UN DOSSIER SPÉCIAL DE

TOURS Un tramway qui reflète la ville

En partenariat avec DOSSIER SPÉCIAL , un tramway qui reflète la ville

Dans trois ans, Tours aura son tramway. Objet de transport qui traversera toute l’agglomération du nord au sud, il a été aussi conçu comme un objet de design. -miroir où se reflétera la ville, il devrait participer RPC/SITCAT à sa métamorphose, son arrivée structurant de nombreux projets urbains. Pour les élus locaux, le tram n’est que la première étape d’un vaste plan de déplacements qui va de la location de vélos à la création de trains de banlieue.

fficiellement, les travaux n’ont pas de la Commission d’enquête à l’unanimité de franchir la Loire et traverser l’hypercentre de commencé. Mais depuis cet été les ses membres. Une fois la déclaration d’utilité Tours. barrières de chantier sont apparues publique signée, ce qui devrait être chose faite à la Un tramway à Tours ? Les plus anciens se sou- O ici ou là, des sont détournés, des fin de l’année, le chantier du tramway de Tours viendront de son ancêtre, éprouvé par la guerre et ronds-points s’effacent, des déviations sont en deviendra vraiment spectaculaire. Il s’agit de disparu en 1949. Des trolleybus lui avaient suc- place… « On vous guide ! Vos commerces sont construire une ligne longue de presque 15 km cédé jusqu’en 1968. A la fin des années 1980, le ouverts », indiquent des panneaux fort explicites, courant du nord-est au sud-ouest de l’agglomé- maire de l’époque, Jean Royer (divers droite), avait puisqu’ils renvoient au site Internet www.tram- ration. Un tram-miroir au design particulièrement songé à un transport en commun en site propre tours.fr. Le projet vient de recevoir l’avis favorable étudié, qui s’affranchira de sa ligne aérienne pour (TCSP), qu’il voulait surtout sans rails. Son suc- ❚ Le calendrier du projet • 2003 Le plan de déplacements du tram dans le centre-ville déclaration d’utilité publique urbains (PDU) prévoit deux lignes de de Tours du projet transport en commun en site propre • Juin et juillet 2010 Enquête • Février 2011 Début des travaux (TCSP) publique préalable à la déclaration au pont du Cher • 2007 Décision du Sitcat d’utilité publique • Mai 2011 livre une de réaliser la première ligne de • Juillet 2010 Début des travaux maquette à l’échelle 1, exposée tramway et concertation publique de déplacement des réseaux à la Foire de Tours • 2008 Choix définitif du tracé, • Septembre 2010 Choix du matériel • Mi-2011 à mi-2012 Le gros des décision de prolonger la ligne au roulant travaux nord jusqu’au lycée Vaucanson • Fin 2010 (date prévue) • Mars-avril 2013 Début des essais • Juin 2010 Ouverture de la Maison Signature par le préfet de la • Septembre 2013 Mise en service

II ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC

se payer (ou qu’il fallait compléter à moindres frais, comme dans la banlieue Sommaire parisienne). Depuis, le curseur du mi- ■ nimum de population nécessaire a Le « quatrième paysage », bien baissé : parmi les aggloméra- d’un lycée à l’autre page IV tions de moins de 300 000 habi- ■ Entretien avec Jean Germain, tants, Orléans s’est lancée la pre- maire de Tours : mière avec l’ouverture d’une longue ligne nord - sud en 2000. « Les vents sont porteurs » page VIII Puis ont suivi Nancy et Caen ■ Le Citadis, du sur-mesure (avec un modèle de tram sur en grande série page X pneus qui n’a pas fait école), Mulhouse… Et bien d’autres ! ■ Le tram, c’est aussi… page XII Effet de mode ? Peut-être. ■ Un chantier spectaculaire page XIV Mais pas seulement. Car les ■ Tours avant le tram… problèmes de congestion et après ? page XVI sont plus ou moins les ■ Quelques repères page XVIII mêmes quelle que soit la taille de l’agglomération. RPC/SITCAT Tours de SITCAT/RPC/ville Photocouverture de Partout, on est submergé cules sur la voie, ils se gênent mutuellement, grip- par le flux automobile. Par- pant toute la mécanique. C’est ce qui est arrivé à tout, on veut aussi recon- Tours : le grand axe nord - sud de site propre pour quérir l’espace urbain, de bus créé à la fin des années 1990 entre la Tran- plus en plus grignoté par un chée et le Cher le long de la route nationale 10 trop-plein de voitures en était emprunté par trop de lignes. La restructu- ville. D’où le besoin de déve- ration du réseau entreprise l’an dernier lui a certes lopper les transports en commun donné un peu d’air en répartissant davantage les et surtout de les rendre suffisamment flux. Mais ce n’est que partie remise : l’asphyxie attractifs pour que l’on n’ait plus à les prendre menace à assez court terme si l’on ne fait rien, cesseur Jean Germain (PS) a repris la réflexion, le « par défaut », ce qui est souvent le cas en pro- selon les ingénieurs du Syndicat intercommunal projet se précisant depuis le début des années vince. En clair, il faut élargir leur clientèle au-delà des transports en commun de l’agglomération 2000 : Tours aura donc à nouveau un tramway tout des usagers traditionnels – scolaires, personnes tourangelle (Sitcat). 0à fait conventionnel, bien campé sur ses deux âgées, populations défavorisées et visiteurs oc- L’étape suivante pourrait être la création d’un rails. Pour le matériel, elle a choisi le Citadis, le casionnels – et convaincre les automobilistes qu’il « busway ». L’appellation, assez courante en an- modèle vedette du constructeur Alstom, déjà est possible de lâcher le volant. Les recettes sont glais, a été déposée par l’opérateur Transdev, qui vendu à 17 villes françaises (et notamment, dans bien connues, elles tiennent en quelques mots : a mis au point la formule à Nantes. Le bus de la région, à Angers, au Mans et à Orléans). fiabilité, régularité, information, confort, volonté grande capacité (articulé et carrossé comme un En septembre 2013, si politique… Evidemment, véhicule d’exception) dispose sur la quasi-totalité tout va bien, Tours il faut y mettre le prix. de son parcours d’un site propre, il a des vraies sera la 23e agglomé- En septembre 2013, La première solution stations et non de vulgaires arrêts, et il fonctionne ration française à se si tout va bien, Tours sera qui vient à l’esprit est comme un tramway : mêmes fréquences, mêmes doter d’un tramway (et la 23e agglomération française bien sûr l’amélioration amplitudes, vitesse comparable… et Rouen la 26e si on ajoute les du réseau de bus, en ont construit des lignes sur un modèle similaire, sur pneus de à se doter d’un tramway aménageant des cou- imitées par , Maubeuge et Lorient, et bien Caen, Clermont-Fer- loirs continus, en ratio- d’autres villes… Metz, Nancy et Nîmes ont ac- rand et Nancy). Elle devrait suivre de quelques nalisant le réseau, en offrant un matériel moderne mois Brest, Le Havre et Dijon, et précéder Lens, et en améliorant l’information des voyageurs (afin VRT COMMUNICATION Besançon et peut-être Aubagne. Cette vague de qu’ils puissent préparer leur déplacement, qu’ils ■ Directrice-Coordination des Projets projets montre bien que le tram n’est plus en sachent quand passera leur prochain bus, et qu’ils Delphine CHÊNE : 01 49 70 12 79 réservé aux plus grandes villes ! Sa re- soient mis au courant en cas de perturbations). [email protected] ■ naissance en France, depuis le milieu des années On tend alors vers ce que les spécialistes appel- Directeur de Clientèle Patrick MUZOLF : 01 53 80 74 05 1980 à Nantes et à Grenoble, avait en effet lent « bus à haut niveau de service » ou BHNS. [email protected] concerné des agglomérations de plus de 400 000 Le problème étant, en cas de succès, que le sys- ■ Responsable Technique habitants. Il s’agissait alors de définir un mode tème arrive à la limite de ses capacités. On a alors Marie-Line RENAUD : 01 49 70 73 03 intermédiaire entre des bus qui avaient montré des « trains de bus » : retardés par l’affluence aux [email protected] leurs limites et le métro qu’elles ne pouvaient pas stations et/ou par un trop grand nombre de véhi- VRT Communication Octobre 2010 ❚ III DOSSIER SPÉCIAL

tuellement les projets les plus ambitieux en la matière. Le « quatrième paysage », d’u Il y a cependant un petit je-ne-sais-quoi qui fait qu’on fera monter beaucoup plus de gens dans un tramway que dans un bus. Le saut qualitatif qui fait du tram le meilleur moyen pour séduire de nouveaux publics, et attirer les automobilistes vers les transports en commun. Tout en restant dans un budget raisonnable, s’entend (car le mé- tro remplit également très bien ce rôle, mais pour un prix nettement plus élevé). Car le tram mo- derne n’a plus rien à voir avec les anciens mo- dèles qui ont roulé en France jusqu’à leur exter- mination dans les années 1930 à 1960. Pour peu qu’il soit bien conçu, il est relativement rapide, régulier, confortable et silencieux. Il offre aussi une capacité bien supérieure et rend possible une interconnexion ultérieure avec le réseau ferré pour faire circuler un tram-train. En outre, bien mieux qu’un couloir de bus, le tramway s’intègre dans la ville, et sa construction donne souvent l’occasion d’embellir l’espace public. Les urbanistes aiment Joué-lès-Tours, la deuxième ville à dire que le tram donne à voir la ville. Ils auront du département, sera traversée d’autant plus raison à Tours que le futur tramway de part en part (vue d’artiste). sera entièrement recouvert d’un film-miroir dans Photos RPC/SITCAT lequel elle se reflétera. ongue de 14,8 km, la première ligne du du concept du « quatrième paysage » d’une Reste un élément déterminant : le prix. Car un tramway de l’agglomération tourangelle Touraine qui s’est construite par strates, avec tramway coûte cher ! Et d’autant plus cher que sa L doit relier, du nord au sud, le lycée Vau- d’abord la Loire, puis les jardins, le patrimoine construction est souvent prétexte, on l’a vu, à des canson au lycée Jean-Monnet, à travers les bâti et maintenant le tram ! Le collectif En- travaux d’embellissement. C’est cher, mais communes de Tours et de Joué-lès-Tours. Elle semble(s) la ligne, réuni par la designeuse tou- somme toute possible. A Tours, le devis annoncé est plus longue que ce qui avait été annoncé rangelle Régine Charvet-Pello, a rédigé un livre est de 369 millions d’euros. Ici comme ailleurs, au moment de la concertation publique, à l’au- blanc et des « carnets de la ligne » contenant l’essentiel de la facture est supporté par la dy- tomne 2007, puisqu’on envisageait alors un ter- les recommandations à suivre pour aménager namique économique de l’agglomération grâce minus sur l’esplanade François-Mitterrand, au un parcours pensé dans sa globalité. au versement transport (VT), un impôt porté à beffroi. Après avoir fait ses comptes, et pour Balade le long du futur tramway à travers la 1,8 % de la masse salariale des entreprises de répondre à des attentes exprimées lors de la- « diversité réjouissante » des quartiers traver- plus de neuf salariés. Le solde vient de contribu- dite concertation, le Sitcat a décidé de sés – et transformés – du nord au sud : tions de l’agglomération, de la région, de l’Eu- construire d’emblée le petit prolongement au rope et de l’Etat qui est récemment revenu dans nord-est qui était prévu pour plus tard. Avan- ● Monconseil les tours de table financiers à la faveur du Gre- tage au passage : cette décision a permis de A deux pas de la rocade nord-est, le futur ter- nelle de l’environnement. Outre les bénéfices trouver un terrain plus commode pour installer minus du tramway est encore assez cham- pour les quelque 55 000 voyageurs attendus le centre de maintenance. pêtre. Il faut un peu réfléchir pour l’imaginer, chaque jour – et même plus selon les élus – et Tout le long du tracé, la ligne doit se bâtir autour devant le grossiste Metro, à deux pas de la porte les effets prévisibles sur le cadre de vie en ville, le de service du lycée Vaucanson, d’un Leroy-Mer- jeu peut en valoir la chandelle d’un point de vue Préfiguration de l’atelier lin et d’un marchand de piscines… Quelques économique si, comme au Mans, l’arrivée du de maintenance. pavillons complètent le paysage. Un champ de- tram entraîne une telle augmentation de la fré- viendra parking-relais, tandis qu’un autre, un quentation des transports publics qu’elle en a peu plus loin, accueillera le centre de mainte- fortement réduit le déficit d’exploitation. Comme nance. Sur ses deux premières interstations, le dit Jean Germain, le maire de Tours, qui est le tram doit devenir l’épine dorsale de aussi président de la communauté d’agglomé- l’« écoquartier » de Monconseil. Il s’agit d’un ration Tour(s)plus et du Sitcat : « En termes de espace en devenir qui accueillera à terme de transport, le tramway sera le navire amiral d’un ré- 2 000 à 3 500 habitants avec un millier de lo- seau global. » Un réseau qui comprendra égale- gements neufs, composé sur 20 ha de petits ment des lignes de bus réorganisées mais aussi, immeubles dotés d’extérieurs (terrasses ou espère-t-il, de vrais trains de banlieue. ❏ jardins) ou de logements dans l’esprit « mai- IV ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC n lycée à l’autre

