MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL EXÉCUTIF SÉANCE DU 11 JANVIER 1995 A 10 H 00 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE MONSIEUR

Membres du Conseil exécutif présents:

Monsieur Jacques Pari zeau, Premier ministre

Madame , Ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes Monsieur Paul Bégin, Ministre de la Justice et ministre responsable de l’application des lois professionnelles Madame , Ministre de la Sécurité du revenu et ministre responsable de la Condition féminine

Monsieur , Ministre des Finances et ministre du Revenu

Madame Rita Dionne-Marsolais, Ministre déléguée au Tourisme, ministre responsable de la Régie des installa tions olympiques, ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française Monsieur , Ministre de l’ducation Monsieur François Gendron, Ministre des Ressources naturelles Madame , Ministre d’État à la Concertation et ministre de l’Emploi Monsieur Jean-Pierre Jolivet, Whip en chef du gouvernement Monsieur , Vice-premier ministre, ministre des Affaires internationales, de l’Immigration et des Communautés culturelles et ministre responsable de la Francophonie

Monsieur Marcel Landry, Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation Monsieur Richard Le FUr, Ministre délégué à la Restructuration Monsieur Jacques Léonard, Ministre des Transports

Monsieur Serge Ménard, Ministre de la Sécurité publique Monsieur Daniel Paillé, Ministre de l’Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie Monsieur Jean Rochon, Ministre de la Santé et des Services soci aux

Certains renseignements ont été caviardés dans ce document, et ce, en vertu des dispositions de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels (RLRQ, chapitre A-21). Les articles pertinents apparaissent aux endroits concernés. MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS LE 11 JANVIER 1995

LA REVUE DE LA SITUATION POLITIQUE

Le premier ministre explique à ses collègues, au sujet de la préparation de la campagne référendaire, qu'à peu près tous les présidents et vice-présidents des commissions régionales sur l'avenir du Québec ont été désignés, sauf pour les régions de Lanaudière et de l'Ungava. Le processus de désignation devrait être terminé demain matin au plus tard. Ce vaste processus de consultation comportera également deux commissions sectorielles, l'une pour les aînés et l'autre pour les jeunes, dont les membres seront nommés d'ici mercredi prochain. Le processus de nomination débute avec des propositions du délégué régional du Parti québécois et du Bloc québécois qui doivent consulter les députés. Lorsqu'il y a des désistements de dernière minute, on reprend tout le processus. Par la suite, les noms des candidats sont soumis à monsieur Mario Dumont, chef de l'Action démocratique du Québec. Dans le cas de la Beauce, on a consulté le député Bernier. Dans de telles situations, les députés sont consultés mais n'ont pas de droit de veto.

Chaque commission régionale comprendra un représentant de l'Action démocratique du Québec. L'organisation et la préparation de ces commissions ont été confiées à monsieur Gilles Châtillon qui a fait un travail remarquable. Les secrétariats de ces commissions sont tous en place. Une brochure argumentaire présentant les articles de l'avant-projet de loi sur la souveraineté du Québec et la position de chacun des partis a été préparée. À l'heure actuelle, il n'est pas certain que l'Opposition libérale souhaitera que le texte expliquant sa position soit inclus à cette brochure. Quoi qu'il en soit, cette brochure sera distribuée dans tous les foyers du Québec. Les commissions commenceront à siéger le 6 février prochain. D'ici cette date, on a prévu une grande cérémonie de lancement de toutes ces commissions à Québec. La commission de Montréal commencera à siéger un peu plus tard. Les travaux des commissions devraient se terminer au milieu de mars. Des discussions sont encore en cours afin de déterminer de quelle façon la Commission nationale traitera les rapports émanant des commissions régionales. Cette Commission nationale sera formée de tous les présidents de commissions régionales.

Les 19 et 20 janvier prochain, un caucus conjoint des députés du Parti québécois et ceux du Bloc québécois sera tenu. Il ne s'agira pas d'un processus décisionnel, mais informatif, où il y aura des échanges de vue. En termes d'images, un tel événement ressortira avec force.

