Sommaire

L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine (Sud-est tunisien), une mise en évidence à travers l’analyse des indicateurs régionaux d’amélioration des conditions de vie (Riadh Béchir, Mohamed Arbi Abdeladhim, Nadia Ounalli, Mongi Sghaier et Saïd Miloud Dhifallah)...... 3

Effet d’un compost à base de sous produits du palmier dattier sur la germination et le bour- geonnement du laurier rose (Nerium oleander L.) (Maher Sghairoun, Ahmedou Vadel et Ali FERCHICHI)...... 23

CARACTERISTIQUES ECOPHYSIOLOGIQUES DE L’OLIVIER (Olea europaea L.) PLANTE A DIFFERENTS ECARTEMENTS (Mohamed GOUIAA, Dalenda BOUJNAH et Tijani MEHOUACHI)...... 33

ImpactS des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride (Hanen DHAOU MSADKI Dalel OUERCHEFANI BOUZAIDA, Netij BEN MECHLIA, Houcine TAAMALLAH et Mohamed OUESSAR)...... 49

Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais en appliquant le latex de figuier (Manel ZIADI, Imen FGUIRI, Samira ARROUM, Mokhtar HAMDI et Touhami KHORCHANI)...... 63 CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS : CAS DES JESSOUR DE BRAOUKA, MONTS DES MATMATA - TUNISIE (Moussa M. ; Solé A B. et Canton Y., Kouakbi M. et CHEHBANI B.)...... 81

Analyse de la dynamique paysagère et géo média- tion d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien « Sebkhat El Kalbia » (BEN HADJ FARHAT K., REJEB H., MOUSSA M. et GONZALEZ-VILLAESCUSA R.)...... 117

Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:3-21

L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine (Sud-est tunisien), une mise en évidence à travers l’analyse des indicateurs régionaux d’amélioration des conditions de vie

Riadh Béchir1, Mohamed Arbi Abdeladhim1, Nadia Ounalli1, Mongi Sghaier1 et Saïd Miloud Dhifallah2 1l’Institut des Régions Arides Médenine 2 ISET Djerba ملخص

تعتبر التنمية المستديمة بأبعادها االقتصادية، االجتماعية و البيئية اليوم هدفا يتحتم تحقيقه من طرف الدول المتقدمة والدول النامية على حد سواء. و في هذا اإلطار يبرز أهمية دور مؤشرات التنمية التي شهدت تطورا كبيرا في مفهومها وذلك في السنوات األخيرة.في هذا السياق يتنزل هذا البحث الذي يشمل تطبيق طريقة تحليل المكونات الرئيسية )ACP( على مجموعة من مؤشرات التنمية في والية مدنين والتي يمكن أن تشكل مثاال جيدا إلبراز التفاوت بين المعتمديات في الحصول على متطلبات الحياة الكريمة للسكان.

الكلمات المفاتيح: التنمية المستديمة، مؤشرات التنمية، والية مدنين.

Résumé En dépit de l’effort du développement déployé par les pouvoirs publics dans le Gouvernorat de Médenine (Sud-est tunisien), une disparité territoriale entre les délégations est cependant observée. Ce travail traite cette disparité en menant une analyse exploratoire des indicateurs de développement moyennant la méthode de l’analyse en composantes principales.

Mots clés : Développement durable, indicateur de développement, gouvernorat de Médenine.

3 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine

Abstract In spite of the development effort in the Medenine governorate, localized in the South-East of , a territorial disparity still observed. In this context, we need to elaborate regional indicators of sustainable development. This work aims to study the notion of indicators of sustainability and territorial disparities that may exist between delegations in this region. To this end, a data analysis applied to a set of regional development indicators using the principal components analysis method (PCA) was conducted.

Keys words: Sustainable development, sustainability indicators, province of Médenine.

4 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

1. Introduction économique régional (Jaouad et Depuis les années 80, la renais- al., 2009). sance de l’intérêt accordé aux Nombreux sont les travaux problèmes environnementaux, menés pour analyser les indica- dans un contexte de dynamique teurs de développement en Tuni- socio-économique et démo- sie (Sandron et Sghaier, 2000 ; graphique très vive, a suscité Picouet et al., 2004 ; OTEDD l’émergence de nouvelles inter- 2003, 2006, 2009 ; et Soussi, rogations tout autant doctrinales, 2009) comme outils pour orien- conceptuelles, méthodolo- ter la décision. Ainsi, ce travail giques que décisionnelles (San- tente à présenter dans un premier dron et Sghaier, 2000). Dans ce temps, les indicateurs régionaux contexte, la Tunisie a intégré les du développement durable au principes de durabilité du déve- niveau du gouvernorat de Méde- loppement dans ses politiques nine, dans un deuxième temps, nationales qui visent principale- propose d’agréger un ensemble ment l’amélioration des condi- d’indicateurs régionaux d’amé- tions de vie de la population. lioration des conditions de vie Ainsi, se présente le besoin et afin de dresser une typologie des l’importance de mettre au point délégations et de discerner les des approches appropriées pour éventuelles défaillances et iné- mesurer cette durabilité. En ef- galités freinant leur développe- fet, plusieurs pays et organisa- ment. tions internationales ont privilé- gié des approches pragmatiques 2. Présentation de la fondées sur un ensemble d’indi- zone d’étude cateurs statistiques reliant les di- Situé au sud-est de la Tunisie, verses dimensions de durabilité le gouvernorat de Médenine, est pour appréhender la carence en structuré en 9 délégations, elle information. Ainsi, à l’échelle est limité par le gouvernorat de régionale, les indicateurs de dé- Gabès et la mer Méditerranée veloppement devront permettre au Nord, par le gouvernorat de aux décideurs de disposer d’un au Sud, par la Libye moyen tangible pour la connais- et la mer Méditerranée à l’Est sance, le suivi et l’évaluation de et le gouvernorat de Kébili à l’état du développement socio- l’Ouest. Il couvre une superficie

5 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine de 8 588 km² et abrite une po- pulation de 432 503 habitants. 3. Outils méthodolo- La température moyenne varie giques d’une saison à une autre, elle se Afin de vérifier l’hypothèse de situe entre 7,5 à 18,5°C en hiver, disparité en matière du déve- et elle varie de 35 à 45°C en loppement entre les délégations été. Ce gouvernorat appartient du gouvernorat de Médenine, ce à l’étage bioclimatique aride, travail fait appel à la méthode sous étage inférieur, variante à d’Analyse en Composante Prin- hiver tempéré (CRDA, 2005). La cipale (ACP) qui permet de re- moyenne annuelle de pluviomé- grouper les indicateurs initiaux trie varie entre 100 et 200 mm. en un nombre limité d’indica- La région possède un potentiel teurs synthétiques appelés fac- agricole basé sur l’arboriculture teurs qui seront plus simples et principalement les oliveraies et plus clairs à interpréter à qui occupent 82,5% de la sur- la différence de l’information face agricole totale cultivable, initiale qui est trop abondante combinés avec une céréalicul- pour être exploitée dans son état ture épisodique. Une inégalité brut (Lebart et al., 1997). C’est de répartition de la population une technique qui s’applique traduit l’inégale distribution de à des variables quantitatives et l’emploi et des revenus est ob- qui permet de faire la synthèse servé dans ce gouvernorat. En de l’information contenue dans effet, certaines délégations ru- un grand nombre de variables rales souffrent de disparité due (Falissard, 1998). Cette mé- aux dotations naturelles, à des thode permet de dresser une ty- raisons climatiques et géogra- pologie des régions suivant leur phiques, etc. Ceci a engendré ressemblance sur la base de ces des problèmes d’inégalité du facteurs (Jaouad et al., 2009). potentiel de développement. Les données sont issues des 13 indicateurs régionaux1 de déve-

1 V1 : Populations n’ayant pas de l’eau de robinet dans leur maison, V2 : Populations n’ayant pas accès au réseau d’assainissement, V3 : Populations n’ayant pas accès à l’électricité, V4 : Familles sans salle de bain, V5 : Familles sans voiture, V6 : Familles sans télévision, V7 : Familles sans réfrigérateur, V8 : Taux d’analphabétisme, V9 : Taux d’analphabétisme féminin, V10 : Taux d’activité féminin, V11 : Taux de chômage féminin/ taux chômage total, V12 : Accouchement à domicile, V13 : Taux de chômage 6 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

loppement déterminés par l’Ins- à faire évoluer (OCDE, 2001). titut National de la Statistique Dans son chapitre 40, l’Agen- relatifs à l’année 2005 pour le da 21 - adopté au cours de la gouvernorat de Médenine2. Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le déve- 4. Résultats et discus- loppement qui a eu lieu à Rio de sion Janeiro en 1992 - invite les pays 4.1. Les indicateurs de durabi- à élaborer les indicateurs néces- lité en Tunisie saires à la prise de décision. Un indicateur est un indice qua- « Les pays, à l’échelon national litatif ou quantitatif qui permet et les organisations internatio- de révéler la présence, l’éten- nales gouvernementales et non due ou l’évolution d’un phéno- gouvernementales, à l’échelon mène, d’une situation ou d’un international, devraient définir enjeu. L’OCDE (1994) définit la notion d’indicateurs du déve- un indicateur comme étant un « loppement durable afin de pou- Paramètre ou valeur calculée à voir les identifier » (chap. 40) partir de paramètres, donnant Un indicateur de durabilité, des indications sur ou décri- peut être défini comme un vec- vant l’état d’un phénomène, teur d’information qui quanti- de l’environnement ou d’une fie et simplifie un phénomène zone géographique, d’une por- pour nous permettre de saisir la tée supérieure aux informations réalité. Ils permettent de com- directement liées à la valeur parer des conditions et des ten- d’un paramètre». Les indica- dances, d’anticiper des situa- teurs permettent de faire ressor- tions futures, de comparer entre tir, sous une forme synthétique, différents lieux et situations, un ou plusieurs traits marquants d’évaluer des résultats face à des d’une réalité complexe que objectifs, d’apprécier une évo- l’on cherche à appréhender ou lution récente, etc. Donc c’est

2 Dans ce travail, le choix de ces indicateurs s’est basé sur la liste des indicateurs de développement durable utilisés dans le rapport de réalisation des objectifs de millénaire pour le développement en Tunisie (2004).

7 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine un moyen de répondre à une teurs vis à vis des spécificités problématique de développe- et des problématiques tuni- ment durable3 territorialisé, c’est siennes, en deuxième lieu, il un produit nécessaire pour un s’agit d’étudier l’aspect tech- travail de recherche. nique concernant la disponibilité Dans le but d’identifier une liste de l’information et la calculabi- d’indicateurs jugés pertinents lité de ces indicateurs. Un en- au niveau national, la Tunisie a semble de 120 indicateurs sont mené un test des indicateurs de retenus parmi 134 indicateurs développement durable des Na- proposés par les Nations Unis tions Unies en 1998 puis ceux de (OTEDD, 2003). la Commission Méditerranéenne En se basant sur cette liste d’in- du Développement Durable en dicateurs pertinents, une liste 1999. d’indicateurs de développement Ces tests ont porté sur deux durable a été identifiée, en- aspects principaux, en premier suite des indicateurs régionaux lieu la pertinence des indica- d’amélioration des conditions de vie (IRACOV) ont été élaborés

Indicateurs des Nations Unies Indicateurs de la Commission Méditerranéenne de Développement Durable (134 indicateurs) (130 indicateurs)

Test national de la pertinence

Indicateurs pertinents de développement durable en Tunisie (120 indicateurs)

Indicateurs pertinents Indicateurs régionaux Indicateurs sectoriels prioritaires de développement d’amélioration des conditions Pêche, industrie, durable en Tunisie de vie énergie, eau, forêt Source (OTEDD, 2003) Figure 1 : Processus d’élaboration des indicateurs de l’Environnement et du Développement Durable en Tunisie

3 Le rapport Brundtland définit le développement durable comme ; «Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs». Le développement durable vise trois objectifs : l’intégrité écologique, l’équité entre les nations et les individus, et l’efficacité économique. Il est en outre admis qu’il existe des autres piliers par exemple le pilier institutionnel qui veut dire l’état de l’organisation sociale, le pilier spatiale (équilibre villes - campagne, aménagement du territoire) et le piliers culturelle (pluralité des solutions locales qui respectent la continuité culturelle).

8 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

(Figure 1). régionaux d’amélioration des 4.1.1. Les indicateurs régio- conditions de vie a été définie. naux d’amélioration des Le second rapport d’IRACOV conditions de vie au gouverno- réalisé en 2007 est marqué par rat de Médenine l’enrichissement de cette pre- L’Observatoire Tunisien de mière liste d’indicateurs régio- l’Environnement et du Dévelop- naux en se basant sur les axes pement Durable (OTED) a iden- stratégiques définis pour chaque tifié en 2005 et 2007 une série gouvernorat dans le cadre des d’indicateurs pour l’ensemble Programmes Régionaux de l’En- des 24 gouvernorats en Tunisie vironnement (PRE). Ainsi, une nommés Indicateurs Régionaux nouvelle liste d’indicateurs a été d’Amélioration des Conditions établie pour chaque gouvernorat de Vie «IRACOV». Ces indica- comprenant un certain nombre teurs se montrent comme un outil d’indicateurs spécifiques. Ces de suivi et d’aide à la planifica- indicateurs régionaux d’amé- tion pour les décideurs. En effet, lioration des conditions de vie ils peuvent apprécier les progrès permettraient donc de mieux se réalisés dans des secteurs éco- rendre compte des progrès réali- nomiques, environnementaux et sés, ils aideraient à pallier les la- sociaux. Dans le premier rapport cunes et le déséquilibre entre les réalisé en 2005 par l’OTED, une régions et permettent d’orienter première liste de 42 indicateurs les investissements en Tunisie (Tableau1).

9

L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine

T

édenine en 2007 en édenine M de gouvernorat au vie de conditions des d’amélioration régionaux indicateurs des Liste : 1 ableau I ndicateurs E nvironnementaux • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Superficie de capteur soleil l’électrification rurale Nombre des maisons qui utilisent Ouvrage de recharge des nappes ouvrages Travaux d’entretien et de sauvegarde des versants Superficie d’aménagement des bassins Superficie de l’agriculture biologique le matériel d’économie d’eau Pourcentage des terres agricoles équipées par non conforme à la norme) Qualité d’eau potable (taux des échantillons irriguées par les eaux usées Taux d’intensification des terres agricoles Superficie d’arbre fourrager Superficie d’arbre forestier Superficie des zones gardées : Parcs naturels Superficie des zones gardées : parcs publics Nombre de jardins publics urbains Superficie des zones vertes par habitant Production de la boue sèche Production de la boue liquide Taux d’épuration des eaux l’irrigation Volume des eaux usées utilisées dans Volume des eaux usées -communale Taux de branchement à l’ONAS au milieu Taux de branchement à l’ONAS Nombre de stations d’épurations Quantités de déchets soulevées Nombre de stations transformation Nombre de stations contrôlées • • • • • • • • • féminin • • • • • • • • • I ndicateurs Sociaux habitants D ensité téléphonique pour 100 Taux d’électrification communale l’eau potable au milieu non Taux de raccordement à médecin Nombre d’habitants par 1000 habitants Nombre de lits d’hôpitaux pour travaillent/100 homme Nombre des femmes qui Taux de chômage féminin Taux de chômage masculin Taux de chômage Taux d’analphabétisme masculin Taux d’analphabétisme Taux d’analphabétisme Taux de scolarisation E volution d’immigration interne Taux d’urbanisation Taux de décès E spérance de vie D ensité démographique • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Nombre des autres flottilles Nombre des thoniers Nombre des sardiniers Nombre des chalutiers Nombre de Barque pêche côtière sans moteur Nombre de Barque pêche côtière à moteur Production des autres pêches Production de pêche lagunaire et aquatique Production de pêche au thon Production de pêche poisson bleu Production de pêche pélagique Production de Pêche au châlit Production de pêche côtière Nombre de nuitées passées dans les hôtels touristiques Taux des travaux de réalisations unités industrielles employant 10 personnes et plus Nombre de poste d’emploi au niveau des unités personnes et plus Nombre d’unité industrielles employant 10 Nombre de caprin Nombre d’ovin Nombre de bovin Superficie des autres cultures Superficie des arbres fruitiers Superficie des légumes Superficie de légumineuse Superficie fourragère Superficie céréalière I ndicateurs E conomiques

Source ; OTEDD (2007)

10 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

4.2. Disparité du niveau de premiers axes (F1 et F2) ont développement territorial dans les valeurs propres les plus le gouvernorat de Médenine élevées. Ils totalisent à eux seuls L’application de la méthode 76,75% de la variabilité totale de de l’Analyse en Composante l’analyse (tableau2). Principale montre que les deux

Tableau2 : Valeurs propres et variabilité des facteurs principaux

Axe Valeur propre Variabilité (%) Pourcentage cumulé 8,208 63,139 63,139 F1 1,769 13,610 76,748 F2 F3 1,426 10,972 87,720 F4 0,973 7,487 95,207 F5 0,355 2,729 97,936 0,178 1,373 99,308 F6 0,048 0,372 99,680 F7 0,042 0,320 100 F8

Le premier axe F1 (Figure 2) féminine (V10) ainsi qu’aux représente 63,14% de la varia- populations n’ayant pas accès au bilité observée, il est corrélé réseau d’assainissement (V2). aux indicateurs d’infrastructures On remarque ici selon les sta- et d’équipements (Populations tistiques de l’INS que le taux le n’ayant pas de l’eau de robinet plus important d’activité fémi- dans leur maison, population nine au gouvernorat est enre- n’ayant pas accès à l’électricité, gistré aux délégations de Hou- ménage sans salle de bain, les met Souk à raison de 20,79%, ménages sans télévision et réfri- de Médenine nord à raison de gérateur et le taux de chômage, 18,22%, et de Beni Khédache à etc.)1. L’axe F2 est essentielle- raison de 16,21%. ment corrélé au taux d’activité

1 Pour interpréter la signification des deux axes d’abscisse et d’ordonner du graphique de l’ACP on doit se baser surtout sur le tableau de Cosinus carrés des variables obtenu par l’utilisation de logiciel XLSTAT. Dans ce contexte, pour les axes F1et F2 on cherche la plus grande valeur de cosinus carrés pour chaque indicateur et par suite on peut interpréter l’appartenance de chacun des 13 indicateurs aux axes F1 et F2. 11 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine

Figure 2 : Répartition des indicateurs et des délégations sur le plan factoriel (F1 et F2) Schématiquement, on peut dis- à développement socioécono- tinguer trois groupes homogènes mique moyen (au centre du gra- sur le plan factoriel (F1, F2), les phique) et les délégations les délégations relativement équi- moins équipées (à droite de la pées en infrastructure (à gauche figure 3). du graphique), les délégations

Figure 3: Position des groupes socioéconomiques sur le plan factoriel (axes F1 et F2) 12 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

Les trois groupes homogènes des principale peuvent être représen- délégations distingués moyen- tés sur la carte régionale comme nant l’analyse en composante (figure 4).

Figure 4 : Carte de répartition des délégations du gouvernorat de Médenine selon les groupes typologiques de l’ACP 4.2.1. Régions à faible niveau régions « défavorisées » consti- de développement socioécono- tuées par les délégations de Sidi mique Makhlouf et Beni Khédache qui La croissance économique qu’a gardent une structure à domi- connue le gouvernorat de Méde- nante rurale, sont caractérisées nine depuis plusieurs années a par l’aridité avec une exploita- abouti à un déséquilibre spatial tion excessive des ressources entre le littoral et l’intérieur du naturelles. Les caractéristiques gouvernorat (Abaab, 1986). Les du milieu ont contrarié le pro- 13 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine

cessus de développement. Ces vés de familles nécessiteuses au deux délégations sont marquées gouvernorat sont enregistrés à par un déficit social persistant. Béni Khédache (14,9%) et à Sidi En effet, les taux les plus éle- Makhlouf (12,1 %).

Tableau 3 : Taux de vulnérabilité des familles aux délégations de Beni Khedache et Sidi Makhlouf en 2005

Familles Nombre Nombre Nombre Nombre Taux de Délégation nécessi- des moyen de estimé des total vulnéra- teuses Familles personne populations des popula- bilité des totale par famille nécessi- tions familles teuses (%) Sidi Makhlouf 582 4779 4,97 2892 23728 12,1 Béni Khé- 826 5538 5,16 4262 28586 14,9 dache Total de gou- 5671 90000 4,81 27277 6,3 vernorat 432503

Source ; INS et nos calculs D’autres indicateurs sociaux télévision au gouvernorat peuvent nous renseigner sur les de Médenine sont enregis- conditions de vie de la popula- trés aux délégations de Beni tion locale ; Khédache (25,8%) et de • Le taux de populations Sidi Makhlouf (19,8%). n’ayant pas l’eau de robinet • Le taux d’analphabétisme, dans leur maison aux délé- le plus élevé est enregistré gations de Sidi Makhlouf et à ces deux délégations :Sidi Beni Khédache est respecti- Makhlouf à raison de 32% vement 58,3% et 66,8%, et de Beni Khedache à rai- • Seulement 59,8% des fa- son de 28%, pareillement milles de la délégation de pour le taux de chômage qui Sidi Makhlouf et 52,5% de atteint respectivement 14% famille de la délégation de et 15,2%. Beni Khédache ont un réfri- L’analyse des indicateurs régio- gérateur dans leur maison, naux de développement durable • Les taux les plus élevés des montre qu’un effort devrait être ménages n’ayant pas de apporté, surtout pour l’accès des

14 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

ménages aux services de base, ont connu depuis les années 70 dans les délégations de Beni un développement économique Khédache et Sidi Makhlouf qui renforcé par le secteur privé sont des régions qui souffrent de avec l’apparition d’une zone l’absence d’une bonne gouver- industrielle au Médenine Sud nance et d’une politique cohé- d’une superficie de 10 ha. Cela a rente de développement à long permis de créer plusieurs postes terme d’une part et de leur faible d’emploi mais le taux de chô- intégration dans le tissu régional mage dans la région reste malgré et national d’autre part. ça élevé. En effet, aujourd’hui, 4.2.2. Régions à développe- l’activité industrielle est encore ment socioéconomique moyen limitée en raison de l’absence Ce groupe est formé par les trois d’un environnement industriel délégations de Médenine Sud, important, du manque des fonds Médenine Nord et Ben Guer- d’investissement locaux, et des dane, régions qui sont marquées coûts additionnels de transport par une population à dominante pour l’écoulement de la produc- urbaine. Les délégations Méde- tion. nine Nord et Médenine Sud Tableau 4 : Quelques indicateurs socio-économiques pour les régions à développement socioéconomique moyen (en 2005)

Populations Popu- Populations n’ayant lations n’ayant pas pas accès n’ayant Taux d’anal- Taux de de l’eau de Délégation au réseau pas accès phabétisme chômage robinet dans d’assainisse- à l’élec- (%) (%) leur maison ment tricité (%) (%) (%) Médenine 22,2 67,9 9,7 19,8 12,65 Nord Médenine Sud 32,4 72,5 6,6 19,9 13,2 Ben Guerdane 30,2 98,7 8,7 22,7 9,1

Source ; INS

15 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine

La région de Ben Guerdane est par rapport à 2006 avec l’arri- connue pour sa longue tradition vée de 1.283.000 touristes. Le en matière d’immigration sur- nombre de nuitées avoisine les 9 tout vers la Libye. La population millions et le taux d’occupation locale de cette zone a profité de des hôtels dépasse le 64%. Dans la proximité géographique de ce contexte, l’île de Djerba est la frontière libyenne et a réussi devenue un pôle touristique de à le traduire en phénomène so- renommée internationale. Ces cio-économique surtout après délégations, comportent plus de l’apparition de ce qu’on appelle 96 unités hôtelières ayant une «souk libya» en 1988 marqué par capacité totale de 35 000 lits et le commerce informel. Ce com- atteignant annuellement environ merce, malgré ses inconvénients cinq millions de nuitées. qui touchent l’économie natio- Le développement du tourisme nale, a permis l’amélioration du à l’île de Djerba est stratégique. niveau de vie de la population de L’Etat tunisien a été l’acteur ini- cette délégation et de la zone du tial par ses investissements et sud d’une façon générale. avantages fiscaux et financiers consentis aux établissements 4.2.3. Régions à haut niveau de touristiques. Ainsi, la présence développement de l’aéroport international Ce groupe est formé par les trois « Djerba- », d’infras- délégations de l’île de Jerba et tructures routières et des bacs de la délégation de Zarzis où le modernes contribue à en faire tourisme se présente comme le un centre touristique important secteur économique principale. et un générateur de croissance En effet en 2007, le secteur du économique pour la région. tourisme a progressé de 2,78 %

Tableau 5 : Evolution des indicateurs touristiques au gouvernorat de Médenine Désignation 2003 2004 2005 2006 2007 Arrivées globales 969200 1165053 1237531 1213095 1314769 Nuitées globales 6496188 8169900 8760888 8882635 9117209

Emplois directs 18658 18789 19333 19000 19000

Source ; ODS (2007)

16 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

Ce secteur touristique a aussi liés à la construction des com- bouleversé l’économie locale plexes hôteliers, aux services, en créant des emplois directs et à l’artisanat, au transport, etc. indirects. Le nombre d’emplois ce qui a permis aux délégations directs, lié à l’hôtellerie, corres- de l’île de Djerba d’avoir un pond en 2007 pour l’ensemble taux de chômage le plus bas au de la zone Djerba-Zarzis à gouvernorat, mais ceci reste tou- quelques 19 000 postes de tra- jours lié à la stabilité du secteur vail. Les emplois indirects sont touristique.

