LIMOUSIN BILAN HAUTE- SCIENTIFIQUE Tableau des opérations autorisées 2012

Code Commune, lieu-dit Responsable, organisme Nature Prog. Epoque Réf. opération de l’op. carte

3145 Aixe-sur-Vienne, rue Fr. Mitterand Jean-Michel Beausoleil (INR) OPD 15 FER 1 3150 Aixe-sur-Vienne, Rieux Cros Jean-Michel Beausoleil (INR) OPD 2 3101 Châlus, Châlus-Maulmont Adrien Montigny (INR) OPD 24 MA 3 3202 Châteauponsac, 15 rue des Remparts Sylvain Guillin (INR) OPD 19 MA/MOD 4 3231 Châteauponsac, Porte Peyrine Jacques Roger (MCC) SD 19 GAL/MA ▲ 5 3186 Isle, Mérignac Jonathan Antenni-Teillon (INR) OPD 6 3169 Limoges, 36 rue du Pont-Saint-Etienne Peggy Poulain (PRI) SP 19 MA/MOD 7 3195 Limoges, place de la République Xavier Lhermite (PRI) SU 23 MA ▲ 8 3197 Limoges, rue de la Mauvendière Julien Olivier (PRI) SP 22 GAL ▲ 9

3198 Limoges, 1 rue de la Courtine Xavier Lhermite (PRI) SP 23 GAL/MA ▲ 10 3205 Limoges, crypte Saint-Martial Xavier Lhermite (PRI) FP 23 MA 11 3097 , église paroissiale Antoine Vicard (INR) OPD 23 MA 12 3172 Oradour-sur-Glane, cité martyre, l’église Jacques Roger (MCC) SU 13 3157 Saint-Jean-Ligoure, Châlucet, la Patrice Wuscher (INR) OPD 15 FER 14 Boussonie 3203 Saint-Jean-Ligoure, château haut de Guillaume Demeure (PRI) SD 24 MA ▲ 15 Châlucet 3164 Saint-Priest-Taurion, allée de la Roche Jean-Michel Beausoleil (INR) OPD 16 3127 Saint-Yrieix-la-Perche, centre hospitalier Grégory Vacassy (INR) OPD 19 MA 17 3214 Vaulry, le Repaire Mélanie Mairecolas (postDOC) SD 25 MA ▲ 18 3161 Vigen (Le), lot. des Côtes Jean-Michel Beausoleil (INR) OPD 15 FER 19 3212 Vigen (Le), résidence Puy Méry Jean-Michel Beausoleil (INR) OPD 20 GAL 20

▲ rapport non parvenu  opération non réalisée

90 LIMOUSIN BILAN HAUTE-VIENNE SCIENTIFIQUE Carte des opérations autorisées 2012

91 Protohistoire AIXE-SUR-VIENNE rue François Mitterrand

La construction d’un pôle médical de réadapta- 27, 34 et 36 localisées dans la partie sud du pro- tion au lieu-dit Fénerolles, rue François-Mitterrand, jet ont livré des tessons de facture protohistori- a donné lieu à un diagnostic archéologique. Ce que découverts en épandage dans les colluvions. projet d’aménagement occupe une surface d’en- Aucune structure pouvant correspondre à cette viron 6,3 ha, immédiatement au sud-ouest de la occupation protohistorique n’a cependant été commune d’Aixe-sur-Vienne. Il s’inscrit dans la mise au jour. Si les prospections réalisées sur ce confluence de l’Aixette et de la Vienne, au sud de secteur n’ont pas permis de confirmer l’occupa- l’agglomération. La parcelle concernée est tra- tion protohistorique pressentie, il est cependant versée du sud vers le nord par un petit ruisseau probable d’après le mobilier récolté qu’un site qui marque un talweg en voie de comblement. intéressant cette période se situe dans l’environ- nement immédiat (versant sud de la vallée). Les quarante-deux sondages réalisés dans l’em- prise du projet, couvrant une superficie de 4 070 m², se sont révélés très pauvres en vesti- ges archéologiques. Seules les tranchées Tr.26, Jean-Michel Beausoleil

AIXE-SUR-VIENNE Rieux Cros

Ce diagnostic a été motivé par la construction Liée au contexte géomorphologique, la stratigra- prochaine d’un lotissement au lieu-dit Rieux Cros phie observée au sein des sondages est très (parcelle 213, section AD). La parcelle diagnosti- homogène. Dans ces derniers, la terre végétale quée se situe en rive droite de la vallée de la Vienne, généralement peu épaisse (entre 0,15 et 0,40 m) et est implantée en bordure de la départementale repose souvent sur le substratum (arène graniti- 20, en limite des lotissements d’Arliquet. Elle est que argilo-sableuse ou rocher). Une couche de positionnée à une altitude de 270 m environ sur limon brun (épaisseur variant entre 0,40 et 1,50 m) un versant largement ouvert vers le sud et le sud- a parfois été observée entre la couche de terre ouest. D’un point de vue géologique, le sous-sol végétale et le substrat dans la partie basse du de la parcelle explorée est constitué de forma- projet. Des sondages plus profonds (entre 0,80 tions quartzo-feldspathiques (gneiss plagiocla- et 1,60 m de profondeur) ont été effectués siques, feuilletés à biotite, muscovite et parfois ponctuellement. sillimanite). Les 8 tranchées réalisées dans l’emprise du pro- Dans le cadre de cette opération, une série de jet n’ont pas livré de mobilier archéologique. Les sondages d’évaluation a été effectuée à l’aide sondages ont montré l’absence d’occupation d’une pelle mécanique à chenilles, dotée d’un structurée et pérenne dans la parcelle étudiée, à godet lisse de 2 m de large, dans l’emprise du l’exception d’épandages diffus de mobilier projet. Ces travaux ont été réalisés sous la forme contemporain (fragments de tuile) rencontrés de sondages systématiques, tous relevés préci- essentiellement dans la terre végétale. sément en topographie. Huit tranchées, corres- pondant à une surface approchée de 1 648 m² (soit près de 7 % de la surface totale) ont été creu- sées sur la surface totale prescrite (24 700 m²). Jean-Michel Beausoleil

92 CHALUS Moyen Âge Châlus-Maulmont

Ce diagnostic, concernant une emprise de 3 117 m², barlong, de 13,60 m sur environ 36,20 m hors œuvre, a pour origine un important projet de restauration dont la façade orientale est cantonnée de deux et de mise en valeur du château de Maulmont situé tours de 8,30 et 7,10 m de diamètre. La principale sur la commune de Châlus. Ce projet, mené par inconnue concerne l’angle nord-ouest de l’édifice un propriétaire privé, concerne aussi bien l’édifice dont ne subsistent que des fondations. Il n’a pas classé Monument Historique que plusieurs terrains été possible de déterminer s’il était, à l’instar de et bâtiments situés à ses abords immédiats. l’angle sud-ouest, doté de contreforts plats.

Plusieurs contraintes liées à l’accessibilité des par- L’observation des élévations conservées montre celles ont limité les possibilités d’intervention. De que cet édifice ne devait être accessible que par la manière générale, l’emprise du diagnostic se situe porte partiellement conservée du côté ouest. Les sur un terrain partiellement aménagé en terrasses autres portes permettant actuellement d’entrer dans successives et occupé par plusieurs bâtiments dont ce bâtiment depuis le sud et l’est sont en effet d’an- les limites parcellaires correspondent bien souvent ciennes ouvertures de jour modifiées. En intérieur, à des murs. Pour accéder à un maximum de par- la stratigraphie observée est des plus sommaires. celles il a fallu utiliser des engins de tonnages dif- Le premier constat qui s’impose est l’absence de férents de manière à utiliser la pelle la plus puissante trace d’une occupation antérieure. possible pour chaque sondage. Le terrain a été aplani de manière à ériger le bâti- De même la présence de plusieurs corps de métiers, ment et à installer directement des sols construits. couvreurs et maçons, travaillant au niveau d’une Si le plus ancien niveau de sol mis en évidence ne maison située au milieu de l’emprise a rendu impos- date probablement que de la fin du Moyen Âge, il sible la réalisation de certains sondages. est installé quasiment à la surface du terrain natu- rel. Ce premier niveau de sol, constitué d’un pave- Le diagnostic a été mené par deux agents de l’In- ment de terre cuite, est directement surmonté par rap du 10 au 27 avril. Les tranchées d’évaluation d’autres niveaux d’occupations (fig. 1). Le seul amé- ont été réalisées à l’aide de pelles mécaniques nagement de confort attesté correspond à une munies de godets de curage. L’orientation des son- ample cheminée dont le fond de conduit et l’em- dages a été déterminée en fonction des diverses placement des corbeaux soutenant la hotte sont contraintes et des hypothèses concernant l’orga- encore visibles sur le mur occidental. L’implantation nisation des vestiges supposés. Au final ce sont 15 des sondages n’a pas permis d’observer de cloi- sondages, représentant une surface totale de sonnement interne appartenant à l’état initial de 198 m², qui ont été réalisés. l’édifice.