Pour les mois à venir, il faut ramener les actions du gouvernement à un petit nombre de gestes percutants. Il faut également se préparer à un budget précoce qui pourrait être rendu public lors de la troisième semaine de mars, en même temps que le dépôt des crédits budgétaires.

Monsieur Bégin souligne que les coupures budgétaires et les annonces publiques qu'elles entraîneront pour chaque ministère pourraient avoir un impact négatif considérable sur la campagne référendaire. Au ministère de la Justice, les réductions budgétaires s'élèvent à 51 M$, avec l'abolition de pans de mur entiers. Il faudra trouver une façon de traiter les problèmes qui ne manqueront pas d'en résulter. Le premier ministre lui répond qu'il faut attendre le retour de madame Marois avant de traiter de cette question. Cependant, ce n'est pas parce qu'il y aura un référendum que le gouvernement doit ouvrir les vannes du côté des dépenses. Il faudra tout de même soigner la présentation de toutes ces questions.

Monsieur Paillé est d'avis qu'il faut prévoir une courte période de temps pendant laquelle les ministres responsables des régions pourraient rencontrer demain les présidents et vice-présidents des commissions. Madame Harel doute qu'il s'agisse là d'une bonne idée en termes d'image. Le premier ministre indique que demain, les présidents et vice-présidents de commissions sont invités à la résidence officielle du premier ministre, de même que les ministres et les délégués régionaux. Monsieur Bernard Landry croit qu'il 2 faut éviter ce genre de rencontre pour ne pas courir le risque que la crédibilité de ces commissions soit affectée. Monsieur Gendron est aussi d’avis que les ministres et députés ne doivent pas assiéger les conunissaires.

Le premier ministre indique que messieurs Landry et Gendron ont raison et qu’il ne faut pas donner l’impression que les représentants du gouvernement encadrent les commissaires.

Madame Harel constate que le gouvernement ne peut plus reculer quant aux réductions budgétaires et qu’if est enfoncé dans la gestion quotidienne. Par exemple, le gouvernement se devra d’agir dans le cas de la grève du transport en commun à Québec, puisque cette grève pourrait se poursuivre des années avec le maintien de tels services essentiels. Dans le secteur de la construction, le climat est encore fragile. Il faut donc procéder rapidement dans tous ces dossiers pour ne pas que les choses se salissent. Le premier ministre lui répond que de tels problèmes sont l’esclavage des ministres, qu’il y ait un référendum ou pas. Par exemple, il existe onze nations autochtones et les choses ne vont pas bien partout sur ces territoires.

Monsieur Garon croit que le gouvernement doit prendre garde aux “establishments” qui peuvent rendre un gouvernement prisonnier. II faut se rappeler que les groupes d’intérêt et les individus n’ont pas les mêmes vues. Il ajoute que si le gouvernement n’a pas besoin de faire siéger VAssemblée nationale, il serait préférable de ne pas le faire afin d’éviter de subir la période de questions. Il croit préférable que l’Assemblée ne siège pas durant les travaux des commissions régionales.

Le premier ministre rappelle que le gouvernement libéral a augmenté les effectifs de plus de 10 %, surtout du côté des employés occasionnels. Le présent gouvernement est présentement aux prises avec ce problème. Madame Marois s’attaque à cette situation en tentant de faire le moins de dommage possible, par exemple en utilisant des mesures de départ assisté. Il faut reconnaître que madame Marois a de bonnes relations avec les représentants syndicaux. Des discussions sont d’ailleurs en cours avec eux en matière d’organisation du travail. Madame r. 53, 54 du Syndicat des fonctionnaires, considère que le gouvernement agit de la bonne façon en cette matière.

Monsieur Campeau signale que lorsque le gouvernement effectue des coupures de dépenses, les informations au sujet de ces coupures circulent un peu partout dans le ministère. Il faudra déterminer de quelle façon le gouvernement entend traiter cette question.