Tableau 6 : Taux de chômage dans les régions relativement équipées en infrastructure (en 2005)

Délégation Taux de chômage 7,1 Houmt Essouk 7,4 9,3 Zarzis 12,1

Gouvernorat 11.12

Source ; INS La délégation de Zarzis, à Discussion coté du secteur touristique, est La disparité régionale nour- connue par son port de pèche rit un sentiment d’injustice en- et de commerce ainsi que par gendrant plusieurs problèmes la zone franche implantée il y politiques, économiques et so- a quelques années. En outre, du ciaux. Ainsi, le développement fait de son climat côtier favo- régional et territorial est un rable, l’olivier occupe une place défi qu’il faut gagner par la particulière avec une superfi- Tunisie. cie de 61500 ha soit 33% de la Le gouvernorat de Médenine est superficie oléicole du gouver- marqué par la présence de terri- norat. La production est trans- toires souffrant d’une crise mul- formée par 63 huilières dont la tiforme. Celle-ci peut prendre majorité sont modernes. la forme d’une crise de gestion

17 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine des ressources naturelles dont la situés au dessus des montagnes mobilisation a servi de palliatifs de cette région font partie du pa- à des politiques de développe- trimoine culturel du sud tunisien ment basée sur les ressources et témoignent de son évolution humaines et sur la maîtrise de la historique et sociologique. Ceci technologie. Ces politiques ont peut servir à court et à moyen été traduites par le maintien d’un terme de levier pour un véritable taux de chômage élevé et la dé- essor du tourisme culturel ou gradation des niveaux de revenu plus exactement de l’éco-tou- comme en témoigne le niveau de risme à Beni Khedache. Le sec- pauvreté relativement élevé par teur de l’artisanat occupe aussi rapport à la moyenne nationale une place importante dans l’éco- (Elloumi et Abaab, 2009). nomie régionale eu égard le rôle Historiquement, durant les deux qu’il joue dans la promotion de premières décennies qui ont la région et le soutien des autres suivi l’indépendance, la région secteurs économiques. Et pour de Médenine a reçu une faible ce faire, des investissements attention de la part des pouvoirs doivent être mobilisés dans les publics. Vers les années 70, des délégations qui regorgent de po- investissements importants ont tentialités et de richesses inson- été alloués au secteur touristique dables telles que Beni Kedache basé principalement sur un tou- et Sidi Makhlouf. Il faut leur risme balnéaire qui tourne le dos garantir l’emploi et l’environne- aux zones intérieures et à leur ment social et culturel attractif. richesse en patrimoine culturel Il faudrait, redoubler d’efforts et architectural. Les investisse- pour défendre et promouvoir des ments sont concentrés dans les produits de terroir dont la région pôles de Djerba Zarzis avec peu regorge. En outre, il faut profiter d’effet sur le reste du territoire de la situation géographique du qui accueille des touristes de gouvernorat et œuvrer à impul- passage, sans avoir une offre spé- ser les investissements dans les cifique. Ainsi, la région de Beni industries agroalimentaires et de Khédache, par exemple, peut de- transformation pour les diverses venir un pôle de tourisme mon- variétés de productions locales, tagneux vu son potentiel naturel la valorisation des produits du et culturel. En effet, les Ksour terroir, ainsi que des produits

18 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

destinés à exporter vers la Libye. Notons enfin que l’accroisse- 5. Conclusion ment de la population et le déve- Le gouvernorat de Médenine loppement du secteur touristique a connu une amélioration des depuis quelques années avec le conditions de vie de la popula- développement des besoins s’est tion. Toutefois, le présent travail traduit par une forte pression sur a montré qu’il existe au moins les ressources naturelles de la trois groupes de délégations qui région. Ces changements pro- se distinguent nettement par le voquent la surexploitation des niveau de développement. Dans parcours, des ressources en eau, ce contexte, le manque d’accès à l’extension de la céréaliculture des conditions de vie acceptables et de l’arboriculture ce qui en- reste concentré au niveau des traîne la dégradation rapide d’un délégations de Beni Khedache environnement fragile. Pour et Sidi Makhlouf. Cela peut ex- cela, les stratégies et les projets pliquer le phénomène d’exode intégrés1 doivent être adoptés rural de la population locale pour régler ces problèmes et pré- vers la ville de Médenine. Cette server les ressources naturelles situation qui se prolonge encore et aussi pour s’émanciper de aujourd’hui, nécessite de repen- plus en plus de la dominance de ser les actions des programmes l’agriculture au milieu rural par et projets de développement au l’apparition des activités diversi- niveau de ces régions dans un fiées de nouvelles sources de re- objectif de dépasser les limites venu et d’autres potentialités de écologiques, économiques et développement ce qui engendre sociales. l’améliorations de niveau de vie Le travail a pu par ailleurs des populations. mettre en évidence les disparités territoriales dans les niveaux de

1 Les projets intégrés se présentent comme une cohésion entre tous les secteurs économiques dans un espace défini au préalable. On ne s’intéresse pas qu’à l’agriculteur, le moteur de l’espace rural, mais aussi aux autres secteurs de services qui aboutissent ensemble à une amélioration des conditions de vie de la population en question. Selon Maldague (1992), deux idées principales sont sous-jacentes au concept de développement rural intégré : premièrement, l’homme est au centre du développement dont il est à la fois l’agent et le bénéficiaire. Sur le plan opérationnel, cette option implique que l’on attache une importance majeure à la participation des populations impliquées. Deuxièmement, il est nécessaire d’associer l’environnement et le développement socio économique.

19 L’inégalité territoriale dans le Gouvernorat de Médenine développement. Cette polarité l’équité sociale entre les citoyens de développement incite à poser d’un même gouvernorat. avec acuité les questions liées à

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20 R. Béchir, M.A. Abdeladhim, N. Ounalli, M. Sghaier et S. M. Dhifallah

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21

Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:23-32 Effet d’un compost à base de sous produits du palmier dattier sur la germination et le bourgeonnement du laurier rose (Nerium oleander L.)

Maher Sghairoun 1*, Ahmedou Vadel 2 et Ali FERCHICHI.1 1Laboratoire d’Aridocultures et Cultures Oasiennes. Institut des Régions Arides, Kébili 4112 Tunisie. 2Faculté des sciences de Gabès ملخص توفر أشجار النخيل كميات كبيرة من المخلفات الغير مستغلة. يمكن تحويل هذه امخلفات إلى مستسمد. تظهر هذه الدراسة تأثير ثالث ركائز )S0 : 100 ٪ مستسمد مخلفات النخيل، S1 : 1/3مستسمد مخلفات النخيل + 2/3 رمل، S2 : 3/1سماد عضوي + 2/3 رمل( على إنبات وتبرعم الدفلى. كما بينت االختبارات البيولوجية أن نسبة اإلنبات على األرض هي كاالتي: 75 ٪ على S0 29٪ على S1 و 33 ٪ على S2، أما اإلنبات المخبري فان المستسمد 100٪ هو األفضل بنسبة 95٪. كما اثبتت الدراسة أن نسبة نجاح التبرعم كما يلي: 64 ٪ على S0: 55٪ على S1 و 42 ٪ على S2. وبالتالي يمكن اعتماد فضالت النخيل لتوفير مستسمد ﺫي خصائص فيزيائية، كيميائية، معدنية وبيولوجية مهمة باعتباره الركيزة في مشاتل محلية إلنتاج الشجيرات واألشجار في جنوب تونس.

الكلمات المفاتيح: م خ ل ف ا ت ن خ ي ل ا ل ت م ر ، م س ت س م د ، إ ن ب ا ت ، ت ب ر ع م ، د ف ل ة .

RESUME Les palmiers dattiers fournissent des quantités énormes de sous produits qui ne sont plus convenablement valorisés. Le compostage de ces sous produits pourrait être considéré comme une voie d’exploitation la plus prometteuse.Cette étude a évalué l’effet de trois substrats (S0, 100 % compost issu des sous produits de palmier dattier, S1, 1/3 compost + 2/3 sable dunaire et S2, 1/3 fumiers + 2/3 sable dunaires) sur la germination et le bourgeonnement de laurier rose. L’essai a été réalisé dans la pépinière de l’Arrondissement des Forêts du Commissariat Régional de Développement Agricole (CRDA) à Kébili. Les tests biologiques effectués (germination et bourgeonnement) sur

23 Effet d’un compost à base de sous produits du palmier dattier sur la germination et le bourgeonnement du laurier rose les trois substrats ont montré que les taux de germination (in vivo) sont de 75 % sur S0, 29 % sur S1 et 33 % sur S2.Ainsi, le compost pur est le plus proche du pouvoir germinatif (in vitro) qui est de 95 %. Le test de bourgeonnement a indiqué que les taux de réussite des boutures sont de 64 % sur S0, 55 % sur S1 et 42 % sur S2. Donc les sous produits des palmiers dattiers pourraient fournir un compost présentant des caractéristiques physico-chimiques, minérales et biologiques intéressantes lui permettent d’être proposé comme un substrat local dans les pépinières de production des arbustes et des arbres au sud tunisien

Mots clés : Sous-produits du palmier dattier, compost, germination, bourgeonnement in vivo, et in vitro, laurier rose.

Abstract Palm trees provide massive quantities of by products which are not conveniently valorized. The composting process could be considered as the most promising technique of their exploitation. This study tests the effect of three substrates (S0: 100 % compost of palm trees by products, S1: 1/3 compost + 2/3 dune sand and S2: 1/3 manure +2/3 dune sand) on the germination and budding of Nerium oleander. The tests have been realized in the forests district nursery of the regional commissariat of agriculture development. Biological tests showed that the germination rate are 75 % on S0, 29 % on S1 and 33 % on S2. So, the pure compost can give the nearest germination rate compared to in vitro tests (95 %). The budding test indicated that the successful cuttings rates are 64 % on S0, 55 % on S1 and 42 % on S2. Palm trees by products could provide excellent compost having good physico-chemical, mineral and biological characteristics allowing it to be proposed as local substrate used in nurseries and organic agricultures.

Key words: Palm trees, by product, compost, germination, budding, Nerium oleander

24 M. Sghairoun, A. Vadel et A. Ferchichi

1. INTRODUCTION: Ce travail consiste à évaluer Les oasis du Sud tunisien jouent l’effet de trois substrats (100% un rôle très important sur le plan compost issu des sous produits socio-économique et écolo- de palmier dattier, 1/3 compost gique. Elles couvrent une super- + 2/3 sable dunaire et 1/3 fu- ficie d’environ 40 080 hectares miers + 2/3 sable dunaire) sur la comptant environ 6.000.000 de germination et le bourgeonne- pieds. La production nette qui ment de laurier rose. en découle est estimée à 162.000 tonnes (GIF, 2010) se qui pré- 2. MATERIEL sente 5 % de la production agri- ET METHODES cole et 13 % des exportations 2.1 Matériel agricoles nationales. Cet impor- 2.1.1 Site expérimental : Les tant effectif de palmiers dattiers tests de germination et de bour- fournit des déchets ou des sous geonnement in vivo du laurier produits qui sont à l’origine des rose ont été réalisés dans la pé- nombreux problèmes. Au niveau pinière de l’Arrondissement des des oasis, ils constituent une Forêts du Commissariat Régio- source de pollution et abritent nal de Développement Agricole plusieurs ravageurs, d’où (CRDA) à Kébili. la nécessité de les éliminer afin de réduire leurs impacts envi- 2.1.2 Compost : il résulte du ronnemental et phytosanitaire. compostage en fosse des déchets Parmi les solutions envisa- du palmier dattier dans la Sta- gées et citées par plusieurs tion Expérimentale de l’Institut auteurs (Munier 1973 et Akdi des Régions Arides à Kbeli. Le et Ahmed, 1985). Le compos- tableau 1 renseigne sur les prin- tage représente la meilleure voie cipales caractéristiques physico- d’élimination des déchets biodé- chimiques de ce compost. Ces gradables. Le compostage est caractéristiques sont pratique- une technique de stabilisation et ment dans les normes de qualité du traitement des déchets orga- du compost local (ITAB, 2001a ; niques (Mustin, 1987). Dans les 2001b ; 2001c) et internatio- déchets issus du palmier dattier, nal (AFNOR, 1985 ; 1999a ; la matière organique représente 1999b). environ 80 % de matière sèche.

25 Effet d’un compost à base de sous produits du palmier dattier sur la germination et le bourgeonnement du laurier rose

Tableau 1. Propriétés physicochimiques du compost issu des déchets du palmier dattier. (Sghairoun et al., 2007) MOT Paramètres CE D H N C HNO - NH4 (%) S pH C/N 3 (ms/ (%) (%) (%) (ppm) (ppm) (g/l) (g/ cm) cm3) Average 7.87 40.77 1.045 12.75 12.2 256.66 109.6 3.22 50 2.06 0.43

H: Humidité, N: Azote, C: Carbone, CE: conductivité électrique, MOT: Matière organique totale, S: salinité, D: Densité.

2.1.3. Laurier rose : 2.2 Méthodologie Le laurier rose (Nerium 2.2.1 Suivi de la germination oleander L.), aussi appelé du Laurier rose : Oléandre, est un arbuste de La germination du Laurier la famille des Apocynacées rose a été suivie « in vitro et originaire de la rive sud de in vivo » : la mer Méditerranée. C’est *In vitro : les germinations sont un arbuste d’environ 2 m de faites sur des boîtes de Pétri. hauteur dont les fleurs blanches, Chaque boîte de Pétri reçoit 5 jaunes, rouges ou saumon graines. Les répétitions sont au s’épanouissent de mai à octobre. nombre de 5. Le test in vitro C’est une espèce moyennement permet de déterminer l’aptitude sensible à la salinité du milieu ; germinative des graines dans des persistante au feuillage lancéolé, conditions optimales. Une graine coriace vert moyen. Elle est est considérée germée lorsqu’elle caractérisée par une efficace émerge une radicule de 1mm de aptitude de multiplication; la long. Une graine est considérée croissance végétative est active germée lorsqu’elle émerge une pendant le mois de juillet. radicule de 1mm de long. Les premières germinations sont observées après 3 jours (ASTM, 1994). *In vivo : La germination se réalise dans des sachets remplis

26 M. Sghairoun, A. Vadel et A. Ferchichi par trois substrats (S0, S1 et S2). primé par la formule suivante : La composition des milieux est comme suit : Taux de réussite= NGG/NGT*100 S0 : compost 100% S1 : 1/3 composts + 2/3 sable dunaires NGG : Nombre de Graines S2 : 1/3 fumiers + 2/3 sable Germées dunaires NGT : Nombre de Graines Le dénombrement a porté sur Totales 40 semis répartis sur trois blocs, chaque bloc est divisé en trois • Bouturage : Le taux de réus- parties séparées par une barrière site de bourgeonnement est cal- caillouteuse. Dans le cas des culé par la formule suivante : semences, on sème une à deux graines par sachet. Taux de réussite= NBE/NBT*100 NBE : Nombre de Boutures 2.2.2 Suivi de bourgeonnement Emergés du laurier rose : NBT : Nombre de Boutures Pour étudier le bourgeonnement Totales de laurier rose sur les trois subs- trats susmentionnés, la méthode 3. RESULTATS ET DISCUS- suivie est celle du dispositif en SIONS carré latin. Le dénombrement a 3.1 Test de germination porté sur 40 boutures réparties 3.1.1 Test de germination in sur trois blocs, chaque bloc est vitro divisé en trois parties séparées Les premières germinations sont par une barrière caillouteuse. observées après 3 jours de mise Dans le cas des boutures, on en germination; le taux de réus- repique une seule bouture par site est de 95 %. Ceci montre sachet. La température est sui- que les graines utilisées possè- vie pendant toute la période de dent un pouvoir germinatif très l’expérimentation. élevé. Donc, il constitue un ma- tériel fiable pour les bios tests de 2.2.3 Taux de réussite : germination sur le compost. Il • Germination : Le taux de en résulte que la composition du réussite de la germination est ex- compost est favorable à la ger- 27 Effet d’un compost à base de sous produits du palmier dattier sur la germination et le bourgeonnement du laurier rose mination. Cependant, le taux de tions climatiques qui ont régné réussite est inférieur à celui ob- dans la pépinière. En effet, servé chez le test in vitro, il est l’amplitude journalière de tem- de 85%. pérature a été élevée pendant la période de germination, elle 3.1.2. Cinétique de germina- varie de 25°C (7 h 30) à 37°C tion de laurier rose sur les (15 h) ce qui menace d’après, trois milieux. Znaidi, 2002, le déroulement La Figure 1 illustre la ciné- normal de la germination et de tique de germination exprimée bourgeonnement. Concernant la en fonction de la moyenne du différence observée sur les trois nombre de graines qui germent milieux, elle semble être due sur les trois milieux: S0, S1 et à la texture du sol (Le maître, S2. Les deux milieux S1 et S2 1998). On peut déduire que le présentent un taux de réussite compost est moins compact et de 29 à 33 %. Les faibles taux présente une bonne aération et de réussite dans ce travail sont rétention d’humidité par rapport dus probablement aux condi- aux milieux S1 et S2.

Figure 1. Cinétique de germination exprimée en fonction de la moyenne des nombres de graines germent sur les trois milieux: S0, S1 et S2.

28 M. Sghairoun, A. Vadel et A. Ferchichi

3.1.3. Test in vivo : 3.1.4. Cinétique de bourgeon- Le dénombrement des graines nement de laurier rose sur les germées a été fait pendant 20 trois milieux S0, S1 et S2 : jours. La cinétique de germi- Les boutures sont repiquées sur nation (Figure1) montre que les mêmes milieux utilisés pour l’effet des trois compositions la germination : S0, S1 et S2. La sur la germination est diffé- capacité rhizogène est évaluée rent. La composition faite uni- par l’émergence des feuilles sur quement du compost présente la bouture. Le bouturage a com- la meilleure germination. Les mencé en mai. Après dix jours autres milieux ne sont pas diffé- du repiquage, nous avons ob- rents, ils présentent des moyennes servé les premières émergences de NGG identiques. Des résul- foliaires. Le dénombrement des tats similaires sont trouvés par boutures émergeant des feuilles Belgacem en 2002. est suivi en fonction du temps. La cinétique est représentée sur la figure 3.

Figure 3: Cinétique du débourrement exprimée en fonction de la moyenne des nombres de boutures émergeant des feuilles sur les trois milieux: S0, S1 et S2.

29 Effet d’un compost à base de sous produits du palmier dattier sur la germination et le bourgeonnement du laurier rose

La cinétique du débourrement être considéré comme substrat montre que le bouturage est intéressant au niveau des pépi- meilleur sur les milieux S0 et nières. S1. Le milieu S3 présente un Les résultats ont confirmé que faible taux de bouturage. Les les taux de réussites (in vivo) taux de réussite de bouturage sont 75% sur S0, 29% sur S1 et sont de 64% sur S0, 55% sur S1 33% sur S2. Donc, le compost et 42% sur S2. La richesse du pur est le plus proche de pouvoir compost en matière organique germinatif (in vitro) qui est de est à l’origine de cette améliora- 95%. tion de bouturage. Les composts Le test de bourgeonnement in- sont utilisés par les horticulteurs dique que les taux de réussite comme stimulateur de la multi- des boutures sont respective- plication végétative (Belgacem, ment : 64% sur S0, 55% sur S1 2002). et 42% sur S2. Ainsi, le compost pur serait plus approprié. 4. CONCLUSION: Le compost issu des déchets L’étude de l’effet de trois subs- du palmier dattier présente des trats (100% compost issu des caractéristiques physico-chi- sous produits de palmier dattier, miques, minérales et biologiques 1/3 compost + 2/3 sable dunaire très tolérantes qui lui permet et 1/3 fumiers + 2/3 sable d’être utilisé comme substrat dunaires) sur la germination et le naturel pour la germination et la bourgeonnement de laurier rose croissance des arbres fruitiers et montre que le compost pourrait forestiers.

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32 Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:33-47

CARACTERISTIQUES ECOPHYSIOLOGIQUES DE L’OLIVIER (Olea europaea L.) PLANTE A DIFFERENTS ECARTEMENTS

Mohamed GOUIAA1, Dalenda BOUJNAH2 et Tijani MEHOUACHI 1 1Institut Supérieur Agronomique, 4042 Chott-Mariam, IRESA-Université de , Tunisie. 2Institut de l’Olivier, BP1087 , Tunisie

ملخص أنجز هذا البحث على أشجار زيتون بعمر 16سنة، متأتية من عقل خضرية و مزروعة بأبعاد مختلفة )10/10، 12/12، 14/14، 16/ 16و 18/18م( لدراسة مدى إمكانيات غراستها في منطقة جافة و في ظروف مطرية. و أثبتت النتائج المتحصل عليها أن غراسات الزيتون ذات أبعاد 18/18 و14/14 م وخاصة هذه األخيرة كانت األمثل لتحمل عوامل نقص مياه األمطار، اعتمادا على ارتفاع في كثافة المنافذ الورقية التي تجاوزت 380 منفذ/مم2، على نسب محترمة للجهد المائي)قبل طلوع الشمس )Bar -5( و عند الزوال ) تجاوز Bar -15( و على تمثيل ضوئي مرتفع نسبيا. و يمكن اعتماد هذه النوعية من أشجار الزيتون و استغاللها في الظروف المناخية الصعبة و بكثافة مدروسة.

الكلمات المفاتيح: شجر الزيتون، عقل خضرية، كثافة، مناخ جاف، تأقلم إيكوفيزيولوجي

RESUME La présente étude est menée sur des oliviers issus de boutures semi- ligneuses, âgés de 16 ans, plantés dans une zone aride en condi- tions pluviales et avec différents écartements (10 x 10 m, 12 x 12 m, 14 x 14 m, 16 x 16 m et 18 x 18 m). Le suivi du comportement écophysiologique de ces arbres a confirmé les possibilités de l’uti- lisation de ce matériel végétal dans ces conditions. En effet, l’oli- vier produit par bouturage herbacé a montré une importante capacité adaptative dans la région de Souassi. Les oliviers des écartements 14 x 14 m et 18 x 18 m ont mieux résisté aux conditions limi- tantes de l’alimentation hydrique. Afin de surmonter la contrainte hydrique, les arbres de ces écartements ont manifesté une augmen- tation de la densité stomatique (dépassant 380 stomates /mm2)

33 Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.)

et ont affiché les valeurs les plus élevées pour le potentiel hydrique foliaire (de base et minimum). Egalement, ces arbres se sont distin- gués par une activité photosynthétique plus intense.