son de ville », sans oublier un jardin central et 17 000 m2 d’équipements et de bureaux. Pour l’instant, le tracé du futur tram s’inscrit en poin- tillés à travers un pré. Ce passage par Mon- conseil a été préféré au détour, prévu à l’ori- gine, par la zone commerciale de la Petite-Arche, un peu plus au nord : même s’il apportait un peu plus de passagers, le parcours aurait été plus long, plus cher et plus compli- qué. Cette première séquence s’achève au car- refour de la Marne, un croisement sans grâce qui doit être entièrement remodelé pour deve- nir une véritable entrée de ville sur l’ancienne nationale 10, la route originelle de Paris. ● Europe Après le carrefour de la Marne, le tram péné- trera dans le quartier de l’Europe, un grand en- semble construit à la fin des années 1960. Il empruntera d’abord… l’avenue de l’Europe, un axe dont les cèdres du terre-plein central seront finalement préservés, le tram passant d’un côté et les voitures de l’autre. Virage à gauche sur l’ancienne place du Nord (rebaptisée esplanade François-Mitterrand), au pied du beffroi, une tour récemment réhabilitée qui abrite notam- ment une mairie de quartier. C’est ici que le terminus nord de la ligne était initialement prévu. Le tram poursuivra ensuite vers le sud au milieu de la rue de Jemmapes, une voie d’al- lure très banlieusarde qu’il permettra de re- qualifier. ● Maginot Après un petit crochet à travers un îlot qu’il fau- dra traverser sur une voie nouvelle, le tram ar- rivera sur l’avenue Maginot, l’ancienne natio- nale 10. Cet axe relativement commerçant n’est pas très large ; si l’on veut garder des trottoirs dignes de ce nom, des arbres et quelques places de stationnement, il n’y a plus que trois voies de disponibles. Le tram disposera donc de la continuité de son site propre dans le sens sud - nord (vers la périphérie), mais il devra co- habiter avec les autres véhicules dans l’autre ● en haut de la côte qui descend vers la Loire, la sens (vers le centre-ville). Y compris à un ar- Tranchée vue porte sur le fleuve et la ville. L’idée est de rêt. Situation délicate ? Pas forcément, selon A l’extrémité de l’avenue Maginot, la place de la réhabiliter l’espace, en lui rendant un rôle de les ingénieurs du Sitcat, puisqu’un nouveau Tranchée est un vaste rond-point encombré, à belvédère et en valorisant un bâti qui comprend plan de circulation devrait dissuader les auto- la confluence de l’ancienne route de Paris et notamment l’ancienne mairie de Saint-Sym- mobilistes de passer par là. Au passage, on no- de celle du Mans, qui commande la perspective phorien, commune annexée à Tours en 1964. tera la totale réhabilitation de la petite place sur la « Tranchée », axe rectiligne de plus de Le tramway descendra ensuite jusqu’à la Loire Pilorget, qui deviendra une vraie place de vil- 5 km percé au XVIIIe siècle pour faire passer la en réempruntant le site propre bus qui existe lage au pied de son église. nouvelle route d’Espagne. De cette place située déjà au centre de l’avenue de la Tranchée. VRT Communication Octobre 2010 ❚ V DOSSIER SPÉCIAL

❚ Sous l’influence des designers-créateurs « Une belle aventure. » Régine refléteront les espaces Charvet-Pello en parlerait des traversés. « Le miroir est une heures, de son travail sur le évidence par rapport à la tramway de Tours. A l’origine, couleur qu’on aurait pu lui un appel d’offres de CitéTram, donner, argumente Régine le maître d’ouvrage, pour Charvet-Pello. Le tram définir l’identité de la ligne. s’oublie, il est de la couleur de Pour remporter le contrat, la la ville, il ressemble à la ville à Photos RPC/SITCAT designeuse tourangelle, qui l’endroit où il est, il ne montre dirige l’agence RCP Design que l’œuvre urbaine. » Le Global, a réuni un « collectif principe d’aménagement de créatif qui rassemble des l’intérieur part de la même Français connus à constatation : « Le tramway l’international », afin de est un morceau de ville qui réfléchir à la question. Baptisé circule. » On en fera donc une Ensemble(s) la ligne, il petite rue aux aménagements rassemble autour d’elle – dans variés. « Un belvédère l’ordre alphabétique – l’artiste mobile. » Daniel Buren, le musicien et Dominées par un totem designer sonore Louis Le design du tram a été imaginé par l’agence RCP Design Global, signalant l’arrêt dans la ville, Dandrel, le géographe qui a réuni autour d’elle un collectif créatif baptisé Ensemble(s) la ligne. les stations conçues par Jacques Lévy, le spécialiste Daniel Buren sont assez des mises en lumière Patrick monumentales. On y Rimoux, le designer (et créateur du TGV) Roger Tallon et le retrouvera ses rayures noires et blanches, sorte de marque de chercheur en urbanisme Serge Thibault. fabrique, qui se répondront – et devront correspondre, si les « La ville de Tours, le territoire, a une identité avant tout wattmen arrivent à s’arrêter au bon endroit – du quai au flanc française, raconte Mme Charvet-Pello. On a imaginé que le du tram, au niveau des portes. Les lignes des équipements se tramway y serait le quatrième paysage. Le premier, c’est la veulent épurées. Le bloc regroupant équipements techniques et Loire ; le deuxième, c’est les jardins. Et le troisième, c’est le billetterie tranchera avec le reste, par sa peau laquée brillante patrimoine. » Le collectif a donc pensé tout le corridor que rouge vif. desservira le tram, et « au-delà, un territoire de 15 km2, 500 m Reste la question qui fâche… Designeuse reconnue, Régine de chaque côté d’une ligne de 15 km ». Il a rédigé un livre Charvet-Pello n’en est pas moins sixième adjointe au maire de blanc appelé Alphabet de la ligne et des « carnets de la ligne » Tours (chargée des questions d’éducation). Etait-ce un dont le maître d’œuvre devra suivre les recommandations. avantage pour décrocher le marché ? « C’était plutôt l’inverse, « C’est la première fois que la conception d’un tramway est répond-elle. C’est beaucoup plus difficile de faire ses preuves pensée globalement », insiste la designeuse. chez soi. D’où le collectif ! » Cela dit, remarque la patronne de Le plus spectaculaire sera peut-être le tramway lui-même, à RCP Design Global, « c’est mon huitième tramway », après le l’esthétique très brute, voulu comme un « curseur sur la ligne », T3 de Paris, , Angers, Alger, Constantine, et et décrit comme un « tapis roulant calé sur les rails ». Il sera RhônExpress (le tram qui mène à l’aéroport de Lyon). « Et entièrement recouvert d’un film-miroir, dans lequel se puis… ce n’est pas une faute d’habiter à Tours non plus ! » ❏

● Pont Wilson de sortir du centre-ville : finalement, les autos sera comme sur le pont alimenté par le sol. En bas de l’avenue de la Tranchée, la place Choi- pourront toujours circuler dans les deux sens, Les aménagements existants des trottoirs se- seul – la tête de pont rive droite – sera entière- de part et d’autre du site propre central du tram, ront maintenus et complétés. Au nord, la place ment refaite. Elle deviendra une esplanade mi- mais elles seront ralenties à 30 km/h et elles Anatole-France (la tête de pont côté sud) doit nérale, revêtue de granit gris, et ses quatre partageront leur voie avec les vélos. Le dossier être entièrement réaménagée : le projet com- pavillons d’octroi du XVIIIe siècle seront mis en de la déclaration d’utilité publique indique que prend un parvis devant l’église Saint-Julien, un valeur. C’est là que s’arrêtera la caténaire et que la limitation de la vitesse permettra de « paci- centre d’art contemporain dans les locaux de commencera la section équipée de l’alimentation fier les usages », les flux automobiles devant de l’actuelle école des beaux-arts et un hôtel de par le sol (APS). Cette place traversée, le tram toute façon être en 2013 réduits de 30 % par rap- luxe. Au sud, la place Jean-Jaurès (devant l’hô- franchira la Loire sur le pont Wilson (le pont de port au trafic actuel. tel de ville) restera le principal pôle d’échanges pierre des Tourangeaux), un ouvrage classé long des transports en commun tourangeaux. Le de 434 m et large de 14,6 m. Plusieurs options ● Nationale projet initial prévoyait que la section en APS, si ont été étudiées, sachant que les autorités lo- Dans la rue Nationale, la grand-rue de Tours elle était retenue, s’y arrêterait, mais les négo- cales voulaient au moins permettre aux voitures dont la partie piétonne sera étendue, le tram ciations avec Alstom ont permis d’obtenir VI ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC

● Grammont-Verdun L’arrivée du tram doit permettre de repenser le fonctionnement Reprenant sa route vers le sud, le tram rejoin- de la gare et de réaménager dra le Cher en empruntant l’actuel site propre ses abords, à commencer par central de l’avenue de Grammont, qu’il parta- son parvis. gera avec des bus. En bas de l’avenue, le car- refour de Verdun, juste avant le pont sur le Cher que franchit l’ancienne nationale 10, doit être bien transformé par un programme immobi- lier qui soulignera son rôle de porte de la ville. Le maire de Tours et président de l’agglomé- ration Jean Germain y verrait bien la création d’une halte ferroviaire, puisque les voies fer- rées menant vers Angers, Le Mans et Paris par Châteaudun passent juste en contrebas. C’est également depuis cet endroit que la ligne 2 de- vrait se détacher dans quelques années pour rallier Grandmont et l’hôpital Trousseau. En at- tendant, les trams de la ligne 1 tourneront à droite pour desservir les Rives-du-Cher, un grand ensemble construit dans les années 1960.

