêts. 4) La haute montagne des stations de ski.

Le présent volet traite la partie urbanisée du paysage, et à ce titre aborde les * Les territoires ouverts des parties haute et basse du Parc, séparées par la longue problématiques indiquées sur trois échelles différentes et complémentaires : et encaissée vallée de la Têt, proposent des urbanisations ouvertes, des bourgs en extension et des possibilités variées pour l’accueil de constructions nouvelles. 1) Le domaine bâti et ses composantes à l’échelle du Parc Chacun à leur manière, les terrains de la zone basse semblent assez convoités par 2) La planification et la gestion communales une population nouvelle à la recherche d’alternative résidentielle, ceux de la zone 3) L’immeuble dans son paysage : notre voisin haute semblant plutôt intéresser les investisseurs, français ou espagnols, pour un habitat plus saisonnier, non directement lié à l’emploi local. Chacune de ces approches fait l’objet d’un diagnostic synthétique (à rapprocher du Mais la spécificité de chaque commune reste la règle, comme par exemple à Vernet corps principal du diagnostic de la charte), de la définition des enjeux que l’on propose les Bains, ou Villefranche, dont la vocation touristique ou l’histoire ont produit de retenir, objectifs à poursuivre, puis de l’énoncé des recommandations utiles pour y des formes urbaines particulières. parvenir. * Le sillon du Conflent, de Villefranche à Mont-Louis, ainsi que les parties hautes LE DOMAINE BATI ET SES COMPOSANTES A L’ECHELLE des vallées connexes (depuis Mosset pour la Castellane, pour la Rotja, les DU PARC Garrotxes) abritent au contraire des villages entièrement ordonnés par le relief, des compositions urbaines souvent fermées, plus structurées dans leur fonctionnement, leur mode de développement ou de renouvellement. Ce type de village se prête Rappel du DIAGNOSTIC mal à l’extension selon les critères actuels de confort, de lumière et d’espace de l’habitat. La variété des paysages urbains : * L’avènement, assez récent, des stations de ski et de leur habitat associé a produit De nombreux facteurs contribuent à la diversité des paysages urbains rencontrés dans le une forme d’urbanisation spécifique, lié d’une certaine façon au relief, en ce qu’il parc, tant du point de vue de l’organisation urbaine que de la typologie des constructions. occupe exclusivement les zones supérieures des villages initiaux, mais aussi reflétant une économie et un genre de vie entièrement tournés vers l’exploitation Les diversités des sites et des historiques des 64 communes confèrent à chacune d’elles une touristique et la résidence saisonnière. spécificité qui doit être évaluée, et autant que possible prise en compte dans les documents d’urbanisme.

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=> Les climats : ils sont très variés, échelonnés entre Méditerranée et haute - Maçonnerie enduite, de pierre, de briques ou de parpaings. Les enduits sont montagne. Une constante remarquable cependant, l’ensoleillement, dû au système généralement assez clairs, et semblent vouloir reproduire les aspects traditionnels orographique général. fournis par les sables locaux. La traduction urbaine des conditions climatiques se trouve néanmoins pour l’essentiel dans les lieux extrêmes : lutte contre la chaleur et la sécheresse dans la On note cependant en beaucoup de lieux l’absence d’enduit de finition sur des basse vallée de la Têt, lutte contre le froid et le vent en haute Cerdagne ou Capcir. maçonneries qui devraient être protégées (extensions, surélévations en parpaings, aux appareillages d’ailleurs souvent approximatifs, et qui mériteraient bien d’être Mais bien des contre exemples peuvent être invoqués ici, d’autres facteurs cachés…) ayant souvent pris le pas dans la conception des villes, et pour le bâti ancien, et au fil de toutes les évolutions récentes qui cadrent la production neuve. => L’habitat rural lié à l’agriculture : il est en voie de disparition, comme Ainsi du développement très important de l’habitat lié à l’industrie de la neige, les pratiques qui l’ont engendré. Les mutations récentes du monde agricole ont comportant un grand nombre de maisons isolées, de chalets semés dans la montagne, rendu obsolètes la plupart des formes d’exploitations rurales semi autarciques qui qui font de très bonnes résidences secondaires, mais auraient constitué un bien piètre prévalaient sur l’ensemble du territoire du parc, pratiquement jusqu’à la 2ème guerre habitat permanent au temps de la ruralité. mondiale.

=> Les matériaux contribuent évidemment fortement à la composition La mécanisation à condamné les terrasses, forcer à la spécialisation des activités, des paysages urbains. induit le regroupement foncier ou la déprise des terres difficiles. Corrélativement, on Le plus prégnant dans ce domaine est sans doute l’utilisation de la lauze de couverture, peut regretter l’abandon de très nombreux espaces de la vie rurale, lieux et annexes ou de ses produits de substitution, car le relief accidenté procure presque partout de pour tout usage, il y a un grand nombre de ces outils disparus, avec le lien social très nombreuses vues sur les toits, et confère à ceux-ci une importance paysagère qui accompagnait les travaux et les heures de la saison. L’exode rural de la seconde évidente. moitié du siècle dernier a fait le reste, abandonnant peu à peu dans la campagne les granges et grangettes, les orrys, les travails, les lavoirs, les séchoirs etc.. et dans les La lauze, production locale, de remarquables qualités techniques et esthétiques, villages de nombreuses maisons vacantes, ou semi vacantes pour celles ne gardant a longtemps été seule utilisée, avant d’être remplacée par la tuile, plus légère et moins que la partie habitation, abandonnant le rez de chaussée utilitaire. chère, mais dans quelques lieux remarquables elle reste (encore) dominante et attire l’attention. => L’habitat lié à l’industrie ou à la mine : il s’est développé tout au long La problématique de sa réhabilitation est telle que, malheureusement, la charte des XIXe et XXe siècle, période de grande activité minière. Cependant, généralement ne pourra que proposer sa mise en œuvre chaque fois que possible. l’habitat ouvrier produit est resté lié au monde rural qui l’entourait. La substitution lente de la terre cuite à la lauze génère ici et là des variation sensibles du paysage urbain, tel par exemple que la différence radicale entre les deux communes Tout d’abord parce que les ouvriers étaient pour la plupart natifs du pays, mais « voisines » de Py et Mantet, vues du col de Mantet, l’une brique, l’autre pierre. également parce que les salaires de l’époque ne permettaient pas aux familles de vivre sans l’appoint d’un jardin, d’un verger, la conduite de quelques bêtes. En façades, sur l’ensemble du territoire du Parc, trois possibilités principales : Les ouvriers étaient aussi là pour les tâches agrestes qui appelaient des bras, récoltes, fenaisons, dépiquaisons… - Appareillage de pierre sèche, destiné à rester apparent, le plus souvent pour les Ainsi peut on dire que l’habitat de cette fraction nouvelle de la population ne bâtiments utilitaires ruraux. différait pas beaucoup de l’habitat rural traditionnel, sinon qu’il était parfois plus urbanisé, plus dense et rapproché des centres de production, mais jamais détaché de - Appareillage de pierre rejointoyé, soit qu’il ait été conçu tel, soit résultant d’une son environnement, contrairement aux nouvelles formes que prendra l’urbanisation, intervention récente de piquage de l’enduit initial. Se trouve un peu partout au fil après qu’eut périclité l’activité minière, quand le temps vint du développement des rénovations, souvent sur des opérations urbaines intéressant des bâtiments aux résidentiel. appareillages ordonnés. - Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 52 L e s e n j e u x