Mots clés : olivier, boutures semi-ligneuses, densité, milieu aride, adaptation écophysioplogique

ABSTRACT In Souassi, an arid region of central Tunisia (Governorate of ), sixteen years old olive trees, regenerated from her- baceous cuttings, were planted at different planting distances (10 x 10 m, 12 x 12 m, 14 x 14 m, 16 x 16 m and 18 x 18 m). Ecophysiolo- gical behaviour of these trees has shown an important adaptation ca- pacity to drought for the two planting spacing’s (14 m x 14 m and 18 m x 18 m). In this case, to overcome drought, olive trees increased stomata density (more than 380 stomata/ mm2) and increased consi- derably water potential. Olive trees also showed a little increasing of photosynthetic activity.

Key words: olive tree, herbaceous cuttings, density, arid region, ecophysiological adaptation.

34 M. GOUIAA, D. BOUJNAH et T. MEHOUACHI

1. INTRODUCTION thèse, moins de consommation Le developpement d’une oléi- d’eau et moins de biomasse. culture moderne passe par la Une sécheresse intervenant modification du système de pro- avant et pendant la période d’ex- duction. La tendance actuelle est pansion de la feuille entraine une de réviser les densités de plan- limitation ou un arrêt de celle-ci tation en utilisant des boutures et une augmentation de la den- semi-ligneuses et notamment en sité stomatique (Braham, 1997), milieux semi-aride et aride. Ces mais avec des stomates de taille milieux sont caractérisés par la et de surface réduites (Ticha, rareté des pluies et l’excès de 1982). L’augmentation de la chaleur qui causent des condi- densité stomatique serait béné- tions de déficit hydrique. fique en zone aride puisqu’elle Le système racinaire de l’olivier permet le rafraichissement de semble être conçu pour absor- la feuille (Van Damme, 1990). ber les faibles quantités d’eau Au niveau de la feuille, la résis- des couches les plus profondes tance stomatique a été montrée du sol (Fernandez et Moreno, comme un mécanisme impor- 1999). Il est capable d’exercer tant de la réponse à une séche- une force de succion d’eau de resse (Rambal et al., 2003). Elle l’ordre de -25 bars sur le sol augmente lorsque la contrainte alors que la plupart des arbres hydrique augmente et elle est fruitiers se limitent à une suc- souvent corrélée négativement cion de l’ordre de -15 bars. En à la conductance hydraulique milieux semi-aride et aride, les (Sperry, 2000). Cette élévation pertes en eau par transpiration est d’autant plus importante et chez les plantes excèdent sou- précoce que la contrainte est vent la capacité d’absorption plus sévère. En effet, le degré radiculaire ce qui affecte la pro- d’ouverture stomatique dépend duction de la biomasse totale de la turgescence des cellules de la plante (Zgalli et al. 2007). de garde (Denden et Lemeur, Ainsi, chez l’olivier, lorsque 2000). L’état de déficit hydrique la demande évaporatoire aug- se caractérise, en fait, par une mente, les stomates se ferment. chute du contenu relatif en eau Il en résulte moins de photosyn- dans les tissus végétaux et du

35 Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.) potentiel hydrique foliaire, une de l’olivier « Chemlali » issus de perte de turgescence et la ferme- boutures semi-ligneuses, planté ture des stomates. La réduction à différentes densités et conduit du contenu relatif en eau de 96 en pluvial dans une zone aride. à 80% cause une réduction sen- sible de l’assimilation du CO2 2. MATERIEL (Bongi et Palliotti, 1994). Par ET METHODES ailleurs, la fluorescence chloro- L’essai a été mené dans des phyllienne est un outil de dia- conditions naturelles en plein gnostic dont l’intensité est liée champ dans la parcelle du Centre au fonctionnement de l’appareil de Formation Professionnelle photosynthétique et varie entre Agricole (CFPA) de Souassi, la fluorescence constante (ren- Gouvernorat de Mahdia. La ré- dement maximal) et la fluores- gion d’étude appartient à l’étage cence maximale (Fm) (blocage bioclimatique méditerranéen total) : c’est la fluorescence va- aride supérieur à hiver tem- riable (Fv) qui dépend unique- péré. La pluviométrie moyenne ment de l’état des centres PS II annuelle est de 250 mm à répar- (Ducruet, 1983). Angelopoulos tition irrégulière. Le sol est de et al. (1996) ont démontré que texture sablo-limoneuse et à pH la fluorescence chlorophyllienne alcalin (8,4). des plants d’olivier augmente L’étude des potentialités adap- à midi, particulièrement pour tatives des plants d’olivier issus les plants stressés. L’inhibition de boutures semi-ligneuses en photosynthétique est détectée relation avec la densité de plan- par une augmentation du rapport tation fait appel à des oliviers Fv/Fm (Kasraoui et al., 2006) « Chemlali » âgés de 16 ans et et la relation entre la fluores- pour cinq écartements de plan- cence et le déficit hydrique a été tation (10m x 10m, 12m x 12m, affectée par plusieurs facteurs, 14m x 14m, 16m x 16m et 18m x notamment le changement de la 18m). Pour chaque écartement, 6 concentration chlorophyllienne. arbres ont été choisis pour servir C’est dans ce contexte que cette comme support des observations étude se propose d’évaluer le et des manipulations ultérieures. comportement écophysiologique L’évaluation des potentialités

36 M. GOUIAA, D. BOUJNAH et T. MEHOUACHI adaptatives des arbres étudiés le solvant N,N-Diméthylforma- a été faite sur la base des para- mide, par spectrophotométrie à mètres suivants : trois longueurs d’ondes : 664, - contenu relatif en eau (RWC) 647 et 625 nm. Les mesures ont déterminé par la formule de Wea- eu lieu à quatre dates : 14 avril, therley (1965) et Karmer (1983) 30 avril, 12 et 28 mai 2009. Les à quatre dates : 25 février, 08 et concentrations des différentes 22 avril et 06 mai 2009. composantes ont été calculées - résistance stomatique déter- comme suit : minée par un poromètre à diffu- Chla = 12,65 A664 – 2,99 A647 sion, type « AP4 DELTA T DE- – 0,04 A625 VICES» à cinq dates : 25 février, Chlb = - 5,48 A664 + 23,44 13 mars, 14 avril et 05 et 28 mai A647 – 0,97 A625 2009. PChl = - 3,49 A664 – 5,25 A647 - potentiel hydrique foliaire + 28,3A625 déterminé par un psychromètre Avec: (Scholander et al.1965). Il s’agit Chla : Concentration de la chlo- du potentiel hydrique foliaire de rophylle a ; Chlb : Concentra- base mesuré à l’aube (Ψ base), le tion de la chlorophylle b ; PChl potentiel hydrique foliaire mini- : Poids chlorophyllien, A664: mum (Ψ midi) mesuré à midi et l’absorbance de la solution à le potentiel hydrique du soir (Ψ 664 nm, A647: l’absorbance de soir) mesuré à 18 H. les mesures la solution à 664 nm et A625: ont été effectuées le 30 avril l’absorbance de la solution à 664 2009. nm. - densité stomatique déterminée - fluorescence chlorophyllienne par observation microscopique déterminée par un fluorimètre de et moyennant un logiciel « Win type OS1-FL. Les mesures ont Dias » au niveau de la face in- eu lieu à midi le 30 avril 2009. férieure de la feuille de l’année Les données obtenues ont fait « n-1 ». Elle a été réalisée l’objet d’une analyse de la va- le 30 avril 2009. riance moyennant le logiciel - concentration chlorophyllienne «SPSS pour Windows » (version mesurée, après extraction de la 13.0). chlorophylle totale dissoute dans

37 Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.)

3. RESULTATS ET DISCUS- 80 % à la dernière mesure (dé- SION but mai) et ce suite aux préci- L’évolution du contenu relatif en pitations enregistrées (Fig. 1). eau (RWC) dans les feuilles est Le contenu relatif en eau reflète similaire pour tous les oliviers l’état hydrique des feuilles. Il est issus de boutures herbacées et influencé par le statut de l’eau plantés à différents écartements dans le sol et les facteurs clima- avec un minimum qui dépasse tiques. La réduction du RWC de 60%. Toutefois, l’effet de l’écar- 96 à 80 % provoque une réduc- tement entre les arbres sur les tion sensible de l’assimilation valeurs moyennes du RWC s’est du CO2 qui est nécessaire pour montré hautement significa- assurer la photosynthèse (Bongi tif (Tab. 1). Le RWC a dépassé et Palliotti, 1994).

Figure 1: Evolution du contenu relatif en eau des feuilles de l’olivier « Chemlali » conduit en pluvial suivant les écartements de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m)

38 M. GOUIAA, D. BOUJNAH et T. MEHOUACHI

Afin de ne pas perdre de l’eau tique dépend du type du déficit sous forme de vapeur, les sto- hydrique, de la température de mates se ferment davantage la feuille, de la concentration de indiquant une résistance stoma- CO2 (Munro 1989) et de la tur- tique élevée. C’est le cas des gescence des cellules de garde oliviers des écartements 18x18 (Denden et Lemeur, 2002). Tous m et 16x16 m. La résistance sto- ces paramètres ne font que dimi- matique des oliviers de l’écar- nuer la résistance stomatique. tement 10 m est relativement Une diminution importante a faible (Fig. 2). Leurs stomates été notée à la dernière mesure sont ouverts leur permettant (fin mai). L’analyse statistique une certaine résistance face au montre que l’effet de l’écarte- stress hydrique et une certaine ment sur la résistance stoma- activité photosynthétique. Aus- tique est hautement significatif si, le degré d’ouverture stoma- (Tab. 1).

Figure 2 : Variation de la résistance stomatique de l’olivier « Chemlali » conduit en pluvial suivant les écartements de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m)

39 Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.)

Chez la variété Chemlali, la den- la densité stomatique chez l’oli- sité des stomates varie d’une vier augmente avec la diminu- façon hautement significative tion du gradient pluviométrique. en fonction des écartements Cette augmentation permet un (Tab. 1). Elle oscille entre 312 et rafraîchissement de la feuille et 397 stomates/mm2 et se trouve conduit à une température des plus élevée pour les écartements tissus plus basse, ce qui favorise 14 x 14 m et 18 x 18 m avec, res- la photosynthèse. C’est le cas pectivement, 380 ±39 et 397±16 des oliviers plantés aux écarte- stomates/mm2 (Fig. 3). En effet, ments 14 x 14 m et 18 x 18 m.

Figure 3 : Evolution de la densité stomatique sur feuilles de la variété « Chemlali » conduite en pluvial suivant les écartements de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m).

Le potentiel hydrique foliaire est 10 m (-8 bars) qui auraient mal la variable la plus pertinente du résisté aux conditions limitantes déficit hydrique de l’olivier. Le de l’alimentation hydrique. Le potentiel de base indique l’état potentiel hydrique foliaire mini- hydrique réel de la plante à un mum mesuré au milieu de la instant donné. Il est le plus élevé journée traduit le déficit hydrique chez les oliviers plantés à 18 maximal interne de la plante x 18 m (-5bars) qui ont mieux (Batino et al., 2001). A midi, les résisté et le plus faible pour les oliviers de l’écartement 18 x 18 oliviers de l’écartement 10 x m sont moins stressés suivis par

40 M. GOUIAA, D. BOUJNAH et T. MEHOUACHI les arbres de l’écartement 14 x non limitantes du sol (Angelo- 14 m, car ils présentent le po- poulos et al. 1996), les arbres tentiel hydrique foliaire le plus des écartements 14 x 14 m et 18 élevé alors que ceux de l’écarte- x 18 m paraissent les plus résis- ment 12 x 12 m ont présenté le tants au stress hydrique (Fig. 4). potentiel le plus faible. Sachant L’analyse statistique montre que que le potentiel hydrique foliaire l’effet de l’écartement sur le po- atteint un seuil minimum dans tentiel hydrique foliaire est hau- les heures chaudes de la journée tement significatif (Tab. 1). même en conditions hydriques

Figure 4 : Evolution du potentiel hydrique foliaire durant toute la jour- née du 30 avril (Ψ base, Ψ midi et Ψ soir) de la variété « Chemlali » conduite en pluvial suivant les écartements de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m)

La concentration de la chloro- un éclairement déficient ou à la phylle « a » est plus importante dégradation de la chlorophylle que celle de la chlorophylle «b» sous l’effet de la contrainte hy- avec une certaine supériorité au drique. Cette même tendance niveau des arbres aux écarte- non significative est aussi véri- ments 14 x 14 m, 16 x 16 m et fiée pour le poids chlorophyllien 18 x 18 m (Fig. 5 et 6). Les écar- qui a montré une légère supério- tements 10 x 10 m et 12 x 12 m rité pour les écartements élevés ont affiché les concentrations les (16x16 m et 18x18 m) (Fig. 7). plus faibles probablement dues à Sous contrainte hydrique, les 41 Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.) réactions photochimiques de la écartements 18 x 18 m et 16 x 16 photosynthèse connaissent une m (Fig. 8). Sachant que le stress perturbation. La fluorescence hydrique peut causer une dimi- chlorophyllienne a montré une nution de l’efficience photochi- légère différence qui reste non mique maximale du PSII (Qmax significative en fonction des = PSII = Fv/Fm), les arbres de écartements de plantation avec l’écartement 18 x 18 m seraient des valeurs extrêmes de 0.707 et les moins stressés. 0.735, respectivement, pour les

Figure 5 : Variation de la concentration de la chlorophylle (a) dans les feuilles de l’olivier « Chemlali » conduit en pluvial suivant les écarte- ments de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m)

Figure 6 : Variation de la concentration de la chlorophylle (b) dans les feuilles de l’olivier « Chemlali » conduit en pluvial suivant les écarte- ments de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m)

42 M. GOUIAA, D. BOUJNAH et T. MEHOUACHI

Figure 7 : Variation du poids chlorophyllien dans les feuilles de l’olivier « Chemlali » conduit en pluvial suivant les écartements de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18 m)

Figure 8: Variation de l’efficience photochimique (Fv/Fm) de l’olivier « Chemlali » conduit en pluvial suivant les écartements de plantation (10x10, 12x12, 14x14, 16x16 et 18x18m) et réalisé le 30 avril 2009

43 Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.)

4. CONCLUSION plantation. Ainsi, les oliviers des L’objectif de cette étude est de écartements 14 x 14 m et 18 x 18 vérifier les potentialités d’adap- m se sont montrés les plus adap- tation de l’olivier planté à dif- tés, notamment pour le potentiel férents écartements afin de pou- hydrique et la résistance stoma- voir dégager l’écartement le plus tique. Il en est de même pour la adéquat pour une culture plu- concentration et la fluorescence viale dans un milieu aride. Pour chlorophylliennes qui ont ma- des arbres âgés de 16 ans, les nifesté la même tendance mais critères les plus remarquables, avec des différences non signi- permettant de distinguer entre ficatives. les différents écartements, sont Ces résultats montrent que l’oli- la densité stomatique, le contenu vier issu de boutures semi-li- relatif en eau, la résistance sto- gneuses et cultivé dans une zone matique et le potentiel hydrique aride avec des densités relati- des feuilles. En effet, ces para- vement élevées, peut résister mètres ont manifesté des varia- convenablement aux conditions tions hautement significatives limitantes de l’alimentation hy- en fonction des écartements de drique.

44 Tableau1. Valeurs moyennes des paramètres mesurés sur l’olivier « Chemlali » issu des boutures semi-ligneuses et degrés de signification des différences entre les écartements

Contenu Résistance Densité Potentiel Concentration de Concentration de Poids Efficience relatif en stomatique stomatique hydrique Chlorophylle a Chlorophylle b chlorophyllien photochimique eau

E1 73,13 536,99 321,28 -31 8,49 2,81 1,32 0,71 E2 73,71 598,59 312,03 -32 9,04 2,82 0,67 0,72 E3 79,54 654,09 380,4 -28 9,29 3,03 0,92 0,73 E4 80,20 676,80 328,07 -31,25 10,47 3,61 1,03 0,73 45 E5 80,61 695,27 397,17 -27,75 9,62 4,06 1,32 0,71

Niveau de signification des différences *** *** *** *** ns ns ns ns entre écartements

UACHI MEHO JNAH et T. D. BOU UIAA, M. GO E1 : écartement 10mx10m ; E2 : écartement 12mx12m ; E3 : écartement 14mx14m ; E4 : écartement 16mx16m ; E5 : écartement 18mx18m *** : Différence significative ; ns : Différence non significative Caracteristiques ecophysiologiques de l’olivier (Olea europaea l.)

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46 M. GOUIAA, D. BOUJNAH et T. MEHOUACHI

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Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:49-62 Impacts des facteurs climatique s et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride

Hanen DHAOU MSADKI1, Dalel OUERCHEFANI BOUZAIDA1, Netij BEN MECHLIA2, Houcine TAAMALLAH1 et Mohamed OUESSAR1 1Institut des Régions Arides, 4119-Médenine-Tunisie 2Institut National Agronomique de Tunisie, 43 Avenue Charles Nicolle, 1082-Tunis-Tunisie

ملخص يتمثل الهدف الرئيسي المرتقب من هذا البحث في دراسة مدى تأثير العوامل المناخية والتربة على إنتاج أشجار الزيتون. أجريت هذه الدراسة بأربع غابات زيتون تم اختيارها بوالية مدنين )دار الظاوي، الفجا، عالمات المشلوش، شماخ جرجيس( وذلك على امتداد موسمين )2007/2006 و 2007/2008(. ترتكز المنهجية المعتمدة لتجسيد هذه الدراسة أساسا على تحديد خصائص أشجار الزيتون، صنف زلماطي، والمغروسة بمناطق ذات تربة مختلفة، باإلضافة إلى المقارنة بين قدراتها اإلنتاجية وذلك في ضوء تحليل المدخرات المائية للتربة والعوامل المناخية. تبيّن لنا من خالل ذلك ّأن إنتاج الزياتين يعتمد خصوصا على العوامل المناخية أكثر منه على عامل التربة. كما تبيّن ّأن الزياتين المغروسة بمناطق ذات تربة رملية عميقة أكثر إنتاجية )2,448 طن من الزيتون /هكتار( بالمقارنة مع تلك الموجودة بأراضي هامشية ذات قوام جبسي)0,960 طن من الزيتون /هكتار(.

الكلمات المفاتيح: شجرة الزيتون، كميات األمطاار،المدخرات المائية للتربة، اإلنتاج

Résumé L’objectif de ce travail est d’étudier l’effet des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers. Cette étude a été me- née, auprès de quatre exploitations oléicoles dans le gouvernorat de Médenine (Zarzis, Allamet Mechlouch, El Fjé et Dar Dhaoui), au cours des campagnes 2006/2007 et 2007/2008. L’approche métho- dologique développée s’est intéressée à la caractérisation et la com- paraison des capacités de production des oliviers, variété Zalmati,

49 Impacts des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride installés sur différents types de sols, à travers l’analyse des réserves hydriques du sol et des facteurs climatiques (température, pluviomé- trie). Les résultats obtenus montrent que la production des oliviers semble être plus tributaire des facteurs climatiques que des facteurs édaphiques. De plus, les oliviers sur sol sableux profond sont plus productifs (2,448 t d’olives /ha) en comparaison avec ceux sur sol gypseux marginal (0,960t d’olives /ha).

Mots clés: Olivier, précipitation, réserve hydrique du sol, produc- tion.

Abstract The main aim of the present study is to evaluate the effects of cli- mate and soil factors on the olive production. This study was carried out on four olive orchard located in Médenine governorate (Zarzis, Allamet Mechlouch, El Fjé and Dar Dhaoui) during 2006/2007and 2007/2008 agriculture seasons. The developed methodological ap- proach was interested to the characterization and the comparison of the olive production capacities (Zalmati variety) planted on different soil types within the analysis of the soil water availability and cli- mate factors (temperature, precipitation). The result revealed that the olive tree production seems to be dependent on climate factors more than soil factors. Therefore, the olive trees planted in sandy soils (depth> 80m) are more productive (2,448t of olives /ha) than those on gypseous soils (0,960 t of olives /ha).

Key words : Olive tree, precipitation, soil water reserve, production yield

50 H. DHAOU MSADKI, D. OUERCHEFANI BOUZAIDA, N. BEN MECHLIA, H. TAAMALLAH et M. OUESSAR 1. Introduction aux apports des aménagements Le développement normal d’un hydrauliques. arbre dépend de la présence d’un En outre, l’olivier est considé- équilibre entre ses besoins indi- ré comme peu exigeant en sol viduels, le climat et la constitu- puisqu’il est capable de se déve- tion physique et chimique du sol lopper sur des sols peu fertiles (Rebour, 1937 ; Hodgson, 1931). avec des teneurs faibles en ma- Par ailleurs, sous climat aride et tière organique et en éléments semi aride caractérisé par l’in- nutritifs. Plusieurs recherches suffisance et la rareté des préci- ont approuvé que sur ces zones pitations, la réussite des cultures considérées marginales, l’oli- dépend des capacités d’adapta- vier est capable de subsister et tion de la plante non seulement même de produire (Civantos, au climat mais également au sol 1988 ; Bonazzi, 1997 ; Spenne- et à la quantité d’eau disponible. mann et Allen, 2000 ; Loumou L’olivier, est l’un des espèces qui et Giourga, 2003). ont valorisé convenablement les Cependant, lorsque le défi- zones semi-aride et aride du bas- cit hydrique est manifeste, sin méditerranéen par sa rusti- l’extension de la culture et la cité et sa souplesse d’adaptation survie de l’olivier deviennent (Gimenez et al., 1997). A l’état tributaires de la qualité du sol spontané, l’olivier se développe (Trigui, 1992; Gargouri dans les milieux à pluviométrie et Mhiri, 2002 ; Ben Rouina et al., supérieure à 400 mm, dans les 1997 ; 2006). Par ailleurs, sous endroits favorables à l’accumu- climat aride, l’olivier ne donne lation d’eau de ruissellement et de bons rendements que si son surtout au-delà de I’isohyète 600 système racinaire se développe mm (Pansiot et Rebour, 1961; non seulement en largeur mais Loussert et Brousse, 1978). aussi en profondeur. Yankovitch Cependant, le Houérou signale et Bertelhot (1947) signalent que que la culture de l’olivier peut les racines pivotantes peuvent être économiquement rentable prospecter une profondeur de 5 jusqu’aux isohyètes 120-150 m sur sol sableux profond, alors mm. Pour Floret et Pontanier qu’elles se contentent du pre- (1982), l’olivier peut produire mier mètre de profondeur en sol jusqu’à l’isohyète 100 mm grâce limono-argileux peu profond.