Le premier ministre reconnaît que beaucoup d’employés du ministère de la Justice seront touchés par les réductions de dépenses et devront être réaffectés. Cependant, il existe tout de même une bonne nouvelle pour les ministères et organismes qui jouiront d’une assez grande latitude dans la gestion de leur enveloppe budgétaire au cours du prochain exercice financier. La mauvaise nouvelle c’est que ces enveloppes feront l’objet d’un gel et seront même diminuées dans certains cas. Il s’agit là d’une révolution dans notre façon de gérer. Certains seront effrayés par cette nouvelle approche, mais les explications qui s’imposent leur seront fournies. Par ailleurs, il n’est plus possible de maintenir la sécurité d’emploi à vie dans un même poste. Monsieur Garon est d’avis que l’inquiétude des employés vient du fait qu’ils ne croient pas que le gouvernement disposera de la marge de manoeuvre qui permettrait de ne pas les affecter. Par ailleurs, dans le cas du régime des prêts aux étudiants, il se dit disposé à faire un appel d’offres aux institutions financières afin de diminuer les taux d’intérêt sur ces prêts. Actuellement, le taux exigé des institutions financières se situe à 3,5 % au-dessus du taux préférentiel. Un tel appel d’offres pourrait générer des économies de plus de 25 M$.

Monsieur Bégin indique que les scénarios de réduction de dépenses du ministère de la Justice sont si sérieux qu’ils feront sans doute l’objet d’une fuite. Ces scénarios mentionnent une possibilité de 1 200 mises à pied et l’abolition de l’Office de protection du consommateur. Le premier ministre se dit prêt à discuter des cas les plus pénibles avec madame Marois. Cependant, il ne faut pas donner l’impression que le gouvernement 3 abandonne ses objectifs. D'ici la semaine prochaine, on examinera de quelle façon il faudra gérer publiquement cette situation. Monsieur Ménard signale que les dépenses de loyers payées à la Société immobilière du Québec représentent un gros poste de dépenses pour les ministères. Il faudrait examiner cette question. Le premier ministre lui répond qu'effectivement, il s'agit là d'un problème réel. Cependant, on est sur le point d'effectuer un changement majeur du côté de cette société. Monsieur Gendron demande s'il est possible d'inscrire cette question des loyers de la Société immobilière du Québec sous la rubrique de la revue de la situation politique lors d'une prochaine séance.

Monsieur Léonard est d'avis que c'est le questionnement qui se produit autour des années deux et trois des plans stratégiques des ministères qui colorent les choses négativement. Il faudrait apporter les correctifs appropriés dans les ministères. Pour madame Harel, l'accession à la souveraineté va changer tout cela. Il faut gérer l'année qui vient et, par la suite, le Québec sera souverain et aura des horizons nouveaux en matière de gestion. Le premier ministre indique qu'il faut inscrire tout cela dans le cadre d'une révolution culturelle dans le domaine de la gestion gouvernementale.

Monsieur Marcel Landry signale que dans le cas de son ministère, les effets négatifs sont plus graves au cours de l'exercice 1995-1996, puisqu'il n'est pas possible pour l'instant de toucher à la fiscalité municipale. Les réductions budgétaires représenteront des pertes de revenus variant de 4 000 à 7 000 $ par année pour les producteurs agricoles, dont le revenu moyen est de 35 000 $.Une hausse de leur contribution au régime d'assurances est également prévue. Il faut aussi rappeler que le gouvernement a pris l'engagement de modifier le programme d'aide à la gestion des fumiers. En outre, il sera nécessaire d'adopter des mesures permettant de hausser les prix sur le marché domestique.

Le premier ministre indique qu'il faut prendre l'offensive et déclarer publiquement combien il est important de bien gérer.

PROMOTION DE L'INDUSTRIE DES COURSES DE CHEVAUX ET DE L'ENTRAÎNEMENT DES CHEVAUX DE COURSES

Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soumet un mémoire daté du 9 janvier 1995 et portant sur la promotion de l'industrie des courses de chevaux et de l'entraînement des chevaux de courses. Ce mémoire vise à supporter l'Hippodrome Blue Bonnets inc. par un soutien financier temporaire à la Société de promotion de l'industrie des courses de chevaux inc., lequel soutien financier temporaire consisterait à aider la société à supporter provisoirement le déficit causé par l'implantation du casino permanent et lui permettre d'amorcer le remboursement de l'emprunt de 3, 7 M$ contracté lors de l'achat des actions de l'Hippodrome Blue Bonnets inc. À cet effet le gouvernement garantirait un emprunt de 5 M$ par la Société de promotion de l'industrie des courses de chevaux inc. à une institution financière.