Parallèlement à ces sondages, diverses observa- tions ont été effectuées sur les bâtiments occupant partiellement l’emprise de diagnostic de même que sur quelques constructions environnantes appar- tenant au même ensemble fortifié. Ces observa- tions ne correspondent qu’à une rapide lecture des bâtiments environnants et non à une étude archéo- logique des élévations. Ces observations sur le bâti ont bien souvent été limitées par la présence d’en- duits couvrants. La lecture des élévations ne s’est donc avérée possible que sur un nombre limité de constructions présentes sur l’emprise.

Enfin, un premier éclairage historique a été réalisé Fig. 1 : détail du parement du mur 5.1 (mires de 0,50 m et 1 m) bénévolement par Christian Rémy, chercheur asso- cié au CESCM-UMR 7302 de Poitiers. Trois sondages ont été réalisés à l’emplacement d’une partie du mur d’enceinte. Les résultats obte- Les différents sondages réalisés sur la tour de nus laissent apparaître un tracé différent de ce que Maulmont ont permis d’en compléter le plan et d’y la documentation iconographique pouvait laisser observer la stratigraphie conservée. Cette puissante supposer. Le plan de la muraille ainsi entrevu au construction apparaît donc comme un édifice niveau de ces sondages permet de se questionner

93 I. Données administratives, techniques et scientifiques

X=1542. 373.25 X=1542. X=1542. AB 136 440 372.89 450 460 St 04-3 SONDAGE 10374.20 AB 178 Seuil SONDAGEFond du 04 372.56 Sondage 371.74 372.23 372.82 372.35 Arète du Rocher 372.40 Canalisation 372.10 St 04-2 373.47 M 10-1 372.56 Maçonnerie 373.34 372.87 374.53 372.29 Maçonnerie 376.69 376.21 Y = 5 1 6 3 . 7 4 0 TOUR Y = 5 1 6 3 . 7 4 0 371.55 373.32 M 04-1 Sommet 376.72 du Rocher 373.36 376.48 374.98 373.53

375.73terrassement

Palier de 374.94 M 06-1 AB 177 375.65 SONDAGE 06 376.89

375.54 AB 137 377.35 377.10

Palier de terrassement

377.40 375.00 376.80 377.63 Y = 5 1 6 3 . 7 3 0 375.75 Altis 375.53 Y = 5 1 6 3 . 7 3 0 Sondage profond 375.85 Palier de terrassement 376.08 AB 131 377.89

SONDAGE 05 M 05-1

378.04

377.63

M 15-1 39 SONDAGE 14 375.30

375.38 Fond du Sondage 376.34 376.51 SONDAGE 15

Trou de corbeau

Y = 5 1 6 3 . 7 2 0 Y = 5 1 6 3 . 7 2 0

AB 139 AB 138 Fond du conduit de cheminée Base trou de corbeau 377.84 Trou de corbeau

375.78

376.40

M 13-1 376.17 Axe Relevé Sol 13-6 376.86 376.22 TP 13-4 ST 13-3 SONDAGE 13 375.77 Y = 5 1 6 3 . 7 1 0 375.86 Y = 5 1 6 3 . 7 1 0 TP 13-5 375.80 375.90375.78 Sol 13-7 Limite d’emprise du diagnostic. 376.44

St. 13-2 AB 140 Zone inaccessible. S o n d a g e . AB 117 Axe de coupe.

376.06 X=1542. AB 116 X=1542. X=1542. 460

Y = 5 1 6 3 . 7 0 0 1 Y = 5 1 6 3 . 7 0 0 54

Figure 5 : Plan des sondages réalisés au niveau2. de la tour.

440 44 450 0 5 © Topo et DAO Fabrice Chevreuse, Inrap

0 m Topographie & DAO: © Fabrice Chevreuse , Inrap Fig. 2 : plan des sondages réalisés au niveau de la tour. © Topo et DAO Fabrice Chevreuse, Inrap

94 quant à la présence d’une entrée relativement com- plusieurs affleurements rocheux sont visibles. plexe au niveau de l’actuelle rue Richard-Cœur-de- Aucun vestige de l’enceinte n’a été perçu dans ce Lion. secteur.

A l’intérieur de l’enceinte du « fort », des sonda- Diverses observations ont été réalisées sur des bâti- ges ont été réalisés dans deux secteurs différents. ments présents dans l’emprise du diagnostic ou à Dans la partie haute, deux sondages ont livré dif- ses abords immédiats. Aussi succinctes soient- férents types d’informations relatives à l’organisa- elles, ces observations laissent clairement apparaî- tion de cette partie du site. De manière générale tre un ensemble relativement complexe présentant ceux-ci ont permis d’observer le substrat géolo- divers états de conservation. Si la muraille du « fort » gique à des altimétries très variables. La topogra- est encore clairement lisible au niveau du parcellaire, phie naturelle de cette partie du site a ce n’est pas toujours le cas sur le terrain. Cette der- progressivement été masquée par d’importants nière est par endroit détruite de façon quasiment apports de matériaux destinés à créer des terras- intégrale alors qu’ailleurs il ne doit en manquer que ses plus facilement aménageables. Ces sondages le couronnement ou guère plus. Certains tronçons ont également permis de confirmer la présence de de cette muraille semblent avoir été détruits ces der- plusieurs bâtiments appartenant à diverses pha- nières décennies, d’autres risquent de l’être ses de constructions s’échelonnant de la période prochainement. médiévale jusqu‘au début de la période contemporaine. Des éléments remarquables montrent, si besoin en était, que l’intérieur de l’enceinte comportait plusieurs Trois autres sondages ont été réalisés au nord de bâtiments à fonction résidentielle. Si leur nombre et l’emprise, c’est-à-dire au pied du relief sur lequel leur étendue restent à déterminer, au moins trois est installé le château de Maulmont. Ils ont per- d’entre eux sont partiellement conservés. mis de constater la présence d’importants rem- blais, parfois récents, au pied du relief naturel dont Adrien Montigny

CHATEAUPONSAC Moyen Âge - Moderne 15 rue des Remparts

Le diagnostic archéologique mené en amont d’un pro- opération a été effectuée. En 1430, l’épiscopat limou- jet de centre culturel dans le centre historique de geaud retire le titre de chef-lieu paroissial à Saint- Châteauponsac a été l’occasion d’effectuer des son- Martin et l’octroie à Saint-Thyrse. C’est probablement dages archéologiques sur les 1 700 m2 de l’ancienne ce changement de statut qui conduit l’abbaye de emprise du collège Notre Dame, juste détruit avant Déols à fortifier le bourg attenant à son édifice après notre intervention. le passage des soldats anglais en 1430. A cette occa- sion, le peuplement de la cité va davantage s’accroî- Châteauponsac a connu une histoire antique et médié- tre au sein des fortifications, laissant le bourg de vale assez dense. Situé dans une zone d’interfluve Saint-Martin se dépeupler. Le « nouveau » bourg entre deux cours d’eau, la Gartempe et la Semme, devient « ville murée ». Ces hauts murs, fondés sous cet espace fut propice au peuplement. De multiples la guerre de Cent Ans, sont toujours existants et déli- indices d’occupations antiques jalonnent encore son mitent à l’ouest la zone prescrite. territoire. Cette vocation de carrefour semble avoir joué un rôle déterminant dans l’implantation d’un pôle C’est donc dans cet environnement historiquement de peuplement et dans l’édification d’un castrum riche que cette opération a été mise en œuvre. Quatre nommé Potentiacum, sorte d’ouvrage militaire défen- sondages, dont un seul fut négatif, ont donc été dant ce lieu de communication et apparaissant dès implantés, représentant une ouverture d’environ l’époque gallo-romaine. Ce castrum aurait par la suite 12,25 % de la superficie du site. permis de fixer le peuplement d’un grand domaine foncier mérovingien. Au début de la féodalité, sa fonc- Bien que limités par l’obligation de faire des tranchées tion de lieu d’étape sur les itinéraires s’accentue. Puis non destructives, les résultats sont tout de même posi- deux paroisses voient le jour. Au XIVe s., l’évêque de tifs. La découverte majeure réside dans la mise au Limoges octroie à Saint-Pierre une paroisse. Un siè- jour de nombreux niveaux correspondant à une phase cle après, c’est le tour de Saint-Thyrse (construite au d’abandon et qui s’apparente plus à une destruction XIe s.) d’être érigée en paroisse. Et c’est à proximité soudaine intervenue au XVIe s. 93 % des restes céra- de cette église, à quelques mètres à peine, que cette miques mis au jour sont d’ailleurs datés de cette