=> Les nouvelles formes d’habitat : le récent renversement de la tendance démographique (1980,1990), qui ramène dans les villages, ou à leurs abords, ceux qui quittent la ville, ne constitue en aucun cas un retour à la situation initiale. Il paraît cependant indispensable de proposer les bonnes références pour Les néo ruraux, pas plus que les vacanciers ou les touristes, ne contribuent à restaurer la sauvegarde et la mise en valeur des existants, quand ils constituent un enjeu les rapports à la terre, à l’environnement et à l’habitat qui prévalaient au temps de patrimonial intéressant. l’économie rurale autarcique. Cette remarque ne vaut ici que dans ce qui traduit les nouveaux rapports des On rencontre sur le terrain de très nombreuses positions dans ce sens, et il habitants à leur environnement et à leur habitat : un affranchissement du contexte qui faut noter que cet état d’esprit est en train de se répandre largement, qui doit aider conduit à la déstructuration des paysages, à leur banalisation pour l’environnement à préserver au territoire ce qui fonde son attractivité architecturale et urbaine. immédiat, et au mitage visuel pour le paysage plus large. Les interventions répétées des services de l’Etat, du CAUE, des architectes De même les formes architecturales qui traitent du quotidien et du confort des et autres intervenants, émissions, revues… réaniment ce gout pour le respect et nouveaux habitants, avec des moyens techniques modernes, n’ont rien de commun la valorisation du patrimoine. avec celles qu’avaient forgées de nombreuses générations de ruraux travaillant et vivant de la terre. L’enjeu devient donc aujourd’hui de fixer les bonnes pratiques de cette approche conservatrice, et les outils ne se trouvent pas vraiment dans les Les volumes se sont ouverts, schématisés, dépouillés de leurs annexes documents d’urbanisme. fonctionnelles, l’apparence extérieure et la vue de l’intérieur deviennent valeur d’usage, et le terrain devient le simple support de la maison, à laquelle il procure une Il s’agira d’une part de fixer les objectifs visés, les types d’ouvrage qui situation cadastrale, l’accès, une clôture limite d’appropriation de l’espace, et le cadre doivent être conservés et ceux qui peuvent ne pas l’être, la bonne façon de les de reconstitution d’un environnement urbain plus ou moins transposé. réutiliser et de les préserver, les précautions pour ne pas les dénaturer.

Certes ce constat rejoint celui qu’on peut faire un peu partout en France, mais le D’autre part on peut montrer comment le plus souvent la préservation caractère initial très rural du territoire accentue la perception de ce décalage, ainsi que d’un ouvrage et sa remise en valeur, peuvent faire objectivement partie d’un la destination essentiellement touristique de nombreuses constructions nouvelles. programme de réhabilitation où il trouvera toute son utilité.

LES ENJEUX Enfin il faudra trouver les moyens d’un arbitrage éclairé, statuant sur chaque projet pour évaluer l’importance relative des enjeux, la part qu’on peut Au sujet des constructions neuves, seuls les documents d’urbanisme peuvent faire aux contingences actuelles et celle qu’on doit conserver au patrimoine constituer un cadre en mesure d’en orienter la bonne réalisation, sous les conditions commun. (sur le sujet les recommandations devront distinguer le cas des projets qui seront reprises ci-après, au sujet des conditions d’élaboration des PLU. se trouvant en périmètre protégé, donc sous le contrôle de l’ABF).

La réhabilitation, la rénovation des constructions anciennes suit naturellement le Il s’agit là d’une pratique plus pédagogique que réglementaire, tentant mouvement général de détachement de la ruralité. C’est socialement et techniquement d’intervenir au plus tôt sur les projets, plutôt que de s’en référer au pouvoir de inévitable, puisque les besoins et les moyens des opérateurs ont énormément police du maire. évolués.

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L’entrée dite « paysage » de la procédure devra comprendre entre autre On peut se trouver alors conduit, par exemple pour une commune comportant une phase de réflexion particulière sur ces sujets, éclairée par les intervenants une station touristique, à répondre de façon massive à la demande foncière et à la compétents qui pourront cibler et caractériser ces enjeux au regard des spécificités construction de nouvelles maisons, de nouveaux immeubles ou résidences, hôtels, de la commune. chalets… dans le but louable de générer du développement, en sacrifiant s’il le faut quelques principes importants - économie de l’espace, optimisation des Les axes particuliers : les impacts sur le paysage déplacements, mixité, adéquation à la demande locale, etc.

Les situations communales se trouvent parfois considérablement dépendantes Certes, l’abandon de ces principes pourra ne pas induire de gêne immédiate de leur particularité, géographique, historique, ou simplement affrontées à une mesurable, surtout si le pari économique engagé tient ses promesses, produit de évolution conjoncturelle marquée, susceptible d’influencer lourdement leurs devenirs l’activité, des revenus et autorise de nouveaux équipements. et leurs paysages. Une commune engagée dans cette voie peut alors poursuivre son schéma, doit même le poursuivre, selon la logique de croissance qui est la sienne, les revenus nouveaux Les exemples les plus nets, à ce sujet, sont : escomptés permettant de faire face aux charges nouvelles apparues. -Les communes comportant une station de ski : la difficile recherche d’un équilibre économique, une obligation de croissance… Il y a néanmoins deux gros problèmes : -Mont-Louis et Villefranche : une spécificité incontournable -La croissance ne pourra être infinie (mais on n’a pas de preuves…) -Sainte Léocadie, Palau, Nahuja, Osséja, Estavar, etc. : une pression foncière - Le développement urbain n’est pas réversible (ou très, très difficilement…) ingérable - Mantet, Llo, Evol, , etc. : des richesses patrimoniales qui condamnent à l’immobilisme La logique économique ne doit pas exclure la logique paysagère (même si le développement, devenu économiquement impératif, ne prend plus en compte que ses Dans différents cas, on constate une sorte de polarisation des regards portés propres besoins fonciers). sur la situation communale et son développement. L’aspect, très impactant bien que conjoncturel, de telle ou telle problématique, peut finir par masquer certains enjeux Les constats si l’exclusion est menée : du développement à long terme, ou même à très long terme. L’attractivité de la commune et son image générale en souffrent. Les équilibres La difficulté principale qui sous tend toute démarche de planification (et évoqués ci-dessus (notamment concernant le type d’habitat produit, son usage et son d’élaboration du PADD), c’est précisément la durabilité des réalisations qu’il accessibilité) sont malmenés. Il n’y a aucune optimisation possible des VRD. Les propose, et la non réversibilité des décisions. charges d’entretien des voies, et les coûts énergétiques des déplacements deviennent vite relativement importants. On peut être conduit à rechercher des effets immédiats, ou au moins pense-t- on visibles à court terme, et proposés comme solutions économiques indispensables Ce type de développement, qui se fonde essentiellement sur une demande à une situation communale présentant des difficultés. saisonnière de résidences secondaires, l’emploi ultra flexible, la persistance du pétrole et de la neige, peut réussir plus ou moins longtemps, et apporter de bonnes réponses aux difficultés conjoncturelles du pays.

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Il reste cependant important d’en mesurer les termes, de contenir l’impact Quant aux communes dont le patrimoine urbain revêt un caractère particulier, paysager principalement urbain de cette politique, en gardant à l’esprit que ce dernier attractif et homogène (Evol, Llo, Mantet…) leur ambition légitime est bien entendu n’est pas réversible, et pourrait se trouver complètement inadapté au futur. la préservation et la valorisation de leur potentiel touristique.