Monsieur Marcel Landry signale à ses collègues que la Société Loto-Québec pourrait être une intervenante sérieuse et crédible pour l'avenir de l'industrie des courses de chevaux en introduisant de nouveaux jeux. La présente proposition ne constitue qu'une solution temporaire et on est actuellement à travailler une solution permanente chez Loto-Québec.

Pour monsieur Paillé, cette industrie constitue un guêpier depuis fort longtemps. Le gouvernement doit prendre la décision de maintenir ou d'abandonner son aide à cette industrie. Par ailleurs, il faut prendre garde à la façon dont le public pourrait percevoir l'aide gouvernementale. L'indemnité de plus de 300 M$ qui a été évoquée dans le cas des Attikamek et des Montagnais a eu un impact négatif dans la population qui ne manque pas de mettre une telle indemnité en relation avec les réductions de dépenses que le gouvernement doit effectuer un peu partout.

Monsieur Léonard signale que le Conseil du trésor n'a pas tenu de réunion hebdomadaire cette semaine. Cependant, le Secrétariat du Conseil du trésor a préparé une analyse très 4 négative de ce dossier. 121 M$ ont été injectés dans cette industrie par le gouvernement jusqu'à maintenant et il était prévu que le milieu devait se doter d'un plan d'affaires pour le 31 décembre 1994. Il n'existe pas encore de solution permanente pour Blue Bonnets et il comprend qu'il s'agit d'un dernier sursis en attendant cette solution permanente. Il se dit d'avis que c'est l'implantation du casino de Montréal qui a donné le dernier coup de grâce à cette piste de course. L'enjeu est de savoir si on prolonge la vie de cette piste.

Pour monsieur Garon, cette industrie a toujours été abordée à l'envers. Elle a relevé successivement du ministère des Finances et du ministère du Revenu du Q\lébec. Dans les autres provinces, cette industrie relève du ministère de l'Agriculture. Le système doit être basé sur un marché d'éleveurs plutôt que sur les paris. Monsieur Bernard Landry souligne qu'il existe plusieurs éleveurs dans son comté et qu'il s'agit là d'une activité noble. Il est d'accord pour affirmer que le cœur de la question, c'est l'élevage et l'élevage est en progression au Québec. Il faut prendre cette industrie au sérieux. Il ajoute qu'il en coûterait plus cher au gouvernement s'il décidait de ne pas accorder la garantie qui est demandée. Monsieur Marcel Landry reconnaît qu'une somme de 121 M$ a déjà été injectée dans cette industrie par le gouvernement et ajoute que le gouvernement a aussi pu en tirer des revenus. Par ailleurs, lorsqu'on discute du dossier avec Loto-Québec, on constate qu'il y a d'autres alternatives que Blue Bonnets dans la région de Montréal. Ce qui est maintenant recherché n'est qu'un appui temporaire. Monsieur Campeau se dit d'accord avec les deux ministres Landry. Il faut faire une étude approfondie des problèmes que rencontre cette industrie. De plus, même si le gouvernement décidait de ne pas accorder sa garantie, il devrait quand même débourser des sommes assez substantielles.

Le premier ministre reconnaît également que le niveau des paris est beaucoup moins élevé. Par ailleurs, ce milieu a toujours été un milieu assez particulier. Il reconnaît toutefois qu'une industrie des chevaux est nécessaire et qu'elle peut réussir. Par contre, les terrains de Blue Bonnets ont une valeur considérable. De plus, il est frustrant de venir en aide à une structure qu'on connaît mal. L'industrie des chevaux devrait être en mesure de s'organiser elle-même. Il se dit d'accord pour que la garantie de 5 M$ soit accordée, mais souhaite ardemment qu'on ne se retrouve pas sans solution permanente le 1er avril prochain. À cette date, il souhaite qu'un projet sérieux soit mis de l'avant, projet comportant une réorganisation majeure qui établit une distinction entre le monde des paris et l'industrie des chevaux.