95 M1.4 M1.4 CAVE 1 CAVE CAVE 1 CAVE M1.5 CAVE 1 CAVE ANCIENNE OUVERTURE CAVE 1 CAVE ANCIENNE M1.5 OUVERTURE M1.3 M1.1 M1.3 M1.1 M1.1 M1.1 CAVE 1 CAVE OUVERTURE M1.2 M1.2 CAVE 2 CAVE CAVE 2 CAVE M1.3 CAVE 2 CAVE ARC PORTE SUD 2 CAVE M1.3 PORTE SUD M1.6 M1.6 M1.6 M1.6 M1.9 M1.9 PORTE OUEST PORTE Sondage 1 OUEST M1.7 PORTE PORTE OUEST Sondage 1 OUEST M1.7 M1.7 M1.7 CAVE 3 CAVE

M1.10 OUEST OUEST

PHASE 2 M10 OUVERTURE

RETOUR LIMITE M1.7 PHASES 4/5 M10/11

M1.11 LIMITE m 5 Relevé de terrain: Sylvain Guillin, Inrap. Sylvain de terrain: Relevé Phasage incertainPhasage 0 Topographie: Joseph Vautour, Inrap. DAO: © Fabrice Chevreuse, Inrap. © Sylvain Guillin, Inrap © Sylvain Inrap. Chevreuse, © Fabrice DAO: Inrap. Vautour, Joseph Topographie: M1.4 M1.4 CAVE 1 CAVE M1.5 M1.5 CAVE 1 CAVE ANCIENNE OUVERTURE M1.3 M1.3 M1.1 M1.1 CAVE 1 CAVE CAVE 1 CAVE CAVE 1 CAVE OUVERTURE OUVERTURE M1.2 OUVERTURE CAVE 2 CAVE M1.3 ARC PORTE SUD 2 CAVE M1.3 CAVE 2 CAVE CAVE 2 CAVE PORTE SUD PORTE SUD M1.6 M1.6 M1.6 M1.6 PORTE PORTE OUEST OUEST

Sondage 1 PORTE OUEST

PHASE 1 Sondage 1 M1.7 M1.7 PHASE 3 M1.7 M1.7 diagnostic D102278 diagnostic Rue des Remparts - 2012 CHATEAUPONSAC CHATEAUPONSAC Hypothèse du phasage de construction des caves Hypothèse du phasage de construction des caves.

96 période. Après ce siècle, la majorité du site semble ou moins attendue, celle d’une probable construction désertée exception faite des nouvelles constructions antérieure, sur laquelle une partie de la cave originelle présentes sur le cadastre de 1810 et de la construc- est venue se poser, l’était moins. L’architecture des tion du collège Notre Dame dans les années 1950 à ouvertures et la mise en œuvre de ces bâtiments plai- l’extrémité nord de la zone. Tous les niveaux archéo- deraient en faveur d’une datation plutôt XVe s. logiques sont synchrones mais quelques-uns pour- raient dater des VIIe-IXe s. Certains réemplois retrouvés Pour conclure, soulignons la mise au jour de quel- dans les constructions mises au jour viennent aussi ques niveaux alto-médiévaux qui viennent confirmer, étoffer la trame faite des indices d’occupation à cette après l’étude de la porte Peyrine située à quelques période. Outre cette découverte intéressante de des- mètres à l’est, l’occupation dès cette période au moins truction/abandon du site au XVIe s. et coïncidant avec du plateau de Châteauponsac. À cette confirmation, les Guerres de Religion, l’opération a aussi permis la ajoutons celle faite par l’archéologie des textes, de la découverte d’indices d’artisanat métallurgique. Le très destruction du site inhérente aux Guerres de Religion grand nombre de scories et la présence de foyers en et, enfin, notons qu’une probable zone artisanale attestent. Enfin, le sondage près des remparts du devait être implantée sur ce site avant cette XVe s. à l’ouest a permis la découverte de deux caves destruction. et d’un passage (fig. 1). Si cette découverte était plus Sylvain Guillin

CHATEAUPONSAC Antiquité Moyen Âge Porte Peyrine

La concentration d’appareillage antique monumental la mise en place des pierres de parement, position- au niveau de la porte Peyrine fait l’objet, depuis deux nées horizontalement (fig. 1). ans, d’une étude pluridisciplinaire menée par le SRA avec le soutien de la municipalité de Châteauponsac, propriétaire du site. Un travail d’analyse du bâti a ainsi été conduit en octobre 2011 avec la réalisation d’un relevé pierre à pierre et topographique de tous les blocs visibles, le tout recalé aux bâtiments existants, ainsi que l’ouverture de quatre sondages archéologi- ques au niveau de la porte (cf. BSR 2011).

Les premiers résultats laissaient envisager la présence d’une fortification réalisée au plus tôt au Bas-Empire, à moins qu’il ne s’agisse d’une construction du haut Moyen Âge. Son développement montre un rempart de 2,60 m d’épaisseur que l’on peut suivre sur 15 m fig. 1 : vue du parement interne de la fortification en grand appa- au sud de la porte. Au nord, la présence de blocs dans reil dans la parcelle AE 210 certaines maisons, rue Jeanne-d’Arc, laissait entre- voir sa conservation. Les couches archéologiques encore conservées sur Les recherches menées en 2012 ont porté dans la 2,40 m de haut concernent principalement des apports parcelle AE 210 où il était possible d’étudier le rem- de remblais du bas Moyen Âge ou de l’époque part sur une partie de son épaisseur et de réaliser une moderne (étude en cours), et aucun niveau en rap- fouille minutieuse au contact de son parement interne. port avec l’édification n’est conservé (certains blocs Le relevé topographique des blocs encore visibles a ont ainsi été basculés dans ce remblai). On peut aussi aussi été poursuivi, permettant de proposer une exten- remarquer sur le parement la présence d’encoches sion du rempart sur plus de 10 m au nord de la porte significatives suggérant la présence jadis de bâtiments Peyrine. accolés.

Le sondage archéologique a permis de montrer une Cet ensemble monumental, encore présent dans le élévation du parement interne encore conservée sur paysage urbain sur plus de 30 m de long, reste un cinq rangs d’assises pour une hauteur de 3,30 m. Le cas unique en Limousin. La nature, l’emprise et la cœur de la maçonnerie, visible sur plus de 2 m de datation de cet ouvrage fortifié restent à préciser. large, révèle des blocs pour la plupart fragmentés, positionnés sans ordre apparent où de nombreux vides sont laissés en l’état. On note le soin apporté à Jacques Roger

97 ISLE Mérignac

Le diagnostic réalisé à Isle, dans le secteur de et le manque de données récentes, associés à la Mérignac, portait sur un projet de lotissement d’une situation topographique, ont motivé la prescription surface de 32 474 m² dont l’emprise surplombe archéologique. Les sondages effectués sur l’en- d’une quarantaine de mètres la rivière (rive droite semble des trois hectares n’ont pas mis en évidence de la Vienne). Cette zone propice à une occupation de structure ou de mobilier y compris dans les col- humaine est associée à des indices anciens d’oc- luvions. Le diagnostic s’est donc révélé négatif. cupation dans les environs proches (périodes néo- lithique et antique). La méconnaissance du secteur Jonathan Antenni-Teillon

Moyen Âge - Moderne LIMOGES 36 rue du Pont Saint-Etienne

L’opération commandée par la ville de Limoges et Enfin, la troisième phase marque l’abandon de l’es- réalisée entre le 04 et le 17 septembre 2012, rue du pace funéraire au profit de l’aménagement de l’es- Pont Saint-Étienne, comportait deux volets. D’une pace de circulation actuel dont différents états ont part, une tranchée, avant réalisation d’une opération été observés en coupe. Les traces les plus ancien- de réparation sur le réseau d’assainissement de la nes de ceux-ci datent, d’après le mobilier cérami- rue, devait être fouillée dans le but d’obtenir une que et les monnaies, des XVIe-XVIIe s., ce qui coupe stratigraphique complète jusqu’au substrat. correspond bien au paysage urbain actuel qui com- D’autre part, un suivi de travaux, dans le cadre d’in- prend encore de l’habitat urbain du XVIIIe s. terventions visant à l’amélioration du réseau d’eau L’aménagement de la rue perdure jusqu’au XIXe s. potable, permettait d’établir un bilan du potentiel avec la mise en place des gazettes. stratigraphique tout au long de la rue. Cette pres- cription fait suite à une découverte fortuite en 2011. Ainsi, la fouille de la tranchée d’assainissement a permis de mettre au jour des inhumations et diffé- rents états de l’aménagement de la rue.

