Histoire du logis des Bourdinières

en Poitou

Jean- Michel Chassériaux le 22 Octobre 2006

Histoire du logis des Bourdinières

Le logis des Bourdinières se situe au bout d'une longue allée (voir fig.1) descendant vers une petite rivière, la Vosne1, à peu de distance du hameau de La Pagerie, sur la commune de , dans les Deux-Sèvres. Il est assis sur un affleurement rocheux à un endroit où le lit de la Vosne après avoir décrit de nombreux méandres se resserre et où le courant s'accélère. La rivière y était facilement traversable par un gué qu'il devait être aisé de surveiller depuis le logis tout en étant à l'abri des inondations.

I. Les origines

La première mention de ce logis2 apparaît en 1356. Le 22 octobre de cette année, le samedi suivant la Saint Luc, Hugues Pouvreau, chevalier, seigneur de la Barre cède à son gendre Simon Chasteigner de Riomur près la Châteigneraie-sous-Vouvent, époux de sa fille Jeanne Pouvrelle, l'hébergement des Bourdinières en la châtellenie de Lusignan, en échange des bois de la Boucherie en la châtellenie de Saint Maixent qu'il avait donnés pour assiette d'une rente de 100 sous qu'il leur avait promise lors de leur mariage (cf. Annexe I). Le versement de cette dot dut d'ailleurs être assez difficile puisque, le 7 octobre 1359, Hugues Pouvreau assignait à Simon Chasteigner la maison de la Buayllerie en échange de 40 livres de rente et de 400 livres en deniers qu'il lui avait également promis à cet effet.

Simon Chasteigner qui était vivant en 1377 eut pour enfants Simon qui épousa Catherine de Pont de Vie, Jean et Jeanne qui épousa Jean Rogre de Rouvre et hérita des Bourdinières.

Jean Rogre et Jeanne Chasteigner eurent 7 enfants. En 1383, ils cédèrent les Bourdinières à Guillaume Hervet. En 1385, Jean Rogre agissant pour le compte de son épouse et son beau-frère Simon Chasteigner conclurent un accord avec la collégiale Saint Jean de Menigoute pour être déchargés d'une rente instituée par Guillaume Pouvreau, fils de Hugues Pouvreau dont ils se trouvaient être les héritiers. Jean Rogre et Jeanne Chasteigner moururent l'un et l'autre avant 1389.

Le logis des Bourdinières devait ensuite se transmettre par héritage ou par mariage et rester dans la même famille pendant près de 450 ans (cf. Annexe II).

II. Les Hervet dit Mareschault

La famille Hervet, dit Maréchal ou Mareschault, est enracinée de la paroisse de Vasles. Ses armes sont d'azur à trois grains d'orge d'or. Il est possible qu'elle soit liée à celle de la Sayette dont le nom primitif était Maréchal3 et dont le château, encore habité par des membres de cette famille, est situé également à Vasles. Toujours dans la même commune, le hameau de la Pagerie a longtemps été le fief des Maréchaux et l'on y trouve la trace de Maréchaux, dits Felé ou Fellez, du XIVème au XVIème siècle.

1 ou Vonne 2 Alfred Richard, Archives du château de la Barre, Clouzot, , 1868. La plupart des informations antérieures au XVIIème siècle proviennent de cette source. 3 Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2 éd. par Joseph et Paul Beauchet-Filleau, Paris : Société française d'imprimerie et de librairie ; puis Fontenay-le-Comte : impr. P. et O. Lussaud frères ; puis Chef-Boutonne : J. Beauchet-Filleau, 1970 -1879.

2 1. Guillaume Hervet

Le 23 avril 1383, Guillaume Hervet, fit aveu à Raoul Bigot seigneur de la Barre-Pouvreau de l'hébergement de la Bourdinière "qui fut à Jean Rogre, valet, et tenant à l'hébergement de Jean Mollier". Guillaume Hervet est qualifié de maréchal et l'on peut penser qu'il était l'un des officiers de la seigneurie du Bois-Pouvreau. Dans un acte du 5 novembre 1391 relatif à une maison et à un verger de La Pagerie, il est fait mention du chemin allant du pont Pasger à la maison de Guillaume Ervet.

Il eut probablement pour fils Jean qui suit et Hugues qui fut prêtre et doyen à Saint Maixent et qui fonda, le 4 janvier 1433, une chapelle dédiée à saint Nicolas Dinçay dans l'église Saint Léger de cette ville dont l'entretien devait par la suite rester à la charge des seigneurs des Bourdinières.

Figure 1. L'allée des Bourdinières

2. Jean Hervet dit Mareschaut

Jean Hervet dit Mareschaut fit, le 6 août 1398, aveu à Louis Rogre, seigneur du Bois- Pouvreau, de l'hébergement de la Bourdinière, près de la Pasgerie contenant 6 sexterées de terre, soit probablement entre 4 et 5 ha.

En 1400, il émancipait son fils Geoffroy et, en 1407, assistait aux assises de la seigneurie de la Barre.

Le 26 mai 1443, Jean Hervet rendait à nouveau hommage pour la Bourdinière à Guillaume Grany, seigneur du Bois-Pouvreau.

3 Il aurait eu pour enfants au moins : 1) Guillaume Hervet qui suit ; 2) Geoffroy Hervet qui fut receveur de la châtellenie de Bois-Pouvreau et, le 30 juin 1420, donnait quittance à Pierre de Berbaen, seigneur de la Barre, des devoirs de trois hommages dus pour ladite terre ; 3) et Catherine Ervete qui suit.

3. Guillaume Hervet dit Mareschal, demeurant à , fit aveu au seigneur de la Barre de l'"erbregement" de la Bourdinière, le 23 juin 1449.

4. Catherine Ervete épousa Jean Simounea habitant Pamproux qui, en 1450, en 1455 (le 12 avril) et en 1457, à cause de sa femme rendit aveu pour l'"erbregement" de la Bourdinière. Il fit de même, le 4 février 1464 (5?), à cause d'Olivier Simounea son fils.

Le 5 janvier 1474 (5?), Pierre Symounea donna procuration à Pierre Métayer notaire4 pour rendre l'hommage qu'il est tenu de faire à la dame de la Barre-Pouvreau pour l'"erbregement" de la Bourdinière.

Le domaine revint dans une branche masculine de la famille avec

5. Jean Hervet, écuyer et seigneur de Beauvoir près de Ménigoute, fut capitaine du château de de 1461 à 1473 et de 1477 à 14835. Le 26 juin 1477, il donna procuration à Pierre Métayer et à Jacques et Regnault Hervet, ses fils, pour l'aveu qu'il devait l'"erbergement" de la Bourdinière, aveu qui fut rendu le lendemain 27 juin. Jacques Hervet, seigneur d'Avanton, près de Poitiers, est à l'origine de la branche des Hervet dite de la Viaudière.

6. Regnault Hervet, seigneur de Beauvoir, rendit aveu à la dame de la Barre-Pouvreau pour l'hébergement de la Bourdinière, le 22 décembre 1484. Il échangea, le 19 septembre 1485, une maison appelée la Clementerie, près de Beauvoir, acquise d’André Olivier qui la tenait de Pierre Métayer contre le champ de la Vergne près de Beauvoir. En 1486, il participa aux assises de la Barre. Sous le nom de Ervet, habitant la seigneurie de Bressuire, il servit en archer au ban des nobles du Poitou de 1491 en remplacement de son frère Jacques qui était alors à Saint Jacques. Il est le père de Jean Hervet qui suit

7. Jean Hervet participa aux assises de la Barre en 1508. Il est encore probablement mineur en 1515 lorsque l'aveu dû pour la Bourdinière est rendu par Charles du Chilleau mais c'est en personne qu'il rend ce même aveu, le 23 juin 1517. Il assiste aux assises de la Barre en 1519 et rend à nouveau aveu pour l'"erbergement" de la Bourdinière, le 20 juin 1540. À cette date, le domaine est dit contenir 110 septerées de terre, soit de 80 à 90 ha, ce qui est tout à fait considérable. Il n'eut qu'une héritière, sa fille Marie Hervet, qui épousa Jacques Ribier.

III. Jacques Ribier et Marie Hervet

Jacques Ribier, seigneur des Vallées à Champigné Saint Hilaire dans la Vienne, apparaît en 1559 dans un acte au greffe du Bois-Pouvreau comme seigneur de la Bourdinière. En 1565 et 1566, il donne procuration pour rendre l'aveu qu'il doit pour la Bourdinière. Le 12 mai 1570, puis le 27 novembre 1578, il rend aveu au seigneur de La Barre pour le fief voisin de Lairauldière "avec son froustis et masurault qui autrefois fut en maison…"

Le 27 septembre 1578, Jacques Ribier seigneur des Vallées et des Bourdinières, administrateur de ses enfants de feue Marie Hervet, seule héritière de Jean Hervet, rendait également aveu au seigneur de la Barre-Pouvreau pour l'hôtel et "herbergement" des Bourdinières. Il servit comme homme d'armes dans la compagnie du comte de Lude qui commandait en Poitou pour Henri III.

4 et receveur de la Barre Pouvreau de 1478 à 1480. 5 Chartrier de Saint Loup, Inventaire sommaire des archives départementales des Deux-Sèvres, p. 123, Nicolas, Niort, 1926.

4

En 1578, il effectuait également une déclaration au sieur de La Barre pour les deux domaines proches de la Bourizière et la Touche Moilher.

Il eut pour seule héritière sa fille Hélène qui épousa Pierre de Lauriere.

Jusqu'en 1578, la Bourdinière est qualifiée d'hébergement et, même si de 1398 à 1540, la superficie des terres qui en dépendent à été multipliée par 20, il faut constater que bien souvent ses seigneurs n'y habitent pas et donnent, dans l'énoncé de leurs titres, priorité à d'autres lieux sans doute plus prestigieux. L'apparition de la mention "hôtel" en 1578 et le passage de l'appellation, « la Bourdinière » à « les Bourdinières » peuvent donc correspondre à une première phase de travaux que l'on peut probablement localiser dans la partie ouest du logis actuel et dater entre 1540 et 1578. Auparavant l'hébergement pouvait se limiter à une simple pièce (la cuisine actuelle du logis ou peut-être l'étable désignée comme la vieille maison dans un inventaire de 1660) et à quelques toits et bâtiments d'exploitation autour d'une cour.

IV. La famille de Laurière

La famille de Laurière (ou Lorriere ou Laurrière) était une vieille famille de Saint Jean d'Angely qui fut maintenue dans les privilèges de sa noblesse par une sentence rendue en l'élection de Saint Jean d'Angely, le 19 décembre 1591. Les liens de cette famille avec la famille de Lauriere présente en Périgord, en Angoumois, en Limousin et dans la Marche et dont l'une des branches acquit une notoriété certaine sous le nom de Pompadour sont probables mais ne sont pas établis. Tout au plus peut-on remarquer que le lion léopardé qui apparaît dans les armes de la branche aînée de la famille périgourdine6 se retrouve dans celles de la famille poitevine : d’azur à 3 fasces d’argent au croissant montant de même sur le canton dextre au lyon passant d’or lampassé de gueule dessous la première fasce7 . Par contre, la parenté avec les de Laurière seigneurs de Luçon dont les armes sont très proches paraît plus probable

Par ailleurs, il existait, dans la paroisse voisine de Chantecorps, un hameau nommé Laurière doté d'une chapelle qui dépendait de la cure de Ménigoute et l'on rencontre des de Laurrière à Chantecorps, de condition modeste il est vrai, du XVIème au XVIIIième siècle sans qu'il semble y avoir de relations avec les possesseurs des Bourdinières. Ainsi, en 1519-1520, Antoine, Jean, Simon et François de Laurryère rendirent aveu au seigneur de la Barre- Pouvreau pour l'hébergement de la Maison Neuve et, en 1524, François de Laurrière fils de Simon assistait aux assises de la Barre.

Enfin, il est également fait mention d'une métairie appelée l'Aurière à Saint Aubin le Cloud et d'une métairie noble du nom de Laurière près de dont le propriétaire était Charles Rousseau en 1639 et René Cossin en 1722.

1. Pierre de Laurrière était le fils de Christophe de Laurrière, écuyer, seigneur du Mougon, de La Braudière etc et de Marthe Guischard8 qu'il épousa, par contrat en date du 15 juin 1557, signé Mensac, notaire à Saint Jean d'Angely. Sa mère était elle-même la fille d'Etienne Guischard et de Marguerite Hervet de sorte qu'Hélène Ribier et Pierre de Laurrière étaient probablement parents. Christophe de Laurrière épousa en secondes noces, Marguerite de Villeneuve et, en troisièmes noces, le 8 décembre 1592, Florence de Marsay. Par ailleurs, il faut noter que parmi les huguenots qui prirent la ville de Saint Maixent, le 22 juillet 1574, on comptait un capitaine de Laurrière qui fut hébergé du 22 au 24 de ce mois par Michel le Riche9.

