D'un Chéreau L'autre
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Double jeu Théâtre / Cinéma 9 | 2012 D’un Chéreau l’autre Gérard-Denis Farcy, Jean-Louis Libois et Sophie Lucet (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/doublejeu/683 DOI : 10.4000/doublejeu.683 ISSN : 2610-072X Éditeur Presses universitaires de Caen Édition imprimée Date de publication : 31 décembre 2012 ISBN : 978-2-84133-424-7 ISSN : 1762-0597 Référence électronique Gérard-Denis Farcy, Jean-Louis Libois et Sophie Lucet (dir.), Double jeu, 9 | 2012, « D’un Chéreau l’autre » [En ligne], mis en ligne le 29 juin 2018, consulté le 19 novembre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/doublejeu/683 ; DOI : https://doi.org/10.4000/doublejeu.683 Double Jeu est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International. Couverture : Cédric Lacherez Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, sous quelque forme que soit, réservés pour tous pays. issn : 1762-0597 isbn : 978-2-84133-424-7 © Presses universitaires de Caen, 2013 14032 Caen Cedex-France D’un Chéreau l’autre Sous la direction de Gérard-Denis Farcy, Jean-Louis Libois et Sophie Lucet numéro 9 année 2012 CENTRE DE RECHERCHES ET DE DOCUMENTATION DES ARTS DU SPECTACLE – LASLAR UNIVERSITÉ DE CAEN BASSE-NORMANDIE Comité scientifique Albert Dichy (IMEC), Gérard-Denis Farcy (Université de Caen Basse-Normandie), Jean Gili (Université de Paris 1), Renzo Guardenti (Université de Bologne), Marie- Madeleine Mervan-Roux (Arias), Gilles Mouellic (Université de Rennes 2). Comité de rédaction Vincent Amiel, Yann Calvet, Fabien Cavailhé, Jean-Louis Libois, Anne Surgers, David Vasse, Éric Vautrin. Responsables de la publication Vincent Amiel et Anne Surgers. Chaque article publié dans Double Jeu est soumis à un comité de lecture ad hoc composé d’experts dont les avis, anonymes, sont souverains. Depuis un siècle, théâtre et cinéma interrogent le monde, s’offrant mutuellement des représentations nouvelles, des formes pour réfléchir, des ruptures pour aiguiser l’intelligence, des œuvres pour modifier leurs visions. On ne compte plus les exemples d’enrichissement respectif. Ainsi, plutôt que de juxtaposer théâtre et cinéma, Double Jeu entend éprouver ces deux arts à des hypothèses, des problématiques, des regards qui leur soient communs, interroger l’un avec les concepts de l’autre et réciproquement ; et bien entendu se placer à leur articulation, là où des jonctions et des passerelles sont possibles, là où des frottements se font sentir, là où il y a du jeu. Double Jeu est la revue des Arts du Spectacle rattachés au Laslar qui accueille chercheurs permanents et contributeurs occasionnels, afin d’instaurer entre les spécialistes des arts du spectacle un dialogue aussi fructueux que celui qu’ont engagé depuis un siècle les praticiens et les créateurs. AVANT-PROPOS En décembre 2008, l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine) et le LASLAR (Lettres, arts du spectacle, langues romanes) organisaient un colloque consacré à Patrice Chéreau à l’abbaye d’Ardenne – là où sont déposées ses archives. Placé sous la direction scientifique de Sophie Lucet, Gérard-Denis Farcy et Jean-Louis Libois, ce colloque s’était donné pour objectif de ne pas cantonner le metteur en scène dans ses trois passions (le théâtre, le cinéma, l’opéra), mais de l’observer également dans ses multiples activités et dans l’incessant passage de l’une à l’autre. Quatre ans plus tard, Double Jeu en publie l’essentiel dans une version actualisée et sous le même titre. Ce que nous ignorions à l’époque, c’est que Chéreau – dixit Claude Berri (dans Autoportrait) 1 – avait songé à adapter le roman de Céline : D’un château l’autre. « Coïncidence », diront certains de cette homologie intitulative ; « hasard objectif » penseront d’autres… L’on trouvera ici un certain nombre d’articles inspirés de cette feuille de route et consacrés, entre autres, à la direction d’acteur, à l’écriture scénaris- tique, à la politique culturelle. Mais le spicilège n’épuise pas le sujet et bien d’autres Chéreau restent à étudier, qu’il s’agisse du comédien de théâtre ou de cinéma, du lecteur (Chéreau lit avec son corps, contrairement à Copeau), de l’administrateur et du pédagogue (les Amandiers), de l’écrivain ou de l’essayiste, du commissaire d’exposition (au Louvre en 2010) 2. Quant à ceux qui sont plus connus (le metteur en scène, le cinéaste), sont-ils pour autant pleinement connus ? Rien n’est moins sûr. D’où l’attention qu’ils ont suscitée chez certains de nos contributeurs convaincus que l’autre est aussi dans l’un (et pas seulement ailleurs). Ce qu’ils ont examiné, c’est la face cachée de certains films (L’homme blessé, Gabrielle) ; ce qu’ils ont dégagé, ce sont des motifs récurrents et une thématique personnelle dont l’une des occurrences majeures est bien le corps et ses tropismes. Qu’il s’agisse 1. Claude Berri, Autoportrait, Paris, L. Scheer, 2006, p. 131. 