Ceci, essentiellement vrai pour les communes comportant un domaine skiable, Mais il y a une grosse difficulté à valoriser en préservant, puisque dans vaut aussi pour les communes de plaine d’altitude à fort développement résidentiel, presque tous les cas il s’agira de construction nouvelle, sauf à organiser les moyens bien qu’il s’agisse alors d’une situation plutôt subie, et de plus en plus combattue. du développement économique ou de l’exploitation touristique du site dans le bâti existant, et c’est alors la question de l’évolution démographique de la commune qui Ainsi des communes ont-elles à faire face aux mêmes problèmes techniques est posée. et socio-économiques de développement urbain, mais la cause principale en est la demande foncière, par nature diffuse et externe, et ne résultant pas globalement Concevoir et réaliser une ou plusieurs constructions nouvelles doit être d’une politique communale concertée. envisageable pour de telles communes, aussi bien pour de nouveaux bâtiments d’exploitation agricole que pour du logement ou une structure d’accueil et de gestion La plupart des communes ont engagé la révision de leur PLU dans le sens touristique. d’une réduction des espaces constructibles, trop largement établis par les anciens documents. Mais les POS ayant servis cette forte croissance du bâti depuis les années Il est alors bien entendu essentiel de recourir à une méthodologie de conception 90 n’avaient pas envisagés cette dernière comme un écueil potentiel, et la marche qui s’entourera dés le départ de toutes les compétences et avis, concernant aussi bien arrière dans ce domaine est toujours l’occasion de nombreux dilemmes. l’opportunité du projet que son site, son importance ou sa forme

La loi SRU, venue en 2000 entre autre pour une gestion plus attentive des Exemples : conditions du regain démographique des communes rurales, incite ces dernières au resserrement et à la densification. -Construction d’une nouvelle unité d’élevage à Mantet : oui, mais à coté de celles Pour autant, la nature même de la demande résidentielle et de l’habitat qui existent déjà, même si les individualités s’affrontent. produit par le marché local ne correspond pas aux objectifs du développement durable affichés par la loi. Ainsi la suppression des COS qui avait pour intention de -Aménagement de la zone des bains à Dorres : définir des besoins et des principes favoriser la densification des zones UB existantes, s’est-elle souvent traduite par une avant d’en rechercher les financements, puis faire établir un ou plusieurs projets exploitation « ad limitum » des possibilités réglementaires des parcelles, bourrant concurrents, soumis aux avis compétents du CAUE, du PARC, de l’ABF par celles-ci même lorsqu’elles se trouvaient, encore, « en plein campagne ». Résultats : exemple. des immeubles à la campagne, dans l’exploitation conjointe de POS généreux et Mieux vaut en effet ne rien faire que faire « avec les sous qu’on a… » d’une période de mutation agricole (récession ?...) -A Llo, la mise en exergue et l’exploitation des bains devrait pouvoir passer par Pour ces communes néanmoins la question strictement urbaine se résume à un projet à l’architecture en total décalage avec celle du village, s’intégrant par opérer la révision de leur PLU dans les meilleurs délais. opposition ou tansparence.

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Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane

Les bureaux d’études : Nathalie Dumont-Fillon Architecte-Paysagiste Dplg à Burret (09) Xavier Daures Architecte Dplg et Urbaniste à Pamiers (09)

Troisième partie

Les orientations

Charte de paysage et d’urbanisme - 2007 - 56 Les orientations

Les orientations de la charte de paysage et d’urbanisme sont une étape importante de ce document-cadre, qui devient ainsi un contrat, support de propositions et non pas seulement d’inventaire comme peut le faire un atlas des paysages ou une étude Une série de tableaux présente les principaux thèmes d’action sur lesquels paysagère. une réflexion paysagère peut se mettre en place.

Bien entendu la charte est élaborée dans le cadre du Parc naturel, et donc rend - La première colonne donne les enjeux de base, qui sont généraux et pourraient réelle l’échelle intercommunale nécessaire au paysage mais aussi à l’urbanisme. Le s’appliquer à toute commune dans un cas comparable. diagnostic a notamment montré que la plupart des villages et hameaux sont visibles - La deuxième colonne indique des actions concrètes en terme de paysage, les uns des autres : l’échelle est celle des points de vue lointains ; cela n’interdit d’architecture ou d’écologie, y compris à plus long terme. pas, néanmoins, des actions plus localisées, par exemple au niveau du patrimoine - La troisième colonne mentionne soit des remarques complémentaires, soit des architectural. lieux qui méritent d’être considérés en priorité, par un rappel de l’analyse.

Trois types d’actions se dégagent dans cette charte : La charte de paysage et d’urbanisme peut également travailler sur des thèmes utiles à l’élaboration des projets communaux, tels que les implantations des futures -les actions concrètes, à court ou moyen terme constructions sur les parcelles en fonction des rues et dessertes, sur l’orientation du -la planification, qui passe par l’élaboration des documents d’urbanisme. Le lien entre bâti, la création de voiries, sur les usages des chemins et des espaces publics, sur paysage et urbanisme est développé en effet dans la partie précédente (les enjeux) et l’histoire des lieux, sur la possibilité de réinvestir des bâtiments existants, etc. dans celle)ci. -la pédagogie, action très dynamique dans un parc naturel régional, mais qui nécessite Dans tous les cas il convient d’orienter l’évolution des paysages à l’échelle une prise en compte du long terme. pluricommunale, c’est-à-dire soit à l’échelle de toutes les communes d’une des six chartes, soit par ensemble de communes sur la base d’une autre association. On La charte est une action publique à caractère incitatif (appuis techniques, voire citera par exemple le projet de la communauté de communes de Capcir, de réaliser financiers) et non pas à vocation dissuasive ou contraignante. Il s’agit donc d’encourager une zone artisanale intercommunale : c’est un excellent moyen en effet de projeter des comportements d’acteurs, soit en les initiant, soit en soutenant des démarches déjà l’avenir souhaitable à l’échelle du paysage. engagées. Il est nécessaire de préciser ici que la charte ne peut donc pas résoudre tous les aspects de la vie communale, mais se recentre sur des axes de paysagement et Il est vrai que certains aspects échappent à la charte, comme par exemple le d’urbanisme forts, si possible en les associant. Ainsi par exemple : souci de la maîtrise foncière par les communes elles-mêmes. Il convient donc de considérer la charte comme un simple outil qui permet au minimum : de porter un -le lien entre l’activité agricole, qui doit être encouragée et soutenue, et le développement diagnostic précis (qui pourra être remis à jour progressivement), de proposer aux maîtrisé des projets communaux ; habitants une meilleure connaissance de leur commune et d’engager le débat sur les ouvertures possibles, et bien entendu de permettre une articulation de plusieurs -l’appropriation des lieux par les habitants, grâce à des actions concrètes (par échelles de connaissance, entre la dimension du parc naturel régional dans son exemple l’ouverture d’un chemin en bord de rivière) ou des supports scientifiques et ensemble (64 communes), celle des communes ou des habitants (en particulier, pédagogiques (par exemple le travail sur la production de photographies). une articulation entre la charte de paysage et d’urbanisme et les documents d’urbanisme). Il semble essentiel de conserver une orientation large, dans laquelle chaque commune puisse choisir ce qui lui convient le mieux, c’est pourquoi des tableaux sont présentés plus loin. En effet, il a été décidé de ne pas choisir une action par lieu précis, mais au contraire de travailler sur les enjeux et principes pour ensuite rechercher les communes intéressées par le projet. Cela offre plus de souplesse pour ajouter ou retrancher des lieux par la suite du temps. - Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 57 Les orientations

enjeux principes actions lieux • La mobilité des habitants • Offrir aux habitants permanents et aux • Documents d’urbanisme, mixité de loge- • Communes qui élabore une nouveaux habitants une qualité du cadre de ments, zones artisanales de qualité, voir aussi carte communale ou un PLU vie ci-après «Le Tour du village», etc.