Trois grandes phases ont été distinguées pour le moment, les études sont toujours en cours, notam- ment les datations radiocarbone.

La première phase consiste en un niveau de sépul- tures comprenant un fragment de sarcophage et des exemples de coffrages en pierre. Les premières conclusions de l’étude anthropologique montrent une hétérogénéité de la population représentée (adul- tes et immatures) mais aussi dans l’organisation avec des orientations diverses (NO-SE ou SO/NE). La pré- sence de réductions accompagnant des sépultures montre une certaine densité du cimetière. Aucun mobilier datant pour cette phase n’a été mis au jour.

La seconde phase est un autre niveau d’inhumations dont une grande majorité est orientée NO-SE. Les individus ont été ensevelis dans des cercueils et la présence de linceul a été mise en évidence quand les observations le permettaient. Le mobilier céra- mique retrouvé au sein de cette phase date des XIIIe- XIVe s. Les sépultures en coffre.

98 Le suivi de travaux permet de mettre en évidence plus, il est nécessaire de replacer dans le contexte des données topographiques intéressantes car le du quartier nos découvertes notamment pour étayer niveau d’apparition du substrat a été aperçu tout nos connaissances sur l’église Saint-André, dont le long de la rue. De plus, des sépultures ont été le cimetière dépendait. Il est également intéressant vues au niveau du numéro 37, appartenant vrai- d’explorer l’évolution urbaine avec le percement de semblablement à la deuxième phase d’inhumation la rue au XIIIe s. et son réalignement au XVIIe s. observée lors de la fouille.

Les dernières analyses vont permettre d’inscrire dans le temps la première phase d’inhumations. De Peggy Poulain

LIMOGES Moyen Âge place de la République

Un ensemble de travaux réalisés par la ville de plan Legros, à l’emplacement du « caveau pour la Limoges sur les rues entourant le site de l’abbaye sépulture des chanoines ». De très nombreux frag- Saint-Martial a entraîné la mise en place d’un suivi. ments d’enduits peints ont également été mis au Ce sont au total 12 creusements qui ont bénéficié jour au sein de l’un des sondages. Un des creuse- d’une telle surveillance archéologique. ments a révélé la présence, dans les parois de la tranchée de canalisation, d’une sépulture encore Une importante inondation ayant affectée la crypte en place. La présence d’un double tournois de 1641 Saint-Martial en février 2012 a nécessité des repri- de Gaston d’Orléans dans son comblement permet ses des réseaux. Lors des deux creusements réa- une datation d’époque moderne de cette inhuma- lisés alors, plusieurs constatations ont pu être faites. tion. Des niveaux de sols anciens, vraisemblable- La découverte la plus intéressante fut la mise en ment pré-romans étaient également visibles au sein évidence d’un élément lapidaire, de grand appareil de cette tranchée. de pierre de taille, qui semble correspondre au pare- ment extérieur du sépulcre de Saint-Martial.

La reprise des réseaux d’adduction d’eau sur l’en- semble des rues alentours, au mois de mars 2012, a révélé de nombreux éléments. Le long de la rue de la Courtine, la plupart des creusements se sont avérés négatifs. Seul un percement a montré la pré- sence d’une pierre en grand appareil qui pourrait être en place et appartenir à un aménagement ancien. La faible profondeur du creusement et le cadre de l’intervention n’ont pas permis de préci- ser la nature de cet aménagement.

Six des tranchées réalisées le long de la rue Saint- Martial ont révélé des vestiges. Au sein de cinq son- dages, plusieurs maçonneries correspondant vraisemblablement à différents états de l’abbatiale du Sauveur ont été mises au jour. Il a ainsi été pos- sible de constater le bon état de conservation de certains murs et la faible profondeur des vestiges. L’angle de la nef et du bras sud du transept de l’ab- batiale, appartenant peut-être à un état préroman de l’édifice, a pu être identifié (fig. 1). D’autres maçonneries anciennes ont été mises au jour. Elles ne s’inscrivent pas dans le plan de l’abbatiale romane. Tout porte à croire donc qu’il s’agit soit d’éléments pré-romans soit d’aménagements sou- Fig. 1 : angle de la nef et du bras sud du transept de l’abbatiale terrains présents au sein de l’église, certains de ces du Sauveur (cliché Aurélien Sartou). murs se trouvant, d’après le plan de l’abbatiale dit

99 La modification des réseaux sur la place de la Enfin, la modification de la rue de la Terrasse dans République, au niveau de la rue longeant la place la partie nord de la place de la République a entraîné à l’ouest, a entraîné la réalisation de deux creuse- des travaux sur les réseaux d’adduction et d’assai- ments. L’un d’eux n’a révélé qu’un élément lapi- nissement au mois d’avril 2012. La plupart des son- daire, peut-être en place au fond du sondage. dages se sont révélés négatifs. Il faut néanmoins L’autre creusement a mis au jour ce qui peut être noter la mise au jour dans un des sondages d’un identifié comme le mur occidental de la salle capi- mur d’orientation sud-ouest – nord-est qui pourrait tulaire de l’abbaye Saint-Martial contre lequel un correspondre au mur nord de l’aile orientale des élément de pilastre était conservé (fig. 2). bâtiments conventuels de Saint-Martial.

En dépit des importantes contraintes de ces inter- ventions réalisées dans l’urgence et au fond de creusements occupés par de nombreux réseaux, les résultats obtenus se sont révélés particulière- ment fructueux. En effet, ils permettent dorénavant de savoir que sur la plus grande partie de la rue Saint-Martial sont conservés à faible profondeur des éléments significatifs des différents états de l’abbatiale du Sauveur, et qu’autour de la place de la République des vestiges des bâtiments conven- tuels mais aussi les parements extérieurs du sépul- cre de Saint-Martial pourraient être étudiés.

Xavier Lhermite Fig. 1 : probable mur occidental de la salle capitulaire de l’abbaye Saint-Martial (cliché Aurélien Sartou)

Antiquité LIMOGES rue de la Mauvendière

La fouille archéologique préventive réalisée durant accueillir les galets constituant la chaussée. Elle n’a l’été 2012 rue de la Mauvendière s’inscrit dans le été qu’à peine entrevue dans la mesure où la cadre de la construction du nouveau Palais de jus- construction de caves récentes en a détruit la tice de Limoges. Elle fait suite à deux opérations majeure partie. L’usure des galets comme la pré- de diagnostic réalisées en 1994 par D. Dussot et sence de recharges ponctuelles témoignent néan- J. Roger, puis en 2010 par Chr. Maniquet. moins de sa durée d’utilisation, qu’aucun vestige mobilier ne permet de dater précisément. Ces sondages ont permis de découvrir une série de fosses contenant des dépôts de crémation et L’axe de la voie est donné par les fossés bordiers, appartenant à la « nécropole du Petit-Tour », qui déjà repérés lors du diagnostic de 2010, qui res- borde la voie reliant Limoges à Poitiers. Le secteur pectent une orientation nord-ouest – sud-est. Ils est en effet connu pour avoir livré de nombreux ves- sont associés à un autre creusement qui leur est tiges à caractère funéraire (cippes, coffres, urnes) perpendiculaire et au fond duquel ont été observés depuis le XIXe s., mais aucune véritable fouille des trous de piquet régulièrement espacés. Il est n’avait jusque-là autorisé une approche spatiale de ainsi possible de restituer un dispositif de planches l’ensemble. La surface ouverte en 2012, environ maintenues verticalement par de petits pieux en 1 800 m2, fournissait l’occasion de réaliser une telle bois et d’interpréter cet ensemble comme un fossé étude (fig. 1). canalisant les eaux vers les aménagements laté- raux de la voie. Au nord de l’emprise, un empierrement très mal conservé peut être assimilé aux premiers niveaux C’est au sud de celle-ci que se développe l’ensem- de la voie de Poitiers. L’essentiel de la faible por- ble funéraire. Il se compose de 19 fosses conte- tion découverte correspond vraisemblablement à nant un dépôt de crémation et de deux inhumations. ses bas-côtés, formés de petits cailloux de quartz La densité est donc relativement faible, à l’excep- et de migmatite dispersés à la surface du terrain tion de la partie orientale de la zone dégagée. Les naturel. Au nord, ce dernier a été décaissé pour fosses se présentent généralement sous la forme

100 X=1 564 060 X=1 564 070 X=1 564 080 X=1 564 090 X=1 564 100 X=1 564 110 X=1 564 120 X=1 564 130 X=1 564 140

Rue de la Mauvendière Y=5 182 830

LÉGENDE

Zones détruites (conctructions et creusements contemporains) Fosses avec dépôt de crémation

Inhumations Y=5 182 820

Autres vestiges antiques (fosses, fossés)

Voie

Y=5 182 810

Y=5 182 800

Y=5 182 790

0 10 m N

éch. 1/500 Maison d’arrêt

Y=5 182 780

Fig. 1 : plan des vestiges antiques (Relevés et DAO : M. Dutailly, J. Ollivier, I. Rougier, Hadès, 2013). de creusements circulaires et peu profonds, avec parfois un surcreusement central destiné à accueillir un contenant en matériau périssable ou une urne en céramique. Un exemplaire de ce type a ainsi été exhumé, en plus des trois autres mis au jour lors du diagnostic de 2010.