6 Anonyme, probablement par Jean de Laurière, Histoire de la maison de Laurière, Badoit, Cognac, sans date. 7 A. Gouget, Armorial du Poitou, Brissaud, Poitiers, 1994 8 Allard de la Resniere, Généalogie historique de la noble et ancienne maison de Joubert en Poitou; Paris, 1782. 9 A. D. de la Fontenelle de Vaudoré, Journal de Guillaume et de Michel Le Riche, Reversé, Saint Maixent, 1846.

5 Quant à Pierre de Laurrière, il épousa Hélène Ribier à Saint Jean d'Angely par contrat en date du 23 mai 1591 reçu par Berthoumé, notaire à Saint Jean d'Angély10. Ils eurent pour enfants : 1) Jean Eléazar qui suit; 2) René qui suit ; 3) Élie qui était décédé en 1629; 4) Jeanne qui épousa Anthoine du Clair, seigneur de la Roche Piquet.

En 1601, Pierre de Lorriere, seigneur de la Pollytiere et des Bourdinières participait aux assises de la Barre et, en juillet de cette année, rendait en son nom et en celui d'Hélène Ribier sa femme aveu pour l'hôtel et maison noble des Bourdinières et pour le fief de Léraudière.

En 1602, il entreprit un dénombrement des Bourdinières. Ses héritiers s'accordèrent sur sa succession le 25 septembre 1604 mais Hélène Ribier géra les biens de la famille jusqu'à sa mort avant 1626.

2. Jean Eléazar de Laurrière était mineur à la mort de son père. Il reçut le 2 juin 1626 déclaration roturière de Jacques Boucauld pour le fief de la Bebynière. Il est alors seigneur du Fresne, des Bourdinières, de la Touche Molhier, de la Bebyniere, de l'Ayraudière et de la Borde.

Le 13 janvier et le 27 mars 1628, Jean Eléazar, René et Elie de Laurrière ainsi qu’Anthoine du Clair, époux de Jeanne de Laurrière se partagent les biens de leur père. Le 8 janvier 1629, Jean Eléazar, René et Jeanne de Laurrière s'accordent sur la succession de leur frère Elie qui a donc dû décéder sans enfants entre ces deux dates. Le 7 juin 1629, Jean Eléazar rendait hommage pour la Pollytière. Le 16 juin 1632, le sieur de Chasteigner, marchand à Jazeneuil, lui intentait un procès.

Figure 2. Les granges

10 Archives départementales de la Vienne (ADV), Archives Joubert, En 1951-1959. La plupart des informations relatives au XVIIème et XVIIIème siècle proviennent de cette source et des registres paroissiaux.

6 La famille fut maintenue noble par une sentence donnée en la Cour ordinaire de l'élection première et principale de Poitiers, le 30 juin 1634.

Jean Eléazar ne semble intervenir dans la gestion de ses biens qu'après le décès de sa mère et en particulier entre 1630 et jusqu'en 1637, période pendant laquelle il achète ou échange divers biens. Il décède sans enfant avant 1640.

Figure 3. La porte du logis

La seconde phase de travaux aux Bourdinières qui voit le prolongement vers l'Est du logis et l'agrandissement de la cour dans cette même direction avec la construction d'un nouveau mur de clôture percé d'une porte cochère et d'une porte piétonnière et cantonné de deux tourelles décoratives pourrait dater de la fin du XVIième siècle ou du premier quart du

7 XVIIième siècle. Les parentés stylistiques avec le logis voisin de Paulier daté de 1623 et bâti par la famille Pidoux, la multiplication des transactions financières entre 1618 et 1637 et la présence des armes de la famille de Laurière au-dessus de la porte d’entrée du logis vont dans ce sens. La grange centrale citée dans un inventaire de 1660 (cf. Annexe II) et dont l'entrée se situe exactement au centre du mur Ouest peut également en faire partie. Cependant les tourelles ne sont pas mentionnées dans l'inventaire de 1660 (pas plus que les deux cabinets d'angle et la pièce centrale de la façade du logis donnant sur la prairie) ce qui laisse planer un doute sur leur attribution à cette seconde phase de travaux.

3. René de Laurrière est le "principal héritier" de son frère Jean Eléazar dont la succession est réglée le 9 mai 1640. L'année suivante, le 4 novembre 1641, par contrat passé devant M Durinaud notaire à Aubigné, il épouse Marie de la Chaussée. Celle-ci était la fille de Jacob de la Chaussée, écuyer, seigneur de Champ Margou, Bournezaux etc et de Catherine de l'Isle. Marie de la Chaussée avait été baptisée le 5 novembre 1625 à Augé et devait décéder à Saint Maixent avant 1698.

Dans les années 1640, René de Laurrière prête diverses sommes d'argent à des marchands ou des artisans locaux dont il a parfois du mal à se faire rembourser. Il achète également quelques terres. Il rend hommage pour les Bourdinières le 28 avril 1643 et le 12 juillet 1643.

Outre l'Ayraudière et la Touche Molhier, il possédait à cette époque les terres de la Borde, la Channelle, la Bernardière, le Coulombier, la Veserne, la Bebinière et Souillault, ainsi qu’au moins une maison à la Pagerie. En effet, pour un bien de ce type, on note sans qu’il soit assuré qu’il s’agisse du même objet : - le 1er août 1647, un bail ; - le 15 juin 1650, une déclaration roturière de François Guérin à cause de sa seigneurie de la Touche Molhier ; - et, le 31 août 1650, une hypothèque.

À Coutières, il est parrain de Françoise Bourdon, le 7 mai 1656 et de René Galard, le 14 octobre 1657. À cette occasion, il est présenté comme chevalier de Malte.

Il eut notamment comme enfants : 1) Gaspard, né en 1643 mais baptisé après la mort de son père, le 5 décembre 1660, à Coutières et qui suit ; 2) Louise Hilaire, baptisée le 14 novembre 1649 en l'église de Coutières et inhumée en ce même lieu le 12 février 1692 ; 3) Un enfant enterré le 9 février 1650 à Vasles, âgé de 15 jours ; 4) Charles, décédé avant 1667 ; 5) Louis, décédé après 1667 ; 6) Suzanne baptisée en même temps que Charles et Louis le 15 février 1654 à Coutières ; 7) René, baptisé le 5 septembre 1656 à Ménigoute et enterré le 21 mars 1662 à la chapelle de la Pagerie ; 8) Marie, née en 1656 et baptisée le 13 octobre 1658 à l'age de 2 ans dont le parrain est François du Chilleau et qui épousa Guillaume de Conty le 14 avril 1698 à Augé ; 9) Marie-Anne, née en 1659 et qui épousa René Joubert11 par contrat reçu par Roulleau et Rondier, notaire du Bois-Pouvreau, le 13 avril 1694. Le mariage fut célébré le même jour à Sanxay. Elle fut inhumée le 30 août 1718 à Cissé ; 10) Pierre, né en 1658 et baptisé le 20 décembre 1660 à Coutières qui suit.

La plupart de ses enfants furent baptisés à un age relativement avancé et leurs parrains et marraines appartenaient tous à la famille de leur mère ce qui laisse supposer que René de

11 René Joubert seigneur de la Chaillerie, de la forteresse ou bastion d'Ambrette en Anjou, etc, était le 3ème fils de François Joubert, seigneur du Puy de Marigny, du Peux de Cissé, etc, capitaine au régiment de Miromesnil et de Françoise Jouslard d'Ayron. Il était né en 1670 et avait donc 11 ans de moins que son épouse. Il fut officier au régiment d'Ile de dont son oncle Philippe Jouslard était lieutenant colonel.

8 Laurrière était protestant alors que Marie de la Chaussée était catholique. La dispersion des lieux de baptêmes alors que la chapelle de la Pagerie était encore utilisée va dans le même sens.

Il meurt d'une longue maladie en août 1660 aux Bourdinières. Depuis 1643, il tenait un journal qui a été perdu mais qui à sa mort comptait "neuf vingt-quatre" feuillets.

Le 1er septembre 1660, un inventaire de ses biens est dressé qui donne une description relativement précise du logis et de ses dépendances ainsi que de leur contenu qui apparaît relativement modeste (Cf. annexe II).

4. Gaspard de Laurrière était mineur au décès de son père et ne semble guère avoir marqué l'histoire du logis. Il est choisi comme parrain de plusieurs enfants : 1) Gaspard Baslard, baptisé le 26 août 1662 dans l'église de Coutières, 2) Gabriel Bonnaud, le 28 octobre 1664, à Vasles, 3) Darot ( ?), le 2 décembre 1665, à la chapelle de la Pagerie, 4) Jacques Ripault ( ?), le 18 juillet 1666, à Coutières.

Sa famille est déclarée noble par une ordonnance de M de Barentin en date du 10 décembre 1667 alors qu'il est encore sous la tutelle de sa mère tout comme ses frères Pierre et Louis et ses sœurs, Marie, Louise Hilaire et Marie-Anne.

Le mercredi 5 février 1676, François du Chilleau est désigné comme curateur pour Marie- Anne, Marie et leur frère Pierre par un acte de curatelle fait devant Pierre Pavin conseiller du Roi, Lieutenant général civil au baillage de Saint Maixent au palais royal dudit lieu. Gaspard de Laurrière meurt sans enfants et est inhumé dans l'église de Vasles, le 6 juillet 1682.

6. Pierre de Laurière et Catherine Pidoux

Pierre de Laurière né en 1658 hérite des Bourdinières à l'age de 24 ans, à la mort de son frère aîné, Gaspard. Le 7 avril 1686, il est parrain de Pierre Doucet, baptisé à Coutières. Par contrat du 23 novembre 1690 (Gaultier et Decressac, notaire à Poitiers), il épousa Catherine Pidoux12. Le mariage fut célébré le 28 novembre 1690, en la chapelle du Chilleau à Vasles.

Catherine Pidoux, baptisée le 14 septembre 1656 en l'église Saint Paul de Poitiers était issue d'une grande famille poitevine. C'était la fille de Charles Pidoux, écuyer, seigneur de Polié et de Louise de Lauzon et la petite fille de François Pidoux, docteur en médecine de la Faculté de Poitiers, médecin de Louis XIII, recteur de l'Université de Poitiers en 1619, maire de Poitiers en juin 1631 et doyen de la faculté de médecine en 1652. François Pidoux décède le 7 septembre 1663. Auparavant, le 23 avril 1651, il avait donné à son fils Charles la propriété du fief de Polié proche des Bourdinières et dont il avait rebâti le logis en 1623. Sa sœur Françoise avait épousé Charles de la Fontaine et était la mère du fabuliste Jean de la Fontaine qui, en 1663, traversa le Poitou où il rendit visite à sa famille.

Charles Pidoux meurt en 1680 et ses biens sont partagés entre ses 7 enfants, le 13 juin 1688. Ils comprennent: la seigneurie de Polié, la seigneurie de la Vallée du Tillou, la métairie noble de la Porte, la métairie noble de la Maison Neuve, la métairie noble de la Grande Maison, le fief de la Mothe de la Plaigne, la métairie des Batellières, la métairie de la Chateigneraye et la métairie noble de la Servellière.

Le 22 novembre 1694, Pierre de Laurière rendait aveu pour l'Erodiere et pour l'hôtel et maison noble des Bourdinières et, le 25 novembre 1695, pour la Touche Molhier.

Le 7 septembre 1695, sa fille Marie Radegonde était baptisée, à Coutières. Le parrain était Etienne Constant seigneur de la Ganterie, époux Marie-Angélique Pidoux, sœur de Catherine Pidoux, et la marraine Marie de Laurière, sœur de Pierre. Les liens entre les familles Pidoux et de Laurière dont les propriétés étaient voisines devaient être assez étroits puisque, le 25 février 1694, Marie-Anne de Laurière était marraine de Jean-François Pidoux, fils François

12 S. Pidoux de la Maduère, Les ancêtres poitevins de Jean de la Fontaine, Le Perreux, 1964

9 Pidoux de Pollyé et de Françoise Dousset et que Catherine Pidoux était la marraine de Catherine, sœur de Jean-François ; ces deux baptêmes ayant eu lieu en l'église Saint Porchaire à Poitiers.

Le 7 novembre 1695, il rendait aveu pour l’Ayraudière et, le 11 novembre 1699, avec Georges de Conty seigneur de la Poitevinière et époux de Marie de Laurrière et René Joubert, seigneur de la Chaillerie et époux de Marie-Anne de Laurrière, il demandait un arpentement dans les villages de la Laurencière et Lesmerières afin d'établir la portion qu'ils doivent dans les rentes nobles dues par ces tènements à la seigneurie des Touches .

Il meurt le 7 juin 1702 et est enterré en l'église de Coutières.

7. Catherine Pidoux et Marie Radegonde de Laurière

Après la mort de son mari et jusqu'à sa mort survenue le 21 janvier 1719 dans la paroisse Saint Paul de Poitiers, Catherine Pidoux assura la tutelle de sa fille Marie Radegonde et la gestion de ses biens dont les Bourdinières.

Elle et sa fille étaient déclarées nobles et filles de noble par une ordonnance datée du 3 mars 1715 et signée de M de Richebourg.