51 Impacts des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride De ce fait, le sol idéal pour l’olivier, en zone aride, 2. Matériels est un sol profond à tex- et méthodes ture sablonneuse (Loussert 2.1. Sites expérimentaux et Brousse, 1978 ; Trigui, 1987 ; L’étude est réalisée dans quatre Ben Rouina et al., 2002) conte- vergers d’oliviers présentant nant des teneures faibles en ar- des modes de conduite cultu- gile (Loussert et Brousse, 1978; rale similaires et des caracté- Yankovitch et Bertelhot, 1947). ristiques édaphiques distinctes Les terres à croûtes doivent être (Tableau1). Dans l’ensemble, considérées comme solution ces sites d’expérimentation de deuxième choix (Yankovitch appartiennent à des locali- et Bertelhot, 1947). D’après tés différentes du gouvernorat Belkhodja (1971), la présence de Médenine (Figure1) : du calcaire actif et total dans le sol n’a pas d’effet dépressif sur la croissance et la production de l’olivier que s’il se trouve sous forme de croûte ou d’encroûte- ment. Loussert et Brousse (1978) pensent, que l’olivier supporte assez bien des teneurs élevées en calcaire actif et est même sen- sible aux déficiences en cet élé- Gouvernorat de Médenine ment. Cependant, Akrimi et al. (1994) signalent que la culture de l’olivier sur des sols à croûtes Figure1 : carte de localisation des parcelles d’expérimentation ou encroûtement gypseux influe négativement sur sa production. Le présent travail consiste à étu- * Le premier site est localisé dier l’effet des facteurs clima- dans la région de Dar Dhaoui tiques et édaphiques sur la pro- (33° 17’ 48’’ N, 10° 47’ 6’’E) duction des oliviers de la variété située à environ 31 km de l’Est Zalmati, installés sur différents de Médenine. types de sols dans le gouverno- * Le deuxième site est loca- rat de Médenine. lisé dans la région El Fjé située

52 H. DHAOU MSADKI, D. OUERCHEFANI BOUZAIDA, N. BEN MECHLIA, H. TAAMALLAH et M. OUESSAR dans la partie septentrionale de de l’humidité du sol au niveau la plaine de Jeffara (33° 30’ N, des parcelles d’expérimentation 10°38’E). a été mesuré par gravimétrie au * Le troisième site est loca- cours des campagnes de produc- lisé dans la zone d’Allamet tion de 2007-2008 et 2008-2009. Mechlouch (33° 23’ 20’’ N, 10° Des prélèvements du sol sont 19’ 5’’ E) située à 15 km du Nord réalisés tous les 20 cm jusqu’à la Ouest de Médenine. profondeur de 100 cm avec une * Le quatrième site est localisé répétition de 5 fois sur chaque dans la zone de Chammakh à arbre. Zarzis (33° 34’ 49’’ N, 11° 02’ 2.4. Données climatiques 12’’ E). Les données météorologiques ont été acquises d’une station De chaque parcelle d’expéri- météorologique automatique mentation, nous avons choisi six (Data Logger CR510 Scienti- oliviers de la variété Zalmati, fic Campbell) installée proche de même âge (60 ans), plan- de chaque parcelle d’oliviers. tés à la densité de 16 arbres/ha Parmi les paramètres mesurés au (24*24m). Ainsi, pour caractéri- niveau de ces stations : les préci- ser les réponses de l’olivier aux pitations, la température de l’air, différentes conditions climato- l’humidité relative, la vitesse et édaphiques du milieu, plusieurs la direction du vent et la radia- types de mesures ont été réali- tion globale. sées au niveau de la culture et du 3. Résultats et discus- sol. sions 2.2. Mesure de la production De chaque parcelle d’expéri- 3.1. Caractérisation édaphique mentation, la production en de chaque parcelle olive a été déterminée par des 3.1.1. Caractérisation physico- pesées individuelles, arbre par chimique du sol arbre de la récolte obtenue pour A l’issue de l’analyse phy- les deux compagnes : 2007/2008 sico-chimique menée dans les et 2008/2009. quatre sites d’expérimentation 2.3. Mesures édaphiques réali- (tableau1) on pourra retenir que sées dans chaque parcelle malgré leurs grandes diversi- Un suivi mensuel de la variation tés pédologiques, les différents

53 Impacts des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride types du sol étudiés présentent et Troncoso, 1972; Pansiot quelques caractéristiques simi- et Rebour, 1960). laires qui se résument comme Les principales caractéristiques suit : physico-chimiques de divers ho- • tous ces sols sont légère- rizons des sites prospectés sont ment alcalins avec un pH com- les suivantes : pris entre 7,2 et 8,9 favorable Parcelle de Zarzis à l’agriculture de l’olivier Sur cette parcelle, les oliviers (Martinez, 1984 ; Loussert disposent d’un sol moyenne- et Brousse, 1978 ; Chavez, ment profond (<70cm), de tex- 1975); ture sablo-argileuse à sable fins, • un gradient du sol caractérisé à croûte calcaire. par une texture à dominance Du point de vu chimique, ce sol sableuse mais avec des profon- est relativement riche en matière deurs variables ; organique (>1,2%) qui témoigne • les teneurs en azote totale sont d’une stabilité marquée du mi- très faibles. Leurs valeurs sont lieu naturel, des teneurs en cal- variables entre 0,001 à 0,003 caire total relativement élevées mg/g ; (>20%) et des teneurs en cal- • la majorité des sols étudiés caire actif relativement faibles. ont une faible teneur en argile : Loussert et Brousse (1978) pen- moins de 15 % dans la couche sent, que l’olivier supporte assez arable. En comparaison avec les bien des teneurs élevées en cal- normes de Troncoso et Gonzalez caire actif et est même sensible (1972) qui considèrent que la aux déficiences en cet élément. meilleure moyenne d’argile dans Parcelle de Dar Dhaoui le sol est entre 15 et 25% ; Il s’agit d’un sol peu profond • à l’exception de la parcelle (<25 cm), pauvre en matière or- de Zarzis, les teneurs du phos- ganique et légèrement gypseux à phore assimilable dans les impact marginal sur l’enracine- différents sites sont relative- ment, la croissance et la produc- ment faibles (< 9 ppm) et n’at- tion de l’olivier, teignent pas la marge des clas- Parcelle d’El Fjé sés optimale (30 à 400 ppm) Sur cette parcelle, les oliviers proposée par plusieurs auteurs, disposent d’un sol moyennement (Recalde, 1975; Gonzalez profond (<70cm), constitué d’un

54 H. DHAOU MSADKI, D. OUERCHEFANI BOUZAIDA, N. BEN MECHLIA, H. TAAMALLAH et M. OUESSAR substratum sablo-limoneux gyp- développement de son système seux du Mipliocene. racinaire à coloniser un grand Parcelle d’Allamet Mechlouch volume de sol et valoriser ainsi Il s’agit d’un sol profond un important réservoir d’eau. En (>110cm) de texture sableuse effet, Ben Rouina et al. (1997) à sable fin en surface et sablo- notent que le nombre de racines limoneuse en profondeur. Ce et leurs étendues à différentes sol est parfaitement favorable profondeurs dépendent forte- à l’olivier, tout en assurant le ment de la nature du sol.

Tableau 1 : analyses physico-chimiques des sols menées dans les quatre sites d’expérimentation

Profondeu Granulométrie P20 MO Calcaire (%) Gypse Parcelle r dusol %S % 5 (%) pH CE % A %ST %SF Total Actif (%) % L G STF 0-15 8,03 1,02 89,85 2,30 84,60 2,95 6 1,32 20,09 0,21 - 7,2 0,8 15-25 10,45 3,15 84,20 2,30 78,50 3,40 6 1,49 16,17 0,39 - 8,7 0,5 Zarzis 25-40 11,65 5,55 79,60 4,10 73,35 2,15 8 1,27 17,15 0,57 - 8,7 0,5 40-70 10,48 4,70 83,85 6,15 75,90 1,80 3 1,46 22,06 0,75 - 8,8 0,5 0-15 7,70 2,35 89,26 1,35 86,55 1,36 4 0,38 3,81 0,54 0,7 8,9 0,6 Dar 15-25 9,45 4,32 85,75 0,80 83,25 1,70 7 1,09 22,84 0,69 0,5 8,8 0,4 Dhaoui >25 7,22 7,43 81,27 22,20 52,50 6,57 3 0,90 29,71 0,94 0,4 8,9 0,5 0-15 3,27 5,08 87,18 2,40 76,16 8,63 3 0,83 12,64 0,60 0,7 8,8 0,7 15-30 4,83 8,27 83,64 1,35 61,66 20,63 2 2,70 29,51 0,58 0,5 8,7 0,5 El Fjé 30-70 0,75 17,88 78,93 1,79 58,69 18,44 1 1,05 26,37 0,78 0,9 8,7 0,6 >70 5,50 22,65 67,28 8,65 53,22 5,40 1 2,80 23,82 0,81 29 ,2 7,8 2,8 0-20 3,80 2,88 92,51 0,78 91,31 0,42 8 0,31 2,44 0,05 - 8,7 0,6 Allamet 20-35 4,95 3,65 86,55 0,43 80,70 5,42 8 0,07 7,93 0,35 - 8,8 0,7 Mechlouc 35-85 4,58 2,85 91,34 1,39 88,45 1,49 3 0,06 7,54 0,19 - 8,8 0,6 h 85-110 1,20 8,32 90,03 3,35 86,06 0,62 4 0,02 4,01 0,19 - 8,9 0,4

Avec A : argiles, L : Limons, ST : sables totaux, SG : sables grossiers, S F : sables fins, S T F : sables très fins, MO : matière organique, CE : conductivité électrique

55 Impacts des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride 3.1.2.Caractéristique hydrique période hivernale et chute pro- des sols gressivement jusqu’en juin. Les La restitution de l’eau pour la trois mois d’été sont très secs de plante par le sol est le facteur sorte que l’humidité du sol est le plus déterminant qui condi- très proche ou inférieure même tionne sa croissance et sa pro- à celle du point de flétrissement duction de fruits. Ce concept est permanent. exprimé dans la présente étude • La texture du sol a une in- par le suivi de l’évolution du fluence directe sur les taux stock hydrique disponible dans d›humidité au point de flétris- le sol. Ainsi, l’analyse des pro- sement (Schofield et Botelho fils hydriques enregistrés au Da Costa, 1935 ; Périgaud, cours de l’expérimentation dans 1963; Hénin, 1977) et à la capa- les quatre parcelles d’études (fi- cité au champ et par conséquent gure2) a fait apparaître que : sur la réserve utile (RU). En • Les valeurs de la réserve utile effet, la RU du sol sableux de en eau du sol (RU) des sites Zammour est très faible (36,73 d’expérimentations sont très mm), par comparaison à celles faibles : <119.2 mm/m3. En du sol de Zarzis (94,20mm), Dar effet, les plantes doivent dis- Dhaoui (119,2mm) et d’El Fjé poser des valeurs des réserves (100 mm) qui présentent une utiles en eau du sol comprises forte proportion de particules entre 250 et 350 mm/m3 pour fines (limons et argiles) permet- satisfaire ses besoins hydriques tant d’emmagasiner davantage (Hill, 1982 ; Ruzica et Caki, d›’eau. 1997). En outre, les résultats ob- • Au cours de la période d’obser- tenus sont comparables à ceux vation (2007-2008), les réserves obtenus par Ben Rouina en 2007 facilement utilisables (RFU), dans les oliveraies de Chaâl. représentant les 2/3 du RU, des • L’évolution de la réserve hy- parcelles de Dar Dhaoui et d’El drique disponible du sol est Fjé sont totalement épuisées. fortement tributaire des préci- Pour remédier à ce déficit hy- pitations reçues et leur réparti- drique, l’arbre est obligé d’utili- tion dans l’année. En effet, elle ser exclusivement la réserve dif- est maximale au cours de la ficilement utilisable (RDU), qui

56 H. DHAOU MSADKI, D. OUERCHEFANI BOUZAIDA, N. BEN MECHLIA, H. TAAMALLAH et M. OUESSAR représente le dernier tiers de la santes de rendement ainsi que RU, ce qui engendre une baisse sur la qualité (Passioura, 1997). de production. En effet, une ré- En étudiant l’influence du stress duction de la quantité d’eau dis- hydrique sur divers processus ponible influe sur le métabolisme du fonctionnement de l’olivier, et les processus physiologiques Sanchez (1990) rapporte qu’une qui contrôlent la croissance et le insuffisance de l›alimentation en développement de la plante. Ces eau provoque une réduction de effets se répercutent par la suite sa croissance et de son rende- sur le rendement et les compo- ment.

)Pi : précipitation mensuelle (mm*

Figure 2 :Evolution de la pluviométrie et des réserves hydriques mensuelles (mm) du sol des sites d’expérimentations. Campagnes de 2006-2007 et 2007- 2008

57 Impacts des facteurs climatiques et édaphiques sur la production des oliviers en milieu aride 3.2. Les productions des oli- sont plus productifs en compa- viers raison avec ceux sur sol à subs- L’analyse des relations entre la tratum gypseux. production des oliviers et les • Les oliviers sur sol sableux conditions édapho-climatiques profond d’Allamet Mechlouch des parcelles, comme indiqué sont plus productifs (153 kg/ dans le tableau 2, montre que : arbre/an) en comparaison avec • Au cours de la période d’obser- ceux sur sol marginal à encroû- vation (2007-2009), l’évolution tement de Dar Dhaoui. Ces de la production annuelle des résultats sont conformes à ceux oliviers est fluctuante. Elle est rapportés par Ben Rouina et al. fortement tributaire de la pluvio- (2006) en examinant les don- métrie et du précédent productif nées de productions des oliviers de l’arbre (alternance des pro- de Chaâl installés sur différents ductions des oliviers). En effet, types du sol. une chute totale de la production • La présence du calcaire dans le dans les différents sites d’expé- sol n’a pas d’effet dépressif sur rimentation est enregistrée au la production de l’olivier que s’il cours de l’année déficitaire 2009 se trouve sous forme de croûte contrairement à l’année excé- ou d’encroûtement. En effet, les dentaire 2007 dont la production oliviers de Zarsis dont le sol est est assez importante. à substratum calcaire produisent • Au cours des années normales 194 kg/arbre/an contre 60 kg/ et déficitaires (2008 et 2009), arbre/an seulement pour les oli- le rendement des oliviers est viers de Dar Dhaoui qui présente tributaire du type du sol. En ef- un encroûtement. Les terres à fet, le sol à substratum calcaire croûtes doivent être considérées de la parcelle de Zarsis fournit comme solution de deuxième une production plus meilleure choix (Yankovitch et Bertelhot, (194kg/arbre/an) que le sol à 1947). substratum gypseux de la par- celle d’El Fjé (150 kg/arbre/ an). Ainsi, Akrimi et al.(1994) signalent que les oliviers instal- lés sur sol à substratum calcaire

58 H. DHAOU MSADKI, D. OUERCHEFANI BOUZAIDA, N. BEN MECHLIA, H. TAAMALLAH et M. OUESSAR

Tableau 2 : l’évolution de la production annuelle des oliviers des sites d’expérimentations en relation avec les conditions climato-édaphiques (2007 -2009).

Qualité du sol Année 2007 2008 2009 Site localisation P* Pr** P Pr P Pr Sols favorables Zarzis 534 194 100 41 203 2 Allamet Mechlouch 292 153 79 3 83 0 Sols marginaux El Fjé 102 150 64 0 88 0 Dar Dhaoui 220 60 52 17 97 0 * Pr : Production en Kg/arbre/an ** P : Précipitation annuelle en mm

4. Conclusion • la production des oliviers est D’après la présente étude d’éva- fortement tributaire de la pré- luation de l’effet des facteurs cipitation que des facteurs éda- climatiques et édaphiques sur phiques. la production des oliviers du • les oliviers sur sol sableux gouvernorat de Médenine, nous profond sont plus productifs en pouvons retenir ce qui suit : comparaison avec ceux sur sol • l’apport pluviométrique a une marginal à encroûtement. influence directe sur l’améliora- • la présence du calcaire dans le tion des réserves disponibles en sol n’a pas d’effet dépressif sur eau qui dépend aussi de la tex- la production de l’olivier que s’il ture du sol. se trouve sous forme de croûte ou d’encroûtement.

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60 H. DHAOU MSADKI, D. OUERCHEFANI BOUZAIDA, N. BEN MECHLIA, H. TAAMALLAH et M. OUESSAR Floret C., Pontanier R., 1982: L’aridité en Tunisie présaharienne : climat, sol, végétation et aménagement. Travaux et document de l’ORSTOM n° 150. Paris : Orstom éditions, 1982.

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62 Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:63-80

Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais en appliquant le latex de figuier

Manel ZIADI1, Imen FGUIRI2, Samira ARROUM2, Mokhtar HAMDI1 et Touhami KHORCHANI2 1Laboratoire d’Ecologie et de Technologie Microbienne (LETMi), Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie (INSAT), BP 876, 1080 Tunis, Tunisie. 2 Laboratoire d’Elevage et Faune Sauvage, Institut des Régions Arides (IRA), Km 22, Route Djorf, 4119, Médenine, Tunisie.

ملخص يتمثل العمل الحالي في دراسة قدرة نوعين من الحليب غير المستغلة في صناعة األلبان :حليب النوق وحليب الماعز لتجهيز الحليب المخمر نوع اللبن والجبن من خالل إستعمال الالتكس من التين. يتم تلقيح هذين النوعين من الحليب بشكل منفصل مع استعمال البكتيريا اللكتيك )C1( للبن. وأظهر رصد مالمح و درجة الحموضة ان نسبة التحمض مماثلة لكال النوعين من الحليب مع تحمض األقصى بعد ساعتين من التخمير. الحموضة النهائية هي 80 درجة و 77 درجة، درجة الحموضة 3.7 و4 على التوالي لحليب النوق وحليب الماعز. وأظهرت الدراسة الريولوجية للبن أن المنتج رقيق و متغير االنسيابية مع زيادة اللزوجة في حليب الماعز. التحويل الى الجبن من خالل إستعمال الالتكس يمكن استخدامه لحليب الماعز فقط مع وقت تخثر أقل بقليل من تلك التي حصلت مع المنفحة. عائد الجبن من حليب الماعز حوالي 17 ٪ باستخدام العاملين االثنين للتخثر.

الكلمات المفاتيح : حليب النوق، حليب الماعز، اللبن، والجبن الطازج الالتكس، التحميض، لريولوجيا

Résumé Le présent travail étudie l’aptitude de deux types de lait sous-exploi- tés en industrie laitière, le lait de chamelle et le lait de chèvre, à la transformation en lait fermenté de type Leben et en fromage frais en appliquant le latex de figuier. Les deux types de lait sont ensemencés séparément avec un starter lactique de Leben (C1). Le suivi du pH

63 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais et de l’acidité a montré des profils d’acidification semblables pour les deux types de lait avec un maximum d’acidification après deux heures de fermentation. L’acidité finale est de 80°D et 77°D, le pH est de 3,7 et 4 respectivement pour le lait de chamelle et le lait de chèvre. La caractérisation rhéologique du Leben obtenu a mis en évidence le comportement rhéofluidifiant et thixotrope du produit, avec une viscosité plus importante pour le lait de chèvre. La trans- formation en fromage frais en appliquant le latex est possible seule- ment pour le lait de chèvre avec un temps de coagulation légèrement inférieur à celui obtenu avec la présure. Le rendement fromager du lait de chèvre est aux alentours de 17% en utilisant les deux agents coagulants.

Mots clés : Lait de chamelle, lait de chèvre, Leben, Fromage frais, latex, acidification, rhéologie.

Abstract The present work studied the ability of two types of milk underuti- lized in the dairy industry: camel and goat milk for processing into fermented milk (Leben) and fresh cheese by applying the latex of fig Ficus carica. The two types of milk were inoculated separately with Leben lactic starter (C1). The monitoring of pH and acidity profiles showed that the acidification kinetics was similar for both types of milk with maximum acidification rate after two hours of fermenta- tion. The final acidity was 80 °D and 77 °D, and the final pH was 3.7 and 4 respectively for camel and goat milk. The rheological charac- terization of Leben obtained showed shear thinning and thixotropic behavior with higher viscosity for goat milk. The transformation into cheese by applying the latex is possible only with goat milk but with a clotting time slightly lower than that obtained with rennet. The cheese yield of goat milk is around 17% using two coagulants.

Key words: camel milk, goat milk, Leben, fresh cheese, latex, aci- dification, rheology.

64 M. ZIADI, I. FGUIRI, S. ARROUM, M. HAMDI et T. KHORCHANI 1. Introduction le lait camelin sont rapportés Le lait de chamelle est extrême- (Farah, 1993), il n’en demeure ment précieux et important, il est pas moins que les teneurs signa- réputé pour ses vertus thérapeu- lées (autour de 36 mg/l selon tiques. Il est apprécié pour ses (Farah et al., 1992) sont en propriétés anti-infectieuses, an- moyenne 3 fois plus élevées tidiabétiques et anti-cancéreuses que celles présentes dans le lait (Konuspayeva et al., 2009). La bovin, qui ne dépassent pas 22 composition du lait camelin pré- mg/l. Le lait camelin contient sente des teneurs importantes et des teneurs plus faibles en vita- équilibrées en nutriments de base mines A et E et en certaines vi- avec des proportions similaires tamines du groupe B (vitamine au lait de vache pour les pro- B2, B5 et B9) (Farah, 1993). téines, lipides et cendre, néan- Le lait de chèvre est composé de moins il est pauvre en matière lipides en émulsion sous forme sèche totale avec des teneurs éle- de globules, caséines en suspen- vées en azote non protéique et en sion colloïdale, de protéines du lactose (Farah et Rüegg,1989). sérum en solution colloïdale, Les concentrations élevées du du lactose et de minéraux en lactose expliqueraient la saveur solution. Il contient en moyenne parfois sucrée du lait de cha- 87% d’eau, 4% de glucides, 4% melle (Gnan et Shereha, 1986; de lipides, 3 à 4% de protéines, Bayoumi, 1990). Le lait came- environ 0,5% de minéraux (dont lin se caractérise par une varia- 120 mg de calcium) et des vita- tion de la teneur en eau (Yagil mines (A, D, B…). Compara- et Etzion, 1980). Il constitue une tivement au lait de vache, la bonne source en minéraux pour matière grasse du lait de chèvre le chamelon et le consommateur ne contient pas de caroténoïdes. (Bengoumi et al., 1994). Le lait La matière grasse est essentielle- de chamelle se singularise par ment constituée de triglycérides sa richesse relative en vitamines (98% à 99%). Le lait de chèvre B3 (niacine) et en vitamine C. est riche en acides gras à courte Même si des variations impor- et moyenne chaîne essentielle- tantes (de 25 à 60 mg/l) de la ment C10 :0 et moins riche en teneur de cette dernière dans acides gras insaturés que le lait

65 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais de dromadaire. Les principales et Kamoun, 1988). Ces techno- protéines du sérum sont iden- logies de transformation fro- tiques, soit l’α-lactalbumine magère du lait de chamelle ont qui est supérieure dans le lait été testées dans différents pays de chèvre que celui de vache, (Mauritanie, Tunisie, Kenya, la β-lactoglobuline qui est infé- Arabie Saoudite, Jordanie), y rieur et les immunoglobulines. compris en milieu traditionnel Les minéraux présents dans le (touareg du Niger et du Mali) lait de vache sont identiques et la commercialisation du fro- (Guo, 2003). mage à partir de lait pur ou mé- Du point de vue technologique, langé est maintenant possible le lait de chamelle est moins apte (Bengoumi et al., 2005). à la transformation que le lait des Alors que l’aptitude de ce pro- autres espèces animales domes- duit à la transformation fro- tiques plus largement exploitées magère est exceptionnelle et (vache, brebis, chèvre). L’apti- réputée difficile (Wilson, 1984; tude limitée du lait de chamelle à Yagil, 1982; Yagil et al., 1984), la coagulation par voie enzyma- la fermentation spontanée du tique a vraisemblablement pour lait de chamelle s’avère pos- origine principale la composi- sible. Quelques exemples de tion particulière des micelles de produits fermentés issus du lait caséine. En effet, la teneur faible de chamelle ont été cités dans la de κ-caséine, β-lactoglobuline, littérature, tels que le shubat et la stabilité microbienne et la le Gariss au Soudan. Au Kenya, richesse de la matière grasse en les nomades consomment un acides gras saturés perturbent lait fermenté le Suusac obtenu le pouvoir de transformation par fermentation spontanée de de lait (Farah et Farah Reisen, lait de chamelle dans des outres 1985 ; Jardali, 1988 ; Mohamed (Abdelgadir et al., 1998; Dirar, et al., 1990). Quelques solutions 1993). ont été proposées pour assurer L’utilisation de lait de chèvre une bonne coagulation tel que pour la fabrication des différents le surdosage de l’enzyme coa- produits laitiers est en augmen- gulante pour provoquer la coa- tation, bien que la proportion gulation (Ramet, 1987; Ramet soit bien inférieure à celle de lait

66 M. ZIADI, I. FGUIRI, S. ARROUM, M. HAMDI et T. KHORCHANI de vache mais il est beaucoup C’est dans le cadre de l’essai de mieux organisé dans certains valorisation de lait de chamelle pays que dans d’autres. La trans- et de lait de chèvre que s’ins- formation industrielle ou arti- crit ce travail. Ainsi notre étude sanale du lait de chèvre pour la présente deux aspects de valo- vente directe se fait avec succès risation : i) La préparation d’un pour le lait pasteurisé ou UHT, lait fermenté de type Leben à le lait évaporé, la crème glacée, base de lait de chamelle/chèvre lait en poudre et les produits en appliquant un starter lactique traditionnels du lait de chèvre, du Leben, ii) La transformation outre les fromages populaires en fromage frais en utilisant le et le yaourt (Pandya et Ghodke, latex de figuier comme agent 2007). Bien que la demande de coagulant. lait de chèvre pour la fabrication 2. Matériel du fromage est bien connue, peu et méthodes de tentatives ont été faites pour étudier systématiquement l’utili- 2.1. Matériel biologique sation de lait de chèvre pour la Deux types de lait ont été utilisés fabrication de boissons au lait, au cours de ce travail : le lait de crème glacée, beurre, lait en chèvre et le lait de chamelle pro- poudre, lait concentré, produits venant de la traite des chèvres traditionnels, même yaourt, etc. et chamelles appartenant aux L’insuffisance de la production troupeaux de l’Institut des Ré- journalière du lait peut être l’une gions Arides (IRA, Médenine). des raisons qui explique la diffi- La traite des animaux est effec- culté d’établir une industrie de tuée manuellement. transformation efficace de lait de La collecte du latex est effectuée chèvre. Il reste aussi à noter, que à partir des fruits verts non ma- les connaissances techniques tures de figuier( Ficus carica) lo- issues de la recherche sur le lait calisé dans la région de Ragouba de vache sont le plus souvent (Sidi Makhlouf, Médenine). La non applicables à la fabrication présure utilisée est procurée du de produits de qualité à partir de marché local. lait de chèvre (Silanikove et al., 2010).