Deux inhumations ont également été découvertes. Bien que les fosses sépulcrales n’aient pas livré d’ossements, leur fonction est attestée par le mobi- lier de leur comblement. La première contenait des clous marquant l’emplacement du coffre en bois de 0 10 cm la sépulture et la seconde les semelles cloutées des éch. 1/5 chaussures du défunt. fig. 2 : cippe funéraire (Clichés et DAO : J. Ollivier, Hadès, 2013).

La chronologie de ces vestiges est très difficile à éta- Le site n’est plus occupé avant la fin du Moyen Âge blir en raison de l’extrême pauvreté du mobilier céra- ou le début de l’époque moderne, époque durant mique et de son piètre état de conservation. Son laquelle des constructions apparaissent au nord de examen préliminaire nous oriente cependant vers une l’emprise de fouille. Mais la plupart des maçonne- période comprise entre le Ier et le IIIe s., voire le début ries récentes sont liées à l’essor de l’industrie de la du IVe s. Ces datations devront néanmoins être confir- porcelaine à Limoges au XIXe s. Elles correspon- mées par l’étude plus approfondie de la céramique dent aux substructions des bâtiments appartenant et du verre contenus dans les fosses, ainsi que par aux établissements Blanchard puis Faure, à l’ori- des analyses 14C. gine de la destruction d’une partie des vestiges antiques. Quelques fosses sont associées aux sépultures, notamment à l’ouest. L’une d’entre elles a livré un cippe funéraire ovoïde en grès (fig. 2), qui constitue le quatrième exemplaire découvert dans le quartier. Julien Ollivier

101 Antiquité-Moyen Âge LIMOGES 1 rue de la Courtine

L’importance des vestiges visibles lors d’une décou- Le site de la Courtine a déjà fait l’objet d’observa- verte fortuite au 1 rue de la Courtine a nécessité une tions archéologiques. Ainsi, en 1892, des travaux de fouille d’office qui s’est déroulée du 9 mai au 24 août décaissement en vue de la construction d’un bâti- 2012. ment à l’angle de la rue de la Courtine et de la rue Dalesme mirent au jour de très nombreux vestiges Les dernières propositions de restitution d’Augusto- de la période gallo-romaine et du haut Moyen Âge. ritum semblent indiquer que le site se trouve à l’inté- Plus de 150 sépultures furent découvertes ainsi que rieur de la ville du Haut-Empire même si ce secteur, les parties orientales de l’église de la Courtine. En situé non loin du pomerium, dans la partie nord-est mars 1984, des observations furent réalisées par Éric de la ville, pourrait n’avoir été que faiblement urba- Balbo lors de creusements. Il constata notamment nisé. La zone de fouille est localisée immédiatement la présence d’un mur en grand appareil de pierre de au nord d’un decumanus dont l’emplacement a été taille et l’existence d’une « cave » dont il vit l’extra- conservé dans le tracé des rues actuelles (rue dos de la voûte en brique. Gondinet, rue Lansecot, rue du Consulat et rue Fourie). L’opération archéologique de 2012 a permis des avancées significatives sur la compréhension de Durant le Bas-Empire, peut-être dès le début du IVe s., l’évolution de ce secteur de la ville. Ainsi la mise au dans cette partie de la ville devenue suburbaine, fut jour de niveaux de sol antiques dans l’angle nord- implantée une nécropole. Au sein de cette nécropole, ouest du site pourrait confirmer le développement un mausolée abrita, sans doute dès le Ve s., un culte d’Augustoritum jusque dans cette zone. à saint Martial, le premier évêque de Limoges mort un siècle plus tôt. Ce mausolée, aujourd’hui conservé dans une crypte archéologique, se situe à moins de 70 m de l’emplacement concerné par la fouille archéo- logique. Auprès de ce sépulcre se structura un cen- tre religieux qui devint une abbaye en 848. Autour de cette abbaye se développa la seconde ville de Limoges, « le Château », distincte de « la Cité » éta- blie autour de la cathédrale.

À proximité immédiate de la fouille furent mises au jour, à plusieurs reprises, des inhumations dont un grand nombre en sarcophage. Tel fut le cas, à l’est du site, en 1921, lors de la construction de l’immeuble situé à l’angle de la rue Dalesme et de la place Fournier puis, dans les années 1980, rue du Temple. Ces découvertes doivent correspondre à l’extension méri- Fig.1 : vue générale du site en fin de fouille (cliché Xavier Lhermite). dionale et occidentale de la nécropole au sein de laquelle fut inhumé saint Martial, à l’emplacement de Vers la fin du IIIe s. ou le début du IVe s. le site devint l’actuelle place de la République. une des nécropoles du Bas-Empire (fig. 1). Ce lieu est demeuré une zone d’inhumations privilégiée pendant Le site du 1 rue de la Courtine est anciennement la plus grande partie du premier millénaire. Malgré la connu pour avoir été l’emplacement de l’église Sainte- découverte de nombreuses sépultures lors des pré- Marie-de-la-Courtine. Cette chapelle, dépendant de cédents travaux réalisés sur le site, plus de 200 inhu- l’abbaye Saint-Martial, est attestée par les textes mations ont été mises au jour lors des fouilles de 2012. depuis le XIIe s. Elle était alors réputée abriter la tombe Différents types de sépultures ont été identifiés. De d’Amasius, architecte légendaire du tombeau de nombreux sarcophages (en calcaire, en granite, en saint Martial. Cette église était alors déjà considérée impactite) furent mis au jour. Parmi les coffrages en comme ancienne. Elle aurait eu, d’après l’abbé Legros, divers matériaux (tuiles, dalles de granite, bois) décou- une fonction de cure en 1158 et en 1221 mais n’était verts, il faut en signaler plus particulièrement deux plus qu’une chapelle en 1267. Durant la fin du Moyen dont la couverture était constituée de dalles de béton Âge et pendant la période moderne, l’église abrita les de tuileau. Des sépultures sur lit de charbons et offices de plusieurs confréries. En ruine au début du d’autres incluant une civière ont également été mises XVIIIe s., elle fut rasée en 1742 sur ordre de l’intendant au jour. Il ne semble pas, à ce stade des études, qu’il Tourny car elle gênait ses projets de voirie. y ait un recrutement particulier des défunts, même si

102 une majorité d’adultes est comptée. De même, été contemporaines d’un réaménagement de l’édi- l’équipe d’anthropologues, sous la direction de Gaëlle- fice sur deux niveaux. Deux pièces semi-enterrées Anne Verliac, n’a pour l’instant pas établi de corréla- en partie ouest, particulièrement bien préservées, tion entre le sexe et/ou l’âge des individus et le mode devaient en effet être surmontées de salles supérieu- d’inhumation. Les défunts furent majoritairement inhu- res aujourd’hui disparues. La salle principale, éclai- més vêtus ou emmaillotés dans un linceul. Très peu rée par une baie au sud, est conservée sur l’ensemble de mobilier funéraire fut découvert, à l’exception d’une de son élévation à l’exception notable de la voûte sépulture dans laquelle une fiole en verre et un pro- détruite en 1984 par l’implantation de piliers béton. bable dépôt alimentaire semblaient accompagner le La seconde pièce, de dimensions plus réduites, à mort. Néanmoins, plusieurs coffrages et sarcopha- l’ouest de la précédente, a conservé intactes sa voûte ges contenaient d’importants dépôts alimentaires et les trois baies qui l’éclairaient (fig. 3). L’arc de sépa- constitués notamment de poisson. ration entre les deux pièces et les voûtes couvrant ces salles étaient principalement réalisés en remploi Au sein de cette nécropole fut mis au jour un bâti- de terres cuites architecturales antiques. ment présentant plusieurs états. Son intérêt a motivé une instance de classement au titre des Monuments Historiques. Aussi le SRA a préconisé de ne pas le fouiller et de privilégier l’étude des abords et des sec- teurs non préservés à l’issue de la fouille. De nom- breux éléments de ce monument demeurent donc encore mal perçus.