Elle rendait aveu comme tutrice de Marie Radegonde sa fille pour l'hôtel des Bourdinières avec ses dépendances de fuie, garennes, prés, bois … dont dépendent la Bourazière et le champ de la Touche le 16 avril 1718 et, le 26 de ce mois, elle faisait de même pour l'Erodière qui fut autrefois maison… Cette même année, un dénombrement des Bourdinières était effectué par Me Roulleau, notaire à Sanxay.

Figure 4. La cour d'honneur13

13 Le hangar à gauche du porche remonte probablement à la fin du XIXième siècle.

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C'est en 1718 qu'il est pour la première fois fait mention d'une fuie qui n’était pas mentionnée dans l'inventaire de 1660. Elle a donc dû être construite entre ces deux dates. L'examen des photographies aériennes révèle dans le jardin du logis une trace parfaitement circulaire qui peut correspondre à cet édifice. Il est possible que la troisième phase d'agrandissement des Bourdinières qui, outre la construction de la fuie, voit l'agrandissement du logis qui atteint sa taille actuelle, la construction du porche de la cour intérieure ainsi que des bâtiments qui entourent la cour extérieure, c’est-à-dire : la chapelle, l'écurie, la clôture du jardin et l'ensemble dit de "la cour aux chiens" date des premières années du XVIIIème siècle. On note en effet des parentés avec les très importants communs du château voisin du Plessis- Cherchemont qui entre 1700 et 1717 appartenait à Samuel Bernon, Président-Tresorier de France au Bureau des finances de Poitiers. Ces travaux ont pu être complétés par le réaménagement de l'intérieur du logis. Les sols sont alors revêtus de carreaux de terre cuite. La grande salle et la chambre principale sont dotées de cheminées en bois prolongées par des lambris.

Figure 5. Le porche côté cour intérieure

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V. La famille Garnier

1. Alexandre Garnier et Marie Radegonde de Laurière

Alexandre Garnier était né le 27 juillet 1692 de Charles Garnier, seigneur de Brieuil et de Rochevineuse, capitaine dans le régiment d'infanterie Dauphin et d'Elisabeth de Bardonin. Il fut baptisé le 24 septembre suivant à Chenay.

Il épousa Marie Radegonde de Laurrière le 24 août 1722, en la chapelle de la Pagerie. La bénédiction nuptiale fut donnée par Charles Pidoux, prêtre religieux sacristain de l'abbaye de Montierneuf à Poitiers et oncle de la mariée.

Il rendit hommage lige au château de Lusignan pour son fief de Brieuil, le 17 juin 1726.

En 1727, Pierre-Louis Légier seigneur de la Barre intenta un procès contre Georges de Conty, veuf de Marie de Laurière, Alexandre Garnier, mari de Marie Radegonde de Lauriere et René Joubert, veuf de Marie-Anne de Lauriere, sur le refus fait par lui de reconnaître l'arpentement de la Laurencière effectué le 11 novembre 1699, pour n'en avoir pas été partie.

Marie Radegonde de Laurière devait décéder peu de temps plus tard car, le 10 juin 1728, Alexandre Garnier, comme administrateur de ses enfants et de feue Radegonde de Laurrière, rendait aveu au seigneur de la Barre-Pouvreau pour son hôtel noble des Bourdinières et pour son fief et tènement de Lairaudière qui fut autrefois maison…

Ils avaient eu pour enfants : 1) Alexandre, né en 1722 et inhumé le 4 septembre 1732 en la chapelle de la Pagerie ; 2) François Louis, né aux Bourdinières et baptisé le 12 décembre 1723 en l'église de Coutières et qui suit ; 3) Marie, née aux Bourdinières et baptisée le 29 mars 1726 en l'église de Coutières ; 4) Pierre, seigneur de Brieuil qui, le 6 juillet 1731, à cause de Radegonde de Laurière sa mère apparaît dans la succession de Charles Pidoux et de Louise de Lauzon14, mais qui était probablement décédé avant 1765.

Il semble avoir été assez procédurier puisque l'on note : - en 1723, un procès avec le chapitre de l'abbaye de Ligugé; - en 1724, un procès intenté contre Pierre Estanard15, laboureur fermier de la Touche qui aurait pris plusieurs bestiaux à Mademoiselle de Laurière, procès qui trouvait une issue en 1727; - en 1726, un procès intenté contre René Meneteau etc au sujet de la vente d'une rente à René de Laurriere en 1654; - en 1729, un procès au nom de son épouse contre Jean Meneteau, bordier et Charles Giraudeau qui ne devait être conclu que 20 ans plus tard, en avril 1748, par son fils François.

Le 30 novembre 1736, il assistait à l'enterrement de François d'Argens à Coutières. Alexandre Garnier était également seigneur du Puy Belin à Terves, près de Bressuire pour lequel il rendait aveu en 1738. Il devait y décéder le 9 juillet 1743 et être enterré le lendemain à Terves.

2. François Louis Garnier assiste, le 4 septembre 1732, à l'enterrement de son frère Alexandre à la Pagerie. Le 13 janvier 1736, sieur de Chambord, il est parrain de Louise Bouchet à Coutières et toujours à Coutières, mais cette fois, sieur de Chambord et des Bourdinières il est, le 12 novembre 1736, parrain de François Louis Marie Butet. Son père, Alexandre, pourrait donc lui avoir dès cette date légué les Bourdinières.

14 Beauchet-Filleau, op. cit. 15 Pierre Estanard est le contribuable de la Pagerie, le plus fortement imposé à la taille pour les années 1721 à 1725.

12 Le 11 avril 1749, il donne à bail une pièce de pré à Chantecorps. Le 11 août 1749, seigneur du Puy Belin, il fait une déclaration relative à des biens situés à Chantecorps et reçus de l'abbaye des Châteliers. Le 17 août 1750, il accorde un bail pour une pièce de terre labourable et, le 15 juillet 1761, il fait de même pour une borderie située à la Guérinière. Dans tous ces actes, il est dit demeurer aux Bourdinières.

En 1764 et 1765, il rend hommage pour l'hôtel noble des Bourdinières et pour l'Airaudiere.

Il fut inhumé en la chapelle des Bourdinières avant 176716 et, demeuré sans enfants, ses biens revinrent à ses cousins, les enfants de Marie-Anne de Laurière et de René Joubert. Après sa mort, les Bourdinières ne furent plus occupées qu’occasionnellement par leurs propriétaires à l'exception d'une courte période entre 1840 et 1850.

VI. La famille Joubert

La famille Joubert est une très ancienne maison du Poitou dont l'origine peut être tracée jusqu'au douzième siècle. Elle porte pour armes : trois tours d'or maçonnées de sable en champ de gueules. Elle a donné naissance à de nombreuses branches dont celles de la Gourjaudière et de Cissé intéressent plus particulièrement les Bourdinières.

1. François Joubert de la Gourjaudière

Du mariage de Marie-Anne, fille de René de Laurrière, avec René Joubert17, naquirent: 1) François, baptisé à Cissé (comme les suivants) le 5 juillet 1695 et inhumé le 24 août suivant à Cissé également ; 2) Marie Madeleine, baptisée le 5 novembre 1696 et mariée le 17 juillet 1726 à son cousin Joseph Joubert, sieur du Peux de Cissé, sous brigadier de la compagnie des gardes de la marine du département de Toulon. Il mourut le 12 février 1776 en son château de Cissé. Ils eurent dix enfants dont neuf moururent en bas âge, ne laissant que François Joseph qui suit. Marie Madeleine Joubert mourut veuve au château de Cissé, le 27 mai 1780 ; 3) René, baptisé le 3 mai 1699 et décédé avant 1768 ; 4) François, baptisé le 10 mai 1702, seigneur de la Gourjaudière dont nous allons parler ; 5) Marie-Anne, née le 8 avril 1706, dame d'Ambrette mariée le 8 mars 1734 à Bonaventure Jouslard, seigneur de Pons. Celui-ci fut inhumé à Cissé le 6 juillet 1741. Ils eurent deux filles qui se firent religieuses et dont la succession fut partagée entre leur oncle François et leur tante Marie Madeleine, le 20 août 1742. Marie-Anne Joubert fut inhumée à Bournezeaux, paroisse d'Amberre, le 17 octobre 1781.

François Joubert, seigneur de la Gourjaudière, des Bourdinières, de la Touche Mollier, la Borde, les Grands Peux de Liaigues en Anjou etc, épousa, par contrat18 reçu le 25 juin 1737, Marie Le Bault, fille de Charles, écuyer, seigneur de la Grange et de Marie d'Ellene. La cérémonie religieuse eut lieu le même jour en l'église Notre Dame de Champigny-le-Sec.

Le 16 mars 1741, à Cissé, il assistait à l'enterrement de son père René. Il servit au ban du Poitou de 1758 dans l'escadron de Boisragon, brigade de Brossard.

En 1767, il héritait avec ses sœurs Marie Madeleine et Marie-Anne des biens de François Garnier et, en particulier, pour un tiers, des Bourdinières, de la Touche Mollier et de la Borde. Le partage fut effectué le 1er février et les droits de succession payés le 13 juillet de cette année.

16 Un fragment de sa pierre tombale est inséré dans le sol du vestibule du logis 17 cf. supra 18 Vergnault, notaire à Mirebeau, Archives Joubert, ADV, En 1952.

13 Il est probable que François Joubert résida peu aux Bourdinières préférant demeurer à Cissé. En 1768 et en 1770, il rendait hommage au seigneur de la Barre-Pouvreau pour l'hôtel noble des Bourdinières et pour l'Airaudière.

Devenu veuf en 1770, il se remaria, le 10 juin 1772, à l'age de 68 ans, avec Marie Radegonde Boutin âgée de 32 ans. La cérémonie eut lieu dans l'intimité, en l'absence de tout membre de sa famille, en la chapelle des Bourdinières où il est dit habiter. Le contrat correspondant fut reçu le 18 juin 1772 par Parnaudeau, notaire à Sanxay19 puis modifié le 17 septembre suivant. En reconnaissance des « bons soins » qu’elle lui avait prodigués, François Joubert accordait à sa future épouse au cas où il viendrait à mourir avant elle : - une rente viagère de 300 livres ; - l’usufruit de la maison du Cloux de Cissé où elle pourrait continuer d’habiter et disposer de ses meubles et de l’argenterie ; - une somme de 1 000 livres ; - et diverses terres.

En 1775, il affermait les Bourdinières à Pierre Aubin, marchand demeurant à Latillé et dont la famille devait jouer un rôle important dans l'histoire de ce logis. Le 12 février 1776, il assistait à l'enterrement de son beau-frère, Joseph Joubert, à Cissé.

François Joubert mourut au Cloux de Cissé, le 1er octobre 1778 et fut inhumé le lendemain dans le cimetière de cette paroisse et non comme ses ancêtres dans l'église en raison de la déclaration du roi du 10 mars 1776.

Son héritage suscita quelques convoitises. Dès le lendemain de sa mort, le sieur de Vaucelle de la Razillère, se prétendant créancier vint visiter son domicile suivi quelques jours plus tard de Joseph Joubert, son petit-fils, qui pria Marie Boutin d’aller chercher abri ailleurs. Pierre André de Vaucelles était le gendre de Marie Gabrielle Le Bault, sœur de Marie Le Bault, première épouse de François Joubert et pensait que ses enfants pouvaient avoir quelques droits sur la succession de leur grand-tante.

Le 25 octobre, Jarassé, notaire à Etables et Vouillé procéda, à la requête de François Joseph et de Marie-Anne Joubert à la vente des meubles du défunt. Le 27 octobre, il en remit le produit soit environ 1200 Livres à Marie Boutin et les scellés furent posés le 28 octobre. La succession fut partagée le 1er décembre 1778 et les droits réglés le 15 mars 1779. Finalement, la propriété du tiers des Bourdinières reçue de François Garnier revint à parts égales à ses sœurs. Mais, le 13 avril 1779, Marie-Anne Joubert, considérant qu’une division des biens de François Joubert serait préjudiciable à tous cédait sa part à sa sœur Marie Madeleine contre une rente de 100 Livres et en faisait son unique héritière20. Celle-ci obtenait ainsi la pleine propriété des Bourdinières

La veuve de François Joubert, Marie Boutin, intenta, le 9 janvier 1779, un procès contre Marie-Anne Joubert, Marie Madeleine Joubert et Joseph Joubert de Cissé demandant la jouissance des biens de feu son époux qui lui avait été accordée par son contrat de mariage. Le jugement rendu le 28 septembre 1780 lui donna largement raison. Elle obtint notamment une rente de 200 Livres gagée sur les Bourdinières et l’usufruit de la maison du Cloux de Cissé.