67 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais 2.2.A nalyses physicochimiques lactodensimètre dans une éprou- a. Mesure de l’acidité vette contenant le lait en lui don- Il s’agit d’introduire 10 ml de lait nant un mouvement de rotation dans une fiole. En ajoutant 3 à 4 et attendre sa stabilité et lire la gouttes de phénophtaléine et on graduation apparente au bord fait titrer par la solution de soude supérieur du ménisque. (N/9) jusqu’à une coloration d. Détermination de la teneur rose, facilement perceptible par en matière grasse comparaison avec un témoin du La teneur en matière grasse même échantillon. Après virage, est déterminée en utilisant la la teinte rose disparaît progressi- méthode acido-butyrométrique vement. Il n’y a pas lieu de tenir de GERBER qui consiste à dé- compte de cette décoloration. terminer la teneur en matières Le virage est considéré comme grasses du lait par réaction avec atteint lorsque la teinte persiste l’acide sulfurique, l’alcool amy- pendant une dizaine de secondes. lique, agitation, centrifugation. L’acidité est exprimée en degré Les gouttelettes de graisse qui se Dornic (°D), c’est-à-dire en dé- réunissent en une couche claire cigramme d’acide lactique par sont évaluées quantitativement litre : Acidité (°D)=V1*10 Où grâce à une échelle adéquate. La V1 : volume en ml de la solu- teneure en matière grasse du lait tion d’hydroxyde de sodium N/9 exprimée en g matière grasse/1 nécessaire. lait. b. Mesure de pH Détermination de la matière La détermination du potentiel sèche: hydrique se fait par un pH-mètre Il s’agit de sécher 10 ml de lait préalablement étalonné. L’éta- dans une étuve réglée à 1032°C lonnage du pH-mètre est effec- pendant trois heures. Mettre en- tué en utilisant deux solutions suite la capsule dans le dessicca- tamponnées pH=4 et pH=7 à la teur et laisser refroidir jusqu’à température indiquée. la température ambiante. La c. Mesure de la densité du lait matière sèche, exprimée en La densité du lait est déterminée gramme, par litre de lait, est selon la norme tunisienne NT14- égale à (M1-M0)*1000/V, Où 29 (1983). Il s’agit de plonger le M0=est la masse, en grammes,

68 M. ZIADI, I. FGUIRI, S. ARROUM, M. HAMDI et T. KHORCHANI de la capsule vide; M1=est la 2.3. Analyse microbiologique masse, en grammes, de la cap- Pour le dénombrement de la sule et du résidu après dessicca- flore aérobie mésophile totale, tion et refroidissement; V=est le le milieu utilisé pour le dénom- volume, en millilitres, de la prise brement des germes totaux est la d’essai. gélose standard pour dénombre- Détermination des cendres: ment, standard Plat Count Agar Le principe est une incinération (PCA). L’ensemencement se de la matière sèche à 52525°C fait en profondeur et les cultures dans un courant d’air et pesée sont incubées à 30°C pendant 48 du résidu obtenu. La teneur en heures. cendre du lait est exprimée en Le dénombrement des bactéries pour cent en masse. lactiques est effectué sur milieu Mesure de la viscosité appa- M17. L’ensemencement se fait rente: en surface et les cultures sont La viscosité est mesurée sur un incubées à 37°C durant 24h. échantillon de laits fermentés Pour le dénombrement des (chèvre et chamelle) (20 mL), en coliformes, on utilise le mi- utilisant un viscosimètre de type lieu VRBL (Violet-Red-Bile- Brook Field (Model DV-E, MA, Lactose-Agar). L’ensemence- USA). Il s’agit d’un viscosimètre ment se fait en double couche et à cylindres coaxiaux. L’aiguille les boites sont incubées à 30°C utilisée pour la mesure est N°2. pendant 24 h. Pour le dénombre- La gamme de vitesse d’agitation ment des levures et moisissure, appliquée varie de 2 à 100 rpm. on ensemence 0,1 ml des dilu- La valeur de la contrainte de tions en surface de boite de Pétri cisaillement ne doit pas dépas- contenant le milieu Sabouraud ser 10% au cours de la mesure. au chloramphénicol, l’incuba- Pour chaque vitesse d’agitation tion est réalisée à 37°C pendant on doit laisser au minimum 30 48 heures. secondes pour prendre la valeur 2.4. Préparation de Leben de la viscosité. Les valeurs de la viscosité sont affichées en cent- Le lait (chamelle et chèvre) est poises (cp). pasteurisé (72°C, 20 secondes) puis réparti dans des fioles de 500 ml stériles à raison 69 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais de 300 ml par fiole. Le lait est en- physicochimiques des deux semencé aseptiquement avec un types de lait a montré une dif- starter lactique de Leben compo- férence entre les deux espèces sé de deux souches de Lactococ- animales (Tableau 1). Le lait de cus lactis SLT6 et SLT10 à pro- chamelle est plus acide que le portions égales (2,00 106 UFC/ lait de chèvre. Ceci étant du à sa ml pour chaque souche). Les richesse en vitamine C (Farah fioles sont incubées à 37°C pen- et al., 1992). dant 24 heures. Au cours de la Les deux types de laits pré- fermentation des prélèvements sentent des valeurs similaires sont effectués pour la mesure du de densité mais le lait de cha- pH et de l’acidité. melle est moins riche en matière 2.5. Préparation du fromage sèche totale, ce qui pourrait être frais expliqué par une différence en Le lait (chamelle et chèvre) a été matière protéique et surtout en pasteurisé (72°C, 20 secondes) caséines. Ces valeurs varient en puis ensemencé avec 10% de fonction des stades de lactation ferment lactique (yaourt natu- et de l’alimentation de chaque rel). La fermentation lactique espèce animale (El Hatmi et al., s’est déroulée durant 4 heures à 2006). Le lait de chamelle est température ambiante. L’empré- plus riche en matière grasse que surage effectué en appliquant le le lait de chèvre (Tableau 1). La latex ou la présure est suivi par différence est due au stade de une étape de coagulation. Le lactation et le nombre de traite coagulum obtenu est découpé qui influe à son tour sur la pro- puis égoutté pendant une nuit. duction et la concentration du Enfin, on effectue un salage lait. Des résultats similaires (pourcentage final de sel 1,5%) ont été obtenus par Abu Lehia et conservation à 4°C. (1989) qui a montré que le taux de matière grasse du lait de cha- 3. Résultats et discus- melle est plus élevé que dans le sion lait de chèvre avec davantage 3.1. Caractéristiques micro- d’acides gras à longue chaîne et biologiques et physicochi- d’acides gras insaturés. Le lait miques du lait de chamelle se caractérise par L’étude des caractéristiques 70 M. ZIADI, I. FGUIRI, S. ARROUM, M. HAMDI et T. KHORCHANI sa richesse en acides gras insa- dans le lait de chèvre ce qui turés et plus particulièrement en pourrait être expliquée par les acide palmitoleïque (C16 :1) ce conditions de traite. Au contraire qui fait que le point de fusion de de la FMAT, les bactéries lac- cette matière grasse est relative- tiques sont plus abondantes dans ment bas (Farah, 1993). le lait de chamelle que dans le La charge en flore mésophile aé- lait de chèvre. En effet, plusieurs robie totale est plus faible dans espèces et genres de bactéries le lait de chamelle que dans le lactiques ont été isolés à par- lait de chèvre. D’après El Hatmi tir du lait de chamelle. Khedid et al., (2006), ceci est du à la et al. (2009) ont montré que Lac- richesse du lait camelin en pro- tobacillus et Lactococcus sont téines solubles qui ont un effet les genres dominants dans le lait antimicrobien et sa richesse en de chamelle collecté au Maroc. acide ascorbique qui diminue le Les espèces dominantes sont pH. En effet, la présence dans Lactococcus lactis subsp. lac- le lait cru de facteurs limitant la tis, Lactobacillus helveticus et prolifération bactérienne a été Streptococcus salivarius subsp. mise en évidence: teneur élevée thermophilus. en lysozyme (Barbour et al., 3.2. Caractéristiques du Leben 1984) et en vitamine C (Yagil, obtenu 1982; Yagil et al., 1984). Ceci, La production du Leben a été permet d’expliquer, outre les réalisée en inoculant le lait pas- vertus réputées thérapeutiques teurisé par le starter lactique de ce lait (Yagil, 1982; Yagil C1. Le pH, l’acidité et la vitesse et al., 1984), la présence d’un d’acidification ont été suivies phénomène de bactériostase durant 24 heures de fermenta- temporaire, entraînant une tion à 30°C (Figures 1 et 2). moindre propension à l’acidifi- Les profils fermentaires obtenus cation spontanée dans les pre- pour les deux types de lait sont mières heures suivant la traite similaires. L’acidité augmente (Ramet, 1987). rapidement au cours du temps, Les levures et moisissures et les ceci s’explique par l’impor- coliformes totaux sont présents tance de l’inoculum utilisé (2 à des teneurs assez importantes 106) et par son adaptation aux

71 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais conditions de fermentation vu production atteint son maximum que la pré-culture est réalisée avec la phase exponentielle de sur le même type de lait. Après croissance de starter ce qui ex- 18h de fermentation l’acidité plique le pic obtenu après 2h de est de 80°D et 77°D respecti- fermentation. La chute rapide de vement pour le lait de chamelle la vitesse de croissance est due et de chèvre. En effet, la fer- à l’accumulation de l’ion lactate mentation du lactose en acide dans le milieu qui a un effet inhi- lactique diminue le pH et favo- biteur sur la croissance du star- rise la protéolyse des protéines ter. (De Roissart, 1986). L’augmen- La variation de la viscosité ap- tation de l’acidité est accompa- parente en fonction de la vitesse gnée par une baisse de pH pour de cisaillement est représentée atteindre une valeur finale de dans la figure 3. Les mesures ef- 3,7 et de 4 respectivement pour fectuées pour les deux types de le lait de chamelle et de chèvre. laits ont montré que la viscosité Des valeurs semblables de pH diminue avec l’augmentation de et d’acidité ont été trouvées par la vitesse de cisaillement, puis Ziadi et al., (2005) en appli- le produit tend à reprendre sa quant le même starter sur le lait structure initiale en diminuant la de vache. vitesse de cisaillement. Le pro- Les valeurs des vitesses d’aci- duit est donc non-Newtonien, dification (u-pH/h) sont com- rhéofluidifiant et thixotrope. parables pour les deux types Ainsi, un premier cisaillement de lait. Le maximum est atteint détruit la structure du produit. après deux heures de fermenta- Ce comportement rhéofluidi- tion. La vitesse décroit rapide- fiant est dû à la rupture progres- ment pour atteindre une valeur sive d’agrégats formés entre les aux alentours de 0,2 u-pH/h à caséines du lait sous l’action 6h de fermentation. Ensuite elle de la baisse du pH. A chaque continue à diminuer jusqu’à vitesse de cisaillement corres- arrêt complet après 22h de fer- pond un état d’agrégation et plus mentation. En effet, étant donné le nombre de liaisons rompues que l’acide lactique est un pro- entre les caséines est élevé, plus duit associé à la croissance, sa la chute de la viscosité apparente

72 M. ZIADI, I. FGUIRI, S. ARROUM, M. HAMDI et T. KHORCHANI est importante. D’autres types de légèrement inferieur à celui en lait fermenté présentent le même appliquant le latex et que le ren- comportement rhéologique tels dement fromager est similaire que le yaourt, les boissons lac- pour les deux agents de coagu- tiques et l’Ayran (lait fermenté lation. turque) (Hassan et al., 2003 ; Les mêmes doses ont été testées Penna et al., 2001 ; Koksoy et sur le lait de chamelle, mais la Kilic, 2003). coagulation n’a pas eu lieu et on Le lait de chèvre présente une a un phénomène de séparation viscosité plus importante que le de phases. Une phase supérieur lait de chamelle. La valeur de la constituée probablement par viscosité apparente à une vitesse la matière grasse moins dense de cisaillement de 10 rpm est et piégeant les protéines et une de 335 cp pour le leben obtenu phase inférieure formée par le à partir de lait de chèvre alors lactosérum contenant le lactose qu’il est de 235 cp pour celui ob- et les protéines solubles. Ces tenu à partir du lait de chamelle. résultats confirment la difficulté Cette différence peut être attri- de transformation fromagère buée à une différence en extrait du lait de chamelle en utilisant sec total. un coagulant d’origine végétal. 3.3. Caractéristiques du fro- Néanmoins des essais de pré- mage frais obtenu paration de fromage en utilisant La préparation du fromage frais des coagulants végétaux ont à partir du lait de chamelle et de été reportés dans la littérature. chèvre séparément a été réalisée Ogudiuin et Oke (1983) ont uti- en appliquant le latex comme lisé le jus des feuilles de pomme agent de coagulation et en utili- de Sodom (Procera calotropis) sant la présure comme témoin. pour produire un fromage dit Trois doses de latex et présure Wara. Le Gaziantep est un fro- ont été testées afin d’estimer le mage turc obtenu en appliquant temps nécessaire pour la coa- des extraits enzymatiques du gulation du lait. Ainsi que pour latex de figuier (Oner et Akar, le lait de chèvre on note que le 1993). Plusieurs travaux ont temps nécessaire à la coagula- caractérisé les protéases du latex tion en appliquant la présure est du figuier( Devaraj et al., 2007).

73 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais Au Portugal, des extraits de que pour les deux types de lait la fleurs du cardon (Cardunculus transformation en Leben s’avère de Canara) ont été employés de- possible et prometteuse et le pro- puis longtemps pour la produc- duit partage plusieurs caracté- tion de fromage à partir du lait ristiques avec d’autres produits de brebis (Ogugua et al., 1987). laitiers, la transformation fro- magère en appliquant le latex est 4. Conclusion possible seulement pour le lait de chèvre. Le lait de chamelle Ce travail avait pour objectif de demeure un produit inapte à la valoriser le lait de chamelle et transformation fromagère dans de chèvre par la préparation du ces conditions. Leben et du fromage frais. Alors

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77 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais

Tableau 1 : Caractéristiques physico-chimiques des différents laits (lait de chamelle et lait de chèvre).

Caractéristique Lait de chamelle Lait de chèvre Densité 1,03±0,01 1,03 ±0,2 pH 6,46±0,06 6,71±0,075 Acidité (°D) 19,16±3,33 16,33±1,44 Matière grasse (g/l) 41,33±7,5 33,33±2,3 Matière sèche (g/l) 118 128 Cendres (%) 0,50 0,85 FMAT* (UFC/ml) 2,73 102 7,20 105 Levures et moisissures (UFC/ml) - 1,36 103 Coliformes totaux (UFC/ml) - 2,43 103 Bactéries lactiques (UFC/ml) 1,26 103 9,0 102

*FMAT: Flore Mésophile Aérobie Totale.

Tableau 2: Comparaison du pouvoir coagulant du latex et de la présure.

Type de lait Agent coagulant Dose (ml/l) TC* (min) RF**(%) Lait dechèvre présure 0,7 11 17,05 1,5 3 3 2 Latex 0,7 12 17,22 1,5 4 3 1

*TC: Temps Nécessaire pour la Coagulation, **RF: Rendement Fromager (%).

78 M. ZIADI, I. FGUIRI, S. ARROUM, M. HAMDI et T. KHORCHANI

Figure 1 : Evolution de pH et de l’acidité au cours de la fermentation du lait de chamelle (♦) et du lait de chèvre (■).

79 Aptitude des laits de chamelle et de chèvre à la transformation en Leben et en fromage frais

Figure 2 : Evolution de la vitesse d’acidification au cours de la fermentation de lait de chamelle (♦) et de lait de chèvre (■).

Figure 3 : Courbe d’écoulement de Leben (charge et décharge) obtenu à par- tir du lait de chamelle.

80 Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:81-115 CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS : CAS DES JESSOUR DE BRAOUKA, MONTS DES MATMATA - TUNISIE

Moussa M.1 ; Solé A, B.2 ; Canton Y. 3, Kouakbi M.1 et CHEHBANI B.1 1 Institut des Régions arides, 4119 Médenine – Tunisie 2 Estacion Experimental de Zonas Aridas Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, Espagne 3 Université d’Almeria- Espagne

ملخص يعتبر االنجراف المائي حاليا السبب الرئيسي لتدهور التربة بسلسلة جبال مطماطة نتيجة نوعية األمطار التي تنزل بغزارة إلي جانب الخصائص المورفولوجية والتضاريس والمنحدرات التي تزيد من قوة تدفق مياه السيالن كاألمطار القوية التي سجلـت في موسمي 1969 و1979 مما انجر عنها من انجراف حاد للتربة وتدمير العديد من الجسور وتدهور كبير للغطاء النباتي. وفي هذا اإلطار ورغم التحوالت االقتصادية والتطور التنكولوجي، ال تزال توجد، في سلسلة جبال مطماطة بعض النظم للتصرف في الموارد الطبيعية والتقاليد الزراعية المتأقلمة مع بيئتها. فهي تعتمد على استخدام الموارد المحلية التي يتم تطبيقها على نطاق محدود بهدف الحفاظ على الموارد الطبيعية. أجري هذا البحث بحوض البراوكة )355 هك( )سلسة جبال مطماطة( الذي يتميز ببروز طبقات صخرية وبانخفاض كثافة الغطاء النباتي وبوجود عدد كبير من الجسور )مفرد جسر( مزروعة باالشجار المثمرة )الزيتون، التين، النخيل ،...( وهي عبارة عن سدود صغيرة تغطي أكثر 400،000 هكتار مرتبة الواحدة وراء األخرى في شكل مدرجات تستعمل لحفظ مياه األمطار. يهدف هذا العمل لالسهام في إيجاد حلول للحد من ظاهرة االنجراف المائي واالستغالل األمثل لمياه السيالن حيث تم اختيار المعلمات التالية: مجمعات المياه، ارتفاع المياه، مساحة المصب، كمية المياه وطاقة االستبقاء باالعتماد على الصور الجوية والمعاينات الميدانية. وقد بينت الدراسة أن عدة عوامل لها عالقة بظاهرة االنجراف وأن الدور الذي لعبته الجسور في الحد من انجراف التربة ال يكاد يذكر إذا اعتمدنا على كمية المياه والتربة المحتجزة وراء الجسور، وأن أداء هذه الجسور غير مستقر وقد يكون منعدما إذا تم جرفها وتراكمت عليها مخلفات االنجراف.

الكلمات المفاتيح : المعارف المحلية، اإلنجراف، حوض، طاقة االستبقاء، مناطق قاحلة، تونس

81 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie Resumé Malgré la progression rapide de la modernisation et des changements économiques, il subsiste encore, dans toute la chaîne des Matmata dont fait partie le micro bassin de Braouka (appartenant au bassin versant de l’oued Ségui), quelques systèmes de gestion et de savoir faire agricoles traditionnels bien adaptés à leur environnement. Ils s’appuient sur l’utilisation des ressources locales et sont appliqués à petite échelle, pour préserver les ressources naturelles. En parcou- rant ces zones montagneuses arides, on est impressionné d’une part par la faible densité de la couverture végétale et la grande étendue des sols squelettiques ou à roche calcaire affleurant et d’autre part par le grand nombre de jessour cultivés et plantés en arbres fruitiers (oliviers, figuiers, palmiers, …). Plus de 400.000 hectares de ces ter- ritoires sont aménagés en jessour. Les jessour (jisr au singulier), sont des diguettes ou petits ouvrages de conservation des eaux et des sols, disposés les unes derrière les autres le long des talwegs, délimi- tant ainsi des champs en escaliers. Actuellement l’érosion hydrique est la forme de dégradation phy- sique des sols la plus sérieuse affectant tous les monts de Matmata. Une grande partie des précipitations tombe sous forme d’averses violentes et intenses, augmentant considérablement l’effet érosif des pluies. Par ailleurs, ces averses à caractère torrentiel, conjuguées avec les caractéristiques morphologiques et pédologiques de reliefs; favorisent le ruissellement. Ce dernier est intense, en particulier lors des pluies exceptionnelles, comme celles de 1969 et 1979. Il provoque une forte érosion hydrique des sols et une destruction des ouvrages de petites hydrauliques (jessour). Ces averses coïncident ou se produisent très souvent, juste après les périodes sèches esti- vales causant de sévères dommages par l’érosion des sols, laissés à nu par un couvert végétal réduit par la sécheresse et/ou les récoltes (arrachage des touffes). C’est dans un but de trouver une solution à cette problématique (l’érosion hydrique des sols et la destruction des jessour) et de mieux valoriser les eaux de ruissellement, que nous avons mené une étude

82 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI sur ce phénomène dans le micro bassin versant de Braouka (355 ha), faisant partie du Bassin versant de l’oued Ségui (Monts de Matmata, Sud Tunisien). Nous avons choisi les paramètres suivants sur l’en- semble des unités (Jisr) du micro bassin versant de Braouka : sur- face de rétention, hauteur de rétention, surface de l’impluvium, lame d’eau ruisselée et capacité de rétention; en se basant sur des photos aériennes et sur des prélèvements de terrain. Cette étude montre que dans le micro bassin versant de Braouka, l’érosion est influencée par une multitude de facteurs, mais le rôle joué par les jessour dans la lutte antiérosive n’est pas négligeable, si on se réfère aux quantités de sol et d’eau retenue derrière les bar- rages. Seulement, cette rétention est précaire et peut devenir nulle dès la destruction du seuil de rétention, ou son comblement par les produits de l’érosion. Mots-clés : savoir local, érosion hydrique, bassin versant, capacité de jessour, zones arides, Tunisie.