RPC/SITCAT ● Franchissement du Cher quelques centaines de mètres de plus pour un continuera tout droit à travers ce qui est ac- Pour franchir le Cher, un nouvel ouvrage s’im- prix moindre, si bien que le tram poursuivra tuellement l’aile droite de la gare – des bâti- pose si l’on veut gagner directement le nou- jusqu’à la gare, l’arrêt suivant, sans caténaires. ments sans grâce abritant des services admi- veau quartier des Deux-Lions qui sort de terre Il y parviendra en empruntant à gauche la dis- nistratifs, qui seront démolis – puis des en face des Rives-du-Cher. Plusieurs options crète rue Charles-Gille, où la maison du Tram- installations de lavage des trains. Il pénétrera ont pour ce faire été étudiées. Le choix s’est way fait face à la nouvelle agence du réseau Fil ensuite dans le Sanitas en passant derrière porté sur la reconstruction du « pont de Ven- bleu. l’ancien centre de tri postal – transformé pour dée » de l’ancienne ligne de chemin de fer de accueillir logements, bureaux et commerces –, Tours aux Sables-d’Olonne (dont la section sub- ● Gare pour récupérer l’axe majeur de ce quartier HLM sistante dans la région, Tours - Chinon, a été Le passage à la gare promet d’être spectacu- qui fut construit à partir de 1958 à l’emplace- détournée). Détruit pendant la guerre et re- laire. Au sortir de la rue Charles-Gille, le tram ment de terrains ferroviaires éprouvés par la construit, ce pont avait disparu lors de l’élar- tournera à droite pour s’engager dans la rue guerre. Pour la petite histoire, on peut consta- gissement du lit du Cher dans les années 1960. de Nantes. C’est aujourd’hui une sombre et ter que cet axe est actuellement un cul-de-sac Il en reste la culée rive droite et la pile centrale courte voie qui passe sur le côté de la gare. Elle au nord… Les plans d’origine prévoyaient en au milieu de la rivière. Mais la réutilisation de sera méconnaissable en 2013, puisque trans- effet de déménager la gare, ce qui aurait per- ces appuis a été jugée inappropriée tant d’un formée en station de tramway, la plus impor- mis de le prolonger ! Le tram passera sur la point de vue technique qu’esthétique. La solu- tante du tracé. La façade latérale de la gare promenade arborée du mail du Sanitas, obli- tion retenue à quatre travées – et donc trois sera ouverte pour permettre une correspon- geant à déplacer les arbres qui le bordent ac- piles dans le lit du Cher – est longue de 230 m dante quasi directe. De l’autre côté de la rue, tuellement, et s’arrêtera au passage devant le et large de 12,4 m, le tablier devant supporter le vieux pâté de maisons appelé « Ilot Vinci » palais des Sports, dont le parvis sera refait. les tramways et d’éventuels trams-trains, mais (car il abritait jusqu’à peu le magasin des tissus La desserte du premier grand ensemble de aussi des autobus, sans oublier un chemine- Vinci ; on y trouve aussi deux hôtels) sera rem- Tours, resté un peu enclavé dans la ville, a lar- ment piétons et une piste cyclable. L’équipe de placé par des immeubles contemporains. Plus gement contribué à justifier le détour par la designers a voulu « un ouvrage sobre qui, le généralement, l’arrivée du tram doit permettre gare. Les premières ébauches – héritée des jour, file au-dessus de l’eau et s’anime la nuit de repenser le fonctionnement de la gare – fré- projets de TVR du début des années 1990 – pri- pour devenir un trait de lumière ». quentée par 40 000 personnes par jour – et de vilégiaient en effet un passage tout droit sur réaménager ses abords, à commencer par son l’avenue de Grammont, l’artère qui prolonge au ● Deux Lions parvis. sud l’axe majeur Tranchée - Nationale. C’est-à- Au sud du Cher, le tramway sera un élément dire 350 m plus à l’ouest. Le tram retrouvera essentiel pour désenclaver le quartier des ● Sanitas d’ailleurs cette avenue à la sortie du Sanitas, Deux-Lions dont les accès routiers sont ac- Il faut à nouveau un peu réfléchir pour imaginer après un virage à droite près d’un jet d’eau dé- tuellement un peu compliqués (surtout aux l’aspect qu’aura la section suivante. Après le placé, sur le pôle d’échanges de la place de la heures de pointe). Jean Royer avait voulu un pôle multimodal de la rue de Nantes, le tram Liberté (ex-Thiers). « technopôle » bâti sur d’anciennes zones d’ex- VRT Communication Octobre 2010 ❚ VII DOSSIER SPÉCIAL

pansion des crues de la rivière, remblayées pour l’occasion. Mais ce projet ayant un peu trop peiné à sortir de terre, Jean Germain en Jean Germain, maire (PS) de Tours : a fait un quartier mixte. Il a aujourd’hui un côté résolument moderne mais franchement in- Pourquoi vous êtes-vous bien sûr ! Mais je remarque achevé et un peu vide. Le tram devrait accélé- lancé dans l’aventure du que ce sont surtout les op- rer son aménagement. Il le traversera de part tramway à Tours ? posants qui se déplacent en part, desservant directement la faculté de Jean Germain : Pourquoi pour ce genre d’enquête. droit, un nouveau centre commercial et les en- un tramway à Tours ? L’ag- Or, on a plus de 72 % des treprises et administrations installées dans le glomération de Tours fait en- gens qui se déclarent favo- coin (dont le siège de la communauté d’agglo- viron 300 000 habitants. Elle rables au tramway et à son mération Tour(s)plus, du Sitcat et RCP Design est dans les douze plus tracé. Global, la société qui l’a dessiné). grandes agglomérations de France. Pour tout le monde Tout de même, en compa- ● Joué-lès-Tours – en tout cas pour tous ceux raison d’autres villes, vous En sortant des Deux-Lions, le tram s’engagera qui s’occupent de trans- avez pris votre temps sur l’avenue de Pont-Cher (qui doit son nom au ports –, le tramway s’avère Garate Ville de tours Claire pour faire ce tram… petit Cher, ou vieux Cher, un bras mort du Cher). faisable dans une agglomé- Jean Germain est le maire (PS) J. G. : La ville de Tours a été C’est actuellement un axe à 2x2 voies dont il ré- ration de cette taille. Et moi de Tours et le président de longtemps isolée, puisque je dirais nécessaire ! On a Tour(s)plus et du Sitcat. l’agglomération ne s’est Le tram s’arrêtera à proximité de la gare une structure des déplacements qui est tout à créée qu’en 2000. Le tramway est un projet de Joué et devant sa mairie (vue d’artiste). fait favorable, puisqu’il y a un axe majeur fédérateur, qui ne peut pas se lancer dans une entre le nord de Tours et Joué-lès-Tours. Tours seule ville. Et au-delà de la première ligne, est une ville ferroviaire, avec une longue tra- on a le projet de la seconde ligne, on a le pro- dition de carrefour, ce qui rend aussi logique jet de l’étoile ferroviaire et du tram-train… le choix du tramway sur fer. On sait que l’on Ce sont des choses qui se discutent à plu- sera au-delà de 60 000 personnes par jour. sieurs. C’est l’avenir de l’agglo pour les vingt Et en disant 60 000, je suis sûr de ne pas me ans qui viennent qui est en jeu, ça mérite tromper ! qu’on prenne un peu de temps. Et puis, il n’y a pas que les problèmes de Et puis, nous souhaitions sur une grande par-

SITCAT transport, il y a aussi des aspects environne- tie de la ligne avoir une alimentation élec- mentaux : la qualité de la vie est un sujet im- trique qui ne soit pas par ligne aérienne, et cupérera l’une des chaussées, côté campagne. portant, et permettre aux gens de mieux se je vais lier ça à la question du design : Tours On arrive alors à la sortie de la commune de déplacer à des tarifs corrects et sans émission est une ville qui est à la fois ville d’art et d’his- Tours et au début de la montée vers Joué-lès- de CO2 dans l’atmosphère paraît une évi- toire, ville patrimoine mondial, ville qui a un Tours. La deuxième ville de l’agglomération (et dence. des plus grands secteurs sauvegardés de du département avec 37 0000 habitants) sera Evidemment, on peut se demander si c’est France, la partie de la Loire qui traverse la traversée de part en part. Le tram s’arrêtera une mode ou une nécessité… Pour faire un ville est classée Natura 2000… C’est quelque notamment à proximité de la gare – desservie parallèle un peu osé, il y a beaucoup de ma- chose qui est remarquable du point de vue par les TER de Chinon et de Loches – et devant nifestations contre la façon dont on veut régler du patrimoine, qu’il soit construit ou natu- l’hôtel de ville, de même qu’il desservira les le problème des retraites. Nicolas Sarkozy rel ! Le tourisme est une industrie que nous nouveaux programmes immobiliers des îlots vous dira que c’est une mode, les syndica- ne négligeons pas, puisqu’il est pourvoyeur Disco et Gratias. Vient ensuite le passage au listes vous diront que c’est une nécessité… à la fois d’attractivité, d’emplois et de reve- cœur de La Rabière, une vaste ZUP essentiel- Et moi, je ferai la même réponse pour un nus importants. lement réalisée dans les années 1960 et 1970 tramway : c’est une nécessité. De plus, je Les plus grands peintres, les plus grands ro- qui est actuellement en pleine rénovation. Le m’appuie sur le résultat des élections muni- manciers, les cinéastes ont célébré cette per- périphérique sud sera ensuite franchi par un cipales. Le tramway avait été au cœur du dé- cée de Tours qui va depuis la Tranchée jusqu’à nouvel ouvrage dédié au tram et aux modes bat. En face de nous, la liste opposée était fa- la place Jean-Jaurès, qui est la nouvelle pers- doux, avant l’arrivée au terminus du lycée Jean- rouchement contre, et nous avons fait plus pective de la ville (l’ancienne étant sur un axe Monnet, où sera construit un parking-relais. de 62 % ! est-ouest qui va de la cathédrale à la basilique Ensuite, le PDU prévoyait d’aller quelques cen- Je vois bien le rendu de l’enquête publique. Je Saint-Martin). Il fallait préserver cette pers- taines de mètres plus loin, jusqu’à la modeste laisserai bien sûr le président de la commis- pective. Il n’y a pas eu de discussion là-dessus, halte SNCF de la Douzillère. Si ce prolongement sion s’exprimer là-dessus, mais j’en ai les ré- ça s’est fait très rapidement au sein du Sitcat, ne semble plus d’actualité, Joué aimerait ame- sultats – ils sont connus – et je les regarde. Il le syndicat qui gère les transports. Ça a été ner le tram vers un nouvel écoquartier qui doit peut y avoir des choses qui ne plaisent pas, décidé à l’unanimité, personne ne voulait mo- sortir de terre un peu plus loin. ❏ VIII ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC

« Les vents sont porteurs »

difier la perspective monumentale. Nous les transports en commun de province ? Voilà les sujets pour les quinze ans qui vien- avons été dans un certain nombre de villes, J. G. : Pour l’appel à projets du Grenelle 2, nent ! La première ligne en septembre 2013 ; et nous avons vu que l’on pouvait se passer de nous participons non pas pour une deuxième pour la deuxième ligne, ça ira beaucoup plus lignes aériennes et qu’on n’en était plus au ligne, mais pour l’extension de la première. rapidement parce qu’il n’y a pas de dépôt à stade de l’expérimentation. D’entrée de jeu, nous avons décidé d’étendre construire et parce qu’il n’y a pas de problème la ligne au nord, suite à la première enquête d’effacement de ligne. Il y a juste un passage Et donc, le choix de Tours pour effacer les publique. Ça va nous permettre d’obtenir des en pente un peu délicat. Quant à l’étoile fer- lignes aériennes ? subventions pour ces 2,5 km supplémentaires roviaire, est-ce que c’est un tram-train ou une J. G. : Ça sera l’alimentation par le sol qui qui n’étaient pas inclus dans le Grenelle 1. autre desserte ? Les voies existent, elles ont sera adoptée. Nous signons avec Alstom. Et Franchement, je ne peux pas vous dire com- besoin d’être rénovées, mais la rénovation est l’APS ira jusqu’à la gare, parce que nous avons bien nous pourrons récupérer. Qui connaît en route, et il faudra construire cette halte au eu des tarifs corrects. Nous avions fixé une les finances de l’Etat actuellement ? Nous es- carrefour de Verdun. base de 76 millions d’euros hors taxes sans pérons avoir quelque chose ! l’accès à la gare, et là, nous sommes à 73,2 Quel tracé pour la deuxième ligne ? millions avec. Les circonstances économiques Quels sont vos projets pour la suite ? J. G. : En ce qui concerne la deuxième ligne du moment et la concurrence ont fait baisser J. G. : La deuxième ligne de tramway, le de tramway, car il y aura une deuxième ligne les prix de façon significative. BHNS et l’étoile ferroviaire sont trois sujets de tramway, elle desservira évidemment l’hô- étroitement liés. On a pital Trousseau au sud. Il n’y a pas de doute là- Le projet fait la part « Tours est une ville connue à Tours une étoile fer- dessus. Nous sommes en train de travailler belle au design… roviaire relativement sur le tracé, car il y a des parties de Saint- J. G. : Le design, c’est dans la région importante. Elle n’est Avertin dont il faut qu’on se rapproche un un élément d’attracti- des châteaux de la Loire. pas partout en bon peu, il y a des constructions nouvelles, etc. vité. Tours est une ville On peut le dire, nous souhaitons état, mais un peu par- Pour le reste, je vois les choses, mais il faut connue dans la région tout on est en train de aussi s’assurer de leur faisabilité. On ne sait des châteaux de la que notre tramway soit refaire les aiguillages pas encore où la ligne 2 aboutira au nord : Loire, qui est au patri- une attraction ! » et les voies. RFF et la tout va dépendre de la façon dont se fera la moine mondial. On SNCF vont se lancer jonction avec Saint-Pierre-des-Corps. Est-ce peut le dire, nous souhaitons que notre tram- dans le cadencement de l’intégralité des lignes que ça va se faire en tram-train cadencé à la way soit une attraction ! Nous avons demandé en décembre 2011. Cela fait un peu évoluer place de la navette ferroviaire, est-ce que ça à des artistes reconnus et à un designer de notre réflexion dans le temps. sera en tram ? On ne peut pas faire les deux ! travailler là-dessus, et sur le design du tram- Nous nous sommes rendu compte dans le Je pense que dans un délai d’un an on le way lui-même. Pour que ce soit un objet dont cadre du Scot [schéma de cohérence territoriale, saura, mais ça dépend de beaucoup de dis- on parle, qui soit attractif, et puis que depuis ndlr] qu’on pourrait assez vite avoir des des- cussions, entre les autorités organisatrices, ce tramway il puisse y avoir un rayonnement sertes ferroviaires cadencées sur les voies exis- avec RFF, avec la SNCF, pour voir par exemple artistique et culturel. Daniel Buren va nous tantes, avec des tarifs abordables : de l’ordre de si cette liaison aura le statut de navette SNCF aider : il nous a fait un projet sur les traversées 20 à 30 millions d’euros, ce ne sont pas des ou si elle sera gérée par le Sitcat… Les gares de de la ville qui est très intéressant. Il y a aussi choses impossibles. On pourrait faire une Tours et de Saint-Pierre-des-Corps sont des un aspect de mise en lumière remarquable. ligne reliant sur les lignes existantes Monnaie, gares nationales, la navette est actuellement Notre-Dame-d’Oé, La Membrolle-sur-Choi- Grandes Lignes, et on ne peut pas faire du Régine Charvet-Pello a obtenu le marché sille, Fondettes, La Riche, le carrefour de Ver- tram-train cadencé en gardant ça. Tant qu’on du design du tramway. Elle est aussi votre dun, où il faut construire une halte en cor- ne connaît pas le statut de cette jonction, on adjointe à la mairie de Tours. Elle était la respondance avec le tramway, ne peut pas répondre aux autres questions. meilleure ? Saint-Pierre-des-Corps, La Ville-aux-Dames J. G. : Oui, elle était la meilleure. La question et Montlouis. Elle ne passerait pas à la gare On a donc dans une dizaine d’années une ne se pose même pas ! Elle a une certaine ré- de Tours, mais serait en correspondance avec première ligne de tramway, une deuxième putation en la matière. Et il ne faut pas se pri- le tramway au carrefour de Verdun. ligne au moins sur la partie sud, une des- ver du savoir-faire des entrepreneurs locaux On va aussi développer le BHNS. On pense serte cadencée entre Tours et Saint-Pierre- par principe. qu’on aura d’autres axes à l’avenir, notamment des-Corps et une desserte périurbaine sur quand l’autoroute A10 sera déclassée, lorsque l’étoile ferroviaire ? Vous avez demandé de l’argent à l’Etat dans le contournement autoroutier de l’agglomé- J. G. : Oui. Et je suis relativement optimiste le cadre du deuxième appel à projets pour ration tourangelle sera réalisé. parce que les vents sont porteurs. ❏

VRT Communication Octobre 2010 ❚ IX DOSSIER SPÉCIAL

Le Citadis, du sur-mesure en grande série

Le Sitcat a commandé à Alstom 21 rames de type Citadis 402 de dernière génération. ALSTOM/SITCAT Tours est la 36e ville dans le monde à faire le choix du Citadis d’Alstom. Il s’agit d’un tramway modulable : ce concept lui permet de fabriquer un tram sur mesure tout en le produisant en grande série.

t le vainqueur est… le Citadis d’Al- conçu pour ça ! » Tours est devenue début assez vite. Du coup, on aura un tram toutes les stom. Un de plus, dira-t-on ! Car la septembre la 36e ville à en acheter(*), portant six minutes aux heures de pointe, quand le pro- E suprématie du constructeur français leur nombre à 1 468 rames déjà en service jet initial prévoyait une fréquence de cinq mi- est écrasante en France. Onze villes sur ou en commande. nutes. seize équipées d’un tramway en ont déjà, Le contrat se monte à 73,2 millions d’euros. Il elles seront au moins dix-neuf sur vingt-trois Quelques données comprend aussi l’installation du système d’ali- en 2013. Ce succès s’explique paradoxale- de base mentation par le sol (APS) sur 1,8 km de la ment par la propension des villes à vouloir se Le Sitcat a commandé à Alstom 21 rames de place Choiseul à la gare, et la fourniture fin avril distinguer. Pour pouvoir satisfaire leurs dé- type Citadis 402 de dernière génération, qui se- 2011 d’une maquette grandeur nature – repré- sirs tout en maintenant les coûts à un niveau ront fabriquées à Reichshoffen, dans le Bas- sentant la motrice et le premier module – qui acceptable, Alstom a inventé un tramway Rhin. Longues de 43,70 m et larges de 2,40 m permettra aux habitants de l’agglomération de modulable : à partir d’éléments standardi- (ce qui est la largeur la plus courante des trams se faire une première idée. Le contrat est as- sés, il produit des véhicules différents pour français modernes), elles seront composées sorti de plusieurs tranches conditionnelles por- chaque client. Il n’y a que ce qui se voit qui de sept modules à plancher bas intégral et tant sur la fourniture de cinq nouvelles rames et change, à commencer par le nez. Ce concept pourront transporter jusqu’à 291 personnes l’éventuelle maintenance de l’APS pendant dix lui permet de fabriquer un tram sur mesure (dont 88 seront assises). CitéTram a préféré ans, période pouvant être étendue de cinq an- tout en le produisant en grande série. « En commander des rames plus longues, quitte à nées supplémentaires. Le montant de ces op- France, le renouveau du tramway est vécu en avoir quatre de moins par rapport à ce qui tions n’a pas été communiqué. comme un mouvement esthétique, résume était prévu. Son patron Jean-Luc Paroissien ex- Recyclable jusqu’à 98 %, la dernière généra- Jérôme Wallut, le directeur général d’Alstom plique ce choix par des économies tant sur l’ex- tion de tramways d’Alstom consomme selon le Transport France. Le véhicule participe à ça, ploitation au quotidien que sur les coûteux tra- constructeur français 10 % d’énergie en moins le design est très important. Et le Citadis a été vaux d’allongement qui auraient dû être faits grâce à l’utilisation de matériaux composites X ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC

❚ Le perdant Cinq groupes avaient fait part de leur intérêt lorsque CitéTram a lancé son appel d’offres et à l’amélioration du système de traction. Un pour son matériel roulant : le français Alstom, l’italien AnsaldoBreda, le germano-canadien Citadis consomme ainsi quatre fois moins qu’un Bombardier, l’espagnol CAF et le suisse Stadler. Seul CAF a finalement présenté une offre bus et dix fois moins qu’une voiture par passa- face à Alstom. Le groupe espagnol, qui a récemment remporté le tram de Besançon et ger assis. Le niveau sonore est garanti infé- dernièrement celui de Nantes, proposait pour la section sans ligne aérienne un système de rieur de 5 dBA (mesure du son pondérée d’un supercapacités rechargées aux arrêts, actuellement testé à Séville. Ce genre de matériel facteur reflétant la manière dont l’oreille hu- ayant une autonomie limitée à 500 m, il aurait fallu installer au-dessus des stations de la rue maine l’entendrait et l’interpréterait) à celui gé- Nationale une ligne aérienne de 20 m de long destinée au rechargement des batteries. néré par le trafic automobile, soit près de quatre « CAF était nettement plus cher », a indiqué le maire de Tours et président du Sitcat Jean fois moins de bruit. Germain, précisant aussi que le matériel proposé par le constructeur espagnol « était Parmi les innovations qu’apportera le tramway beaucoup plus lourd à l’essieu ». tourangeau, le réveil des rames à distance. Elles pourront être activées – et notamment trouvera sur le sol des quais des stations. Le – qui pourront au besoin être divisés en deux chauffées – le matin à partir d’un point central corps du tram sera recouvert de films adhésifs ou quatre sous-écrans –, tandis que le fonc- du dépôt, ce qui permettra, selon Alstom, de permettant un effet miroir. Un miroir déformant tionnement des deux rangées de lumières LED, gagner une vingtaine de minutes par rame et et… garanti dix ans, précise Pierre Plantain, le le long du plafond, sera indexé sur la luminosité par jour. chef de projet chez Alstom. extérieure. L’éclairage sera ainsi plus doux en été et plus chaud en hiver. ❏ L’extérieur : L’intérieur : une rue le curseur sur la ligne de village qui bouge (*) Par ordre alphabétique : Alger, Angers, Bar- « Il y a eu un travail de design qu’on a reçu du L’intérieur est atypique. Par l’asymétrie des celone, Bordeaux, Brasília, Brest, Casablanca, collectif Ensemble(s) la ligne. On a fait là-des- couleurs, tout d’abord, rouge d’un côté et beige Constantine, Dijon, Dublin, Grenoble, Le Havre, sus un travail de design industriel pour inté- de l’autre, les barres étant vertes. La « rue in- Istanbul, Jérusalem, Lyon, Madrid, Le Mans, grer ces demandes. Ce n’était pas évident ! térieure » imaginée par RCP Design Global Melbourne, Montpellier, Mulhouse, Murcie, Mais on est allés très loin dans la démonstra- comportera quatre styles de sièges de bois dif- Nice, Oran, Orléans, Paris (T2 et T3), Rabat, tion que c’était possible ! » Jérôme Wallut férents (au revêtement gris), dont des strapon- Reims, La Rochelle (un exemplaire de dé- compare avec un plaisir certain les esquisses tins et des banquettes rappelant les bancs pu- monstration), Rotterdam, Rouen, Strasbourg, du modèle à suivre reçues dans l’appel d’offres blics. Les voyageurs disposeront aussi de très Ténérife, Toulouse, Tours, Tunis, Valenciennes. du Sitcat et la présentation de la version du Ci- grands écrans d’information rectangulaires tadis qu’il lui a finalement vendu. Seuls quelques détails permettent de faire la diffé- ❚ rence. APS : une technique maintenant au point La face avant du tram tourangeau est sans Entre la place Choiseul et la gare, le tramway tourangeau sera alimenté par le sol, comme doute la plus spectaculaire : le designer vou- le fut son ancêtre il y a cent dix ans. Pas de fils pour gâcher la blanche perspective de la lait concrétiser l’impression d’un « curseur sur rue Nationale ou le franchissement de la Loire sur le pont Wilson, donc. En revanche, le sol la ligne », avec une apparence très brute – un sera légèrement plus encombré : c’est un 3e rail central encastré dans le sol qui fournira peu comme le Citadis de Rotterdam, très verti- son électricité au véhicule. Ce rail est composé de segments conducteurs longs de 8 m cal – mais aussi galbée. La façade du tram sera mis sous tension par un dialogue radio codé lorsque la rame les recouvre, et séparés par encadrée de deux bandeaux de LED (diodes des joints isolants de 3 m. Les segments conducteurs sont alimentés par des petits boîtiers électroluminescentes) en alignement avec les d’alimentation enterrés tous les 22 m. L’énergie électrique transmise par ce 3e rail est rails, « comme si le tramway les soulevait lors captée par deux frotteurs situés sous la rame, d’où un petit bruit caractéristique. de son déplacement ». Ils doivent magnifier la L’alimentation par le sol (APS) est apparue à Bordeaux en 2003. Après des débuts un peu forme de l’engin la nuit. Particularité de ce sys- chaotiques, elle y donne maintenant entière satisfaction sur les 14 km équipés (sur un tème venu de l’industrie aéronautique : on ne réseau de 44 km), souligne Jérôme Wallut, le directeur général d’Alstom Transport France : « L’APS est maintenant complètement fiabilisée. Avec 7 millions de kilomètres parcourus à doit pas voir les points d’éclairage, les ban- Bordeaux depuis que c’est en service ! » La performance des tramways est la même sous deaux devant diffuser une lumière continue. En caténaire ou avec APS, ajoute-t-il. Après Bordeaux, d’autres villes ont été séduites par la outre, les phares seront cachés dans lesdits technique, dont Reims et Angers, qui vont mettre en service leurs trams l’an prochain, bandeaux. S’ils diffuseront bien – et heureuse- mais aussi Orléans, Dubaï et Brasília. ment ! – un faisceau lumineux, on ne devra pas Reste un point assez méconnu : l’APS n’est pas un système propriétaire. Si Alstom l’a voir leur forme. Autre particularité du nez : Al- réinventée et est aujourd’hui le seul constructeur à la commercialiser, le groupe français a stom a déplacé l’essuie-glace sur le côté. communiqué une fiche technique à ses clients. Ceux-ci seront donc libres, à l’avenir, de Quant à la livrée, elle reprendra près des portes s’adresser à d’autres fournisseurs pour agrandir ou renouveler leur flotte. Les concurrents doubles les bandes noires et blanches verti- intéressés devront alors mettre au point un matériel compatible. cales imaginées par Daniel Buren, que l’on re- VRT Communication Octobre 2010 ❚ XI DOSSIER SPÉCIAL

Le tram, c’est aussi… • La rénovation de la gare et l’intermodalité tram-train Construite en 1898 par l’architecte tourangeau Victor Laloux – l’auteur de la gare d’Orsay à Paris –, la gare de Tours est un bâtiment emblématique de l’agglomération, située en plein centre. L’arrivée du tramway va ache- ver les travaux de réaménagement du quartier entamés avec l’arrivée du TGV Atlantique il y a vingt ans, qui furent notamment marqués par la construction du centre international de congrès Vinci par l’architecte Jean Nouvel. C’est la transformation de l’« Ilot Vinci » (rien à voir avec le précé- dent, il s’agissait d’un magasin de tissus), un pâté de maisons vieillottes à droite de la gare, qui en sera l’élément le plus spectaculaire, de même que le réaménagement du parvis. A ses pieds, on trouvera la station prin- cipale du tram, directement accessible depuis le hall – et les quais – de la La rue Nationale, où ne passeront plus que des tramways. gare, réaménagée pour l’occasion. Le passage du tram au train sera François ENVER donc quasi direct, tandis que les échanges avec les services de Fil bleu (bus urbains) et Fil vert (cars départementaux) ne demanderont que • Un nouveau réseau de bus quelques dizaines de mètres de marche. L’idée est également d’avoir, Avec le tramway, la part modale des transports publics devrait passer de selon les mots de Jean Germain, « une navette ferroviaire digne de ce 8,3 % en 2008 à 9,7 % en 2013, selon le Sitcat. Pour l’autorité organisa- nom » entre la gare de Tours et celle de Saint-Pierre-des-Corps. trice de l’agglomération tourangelle, l’arrivée du tram est bien sûr l’occa- sion de remettre à plat le réseau de bus. Cela dit, la transformation sera sans doute moins radicale que ne le fut la restructuration de l’an dernier, • Le succès de Velociti qui a mieux réparti les dessertes. Ainsi, la ligne 1 préfigure déjà le futur On les voit souvent passer dans Tours, ces vélos jaunes et noirs au cadre tram sur une bonne partie de son parcours, et la ligne 2 – qui devrait selon à damier appelés Velociti. Il y en a un millier dans les rues, et bientôt 400 elle « prendre toute son importance » au moment des travaux du tram – de plus. « Ce sont des vélos en location longue durée, précise Agnès Thi- s’inscrit dans l’axe du BHNS nord - sud (Tours-Nord - Tours-Centre - ave- bal, qui suit le dossier au Sitcat. L’agglomération n’a pas la masse critique nue de Grammont - Grandmont - hôpital Trousseau). Pour le reste, on pour développer un système de vélos en libre-service. » On peut les gar- adaptera les lignes en fonction des besoins, explique Arlette Le Noc, qui der de trois mois à un an, pour 5 euros par mois pour les étudiants et suit le dossier au Sitcat. Elle s’appuie sur un bilan plutôt satisfaisant de la 10 euros par mois pour les autres, avec dans les deux cas 60 % de réforme de la rentrée 2009 et travaille au bon dosage pour la rentrée réduction pour les abonnés au réseau Fil bleu. Pendant les travaux du 2013, quand le tramway sera là. tramway, le tarif sera adapté pour rendre le service encore plus « L’armature du réseau ne devrait pas changer », estime Mme Le Noc. Il accessible. Pour compléter ce dispositif de quasi-prêt géré par Keolis n’y aura pas de rabattements systématiques sur le tram, qui devrait être depuis 2006, le Sitcat va aussi proposer 400 places de stationnement épaulé par des lignes fortes cadencées. Celles-ci existent déjà en partie : sécurisées à des arrêts stratégiques du tram, où les abonnés à Fil bleu la 2 déjà citée, dont une branche devrait pénétrer profondément dans pourront laisser leur engin. Un garage à vélos va parallèlement être amé- Saint-Avertin au sud-est, la 3 (La Riche - Tours-Centre - Saint-Avertin ou nagé à la gare, tandis que le réseau de pistes cyclables sera étendu. Trousseau via Grandmont) et la 5/6 (Saint-Pierre-des-Corps - Tours- Centre - Tours-Ouest - Deux-Lions - Grandmont - Trousseau). Les autres lignes, dont une circulaire tourangelle 4 recentrée, s’articuleront autour de • Trois parkings-relais tram cette armature. « On va adapter le réseau. On va simplifier certaines Un parking relais de 250 places existe déjà à Tours, près de la place de la antennes et diversifier les correspondances », précise l’ingénieure, qui Tranchée. Il sera bien évidemment toujours à la disposition des automo- souligne que le choix est souvent difficile en périphérie entre des bilistes venus du nord-est (la route du Mans), le tramway devant passer branches des lignes principales (moins lisibles) ou des rabattements (qui sur la place. Le projet de tram prévoit la construction de deux autres par- obligent à des ruptures de charge). Le réseau de bus sera complété par kings aux deux terminus de la ligne. Proposant tous les deux 250 places, des navettes électriques, tandis qu’un effort sera fait pour une meilleure chacun extensible à 400 places, plantés d’arbres, ils seront accessibles intégration des lignes suburbaines. depuis la voirie rapide (périphérique au sud, boulevard Abel-Gance au Petit détail qui aura peut-être son importance : la délégation de service nord). Les automobilistes venus de l’extérieur n’auront donc pas à public de Keolis pour les transports de l’agglo arrivant à échéance à la fin s’aventurer dans le centre-ville. Ils bénéficieront d’un billet combiné pour 2012, Fil bleu aura peut-être un nouvel exploitant à partir de 2013. Quant garer leur voiture (en toute sécurité) et s’y rendre en tram. Un autre parc- aux bus – dont les plus récents sont verts –, ils devraient être, selon la relais pourrait être aménagé ultérieurement aux Deux-Lions. designeuse Régine Charvet-Pello, bleu-Klein et à facettes.

XII ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC Photos SITCAT • Les stations Dominées par l’emblématique totem de Daniel Buren, les vingt-neuf sta- Sanitas. Tous feront 40 m de long (52 m avec les rampes d’accès). Cinq tions de la ligne de tramway sont toutes conçues sur un modèle iden- stations auront les deux faces d’un même quai partagées par les trams et tique, les quais des deux directions se faisant face. La plupart d’entre eux les bus, tandis que Jean-Jaurès et Charcot (avenue de Grammont) seront très larges (4 m), et ils seront plantés avenue de la Tranchée et au seront communes aux deux modes, avec des quais plus longs.