Monsieur Ménard souhaite que l'on règle le sort des 9,5 M$ qui sont dus à la Régie des alcools, des jeux et des paris. Monsieur Marcel Landry indique qu'un projet d'entente avait été conclu sur cette question. Le premier ministre demande s'il est possible de retarder d'une semaine la décision dans ce dossier.

Madame Dionne-Marsolais suggère d'impliquer la Ville de Montréal dans la recherche d'une solution permanente. Par ailleurs, pour que le gouvernement soit à l'aise avec ce dossier, il devrait privilégier l'élevage. Monsieur Garon croit que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation devrait être chargé des courses de qualification qui se déroulent en région. Quant aux courses professionnelles, il s'agit là d'un tout autre domaine. Le premier ministre indique qu'il est nécessaire de revenir au Conseil des ministres d'ici peu de temps, et non pas une semaine avant l'échéance du 1er avril, afin de présenter un nouveau mémoire qui distingue les deux questions.

ENTENTE SUR LA CONSTITUTION D'UN ORGANISME LOCAL CHARGÉ DE LA DÉLIVRANCE DE LICENCES DE BINGO SUR LE TERRITOIRE DE LA MUNICIPALITÉ DE VILLAGE NORDIQUE DE KUUJJUARAPIK (RÉF.: 4-0288)

Le ministre de la Sécurité publique, en son nom et au nom du premier ministre, soumet un mémoire daté du 1er novembre 1994 et portant sur un projet d'entente sur la constitution d'un organisme local chargé de la délivrance des licences de bingo sur le 5 territoire de la municipalité de village nordique de Kuujjuarapik. Ce mémoire propose l'approbation d'un projet d'entente qui prévoit qu'un organisme local, légalement constitué, aura pour fonction de délivrer des licences aux organismes de charité ou aux organismes religieux désirant mettre sur pied et exploiter des bingos dans la municipalité de Kuujjuarapik. Cet organisme remettra à la Régie des alcools, des courses et des jeux un rapport annuel de ses activités qui contiendra notamment des états financiers certifiés.

Monsieur Ménard explique à ses collègues que la loi reconnaît déjà une certaine autonomie à certaines communautés autochtones en matière de contrôle des jeux, puisque la loi permet de constituer un organisme local chargé de la délivrance des licences de bingo sur leur territoire. La communauté de Kuujjuarapik respecte nos lois et il recommande d'approuver cette entente. Les seules pertes que subit le gouvernement sont minimes et proviennent d'un manque à gagner relativement au prix du permis. Cette communauté respectera les plafonds de mises prévus dans la réglementation.

Le premier ministre constate qu'il n'existe pas d'accrochage entre les Inuits et le gouvernement du Québec. Nous construisons petit à petit une relation encore meilleure avec eux.

Décision numéro: 95-001 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 1er novembre 1994, soumis par le ministre de la Sécurité publique et le premier ministre et portant sur un projet d'entente sur la constitution d'un organisme local chargé de la délivrance des licences de bingo sur le territoire de la municipalité de village nordique de Kuujjuarapik (réf.: 4-0288),

1- d'approuver le projet d'entente sur la constitution d'un organisme local chargé de la délivrance de licences de bingo sur le territoire de la municipalité de village nordique de Kuujjuarapik, proposé par le ministre de la Sécurité publique et le premier ministre, et d'autoriser ces derniers à signer, au nom du gouvernement, une entente substantiellement conforme au projet d'entente proposé;

2- d'adopter le décret proposé par le ministre de la Sécurité publique et le premier ministre concernant un projet d'entente sur la constitution d'un organisme local chargé de la délivrance de licences de bingo sur le territoire de la municipalité de village nordique de Kuujjuarapik.

ENTENTES SUR LA PRESTATION DES SERVICES POLICIERS AUTOCHTONES (RÉF.: 4-8039)

Le ministre de la Sécurité publique soumet un mémoire daté du 6 décembre 1994 et portant sur des ententes sur la prestation des services policiers autochtones dans les communautés montagnaise de Betsiamites, abénaquise de Wôlinak et naskapie de Kawawachikamach. Ce mémoire propose la conclusion d'ententes entre le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral et chacune des communautés montagnaise de Betsiamites, abénaquise de Wôlinak et naskapie de Kawawachikamach afin d'assurer la prestation des services policiers autochtones dans ces communautés, de façon à permettre l'application de toutes les lois du Québec et du Canada au sein des communautés visées, tout en assurant le partage des coûts de ces services policiers avec le gouvernement fédéral dans un ratio de 52 % pour le gouvernement fédéral et de 48 % pour le gouvernement du Québec.