Elle se remaria avec François Roturier, dit Musique, menuisier qui, pendant toute la période révolutionnaire, fût adjoint au maire de Cissé. Il fut également témoin au mariage de Joseph Joubert (cf. infra) avec Marie Madeleine Ouvrard et à la naissance de leur seconde fille Radegonde Julienne. Le 27 août 1806, il légua l’usufruit de tous ses biens à sa femme. François Roturier décéda le 29 avril 1809 à l’âge de 64 ans chez sa femme au Cloux de Cissé. Quant à Marie Boutin, elle décéda le 19 avril 1833 à Cissé à l’age de 93 ans dans la maison d’Henry Chambourdon (cf. infra).

19 Archives Joubert, ADV, En 1952. 20 Jarasse, notaire à Vouillé, ADV, 4 E 51/16.

14

2. François Joseph Joubert

François Joseph Joubert, baptisé le 20 septembre 1730, à Cissé était le fils de Marie Madeleine Joubert et de Joseph Joubert. Il servit comme lieutenant au régiment du Limousin et, au ban du Poitou de 1758, dans l'escadron de Vassé, brigade de Crugy-Marcillac.

Il épousa par contrat reçu le 7 février 175521, sa cousine Marie Radegonde Bergier née à Vouillé le 10 janvier 1728 et Mathieu Bergier de la Grand Maison et de Marie Caillet, Dame du Plessis-Viette et d’Yssé. La cérémonie religieuse eut lieu le 9 février à Cissé où tous leurs enfants furent baptisés : 1) Joseph, le 29 novembre 1756 et qui suit ; 2) Marie Madeleine, le 3 avril 1758 et inhumée le 9 juillet suivant ; 3) Marie-Thérèse, le 15 octobre 1759 et inhumée le 10 janvier 1760 ; 4) Marie Gilberte, le 18 février 1762 et décédée avant 1782 ; 5) Marie-Anne Rosalie, le 26 août 1763 et inhumée 3 jours plus tard ; 6) Jacques Félix, le 20 novembre 1764 et qui suit ; 7) Marie Modeste, le 20 février 1768 et qui suit ; 8) Marie -Anne Suzanne, le 11août 1770 et inhumée le 8 août 1776.

En novembre 1779, il rend hommage au seigneur de la Barre-Pouvreau pour les Bourdinières. À la mort de sa mère, il en hérite de la moitié et il fait effectuer un dénombrement.

A la fin de sa vie, il était hydropique et en désespoir de cause, le chirurgien de Vouillé qui le soignait, René Marie Deribéré22, fit appel à son confrère de Mirebeau, Ayrault qui lui conseilla une première fois, les « pilules toniques du docteur Bacher" puis, la seconde fois, une purge composée de tous les laxatifs, purgatifs et drastiques connus et imaginables, sans grand résultat semble-t-il.

François Joseph Joubert, seigneur de Cissé, les Bourdinières, l'Ayraudière, la Borde Bébinière, la Touche Mollier, Yssé, le Plessis Viette, Surgère, Ambrette et pour moitié des Grands Peux de Liaigues, seigneur patron fondateur de l'église Saint Pierre de Cissé, fondateur collateur des chapelles de Saint Nicolas Dainçay à cause de sa terre des Bourdinières et de Saint Pierre de Couhé à cause de sa terre d'Yssé fut inhumé dans le cimetière de Cissé le 22 octobre 1782 en présence de ses enfants et d'une assistance nombreuse parmi laquelle il faut noter la présence de Jean-Jacques Allard de la Resnière, membre de plusieurs Académies, avocat au présidial de Poitiers, juge sénéchal de la moyenne justice du Peux de Cissé par lequel il avait fait établir la généalogie de sa famille publiée à Paris, en 1782 ainsi que de Jean- Baptiste Fradin, procureur fiscal de ladite juridiction et au présidial de Poitiers.

Il laissait pour héritiers ses trois enfants survivants : Joseph, Jacques Félix et Marie Modeste qui demandèrent, le 14 décembre 1782 qu'un inventaire de ses biens soit effectué, ce qui fut fait le 19 décembre 178223. Joseph Joubert, « principal héritier » reçut ainsi les deux tiers des Bourdinières24, son frère Jacques Félix et sa sœur Marie Modeste chacun un sixième. Marie Radegonde Bergier décéda le 17 mai 1812, à Cissé, chez son fils Joseph, son seul héritier

21 Me Guérin, notaire à Chénéché, Archives Joubert, ADV, En 1952. 22 Emmanuel Guérin, les chirurgiens de campagne au XVIIIème siècle en Poitou, Texier, Poitiers, 1919. 23 Bourbeau et Ribault notaires à Poitiers, Archives Joubert, ADV, En 1952. 24 Selon la coutume du Poitou codifiée en 1514, l'aîné recevait les deux tiers des biens nobles, les biens roturiers étant partagés également entre tous les enfants

15 3. Joseph Joubert de Cissé

Joseph Joubert de Cissé fils aîné de François Joseph de Cissé fut baptisé comme on l'a vu le 29 novembre 1756 à Cissé. Il se maria quatre fois :

1) le 2 juin 1778, en l’église Saint-Porchaire de Poitiers, avec sa cousine Marie-Anne Radegonde de Savatte25, fille de Pierre, chevalier, seigneur de la Ressonière et de Marie Le Texier. Elle donna naissance, le 12 mars 1779, à Cissé, à une fille Marie Louise Henriette. Ni la mère ni l'enfant ne survécurent. La mère mourut le 19 mars à l'age de 24 ans et la fille le 25 suivant. Elle avait rédigé, le 12 février 1779, un testament en faveur de son mari.

2) le 19 mai 1788, à Jardres, avec Jeanne-Louise du Vigier de Mirabal, fille Jean-Marie seigneur de Mirabal et Madeleine-Marguerite de Beaufort. Le mariage ne semble guère avoir été heureux puisque, dès 1793, Joseph avait probablement pour maîtresse Marie-Madeleine Ouvrard qui devait devenir sa troisième femme. Jeanne-Louise du Vigier retourna vivre chez ses parents aux Fontenelles à Jardres et le divorce fut prononcé le 18 germinal de l'an IX. Joseph lui accorda une pension le 6 thermidor suivant. Elle devait décéder à Jardres, le 5 juillet 1834.

3) le 26 frimaire de l'an X, avec Marie Madeleine Ouvrard, fille de Charles Ouvrard et de Marie La Brousse. De condition plus modeste, elle prêta cependant 3 000 francs à son futur époux en 1793 et l'aida "dans les circonstances périlleuses qu'il s'est trouvé dans les moments révolutionnaires". En reconnaissance de cette conduite, Joseph Joubert lui accorda par son contrat de mariage26, la jouissance usufruitière sa vie durant de tout ce que les lois lui permettent de donner.

Ils eurent tout d'abord une fille naturelle Marie Madeleine, née le 10 pluviose de l'an V qui devait décéder à Cissé à l'age de 18 ans, le 15 septembre 1815. Puis, le 10 pluviose de l'an X, naquit Radegonde Julienne. Celle-ci épousa, le 30 mars 1824, Jean de Dieu Chambourdon, fils de Vincent Chambourdon et de Catherine Gilbert tous deux de Cissé. De cette union naquit le 13 juin 1826, Joséphine Julienne Chambourdon qui, à 16 ans, épousa le 1er juin 1841 Eugène Fradin de la Renaudière27. Elle mourut à 20 ans, le 16 mars 1846 et Eugène Fradin de la Renaudière se remaria. En dépit de ce remariage, Radegonde Julienne de Joubert de Cissé lui donna tout ce qu'elle possédait par son testament du 12 mars 1860 ainsi que par acte notarié en date du 15 février 1863. Elle mourut en 1885.

Ce troisième mariage ne fut guère plus harmonieux que le précédent. Entre 1811 et 1826, alors qu'il résidait à Cissé, Joseph Joubert dut faire de fréquentes visites à Poitiers pour retrouver sa future quatrième femme : Anne Louise Elisabeth Hubert. Par la suite, il demeura le plus souvent à Poitiers tandis que sa femme restait à Cissé. Ses relations avec sa fille Radegonde Julienne devaient également s’être singulièrement dégradées puisque, bien que maire de Cissé où avait lieu la cérémonie, il n'était pas présent à son mariage, en 1824. Marie Madeleine Ouvrard s'éteignit à Cissé le 26 juin 1835.

4) le 8 septembre 1836, avec Anne Louise Elisabeth Hubert, fille de Nicolas Hubert, notaire et de Marie-Anne Girault. Libéré par le décès de Marie Madeleine Ouvrard, malade depuis près d’un an et, à l'age 79 ans, sentant la mort venir, il éprouva le besoin de régulariser une liaison qui durait depuis plus de 25 ans et dont il avait eu 5 enfants naturels : 1) Joseph Adolphe, né en 1811 au domaine d’Yssé à Rom dans les Deux-Sèvres ; 2) Auguste André, né le 1er novembre 1813 à Poitiers dans la maison de sa mère, rue de la Bertonnerie ; 3) Madeleine Aimée, née en 1815 à Poitiers et décédée 13 septembre 1819 chez sa mère, 113 rue des Carmes ; 4) Rose Clémentine, née le 21 janvier 1818, à Poitiers, au même lieu ; 5) François Alfred, né le 15 mars 1821.

25 Le contrat fut reçu par Jarassé et Boizot, notaires à Vouillé et Etables, ADV, 4E 51/16 26 Roy, notaire à Vouillé, ADV, 4E 51/22 27 Eugène Fradin de la Renaudière était le petit-fils de Jean-Baptiste Fradin cité plus haut et que Joseph Joubert avait remercié en 1784!

16 Cette relation ne devait guère être secrète puisque Joseph Adolphe naquit dans la maison d’Yssé et que Joseph Joubert n’hésita pas à aller déclarer lui même Auguste André à la mairie de Poitiers. Anne Hubert et Joseph Joubert avaient par ailleurs acheté en commun la maison de la rue des Carmes.

Dès le 1er février 1815, Joseph Joubert avait effectué un premier don à Anne Hubert. Par un testament olographe en date du 24 janvier 1818, il accordait à Anne Hubert et à ses enfants la jouissance leur vie durant du domaine d’Yssé. Cette donation était confirmée par un codicille du 24 septembre 1830 qui tenait compte du décès de Madeleine Aimée et de la naissance de François Alfred28. Le 5 juillet 1836, il lui donnait les deux rentes dues respectivement par René Isznard pour les Bourdinières et par Gaborit de la Brosse pour le domaine de la Chaussée29.

Tout au long de sa vie, Joseph Joubert semble avoir eu de gros besoins d'argent. Il emprunta des sommes importantes et vendit plusieurs terres, notamment à la famille Aubin. C’est ainsi que: - le 20 mai 1789, il empruntait 1500 livres à Pierre Aubin père moyennant une rente annuelle de 75 livres30 gagée sur sa part des Bourdinières; - le 21 juillet 1789, il faisait de même auprès de Jacques Aubin et de son épouse Françoise Catherine Rode et de son beau-frère Antoine Rode31.

Comme on le verra par la suite, dans le contexte de la faillite Aubin, il dut se résoudre en 1820 à demander la mise en vente judiciaire des Bourdinières.

Au cours des années 1780, il fit preuve d’une activité procédurière remarquable puisqu’on le trouve engagé dans au moins 5 procès dont l’un pour une rente datant de 1623 et un autre contre les religieux de Montierneuf à Poitiers, procès initié en 1783 et qui n’était toujours pas clos en 1792. Sans doute mécontent des services de son homme de loi Jean- Baptiste Fradin, il le remplaça par Desvaux le 3 mars 178432,

Le 17 mai 1789, il fut convoqué pour participer aux assemblées préparatoires aux Etats Généraux. D’idées assez libérales, il fut commandant de la garde nationale de Cissé. Le 20 thermidor de l’an II, la municipalité de Cissé certifia qu’il avait bonne réputation et avait donné des preuves de civisme. Cette recommandation ne dut cependant pas paraître suffisante car il fut arrêté et la municipalité dut à nouveau intervenir en sa faveur, le 1er vendémiaire de l'an III, "ne voyant pas d’autre motif à son arrestation que d’avoir un frère émigré qu’il n’avait d’ailleurs pas vu depuis 12 ans". On exigea finalement de lui qu'il enleva le blason de sa famille du haut de la porte d'entrée du château de Cissé ainsi que la girouette qui surmontait le château. C'est peut-être pendant cette période que la fuye des Bourdinières symbole trop évident du pouvoir seigneurial fut démolie.

Il devait cependant être assez sensible aux honneurs et aux privilèges que pouvait lui valoir l’ancienneté de sa race. Son exemplaire personnel33 de la Généalogie de la maison de Joubert porte ce petit poème manuscrit daté du 2 décembre 1803 :

Joubert qu’on vante tes ayeux Leur grandeur ne fait point ta gloire. Ton nom au temple de mémoire Est tracé de la main des dieux. Les grâces tressent ta couronne. Les muses t’offrent le laurier. Tu règnes dans l’Olympe entier. Apollon te cède son trône ?