L’état le plus ancien correspond à un édifice qua- drangulaire de 7 m de large sur au moins 11 m de long. Ce premier état, très impressionnant, n’est cependant que partiellement visible. Les murs, qui ne correspondent sans doute qu’à la base de l’élé- vation, sont constitués de quatre assises de grand appareil de granite soigneusement appareillées. L’assise inférieure, en léger retrait, sert de fondation. Une corniche moulurée, formant une importante Fig.3 : vue intérieure de la salle occidentale du mausolée (cliché Peggy saillie, couronnait l’ensemble de ces murs. Tous les Poulain). éléments lapidaires apparaissent comme des rem- plois d’un bâtiment antique (fig. 2). L’accès à ces salles basses se faisait par un esca- lier disposé à l’est contre le mur sud de l’édifice en Ce bâtiment connut plusieurs réaménagements grand appareil. Cet escalier semble avoir connu plu- anciens tant dans sa partie occidentale que dans sa sieurs états. Un autre escalier devait permettre l’ac- partie orientale. cès aux salles supérieures. Il n’a malheureusement pas été clairement identifié lors de la fouille.

Des enduits recouvrent encore les murs des deux salles basses. Du fait d’importantes infiltrations les enduits de la salle occidentale sont mal conservés. Par contre, la salle orientale possède un important décor peint qui, bien que fragmentaire, apparaît remarquable. En effet, d’après Vladimir Halalau, res- taurateur de peinture murale venu consolider ces enduits peints, au moins quatre décors se succè- dent sur les murs de cette salle. Le plus récent, de la fin du Moyen Âge, présente notamment la tête d’un personnage nimbé. Parmi les éléments conser- vés des autres décors, certains pourraient être anté- rieurs à la période romane.

Fig.2 : vue du mur nord du mausolée (cliché Julie Mousset). Un deuxième agrandissement de l’édifice existe à l’est. Il était constitué d’une salle quadrangulaire À l’ouest, deux absides ont été construites, sans doute d’environ 7 m de long terminée par une abside. assez précocement, contre les murs nord et sud. Une Découvert lors des travaux des années 1890 cet troisième abside existait peut-être à l’ouest et aurait agrandissement fut en très grande partie détruit alors. alors formé un plan tréflé. Ces absides semblent avoir Seules furent mises au jour lors des fouilles de 2012

103 les extrémités occidentales des murs nord et sud deux niveaux avec des salles semi-enterrées et des appuyés contre les maçonneries du bâtiment en grand salles hautes. appareil et les fondations de l’abside à l’est. Cet agran- dissement correspond à la partie orientale de L’agrandissement oriental correspond sans doute à l’église. la transformation du bâtiment en église. Cette cam- pagne de travaux pourrait être contemporaine de la Les études étant en cours, aucune datation absolue destruction des absides nord et sud qui ne peut guère n’est, pour l’instant, connue. Cependant les éléments être postérieure aux VIIe-VIIIe s., époque probable de typologiques et stratigraphiques perçus lors de la production des sarcophages en impactite disposés fouille permettent d’assez bien appréhender l’évolu- au-dessus de l’arase de ces murs. L’ancien mauso- tion du bâtiment. lée est très vraisemblablement alors devenu une église funéraire (fig. 4). Le premier état de l’édifice en grand appareil de pierre de taille de remploi correspond vraisemblablement à L’évolution de ce bâtiment paraît assez proche de un mausolée de l’Antiquité tardive. Un tel monument celle du mausolée de saint Martial, réaménagé de a été construit pour abriter la sépulture d’un notable façon précoce puis associé à une église funéraire. ou d’une riche famille. De ce bâtiment, seul le piédes- Succédant à un mausolée de l’Antiquité tardive, tal est conservé. Il faut penser que la corniche l’église funéraire Sainte-Marie-de-la-Courtine pour- aujourd’hui visible devait marquer le couronnement rait avoir eu une grande importance lors de la forma- du piédestal et la base de l’élévation. Un tel monu- tion du pôle religieux de Saint-Martial et la création ment date vraisemblablement du IVe s. de l’abbaye. Il faut très certainement la considérer comme une des églises de l’ensemble religieux pri- Des reprises anciennes ont très profondément modi- mitif. La découverte des vestiges de la Courtine vient fié l’aspect du bâtiment. Les adjonctions d’absides renforcer encore le caractère exceptionnel de Saint- et la création de salles semi-enterrées dans la partie Martial qui était déjà l’un des plus remarquables sites occidentale correspondent à des modifications pré- archéologiques du haut Moyen Âge en . coces (Ve-VIe s.?). Le mausolée fut peut-être alors christianisé. Il prend alors l’aspect d’un bâtiment à Xavier Lhermite

Fig.4 : sarcophages et coffrages en cours de fouille (cliché Gaelle-Anne Verliac).

104 LIMOGES Moyen Âge crypte Saint-Martial

         Fig.1 : plan du chevet de Saint-Pierre-du-Sépulcre.

Une importante nécropole existait, au Bas Empire, Depuis 2006, une reprise des études a été effec- autour de l’actuelle place de la République à tuée. L’objectif primitif de ces opérations était de Limoges. Au sein de cette nécropole plusieurs mettre à jour l’ensemble des données sur le site. mausolées devaient prendre place. Deux sont Dans ce cadre ont été réalisés, depuis 2006, le réco- aujourd’hui connus. L’un d’entre eux abrita, sans lement de la documentation existante, un plan com- doute dès le Ve s, un culte à saint Martial, le pre- plet des vestiges, un catalogue des éléments mier évêque de Limoges. Une communauté de lapidaires, un inventaire des sépultures ainsi qu’une clercs desservait ce tombeau au moins depuis le étude de bâti et une analyse des anciennes strati- VIe s. C’est probablement à cette époque qu’une graphies portant sur les secteurs de Saint-Pierre et église funéraire dédiée à saint Pierre fut établie à de Saint-Benoît. l’est de la memoria. Autour de cet ensemble funé- raire fut fondée, en 848, l’abbaye Saint-Martial qui Les objectifs de la campagne de fouille de cette devint l’un des grands centres religieux d’Aqui- année ont été définis lors d’une réunion de travail taine. De l’important ensemble de bâtiments com- avec Brigitte Boissavit-Camus, Charles Bonnet et posant l’abbaye, seuls des vestiges de la memoria, Christian Sapin. Il fut décidé d’axer les recherches de l’église Saint-Pierre-du-Sépulcre lui étant asso- vers un achèvement de l’étude du chevet de Saint- ciée, de la chapelle de l’infirmerie dédiée à saint Pierre-du-Sépulcre. L’optique de l’étude n’était Benoît et du cloître de l’infirmerie furent mis au donc plus seulement, comme les autres années, jour lors des fouilles archéologiques des années de relire les vestiges tels qu’ils ont été laissés lors 1960. Ils sont, depuis, conservés au sein d’une de l’arrêt des fouilles dans les années 1970, mais crypte archéologique. bien de répondre à un certain nombre de

105 questions sur l’évolution du chevet de l’église en plus du contrefort inédit déjà évoqué, des cou- dédiée à saint Pierre. ches archéologiques en place. Deux sépultures en coffrage de terres cuites architecturales ont été mises La reprise des études sur Saint-Pierre-du-Sépulcre au jour. Une fouille de ces inhumations de la nécro- a permis de préciser de nombreux points de détail pole du Bas-Empire pourrait être envisagée lors sur les dispositions du mur sud de la nef et sur l’évo- d’une prochaine campagne. Mais surtout, un sys- lution du chevet. Parmi les données nouvelles, notons tème complexe de conduit hydraulique fut mis au la mise au jour, contre le mur oriental, à l’extérieur, jour (fig. 2). Cet aménagement se composait de pier- des fondations d’un contrefort disposé dans l’axe res de caniveau antique recouvertes par un système de l’édifice. Ce contrefort fut vraisemblablement mis de dalles de gneiss placées au sein d’un substrat en place lors de la construction ou de la reconstruc- sableux très compacté servant à assurer l’étanchéité. tion de l’abside au sein du chevet primitif, carré, de D’origine ancienne (antique ou tardo-antique) cet l’édifice (fig. 1). aménagement connut une longue période d’utilisa- tion comme l’indique l’existence d’une restauration Le démontage de l’autel du XVIIIe s. a été réalisé, en dans le courant du Moyen Âge. Un autre conduit accord avec le service régional de l’Archéologie dans existe dans la crypte, au sein de la memoria. Ce der- le but d’étudier la sépulture privilégiée située dans nier a été identifié avec l’évacuation du rivulus ayant l’axe de l’édifice. Cette opération s’est accompa- inondé le sépulcre de saint Martial en 1122. En dépit gnée d’une série de relevés réalisés à chaque passe de la grande distance séparant les deux conduits du démontage et a été prolongée par une étude de existant dans la crypte, leur disposition selon un cet aménagement et des dispositions liturgiques de même axe et l’existence d’un pendage cohérent l’édifice aux différentes époques. (2 %) entre ces deux éléments pourraient permettre de les associer au sein d’une même structure. Si tel La sépulture privilégiée a été étudiée en détail. Sa était le cas, il faudrait admettre que, contrairement fouille a néanmoins été différée en raison du mau- à ce que dit la chronique médiévale, il ne s’agirait vais état de conservation de la cuve. A l’intérieur du pas alors d’une création ex nihilo mais bien de tra- sarcophage, dont la cuve et le couvercle en bâtière vaux sur un conduit existant. sont en calcaire, prend place un second sarcophage en plomb. Ce système semble avoir été ancienne- Xavier Lhermite ment perturbé par la mise en place d’un sarcophage (en collaboration avec Angélique Marty et miniature ayant sans doute une fonction de dépôt Peggy Poulain) de reliques. Ce sarcophage miniature a été retrouvé vide par les fouilleurs des années 1960. La tombe avait subi des modifications : l’extrémité ouest du couvercle en calcaire avait été buchée et remplacée par une couverture mixte constituée d’une dalle bor- dée de briques. L’enlèvement du massif d’autel a confirmé l’hypothèse d’une mise en place précoce de cette sépulture, l’abside de l’édifice, dotée de pilastres ayant été bâtie contre le sarcophage. Notons que cette sépulture présente un important pendage est-ouest qui n’est, pour l’instant, pas expliqué.