• La reconnaissance des paysages • Aménager l’espace public • Favoriser la multifonctionnalité des • Communes touristiques, sites importants sur le plan local et des • Reconquérir les cours d’eau chemins : pour se promener mais aussi pour pittoresques et classés, mais usages • Identifier des cônes de vue relancer des usages (pêche, relance des aussi paysages ordinaires • Révéler des lieux que les habitants ne cressonnières, pédagogie, patrimoine à voir connaissent plus. type ponts ou moulins) et organiser les station- nements, arrêts de bus, etc.

• Maintenir les coupures d’urbanisation et • Concilier différentes fonctions : produc- • Actions en liens avec les agriculteurs, • Territoires agricoles et l’activité agricole non morcelée. tion, écologie, hydraulique, récréatif, etc. contrats de rivières, paysagistes, forestiers, forestiers, etc. rivières, bocage,

• La production d’un paysage touristique • Rétablir des relations physiques, par ex. • Mise en place d’une charte de la signalétique •Les communes traversées par attractif entre les gares et les centres villages • Création d’abri-bus et de mobiliers urbains un axe important • La mise en valeur des villages • Poursuite d’enfouissement de réseaux

• L’orientation de l’évolution des paysages • Travailler à l’échelle du paysage inter- • Création d’un itinéraire du Tour du village • Toutes communes en centre communal Mise en place de documents d’urbanisme, bourg ou pour les hameau • Etablir une planification intercommunale réflexion sur des axes tels que la densité, le • Rétablir des relations visuelles point mort du nombre de logements, etc.

• La reconnaissance de structures paysagè- • Valeurs historiques, archéologiques, éco- • Entretien des bords de rivières, des lisières, • L’exemple des paysages de res et la transmission des patrimoines logiques et paysagères à maintenir voire à replantations de bocoges, vergers, plantes mel- bocage, de vallée et ripisylve, enrichir (notion de patrimoine, y compris lifères pour les abeilles, acquisitions foncières etc. les usages et savoir-faire) • Actions à caractère artistique, photographie, etc.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 58 Les orientations LA PLANIFICATION ET LA GESTION COMMUNALES On ne saurait plus vraiment organiser de nouvelles extensions qui préserveraient, La composition urbaine : aux limites du village, la mitoyenneté, la densité, la continuité du bâti, et la continuité de formes architecturale, de matériaux et de couleurs qui confèrent au Pour ce qui concerne les principales caractéristiques des schémas urbains, village initial toute son attractivité. comme on l’a vu ci-avant, on peut distinguer plusieurs typologies, de création et de développement communal, dont le partage sur le territoire ne recouvre pas exactement Il faut également souligner que, particulièrement dans les zones à fort relief, le découpage des chartes : comme on l’a évoqué ci-avant, l’implantation urbaine d’un village répond à des contingences fortes – topographie, exposition, économie de l’espace et gestion -les territoires ouverts de la basse vallée de la Têt, des accès – ayant généré, souvent autour de l’église et ou d’une place centrale, -les territoires ouverts des Cerdagnes et du Capcir un ensemble occupant son site de manière ordonnée, cohérente et pleine. -les territoires à faible potentiel urbain : Conflent, Garrotxes, hautes vallées de Castellane, L’enchainement des générations, la satisfaction des besoins nouveaux apparus Rotja et Cady au long de l’histoire initiale du village, ont fait que souvent, le site se trouvant -Les stations de ski limité, est quasi totalement occupé, même si certaines constructions du tissu ancien deviennent vétustes et ruines. De même, à l’intérieur de certaines de ces entités, faut-il distinguer les communes selon leur typologie, leur mode propre de développement et leur patrimoine. Ce schéma est notamment celui de quelques unes des plus belles communes du Parc, toujours remarquées par le visiteur : Ria Sirach, Mosset, Nohèdes, Urbanya, Les sujets essentiels à traiter dans ce cadre sont : Jujol, Mantet, Py, , Evol, Prats Balaguer, Ayguatébia, , Llo, Dorres, Oreilla, Les Angles, …sans parler de Villefranche ou Mont-Louis, cas => La continuité ou la discontinuité du tissu urbain, qu’il faudra envisager au regard particuliers. des différentes études réalisées sur le sujet, notamment celles conduites par le CAUE sur chacune des communes concernées par le grand site du Canigou, et qu’on pourrait On voit bien dans ces cas la difficulté que l’on a de trouver le mode d’extension généraliser. correct, qui proposera de nouvelles possibilités constructives sans nuire à l’intérêt paysager du village. => Les équilibres et des objectifs que les communes souhaitent assigner à leur PADD. => Deux voies sont possibles : => Les axes particuliers que peuvent représenter certaines spécificités : commerciale,

touristique, ou reliées à la santé par exemple, et les impacts sur le paysage. A) La construction dans la continuité du bâti, si la topographie s’y prête, si la commune a la maîtrise foncière des terrains, s’il y a un porteur pour le projet, Continuité / discontinuité du domaine bâti : et si celui-ci reste à l’échelle du village. Dans ce cas la commune, assistée des compétences voulues, doit pouvoir s’assurer de la qualité architecturale du projet, Cet aspect du développement communal pose dans de nombreux cas des problèmes y compris lors de l’examen du permis de construire global qu’il suppose. d’évaluation au concepteur du plan de développement durable (PADD). En effet, entrent en jeu des considérations antagonistes, dont la source principale se B) La création d’un hameau nouveau, suffisamment distinct du bourg, mais trouve dans l’évolution radicale des besoins, des moyens et des normes actuelles (normes raisonnablement accessible et viabilisable. Dans ce cas ce sera la vue large dont réglementaires, mais aussi sociologiques et culturelles), qui pratiquement interdisent la il faudra tenir compte au plan paysager, dés la conception du PLU, mais la liberté reproduction des typologies urbaines initiales. architecturale du projet peut alors être meilleure. Les modèles et pratiques qui ont régit la création et le développement des villages, depuis l’antiquité jusqu’au milieu du XXème siècle, sont très difficilement reproductibles aujourd’hui. - Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 59 Les orientations

Les liens entre le paysage, l’architecture et l’urbanisme La première étape de l’aménagement urbain concerne l’étude de toutes les possibilités de localisation intéressantes selon divers critères (la déclivité de terrain, l’association au tissu existant, les coupures vertes, etc.) ou au contraire l’affirmation Aucune règle générale ne peut ici être formulée pour un choix entre claire d’un projet qui s’impose. ces deux possibilités (continuité du bâti ou hameau nouveau), tant est grande la diversité des problématiques communales. La deuxième étape est la rédaction du règlement de PLU, pour minimiser les impacts de la construction : une limitation des hauteurs, un contrôle des densités, mais Ainsi, dans une démarche attentive à cette question, les communes aussi des recommandations architecturales…. ces dernière devront toujours rester devront pouvoir s’appuyer sur les études réalisées (par le CAUE notamment), simples et générales, ne viser qu’à garantir une certaine homogénéité d’aspect… et en tous cas dans sa concertation, pour définir les principales caractéristiques paysagères qu’elles donneront à leur PADD. Et si possible avant toute autre La limitation de la hauteur constructible peut être une bonne réponse, mais elle recherche sur le plan foncier. ne donne ni une solution générale, ni une garantie de résultat. En effet, dans certains cas, la concentration vaut mieux que le bâti diffus, et il suffit quelquefois d’une seule Cette préoccupation rejoindra celle consistant, ayant retenu un bureau construction pour prendre une importance très visible dans les paysages. d’études aux compétences paysagères, à lui demander d’établir par priorité une réponse sur le sujet. • Les équilibres :