Abstract Despite modernisation and rapid socioeconomic changes, it is still possible to find some agricultural management systems which through the use of local knowledge, are very well adapted to the arid environment. Such systems can be found in the Braouka catch- ment within the Segui basin in Southern Tunisia. These systems use local materials and are applied locally in order to preserve natural resources. They consist in systems of cascading large bank terraces with earthen banks (jessour), occupying the medium and lower part of small catchments. These terraces have been planted with profi- table trees (olives, figs, palms, etc.). And this is especially noticeable when considering the overall landscape of the region: a rangeland with a very low plant density, skeletal soils with abundant calcareous rock outcrops. There are over 400.000 ha of jessour in the mounts of Matmata. At present, water erosion is the most dramatic soil degradation type

83 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie in the Matmata mountains region. This is due in a large part to tor- rential rains which increase erosion. Moreover such torrential rains along with the particular relief and the soil types, accentuate water runoff. Runoff is particularly intense under exceptional rains like those in 1969 and 1979. It causes exceptional soil erosion and the destruction of earthen banks (jessour). In most of the cases such tor- rential rains occur either during or just after the dry summer period, when the plant cover is reduced or inexistent because of draught conditions or crop harvesting. In order to find a solution to this accute problem (water soil erosion and jessour destruction) and to better value runoff , a study consis- ting in finding the relationships between several parameters of the terrace system and the magnitude of precipitation has been carried out in one of the catchments of Braouka (355 ha). The following parameters have been measured in all jessour in the Braouka catch- ment by using aerial photographs and field work: retention surface area, retention height, catchment area, depth of runoff water, and retention capacity. Results indicate that in the Braouka catchment soil erosion is in- fluenced by many factors, but the role of jessour for erosion control is quite important, especially with the large amounts of soil and wa- ter retained behind the earthen walls of the terraces. However, this retention capacity is precarious and can even disappear in case the earthen walls are destroyed or the walls are filled by the sediments which have been eroded from the bank or from the terraces upslope. Key words: local knowledge, water erosion, catchment area, reten- tion capacity, semiarid and arid regions, Tunisia.

84 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI 1. Introduction principale caractéristique l’alter- Lorsqu’on aborde le thème de nance d’étés chauds et secs avec l’érosion des sols et de la dégra- des périodes hivernales plus dation des terres, il est important humides et un déficit pluviomé- de considérer quatre facteurs trique très marqué (fig. 1) par physiques de base qui condi- rapport à l’évapotranspiration, tionnent le régime érosif, à sa- durant les 3 à 6 mois de la pé- voir : l’agressivité/érosivité du riode estivale. Cette particularité climat et des précipitations, la est considérée comme un para- fragilité/érodibilité des sols, la mètre déterminant dans le pro- topographie, la nature et la den- cessus général de dégradation sité du couvert végétal. des ressources naturelles, et dans L’écosystème de la région de certains mécanismes physiques Toujane (Monts des Matmata, spécifiques de la désertification. sud de la Tunisie), a comme

60 30

P (mm) T (°C) 50 25

40 20

30 15

20 10 )

10 5 C T (° P (mm)

0 0 Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Aout Sep Oct Nov Déc

Fig. 1 : Diagramme ombrothermique, station de . (Moussa, 2007)

85 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie Une grande partie des précipi- tations ainsi qu’aux conditions tations se produit sous forme climatiques sont des facteurs d’averses violentes et intenses, externes au milieu, tandis que la augmentant considérablement morphologie, les propriétés phy- l’érosivité des pluies. Par ail- siques du versant sont des fac- leurs, ces averses coïncident teurs internes. Les conséquences ou se produisent très souvent de l’érosion hydrique sont mul- juste après les périodes estivales tiples, telles que la destruction sèches, causant de sévères dom- des ouvrages et jessour suite aux mages par l’érosion des sols forts ruissellements, la diminu- laissés à nu par un couvert végé- tion de l’épaisseur utile du sol, le tal réduit par la sécheresse et/ou déplacement des particules fines les récoltes. du sol et la disparition de subs- Actuellement l’érosion hydrique tances nutritives. Dans les cas est la forme de dégradation phy- les plus graves, nous remarquons sique des sols la plus sérieuse af- l’apparition sur les parcelles éro- fectant les monts de Matmata. A dées de rigoles et de ravines. Par la suite de la disparition du cou- ailleurs, il arrive souvent que les vert végétal, suite à une pression matériaux entraînés par l’éro- anthropique sur les ressources, sion hydrique portent atteinte à une très grande partie des sols de des surfaces situées plus à l’aval la région a été détruite. Plus par- (accumulation des sédiments) et ticulièrement dans la chaîne des la quantité d’eau ruisselée n’est Matmata, deux paramètres appa- ainsi pas valorisée. remment antagonistes de l’éro- 2. Objectifs sion sont pris en considération, à savoir la pression humaine sur Le but de cette étude est de la terre et la dépopulation rurale, trouver les meilleurs moyens responsable du manque d’entre- de lutter contre toute forme tien de la grande majorité des d’érosion afin de l’atténuer et ouvrages de conservation des rendre son action moins fré- sols et qui cause la reprise de quente et moins active. Les ob- l’érosion. jectifs visés sont notamment: En outre, nous tenons à signaler - la protection des terres agri- que les facteurs liés aux précipi- coles contre l’érosion ; - la valorisation des eaux de 86 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI ruissellement ; du bassin versant de l’oued Sé- - la limitation des débordements gui dans la chaîne des Matmata et de la destruction des jessour (fig.2). Ce micro bassin versant et des ouvrages (petite unité hy- couvre une superficie de 355 ha. draulique). Il contient une agglomération Dans cette perspective, nous d’une cinquantaine de familles. proposons de rechercher, sur le Malgré sa taille réduite, il fait micro-bassin versant étudié de l’objet d’un micro relief diversi- Braouka, des solutions qui pour- fié (fig.3) et il est le siège d’une ront être extrapolables sur la ré- importante activité agricole en gion des monts de Matmata. sec. La répartition spatiale des exploitations sur le micro bassin 3. Erosion dans le mi- versant de Braouka est obtenue cro bassin versant de par la détermination des jes- Braouka sour à l’aide de la photographie 3.1. - Présentation du micro aérienne et des prospections de bassin versant de Braouka terrain, les superficies sont -cal Le site, retenu à la suite de culées par planimétrie. considérations pratiques variées, est situé dans la partie amont

Braouka

Fig. 2 : Bassin Versant d’Oued. Ségui – Mareth MNT (DEM) compilé à 30 m. Projection : UTM zone 32 DATUM WGS84 (Moussa, 2007)

87 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie Une analyse préliminaire montre toute la chaîne des Matmata, ce qu’un grand nombre de jessour pourcentage élevé d’utilisation occupent la majorité du sol culti- du sol est aussi accompagné vable, la majorité de l’espace d’un morcellement très poussé arable est mise en culture surtout des parcelles. en sec, comme d’ailleurs dans

Fig. 3: Topographie du micro-bassin versant de Braouka (DEM Ségui) dans le bassin de Ségui (carte établie à partir d’un DEM ou MNT à 30 m de résolution) (Moussa, 2007)

3.2. Etude du débordement pluies. Ces insuffisances sont et de l’érosion surtout : - Le déséquilibre entre la surface 3.2.1. Etude de la destruction du “Jisr” et la surface de son im- des jessour pluvium, le rapport de ces deux Malgré le rôle qu’ils jouent, les surfaces peut varier de 1 à 100, jessour souffrent de plusieurs voire 1 à 200 (Chahbani, 1992) ; défauts qui sont à l’origine de - la faible infiltration dans leur destruction lors des fortes le « Jisr » : l’eau retenue par

88 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI le barrage n’arrive pas à bien l’infiltration et peut atteindre s’infiltrer dans la terrasse. Cette parfois 10 à 15 cm d’épaisseur. faible infiltration est essentielle- L’eau retenue se perd, ainsi, ment due au dépôt des produits par évaporation. Ces couches de l’érosion. Les strates supé- argileuses constituent un danger rieures de ces produits déposés pour la vie des cultures et des sont essentiellement formées de arbres, car elles bloquent toute limons très argileux et d’argiles. aération dans les horizons supé- La dernière strate est compo- rieurs du sol, rendant ainsi le sée d’argile gonflée qui bloque milieu asphyxiant.

Fig. 4 : Représentation schématique d’un bassin versant

3.2.1.1. Composantes des sys- guette appelée Tabia (fig.5 & 6) tèmes Jessour ayant pour but essentiel le pié- La technique des jessour est geage des eaux de ruissellement l’une des techniques de conser- et les produits d’érosion. Un jisr vation des eaux et des sols les est une unité hydraulique élé- plus répandues dans le sud tuni- mentaire (UHE) comportant la sien, cette technique consiste tabia, la terrasse et l’impluvium. en l’édification d’une petite di-

89 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie

Photo :Mohamed MOUSSA

Fig.5 : Succession des jessour à travers les Talwegs

Fig. 6: Les différentes composantes d’un jisr (Amami, 1984)

90 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI 3.2.1.2.Tabia ou barrage de la Tabia, la culée verticale qui La tabia est en terre tassée, les s’appuie contre la tabia est, dans anciens jessour sont renforcés bien des cas, consolidée par un avec des pierres sèches appe- mur en maçonnerie, et un central lés cerra. Pour les sites forte- appelé Masref (fig8) qui est un ment érodés, les affleurements seuil déversant, limité par deux rocheux constituent la matière culées en pierres sèches ou en principale pour la construction maçonnerie ; la forme en esca- de la tabia. lier de la partie aval du seuil ra- La tabia est le plus souvent équi- lentit l’énergie cinétique de l’eau pée d’un déversoir pour faire déversée. D’après une enquête évacuer le surplus d’eau vers faite dans les Matmata par J. l’aval. En fait, il existe deux BONVALLOT (1979), 60% des types de déversoirs : un latéral, barrages sont équipés de déver- appelé Menfes (fig.7) se trouvant soirs type «Menfes» et 38% de à l’une ou aux deux extrémités déversoir type «Masref».

Manfes

Photo : Mohamed MOUSSA

Fig. 7: Jisr avec déversoir type Menfes Photo 2 : Jisr avec déversoir type Manfes Photo : Jisr avec déversoir type Masref

91 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie

Fig. 8: Jisr avec déversoir type Masref

3.2.1.3. Terrasse ou surface de rétention La retenue du barrage constitue le champ du jisr, puisque les arbres fruitiers et les cultures vivrières y sont cultivés, elle est plus étendue dans les jessour des talwegs que dans les jessour des pentes et des glacis. (Chahbani, 1990). En effet, l’objectif princi- pal d’un jisr est de satisfaire les besoins en eau des cultures qui y sont implantées plutôt que de re- tenir toute l’eau de chaque crue. A cela, il faut ajouter le volume de sédiments qui va s’accumuler derrière le barrage, pour obtenir Fig.9 : Schéma d’un jisr le volume total de la retenue. avec Menfes & Masref (Bonvallot, 1986)

92 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI 3.2.1.4. Impluvium talweg, chaque jisr aura comme L’impluvium d’un jisr est le impluvium la partie du micro bassin versant dont les écou- bassin versant située en aval du lements superficiels déversent jisr précédent et ayant comme sur la terrasse. Les jessour étant exutoire le site de la digue du construits en chaîne le long d’un jisr en question.

Manfes

Photo : Mohamed MOUSSA

PhotoFig. 2 :10: Jisr : avec Jisr déversoiravec déversoir type Manfes type Menfes Photo : Jisr avec déversoir type Masref

Fig. 11: Jisr avec déversoir type Masref

93 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie Néanmoins, l’impluvium du donné la similitude des carac- premier jisr (constitué par la téristiques hydrologiques des partie amont du micro bassin reliefs des zones arides tuni- versant dont la superficie, est siennes. Cependant, les pluies assez importante), donne sou- qui provoquent un ruissellement vent lieu à un grand volume de sont peu fréquentes, de telle ruissellement, provoquant des sorte que la pluviométrie jour- débordements vers les autres nalière est très variable pour un jessour situés en aval. Le coef- même site. BOURGES (1984), a ficient du ruissellement de montré que pour des sols culti- l’impluvium influence le dimen- vés en terrasses à texture limo- sionnement du jisr, en interve- neuse à limono sableuse dans nant sur le volume de ruisselle- le sud tunisien, le coefficient de ment moyen des crues. Pour un ruissellement d’une averse jour- type d’averse, on peut admettre nalière varie en fonction de la que ce coefficient est peu va- pluviométrie (tab. 1). riable d’un site à un autre étant

Tab.1: Coefficient de ruissellement en fonction de la pluviométrie annuelle dans le sud tunisien (Bourges et al, 1984)

Pluviométrie (mm) Coefficient de ruissellement P<50 0 < C < 0,1 50 < P < 100 0,1 < C < 0,25 100 < P < 200 0,25 < C < 0,45

3.2.2. Rôle hydro-morpholo- sont implantés dans les micros gique des Jessour bassins versants des affluents des grands oueds, ce qui influe 3.2.2.1. Rétention des eaux de sur de nombreux paramètres ruissellement hydrologiques, tels que le coef- Comme tout ouvrage de conser- ficient de ruissellement. vation des eaux et des sols, la En plus, l’eau interceptée par rétention totale ou partielle des les Jessour, constitue une bonne eaux de ruissellement est le quantité d’eau mobilisable. principal objectif du système Ainsi, par exemple dans le bas- Jessour. Notons que les Jessour

94 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI sin de l’oued Demmer (chaîne derrière la tabia en perdant tout des Matmata), l’ensemble des mouvement de turbulence ce qui Jessours retient 93 131 778 permet la décantation des par- m3 d’eau soit une lame de 1,6 ticules. Un aperçu sur la nature mm sur l’ensemble du bassin des sédiments décantés montre (Chahbani, 1990). la présence d’une couche plus au 3.2.2.2. Rétention des produits moins épaisse d’alluvions plus de l’érosion au moins stratifiés. A la base, viennent se reposer les éléments Durant les crues excep- grossiers puis les plus fins, tels tionnelles, l’eau chargée que les argiles. de suspension vient s’accumuler

Photo : Mohamed MOUSSA Photo : Mohamed MOUSSA Fig. 12 : Jisr entre Toujane & Tounine Fig. 13: décantation des particules

3.2.2.3. Points faibles des sys- digue a été construite, mais plutôt tèmes Jessour dans le dimensionnement inadé- Malgré leur rôle important, les quat du déversoir d’une part, et jessour présentent des points du volume de la retenue, néces- techniquement faibles, risquant sitant un rehaussement souvent de diminuer leur efficacité en instable de la digue d’autre part. tant que des véritables systèmes Le risque de rupture des digues de lutte antiérosifs. Cependant, des jessour est réel puisque dans la cause essentielle de ces dégâts le bassin versant d’Oued Dem- ne résiderait pas dans la nature mer à Béni Khédache 12 mm des matériaux avec lesquels la seulement de lame ruisselée (12 mm de lame ruisselée pendant 95 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie une heure à l’échelle du bassin “Jisr” (dite aussi hauteur utile de versant représente une pluie de la Tabia); 50 mm pendant une heure). Par - surface de rétention du «Jisr» ailleurs, les unités hydrauliques (m²), c’est la superficie de la ter- élémentaires UHE (Jessour) ont rasse couverte par l’eau lorsque très souvent des impluviums le «Jisr» est plein ; dépassant rarement quelques hectares). Ils peuvent causer le - surface de l’impluvium du débordement entraînant la des- “Jisr” (m²), c’est l’aire du bas- truction plus ou moins complète sin versant ayant pour exutoire de plus de 50% des jessour exis- la surface de rétention. Il est à tants (Chahbani, 1990). noter que cette surface s’étalera suite à la présence des petites 3.2.3. - Méthodologie rigoles d’orientation des eaux Dans ce travail relatif au micro appelées Hammala ; bassin versant de Braouka, on es- - Lame d’eau ruisselée (mm) : saye d’étudier ce phénomène de c’est la hauteur d’eau ruisselée débordement et destruction des sur l’ensemble de l’impluvium jessour en partant de l’hypothèse lors d’une averse ; que tout débordement constitue un risque de destruction lors des - Capacité de rétention du «Jisr» ruissellements torrentiels, les (m3), c’est la quantité d’eau eaux sont très chargées en pro- maximale que peut retenir le duits de l’érosion, notamment les «Jisr» (la capacité de rétention limons et les argiles ; à l’arrivée du “Jisr” dépend de la hauteur de sur la terrasse, ils se déposent et rétention de la surface du “Jisr”). bloquent l’infiltration. Ainsi, on multiplie la surface de la terrasse par la hauteur de ré- Pour étudier le risque engendré tention pour avoir cette capacité. par le débordement, nous avons Ce calcul a été fait uniquement choisi les paramètres suivants pour les jessour non détruits, les sur l’ensemble des unités de mi- jessour détruits ayant une capa- cro bassin versant de Braouka : cité de rétention nulle (effet de - Hauteur de rétention (m) : Il la décantation et de la formation s’agit de la dénivellation entre le d’une couche d’argile en surface: seuil déversant et la surface du loi de stock). Calcul de la quan- 96 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI tité d’eau reçue par le “Jisr (sans plusieurs photos successives tenir compte du déversement) à pour que toutes les parties du différentes hauteurs de la lame bassin versant soient au centre d’eau ruisselée, l’eau accumulée de l’une de ces photos. Lors des sur le “Jisr” provient du ruissel- ruissellements exceptionnels, lement sur son impluvium et du le rôle des pentes et du couvert débordement des jessour situés à végétal (faible dans les régions l’amont. C’est ainsi que dans un arides) ont un effet très faible sur premier temps, nous avons cal- la réduction du ruissellement. culé le volume d’eau reçu par le Ceci a été confirmé par les résul- “Jisr” en provenance du ruissel- tats des stations expérimentales lement sur son impluvium pour de l’étude de ruissellement par différentes hauteurs de lame différents chercheurs (Bourges d’eau ruisselée. Ces hauteurs et al., 1984) à la citerne de sont mesurées à partir des préci- Telmam, oued Zita et autres. pitations et des crues. L’évapo- En passant à côté du “Jisr” ration est considérée très faible et du barrage, on relève la hau- ou nulle lors des ruissellements teur de rétention, l’état fonc- (en général, durant cette période tionnel de la “Tabia” (détruite le ciel est nuageux). ou non détruite) et enfin le ”Jisr 3.2.3.1. Collecte des données ”dans lequel elle (l’eau ?) se dé- Pour ce faire, on a parcouru tout verse. Ce dernier point est porté le micro bassin de Braouka en directement sur le fond de carte passant à côté de chaque “Jisr” par des flèches. et “Tabia”. Pour la cartographie, On prélève pour chaque jisr nous avons utilisé des photos et barrage les différents para- – aériennes (1/80000, mission mètres cités ci dessus (la hauteur 1987), comme fond de carte. Ces de rétention, l’état fonctionnel photos aériennes ont permis de de la “Tabia” (détruite ou non bien nous repérer sur le terrain et détruite) et enfin les jessour de bien identifier les “jessour”. s’y déversant), sauf la capacité Cette identification a été faite en de rétention et la surface des marquant le tracé de la «Tabia» impluviums, qui sont calculées et en lui affectant un numéro. en laboratoire. Puis, on reporte Pour réduire l’erreur, on utilise le tracé des barrages et le sens 97 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie de déversement sur une photo de Braouka, l’effet du relief aérienne au 1/10000è, (origine (ombres portées) influe toutefois 1/80000, agrandie). de manière remarquable sur la Sur cette même photo, on déli- précision et la clarté de la photo. mite l’impluvium de chaque En outre, pour des photos qui “Jisr”. Pour cela, on utilise dif- datent depuis 1985, de nom- férents repères naturels et artifi- breux changements sur la dispo- ciels (ligne de partage des eaux, sition des unités au sein du micro végétation, mur ou haie, piste bassin versant ont été remarqués ou route etc..). La délimitation : telle la création de nouveaux des impluviums a servi par la ouvrages et le morcellement des suite à mesurer les surfaces des autres. Nous avons eu recours terrasses et des impluviums par dans certains cas à l’actualisa- planimétrie : carte des implu- tion des photos. Si cette dernière viums des Jessour (fig.20). touche un où deux ouvrages 3.2.3.2. Contraintes voisins, nous pouvons affirmer que l’erreur sera minimale, par Faute de cartes d’état major contre si on est amené à actuali- récentes et à grande échelle, les ser une série des unités voisines photos-aériennes disponibles l’erreur va être cumulée. ont servi de base à cette étude. Les photos existantes datent Il est vrai qu’un levé topogra- depuis 1985 et sont à l’échelle phique de l’ensemble de l’unité du 1/80000è. Mais cette der- hydraulique aurait donné des nière échelle ne permet pas, en meilleurs résultats pour les va- tant que telle, une distinction des leurs des différents paramètres. unités hydrauliques élémentaires L’utilisation d’une méthode sur l’ensemble du bassin versant. simple ne nécessitant qu’un Pour pallier à cette lacune, on a double décamètre a beaucoup eu recours à l’agrandissement simplifié le travail. Néanmoins, des photos au 1/10000è. Ainsi, cette méthode a l’inconvénient on peut tirer les informations d’être moins précise vu la forme souhaitées sur les impluviums du terrain, qui est généralement de chaque unité hydraulique élé- très accidenté. mentaire (UHE). Dans la région

98 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI 3.2.4. Création d’un modèle de mation. On se propose, donc, traitement d’élaborer un modèle informa- Un algorithme de calcul a été tique qui permet de gérer cette crée afin de permettre l’étude base de données. Ce modèle sera des risques de débordement ; ce capable aussi de stocker les don- qui permet l’actualisation des nées saisies, dont on pourra faire données et la facilité de suivi une actualisation à tout moment. de l’état des différents ouvrages Le logiciel, que nous avons appe- de rétention des eaux de ruis- lé Winjisr, a été établi en langage sellement. Les résultats des dif- «Visual basic», il a pour utilité le férents traitements sont utilisés stockage et la gestion des para- pour l’établissement des cartes mètres de l’ensemble des unités de sensibilité à la destruction. étudiées. Le saisi des données se Il est admis que les jessour sont fait d’une manière simple et effi- des systèmes de valorisation des cace avec des interfaces permet- eaux de ruissellement, de trai- tant de modifier, de supprimer tement antiérosif de l’amont à et d’ajouter les données. l’aval des bassins versant qu’un Il s’agit de trois principales aménagiste ne peut pas négliger boîtes de dialogue : dans son étude. Mais il se trouve - Une pour le stockage des carac- face à une base de données très téristiques des bassins versants volumineuse ce qui rend difficile (nom, superficie, position et la la gestion de toute cette infor- date de l’évaluation) (fig.14);

Fig. 14:Stockage caractéristiques µBV 99 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie - Une pour le stockage des paramètres de chaque unité (fig. 15);

Fig. 15:base de données par unité

- Dans la troisième, on enregistre pour chaque unité réceptrice d’un déversement (fig. 16)

Fig. 16:stockage déversement

100 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI (i). Algorithme de calcul pas en compte le volume éva- Les jessour, dans leur emplace- poré, supposé très faible, lors ment, forment un réseau ramifié du ruissellement, le ciel est d’un nombre élevé d’unités. A en général couvert de nuages. ce réseau, on peut appliquer en Ainsi, nous pouvons vérifier tout point (unité) l’équation de l’existence d’un éventuel débor- la continuité du volume d’eau : dement qui sera l’origine d’une Volume sortant = volume entrant probable destruction. – volume stocké Dans cette équation, on ne prend

J2 J1 J3 J5 J4

•J1 : jisr n°1  Sens déversement

Jn

Fig. 17:Schéma de réseaux de jessour

La création d’une base de don- - l’actualisation instantanée ; nées a donc pour objectifs : - le suivi et l’évaluation à tout - L’acquisition simple et efficace moment de l’état d’aménage- d’informations sur les ouvrages ment des ouvrages du bassin de petite hydraulique (caracté- versant. ristiques, état actuel, plantation, etc.) ;

101 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie

Fig. 18:Algorithme de calcul

102 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI On construit une relation de ré- en question est d’ordre inférieur currence pour l’appliquer dans à n. Cette notion est importante le programme dans l’étude de débordement, Dev (n) = Dev (n-1)- Cr(n) + en plus elle facilite beaucoup le Simp(n)*h; si Dev (n-1)> Cr(n) traitement informatique. + Simp(n)*h. Les deux principales fonction- = 0; si Dev (n-1) < Cr nalités du modèle élaboré sont (n) + Simp(n)*h l’accès et le traitement des don- nées : Dev (0) = Simp(0)*h- Cr(0); si Simp(0)*h > Cr(0) - Accès aux données : nous intro- duisons les données relatives au = 0 ; si Simp(0)*h

104 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI

Fig. 19:Carte de sens et classe de déversement

105 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie (i) - Classe du déversement déversent dans un jisr en aval, Nous avons établi deux classes déterminé avec le modèle infor- de déversement : matique) ; - une première classe, où les - la deuxième classe regroupe unités ont pour ordre inférieur toutes les unités ayant pour ordre ou égale à 10 (l’ordre d’un jisr supérieur à 10. est le nombre des jessour qui

Fig. 20:carte des jessour avec leurs impluviums

106 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI

La notion de classe de déver- le nombre des unités de la pre- sement permet une description mière classe est de 442 unités, de la distribution et de la répar- soit un taux de 74% des unités tition des unités au sein du mi- existantes. cro bassin versant. A Braouka,

Fig. 21:carte des jessour non fonctionnels

107 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie (ii) - Analyse de débordement ruisselée, ce qui a permis l’ana- Le modèle élaboré a permis lyse de la réponse des jessour en la simulation des unités de fonction de cette dernière. différentes valeurs de lame d’eau

700

600

500 nombre des unités débordants 400

nombre de jessours de nombre nombre des unités non fonctionnelles 300

200

100

0 lame d'eau

Fig. 22:Nombre de jessour débordants

Dans la fig.22, nous enregis- (ii). a - débordement des jessour trons la variation du nombre de première classe des unités débordantes Dans le micro-bassin versant de à différentes valeurs de lame ruis- Braouka les jessour, de premier selée. Pour les premières valeurs, ordre qui débordent, sont à 80 % nous remarquons la présence pour les premières valeurs de la d’un accroissement rapide. Pour lame ruisselée. Pour les valeurs des valeurs élevées de lame ruis- supérieures à 30 mm, la quasi- selée, nous tendons à une faible totalité des unités de premier variation. ordre débordent, d’où résulte l’augmentation du nombre d’unités débordantes de seconde classe. 108 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI

3500 3000 y = 28.2x -75.034 2500 volume (m3) volume 2000 1500 1000 500 0 0 20 40 60 80 100 120 lame d'eau (mm)

Fig. 23:débordement de jisr aval

(ii).b - Volume stocké dans le (ii).c - Débordement du bassin bassin versant versant La fig.23 donne la variation du L’allure linéaire de la courbe volume d’eau stocké dans les (fig.23) est expliquée par le fait surfaces de rétention des Jes- que le jisr aval déborde unique- sour fonctionnels à différentes ment de son impluvium. Le bas- valeurs de lame d’eau ; l’allure sin versant ne déborde pas si on de la courbe est croissante. diminue le ruissellement dans Le débordement des premiers l’impluvium de jessour. Jessour fonctionnels n’influe pas sur l’allure de la courbe, étant donné qu’une partie importante du volume est retenue dans les jessour à grande surface de ré- tention.