2. Sans compter le Chéreau privé, intime, que l’on découvre dans Patrice Chéreau, Les visages et les corps, exposition, Paris, musée du Louvre, du 2 novembre 2010 au 31 janvier 2011. 8 GÉRARD-DENIS FARCY du corps individuel ou du corps collectif 3, du corps de la mythologie (sa Phèdre) ou du corps de l’Histoire. Car l’Histoire transpire chez Chéreau, comme elle transpirait chez Shakespeare. Ces seize articles, issus d’autant de communications, sont développés en quatre plis : « Chemins de traverse » ; « Du côté du théâtre » ; « Poétique des corps » ; « Genèses d’une filmographie, éclats d’une mythologie ». En les rendant publics aujourd’hui, Double Jeu souhaitait contribuer aux études « chéreauldiennes » qui ont encore beaucoup à faire – sans compter ce que l’avenir leur réserve. Des études qui par ailleurs ne peuvent ignorer l’attitude de Chéreau à leur égard. Si en confiant ses archives à l’IMEC, celui-ci laisse le champ libre à la recherche, il ne semble guère empressé (sauf exceptions) à en connaître les résultats. Ce qui à vrai dire n’a rien de surprenant : notre homme vit dans un continuel work in progress plutôt que l’œil fixé sur le rétroviseur : « Mon passé est encombrant » 4, ou l’esprit empêtré dans la théorie : « Ça serait d’ailleurs terrible si on théorisait » 5. Il n’était pas facile dans ces conditions de l’intéresser à des spéculations auxquelles pourtant il n’est pas étranger. Notre colloque n’y a pas réussi, mais il s’est consolé en s’adressant à ses œuvres et à leur mémoire vive. Gérard-Denis Farcy Université de Caen Basse-Normandie 3. Voir ici même l’article de Vincent Amiel : « Mouvements de groupe, mouvements de l’acteur ». 4. « Chéreau à plein régime », entretien avec Olivier Schmitt, Le Monde 2, 30 juin 2007, p. 21. 5. Supplément des InRocKuptibles, nº 778, 27 octobre 2010, p. 7. CHEMINS DE TRAVERSE LE VOILE DE L’IMAGE OU LE SILENCE DES SIÈCLES En 1984, les éditions Liko font paraître un singulier livre de photographies intitulé Treatt-Chéreau 1. L’ouvrage regroupe cent soixante images des spectacles de Patrice Chéreau, de L’affaire de la rue de Lourcine en 1966 à Peer Gynt en 1981, réalisées par le photographe Nicolas Treatt. Pour autant, le livre ne porte pas sur le théâtre de Patrice Chéreau : le photographe prévient en ouverture qu’il a fait un livre pour et sur lui-même – le théâtre est ici un prétexte à l’œuvre photographique. Ainsi l’ouvrage, malgré son aspect documentaire, ne relève ni d’un témoignage ni d’une collaboration. Sa mise en page le dit assez : les images occupent toute la page, les noms des acteurs photographiés et les spectacles de Chéreau ne sont listés qu’en fin d’ouvrage et les titres des spectacles, ainsi que quelques documents qui s’y rapportent, égrènent le livre sans l’organiser tout à fait 2 ; enfin, les quelques textes présents dans l’ouvrage renvoient pour une part aux spectacles – ce sont des textes de Chéreau sur les spectacles datant de l’époque de leur création et semblant s’adresser à leurs spectateurs, et des témoignages de collaborateurs (Vincent, Boulez), d’acteurs (Desarthe, Casarès, Bourdil, Piccoli, Léotard) ou de critiques (Sandier, Stricker) – pour une autre part, de façon plus ou moins énigmatique, à la conception de l’art et de la photographie de Nicolas Treatt (en ouverture, une mystérieuse lettre et un extrait d’entretien de Fellini 3 sur la création et l’acteur ; en conclusion, un 1. Nicolas Treatt, Treatt-Chéreau, Paris, Liko, 1984. Les références de pages données dans le texte sont à cette édition. 2. Ainsi il n’y a pas de table des matières permettant de retrouver les textes, mais une seule « table des illustrations » identifiant les spectacles et les acteurs à l’image. 3. Voir l’extrait d’un entretien avec Fellini (non titré), in Nicolas Treatt, Treatt-Chéreau, p. 10-11 : le cinéaste italien revient sur « le personnage qui doit coïncider avec l’acteur », la plasticité de l’art primant sur le drame et l’affirmation de sa liberté de création indé- pendante de tout style. Cet extrait d’entretien, qui n’est ni introduit ni commenté dans l’ouvrage de Treatt, semble pouvoir renvoyer autant à Treatt qu’à Chéreau sans pouvoir DOUBLE JEU, no 9, 2012, D’un Chéreau l’autre, p. 11-18 12 ÉRIC VAUTRIN texte de Treatt, un hommage de Daniel Depland). Tout semble fait pour que le livre puisse se parcourir comme un document de ce que Treatt retient de Chéreau ou comme une méditation de Treatt sur la photographie et le théâtre, en tout cas comme une approche libre du théâtre de Chéreau. Le photographe n’a cependant fait aucun autre ouvrage monographique de la sorte, alors même qu’il a photographié intensément la scène parisienne de la seconde moitié du XXe siècle.