Dans les principes généraux qui régissent le cadre bâti d’une commune, et son Par ailleurs, s’agissant des communes qui ne connaissent pas ce niveau évolution, quelques équilibres contribuent à déterminer le paysage urbain communal, d’adéquation au site, bénéficiant au contraire d’assez larges espaces potentiels soit directement, soit par un effet secondaire. Parmi ces paramètres, dont on sait bien par – Haute et Basse Cerdagne, Capcir, basse vallée de la Têt – la question de la ailleurs que les valeurs recherchées répondent le plus souvent à des préoccupations « non continuité du tissu urbain ne se pose pas de la même façon. paysagères », quelques-uns peuvent retenir l’attention dans la démarche du PADD :

En revanche, ces communes situées en plaine d’altitude sont très -Le rapport habitat collectif/habitat individuel convoitées, et à la vue de tous dans un paysage ouvert cerné de reliefs : Saint- -Le rapport habitat permanent/résidences secondaires Léocadie, Estavar, Palau, Osséja, Nahuja, Saillagouse, Bolquère, La Cabanasse, -Le bourg centre : restructuration urbaine ou réhabilitation des vacants ? Puyvalador, Real, Matemale, mais aussi Catllar, , Corneilla en sont les -L’arbitrage entre pression urbaine et résistance agricole (lié à la vocation principaux exemples. communale) -Le taux de développement communal, et le choix des cibles privilégiées : Pour ces communes, bien que l’on constate souvent une volonté de ne habitat, emploi, commerce, tourisme? pas étendre les zones constructibles existantes, et une démarche de resserrement -La valorisation de l’espace paysager collectif (densité) ou protection des autour du bourg centre pour les nouveaux documents d’urbanisme, il y a lieu situations individuelles (mitage) ? de porter la plus grande attention à l’impact très important qu’une construction -Quel engagement communal dans une démarche pour la maîtrise nouvelle peut avoir dans le paysage large général. foncière ?

On voit bien les impacts sur l’évolution du paysage bâti communal que pourront avoir, à plus ou moins long terme, les orientations prises lors de l’élaboration d’un document d’urbanisme comme le PLU.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 60 Les orientations

Les perspectives de développement sont très inégales, mais le paysage Quatre pistes de réflexions pour les orientations en terme d’urbanisme reste le bien commun. Les chartes devraient opérer une certaine péréquation paysagère : 1 - Evolution du parc bâti : Vieillissement et obsolescence du parc existant, lequel accueille l’essentiel du - équilibre raisonné des extensions du bâti, en partant des besoins (individuel/ développement local. Par contre, le parc à venir est déjà orienté par le coût du collectif/accession/locatif/groupé/rénové/saisonnier/résidence secondaire, etc.) foncier vers de l’habitat résidentiel, pour une population nouvelle nantie et - au niveau du canton (ou plus facilement de la Communauté de communes) travaillant hors du pays, ou même des RS. Ceci concerne bien sur les communes - et les répartissant harmonieusement dans les différentes communes, selon comportant quelques espaces ouverts. (par exemple Cattlar, Fuilla, Corneilla) des considérations urbaines et paysagères, et non seulement opportunistes. 2 - Evolution de la demande : pression foncière, RS, 2, 3, 4 faces ? Objectif : ne pas augmenter des déséquilibres intercommunaux dangereux, Ici encore plus qu’ailleurs, la création et l’entretien des routes, le stationnement ne pas doublonner, homogénéiser les efforts réglementaires, harmoniser le des véhicules, l’alimentation en eau et l’assainissement, la mise à niveau des développement local en améliorant le niveau identitaire du Parc. équipements auront du mal à suivre une demande nouvelle qui s’enflerait notablement, si la poussée de l’exode urbain devait perdurer, en provenance de Prades, Perpignan ou même Barcelone. Il y a lieu de se poser la question de la Pour cela un outil : Le document d’urbanisme à pertinence de l’ouverture massive à la construction de terrains qui se trouveront composante intercommunale nécessairement livrés à la spéculation immobilière, excluant les accédants locaux, et produisant de l’habitat non structurant. L’activité économique temporaire qui OBJECTIF 1 : en résulte, essentiellement au niveau du secteur construction, ne fera le plus La préservation et la valorisation durables des patrimoines paysagers du Parc sont souvent que masquer une dérive palliative mais finalement coûteuse. d’intérêt collectif, et prévalent sur les intérêts de chaque commune. 3 - La révision des documents d’urbanisme : un système qui, d’une OBJECTIF 2 : manière générale, favorise les démarches d’opportunité, l’opérabilité rapide dans En l’absence de SCOT opposable, tous les nouveaux PLU seront élaborés grâce l’abstraction du long terme. La faible disponibilité de terrains constructibles à une approche intercommunale, soit dans la compétence de la Communauté de conduit les communes à renverser la méthodologie des études de révision, communes lorsque cela est envisageable, soit dans la recherche d’une concertation en partant des opportunités foncières pressenties, et en cherchant à acter leur spécifique définie dans ce but, par un groupe de communes voisines se reconnaissant constructibilité à travers un nouveau zonage, au dépend de toutes les considérations une réciprocité de paysage et une communauté d’intérêt sur ce plan. urbaines, viaires et surtout paysagères. Ce principe a l’avantage de l’efficacité immédiate, permettant une mise en œuvre rapide du nouveau schéma urbain, OBJECTIF 3 : mais corollairement ne correspond à aucun objectif durable. Toutes les études d’élaboration ou de révision des documents d’urbanisme aborderont leur diagnostic sous l’angle paysager par priorité. 4 - Les nouveaux habitants : Dans le Conflent et la Castellane, hors la partie basse (Catllar, vallée de la Rotja..), on constate plutôt une certaine Le contenu de l’étude paysagère inclus les paysages agricoles et les paysages corrélation entre besoins locaux et développement (d’ailleurs assez modéré). forestiers. Mais certaines communes peuvent se trouver affrontées à une demande excessive et destructurante. Les attendus de la promotion immobilière ne comprennent pas les attentions particulières dues au tissu urbain existant, à l’habitat ancien, au respect des paysages et des sites.