109 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie

81 80 79 78 77 lame d'eau ruisselée 76 75 74 % des jessours de 1ère classe des jessours 1ère de %

Fig. 24: % de débordement des jessour de 1ère classe

(ii).d- Etude de la destruction D’après Chahbani (1984) une par débordement des ouvrages lame ruisselée de 6mm est at- de petite hydraulique teinte en : Une lame d’eau de 8mm est suf- - 12 h pour une intensité fisante pour qu’il y ait destruc- moyenne de 10 mm/h ; tion par débordement de plus que 50% des ouvrages dans le - 4 h pour une intensité moyenne micro-bassin versant de la pre- de 20 mm/h ; mière classe de Braouka (fig. - 30 mn pour une intensité 24). moyenne de 30 mm/h ; (iii) .- Etude de la fréquence du débor- - 15 mn pour une intensité dement des jessour moyenne de 40 mm/h ; On se propose d’étudier la fré- quence de débordement des ou- - 10 mn pour une intensité vrages dans le micro bassin ver- moyenne de 50 mm/h ; sant de Braouka, la lame d’eau - 7 mn pour une intensité causant le débordement de plus moyenne de 60 mm/h ; que la moitié des ouvrages dans - moins de 6 mn pour une inten- les deux cas est presque la même sité moyenne de 70 mm/h ; (différence de 2mm).

110 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI - moins de 5 mn pour une inten- Le débordement est étudié pour sité moyenne de 80 mm/h. tous les jessour du micro-bas- On choisira pour le micro bassin sin versant de Braouka, à partir versant de Braouka les temps des données de terrain (hauteur suivants : de rétention, déversement, état fonctionnel etc.). Ces données • 5 mn pour les unités de pre- peuvent changer d’une année à mière classe de déversement et une autre, suite aux réparations les unités débordantes seule- des “tabias”, à un rehaussement ment avec le volume reçu de son des seuils déversant, à la créa- impluvium un temps jugé suffi- tion de nouveaux jessour et à la sant (Chahbani, 1984) pour que destruction de certains barrages. le volume ruisselant atteigne la Ainsi, les cartes que nous avons surface de jisr ; établies (cartes de sensibilité des • 10 mn pour les autres unités, jessour à la destruction) doivent on tient compte de freinage être réactualisées. Mais même si causé par les unités de l’amont. ces données changent, le débor- D’après la courbe Intensité Du- dement persiste tant qu’on n’a rée Fréquence de la station mé- pas pris les précautions néces- téorologique de Matmata, l’in- saires pour revoir l’aménage- tensité 80 mm/h, en 5 minutes, ment hydraulique dans tout le est dépassée pour une période micro bassin versant. de retour de 5 ans. L’intensité - pour les jessour dont on re- 50 mm/h, en 10 minutes, est marque une disproportion, entre atteinte, pour une période de re- la surface de rétention et la sur- tour de 2 ans. face d’impluvium, on doit dimi- 3.2.6. - Conclusion et recom- nuer les dangers de ruissellement mandations par un traitement à l’amont ; Le rôle hydro-morphologique - le traitement de l’amont s’im- des jessour est insuffisamment pose vu le grand nombre des jes- accompli, particulièrement lors sour de première classe qui, par des fortes pluies. Elles causent le leur destruction, entraînent dans débordement des jessour qui est la majorité des cas, le déborde- à l’origine de leur destruction. ment des jessour avals (ceux du deuxième classe); 111 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie - l’accumulation des produits valable du point de vue hydrau- de l’érosion est très remarquée lique, ce type de déversoir pré- dans cette région, ce qui néces- sente des nombreuses surfaces site des travaux de terrassement de discontinuité avec la Tabia après chaque pluie pour éviter et est facilement détruit par les la formation de la couche argi- eaux de ruissellement. Il faut leuse. Le dépôt des produits de de plus qu’il soit implanté sur l’érosion forme un écran et rend une assise dure afin d’éviter les difficile l’infiltration de l’eau affouillements de la base, cas dans le sol. En effet, les couches difficile à réaliser dans une ré- supérieures de ce dépôt sont es- gion où les lœss constituent les sentiellement formées de limon sols les plus répandus. Un autre très argileux et d’argile ; le ca- défaut du «Masref» est constitué ractère imperméable des argiles par les investissements élevés de fait qu’une partie des eaux ruis- sa construction. Il convient donc selées non négligeable reste pié- d’opter pour la technique Men- gée à la surface du sol et se perd fes qui, bien qu’elle ne résout par évaporation ; pas le problème de débordement - le mauvais dimensionnement (en ce sens qu’il présente des des Jessour (Tabia et déversoir): discontinuités avec le Tabia), on signale à cet effet que la hau- a des avantages par rapport au teur de rétention (dite aussi hau- «Masref», puisque la surface de teur utile de la Tabia) ne dépasse discontinuité est réduite (il n’est pas en général le 1/3 de la hauteur appuyé que sur un seul côté du totale de la Tabia. Le déversoir Tabia) ; (Menfes ou Masref) se trouve - Pour diminuer les dangers de le plus souvent submergée par ruissellement, il faut encoura- le débit de crues. La cause de ger le traitement à l’amont par cette mauvaise conception est des petits ouvrages. En fait bien le dimensionnement inadéquat; qu’ils soient, au début des tabias - Parmi les considérations tech- sans terrasse, ces ouvrages vont niques qu’il faut envisager est par la suite piéger un sol très celle de l’abandon impératif de fertile que les paysans auront la technique des déversoirs de la possibilité d’exploiter. La type «Masref». En fait s’il est prépondérance des unités bien 112 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI dimensionnées a des consé- dégâts (brèche, ravins, etc.). La quences positives sur l’ensemble population locale était obligée de micro-bassin versant. d’assurer l’entretien car les jes- 4. DISCUSSION sour constituaient un moyen de sauvegarde des ressources et du ET CONCLUSION patrimoine agricole ; l’abandon L’étude de l’érosion hydrique aboutit à la destruction et la dis- et de la destruction des jessour parition de tous ces ouvrages de dans le micro bassin versant de petite hydraulique. Braouka (oued Ségui), nous a En conclusion, ce travail a per- permis de bien montrer le rôle mis de souligner les principaux du ruissellement dans le phé- facteurs, tels que ceux liés aux nomène de dégradation des conditions climatiques du mi- sols. En fait, malgré les faibles lieu, à la pluviosité (répartition précipitations dans la chaîne spatiale et temporelle, inten- des Matmata, les pluies, sou- sité et durée), à la morphologie vent torrentielles, provoquent du micro bassin versant et aux un important ruissellement propriétés physiques du bas- qui est à l’origine de l’éro- sin (nature des sols, couverture sion hydrique des sols et de la végétale) qui conditionnent le destruction des jessour. Ces phé- comportement érosif du micro nomènes de dégradation causent bassin versant de Braouka et la une importante perte en eau et en diversité des processus interve- sol, réduisant ainsi le maintien nant dans le cycle de l’érosion et le développement du couvert et aussi leur complexité et leurs végétal dans ces montagnes. interrelations. En effet, malgré l’entretien Enfin dans le micro bassin ver- permanent de ces ouvrages de sant de Braouka, l’érosion est petite hydraulique, le risque de influencée par une multitude de destruction est toujours présent, facteurs, mais le rôle joué par particulièrement à l’occasion les jessour dans la lutte antiéro- des fortes pluies. D’ailleurs, sive n’est pas négligeable, si on cette destruction a toujours se réfère aux quantités de sol et existé, mais la population locale d’eau retenue derrière les bar- était toujours là pour réparer les rages. Seulement, cette rétention 113 Conservation des eaux et des sols : cas des jessour de Braouka, monts des Matmata- Tunisie est précaire et peut devenir nulle rétention. dès la destruction du seuil de

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114 M. Moussa ; B. Solé A ; Y. Canton, M. Kouakbi et B. CHEHBANI Moussa M., 2007: Estudio Edafológico de la Cuenca del Ségui (Ma- reth – sur de Túnez), bases para mejorar los usos del suelo; 296pp. Mzabi, H., 1988: La Tunisie du sud-est - géographie d’une région fragile marginale et dépendante, Thèse de Doctorat, Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Tunis.

115

Revue des Régions Arides n° 26 (2/2011) pp:117-146 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien « Sebkhat El Kalbia » BEN HADJ FARHAT, K.1, REJEB, H.1, MOUSSA, M.2 et GONZALEZ-VILLAESCUSA R.3 1Unité « HPE » UR2003AGR05 de l’ISA, BP 47, 4049 Sousse 2Institut des Régions Arides, 4100 Médenine 3Université Nice Sophia Antipolis Campus Saint-Jean-d’Angély, France

ملخص كرست هذه الدراسة إلى تحليل المشاهد والتعرف على آثار المقاسم التي تعتبر كشواهد على تقسيم األراضي في العهد الروماني.ولهذا الغرض يندرج هذا البحث المعتمد على وسائل متعددة االختصاصات خاصة منها، تحليل الخرائط، تحديد المناطق الطبيعية والمشاهد. تبين استعادة المشاهد األثرية أهمية منطقة البحث من الناحية اإليكولوجية التراثية واإلمكانيات الحقيقية المتعلقة بالمشاهد الطبيعية وغيرها .التعرف على وحدات المشاهد يسلط الضوء على وجود وجه في شكل »بركة ماء« وآخر من نوع »مقسم في تدهور سريع«.األول يمكن أن يغطي %80 من مساحة المنطقة في السنة الممطرة وفي السنة الجافة تتقلص هذه التغطية إلى %10 فقط. نالحظ أن الوجه الزراعي لمنطقة الدراسة هو فريد من نوعه كما برهن عليه التتبع بداية من التقسيم الروماني لألراضي حيث أن الوظائف التراثية تمكن من اعتبار وجود خيارات في ميادين التحكم في التربة والماء والنبات.التحليل اإلستعادي لمنطقة الدراسة المعتبرة »هامشية« هو أمر البد منه للتخطيط لعملية إعادة التنظيم اإلقليمي. عدة عناصر لوسائط جغرافية تتعلق بالمشاهد الطبيعية مقترحة و تتمحور حول تكثيف النبتات الملحية والعلفية مثل القطف )Atriplex( ، الطرفة )Tamarix( ، التين الشوكي)Opuntia ficus indica(، وغراسات أخري مثل السنط القيقى )Acacia cyanophylla( والكافور )eucalyptus(.إضافة إلى تضمين مختلف أنواع التصرف من النوع الهجين »زراعة المناطق القاحلة-فالحة الترفية« التي سوف تمثل موردا آخر لتثمين المنطقة الرطبة. الكلمات المفاتيح: المشاهد، تقسيم األراضي الرومانية، المحيط، تأثير اإلنسان، تدهور، وساطة جغرافية.

117 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien RESUME Cette étude a été consacrée à l’analyse paysagère et à l’identifica- tion des vestiges parcellaires considérés comme des traces de cen- turiation. Une recherche analytique basée sur plusieurs outils trans- disciplinaires, notamment, la carto-interprétation, les délimitations de zonages naturels et paysagers, la restitution archéo-paysagère démontre l’importante de la zone d’étude sur les plans écologiques, patrimoniale et de ses véritables potentialités paysagistes. L’iden- tification des entités paysagères met en exergue la présence d’un faciès plutôt du type « vase d’eau » et d’un autre faciès du type « parcelle en dégradation rapide ». Le premier peut atteindre jusqu’à 80 % du territoire en année humide et seulement une occupation rétrécie à 10 % en année sèche. Notons, que le faciès agraire de la zone d’étude est singulier comme le prouve sa traçabilité à partir de la centuriation, où, des fonctions patrimoniales laissent présager des savoirs faires en termes de maitrise des sols, de l’eau et du végétal. L’analyse rétrospective de ce territoire considéré à tort « marginale» constitue un passage obligé pour une planification d’une réorgani- sation territoriale. Des éléments de géomédiation paysagiste sont ainsi proposés, et qui s’articulent sur la densification de la végétali- sation du type halophyte et fourragère tels que Acacia cyanophylla , Atriplex, Tamarix, le figuier de barbarie :Opuntia ficus indica et des plantations d’eucalyptus. En outre, l’implication de la gestion dif- férentielle du type hybride « agriculture -agri-loisir » sera une autre ressource pour la valorisation territoriale en zone humide. Mots clés : Paysage, centuriation, anthropisation, dégradation, géo- médiation.

ABSTRACT This study is dedicated to landscape analysis and identification of the remains fragmented considered as traces of Centuriation. Ana- lytical research tools based on several cross-disciplinary, inter alia, the cartographic interpretation, the boundaries of zoning and natural

118 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA landscape, the archaeological landscape restoration demonstrates the importance of the study area of ecological, patrimony and its true potential landscape. Identification of landscape units highlights the presence of a facies more like «water tank» and other facies such as «plot rapidly deteriorating.» The first is up to 80% of the land in a wet year and only one occupation narrowed to 10% in dry years. Note that the facies of the land area of study is unique as evidenced by its traceability from the centuriation, where heritage features sug- gest the know-how in terms of mastery of soil, water and vegetation. Retrospective analysis of the territory wrongly considered «margi- nal» is a must for planning a territorial reorganization. GeoMedia landscape elements are proposed and which center on the densifi- cation of the vegetation halophyte type and forage such as Acacia cyanophylla, Atriplex, Tamarix, Opuntia ficus indica and eucalyptus plantations. In addition, the involvement of the differential mana- gement of hybrid «agriculture - agri-entertainment» will be another resource for the Territorial Enhancement in wetlands. Key words: Landscape, centuriation human impacts, degradation, GeoMedia.

119 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien 1. INTRODUCTION combinée des dynamiques ma- En Tunisie, le littoral est devenu rines et atmosphériques et des ces dernières années une préoc- apports des bassins versants, cupation permanente pour les d’origines naturelle ou anthro- pouvoirs publics, les scienti- pique. Il est l’objet de très forts fiques et même la société civile. enjeux et de débats passionnés. Il est reconnu aujourd’hui par Eco-socio-système particuliè- tous, comme une richesse col- rement complexe, ce littoral lective, un patrimoine commun apparaît comme un espace am- vital et fragile, soumis à des bivalent, attirant car il est por- pressions accrues notamment teur de richesses et d’aménités sur certaines portions du terri- liées à la présence de la mer, toire. Les pays, à l’instar de tous mais aussi marqué par de fortes -pays en voie de développe- contraintes naturelles et anthro ف ment, du point de vue gestion piques génératrices de concur- du littoral font de grands efforts. rences, de conflits et de risques Ils connaissent au même titre (Donadieu P. et Rejeb H., 2011). que les pays industrialisés des En réaction aux multiples crises phénomènes alarmants de litto- écologiques à travers le monde, ralisation et une anthropisation accrues par des technologies de accentuée, due à l’urbanisation plus en plus déconnectées de la rapide, à l’implantation d’acti- Nature, la biodiversité, notam- vités industrielles, portuaires ment sa composante végétale et touristiques. Ceci se traduit (premier maillon des chaînes par un déséquilibre spatial mani- trophiques), est aujourd’hui feste en termes d’aménagement reconnue comme un bien vital du territoire (Melhaoui M. et et commun à tous. Progres- Sbai A., 2008). sivement, l’Homme a pris Le littoral de nos jours, occupe conscience de l’incidence que une place particulière dans ses activités entraînent sur la la dynamique des territoires biodiversité et de la nécessité de (Donadieu P. et Rejeb H. 2009). sa protection (Babillot P., 2006). Il est défini ici comme un espace S’il est clairement établi actuel- à usages multiples à l’interface lement que la conservation de terre-mer, soumis à l’influence la biodiversité est une mesure 120 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA prioritaire à mettre en œuvre montrent une déviation de dans l’ensemble des dévelop- l’étude du paysage d’un sens de pements humains, les processus décor, signification formelle et permettant son maintien sont esthétique, vers une significa- bien moins connus (Rejeb H., tion en termes de cadre de vie, et 2006). Dans ce contexte, nous pour cela l’émergence des sou- nous proposons d’apporter une cis écologiques et sociaux est contribution aux connaissances certainement moteur (Jean-Paul relatives à l’inventaire le plus B. et Bonin S., 2007). exhaustif possible de la biodi- La plupart des zones humides versité des zones humides mais méditerranéennes sont l’objet aussi relatives aux interactions de diverses valorisations éco- entre systèmes anthropiques et nomiques depuis des siècles. biodiversité, grâce à l’étude de La récolte du roseau, le pâtu- la dynamique de la biodiver- rage, la chasse ou encore les sité dans les paysages des zones projets de conservation de cer- humides, en révélant les facteurs taines espèces animales à fortes responsables de cette dynamique valeurs patrimoniales sont à (Stephan P., 2006). l’origine de pratiques de ges- Le paysage a, ainsi que d’autres tion qui interagissent et qui objets de recherche, bénéfi- sont susceptibles d’avoir des cié d’une évolution majeure et effets négatifs à long terme récente de l’archéologie. Cette (Perennou C. et Mesléard F., transformation tient à la place 1996). Aussi, comprendre et nouvelle qu’occupe la prospec- prévoir comment ces espaces, et tion dans l’ensemble des gestes la biodiversité qui leur est inféo- archéologiques. Depuis l’avène- dée, répondent aux changements ment de la photographie aérienne naturels et anthropiques consti- en archéologie le recours aux tue un enjeu important pour la documents photographiques et conservation des zones humides planimétriques a pris une place tunisiennes. considérable dans la recherche De nos jours, une gestion raison- sur les sites et les paysages. née et intégrée des ressources Les études ayant pour thème la naturelles dans le contexte du reconquête des zones humides développement durable du litto- 121 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien ral s’impose. Dans cette lignée tuant le lac (plan d’eau) et 7000 de recherche, cet article est Ha les marécages environ- consacré à l’étude de l’évolution nants (ABDELHAMID et al., du paysage et la compréhension 1997). L’ensemble des terrains, des facteurs responsables, dans est déclaré comme réserve na- la région méditerranéenne au- turelle (arrêté du Ministre de tour de Sebkhat El Kalbia avec l’Agriculture du 18 Décembre 7000 ha de marécages. 1993). Ces terrains appartenant 2. MATERIEL au domaine public hydraulique ET METHODES (D.P.H) sont placés hors ca- dastre. 1. Caractérisation du site d’étude : cas de Se- bkhat El Kalbia La sebkha d’El Kalbia, est une vaste dépression naturelle de 15000 Ha, dont 8000 Ha consti-

Fig. 1 : Carte de Localisation de Sebkha El Kalbia

122 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA Par sa situation géographique, le site de kalbia constitue une la Sebkha El Kalbia est l’abou- unité hydraulique considérable tissement des principaux écou- et spécifique, qui reste hélas très lements du centre et assure une fragile. Sa vulnérabilité influe communication occasionnelle directement sur l’état du milieu avec la mer. Cette particularité et de la population locale. Ainsi a toujours suscité l’attention les principaux éléments phy- des aménagistes quant à l’inté- siques qui régissent ce milieu rêt économique, écologique et sont : social qu’elle présente et le rôle 1.1.1 Facteurs climatiques qu’elle peut avoir dans le cadre global de développement visant Le milieu de Sebkhat El Kalbia, l’amélioration des ressources est classé dans l’étage biocli- naturelles de la région. matique semi-aride inférieur à hivers doux. Quant aux diffé- 1.1 Caractéristiques du site rents facteurs climatiques qui le Vu sa grande superficie, sa régissent, et qui sont enregistrés grande capacité de récupéra- par la station météorologique de tion et sa liaison avec les grands Sousse (Station la plus proche), impluviums du centre tunisien, ils se présentent comme suit :

Tab.1 : Données météorologiques de la région de Sousse (CRDA Sousse, 2009)

P.a P.M P.m T.m.a M m Q N.m.a 327 727.5 112.1 18.6 31.4 6.9 45.6 0

Avec : P.a : Précipitation annuelle, P.M : Précipitation maximale P.m : Précipitation minimale, T.m.a: Température moyenne annuelle M:moyenne des maximas, m:moyenne des minimas Q:Indice d’EMBERGER, N.m.a: moyenne annuelle des neiges

123 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien

1.1.2 Facteurs édaphiques On rencontre quelques placages * Géologie superficiels sableux qui consti- tuent des sédimentations an- La Sebkha El Kalbia, est une ciens. vaste dépression côtoyée par un relief peu accidenté au nord 1.1.3 Ressources en eaux et quasi accidenté au sud, d’une Les ressources en eau de la se- altitude maximale de 150 m, la bkha, sont les eaux des crues roche mère est de nature mar- transitaires des oueds Zéroud, neuse avec présence de couches Merguellil et Nebhana, vers gypseuses salées. la mer du côté de Sidi Bouali, * Sols par le canal de l’oued Essed, la superficie totale est de 150Km2 Le matériau original des sols soit 15.000 Ha. Cette étendue du milieu argilo-marneux est a reçu lors des inondations de gypseux alcalinisé. Il s’agit des 1969, une quantité d’eau esti- classes des sols peu évoluées ; mée à 270.000.000 m3. Enfin le avec un taux très faible en ma- lac s’alimente à partir d’un bas- tière organique. Généralement sin versant de 14,775 km2, situé les stextures sont fines avec en plein centre du pays. présence de cristaux de gypse.