Les autres sarcophages disposés dans l’abside sou- lèvent de nombreuses questions du fait de leur répar- tition (un seul est présent dans la partie sud de l’abside) ou de leur altitude (les deux sarcophages situés à l’ouest sont situés à une altitude beaucoup plus basse). Les questions de la mise en place des sarcophages et de leur disposition ont entraîné une réflexion sur les niveaux de sol au sein de l’abside. Une étude des niveaux de sols a également été menée à l’extérieur du chevet en s’appuyant sur les altitudes des différentes inhumations connues.

Un sondage a enfin été réalisé à l’est du chevet de Saint-Pierre-du-Sépulcre. La documentation ancienne pouvait laisser penser que le substrat avait été perçu au droit du chevet de l’église. Or, le net- toyage de surface des couches récentes a révélé, Fig. 2 : le caniveau en fin de fouille, vue depuis l’est.

106 LINARDS Moyen Âge église paroissiale

Au centre du bourg de Linards, l’église Saint-Martin archéologique. Le troisième sondage, réalisé dans est quasiment accolée à des dépendances appar- la partie nord du choeur, permet de discerner plu- tenant à l’ancien château, jouxtant au nord, détruit sieurs phases : dans un premier temps, un sol en au XIXe s., et dont l’histoire est relativement mécon- mortier révèle une occupation dont nous ignorons nue. Elle semble apparaître pour la première fois l’étendue. Dans une deuxième phase, ce sol est dans une donation du premier tiers du XIIIe s. Cette ensuite entaillé pour l’installation de deux murs, église est orientée, de style gothique, homogène, dont un relativement imposant, qui se joignent à à trois travées et chevet plat, avec un porche, le angle droit et appartiennent à un édifice antérieur tout voûté en pierre, pourvu de deux chapelles sur à l’église actuelle. L’ensemble est remblayé, puis la la face nord et d’une troisième se développant en construction se poursuit en élévation et un niveau vis-à-vis, au sud de la nef. Le projet d’aménage- en terre battue vient s’installer, sans doute en liaison ment du choeur et d’assainissement le long de la avec ces murs. Dans une troisième phase, les deux face nord de l’église implique des décaissements murs sont arasés et/ou récupérés et l’église actuelle susceptibles d’atteindre des vestiges archéologi- construite : un petit remblai sert alors de support à ques. Une opération de diagnostic a donc été réa- un sol dallé. Dans une dernière phase, le choeur lisée du 21 au 24 mai. est décaissé puis un remblai étendu pour la mise en place de l’autel en bois et sans doute des dal- Sur le côté nord de l’église, deux sondages ont été les actuelles du choeur. Malheureusement, l’ab- effectués. Le premier, entre deux contreforts, contre sence complète de mobilier ne permet de dater le mur de la nef au niveau de la première travée, ne aucune de ces quatre phases. révèle que la tranchée de fondation du mur de l’église, sans élément de datation. Le second, contre le mur d’une chapelle, est vierge de tout vestige Antoine Vicard

ORADOUR-SUR-GLANE Contemporain cité martyre, l’église

L’intervention archéologique réalisée dans l’église d’ornement d’autel (?) en porcelaine), ainsi que d’Oradour-sur-Glane est liée à la découverte, par des morceaux de bois, certains étant travaillés et deux touristes, d’ossements humains sous l’autel dorés, provenant peut-être de l’autel. Des frag- de la chapelle sud-ouest, à partir de clichés ments de décor en plâtre sont associés à ce photographiques. dépôt. On peut aussi inventorier 1 crucifix en bois supportant un Christ en alliage cuivreux, 1 pyra- Une première visite sur le site a permis de se ren- mide en résine contenant des copeaux métalli- dre compte qu’il ne s’agissait pas d’ossements ques, 1 bouteille d’eau en plastique, 1 fagot de humains en connexion anatomique et que ceux bois (balai), 1 jeton de jeu en plastique jaune, 1 visibles semblaient correspondre à des os ayant carte téléphonique, 1 fragment de verre à pied, séjourné dans la terre avant exhumation. Dans 3 monnaies (1 pièce de 2 frs de 1979, 1 de 2 frs un souci de respect du lieu, il a été décidé de de 1982 et 1 de 1 fr de 1941), 1 fleur en papier et déplacer la base de l’autel et son estrade afin plastique, 1 papier de gâteau pâtissier et, plus d’étudier la zone concernée pour rendre au plus surprenant, 1 œuf de poule ! vite l’accessibilité de l’église aux visiteurs. La position stratigraphique des ossements par Tous les éléments sont contenus dans l’emprise rapport à certains objets retrouvés dans le tas de de l’autel en bois et forme un « tas » (fig. 1). On gravats permet aussi d’être plus précis sur le a relevé la présence d’une vingtaine d’ossements contexte et la date de mise en place de ces os, dont une majorité de diaphyses des grands os c’est-à-dire très récemment, si l’on se réfère à la longs, mélangés à de nombreux fragments de position de la monnaie de 1982, retrouvée stra- pièces métalliques, allant du simple clou au res- tigraphiquement sous l’extrémité proximale d’un sort en alliage cuivreux, du fil électrique à une fémur. Enfin, l’examen des os montre que cer- petite clef en fer. Des éléments céramique sont tains sont érodés et détériorés depuis longtemps présents (pot de fleurs et fragments d’un vase alors que d’autres portent les stigmates de

107 cassures fraîches. Enfin, des traces de griffures par des rongeurs indiquent des os exempts de tissus mous. Le décompte permet de proposer un minimum de deux sujets adultes.

La présence de ces ossements à cet endroit ne peut résulter que d’une extraction dans la zone sépulcrale (intérieur de l’église, cimetière attenant) lors de travaux récents.

Jacques Roger

Fig. 1 : vue du dépôt à l’emplacement de l’autel, une fois enlevé.