28 Leriget, notaire à Poitiers, ADV, 4E 11/69 29 Leriget, notaire à Poitiers, ADV, 4E 11/78 30 Fouqueteau, notaire à Latillé, ADV, 4E 51/94 31 ibid. 32 Ladmirault, notaire à Vouillé, ADV, 4E 51/36 33 Collection particulière

17

En 1825, ayant acheté à Herbault carrossier à Poitiers, une calèche « presque neuve » pour la somme de 850 F, il y fit peindre ses armoiries.

Joseph Joubert s'intéressa également à la chose publique. Maire de Cissé de 1801 à 1825, il fut également pendant la Restauration, président du canton de Neuville et membre du collège électoral de la Vienne.

Le 6 juin 1814, le chevalier Rupert de Chièvres lui écrivit pour lui indiquer qu’il pouvait arborer la fleur de lys et faire état publiquement de ses sentiments en faveur de Louis XVIII. Joseph Joubert n'avait d'ailleurs pas attendu cette invitation puisque dès le 15 avril, "le tyran Bonaparte étant abattu"34 il avait fait allumer un feu de joie à Cissé et dès le lendemain, il n'hésitait pas à se parer du titre de comte qui apparaissait ainsi pour la première fois dans sa lignée.

Il démissionna de son poste de maire le 29 décembre 1825 par ce quatrain:

J'aurais été charmé pendant toute ma vie D'être utile au monarque ainsi qu'à ma patrie. Depuis deux ans, j'éprouve un rhumatisme affreux Qui m'oblige à quitter mon poste glorieux.35

Fidèle serviteur de la royauté, respectable citoyen de la république, loyal sujet de l'empire, Joseph, comte de Joubert de Cissé, décéda cinq jours après son dernier mariage, le 13 septembre 1836, à 4 heures du soir en son domicile de Poitiers. Ami des muses, il n'en manqua point. Ainsi s'éteignit « la noble et ancienne maison de Joubert de Cissé en Poitou ».

Un inventaire de ses biens fut dressé le 24 septembre 1836. Sans être comparables à ceux dont il avait hérité, ils n’étaient pas négligeables et comprenaient outre ses domiciles de Poitiers et de Cossé, 5 métairies (les Rois, la Baclerie, le Vieux Champ, le Plessis-Viette, Yssé), la maison de la rue des Carmes à Poitiers en commun avec Anne Hubert et une vingtaine de rentes diverses. Ils furent partagés le 15 octobre suivant entre sa fille Radegonde Julienne de Cissé et sa femme Anne Hubert qui reçurent respectivement 7 850 F et 2 666 F36.

4. Jacques Félix dit le chevalier de Cissé, baptisé le 20 novembre 1764 obtint des lettres de bénéfice d'âge le 6 mai 1782 et fut pourvu d'un curateur en la personne de Philippe Jouslard seigneur d'Iversay, son cousin, le 31 mai 1782. Il fut émancipé comme sa sœur Marie- Modeste le 13 mai 1783. Il avait probablement rompu ses relations avec son frère Joseph à cette date (cf. supra).

Le 11 janvier 1787, sa mère, Marie Radegonde Bergier, pour subvenir à ses besoins, empruntait, à Jean Guérineau, marchand fermier à Vausseroux37, la somme de 3 000 Livres contre une rente de 150 Livres gagée sur tous ses biens38. Le même jour, elle lui consentait également un bail pour les métairies de Surgères et du Plessis Viette39 à .

Le 4 août 1790, avec sa sœur Marie-Modeste, ils vendaient leurs parts dans la métairie des Bruères dont ils possèdent chacun un tiers.

34 Registre des délibérations municipales ( Mairie de Cissé) 35 ibid 36 Leriget notaire à Poitiers, ADV, 4E 11/78 37 Jean Guérineau était le fils de Jean Guérineau père ( cf. Annexe VI). Ce dernier était fermier de Chalandray, de la Mothe Jarrière et du Fouilloux et frère de Louise Guérineau, la première femme de Pierre Aubin père (cf. infra). Jean Guérineau fils était donc cousin germain du fermier des Bourdinières, Pierre Aubin fils. 38 Boizot, notaire à Vouillé, ADV, 4E 51/86. 39 ibid.

18 Le 30 mars 1791, il vendit pour 3000 Livres à Jacques Aubin et Antoine Rode sa part des Bourdinières, à charge également par l’acquéreur de payer le sixième de la rente de 200 Livres due à Marie Boutin40.

Puis il émigra et servit comme volontaire dans la 4ème compagnie du régiment Poitou infanterie. Il était à Hambourg en 1819 où il décéda en décembre 1826.

5. Marie Modeste dite mademoiselle de Cissé, née le 20 février 1768, décéda le 29 janvier 1805 à Poitiers. Ses relations avec son frère Joseph devaient être distantes, puisque, comme son frère Jacques Félix, elle ne lui céda pas sa part des Bourdinières et que, le 29 messidor an XIII, elle laissa un testament en faveur de sa mère chez maître Bourbeau à Poitiers41.

Le 25 prairial, an III, elle vendit sa part des Bourdinières à Joseph Guérineau42, cultivateur à , pour la somme de 3 000 Livres, une rente foncière en denrées diverses (20 boisseaux de froment, mesure du minage de Poitiers, 6 livres de beurre, 4 fromages etc) et la reprise de la rente du sixième de 200 Livres due à Marie Boutin43. Le produit de cette vente permit de rembourser le même jour l’emprunt contracté par sa mère Marie Radegonde Bergier auprès de Jean Guérineau le 11 janvier 1787.

Par un acte44 en date du 9 prairial, an V, Joseph Guérineau revendit à Jacques Aubin et Françoise Rode sa part des Bourdinières, pour la somme de 3 000 Livres à charge pour les nouveaux acquéreurs de reprendre le sixième de la rente viagère de 200 livres due à Marie Boutin et de la rente foncière en denrées diverses due à Marie Modeste de Cissé

VII. La famille Aubin

Dès les premières années du XVIIe siècle, on trouve des Aubin, marchands et aubergistes à Latillé, mais la fortune de cette famille connut une ascension spectaculaire à la veille de la Révolution avant de sombrer dans une faillite retentissante à la Restauration. Le premier d'entre eux qui intéresse les Bourdinières est Pierre Aubin.

1. Pierre Aubin père

Pierre Aubin naquit en 1725 ou 1726 de Pierre Aubin et de Renée Gresson. Il exerça la profession de marchand et aubergiste à Latillé où naquirent tous ses enfants et où il résida jusque vers 1795. Il faisait sans aucun doute partie des notables locaux à en juger par ses mariages et ceux de ses enfants

Il se maria une première fois à Chalandray, le 23 novembre 1751 avec Louise Guérineau, fille de Jean Guérineau, marchand et de Renée Boulier. Ils eurent pour enfants : 1) Renée, baptisée le 8 novembre 1752 et qui, le 14 mai 1782, épousa René Le Boiteux, fermier de la seigneurie de Vasles ;` 2) Pierre, né le 30 octobre 1753 ; 3) Marie, née le 10 août 1755.

Louise Guérineau décéda le 26 octobre 1756 et Pierre Aubin épousa le 15 juin 1758, à Chantecorps, Marie-Anne Fournier, fille de Pierre Fournier et de Marie Anne Bordage dont il eut : 1) Marie-Anne, née le 5 mars 1759 et décédée le 28 du même mois ;

40 Ladmirault et Boizot, notaires à Vouillé, ADV, 4E 51/45 41 Bourbeau, notaire à Poitiers, ADV, 4E 24/194. 42 Joseph était le frère de Jean Guérineau fils (cf. supra).Bien que son rôle dans l'histoire des Bourdinières soit marginal sa carrière a paru suffisamment caractéristique de l'époque troublée à laquelle il a vécu pour être brossée à grands traits dans l'Annexe VI. 43 de la Badonnière, notaire à Poitiers, ADV, 4E 12/348 44 Pelisson, notaire à Menigoute Archives départementales des Deux-sèvres (ADDS), 3E 14/413.

19 2) Pierre, né le 16 mars 1760 et qui suit ; 3) Jacques, né le 26 mai 1761 et qui suit ; 4) Jean né le 19 avril 1765 ; 5) Marie-Anne, née 28 avril 1772 et qui épousa le 29 janvier 1793 à Latillé René Charles Sauzeau, de Chiré en Montreuil, fils de René Sauzeau, fermier et de Marie- Julie Mesnard ; 6) Jeanne née le 30 mai 1775.

Marie-Anne Fournier décéda le 15 floréal de l’an XI à Latillé.

En 1775, il prit à ferme le domaine des Bourdinières et y installa son fils Pierre en 1784. Après 1798, il vint finir ses jours à Vasles chez sa fille Renée et son gendre René Le Boiteux chez qui il s'éteignit le 5 novembre 1810.

2. Pierre Aubin fils

Né le 16 mars 1760, il fut témoin en 1782 au mariage de sa sœur Renée avec René Le Boiteux et, le 8 janvier 1784, il était parrain de Pierre Rousseau à la Chapelle Montreuil. Il est dit demeurer aux Bourdinières.

Le 20 mai 1789, il prêtait 1500 livres à Joseph Joubert gagés sur les 2/3 des Bourdinières que celui-ci possède.

Le 18 août 1789, Pierre Aubin, marchand et fermier des Bourdinières, épousa à Vautebis, Marie-Anne Roulleau, fille de Louis Roulleau, marchand, syndic de la municipalité de Vautebis et de Marie Madeleine Boumard. Ce mariage avait l’objet d’un contrat reçu le 28 juillet précédent, par Lamarque à Vasles. Ils eurent pour enfants : 1) Louis, baptisé à Vautebis le 9 juin 1789 ; 2) Jean, né au Bourdinières, le 9 juin 1790 et baptisé le même jour à Coutières ; 3) Marie-Anne, née aux Bourdinières, le 23 avril 1791 et baptisée à Coutières ; 4) Jean Martial, né le 22 août 1792, baptisé le lendemain à Vautebis et inhumé le 10 octobre suivant à Coutières 5) Madeleine Julie, née le 9 novembre 1793, déclarée à la mairie de Vautebis et qui suit ; 6) René, déclaré né le 4 germinal de l’an III à la mairie de Vautebis ; 7) Radegonde, née aux Bourdinières, le 2 ventose de l’an V et déclarée le même jour à Vasles ; 8) Marie-Anne, née le 11 pluviose de l’an 6 à Vasles; 9) Pierre Prosper, né aux Bourdinières le 15 germinal de l’an VII et qui y décéda le 20 septembre 1814 ; 10) Henriette, née le 18 floréal de l’an IX à Vasles ; 11) Clorinte, née le 9 floréal de l’an XI à Vasles.

Pierre Aubin, propriétaire, décéda le 17 floréal de l’an XIII aux Bourdinières.

3. Madeleine Aubin et Jacques Morisset

Madeleine Julie Aubin épousa le 27 septembre 1813, à Ménigoute, Jacques Morisset né le 3 janvier 1793, à Soudan, de Pierre Morisset et de Marie Fournier. Ils reprirent la ferme des Bourdinières à la mort de Pierre Aubin45. Ils eurent au moins pour enfants :

45 Bail passé le 5 août 1815 chez Me Roy notaire à Vouillé pour 600F/an et pour une durée de 9 ans à compter de 1817, ADV, 4E 51/27. Le bailleur se réservait la jouissance du pavillon au- dessus du porche et de la possibilité de mettre deux chevaux dans l’écurie. Le preneur s’engageait à : - ne pas abattre les arbres de la grande allée ni de l’allée de charmille allant au grand chemin ; - ne pas avoir plus de 2 chèvres ; - à payer les deux tiers de la rente due Marie Boutin ; - et les 150 F de rente dues à Jacques Aubin par Joseph Joubert

20 1) Radegonde Julie, née le 31 juillet 1814 ; 2) Julienne, née le 7 octobre 1816 ; 3) Marie-Henriette, née le 1er mai 1818 ; 4) Jean-Jacques, né le 21 octobre 1820 et décédé le 27 juillet 1824 ; 5) Jacques, né le 17 novembre 1825 ; qui naquirent tous aux Bourdinières.

À l’expiration de leur bail en septembre 1826, ils durent quitter les Bourdinières achetées par René Iszenard en 1821 et l’on ignore ce qu’ils sont devenus.

4. Jacques Aubin père

Jacques Aubin, baptisé le 26 mai 1761 à Latillé était fils de Pierre Aubin et de Marie- Anne Fournier. Il se maria avec Françoise Catherine Rode, fille de Jean Rode, marchand et d’Henriette Pin, le 27 janvier 1784, à La Chapelle-Montreuil. Le couple y résida avec le frère de Françoise, Antoine Rode également marchand et époux de Jeanne Bordier. Ils eurent pour enfants : 1) Jean-Baptiste qui partit pour l’armée au commencement de 1812 et dont on pense qu'il disparut "dans le désastre de Russie" car il ne donna plus signe de vie ; 2) Jeanne Henriette, baptisée le 15 décembre 1784 et qui épousa Pierre Sauquet, aubergiste à Niort ; 3) Jacques, baptisé le 25 juillet 1786 et qui suit ; 4) Marie-Anne, baptisée le 13 avril 1789 et inhumée le 15 prairial de l’an VI ; 5) Julie Radegonde qui épousa Jacques René Jard-Bourdinières, le 27 juillet 1818 ; 6) Pierre Alexis, né le 25 brumaire de l’an VIII.