Le premier ministre signale qu'une entente semblable a été conclue avec la communauté Crie. Monsieur Ménard ajoute que trois ententes semblables ont déjà été approuvées. La présente entente reprend les mêmes principes. Le gouvernement du Québec voit ses objectifs respectés. Les policiers seront des policiers autochtones ou des policiers non-autochtones, au choix de la communauté. Les lois en vigueur seront respectées. De 6 la formation sera dispensée et on assurera une harmonisation avec la Sûreté du Québec. Les fonctions policières seront exercées avec indépendance. Le gouvernement fédéral défraiera 52 % des coûts de cette entente, tandis que le gouvernement du Québec contribuera pour 48 %. Auparavant, le gouvernement du Québec défrayait tous les coûts dans certaines communautés, tandis que dans d'autres communautés c'est le gouvernement fédéral qui les assumait. Avec cette nouvelle formule de financement, le gouvernement du Québec est favorisé par rapport au gouvernement fédéral.

Madame Dionne-Marsolais demande si le gouvernement tient une comptabilité complète de ses contributions dans les dossiers autochtones. Ce serait important de le faire dans le présent contexte référendaire. Le premier ministre répond qu'il faut également souligner publiquement ce que défraie le gouvernement fédéral. Monsieur Ménard fait remarquer qu'en vertu de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, le gouvernement fédéral doit assumer 60 % des coûts, alors que sa participation à ces ententes sur les services policiers autochtones se limite à 52%. Cet écart tient au fait que la part des ententes conclues ou envisagées ne relèvent pas de la Convention de la Baie James et du Nord québécois.

Décision numéro: 95-002 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 6 décembre 1994, soumis par le ministre de la Sécurité publique et portant sur des ententes sur la prestation des services policiers autochtones dans les communautés montagnaise de Betsiamites, abénaquise de Wôlinak. et naskapie de Kawawachikamach (réf.: 4-8039),

d'adopter les décrets proposés par le ministre de la Sécurité publique et la ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes concernant:

A. l'entente sur la prestation des services policiers autochtones dans la communauté montagnaise de Betsiamites,

B. l'entente sur la prestation des services policiers autochtones dans la communauté abénaquise de Wôlinak.,

C. l'entente sur la prestation et le financement des services policiers autochtones dans la Corporation du village naskapie de Schefferville.

PROGRAMME LÉGISLATIF DU PRINTEMPS 1995

Décision numéro: 95-003 Le Conseil des ministres décide: d'adopter les règles suivantes pour la session législative du printemps 1995:

A. chaque ministre qui considère essentiel de déposer ou de faire adopter des projets de loi à cette session devra acheminer au Comité des priorités, d'ici le 1er février 1995' un mémoire faisant état des projets de loi qu'il considère essentiel de présenter à l'Assemblée nationale à la session du printemps;

B. le Comité des priorités sélectionnera alors les projets de loi qu'il est nécessaire de déposer ou de faire adopter à la session du printemps;

C. par la suite, les ministères devront acheminer au Secrétariat général, avant le 1er mars 1995, leurs projets de loi sélectionnés par le Comité des priorités, accompagnés d'un mémoire au Conseil des ministres. 7

PROJET D'ENTENTE SUR DES MODALITÉS PARTICULIÈRES D'EXERCICE D'ACTIVITÉS DE CHASSE À L'ORIGNAL PAR LES HURONS-WENDAT (RÉF.: 4-8045)

Le ministre de l'Environnement et de la Faune soumet un mémoire daté du 5 décembre 1994 et portant sur un projet d'entente sur des modalités particulières d'exercice d'activités de chasse à l'orignal par les Hurons-Wendat. Ce mémoire propose l'approbation d'un projet d'entente qui vise à définir des modalités particulières afin que les Hurons-Wendat puissent exercer leurs activités de chasse à l'orignal pour la saison 1995, de permettre l'harmonisation des pratiques de chasse à l'orignal par les Hurons-Wendat avec les normes gouvernementales applicables à cette activité, de permettre le maintien de bonnes relations entre la nation Huronne-Wendat et le gouvernement du Québec et de créer un climat propice aux négociations sur l'application du traité Murray et sur l'autonomie gouvernementale.