Fig. 2 : Carte hydrologique du Sahel Tunisien (carte agricole, 2009)

124 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA 1.1.4 Végétation Salicornia, Sueda frutecosa, Les milieux limitrophes du plan Atrocnemum glocum, Atriplex d’eau, connaissent une flore halimus et Atriplex glauca, ainsi très riche et variée, surtout en que le Tamarix aphylla; Cirpes, années pluvieuses. La végéta- Typha et Phragmites. Enfin, en tion naturelle qu’on peut ren- dehors des périodes de crues, contrer est composée essentiel- le site devient sec où la végéta- lement de groupement à Zizifus tion disparaît progressivement lotus; Hedysarum carnosum; plus en allant vers l’intérieur de groupements halophytes comme l’étendue.

Cliché : K.B.H.Farhat 2008 Fig. 3 : Couvert végétal autour de Sebkhat El Kalbia 1.1.5 Faune l’Erismature à tête blanche, la La faune qu’on peut trouver dans Sarcelle marbrée et la Poule ce milieu de Sebkhat El Kalbia, sultane, Les Grues cendrées est assez riche et assez diverse. hivernent également en grand En fait le système est bien syn- nombre. On compte parfois chronisé sur le plan diversité jusqu’à 20.000 Flamants roses biologique. pendant la période d’hivernage, on y rencontre des effectifs éle- En effet ce milieu constitue vés de canards et de Foulques un refuge très important pour qui se nourrissent sur le plan les oiseaux d’eaux migrateurs d’eau. et nicheurs rares. On trouve

Cliché : K.B.H.Farhat 2008 Fig. 4 : Avifaune de Sebkhat El Kalbia 125 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien 2 - Méthodes l’information archéologique, de 2.1 - Analyse spatiale même que le travail sur une carte topographique ou sur une photo- Outre les études bibliogra- graphie aérienne brute, présen- phiques très riches sur la zone tent la particularité de placer le qui ont constitué une base pour chercheur devant la nécessité cette étude, notre travail a été de construire un raisonnement basé sur plusieurs méthodes. Des archéologique. enquêtes ont été réalisées pour identifier les acteurs sociaux La stratification des images a (usagers et populations locales). pour but de délimiter les diffé- La dynamique au niveau de la rentes classes d’occupation du zone côtière et les mutations spa- sol et de mettre en évidence leur tiales sont approchées par une composition. La procédure de étude de télédétection multi-date traitement des images consiste utilisant des photos aériennes et à effectuer une interprétation des images satellites. de, premier niveau, en se basant sur les données cartographiques 2.2 - Analyse environnemen- existantes et raffiner le produit tale de la photo-interprétation par L’étude de l’évolution du mi- des sorties de terrain. lieu côtier impose au préalable Lors des visites de terrain, nous une connaissance des facteurs avons identifié le site au lieu-dit de la dynamique et des caracté- Kraria. Ce site se situe au bord ristiques morphologiques de la du lac de Sebkhat El Kalbia, à région telles quelles sont à l’état moins de 800 m avec une sur- naturel. Nous examinons suc- face d’épandage de céramiques cessivement les agents naturels antiques très importante autour et environnementaux en action, de structures archéologiques les modalités d’intervention visibles (notamment quelques de l’Homme et les modelés de murs construits avec la tech- détail de la morphologie de la nique de l’opus africanum (Fig région sahélienne. 5) en surface avec plus d’un 2.3 - Approche de centuriation mètre d’hauteur conservée par endroits. Les murs et structures L’étude des cartes compilées de du site sont visibles sur Google 126 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA Earth (Fig 6). Il se trouve à un et de suivre son évolution qui ré- endroit stratégique qui contrôle sulte des interactions naturelles le lien entre Sebkhat El Kalbia et anthropiques. et Sekbhat Halk El Menzal à tra- A partir de la combinaison des vers d’Oued Essed. cartes d’occupation du sol sous 2.4 - Méthode de cotation pay- format matriciel, nous avons sagère pu obtenir la matrice d’évolu- Cette étape correspond à l’ex- tion montrant les changements ploitation des résultats des trai- parvenus entre les différentes tements des images satellitales classes. L’exploitation de cette et photos aériennes, pour les matrice permet d’extraire les dates anciennes (mission 1964) principales classes de la carte de et actuelles (2009). L’applica- changement en tenant compte tion de la méthode de cotation de des différents indicateurs (cou- Neurey nous permet d’évaluer vert végétal, urbanisation). les paysages autour des sebkhas

Fig. 5 : Ruines romaines Fig. 6 : structures romaines au site de Kraria (Google, 2009)

127 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien

Fig 7 : Schéma de la démarche suivie

La même approche a été uti- côtier et la région écologique du lisée par Haboubi R. (2008), centre ouest qui est caractéri- pour l’étude des dynamiques et sée par un relief dominé par des changements récents de Garaet pentes faibles et des zones col- Ichkeul, et aussi utilisée par linaires au sud-ouest, des zones Agrebaoui et al., (1995) dans la montagneuses au nord-ouest de cartographie du risque d’érosion la zone d’étude et présenté sous des bassins versants des jbels el forme des alternances de mon- Kef et Kechrid. tagnes, de plaines, des plateaux 3. Résultats et des zones collinaires. 3.1 - Analyse spatiale Le tableau n°2 présente les classes des pentes par bassin ver- Les bassins versants de la se- sant. Les classes de pentes ont bkha se trouvent entre le Sahel été calculées à partir du Modèle 128 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA Numérique de Terrain (MNT) niveau et les points cotés à partir élaborée lors de la réalisation de des cartes topographiques. Les la carte agricole du gouvernorat classes de pentes choisies sont de Sousse. Les couches qui ont présentés dans le tableau 2 sui- été utilisées sont les courbes de vant:

Tab. 2: Classes de pentes choisies

Ordre classe 1 casse 2 classe 3 classe 4 classe 5 classe 6 Pente p<3 3 25 (%) Le tableau 3 montre que 95% de situe que sur les versants Nord la superficie de la zone d’étude et Nord ouest qui sont soumis à a une pente inférieure à 5%. La une activité de ravinement hié- dynamique érosive intense ne se rarchisée.

Tab.3: Répartition de la superficie des classes de pente par bassin versant

bassin versant 0-3% 3-5% 5-10% 10-15% 15-25% >25% Total oued Hamdoun 14186 162 42 1 1 14392 oued Laya el Hammam 47303 3831 1263 109 34 3 52543 sebkha Assa ejjriba 11615 2485 2153 813 549 277 17891 sebkha Halk el menzel 33298 2808 843 102 186 105 37343 sebkha sidi khalifa 14783 1160 1734 308 200 106 18291 sebkha sidi el Heni 50850 1639 339 10 52838 total 172035 12085 6373 1343 970 492 193298

% 89.00 6.25 3.30 0.69 0.50 0.25 100.00

129 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien 3.2. Analyse environnementale siège de nombreux glissements La carte de la dynamique à et ravinements souvent intenses. l’érosion montre deux actions de Les terrains à pente faible sont l’érosion hydrique : dominés par les cultures, ces zones sont également peu affec- - Une action d’enlèvement et tées par les différentes formes du transport de matériaux par d’érosion et les processus d’éro- les eaux de ruissellement ; cette sion deviennent négligeables et action se manifeste par un ravi- très localisés. nement actif et des mouvements de masse de degré différent. En - Une action d’accumulation : raison de leur topographie et leur les matériaux enlevés des zones mauvaise perméabilité, les zones amont sont acheminés par les les plus érodées se localisent oueds (oued Nebhana, Zroud et sur les niveaux argileux aux Margellil) et les eaux de ruissel- environs des bassins versants lement et déposés dans le lac de de Sebkha El Kalbia. Ils sont le Sebkhat El Kalbia.

Fig 8 : Carte hydrologique du centre-est tunisien avec sens d’écoulement

130 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA La notion du risque est deve- système. Lorsque la probabilité nue d’emploi courant dans les d’occurrence est couplée avec études géographiques fran- la vulnérabilité permet d’obtenir cophones à la fin des années une qualification du risque éro- soixante dix. D’après Flagéollet sif (Dauphine, 2001). Le risque (1989) et Dauphine (2001), un qui nous intéresse dans cette risque naturel est la probabilité recherche est celui de l’érosion. d’occurrence, en lieu donné et Celui-ci présente une menace et à un moment donné, d’un phé- un danger pour Sebkhat El Kal- nomène potentiellement dange- bia. La détermination du risque reux susceptible de causer des est fondée pour une large part sur dommages aux personnes et aux l’identification des évènements biens. Le risque est une notion qui laissent des traces plus ou composite. Il est le produit d’un moins facilement repérables sur aléa et d’une vulnérabilité. L’aléa le terrain ou sur les photogra- désigne la probabilité d’occur- phies aériennes. Ces traces sont rence d’un phénomène. La vul- des phénomènes correspondant nérabilité traduit la fragilité d’un à des processus divers.

Fig. 9 : Carte Pédologique du Sahel (Carte agricole, 2009)

131 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien

Fig. 10 : Carte de reliefs du Sahel (Carte agricole, 2009)

La cartographie des zones ex- produisent actuellement ou ils posées au risque permet de se sont déroulés dans le passé savoir les phénomènes qui se (Haboubi R., 2008).

132 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA

Fig. 11 : Essai de modélisation de la carte de la dynamique érosive actuelle du Sahel tunisien

Grace à cette cartographie pré- Le but recherché par ce type ventive qui est la résultante de carte (fig.11) est d’informer de la duplication et l’interpré- sur la dynamique potentielle de tation de différentes cartes l’érosion. Elle donne aussi une (fig 7), il devient possible de idée sur les zones qui exigent prévenir le risque d’une part des interventions d’aménage- et d’autre part d’agir pour ments prioritaires notamment de l’éviter ou réduire son effet. conservation des sols.

133 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien

Fig. 12 : carte des bassins versants

La figure (12) illustre bien que Actuellement la Sebkha fonc- les bassins versants autour de tionne comme une retenue sans Sebkha El Kalbia nécessitent conduite de vidange ni déver- une intervention rapide. Ainsi soir. Elle reçoit les eaux qui le lac et ses environs ont subi s’évaporent en déposant leur sel des changements influençant la et leur sédiments (sauf pour les dynamique actuelle du milieu. crues exceptionnelles où elles L’érosion et les aménagements déversent dans l’oued Essed). hydrauliques ont entrainé des Au cours du temps la Sebkha déséquilibres divers modifiant la a vu son volume se réduire. stabilité morphologique et envi- En effet entre 1933 et 1979 la ronnementale du système écolo- vase d’eau représentait 80 % gique d’El kalbia. du territoire et des marécages, 134 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA la réduction de volume de la lorsque ces crues déversent, elles sebkha est estimée à 100 Mm3. érodent la crête de la digue sépa- Alors que les superficies des rant la Sebkha de l’oued Essed sols salés s’étendent de plus en ce qui fait baisser sa cote (Wood plus vers l’amont. Cependant, et Hollis, 1982).

Fig 13 : Schéma de l’évolution de la topographie de Sebkhat El Kalbia (CHEKIR, 1993)

135 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien Si aucun aménagement n’est La sédimentation de quelques réalisé, les sédiments vont rem- mm par an est forte surtout que plir la cuvette, ce qui aura pour la profondeur du lac est assez conséquence: faible. Ce phénomène amplifie - l’extension des garaas en l’évolution morphologique de amont ; son fond. - l’augmentation du risque Les mutations morphologiques d’inondation en amont (Le Kai- autour de Sebkhat El Kalbia rouanais) et en aval (région de s’expliquent par la sédimenta- Sousse) ; tion des matériaux érodés sur ses rivages qui influence sur la - l’évaporation de quantités végétation de la région marquée d’eau énormes et la vase d’eau par une diminution des parcours représente dans ce cas 10% du en aval de la Sebkha. territoire ; - la perte du plan d’eau nécessaire au fonctionnement environnemental.

Fig. 14 : Carte montrant les mutations du couvert végétal

136 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA 3.3 - Approche de centuriation romaine se présentait en réseaux La centuriation (du lat. centuria- géographiques dont les lignes tio) est un cas particulier de la li- orthogonales et équidistantes mitation, opération d’arpentage carroyaient l’espace géogra- et de division du sol qui consiste phique. Leurs vestiges souvent à tracer des limites, axes paral- encore apparents dans le pay- lèles et perpendiculaires, gre- sage rural actuel constituent le vées en général d’une servitude plus grandiose des monuments de passage (Clavel Levêque et antiques visibles sur le sol de la al, 2003) ; l’intervalle entre ces Tunisie. limites correspond à un nombre Une fouille clandestine ou entier d’actus, module de base bien un processus érosif actuel de l’arpentage romain dont la proche de notre visite montrait valeur metrique est reglée sur un rapport fort intéressant entre celle du pied (1 actus = 120 les structures anthropiques et les pieds, soit en moyenne 35,5 sédiments d’origine naturel argi- m). La centuriation romaine en leux-limoneux (Fig. 15). Sans Tunisie a été révélée dans les autre analyse que le visuel, les environs de par le da- sédiments pourraient être situés nois Falbe dès le premier tiers par-dessous des murs est pour- du XIXème siècle, c’est-à-dire rait impliquer une extension bien avant la mise en évidence majeur du lac avant l’installation d’une telle division régulière du humaine. Il pourrait démontrer sol dans la vallée du Rhône ou aussi une stabilité de la ligne de même en Italie, puis étudiée au rivage après l’abandon de l’éta- XXème siècle grâce à la photo- blissement. graphie aérienne, la centuriation

Fig. 15 : Fouille montrant des sédiments d’origine argilo-limoneuse près des vestiges romains 137 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien D’autre part, le site archéolo- entre les hommes de cet établis- gique de Kraria offre un repère sement et le lac ou les ressources chronologique pour détermi- liées à celui-ci : parcours, pèche ner une stabilité érosive et/ou pour laquelle pourrait servir les d’apports sédimentaires après bassins recouverts de mortier l’installation et l’abandon du hydraulique qu’on trouve sur le site aux environs des trois pre- site (Fig. 16). Il est aussi pro- miers siècles de l’ère chrétienne. bable que les surfaces de sols Les vestiges ne sont pas enfouis brun calcaires proches du site sous des apports sédimentaires auraient été exploitées des l’An- majeurs et, sauf l’effondrement tiquité. des murs, ils restent sur place Il faudrait toute une démarche sans modifications importantes. archéologique appropriée pour Il serait très intéressant de dé- confirmer ou infirmer les hypo- terminer le rapport écologique thèses énumérées.

Fig. 16 : Bassin antique recouvert de mortier hydraulique

Il faut noter aussi que les bar- aménagements qui comporte- rages perturbent, par la réten- ront : tion de l’eau et l’abaissement du * Un ouvrage de vidange et de niveau du lac et par conséquent régulation du plan d’eau : il com- l’équilibre du milieu. portera un seuil muni de vannes Afin de stopper ce phénomène, de régulation. La cote de calage il est nécessaire de réaliser des ainsi que le débite maximum

138 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA . devront être calés afin de main- forestières et pastorales (SIRUS, tenir un plan d’eau compatible 1997). avec la gestion environnemen- * Procéder à des lachures d’eaux tale de la Sebkha et permettre la des barrages situés en amont sui- vidange des eaux les plus salées vant les besoins pour alimenter avant l’arrivée des crues. Ceci la nappe et maintenir un plan permet de récupérer une super- d’eau permanant nécessaire au ficie de 2000 à 3000 ha dans la maintien des écosystèmes aqua- partie amont de la sebkha qui se- tiques. ront plantés par diverses espèces

Fig 17 : Relation mer-sebkha par oued Essed

4. Discussion nement du réseau centurié des Les données aujourd’hui dispo- versants de la sebkha. Celui-ci nibles dans la région du Sahel et met en avant le rôle des décu- autour de sebkha El Kalbia nous mani dans l’assainissement de permettent d’envisager une véri- la plaine. Ces axes correspon- table maitrise de l’hydraulique draient à de grands collecteurs au cours de l’Antiquité romaine. drainant les eaux de ruisselle- Ces études en photo- et carto- ment vers El Kalbia. Le schéma interprétation ont abouti à un suivant souligne la complémen- modèle provisoire de fonction- tarité entre le réseau cadastral et le réseau hydrographique. 139 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien

Fig. 18 : Schéma de complémentarité entre réseau cadastral et réseau hydrographique

Une fonction principale a été (APAL, 2001), un facteur limi- proposée aux fossés étudiés au- tant de l’accumulation des eaux tour de la sebkha : le drainage dans les dépressions. Mais, la des eaux de ruissellement dans région est caractérisée par la la partie nord-ouest drainant présence de plusieurs Sebkhas. l’eau météorique vers la par- Vu le caractère orageux des tie Est à proximité des vestiges pluies d’automne dans la région, romains qui existaient dans la depuis l’antiquité, des crues région et assurant la recharge et à intensité variable prennent l’alimentation du plan d’eau et naissance dans les réseaux hy- le maintien de l’écosystème et la drographiques et inondent les biodiversité dans la région. dépressions, les pluies d’hiver 4.1. Drainage et évacuation et de printemps sont en général des eaux de pluie d’une importance secondaire. Par conséquent, les plans d’eau Le Sahel tunisien bénéficie d’un des Sebkhas dans la région su- climat semi-aride. Il est en défi- bissent une variation annuelle et cit hydrique annuel de 140 mm interannuelle. 140 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA Durant ce dernier siècle, le Sahel giques peu-évoluées et reliées au a connu à plusieurs reprises de réseau centurié constituent des fortes inondations, les dernières unités à bon drainage naturel. enregistrées datant de septembre Le rôle de ces réseaux de fossés 1995, et de septembre 1997 té- est d’évacuer les surplus d’eaux moignent encore de la fréquence météoriques lors de pluies parti- de ce fléau au niveau de cette culièrement violentes favorisées région. Celle de l’automne 1969 par le régime pluviométrique était la plus importante, et la plus méditerranéen. étendue puisqu’elle a couvert A l’échelle du terroir, les ré- toute la zone sahélienne. Toutes seaux de drainage apparaissent les Sebkhas ont été entièrement organisés comme un chevelu remplies d’eau, certaines d’entre hydrographique interconnectés. elles ont emprunté des exutoires Une hiérarchisation entre des naturels pour se déverser soit axes de centuriation considérés vers d’autres Sebkhas soit vers comme des collecteurs condui- des zones dépressionnaires ou sant l’eau de drainage vers les même vers la mer. C’est le cas cours d’eaux naturels qui dé- de Sebka El Kalbia qui est relié versent dans la sebkha. Ce type à travers oued Essed à Sebkha de drainage est comparé à celui Halk El Menjel et cette dernière observé dans des parcellaires en débouche dans la méditerranée. Moyenne Vallée du Rhône et qui Les cônes de déjections, du côté a été mis en évidence par Jean sud de la sebkha (fig.19), recou- François BERGER et Cécile verts par des formations pédolo- JUNG en 1996.

Fig. 19 : Interrelation entre la centuriation et les cônes de déjection du côté sud-ouest de la sebkha 141 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien Sur les photos aériennes on re- 4.2. Paysage et prototype marque bien que plusieurs axes d’aménagement local de la grille centuriée sont gom- Le plan d’aménagement et de més et ont disparu, ceci est fort gestion de la réserve naturelle probablement dû en premier de sebkha El Kalbia a pour ob- lieu aux fortes érosions sur- jectif principal la réhabilitation tout lors des périodes de crues et la préservation des différents et au dépôt des sédiments dans écosystèmes tout en assurant les fossés de drainage au cours une gestion durable du site, en du temps en second lieu ; tout parfait harmonie avec un déve- abandon de l’aménagement de loppement socio-économique la structure de base du système de la population riveraine com- replacerait la région dans son patible avec la conservation de état original, tel qu’on peut le la nature. En outre de nos jours constater dans les parcellaires le paysage est considéré comme de drainage antiques, dont un outil pour le développement l’aménagement est abandonné durable (Donadieu, et Périgord, (Chouquer et Favory, 1991). 2007). Les résultats de ces recherches montrent que la zone d’étude est Pour atteindre ces résultats le un paysage agraire planifié qui plan d’aménagement proposé tient compte de deux concepts s’articule au tour des axes sui- techniques : d’abord, l’assainis- vants : réhabilitation et conser- sement d’un terrain humide, qui vation des écosystèmes ; mise en a entrainé l’évacuation de l’eau place des équipements et infras- par moyen de fossés ; ensuite, la tructures ; promotion d’actions définition d’un réseau de drains de développement socio-écono- qui constitueront les struc- mique ; régénérer et restaurer le tures intermédiaires de l’espace couvert végétal autour du plan agraire, créant des quartiers de d’eau et dans les marécages à culture délimités par les fossés partir d’espèces autochtones principaux tels que le cas d’Ibiza comme les roseaux, Phragmites, (Barcelo M., et al., 1997). Saules, Tamarix, Atriplex ainsi que d’autres espèces pouvant

142 K. BEN HADJ FARHAT, H. REJEB, M. MOUSSA et R. GONZALEZ-VILLAESCUSA s’adapter à ce genre de milieu et rement exposées aux risques enfin édifier des infrastructures aggravés par les effets éven- légères pour accueillir le public tuels du changement climatique. et les scientifiques (abris, tours L’éventualité d’une élévation du d’observation, sentiers, signali- niveau des mers accroît la pro- sation et autres), ceci doit être en babilité de survenue de marées parfait harmonie avec le paysage de tempête. Elle pourrait égale- environnant. ment augmenter le risque d’éro- 5. Conclusion sion et d’inondations côtières, accentuer la pénétration d’eau Dans la Région du Sahel tuni- salée vers l’intérieur des terres sien, les zones côtières revêtent et menacer davantage les zones une importance stratégique. tampons naturelles telles que les Elles constituent une source im- zones humides. Des secteurs im- portante de produits alimentaires portants pour cette zone côtière et de matières premières, le lieu étudiée tels que le tourisme, la d’implantation urbanistique pêche et l’agriculture sont parmi croissante et la destination fa- les plus vulnérables aux chan- vorite de vacanciers. Toutefois, gements climatiques possibles. en raison de l’attrait qu’elles La vulnérabilité des systèmes exercent, les zones côtières de humains et naturels sur les côtes cette région sont soumises à s’est accrue en raison des pro- des pressions croissantes : les jets incessants d’aménagement ressources côtières sont exploi- et de construction dans les envi- tées au-delà de leurs capacités rons immédiats du littoral, du limites. La pénurie d’espace en- manque d’espace pour faire face traîne des conflits entre les dif- à l’élévation du niveau des mers férentes utilisations. L’emploi et et du déficit chronique de l’équi- la démographie connaissent de libre sédimentaire. grandes variations saisonnières et les écosystèmes naturels qui L’état des lieux du littoral a été soutiennent les zones côtières fait et refait et sa dégradation souffrent de dégradation. Les ne cesse d’augmenter alors que zones côtières sont particuliè- les gestionnaires, sous la pres- sion sociale, se focalisent sur 143 Analyse de la dynamique paysagère et géo médiation d’une zone fragilisée sise au Sahel tunisien le développement économique la protection et l’amélioration de au détriment de la dimension la diversité biologique ; promou- environnementale. Or, la dé- voir et soutenir une économie gradation de l’environnement côtière, durable et dynamique ; engendre aussi des coûts qui ne garantir la propreté des plages font que s’accroître. En réponse et des eaux littorales et réduire à cette situation alarmante dans l’exclusion sociale et promou- cette zone côtière, des initiatives voir la cohésion au sein des col- doivent être entreprises tels que lectivités littorales.

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