Françoise Catherine Rode mourut le 10 brumaire de l’an X et son frère Antoine le 22 floréal de cette même année.

Comme son père et son frère, Jacques Aubin embrassa la profession de marchand. De 1783 à 1788, il achète des terres et des maisons au rythme d’environ 2 à 3 par an! En 1789, avec Antoine Rode, il prête de l’argent à Joseph Joubert. Il se révèle également amateur de biens nationaux. Associé aux sieurs Chauvière et Rouleau, il achète, le 2 prairial de l’an III, les Grandes Vergnes, la Boubetière, le Bois Guin à Vasles confisqués au chevalier de Boisragon. Il mourut après 1821.

5. Jacques Aubin fils dit Aubin-Vidal et la faillite de 1818

Jacques Aubin fils, né le 24 juillet 1786, épousa, le 27 avril 1812, à Poitiers, Marie-Rose Vidal, âgée de 22 ans, fille de François Elie Vidal, propriétaire et de Marie-Rose Lamoureux. Il s’agit d’un « beau mariage » puisque, dans le contrat reçu la veille par Geoffroy, notaire à Poitiers, les biens de l’épouse sont estimés à 22 300 F et ceux de l’époux à 6 000 F. Il est dit résider à la Chapelle-Montreuil, mais il habita par la suite à Poitiers, rue du Grand Cerf, où naquirent ses enfants : 1) François Hélie Rodolphe, né le 4 juin 1814 ; 2) Sophie Rosine, née le 17 octobre 1815 ; 3) Clotilde Eliza, née le 3 juin 1818 ; 4) Constance Aline, née le 12 février 1820.

Jacques Aubin qui accola à son patronyme celui de sa femme, sans doute plus prestigieux, entra très tôt dans les affaires. Aux activités traditionnelles de marchand de chevaux et de fourrage, il ajouta celle de brasseur. Il emporta un gros contrat de fourniture de fourrage au dépôt de Saint Maixent de novembre 1812 à novembre 1814, contrat qui semble lui avoir causé des difficultés. La perte de 7 à 8 chevaux par suite de maladie acheva de le mettre dans l’embarras. La chute s’accéléra au cours de l’année 1818 46: - le 14 juillet, il vend son matériel de brasserie à un brasseur de Niort, Laidin; - le 22 juillet, il y a apposition des scellés ; - le 24 juillet, il dépose le bilan ;

46 Faillite Aubin-Vidal, ADV, 2U 1008

21 - le 21 août, il est déclaré en faillite ouverte en raison de perte de chevaux ; - le 28 août a lieu l’inventaire de ses papiers ; - le 31 août intervient un jugement de séparation de biens avec Marie Vidal.

Le Tribunal de commerce de Poitiers se prononce à nouveau, le 19 février 1819, à la demande de ses créanciers : - Barthélemy, Laurence et Lasseron à Niort ; - Laurence, père et fils47, Bobe et Bonnet à Poitiers.

Les 22 et 29 mai 1819, Jacques Aubin-Vidal proposa un concordat à ses créanciers. Ceux-ci consentaient à abandonner environ 60 000 F de créances et en contrepartie, il s’engageait à payer 30 000 F solidairement avec sa femme. Cette somme correspondait à peu près à la valeur des biens lui revenant dans l’héritage de sa mère Françoise Catherine Rode et restés en indivision avec son père Jacques Aubin. Ce concordat fut accepté par les créanciers et validé par le tribunal de Poitiers le 18 juin 1819.

Le 15 mars 1820, à la demande de Pavie, syndic de la faillite Aubin-Vidal, contre les héritiers de Françoise Rode : - Jacques Aubin-Vidal, ancien brasseur et marchand de chevaux - Jacques Aubin père, propriétaire et marchand de chevaux ; - Jacques René Jard-Bourdinières et Julie Radegonde Aubin son épouse, demeurant à Ménigoute ; - Pierre Sauquet, aubergiste à Niort, veuf d’Henriette Aubin et tuteur de leur fils ; - et Jean Charles René Jarassé, notaire, tuteur de Jean Baptiste Aubin, militaire absent48 ; le tribunal de Poitiers prononce la fin de l’indivision entre Jacques Aubin et Françoise Rode. La moitié doit en revenir à Jacques Aubin et l’autre moitié à ses enfants ainsi que tous les biens propres de Françoise Rode.

Le même jour, le Comte Joseph de Joubert de Cissé obtient du tribunal le partage des Bourdinières dont il possède les deux tiers. Trois experts sont désignés avec pour mission de définir 3 lots qui seront tirés au sort. Peu de temps après, les experts déclarent que les biens concernés ne peuvent être partagés. Une nouvelle expertise est demandée le 17 juillet qui, le 20 décembre 1820, confirme la première. Les Bourdinières doivent donc être vendues.

La vente intervint au Tribunal civil de Poitiers le 8 août 1821 et fut enregistrée le 18 août suivant. René Iszenard, notaire à Poitiers, l’emporta pour 35 200 F prenant en outre à sa charge : - les rentes des 20 mai et 21 juillet 1789 dues par Joseph Joubert (cf. supra) ; - la rente en denrées du 25 prairial, an III due à joseph Joubert comme héritier de sa sœur Marie Modeste ; - la rente due à Marie Boutin dont le capital était estimé à 4 000 F.

La cloche de la chapelle qui avait été descendue et déposée dans le logis n’était pas comprise dans la vente.

Ainsi, après 438 ans, les Bourdinières perdaient-elles tous liens avec leurs propriétaires d’origine.

La liquidation des indivisions existant entre Jacques Aubin père et Françoise Rode d’une part et Antoine Rode d’autre part ainsi que la succession de Françoise Rode, de leur fils Jean- Baptiste et de leur nièce Marie–Anne Rode49 intervint le 24 janvier 182350. Jacques Aubin-Vidal

47 Laurence, père et fils était l'une des principales banques de Poitiers (cf. infra) 48 il était présumé « disparu dans le désastre de Russie » 49 celle-ci était la fille d’Antoine Rode et de Jeanne Bordier et leur unique héritière. Elle était décédee à l’age de 17 ans le 6 juillet 1816 à Niort chez les Dames de la Foy où elle était en pension. . 50 Gras notaire à Poitiers ADV, 4E 43/65.

22 reçut environ 22 000 F et Joseph Joubert put récupérer le tiers de la cloche des Bourdinières qui ne lui appartenait pas pour la somme de 85 F.

À l’issue de cette affaire, Jacques Aubin-Vidal exerça un temps la profession d’épicier à Poitiers. Il semble avoir ensuite quitté la ville où il ne laissa plus de traces. Marie-Rose Vidal mourut le 20 janvier 1839 à Macerata, petite ville d’Italie proche de Lorette et où elle était de passage.

La publicité parue le 19 juillet pour la vente judiciaire du août 1821 (voir Annexe IV) et le cadastre Napoléon qui date de 1833 (voir Annexe V) permettent d’avoir une assez bonne idée des Bourdinières à cette époque. La chapelle est décrite comme étant en ruine. La fuye mentionnée en 1718 n’y apparaît pas et elle avait déjà été détruite peut-être pendant la Révolution. Les tourelles par contre sont toujours en place ainsi que les deux chenils. Le hangar qui existe à présent dans la première cour n'a pas encore été construit. Le pont sur la Vosne dans le prolongement de l'allée qui traverse le pré Bricault n'existe pas encore mais une passerelle dans le pré du Logis permet de traverser la rivière Pour le reste, la description des bâtiments correspond pour l'essentiel à ce que l'on peut encore voir aujourd'hui.

VIII. La famille Iszenard

1. René Iszenard

René Iszenard était né le 3 octobre 1764 à Poitiers du mariage de Blaise Alexis Iszenard et de Renée Séverine Champion. Son parrain était Jacques Laurence51 qui fut également témoin à son mariage.

Il se maria le 18 brumaire de l'an V avec Françoise Jaslé, née le 24 juillet 1773 à Poitiers, fille d'Armand Jaslé, avocat et de Louise Bernardeau. Ils vécurent à Poitiers, parvis Notre- Dame, puis 12 rue sous Saint Cybard où naquirent leurs enfants : - Marie Elise, née le 28 floréal de l'an VII et qui épousa M. Guéritault ; - Marie Radegonde qui décéda le 3 germinal de l'an VIII ; - Alexis, né le 18 vendémiaire de l'an IX ; - Charles, né en 1808 qui fut médecin et décéda après 1875.

Homme de loi, René Iszenard assura la fonction de notaire pendant une vingtaine d'années à partir de 1801.

Le 8 août 1821, il acheta les Bourdinières en vente judiciaire. Par un bail reçu chez Me Pelisson, notaire à Ménigoute, le 28 octobre 1825 il confia leur exploitation à François Faucher et Radegonde Doux à compter du 29 septembre 1826 et pour une durée de 9 ans. Le bailleur se réservait "la chambre sur la cave du logis, le cabinet à côté, la chambre à la suite qui a vue sur la prairie, la tourelle et le bâtiment au fond de la cour aux chiens".

Les mêmes dispositions se retrouvent pour l'essentiel dans le bail reçu le 18 mai 1835 chez Me Manteaux, notaire à Vautebis, et consenti à compter du 29 septembre 1835 à Jacques Bernard et à Françoise Grasset52.

Le 14 mars 1837, il rachetait à Anne Hubert, pour 1 100 F, la rente foncière en denrées diverses résultant de la vente du 25 prairial an V par Marie Modeste de Cissé de sa part dans les Bourdinières à Joseph Guérineau53.

51 Jacques Laurence né le 3 mars 1754 et mort en 1804 était marchand de draps et banquier. Il est le fondateur de la banque "Laurence père et fils" qui figure parmi les créanciers de Jacques Aubin-Vidal.. Son fils comptera sous l'Empire et la Restauration parmi les plus grosses fortunes de Poitiers avant d'éviter de peu la faillite. 52 Au bâtiment de la cour aux chiens est substitué celui qui est face à l'ancienne chapelle.

23

Auparavant, en 1835, il avait vendu à son fils Alexis deux parcelles de terrain aux Bourdinières pour qu'il y installe respectivement un moulin à eau et un moulin à vent. En 1840, à l'occasion de son mariage, il lui donna la totalité des Bourdinières (cf. infra).

Il rédigea son testament le 1er mars 1835 et décéda à Poitiers le 20 février 1852. Sa femme le suivit dans la tombe deux mois plus tard, le 24 avril. Le 12 mai 1852, chez Me Aubrun, notaire à Poitiers, leurs biens ainsi que ceux de Madeleine Victoire Jaslé54, furent partagés entre leurs enfants Alexis, Charles et les fils de leur fille Marie Elise : Simon Jude et Victor Emile Guéritault55. Les Isznard en reçurent chacun 1/3 et les Guéritault 1/6.

2. Alexis Iszenard

Alexis Iszenard eut comme témoin à sa naissance, le 18 vendémiaire de l'an IX, Jean- Baptiste Vidal, propriétaire et oncle de Marie-Rose Vidal, l'épouse de Jacques Aubin-Vidal…

Il s'intéressa très vite aux Bourdinières. Il entreprend d'y construire un moulin à eau sur la Vosne. Le 26 février 1835, il achète à son père pour 300 F : - une partie du pré du Logis "en triangle qui rejoint le coin du champ du Logis à la saillie du champ de la Fontaine" (cf. Cadastre Napoléon, Annexe V) ; - l'emprise d'un canal de 1,62 m de large qui part d'une saillie dans le pré Billereau longe le champ du Logis, puis le champ de la Fontaine avant de rejoindre la Vosne ; - et l'écurie ; à charge à lui d'établir un chemin dans l'allée d'arbres fruitiers du champ du Logis.

Il complète cet investissement, le 18 mai 1835, en achetant une petite pièce de terrain à la limite de la Garenne et du champ des Grandes Brassières pour y établir un moulin à vent.

L'emplacement du moulin à vent est tout à fait évident sur le cadastre actuel et l'on distingue sur les vues aériennes le chemin traversant la Garenne qui permettait d'y accéder. Le moulin à eau est par contre plus difficile à localiser mais un examen attentif des vues aériennes révèle c'était un bâtiment carré situé dans la partie basse du pré du Logis mais à quelque distance de la Vosne. Plus visible Plus visible est le canal d'amenée qui part du haut du champ Brillereau, longe le bois de la Garenne passe devant les granges des Bourdinières serpente dans le pré du logis avant d'entrer dans le champ du logis et de rejoindre le ruisseau qui descend de la fontaine située derrière la ferme des Touches... Le canal d'évacuation vers la rivière est également visible. Ce moulin devait probablement comporter quelques pièces d'habitation et un meunier y était attaché.

