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Les Sciences participatives en France État des lieux, bonnes pratiques & recommandations Février 2016 Rapport élaboré à la demande des ministres en charge de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sous la direction de François Houllier, Président-Directeur général de l’Inra et Président d’AllEnvi. Né en 1959, François Houllier est nommé ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts à sa sortie de l’Ecole polytechnique. Titulaire d’une thèse de doctorat et d’une habilitation à diriger des recherches, il travaille auprès de l’Inventaire forestier national et enseigne à l’École nationale du génie rural des eaux et des forêts avant d’être nommé Directeur de l’Institut français de Pondichéry en Inde. Il rejoint l’Institut national de la Recherche agronomique en 1998 au sein duquel il exerce diverses responsabilités (Directeur d’unité mixte de recherche, chef de département, Directeur scientifique et Directeur général délégué) avant d’être nommé Président-Directeur général de l’institut par le Président de la République le 26 juillet 2012. Il préside également l’Alliance nationale de recherche pour l’environnement (alimentation, eau, climat, territoires) depuis 2012. Rapporteur : Jean-Baptiste Merilhou-Goudard, Conseiller du Président de l’Inra Né en 1987, Jean-Baptiste Merilhou-Goudard est diplômé en biologie, en médiations des sciences et en administration des entreprises. Il rejoint l’Institut national de la Recherche agronomique en 2011 en tant que chef du service événements puis intègre le cabinet de son Président-Directeur général. Il est nommé Conseiller du Président de l’Inra en 2015. Ont également contribué à la réflexion et à la rédaction : Mathieu Andro (annexe 10), François Charbonnel (annexes 3, 4, 5, 6), Jean-Philippe Cointet (annexe 3), Pascale Frey-Klett (livrets 2, 3), Pierre-Benoit Joly (livrets 1, 3, annexes 3, 4, 5, 6, 8), Hugues Leiser (annexe 8), et Muriel Mambrini-Doudet (livrets 2, 3, annexes 5, 6, 7, 8). Ont également contribué à la réflexion et à la relecture : Odile Hologne, Jean-François Launay, Olivier Le Gall, Jean Masson, Nathalie Morcrette, Jean-Luc Pujol et Christophe Roturier. « Plus de 150 personnes ont participé à cette mission lors d’ateliers, d’entretiens et de rencontres. Plus de 500 internautes ont pris part à la consultation menée dans son cadre. Qu’ils soient ici chaleureusement remerciés. » Ce document est publié sous une licence libre et ouverte CC-BY 4.0 qui rend obligatoire la mention de paternité : http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr g Rapport disponible sur http://www.sciences-participatives.com Les Sciences participatives en France Livret 1 État des lieux & méthodes © Inra - Bertrand Nicolas Livret 1 Sommaire Préambule 06 1.1 Contexte et approche 06 1.2 Objectifs et méthodes 08 État des lieux 11 2.1 Caractérisation 12 2.1.1 Des définitions et des typologies multiples 12 2.1.2 Un essor récent qui se fonde sur des racines anciennes 15 2.1.3 Une diversité profonde 21 2.1.4 Caractéristiques principales des sciences participatives 25 2.1.5 Exemples de formes remarquables d’engagement 25 2.2 Enjeux : bénéfices, risques et attentes perçus 33 2.2.1 Bénéficesavérés ou attendus 33 2.2.2 Risques et difficultés à anticiper par les porteurs de projet 35 2.2.3 Risques de déséquilibre et de désillusion pour la science et la société 35 2.2.4 Attentes 37 2.2.5 Bilan des enjeux pour la recherche et la société 42 Références 43 Livret 1 État des lieux et méthodes 6 Préambule 1.1 Contexte et approche Émergence et contexte historique En France comme dans de très nombreux pays, la reconnaissance de l’importance des sciences et des technologies dans les politiques économiques, dans les processus d’innovation et dans la vie quotidienne conduit à porter une attention croissante aux interactions entre sciences et société. L’ampleur des défis auxquels nos sociétés font face suscite en effet des questionnements scientifiques qui vont bien au-delà de la seule communauté des chercheurs puisque ces défis touchent directement l’ensemble des citoyens : c’est tout particulièrement vrai pour la santé ou l’environnement — le changement climatique ou l’alimentation en fournissent des exemples remarquables. Simultanément, les avancées scientifiques et les développements technologiques ont, eux-mêmes, des impacts très concrets et de grande portée sur la vie quotidienne : ils génèrent ainsi des interrogations, voire des oppositions et des conflits, vis-à-vis de la recherche, de la science et de la technologie. Enfin, différentes expériences ont par ailleurs montré que la participation des citoyens aux recherches pouvait contribuer à faire progresser les connaissances scientifiques. Ces évolutions profondes et inscrites dans