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Les actions liées à l’activité touristique et au développement durable

Il faut accompagner la prise de conscience émergente de l’enjeu touristique, du Ces thèmes sont ceux des matériaux, couleurs, poids que pourra représenter le capital paysage dans la balance économique de l’avenir. proportions, rapports pleins/ vides et formes des percements, prise de site, conception de charpente et mode de couverture, La difficulté reste celle de l’évaluation de la valeur exploitable de ce capital, à court, décors, finitions et traitement végétal pour l’essentiel. moyen et long terme, et de l’impact du développement du cadre bâti sur cette valeur. Il faut accueillir des visiteurs pour «vendre le paysage», mais les structures d’accueil ne Au cœur des agglomérations, ils recoupent également vont-elles pas en affaiblir l’attractivité ? les problématiques récurrentes des petites extensions, modifications ou surélévations du bâti existant. Valorisation La réponse contient des termes de mesure et des termes de qualité. ou abolition, les acquis et savoir-faire qui ont produit les formes traditionnelles sont-ils aujourd’hui obsolètes ? Sur le plan de la mesure, quel est le bon compromis entre l’accueil et la préservation ? Ils recoupent également les thèmes dits de « développement durable », notamment au plan des énergies : Les principaux enjeux, mais de taille, demeurent l’harmonisation intercommunale prise en compte du potentiel solaire, de la géothermie, des du développement et, surtout, la maîtrise de ses équilibres démographiques, économiques ressources éoliennes et hydrauliques. et sociologiques. L’ensemble de ces thèmes sera traité dans les cahiers de Sur le plan qualitatif, et c’est là tout d’abord que la charte intervient, en dehors des recommandations associés aux chartes, et proposé de façon préoccupations indiquées ci-dessus et relatives quelque part aux formes architecturales didactique, graphique et en lecture directe utilisable à toutes et urbaines que produira le développement, la charte doit fournir, à tous les opérateurs, fins. le référentiel qui leur permette d’associer leur action à celle du sens commun, plutôt que d’en produire une aberration. Le sens commun s’entend, ici, pour l’action en faveur de la qualité des paysages urbains : respect raisonné du patrimoine, règles de prise en compte des besoins nouveaux et des moyens offerts pour y répondre.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 62 Table des figures de la première partie

Figure 1 Les nombreux ruisseaux qui accompagnent la descente vers Mosset depuis le col de Jau. Cliché NDF...... P.4 Figure 2 Présentation de la région étudiée. Carte NDF ...... p.5 Figure 3 Les périmètres et le chevelu hydrographique Carte Nathalie Dumont-Fillon ...... p.6 Figure 4 Les communes sur la carte du relief. Carte NDF...... p.7 Figure 5 Le chevelu hydrographique du parc naturel régional. Carte NDF...... p.8 Figure 6 Le relief du parc naturel régional ...... p.9 Figure 7 La carte de la vallée de la Castellane au 1/ 25 000 (limite de la charte en rouge) ...... p.10 Figures 8 Les périmètres des cinq autres chartes (sur le fond IGN 25/000) ...... p.11 Figures 9 Mosset (en haut) et Campôme (en bas) et son pont (clichés NDF) ...... p.12 Figure 10 le Col de Jau en mars 2007. Cliché NDF ...... p.13 Figure 11 Les villages de la Castellane : ici Catllar aux toits oranges groupés, l’attirance pour un paysage rural stable. Cliché NP (Nicolas Pettini)...... p.14 Figure 11 bis Vue sur le mont Canigou au loin, encore enneigé, cliché NP ...... p.14 Figure 12 L’analyse du paysage par son accès physique. La route du Col de Jau à Catllar par la vallée de la Castellane : relief et principaux ponts (rivière ou ruisseaux) Carte Nathalie Dumont-Fillon avril 2007 ...... p.15 Figures 13 A Catllar, Un pont bordé de deux points de vue remarquables. Clichés NDF...... p.16 Figure 14 Une route inscrite dans les paysages (en balcon et en corniches) Carte Nathalie Dumont-Fillon avril 2007 ...... p.17 Figure 15 Carte de synthèse d’après les études précédentes (Urbane) : les principales occupations du sol. Carte NDF ...... p. 18 Figure 16 Les jardins en terrasses du beau pont à l’entrée du village de Catllar ...... p.19 Figure 16 Bis La diversité des paysages de la Castellane, à la fois en montagne (la neige à Mosset) et en climat du Roussillon (la vigne près de Molitg) ...... p.19 Figure 17 Relations entre routes et rivières au niveau de trois communes. Carte NDF...... p.20 Figure 18 Les variations de la population permanente ...... p.21 Figure 19 Mosset : les murettes et les roches clichés NDF...... p.22 Figure 20 Le relief de terrasses sous le canal d’irrigation de Molitg, entre les deux bois (A et B). Montages NDF et NP ...... p.23 Figure 21 Mosset, clichés NDF ...... p.24 Figure 22 La borne de la Méridienne de l’an 2000 à Mosset ...... p.24 Figure 23 Mosset ...... p.25 Figure 24 Quatre centres historiques...... p.25 aménagés et accueillants (ici, Campôme) ...... p.25 Figure 25 L’importance des espaces publics et des aménagements (ici le sol au centre village) ...... p.25 Figure 26 L’intérieur d’un cortal et son piliet central, cliché NP ...... p.26

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 63 Figure 27 Dessin présenté dans l’étude d’urbanisme de Serdinya (Loeillet et al.) p26 Figure 28 Pic du Canigou et vallée de la Castellane. Clichés NP. p27 Figure 29 La Tour de Goa et le massif du Canigou, dessin NP p28 Figure 30 Le réseau des tours, p28 Figure 31 La vue de carte postale donne un point de vue privilégié, celui qui semble être le meilleur pour tenir à distance le village de Mosset. Cliché NP p29 Figure 32 Plan de Molitg-les-Bains et de la rivière Source : POS 1/ 5000 Dessin NDF p32 Figure 33 Campôme vu depuis Bilade, un point de vue indiqué lors de l’entretien en mairie. Cliché NP. p30 Figure 34 Molitg-les-Bains p30 Figure 35 Route de montagne clichés NP p30 Figure 36 La végétation et ses couleurs nous interrogent sur ce qui marque le paysage de la Castellane p31 Figure 37 Le plan de Campôme Source de la carte ci-contre : Nathalie Dumont-Fillond’après fond de plan du Plan d’occupation des sols p31 Figure 38 Mosset est un village perché qui se trouve en fait dans un grand méandre jusqu’à son hameau de la Carole. Carte NDF à main levée d’après fond de plan du POS. p32 Figure 39 Les chaos pittoresques et les constructions lointaines font oublier la végétation et l’altitude cliché NP p33 Figure 40 Mosset et sa topographie p33 Figure 41 Un motif important, la terrasse de cultures, mais la vue rapprochée ne permet pas de situer le village concerné p33 Figure 42 Mosset, extraits de l’analyse urbaine. Carte NDF d’après dossier Zppaup p34 Figure 43 Mosset extraits de l’étude urbaine, Carte NDFd’après dossier Zppaup p35 Figure 44 Mosset p36 Figure 45 Molitg-les-Bains : une vue impressionnante des soutènements et de la route en corniche. Source capture sur l’Internet p36 Figure 46 Molitg : en rouge les surfaces non bâtis du village, ruelles, cours, jardins p36 Figure 47 Catllar, le relief et les cours d’eau p37 Figures 48 Au centre, le hameau de la Carole clichés et croquis NP p38 Figure 49 Randonnées, textes, cartes et planches de Nicolas Pettini p39 Figure 50 Molitg-les-Bains et son cadre de montagne p40 Figures 51 Les cortals p41 Figures 52 Les Bains de Molitg Source : page 34 p42 Figure 53 L’importance des peupliers d’Italie, toujours présents dans les paysages actuels du parc naturel Source : page 22 p42 Figure 54 Vue depuis le pont de Catllar vers ses remarquables jardins en terrasses. p43 Figure 55 à Cattlar, le village comme un ensemble harmonieux, près du pont. p44

Sources des cartes : -Rando Editions Carte de randonnées n°8 Cerdagne-Capcir, Font-Romeu - Ax-les-Thermes Echelle 1/50 000 Echelle 1/25 000 carte topographique Top 25 : -Les “Petits” Guides Rando Pyrénées Roussillon. Randonnées en Haut-Conflent “Le Pays des légendes” Sideco 2003 - IGN Font-Romeu Capcir 2249 ET -Les “Petits” Guides Rando Pyrénées Roussillon. Randonnées en Vallée de la Castellane et IGN Bourg-Madame Col de Puymorens Pic Carlit 2249 OT dans le Massif du Madres. Maître d’ouvrage Charte intercommunale Prades Conflent 2002. IGN Bourg-Madame Mont-Louis Col de la Perche 2250 ET -IGN 1974 à l’échelle 1/100 000 Saint-Gaudens Andorre n°71. IGN Prades Saint-Paul-de-Fenouillet 2348 ET -Carte GéoRelief éditée par Media Plus à Toulouse (www.georelief.com) IGN Massif du Canigou 2349 ET intitulée Catalunya Nord par Terra Nostra 2004 (BP 50 à 66 500 Prada).