Alexis Iszenard épousa, le 18 juin 1840, à Saint Secondin, Emilie Clémentine Bellaud des Forets, née le 24 octobre 1813 de l'union de Pierre Bellaud, propriétaire, et d'Eléonore Mesrine, également propriétaire. Le contrat de mariage, signé le 18 mai chez Me Ginot, notaire à Poitiers56 précise que l'époux apporte : - un moulin à blé avec deux meules de pierre construit dans le grand pré des Bourdinières ; - le terrain sur lequel est construit ce moulin, l'écurie, le moulin à vent. En outre, René Pierre Iszenard donne les Bourdinières aux époux.

Dès leur mariage, ils s'installèrent aux Bourdinières où ils eurent pour enfants : 1) Marie, née le 21 mars 1841 et décédée le 19 novembre 1848 ; 2) Louise, née le 18 août 1843, qui épousa Hyacinthe Festy et qui suit; 3) Alexis Léopold, né le 19 septembre 1847.

53 Leriget, notaire à Poitiers, ADV, 4E 11/79 54 Cette sœur de Françoise Jaslé était décédée à Poitiers en 1843. Elle avait déposé un testament chez Me Gras et Billiard, notaires à Poitiers, le 8 janvier 1835, ADV, 4E 43/401. 55 ADV, 4E 27/536. 56 ADV, 4E 27/502

24 Apres quelques années, ils retournèrent vivre à Poitiers où ils habitaient rue de la Chaîne en 1852, puis rue sous Saint Cybard en 1866, avant de s'installer au domaine de Villeneuve à Château Garnier dans le canton de Gençay vers 1873.

En 1854 et 1855, Alexis Iszenard échangea diverses parcelles de terre avec la commune de Vasles pour l'aménagement de la route -Lusignan.

A compter du 29 septembre, 1863, il confia pour 9 ans la ferme des Bourdinières à Pierre Marie Parnaudeau dont le bail fut renouvelé en 1872. Celui-ci, à son tour, afferma à compter du 29 septembre 1870 et pour une durée de 4 ans, le moulin à eau et ses dépendances à Fabien Nivaut, meunier du moulin à vent de Coutières. Alexis Iszenard semble avoir eu toute confiance en Pierre Marie Parnaudeau puisque le 11 novembre 1873, il lui donna tout pouvoir pour qu'il le représente devant tout tribunal devant lequel il pourrait être cité.

À l’occasion du mariage de sa fille Louise, il lui donna en dot la moitié indivise des Bourdinières par le contrat reçu le 12 mars 1866 chez Me Aubrun, notaire à Poitiers57.

Le 15 février 1875, par un acte passé chez Me Beugnet, notaire à Poitiers58, il achète à ses cousins Simon Jude et à Victor Emile Guéritault la maison du 12 rue sous Saint Cybard dont ils ont hérité de leurs grands-parents.

Le même jour et chez le même notaire, il fait une donation partage à Louise qui habite rue sous Saint Cybard et à Alexis Léopold qui habite à Villeneuve. Les biens partagés comprennent la moitié indivise des Bourdinières, le domaine de Villeneuve et les immeubles situés au 12 et au 14 rue sous Saint Cybard. Louise reçut les Bourdinières à charge de payer une rente viagère à ses parents et une soulte de 8 500 francs à son frère dans les 3 mois suivant le décès du dernier parent survivant.

Alexis Iszenard et sa femme Emilie moururent à Poitiers respectivement le 27 février 1882 et le 7 mars 1888.

3. Louise Iszenard et Hyacinthe Festy

Louise Iszenard se maria le 10 avril 1866, à l'age de 23 ans avec Hyacinthe Festy, avocat, docteur en droit demeurant à Poitiers au 4 de la rue Saint Porchaire. Il était né le 17 novembre 1840, à Niort, d'Octave Félix Festy, marchand de fer et de Joséphine Baudry. Ils eurent un fils Louis Octave, né le 3 février 1867 au 12 rue Saint Cybard et qui se maria à Neuilly, le 17 mai 1905 où il devait décéder le 9 décembre 1955. Il fut enquêteur de l'Office du travail du Ministère du Commerce puis publiciste59.

Par un contrat reçu le 6 avril 1873 par Me Dugenet à Ménigoute, ils achetèrent à la commune de Vasles des terres dépendant de la métairie de La Touche. En 1879, les deux moulins, à eau et à vent sont démolis. L'année suivante voit sans doute la démolition de la chapelle et la construction du hangar dans la première cour. Enfin, suivant un acte reçu par Me Boutet notaire à Ménigoute, le 28 novembre 1896, une parcelle de terrain est vendue pour la construction de la ligne de tramway.

Le 1er octobre 1929, par un acte reçu Me Mériguet, notaire à Vautebis, Louise Izsenard vendit les Bourdinières pour la somme de 120 000 F à: - Angélique Prudence Clorinthe Bobin, née à Vausseroux, le 11 janvier 1859;

57 ADV, 4E 27/572. 58 ADV, 4E 27/602. 59 On lui doit plusieurs ouvrages: - "Le mouvement ouvrier au début de la monarchie de juillet 1830-1834" en 1908; - "L'agriculture pendant la Révolution française. Les Conditions de production et de récolte des céréales. Étude d'histoire économique, 1789-1795" en 1947; - "L'agriculture pendant la Révolution française. L'utilisation des jachères. Etude d'histoire économique (1789-1795)" en 1950; - "Les délits ruraux et leur répression" en 1956.

25 - Louis Auguste Bobin, né à Vausseroux, le 8 mai 1861; - Prudent Clément Bobin, né le 20 avril 1870; frères et sœur, tous célibataires et demeurant à la Guillotière à Vausseroux.

A l'exception de 3 chambres du logis, du pavillon au-dessus du portail, d'un toit, de la remise et de la cave, les biens vendus sont affermés pour 5 ou 9 ans, à compter du 29 septembre 1926, à Louis Richon et Alexandrine Limousin par un contrat reçu par Maître Gendrault, notaire à Rouillé.

IX Epilogue

La fratrie Bobin ne devait pas jouir bien longtemps des Bourdinières. Après lecture de l'acte de vente "faite à très haute voix en raison de la dureté de l'ouïe d'Auguste Bobin" par Me Meriguet, notaire à Vautebis, le 8 novembre 1934, elle en vendit la nue-propriété à M Emile Antonin Pignon, né à Chantecorps, le 4 septembre 1889, demeurant à la Guillotière et époux de Germaine Marie-Aimée Angèle Fréré, pour le prix de 50 000 F sous réserve d'usufruit.

Apres le décès de ses deux frères, Angélique Bobin vendit cet usufruit, le 15 septembre 1939, suivant acte reçu par Me Mériguet, à Emile Antonin Pignon qui devint ainsi pleinement propriétaire des Bourdinières. Il mourut le 6 octobre 1967 à son domicile de la Guillotière à Vausseroux et sa femme, le 6 juin 1982, à Angoulême. Ils laissaient pour seul héritier leur fils Louis libraire à Angoulême. Dans les années 20, la ferme fut confiée à M. Gentilleau puis à son fils André qui l'aménagèrent pour les besoins de l'exploitation.

Une courte notice écrite par E. Allard, instituteur à Ménigoute, donne une intéressante description des Bourdinières en 1934. Les deux tours ont déjà disparu. La chapelle dont l'emplacement est encore discernable a fait l'objet de fouilles récentes. Le porche et les deux chenils ont des charpentes en forme de pyramide et sont couverts de tuiles plates. Le logis est par contre couvert de tuiles romaines. On sait par ailleurs que l'écurie était couverte d'ardoises et de tuiles plates. Cette couverture fut emportée par une tempête dans les années 60 et remplacée par l'actuelle couverture en tôle ondulée.

À la fin des années 1980, les Bourdinières furent menacées de disparaître sous les eaux du barrage de la Grimaudière sur la Vosne qui devait permettre de maintenir l'étiage du Clain dans le département de la Vienne pendant les périodes de sécheresse.

Le projet fut inscrit au contrat de plan Etat-Région. Le conseil général des Deux -Sèvres confia à la SAFER Poitou-Charentes le soin d'acheter les terrains concernés en empruntant les fonds nécessaires, le Conseil général prenant à sa charge les intérêts pendant une période de 10 ans et les pertes en cas de revente si le projet ne devait pas aboutir. C'est dans ces conditions que M Antonin Pignon vendit les Bourdinières à la SAFER suivant un acte reçu par Me Roullet, notaire à , le 18 décembre 1995.

Le département de la Vienne, principal bénéficiaire du projet se montrant peu intéressé, celui-ci fut abandonné après de multiples tergiversations. En 2000, la SAFER fut contrainte à son tour de vendre. Après une publicité parue les 16 et 17 août dans un journal local et affichage dans les mairies des communes voisines, plusieurs acquéreurs se présentèrent. L’un voulait installer un élevage industriel de volailles, un autre une ferme biologique irriguée à partir d’un petit barrage à construire sur la Vosne et employant des chômeurs en phase de réinsertion… Finalement, c'est l'association d'un jeune agriculteur et du propriétaire actuel qui fut retenue en 2001.

Les menaces ne devaient pas disparaître pour autant puisque surgit ensuite le projet d'installer sur l'autre rive de la Vosne, un vaste centre d'enfouissement des déchets ménagers qui aurait eu vocation d'accueillir les produits de tout le département des Deux-sèvres et probablement du département de la Vienne. Ce projet qui menaçait la qualité des nappes phréatiques suscita une vive opposition et fut à son tour abandonné.

Les Bourdinières furent ainsi sauvées des eaux et des déchets mais non des intempéries.

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Annexe I

L'échange du 22 octobre 1356

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Annexe II

Propriétaires des Bourdinières 1356-2000

Propriétaire Conjoint Dates Hugues Pouvreau 1356 Jeanne Pouvreau Simon Chasteigner 1359 Jeanne Chasteigner Jean Rogre Guillaume Hervet 1383-1391 Jean Hervet dit Marechal 1398-1443 Guillaume Hervet 1449 Catherine Hervet Jean Simoneau 1450-1455 Olivier Simoneau 1464-1466 Pierre Simoneau 1474-1475 Jean Hervet 1477-1478 Regnault Hervet 1484-1491 Jean Hervet 1508-1540 Marie Hervet Jacques Ribier 1559-1578 Hélène Ribier Pierre de Laurrière 1601-1608 Jean Eléazar de Laurrière - 1608-1640 René de Laurrière Marie de la Chaussée 1640-1660 Gaspard de Laurrière - 1660-1682 Pierre de Laurrière Catherine Pidoux 1682-1702 Catherine Pidoux 1702-1722 Marie Radegonde de Laurrière Alexandre Garnier 1722-1743 François Garnier - 1743-1767 François Joubert Marie Le Bault, Marie Boutin 1767-1778 François Joseph Joubert Radegonde Bergier 1778-1782 Joseph Joubert 4 1782-1821 René Pierre Iszenard Françoise Jaslé 1821-1840 Alexis Iszenard Emilie Bellaud des Forests 1840-1875 Louise Iszenard Hyacinthe Festy 1875-1929 Indiv Bobin - 1929-1934 Émile Pignon Germaine Frère 1934-1990 Safer 1990-2000

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Annexe III

L’inventaire après décès de René de Laurière le 1er septembre 1660

Cet inventaire fournit une description du contenu de chacune des pièces du logis et des communs ainsi qu’une liste des « papiers » qui s’y trouvent. Les différentes pièces du logis ont été visitées dans l’ordre suivant. La principale chambre basse du logis est à main droite en rentrant et comporte une cheminée. De là on passe dans la salle du logis puis dans une antichambre à côté de la première chambre puis dans une allée séparant ladite chambre de la chambre où est mort René de Laurrière, puis dans la chambre du mort (avec cheminée), puis dans la cuisine (avec cheminée) puis dans la chambre située au-dessus de la chambre du mort et qui donne sur la cour (cheminée), puis dans le grenier. À côté du grenier, une chambre avec cheminée. Sont mentionnés, autour de la cour : - un sellier, - un fourniou, - un dessous d’où l’on va dans le jardin, - un autre lieu appelé la vieille maison, - une grange, - deux écuries, - un toit à brebis, - une étable.

Annexe IV

La vente judiciaire du 8 août 1821

La maison de maître consiste en une première cour dans laquelle est un bâtiment servant d’écurie et une masure qui fut autrefois la chapelle, une autre cour appelée la cour des chiens dans laquelle sont 3 pavillons et un autre pavillon construit sur la porte principale dans lequel il y a une grande chambre à cheminée, une 3e cour dans laquelle est un puits avec ses garnitures de fer. Autour de la cour, on trouve : - le corps de logis qui comprend: a) au rez-de-chaussée : une cuisine, un grand salon, cinq chambres, deux cabinets, b) au-dessus : une chambre, un cabinet, une buanderie, - une étable, - deux granges, - une écurie, - une chambre de domestique à côté, - deux toits, - un four, - un fournil, - un grand jardin.