Monsieur Brassard indique à ses collègues que la communauté des Hurons-Wendat est une communauté qui est ouverte aux discussions avec le gouvernement du Québec. Le projet d'entente proposé leur permettra d'exercer une activité traditionnelle reconnue par les tribunaux. Le territoire visé est situé dans la Réserve des Laurentides. Le maximum de bêtes qui pourront être abattues est de 48. La dernière période de la saison de chasse leur sera réservée, tandis que les autres périodes seront ouvertes à la population blanche. On ajoute également trois jours de chasse au petit gibier, de sorte que la période de chasse est d'une semaine. C'est le conseil de bande qui émettra les permis de chasse à certaines familles de la communauté. Un plan de gestion de la faune sera mis sur pied et un code de pratique sera soumis au gouvernement.

Il ajoute qu'il souhaite que le Conseil des ministres l'autorise à proposer une modification à la Loi sur la conservation de la faune, afin d'y introduire une disposition habilitante permettant de conclure de telles ententes qui prévaudront sur la réglementation en matière de chasse. Monsieur Max Gros Louis a fait accepter ce projet d'entente à ses membres. Cette entente est toutefois conclue sans préjudice aux négociations globales qui peuvent se dérouler avec ce groupe d'autochtones. Ce territoire de chasse ne pourra être revendiqué dans le cadre de ces négociations. En résumé, les activités de chasse des Hurons comportent maintenant un encadrement juridique, ce qui est une bonne chose au -plan politique. Monsieur Garon croit que le gouvernement doit examiner cette question avec prudence, car beaucoup de citoyens gagnent leur vie grâce à cette activité de chasse et perdront l'équivalent d'une semaine de revenu. Il serait souhaitable d'ajouter une semaine à la saison de chasse. Monsieur Brassard lui répond qu'il n'existe pas de pourvoirie dans le Parc des Laurentides. C'est la Société des établissements de plein air (SEPAQ) qui gère ce parc et sa perte et celle de ses employés s'établiront à 60 000 $. La Fédération de la faune et les diverses associations de chasse et de pêche ont été mises au courant de ce projet d'entente. Elles n'ont pas réagi puisqu'il s'agit de la solution la moins centestable. Les agents de la conservation de la faune seront chargés de faire appliquer la loi. Madame Dionne-Marsolais souhaite que l'on reporte la décision dans ce dossier afm de pouvoir analyser les impacts qu'une telle entente pourrait produire sur la SEPAQ. Le premier ministre indique qu'on ne peut refuser d'entendre les prétentions de la SEPAQ.

SUBVENTION VERSÉE AU FONDS DE GARANTIE DE PAIEMENT DES PRODUCTEURS DE BOVINS (RÉF.: 4-0291)

Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation soumet un mémoire daté du 12 décembre 1994 et portant sur une modification de la décision 87-320 du Conseil des ministres afin de permettre l'attribution exclusive aux producteurs de bouvillons d'abattage de la subvention gouvernementale de 450 k$ versée au fonds de garantie de paiement des producteurs de bovins. 8

Décision numéro: 95-004 Le Conseil des ministres décide: à la suite du mémoire daté du 12 décembre 1994, soumis par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et portant sur une modification de la décision 87-320 du Conseil des ministres afin de permettre l'attribution exclusive aux producteurs de bouvillons d'abattage de la subvention gouvernementale de 450 k$ versée au fonds de garantie de paiement des producteurs de bovins (réf.: 4-0291),

de modifier sa décision 87-320 du 2 décembre 1987 en y ajoutant après le sous-paragraphe D du paragraphe 2, le sous-paragraphe suivant:

"E. que cette subvention soit attribuée au crédit exclusif des producteurs de bouvillons d'abattage;".

LA SÉANCE EST LEVÉE À 12H30

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