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- Claude Laporte. 1986. En parcourant le Conflent pittoresque. Revue bimestrielle Conflent n°142-143. Pages consultées : 22 (Vue générale de Prades, avec des peupliers d’Italie), 34 (Les bains de Molitg), 60 (Ambouilla), 62 (mines de fer) 68-69 (Rià) 47 (Jean-Louis Tirpenne), 72 (Villefranche), 86 (l’Ermitage Saint-Pierre, Notre-Dame-de-Vie), 89 (Corneilla), 96 à 109, 110 (Taylor), 112 (Ruines de l’Abbaye de Saint-Martin),124 (Olette), 128-129 (Planès).

- Jean Ribas 1996 L’aventure du Canigou. (dont la brèche dynamitée 1896 article de l’Indépendant, et les étagements de végétation par Adolphe Joanne en 1858).

- André Lévy (dir.) 1999. Le dictionnaire des Pyrénées. Encyclopédie illustrée France-Espagne. Editions Privat. 931 p. (en bibliothèque de l’IUFM de Foix)

- Miquel Perpinyà. Les Mossetans ! L’âme d’une vallée. 2005. Editions les Presses littéraires. (en librairies)

- Jean-Claude Flamant et Serge Thierry. Nouvelles Pyrénées, paysans, paysages produits. Editions Glénat (en librairie)

- Chambre d’agriculture du Roussillon Etude pour la prise en compte de l’agriculture dans la Charte du PNR. Septembre 2006. 36 p. (disponible sur le site de l’Internet du parc naturel régional).

- Pierre Vidal. Souvenirs d’un touriste. Excursions et ascencions dans les montagnes du massif de Carlit (Cerdagne française).1887. Edité par Lacour en novembre 2006. (en librairies)

- Guy Durbet (Association culturelle de Villefranche-de-Conflent).La belle époque dans les Pyrénées-orientales. Cinq balades patrimoine. Septembre 2001. Photographies de Rose-Maria Soria. (en librairies)

- Marie-Hélène Solère. Les tours à signaux. 15 randonnées patrimoine dans les Pyrénées-orientales. 1992. (en librairies)

- Joëlle Wintrebert. Le canari fantôme. 2005. Editions Balzac (roman). (en librairies)

- Paul Palau et Françoise Demelin. Le train Jaune Editions objectif sud (en librairie)

- Revues trimestrielles de Vernet-les-Bains, mensuel Eldorado Catalan et Terres Catalanes, etc.

-Christine Rendu. La montagne d’Enveigt : une estive pyrénéenne dans la longue durée. Cnet : Trabucaire 2003 (thèse publiée)

- Base de données Sols et Paysages http://www.umr-lisah.fr/Paysages/Asp/PresenteGen.asp - Catalogue d’exposition : Paysages....au-delà de la carte postale. Caue de l’Aude 2005 (commentaires des maires sur des clichés photographiques contemporains). - Article : «Peut-on transformer les résidents secondaires en résidents permanents ? L’exemple de la vallée de l’Ance (Auvergne). Mise en place d’une stratégie de fidélisation des résidents secondaires. «Marie-Hélène Dasse et Bernard Aubert [email protected] Novembre 2000, revue Espaces 176, pp. 22-27

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Quelques autres documents consultés pour l’ensemble des six chartes : Quelques principales sources sur la Toile :

- Aquarelles et étude de Marianne Carr. Projet de mise en valeur du patrimoine. Schéma - Base des monuments historiques (recherche par commune) sur Mérimée préliminaire d’interprétation au Col de Mantet et au refuge de l’Alemany. Document de sur http://www.culture.gouv.fr:80/public/mistral/merimee_fr travail de décembre 1999 (source Monsieur Claude Guisset conservateur de la réserve). - Cartes de Cassini sur http://cassini.ehess.fr - Autres http://histoireduroussillon.free.fr/Thematiques/ - Cassette Vhs “La semaine des foins. Py du 2 au 8 juillet 2001.”Association gestionnaire de Batiments/Histoire/Megalithes.php la réserve naturelle de Py. Créapolis. http://jeantosti.com/hautconflent/serdinya.jpg http://jeantosti.com/trainjaune/10.jpg - Collectif. De l’eau et des hommes en terre catalane (Numa Broc “La maîtrise de l’eau dans http://jeantosti.com/molig/03.jpg les Pyrénées Orientales aux XIXe siècle et XXe siècle” pp.219-266, Michel Brunet “La http://jeantosti.com/villages/jujols/jujols3.jpg guerre de l’eau. Du milieu du XVIIe au milieu du XIXe siècle”, Sylvie Caucanas “Energie http://www.molitg.com/ hydraulique et irrigation en Roussillon du IXe au XVe siècle”, Bertrand Desailly) - Capture de Sainte-Léocadie sur le site www.sainte.leocadie.fr - Les pédopaysages sur www.umr-lisah.fr/Paysages - Article «Brûlages dirigés dans la réserve naturelle : bienfait ou nuisance ?» La lettre de - Clichés d’Escaro sur le site internet du photographe Noël Hautemanière Nohèdes, n°4, avril 2007 sur www.hautemaniere.com - Article «La ‘Festa del Paller’» (Françoise Démelin, photos Noël Hautemanière) , Terres Catalanes, pp. 88-95. - Johan Milian. Décembre 2004. Protection de la nature et développement - Article : carte d’ Annie de Pous. Terres Catalanes, n°47 mars-avril-mai 2007, page 83. territorial dans les Pyrénées. Thèse pour l’obtention du titre de Docteur de - Loeillet et Martinez et al. Etude de Serdinya. Notamment page 8. l’Université de Toulouse-Le Mirail, Géographie & Aménagement. Sous la direction de Monique Barrué-Pastor - Documents sur Villefranche de Conflent : archives personnelles Madame le Maire Claire (en intégralité sur l’Internet) Sarda-Vergès et Archives municipales. - Cliché légendé “Souanyas, au dessus d’Olette, en rive droite de la Têt, août 2006” issu du Autres informations : magazine des réserves naturelles catalanes spécial paysages. - Sur la différence entre cartes et paysages, voir notamment page 49 et - Jean-Marie Pérouse de Montclos et Cécile Césari. 1996. Guide du patrimoine : Languedoc- suivantes, dans : Yves Lacoste. 1990. Paysages politiques. Le livre de Roussillon. Editions Hachette Tourisme, 606 p. Corneilla : église Sainte-Marie, vue de Thierry poche. 284 p. publiée dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France de Taylor et - Définition (rappel) : L’anticlinal est la partie du pli dans laquelleles Nodier et A. de Cailleux (1837), légende de la page 223. Mont-Louis. Relevé Monuments couches s’inclinent en sens opposé. Le synclinal est la partie du pli dans historiques Popper 1947 (légendé page 299) Ce guide présente aussi Yravals : l’église Saint- laquelle les couches convergent vers la même direction. Fructueux (illustration du retable de Sainte-Marthe) ; Saint-Martin-du-Canigou ; Odeillo - Sophie Le Floch, ingénieur au Cemagref de Bordeaux, cf. par exemple : Le (four solaire) ; Cuxa (chapiteaux) Floch Sophie et Devanne Anne-Sophie. 2002. «La notion de ‘fermeture du paysage’ : trente années de succès sur la scène institutionnelle française». - Alain Ayats. 2007. Les fortifications de Vauban. Editions Trabucaire, 109 p. 26 p. Le Floch Sophie et Devanne Anne-Sophie. 2004. D’espace public en espaces ouverts. Exploration bibliographique sur le thème des interrelations - Pierre Cantaloube. La Cerdagne française, cartes postales du passé. Editions les Presses entre personnes et entre personnes et environnement physique. Bordeaux, Littéraires. 309 p. (document présenté en réunions) Cemagref, 30 p.