• Un espace partagé La construction du tramway sera l’occasion de redessiner des espaces zone d’attraction des stations étant estimée à 500 m, soit une petite urbains apaisés : la rue Nationale d’où disparaîtront les bus, les abords dizaine de minutes de marche. Les stations seront clairement indiquées de la gare, la place de la Tranchée, la place Pilorget (avenue Maginot), la par un marquage et des repères urbains, promettent les autorités locales. place de l’Hôtel-deVille de Joué-lès-Tours, les grandes artères du quar- Matériellement, le tram devra parfois faire couloir commun avec les bus tier de l’Europe… « Le tram amène l’élaboration d’un nouveau PLU [plan (place Jean-Jaurès, dans le bas de l’avenue de Grammont, pour traver- local d’urbanisme, ndlr] plus ambitieux, mais aussi plus convivial, qui per- ser le Cher et à Joué-lès-Tours) ou partager son espace avec les voitures mettra de développer les maillages, s’enthousiasme Alain Devineau, (avenue Maginot dans un sens et, plus brièvement, à Tours-Nord et pour adjoint au maire de Tours chargé de l’urbanisme. C’est aussi l’occasion passer sous la voie ferrée à Joué). La mise en place du tramway est éga- de repenser les circulations et d’embellir la ville ! » lement l’occasion de retravailler les itinéraires cyclables. L’aménagement La part belle est faite aux cheminements piétons. C’est d’ailleurs à pied comprend l’insertion d’une piste ou bande cyclable dans chaque rue par- que la plupart des Tourangeaux devraient venir prendre le tramway, la courue, sauf impossibilité technique.

• Le centre de maintenance • La mise en lumière C’est un centre de maintenance écolo qui doit L’ambition du designer-créateur est de pro- sortir de terre d’ici l’été 2012 à deux pas du bou- poser un éclairage unique de la ligne de levard Abel-Gance, à l’extrémité de la ligne de tramway en lumière blanche, de façon à en tram au nord-est. Sur un terrain de 5,5 ha, il abri- matérialiser le tracé, « tel un fil blanc et tera le dépôt où les rames passeront la nuit, continu ». Les obstacles seront autant que mais aussi où elles seront vérifiées, lavées et possible limités : les mâts d’éclairage entretenues. C’est là que les wattmen prendront seront associés aux mâts supportant l’ali- leur service. Le matin, ils trouveront les trams mentation électrique du tram, et ils seront prêts à l’emploi, puisque ceux-ci auront été installés au sein d’alignements d’arbres. réveillés à distance. Le site abritera aussi le Les stations seront éclairées suffisamment

SITCAT centre névralgique du réseau. C’est là que s’ins- mais pas trop, afin de ne pas concurrencer tallera le poste de commandement centralisé (PCC), le saint des saints qui s’occupera aussi des bus. l’image forte que produira le tram-miroir. La A défaut de certification, la conception du centre de maintenance suivra « une démarche HQE » (haute mise en lumière sera accompagnée de qualité environnementale, ndlr), indique Véronique Le Corre, responsable de la mission tramway du « surprises visuelles » mettant en valeur une Sitcat : installation de 1 500 m2 de panneaux photovoltaïques sur le toit, récupération à 70 % de l’eau sélection d’éléments architecturaux tels de lavage pour la recycler (les 30 % restants étant apportés par de l’eau de pluie), utilisation de la géo- que le beffroi de Tours-Nord, l’église de la thermie sur pieux pour chauffer les bâtiments, etc. Il y aura assez de place pour accueillir le matériel de place Pilorget, le palais de justice, la façade la ligne 2 ; le cas échéant : on n’aura qu’à agrandir les bâtiments. Ils seront prévus pour. latérale de la gare, le palais des sports ou le château d’eau de Joué-lès-Tours. ❏

VRT Communication Octobre 2010 ❚ XIII DOSSIER SPÉCIAL

Avenue de l’Europe, le tramway passera sur la chaussée de droite. François ENVER Un chantier spectaculaire L’ouverture officielle du chantier est prévue pour le début 2011. Mais CitéTram, le maître d’ouvrage délégué, a déjà engagé des travaux. Ils se déploieront ensuite sur six secteurs et emploieront plus d’un millier de personnes.

u siège de CitéTram, le maître d’ou- un avis défavorable ! » Concrètement, CitéTram mette à déplacer des tuyaux ou à abattre des vrage, dans le quartier des Deux- a choisi de créer avec les autorités administra- arbres alors que le préfet peut encore refuser ALions, les murs sont tapissés tives quatre commissions thématiques qui dis- de déclarer le tramway d’utilité publique… Il y d’étranges tableaux présentant le planning des cutent de tous les dossiers au fur et à mesure en a jusqu’à la fin 2011. futurs travaux du tramway, zone par zone. Les de l’avancement de la procédure. « On ne tient le Quant à l’ouverture du chantier officiel, elle est déplacements des réseaux en cours ici et là crayon de personne, remarque-t-il. Mais on ne prévue au début 2011 au sud du tracé. Selon sur le tracé ne sont qu’un avant-goût ! « On a peut réussir que si on a une démarche partena- Jean-Luc Paroissien, « les travaux du tramway deux objectifs, explique Jean-Luc Paroissien, le riale avec tous les acteurs – services de l’Etat, financés par le Sitcat vont commencer début fé- directeur du maître d’ouvrage délégué Cité- villes traversées, etc. –, en fonction des enjeux vrier avec le pont sur le Cher. L’objectif est de le li- Tram et de ce fait chef du projet : à court terme, des uns et des autres… et de nos intérêts aussi. vrer en mai 2012 ». Ils vont ensuite se déployer l’obtention de la déclaration d’utilité publique, la Plus on leur montre notre projet, comment il se sur six fronts – deux rive droite, de la Loire à la DUP, à la fin de l’année, et la mise en service du fait, plus on peut discuter en amont. » L’ e s p r i t gare, de la gare au Cher, des Deux-Lions à Joué tramway au plus tard le 1er septembre 2013. Pour est le même avec les différents maîtres et dans Joué –, où l’on s’activera quasiment l’instant, on est dans les clous. » d’œuvre. partout d’avril 2011 à novembre 2012. Le plus En ce qui concerne la DUP, M. Paroissien est Sur le terrain, les travaux ont commencé de- fort des travaux aura lieu de la mi-2011 à la mi- confiant : « On part du principe qu’on a un projet puis l’été sur l’ensemble du parcours du futur 2012 ; ils occuperont alors un bon millier de pertinent, qui a eu l’assentiment de la population, tram, mais ils ne concernent pour le moment personnes, qui auront 40 ha à aménager. Et qui a été modifié suite à la concertation – notam- que les déplacements des réseaux (eau, gaz, tout s’arrêtera pendant trois semaines à Noël. ment à Tours-Nord –, et qui a fait l’objet électricité, téléphone…) et sont réalisés par les « Quand on a des travaux pendant un an, on n’est d’échanges avec les services instructeurs de concessionnaires. D’où une certaine émotion pas en travaux sur toute la ligne tout le temps », l’Etat. Bien entendu, on ne peut pas s’attendre à chez les opposants, qui s’étonnent qu’on se précise Paul Martin, responsable des infra- XIV ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC

structures de CitéTram. Le phasage du chantier se fera de toute façon « en cohérence avec le ❚ fonctionnement minimal de la ville », ajoute Va- Qui fait quoi ? lérie Dubreuil, chargée d’opération infrastruc- ture. D’où un important effort de coordination ■ Le Sitcat fourni en amont avec les services de la voirie Le Syndicat intercommunal des transports en commun de l’agglomération ou les transports urbains pour continuer à as- tourangelle (Sitcat) est comme son nom l’indique l’autorité organisatrice pour surer un bon niveau de service, en s’appuyant 25 communes rassemblant environ 305 000 habitants, et correspondant en gros notamment sur les expériences du Mans et d’Angers, où a déjà travaillé une bonne partie de à Tours et sa banlieue élargie. Il fédère les 19 communes de la communauté l’équipe de CitéTram. « Il ne s’agit pas de blo- d’agglomération Tours(s)plus et 6 autres communes situées au nord-est de l’agglo, quer toute la ville ! Mais ça sera compliqué, d’au- dont La Ville-aux-Dames et Vouvray. Particularité du syndicat mixte : s’il a été fondé tant que le périphérique n’est pas fini au nord- le 1er janvier 1974, la ville de Tours ne l’a rejoint que vingt-huit ans plus tard, en ouest. » Côté transports collectifs, Fil bleu va 2002 ! mettre en place un réseau provisoire au début Le Sitcat est responsable de l’organisation des transports urbains du réseau Fil bleu, 2011, qui sera en service pendant à peu près dont la gestion est déléguée à Keolis Tours. Il est aussi responsable de la deux ans. Il devrait notamment faire la part compilation du plan de déplacements urbains (PDU), et c’est lui qui est en charge belle à la ligne 2, un bus à haut niveau de ser- de sa mise en œuvre. Le tramway en est l’élément le plus spectaculaire. A ce titre, vice qui relie le centre au nord de Tours en évi- la « mission tramway » du syndicat mixte assure le lien entre les différents acteurs, tant l’axe du futur tram. Et pour les routes, on notamment les deux communes concernées, et accompagne son maître d’ouvrage ajoutera aux déviations ponctuelles des « itiné- délégué CitéTram dans le suivi et l’organisation du projet. raires conseillés » qui permettront aux auto- mobilistes d’éviter les zones de travaux, quitte ■ CitéTram à faire quelques détours. Maître d’ouvrage délégué désigné par le Sitcat en novembre 2008, CitéTram est un Parmi les points noirs, le franchissement de la groupement composé de la Société d’équipement de la Touraine (SET, une société Loire. Le pont Wilson sera en effet en travaux d’économie mixte créée en 1957) et de Transamo, une filiale de l’opérateur Transdev de novembre 2011 à août 2012. « On essaiera (à 90 %) et de la Société des transports intercommunaux de Bruxelles (à 10 %), de maintenir un sens de circulation pour les au- spécialisée dans la planification et le pilotage des projets de transport en commun. tos dans la mesure du possible, au moins dans Installé au même étage que le Sitcat – les deux espaces communiquent au niveau le sens sortant », indique Mme Dubreuil. Pour- de la machine à café –, CitéTram est chargé de suivre l’ensemble de la réalisation de quoi privilégier la sortie du centre-ville ? Parce la ligne du tramway tourangeau jusqu’à son inauguration, et même au-delà, puisque qu’il vaut mieux aider à le dégager que com- le contrat comprend une année de suivi au nom de la « garantie du parfait pliquer les choses en amenant des voitures achèvement ». supplémentaires sur le chantier, explique Dirigé par Jean-Luc Paroissien, un ingénieur de Transamo qui a déjà travaillé sur les l’équipe technique de CitéTram. Cela dit, les trams d’Orléans et du Mans, CitéTram est chargé de la coordination du projet, de principales difficultés ne sont pas forcément son pilotage, du suivi des études et des procédures administratives, des acquisitions attendues dans l’hypercentre, « déjà très foncières, du planning du chantier, de la communication opérationnelle pendant ledit contraint », mais plutôt dans le nord de Tours, chantier et du respect du budget. Le groupement est également responsable du en particulier avenue Maginot. choix et du suivi des travaux des maîtres d’œuvre, ceux qui assurent la A Noël 2012, le plus dur sera passé. Il restera concrétisation du projet. alors à s’occuper des systèmes, à installer la ligne aérienne de contact (LAC) sur la majorité ■ Les maîtres d’œuvre du parcours, qui ne sera pas alimentée par le CitéTram a attribué plusieurs marchés de maîtrise d’œuvre. Le principal, pour sol, à paver ou à engazonner la plateforme, à l’essentiel de la ligne, est allé à un groupement d’entreprises mené par la société équiper les stations, etc. A partir d’avril 2013, la d’ingénierie Systra, qui comprend aussi Safege et Eccta pour l’infrastructure, Xelis ligne pourra être essayée dans son ensemble, pour les équipements et les systèmes, ainsi que les cabinets d’architecture et indique Paul Martin. La marche à blanc, qui d’aménagements urbains Richez Associés et Ivars & Ballet. consiste à faire rouler les tramways dans les conditions réelles de circulation de la ligne, est D’autres contrats plus spécifiques ont été signés. L’agence tourangelle RCP Design ensuite prévue pour juillet et août 2013. Quant Global s’occupera ainsi de la définition de l’identité de la ligne et du design du à la mise en service de la première ligne du matériel roulant. Ingérop et States ont décroché la maîtrise d’œuvre du pont sur le tram de Tours, l’objectif est officiellement le 1er Cher, et le groupement L’Heudé et L’Heudé-Iosis Centre-Ouest, celle du centre de septembre 2013. Mais c’est un dimanche, fait maintenance. Quant à celle de l’aménagement de la place de la Tranchée, elle remarquer le chef de projet Jean-Luc Parois- revient au quatuor composé de Boille et Associés, Vouquette, L’Atelier du paysage ❏ sien. Va-t-on donc, si tout va bien, vers une ou- et Astec. verture le samedi 31 août 2013 ? ❏ VRT Communication Octobre 2010 ❚ XV DOSSIER SPÉCIAL

Tours avant le tram… et après ?