la durée ont amené les gouvernements à « favoriser les interactions entre sciences et société » et à en faire une priorité. Cet objectif a ainsi été inscrit dans la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche. Au sens le plus large, les interactions ainsi évoquées peuvent prendre des formes nombreuses et variées allant de la diffusion de la culture scientifique et technique, à l’implication de la société civile dans les processus de recherche ou d’innovation ou dans l’orientation des politiques scientifiques et technologiques. Elles sont aussi souvent désignées sous les expressions de « dialogue sciences – société » ou, en anglais, de public engagement. Ce rapport ne traite que d’une partie de ces interactions : il est centré sur le phénomène des « sciences participatives », à savoir des formes de production de connaissances scientifiques auxquelles des acteurs non-scientifiques-professionnels — qu’il s’agisse d’individus ou de groupes — participent de façon active et délibérée. Si ce phénomène connaît un essor singulier aujourd’hui, les sciences participatives existent depuis près de cinq siècles durant lesquels elles se sont transformées au gré des évolutions techniques et des transformations sociales et économiques. La présente mission s’inscrit dans un contexte d’intérêt renouvelé puisque les années 2000 ont connu une croissance exponentielle des publications scientifiques mentionnant l’engagement des citoyens, une multiplication des initiatives co-construites, et un intérêt grandissant des institutions pour le sujet. Les sciences participatives forment aujourd’hui un véritable archipel, caractérisé par une grande diversité d’approches et de disciplines, de sujets et de thèmes, comme de participants. Les projets s’organisent différemment en fonction de leurs finalités, le rôle et le niveau d’implication des parties prenantes pouvant varier considérablement. Il n’existe pas de projet de science participative typique, de même qu’il n’existe pas de profil unique de participants. Leurs motivations sont différentes selon qu’ils s’engagent en tant que collectifs ou en tant qu’individus, en tant que malades, chercheurs en sciences numériques, naturalistes, passionnés d’astrophysique ou militants. Mission Sciences participatives 2016 7 L’essor des sciences participatives relève également d’un autre mouvement plus vaste où se développent d’autres approches dites « participatives » ou « ouvertes » qui touchent la recherche scientifique à un titre ou un autre et font évoluer les pratiques et modalités d’organisation de la recherche : on parle ainsi de « science ouverte », de « données ouvertes », « d’innovation ouverte », « d’informatique participative », de « conception participative », etc. Plus largement encore, ce mouvement fait écho à la montée parallèle de la démocratie participative, à la remise en cause des formes traditionnelles d’autorité et à l’influence croissante des nouvelles technologies. 1. Le programme REPERE porté par le ministère en Cadrage de la mission charge de l’Écologie, a pour objectif final de produire des conclusions et des C’est dans ce cadre que les ministres en charge de l’éducation, de l’enseignement recommandations pour une supérieur et de la recherche ont souhaité que soit conduite une réflexion sur les intégration durable des sciences participatives [annexe 1, Lettre de mission du 19 février 2015]. La mission associations à la recherche ainsi proposée consistait en premier lieu à analyser les dispositifs de sciences et à l’expertise. participatives, en incluant tous les domaines scientifiques concernés, avec une 2. Des structures intègrent à attention particulière mais non exclusive portée aux publics scolaires. En second lieu, leur gouvernance des Conseils le livrable attendu était un « guide des bonnes pratiques identifi[ant] les leviers d’orientation stratégiques mobilisables et les conditions scientifiques dans lesquelles ces pratiques peuvent (COS) qui ont pour objectif être développées ». d’assurer le lien entre la société et le monde de la recherche en rassemblant les Dans ce rapport, nous considérerons le champ des sciences participatives comme acteurs concernés par les incluant tout dispositif de recherche dans lequel des acteurs de la société civile mêmes enjeux. La Fondation participent au processus de production scientifique. Nous assumons dès lors une pour la recherche sur la grande diversité de sujets, d’acteurs et de méthodes, qui ne peut conduire à biodiversité (FRB) rassemble l’élaboration d’une définition unique et consensuelle. En accord avec les termes de la par exemple dans son COS lettre de mission, nous avons choisi de nous consacrer le plus concrètement possible plus de 170 acteurs de la à la question de la participation du public aux activités mêmes de recherche,