29 Annexe V

Le cadastre Napoléon (1833)

30 Annexe VI

Joseph Guérineau

Jean Guérineau le grand-père de Joseph était un marchand originaire de Fenioux. Il prit à ferme la seigneurie de Chalandray60 ainsi que les fermes de la Mothe-Jarrière et du Fouilloux. Il habitait au château de la Mothe-Jarrière et décéda en 1781. De son mariage avec Renée Boulier61, il avait eu au moins 8 enfants : - Nicolas qui se fit prêtre et devint curé de Soutiers puis de Couhé et enfin de Menigoute62; - Louise qui épousa Pierre Aubin père le 23 novembre 1751 à Chalandray (cf. supra) ; - Marie Radegonde qui épousa Pierre Fournier63; - Madeleine ; - Renée Madeleine qui épousa Jacques Chauvineau ; - Jeanne qui épousa Pierre Moussay64,. - Joseph65 ; - Jean Guérineau qui suit.

Jean Guérineau s'établit tout d'abord à Latillé comme marchand. Il reprit la ferme de la Mothe-Jarrière avant de se fixer dans le bourg de Vausseroux. Il épousa le 10 mai 1757 à Latillé, Marie Chénier, dont la mère était cousine de Pierre Aubin père et dont le frère Nicolas était curé de Chalandray. De ce mariage naquirent : - Marie Radegonde, née le 1er mars 1758 qui épousa le 22 janvier 1782 à Vausseroux François Metayer puis en secondes noces Louis Chauvineau le 9 juillet 1787 ; - Jean, né le 27 mars 1759 à Latillé et dont le parrain et la marraine furent respectivement Jacques66 et Marie Aubin67; - Jacques, né le 24 juillet 1761 à Latillé dont le parrain et la marraine furent respectivement Jacques et Jeanne Aubin. Il fut inhumé le 12 mai 1767 à Vausseroux ; - Marie Radegonde baptisée le 11 avril 1762 à Saint Martin du Fouilloux et inhumée le 8 mai 1767 à Vausseroux ; - Joseph Marie né le 10 janvier 1766 et qui suit ; - Marie Rose Angélique, baptisée le 15 juin 1767 à Vausseroux ; - Marie, baptisée le 19 janvier 1769 à Vausseroux ; - Louise, baptisée le 10 avril 1770 à Vausseroux dont le parrain fut Pierre Metayer68 et la marraine fut Louise Aubin ; - Marie Marie Radegonde, baptisée le 14 juin 1771 à Vautebis ; - Jean, baptisé le 23 février 1773 à Vausseroux ;

60 Si l’on excepte la forge de , la ferme de Chalandray, avec 3 métairies était la seconde en importance du duché de La Meilleraye après la ferme de la Braudière qui en comportait neuf, Jacques Peret, « Seigneurs et seigneuries en gâtine poitevine », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 4ème série, T XIII, Années 1974-1976, Poitiers,1976. 61 Renée Boulier appartenait elle-même à une famille de marchands et de fermiers. En 1653, Vincent Bouilllié prend à ferme 9 métairies et la seigneurie de l’Hérigondeau. Jacques Bouillé fut avec François Jallais fermier général du duché de La Meilleraye de 1672 à 1680, Jacques Peret, ibid 62 Son père lui accorda une rente en avril 1767. Lamarque notaire à Vasles, ADDS 3 E 121 68. Il décéda le 4 frimaire de l'an XIV à Ménigoute à l'age de 62 ans. 63 Pierre Fournier était probablement le frère de Marie-Anne Fournier, la seconde épouse de Pierre Aubin père ; 64 Pierre Moussay devint fermier de la seigneurie de Chalandray en 1774 et fut le premier maire républicain de cette commune 65 Il fut marchand et s’établit à Vouzailles puis à Chenay et épousa Louise Boulié sa cousine 66 Jacques Aubin était un frère de Pierre Aubin père. 67 C’est lui qui, le 11 janvier 1787, prêtait à Marie Radegonde Bergier l'épouse de François Joseph Joubert, la somme de 3 000 Livres et prenait à bail ses métairies de Surgères et du Plessis Viette à Pompaire. Boizot, notaire à Vouillé, cf. supra. 68 Probablement, le père de François Metayer, cf. supra.

31 - Madeleine, baptisée le 8 juillet 1774 à Vausseroux ; - Louise Claire, baptisée le 18 juillet 1777 à Vausseroux dont le parrain et la marraine furent respectivement Pierre et Louise Aubin69 ;

Fermier et marchand de bestiaux, avant la Révolution, Joseph Guérineau se fixa, lui aussi, à Vausseroux. Le 23 février 1789, il y épousait Suzanne Ruffin, fille Charles Ruffin marchand tanneur à Lavausseau et de Rose Chénier. Ils eurent pour enfants : - Joseph, baptisé le 16 décembre 1789 - Ambroise Alexandre, né le 10 janvier 1791, Tous deux décédèrent en bas age, à quelques jours d'intervalle, respectivement 10 et 20 août 1792.

En secondes noces, il épousa Marie Radegonde Drouhet dont, en 1808, il adopta le fils Joseph Hercule qui était peut-être aussi le sien. Celui-ci devait par la suite se faire appeler Guérinière et publier, en 1838 et 1840, une "Histoire générale du Poitou" en deux volumes.

En 1789, il exploitait la ferme de la Rinchardière à Vautebis70 qui appartenait à l'évêché de Poitiers, moyennant 900 Livres en argent, 40 livres en sucre fin et l'obligation de verser au curé de la paroisse 20 boisseaux de seigle. Syndic de sa paroisse, il fut aussi désigné avec Louis Gaillard pour aller déposer le cahier de doléances à l'assemblée du Tiers Etat à Poitiers. Il devint le premier maire républicain de Vausseroux et fut également, pendant 28 ans, juge de paix du canton de Menigoute et notaire de 1816 à 1830.

Doué d'un sens prononcé des affaires, il allait profiter de la vente des biens nationaux pour s’enrichir rapidement. Ayant acquis en 1791 pour 34 200 livres, la ferme de la Rinchardière, il acheta peu après celle de la Vignauderie, la borderie de Montchevrier à Vautebis, la borderie de La Pourgère à Saint Martin du Fouilloux, etc.

Le 25 prairial de l'an III, il achetait à Marie-Modeste de Cissé sa part des Bourdinières moyennant une somme de 3 000 Livres et une rente foncière. Il la revendit sans profit apparent deux ans plus tard, le 9 prairial de l'an V 71 à Jacques Aubin et Françoise Rode au terme d'une opération qui s'apparentait à un portage.

Que son oncle Nicolas fût prêtre, ne l’empêcha point de s’intéresser aux biens du clergé. Le 28 nivôse de l'an VII, aucun autre acquéreur ne s'étant présenté, il emportait pour 30.000 F l'église de Vausseroux, la cure et les terrains attenants ainsi que, pour 45 F, le cimetière. Deux mois plus tard, le 28 ventose, il devenait propriétaire dans les mêmes conditions de l'église de Vautebis et de son presbytère ainsi que de deux champs appartenant à la confrérie locale du Saint Sacrement. Le 12 brumaire de l'an VIII, il échangea sa borderie de La Pourgère contre le domaine du Theuil qui appartenait à Pierre Fournier72. Il entreprit alors de s'y faire construire un château en utilisant des pierres provenant des démolitions de l'abbaye des Châteliers et de l'église de Coutières.

Le sous-préfet de Parthenay le dépeint ainsi, le 18 novembre 180273: "Né dans le département de la Vienne il était avant la révolution agriculteur occupé du commerce des bestiaux pour l'approvisionnement de Paris. Il a rempli les places de maire, d'assesseur de juge de paix, de commissaire de directoire près le canton de Menigoute. Il est marié, n'a point d'enfants. Sans avoir de grandes connaissances, il a infiniment de bon sens, il est rempli de zèle pour son état, il a l'esprit très propre pour concilier. Il a beaucoup de probité, il est très estimé, il est sage dans ses principes et attaché au gouvernement actuel…"

69 On notera l’étroitesse des relations familiales établies entre ces familles de marchands : Aubin, Guérineau, Fournier, Boulier, Chauvineau… 70 M Poignat, Val de sèvres et pays menigoutais, Editions du terroir, Niort, 182. La plupart des informations relatives à Joseph Guérineau qui suivent sont tirées de cette source et de l'article de Pierre Arches cité ci-dessous 71 Pelisson, notaire à Menigoute, cf. supra. 72 cf.supra. 73 Pierre Arches Bulletin de la société historique et scientifique des Deux-Sèvres , deuxième série, tome XV N°2-3, 3ème trimestre 1982, p. 336

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L'année suivante, l'appréciation est beaucoup plus réservée74 : "Homme peu délicat ; traitant les paysans comme ses vassaux. On l'accuse de s'être fait construire une maison par corvée". Les souvenirs d'Alphonse Garnier éclairent ce commentaire75 : "Au condamné qui ne pouvait payer, Joseph Guérineau disait : si tu n'as pas d'argent, je payerai pour toi et tu me feras des fagots ou tu me relèveras un mur ou tu me répareras mes fossés".

En 1810, le sous-préfet de Parthenay Etienne Charles Garnier évalue ses revenus annuels à 12 000 F ce qui le place en huitième position dans son "Tableau nominatif des principaux chefs de famille de l'arrondissement de Parthenay". Il y bénéficie d'un commentaire succinct : "on le suppose attaché au gouvernement".

Sous la Restauration, il est considéré comme suspect lors de l'affaire Berton76. Voici ce qu'écrit le préfet des Deux-Sèvres au Ministre de la Justice, le 5 juin 182277 : "M Guérineau est peut-être plus que libéral, je crois qu'il a été l'un des partisans de la révolte de Berton. Je suis certain que sa maison est désignée par les factieux comme un gîte pour ceux qui voudraient se soustraire aux recherches. Lors des élections78, il s'est montré l'un des cabaleurs les plus actifs et il a fait partie du bureau libéral qui a remplacé celui que le président du collège départemental avait formé. Sa conduite dans ces circonstances a été en opposition hostile contre le gouvernement et je pense que sa révocation serait considérée comme un acte de justice et deviendrait une utile leçon."

Au mois de janvier 1833, des réfractaires entraînés par un ancien marchand de bois de , Mercier et se prétendant "soldats de Henri V", mais qui n'avait sans doute rien de commun avec l'insurrection encouragée par la duchesse de Berry79 envahirent le château du Theuil où ils se firent servir copieusement à boire. Quelque mois plus tôt, le 9 avril 1832, la même bande avait fait irruption à la Brunetière chez le percepteur des contributions directes de Vautebis, Chauvineau, qui menacé de mort, leur remit un sac contenant 951 francs et reçu en échange une quittance signée "Les chouans soldats de Henri V"…

Joseph Guérineau fut de nouveau, maire de Vausseroux de 1834 à 1838 puis il se retira à Niort où il se sentait plus en sécurité et où il mourut le 31 mars 1841. Il laissait 164 130 F de biens immobiliers et 21 501 F de biens mobiliers. Il avait par testament légué son corps à la médecine et demandé que son cœur fût placé dans une urne en étain remplie d'esprit-de-vin elle-même placée sur une colonne de marbre érigée dans le bois proche de son château au lieu-dit le labyrinthe avec gravées sur une plaque en lettres dorées ses nom, prénom et qualité de juge de paix. Le monument devait être entretenu à perpétuité sous peine de verser mille francs aux pauvres de Vausseroux et de Vautebis. De plus, il accordait cent francs de rente pour qu'une quarantaine de jeunes gens des deux sexes viennent danser une fois l'an le premier dimanche de juillet autour de son urne funéraire…

74 cité par Pierre Arches, cf. supra. 75 Ibid. 76 En 1822, le général Berton, un des héros de la guerre d'Espagne et de Waterloo, prit la tête d'une conspiration libérale fomentée par une société secrète : "les Chevaliers de la liberté". Il souleva la ville de , mais échoua à Saumur. Arrêté et conduit à Poitiers, il fut condamné à mort pour trahison avec cinq de ses complices et exécuté. 77 Ibid. 78 Les élections de 1822 se révélèrent très favorables à l'opposition libérale. 79 Marie Caroline de Bourbon Sicile était la veuve du duc de Berry, le fils de Charles X assassiné le 13 février 1820, à Paris, sur les marches de l'Opéra, par un ouvrier cordonnier, Louis Louvel. Sept mois après la mort de son mari, elle donna naissance à un fils, Henri, duc de Bordeaux, l ’ « enfant du miracle » qui, après l'abdication de Charles X en juillet 1830, devint l'héritier légitime du trône « usurpé » par Louis-Philippe d'Orléans. En 1832, pour faire valoir les droits de son fils, elle tenta de soulever les paysans de l'Ouest de la France. L'affaire échoua. Elle fut arrêtée à Nantes et enfermée, au fort de Blaye. Mais, étant enceinte, elle dut avouer un mariage secret avec le comte Lucchesi-Palli. Le gouvernement de Louis-Philippe, la jugeant déconsidérée, la libéra après la naissance et la fit reconduire en Italie. Elle abandonna toute activité politique et mourut en Autriche le 16 avril 1870.

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