Au temps des vieux vante, et les plots Diatto en 1914. 1962 et 1972, alors que la plupart des grandes tramways La Première Guerre mondiale donne le signal villes françaises perdaient des passagers par Le premier tramway de Tours a été mis en du déclin : les premiers tronçons sont aban- millions. Le réseau a été modernisé dans les service le 15 juillet 1877. La ville fut alors la donnés dès 1916, puis les lignes suburbaines années 1970 avec la création de la Société neuvième de France (après Paris, Le Havre, ferment en 1932. Le réseau de tram, déjà bien d’économie mixte des transports de l’agglo- Lille, Nancy, Marseille, Versailles, Roubaix et usé, est presque anéanti pendant la Seconde mération tourangelle (Semitrat), la construc- Orléans) à s’équiper d’un tel système, le nec Guerre mondiale : les quartiers du bord de la tion de deux dépôts, l’ouverture de nouvelles plus ultra de l’époque. Les trams étaient bien Loire sont dévastés, le pont de pierre saute, dessertes… Les premiers véhicules articulés sûr hippomobiles, des petites voitures trac- le dépôt est détruit par un bombardement… arrivent en 1978, et les couloirs de bus font tées par un cheval. La première ligne à voie A la Libération, le réseau est hâtivement re- leur apparition en 1982. Le réseau est rebap- normale, longue de 3,9 km, conduisait de la mis en état de marche : des trames circulent tisé Fil bleu en 1992. barrière de Vouvray (l’actuel arrêt Ile-Aucard, en octobre 1944 rive gauche, et deux mois près du débouché nord du pont de Fil, pour plus tard rive droite, la jonction entre les deux La longue genèse les connaisseurs) à la barrière de Grandmont parties n’étant rétablie qu’en 1947. Mais ce du tram (Verdun, au pont sur le Cher). De courtes an- qui a survécu à la guerre est délabré, et il fau- Dans son dernier mandat (1989-1995), le tennes ont très vite ouvert vers l’actuel pont drait tout refaire. Une chose impensable à maire de Tours Jean Royer a lancé les études Napoléon d’une part, et la gare d’autre part. l’époque… Le tram disparaît donc des rues d’un transport en commun en site propre Ce premier réseau était exploité par la Com- de Tours le 14 septembre 1949. Certaines des (TCSP), la fréquentation des bus commen- pagnie générale française de tramways voitures des origines ont survécu comme re- çant à stagner fortement. Sa majorité s’est alors (CGFT), association de la Banque française et morques jusqu’à la fin. fortement intéressée à des matériels hybrides italienne et de l’entrepreneur belge Frédéric de type TVR, mi-(trolley)bus, mi-tram. Plu- de La Hault, qui est l’arrière-grand-mère de L’intermède du trolley sieurs tracés ont été ébauchés jusqu’en 1994, . et la domination du bus certains ont même été présentés au minis- En 1889, une ligne suburbaine à vapeur tère… Le projet prévoyait deux lignes se croi- longue de 6,8 km est mise en service entre la sant dans le centre de Tours. Une en forme place des Arts (Anatole-France) et Vouvray, de Y renversé, allant du lycée Vaucanson, au qui partage un peu plus d’un kilomètre avec nord, à Joué-lès-Tours et Parc-Grandmont au la ligne existante. Tandis que le réseau urbain sud, ainsi qu’une transversale est - ouest re- s’est lui aussi essayé aux motrices à vapeur à liant Saint-Pierre-des-Corps et La Riche. partir 1895, deux lignes suburbaines ont été Mais les plans ont été remis dans leurs car- ouvertes en 1899 vers Luynes et Saint-Avertin, tons en 1994 pour cause de fin de règne, d’en- mais à voie étroite par souci d’économie. La dettement massif et de mésentente entre les seconde a permis d’expérimenter une nou- deux autorités organisatrices des transports veauté : la traction électrique, sous caténaire de l’agglomération qui cohabitaient alors : la Le trolley est arrivé en 1949, pour être en périphérie et par des plots Diatto, un sys- abandonné en 1968. ville de Tours voulait une sorte de mégabus tème d’alimentation par le sol, en ville. Les hybride sans rail, tandis que le Syndicat in- lignes aériennes avaient – déjà – été jugées Le tramway était à peine parti que le trolleybus tercommunal des transports en commun de disgracieuses. est arrivé, dès le 5 octobre 1949. Le réseau l’agglomération tourangelle (le Sitcat, dont ne En 1900, résume l’excellente Histoire des atteint son extension maximale en 1963, avec faisait pas partie Tours !) préférait un tram- transports dans les villes de France de Jean Ro- trois lignes reprenant grosso modo les itiné- way classique. Pour être précis, le dossier bert (1974), le réseau de tramway de l’agglo- raires prolongés des anciennes lignes de tram- d’avant-projet sommaire du seul Y renversé mération tourangelle, long de 20 km, comp- way, desservies par 22 véhicules. La première de 15,8 km compilé à l’été 1994 prenait tait déjà deux écartements et quatre modes ligne ferma dès l’année suivante, de multiples comme référentiel des GLT 400 – ancêtres du de traction différents ! En 1900 et 1901, tout travaux obligeant à déposer une ligne aérienne TVR de Nancy et Caen –, au nombre de 30, le réseau est passé à voie métrique et l’élec- qu’on n’a jamais remise en place. Victime d’un qui auraient circulé sans rails comme ceux tricité a remplacé les chevaux, tandis que la désintérêt certain, le trolleybus fut à son tour alors envisagés à Caen. Le projet avait été es- nouvelle Compagnie des tramways de Tours abandonné le 30 juin 1968. timé à 1,138 milliard de francs de l’époque reprenait l’exploitation de l’ensemble. Le ré- L’après-guerre n’a pas pour autant été une pé- (173 millions d’euros), contre 1,506 milliard seau s’accroît alors très rapidement, pour at- riode noire dans les transports publics tou- de francs (230 millions d’euros) avec 25 trams teindre sa longueur maximale en 1911. rangeaux, puisque la fréquentation a forte- classiques. La traction vapeur disparaîtra l’année sui- ment augmenté. Elle a même doublé entre A défaut, on a étudié la création d’un site

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Le premier réseau était exploité par la Compagnie générale française de tramways (CGFT), association de la Banque française et italienne et de l’entrepreneur belge Frédéric de La Hault. Documents archives municipales Documents archives propre pour les bus sur la route nationale 10, « tram fer », le tramway classique, une fois plus porteurs de l’agglomération. En remon- le grand axe nord - sud qui va du carrefour de levées les incertitudes techniques sur la pos- tant vers le centre, faudra-t-il prolonger ce la Tranchée, au nord, à Grandmont, au sud, sibilité de faire rouler les rames sans caténaire nouveau tram le long de l’avenue de Gram- afin de créer une sorte de BHNS avant la lettre. dans l’hypercentre. mont sur à peine plus d’un kilomètre comme Il sera réalisé dans le mandat suivant, la mu- le préconise le PDU, alors que la ligne 1 pas- nicipalité de Jean Germain élue en 1995 ayant Vers la ligne 2 sera sur un tracé parallèle à deux pas, par le choisi de poursuivre le projet. Effet pervers : Maintenant que la ligne 1 est lancée, quid de quartier du Sanitas ? Pas évident… Enfin, on a envoyé trop de lignes dans ce tuyau ra- la 2 ? Plus discrète que le tram, elle existe plus au nord, rien n’est tranché. La nécessité pide, créant des « trains de bus » qui n’ont déjà en partie. Certes pas sous la forme d’un d’envoyer un second tram à Tours-Nord ne été supprimés qu’avec la restructuration du tramway, mais d’un bus à haut niveau de ser- va pas de soi, pas plus que la desserte de réseau en 2009, qui a davantage réparti les vice, dont les aménagements seront poursui- Saint-Pierre-des-Corps, pourtant prévue au flux. vis d’ici 2013 (grâce aussi à des subventions PDU. Pour cette dernière, Jean Germain veut Si le projet de TCSP a ensuite semblé en som- du Grenelle de l’environnement). Mais, sur- d’abord voir quel parti on peut tirer de la na- meil, la réflexion s’est poursuivie en coulisse. prise ! cette liaison ne ressemble pas à celle vette ferroviaire qui relie en cinq minutes les Sur le plan institutionnel, déjà, Tours s’est en- qui avait été inscrite au PDU : si sa partie sud deux gares de l’agglomération, pour l’instant fin associée avec ses voisines pour former la suit bien le tracé de cette dernière (depuis bien peu attractive. Plus généralement, il veut communauté d’agglomération Tour(s)plus en l’hôpital Trousseau et Grandmont, elle rejoint réveiller les voies ferrées grâce au cadence- 2000 et a intégré le Sitcat en 2002, Jean Ger- le centre de Tours par l’avenue de Gram- ment annoncé des TER et à la mise en ser- main prenant la présidence des deux. L’ag- mont), elle s’en écarte au nord par le pont vice d’un train léger qui ferait le tour de glomération a adopté en 2003 un plan de dé- Mirabeau et le boulevard du Maréchal-Juin Tours, allant de Monnaie (au nord-est) à placements urbains (PDU) qui reprend pour rejoindre le futur tramway à son termi- Montlouis (à l’est) en passant par l’ouest de globalement le schéma de TCSP ébauché dix nus du lycée Vaucanson et irriguer les quar- l’agglomération. Ce « mini RER » est souvent ans plus tôt : il prévoit une première ligne tiers populaires de Tours-Nord. Cela veut-il appelé « tram-train » par les élus touran- nord - centre - sud-ouest du lycée Vaucanson dire que cette liaison, en partie aménagée geaux, même s’il ne devrait pas circuler di- à Joué-lès-Tours et une seconde est - centre - pour assurer une relation rapide entre les rectement sur le réseau urbain. Il ne passerait sud de Saint-Pierre-des-Corps à l’hôpital deux rives de la Loire pendant les travaux du pas par la gare de Tours – une gare qui doit Trousseau (un peu plus loin que Grandmont tram, a vocation à devenir ultérieurement par ailleurs être rénovée et s’ouvrir davan- au sud, sur la commune de Chambray-lès- une seconde ligne de tram ? Pas forcément. tage sur la ville –, mais s’arrêterait à Saint- Tours). La branche de La Riche a en revanche Pour Jean Germain, il est clair qu’un nou- Pierre-des-Corps et à une nouvelle halte qui disparu des plans. veau tram doit être construit au sud depuis le serait aménagée au carrefour de Verdun, en C’est donc cette première ligne de TCSP ins- carrefour de Verdun vers Grandmont et l’hô- correspondance avec le tram. L’idée est de crite au PDU que l’on a choisi de réaliser d’ici pital Trousseau. On retrouverait ainsi le Y multiplier les pôles pour créer un réseau mé- 2013, à quelques variantes près. Quant au renversé du projet de TVR du début des an- tropolitain maillé. C’est tout l’objet de la ré- choix du mode, il s’est finalement porté sur le nées 1990, qui correspond de fait aux axes les vision du PDU qui commence. ❏