- Municipalité de Vernet-les-Bains. Vernet les Bains, le fer et les hommes. 2007.

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 66 Des Sources

Centre de documentation du Caue des Pyrénées-Orientales

- Caue, Chambre agriculture, Conseil Général. Conflent, diagnostic de territoire préalable - Guy Durbet. 2003. Les remparts de Villefranche, balade patrimoine. à la mise en place des contrats territoriaux dans le cadre de la loi d’orientation agricole de 1999. Synthèse avril 2000. Intéressante synthèse en trois pointes de triangle avec - Abbé Giralt (curé de Fuilla vers 1896). La vicomté d’Évol et les communes du «hommes» (socio-économique), «milieu naturel» (paysage, crise de l’arboriculture, peu Haut-Conflent, le livre d’histoire, 398 pages, rééditions des années 1896. de maîtrise du foncier, etc.) et «activités» (élevage dynamique, hydroélectricité, etc.) - Yves Hoffmann (textes), Paul Goudin et Robert Orsingher (photographies). - Terres romanes en pays catalan. Cartographie Pays terres romanes en pays catalan, 1991. Font-Romeu, un balcon au soleil. Editions ISO. 2003. Données très intéressantes sur des cartes d’ensemble où figurent les limites de chaque commune, on y lit aisément les données de population, climatiques, les canaux, - Castellnou (collection beaux villages de france) les systèmes aquifères, etc. et des sources anciennes (canaux en 1874). Dominantes : le Granit, globalement de Porta à Sansa (et un peu à Py) et vers Mosset ; les - Chambre des Métiers des Pyrénées-Orientales. Batir, rénover, réhabiliter en schistes de Jujols et de Canaveilles (Valcebollère, Palau, Osseja) et les calcaires (Olette). Pyrénées Roussillon. Tome 1 : la Cerdagne et le Capcir (attention un autre tome Les Gneiss du Casami ou «oeillés» (Fontpédrouse à Souanyas) ; schistes et micashistes est seulement «Aspres»). Dessins de Magdeleine Knyszewski. Extraits : la ferme (Err et Llo). Evolution de la population entre 1861 et 1999 (source Communoscope sur relief doux (Cal Mateu), sur relief faible (Dorres) ou très abrupt (Sauto) ; 1998) avec une baisse forte partout sauf vers Ria et Vernet-les-Bains, Ille-sur-Têt et la production laitière du Capcir : aménagement au rez-de-chaussée des fermes , et à l’ouest du périmètre en Cerdagne et en vallée du Carol : Saillagouse, Sainte- de laiterie, fromagerie et pièce de conservation des fromages. Photos de Ferme Léocadie, Osseja, Palau-de-Cerdagne, Bourg-Madame, Font-Romeu, Egat, Bolquère, Duran à Brangoly, de ferme bien réhabilitée à Ur. Typologie des piliers de granges La Cabanasse, Angoustrine et Enveitg. (au moins six !) ; éléments publics : l’exemple de Dorres.

- CAUE des Pyrénées-Orientales. 1996. Synthèse du Schéma de cohérence de 1996 à la - Parc naturel régional. Avril 2003. Guide pratique des acteurs du patrimoine. 19 demande du SIVOM : étude paysagère de Llo, étude paysagère de Err, étude paysagère p. (sur papier simple) d’Estavar et étude paysagère de Sainte-Léocadie. Commentaire NDF : ces quatre documents sont des originaux au format A3 donc fragiles, qu’il faudrait numériser pour - Extraits : mégalithes étudiés par Pierre Campmajo, qui cite Abelanet 1990 archivage... notons aussi qu’aucune liste globale des études du Caue n’existe actuellement. (bibliographie ?) Ces études montrent très bien la place de la route et des villages en fonction du relief... - EDF, PACT Pyrénées-Orientales. Février 1988. Connaissance de l’habitat - Jean-Marie Rosenstein, Guy Barnades. 1998. «Graus de Canavelle, Oleta, Toès, stations existant, le bâti ancien en Roussillon. (brochure) sous la direction de François thermales d’Antan», revue Terra Nostra, 97, 80 p. Roblin et de Henri Mallac. Conseiller technique de la collection Patrick de Maisonneuve architecte ; bilingue, 216 p. - Jean Bousquet. 1999. Mosset, le vingtième siècle d’un village pyrénéen. 22 p. Contient un chapitre «mutations» des paysages depuis les années 1930, le seigle et (donc) les - Le paysage rural et ses acteurs. Première journée d’étude du Centre de recherches cortals abandonnés en premier lieu. historiques sur les sociétés méditerranéennes. Perpignan 1995 ; études réunies par Aline Rousselle et Marie-Claude Marandet. Presses universitaires de Perpignan et Sources-histoire au présent (article : la maison rurale en Roussillon du IXe au XVe par Aymat Catafau, docteur en histoire, pp. 163 à 191)

- Nathalie Dumont-Fillon et Xavier Daures - Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane - 2007 - 67 Charte de paysage et d’urbanisme de la Vallée de la Castellane

Dossier de restitution réalisé par Nathalie DUMONT FILLON Architecte-Paysagiste DPLG et Xavier DAURES Architecte DPLG et Urbaniste - Février 2008 Crédit photographique : Nathalie DUMONT FILLON, Xavier DAURES et Nicolas PETTINI - Stagiaire au Parc naturel régional des Pyrénées catalanes - Février/ Septembre 2007

Coordination : Parc naturel régional des Pyrénées catalanes - Nicolas ANTOINE, chargé de mission urbanisme et paysage.

Comité de pilotage composé de Christian BOURQUIN, Président du Parc, Grégoire VALLBONA – Maire d’Egat, Vice-Président du Parc et Président de la Commission Aménagement et Urbanisme du Parc, Monsieur Michel GARCIA – Adjoint au Maire de Matemale et Co-rapporteur de la Commission Aménagement et Urbanisme, Madame Simone BAURENS - Déléguée au Parc suppléante – commune de Valcebollère, Monsieur Jean Pierre ABEL – Maire de Bolquère, Monsieur Michel ESTER CCI des Pyrénées Orientales ainsi que Paul MIGNON, Directeur

Avec le soutien technique et financier du Conseil Général des Pyrénées Orientales, du Conseil Régional de Languedoc Roussillon, de l’Europe et du programme LEADER +, de l’Etat et notamment de la DIREN Languedoc Roussillon ainsi que de l’ensemble des partenaires du Parc : DDE 66, DDAF 66, Chambre d’Agriculture 66, ONF 66, RTM 66, CAUE 66, SDAP 66, SAFER Languedoc Roussilllon, Odit France

Le Parc, c’est 64 communes associées au Conseil Général et à la Région avec la participation de l’Europe dans le cadre du programme Leader