VRT Communication Octobre 2010 ❚ XVII DOSSIER SPÉCIAL

Quelques repères La plus importante Tours et Tour(s)plus station du tram coupant Tours de Saint-Pierre-des-Corps. de Tours sera Fondée en 2000, la communauté d’agglomé- Côté voies ferrées, Tours dispose d’une étoile celle de la gare. ration de Tour(s)plus comprend actuellement ferroviaire à neuf branches en plus ou moins 19 communes, qui rassemblent environ bon état. Etape importante du TGV Atlan- 285 000 habitants (et 120 000 emplois). La tique, l’agglomération est contournée par la ville de Tours domine l’ensemble avec 140 000 ligne nouvelle venue de Paris, qui doit être habitants, devant Joué-lès-Tours (37 000). Si prolongée jusqu’à Bordeaux d’ici la fin 2016. elle s’étend assez loin dans la campagne à On retiendra que la gare de Tours, en plein l’ouest depuis le 1er janvier, Tour(s)plus n’en- centre de la ville, est une gare terminus. La globe pas toute l’agglomération physique à principale gare de l’agglomération pour les l’est. Mais cette particularité administrative ne grandes lignes, Saint-Pierre-des-Corps, est si- concerne pas les transports, le Syndicat inter- tuée plus à l’est sur la ligne Paris - Bordeaux communal des transports en commun de l’ag- historique. Une navette baptisée « Cœur 2

glomération tourangelle (Sitcat) englobant l’en- Villes » relie les deux en cinq minutes. Irré- François ENVER semble. Tour(s)plus et le Sitcat sont présidés gulière et exploitée avec des « petits gris » ve- universitaires importants, un pôle tertiaire aux par le maire de Tours, le socialiste Jean Ger- nus d’Ile-de-France (d’anciennes rames du Deux-Lions… Cette relative décentralisation main. RER C), elle est accessible avec un billet des épargne de trop forts engorgements aux heures Sur le plan des transports, l’agglomération transports urbains. de pointe mais favorise indéniablement l’usage tourangelle présente plusieurs particulari- Si les déplacements sont relativement aisés de la voiture. Quoi qu’il en soit, le centre de tés. Carrefour autoroutier important – avec dans la région, ils se heurtent tout de même à Tours reste, et de très loin, le principal pôle les autoroutes A10 Paris - Bordeaux, A28 quelques contraintes physiques : la Loire, le d’attraction de l’agglomération. Rouen - Tours et A85 Angers - Vierzon –, Cher, les coupures des voies ferrées et des voies elle ne dispose que d’un tiers de périphé- rapides routières… plus quelques jolies côtes Financer le tramway rique au sud et au sud-ouest ; le tronçon de part et d’autre de la vallée. En outre, l’im- Le coût de la ligne de tramway est estimé par nord-ouest n’ouvrira que l’an prochain et la plantation des activités socio-économiques et le Sitcat à 369,1 millions d’euros (hors taxes). partie nord a été reportée aux calendes des équipements, générateurs de trafics forts, Sur cette somme, les travaux du tram propre- grecques. Quant au bouclage à l’est, le est assez éclatée dans Tours et dans sa proche ment dits se montent à 362,6 millions, aux- désengagement de l’Etat l’a rendu encore banlieue, ce qui n’en facilite pas la desserte quels s’ajoutent 6,5 millions pour l’adaptation plus hypothétique, d’autant qu’une grande par les transports en commun : on recense, de la billettique et du système d’aide à l’ex- déviation de l’A10 est à l’étude. En atten- outre les deux gares déjà citées, trois centres ploitation des bus. « Pour l’instant, pour les pre- dant, l’autoroute traverse l’agglomération, hospitaliers, deux pôles cliniques, quatre sites miers appels d’offres, on est dans les clous, relève ❚ Le quiz tram ■ Quelle est la longueur quartier de l’Europe, Sanitas, > 369,1 millions d’euros hors ■ Pourquoi des rames de la ligne de tramway ? La Rabière. taxes. si longues ? > 14,8 km, dont 11,7 km > Parce que ça coûterait plus à Tours et 3,1 km ■ Combien y aura-t-il ■ Qui construit le tram ? cher au final de les rallonger à Joué-lès-Tours. de stations ? > CitéTram, pour le compte plus tard, comme d’autres villes > 29. du Sitcat. l’ont déjà fait. ■ Quels sont les enjeux en matière de desserte ? ■ Combien de personnes ■ Combien d’emplois ■ Quelle fréquence > Desservir Tours-Nord. transportées ? sur le chantier ? pour le tram ? > Desservir l’hypercentre > Le Sitcat table sur 54 900 > Un millier au plus fort > Toutes les six minutes de Tours. voyageurs par jour, le maire des travaux. environ aux heures de pointe. > Passer à la gare de Tours. de Tours Jean Germain en > Désenclaver le nouveau attend plus de 60 000. ■ Combien de rames ? ■ Où le tramway circulera- quartier des Deux-Lions. > Alstom fournira 21 rames t-il sans caténaires ? > Desservir Joué-lès-Tours. ■ Combien ça pouvant transporter chacune > Entre la place Choiseul > Desservir les quartiers Anru : coûte ? jusqu’à 291 personnes. et la gare, sur 1,8 km.

XVIII ❚ Octobre 2010 VRT Communication EN PARTENARIAT AVEC

❚ Pour en savoir plus Jean Germain. Sur les dévoiements de réseau et ■ le matériel, on est même à 2 ou 3 % en dessous de La Maison du tramway ce qu’on avait budgété. » Les tramways et l’ali- Le plus simple moyen de s’informer sur le mentation par le sol coûtent notamment 3 mil- tram est de pousser la porte de la Maison du tramway, installée rue Charles-Gille, lions de moins que ce qui avait été avancé entre la place Jean-Jaurès et la gare. C’est (73,2 millions au lieu de 76,2). Parmi les possible depuis juin, du mardi au samedi, autres postes importants, on trouve les études de 10h à 19h. On y trouve des panneaux et l’ingénierie (48,8 millions), les acquisitions d’exposition, des plans, des dossiers à foncières (29,9 millions), les ouvrages d’art consulter, des écrans tactiles (notre photo)

(15 millions), la voie ferrée (35,7 millions), le qui proposent de visualiser le parcours SITCAT centre de maintenance (22,9 millions), etc. Le avec plusieurs niveaux de zoom, des maquettes… et surtout le sourire de Laura et de projet prévoit aussi 15,7 millions pour d’éven- Mélanie, qui sont incollables sur le projet. tuels aléas (soit 6 % du devis). On vient s’y informer sur les détails du tracé, les travaux, les déviations ou les places Les contributeurs extérieurs sont, par ordre de parking, raconte Laura, qui note aussi un fort intérêt d’enseignants ou de décroissant de participation, la communauté responsables d’entreprises qui viennent demander à des représentants du Sitcat d’agglomération Tour(s)plus (à hauteur de ou de CitéTram de venir leur expliquer le tram. On peut aussi poser des questions 50 millions d’euros), l’Etat (28,2 millions dans à [email protected] ou par téléphone au 02 47 47 11 06. le cadre du Grenelle de l’environnement et Un point info tramway plus modeste – et avec des horaires d’ouverture plus 10 millions dans le contrat de projets Etat-ré- restreints – a ouvert en septembre à la Maison de l’environnement de Joué-lès-Tours. gion), la région Centre (12 millions) et l’Eu- Un Point Info Tram ouvrira ses portes en novembre à la médiathèque, Tours Nord. rope par l’intermédiaire du Feder (2,7 mil- ■ lions). Le solde (266,2 millions, pour l’instant) Les tram’bassadeurs est à la charge du Sitcat. Le syndicat inter- Le premier a commencé à arpenter les rues fin juillet, et ils devraient être cinq communal, qui tire ses ressources du verse- en février 2011. Le Sitcat recrute des « tram’bassadeurs » chargés d’informer – et ment transport – une taxe sur la masse salariale de rassurer – les riverains concernés par les travaux du tramway et d’assurer des entreprises de plus de 9 salariés, dont le une présence quasi quotidienne sur le terrain. Contactables par téléphone portable, ils se déplacent à la demande pour analyser les problèmes rencontrés. taux a été fixé à 1,8 % –, compte emprunter une bonne partie de la somme. Il espère aussi ■ Sur Internet un geste supplémentaire de l’Etat avec le Le site officiel http://www.tram-tours.fr décrit très largement le projet et fait le point deuxième appel à projets du Grenelle de l’en- sur le chantier. A noter aussi un blog qui suit jour après jour la progression vironnement pour les réseaux de province, et des travaux : http://letramdetours.blogspot.com pourquoi pas un don du département. ❏

■ Quelles autres villes Saint-Etienne, Marseille, Brest, Le Havre et Dijon. ■ Que deviennent ont déjà choisi Lille-Roubaix-Tourcoing, puis les arbres ? l’alimentation par le sol ? Nantes, Grenoble, ■ Pourquoi la ligne de tram > 750 arbres doivent être > Bordeaux, puis Angers, l’agglomération parisienne, sentira bon ? abattus, et 1 880 autres Brasília, Dubaï, Orléans Strasbourg, Rouen, > Parce qu’on devrait plantés. et Reims. Montpellier, Orléans, Lyon, y planter du thym. Bordeaux, Mulhouse, ■ Quel nom pour la ligne ■ Quand a circulé Valenciennes, Le Mans ■ Quel bilan carbone ? de tram ? le dernier tram de Tours ? et Nice. > L’arrivée du tram et la > T1, ligne 1, ligne A, ou pas > Le 14 septembre 1949. S’ajoutent 3 villes qui ont un restructuration du réseau de de nom du tout ? tram sur pneus : Nancy, Caen bus devraient permettre Ce n’est pas encore décidé. ■ Combien de villes et Clermont-Ferrand. d’éviter l’émission annuelle de françaises ont un tram 4 000 t de dioxyde de carbone ■ Où s’informer aujourd’hui ? ■ Quelles autres villes (CO2) et de réaliser une sur Internet ? > 16. Par ordre construisent un tram ? économie d’énergie de 1 116 t > Sur le site http://www.tram- chronologique : > Toulouse, Reims, Angers, d’équivalent pétrole (TEP). tours.fr

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