Protohistoire SAINT-JEAN-LIGOURE Châlucet, la Boussonie

Le projet d’extension du parking du château de 3 m de profondeur, ont été mis en évidence plu- Châlucet, édifice classé monument historique, a sieurs fragments de bois coupés et travaillés. motivé la réalisation d’un diagnostic archéologi- que de 4 770 m2. L’emprise est située en fond de Le niveau archéologique découvert au sommet vallée, au niveau de la confluence entre la Briance des deux horizons humifères et attribué avec et un petit vallon très pentu, dont la partie cen- réserve au second âge du Fer est composé de trale est occupée par une zone humide. Elle se pierres, de tuiles, de scories et de quelques frag- trouve à près de 300 m des vestiges médiévaux ments de céramiques. Les pierres sont aména- et à environ 200 m du site Bronze final IIIb et pre- gées selon deux alignements, interprétées comme mier âge du Fer. L’accès de ce dernier à la rivière des solins ou des bases de murs très arasés. À pouvait passer à travers le vallon investi par le une trentaine de mètres en amont, un fossé très diagnostic. arasé, dont une partie du tracé a été gommée par l’érosion, pourrait faire partie de cet ensemble. Les sondages ont permis de mettre en évidence Les scories recueillies témoignent de la proximité une stratigraphie de plus de 3 m d’épaisseur. Le d’une forge d’un certain standing (forge mètre inférieur est constitué de dépôts de pente d’épuration ?). limono-sableux, légèrement caillouteux, attribués au Pléistocène. Ces dépôts sont recoupés par un Si cette opération ne révolutionne pas les connais- réseau de polygones (cellule de 0,5 à 1 m de large) sances régionales sur la Protohistoire, elle a per- bien exprimé, vraisemblablement liés à une phase mis de mettre en évidence un type d’occupation de développement du pergélisol, sans doute jusqu’à présent peu reconnu en Limousin. Surtout, durant le dernier cycle glaciaire. Ils sont coiffés ces vestiges sont compris dans une séquence par deux horizons humifères, attribuables à la stratigraphique dilatée, qui enrichit le corpus des première partie de l’Holocène, ce qui est assez archives environnementales pléistocènes et début rare en Bas-Limousin. Un niveau archéologique holocène du Bas-Limousin. Ce type de stratigra- a été mis en évidence sur cet ensemble et est phie, sans doute présent dans d’autres vallons attribué, malgré le faible nombre de fossiles direc- du secteur, offre par ailleurs d’excellentes condi- teurs, au second âge du Fer. Enfin, 1 m de collu- tions de conservation des vestiges archéologi- vions sablo-limoneuses fossilisent l’ensemble. ques (bois, sols d’occupation...). Dans l’axe même du vallon, la séquence est plus massive et marquée par un engorgement perma- nent en eau (sédiments gleyifiés). A sa base, vers Patrice Wuscher

108 SAINT-JEAN-LIGOURE Moyen Âge Château haut de Châlucet

Cette étude archéologique s’inscrit dans le vaste sur les ouvertures ou les couvrements des salles projet de mise en valeur du site de Châlucet par le est et ouest en les mettant en regard avec les quel- Conseil Général de la Haute-Vienne. Elle concerne ques éléments encore conservés en place. la première cour du château haut avec comme dou- ble objectif le dégagement et l’étude des impor- Le logis ouest est ainsi équipé, entre autres, à tants remblais de démolition et d’effondrement l’étage d’une imposante baie géminée en arc brisé recouvrant les sols et un complément de relevés et sans imposte et probablement surmontée d’un qua- d’analyse des élévations des logis enserrant cette drilobe. Des coussièges occupent une partie de cour (une première étude du bâti avait été menée l’ébrasement. Les voûtes du rez-de-chaussée pré- en 1999-2000). sentent des nervures en amande dont certaines portent encore des traces d’enduit blanc. La cour se présente sous la forme d’un trapèze d’une vingtaine de mètres de long sur 4 à 8 m de Le programme décoratif du logis diffère quelque large (fig. 1). Elle est encadrée de hauts murs au peu avec, à l’étage, une grande baie ternée à impos- nord, à l’est et à l’ouest. Côté sud un imposant cône tes de calcaire sculptées de frises florales et peut- d’effondrement atteignant jusqu’à 8 m de haut mar- être surmontée de deux quadrilobes (fig. 2). Le que la transition vers la tour maîtresse et la seconde calcaire est un matériau rare sur le site et ne se ren- cour. Les arases des murs est et ouest étaient lar- contre que sur les éléments de décor les plus éla- gement végétalisées et instables sur plusieurs assi- borés, ailleurs les pierres locales sont privilégiées. ses en partie haute. De fait, un travail de mise en Au rez-de-chaussée, les voûtes ont des nervures à sécurité du site s’est avéré indispensable. Il a angles abattus comme dans tous les autres logis consisté en une intervention de cordistes pour la du site. coupe de la végétation, la purge des éléments ins- tables et la pose d’un filet de protection anti-chute. De plus, un arasement du cône d’effondrement et la création de plusieurs paliers de sécurité ont été réalisés à la pelle mécanique sous surveillance archéologique.

Fig. 2 : détail de l’imposte de la baie ternée du logis est. Sur les deux élévations, les arrachements de la pas- serelle reliant les deux logis sont bien visibles. Plus au sud, une construction massive abrite un poste de tir pour arme à feu prenant toute la cour en enfi- lade. Ce dernier aménagement doit correspondre Fig.1 : vue d’ensemble de la cour. à une adaptation des défenses aux progrès de l’ar- Le château est à l’abandon depuis son démantè- tillerie à partir du XVe s. Bien d’autres éléments lement par les bourgeois de Limoges en 1594 afin architecturaux sont par ailleurs visibles sur ces élé- d’empêcher les bandes de brigands d’y trouver vations : trous de boulin, ancrages de toiture, bucha- refuge. D’épaisses couches de démolition et d’ef- ges etc. fondrement couvrent donc l’ensemble du site. Leur enlèvement a été l’occasion d’en apprécier la puis- Le sol de la cour mis au jour sous les effondrements sance et d’en étudier la stratigraphie mais aussi de présente des caractéristiques variables selon les recueillir plus d’une centaine d’éléments lapidaires secteurs. Immédiatement après la porte d’entrée provenant des élévations avoisinantes. Ils ont per- du château, une calade se développe sur environ mis d’affiner la connaissance des décors employés 6,5 m de long pour 1,5 m de large, elle constitue la

109 zone de circulation privilégiée. Elle est complétée petits buchages dans le mur du logis, correspond par un drain évacuant les eaux vers l’extérieur du aux vestiges d’une construction en appentis instal- château. On retrouve une seconde calade peu éten- lée le long de l’axe de circulation principal. due au-devant de la porte du logis est. Le substrat sert directement de niveau de circulation le long du Ces niveaux se sont révélés riches en mobilier même logis et au sud de la cour. Il présente des tra- archéologique (céramique, faune, monnaie). Les ces d’usure et ses irrégularités sont comblées de éléments de datation ainsi recueillis sont en concor- matériaux de construction compactés. En partie dance avec la chronologie de l’abandon du site his- centrale, un important apport riche en tuiles concas- toriquement connue à la fin du XVIe s. sées rattrape ainsi le profil du rocher accidenté à cet endroit. Enfin, dans l’angle nord-est un petit muret, probablement à mettre en regard avec trois Guillaume Demeure

Protohistoire SAINT-PRIEST-TAURION allée de la Roche

Cette opération de diagnostic a été motivée par l’emprise du projet n’ont pas livré de mobilier la construction prochaine d’un lotissement au lieu- archéologique. Les sondages ont montré l’absence dit « allée de la Roche », sur des parcelles situées d’occupation structurée et pérenne dans les par- en rive droite de la vallée de la Vienne et implan- celles étudiées, à l’exception d’épandages diffus tées en bordure de la route communale de la de mobilier contemporain (tuiles et briques) rencon- Chassagne, en limite du lotissement de La Roche. trées essentiellement dans la terre végétale. Elles sont disposées à une altitude de 310 m envi- ron, sur un versant largement ouvert vers le sud et le sud-est. Ce projet d’aménagement concerne une surface Jean-Michel Beausoleil de 23 575 m². Les quinze tranchées réalisées dans

Moyen Âge SAINT-YRIEIX-LA-PERCHE place de la République, centre hospitalier

Le présent diagnostic a couvert un ensemble de Une imposante structure se retrouve dans deux parcelles d’une superficie de 3 800 m². La pré- tranchées (TR08 et TR04). Celle-ci correspond à sence de nombreux végétaux (haies et arbres iso- un creusement large de 8 m globalement orienté lés) a réduit de manière importante l’emprise est/ouest. L’observation d’une tranchée à l’autre disponible. Seuls 2 000 m² ont réellement pu être montre clairement un changement d’orientation sondés, soit 11,44 %. induit soit par un tracé globalement en arc de cer- cle soit par un angle plus prononcé. Il n’a pas été L’extrême sud de l’emprise a livré un ensemble possible pour des raisons techniques et de sécu- de structures, sur environ 600 m², qui apparais- rité d’atteindre son fond. Sa profondeur est cepen- sent entre -1 m et -1,50 m pour les plus profon- dant supérieure à 1 m. des. Si aucun recoupement stratigraphique n’a été observé, il n’est pas impossible par contre Si l’idée d’un fossé vient rapidement à l’esprit, que plusieurs états d’occupation – au moins un recalage approximatif sur le plan cadastral deux – soient présents (TR05). napoléonien a permis d’identifier la structure comme un chemin creux clairement visible sur le Ces structures sont situées au pied d’une rup- document. Les couches interprétées comme des ture de pente du substrat (environ 1 m de déni- niveaux d’occupation correspondent donc aux velé), sans qu’il soit possible de préciser si celle-ci surfaces de circulation de la bande de est naturelle ou anthropique (aménagement d’une roulement. terrasse ?). Elles correspondent à des fosses ou des trous de poteaux. Une fosse présente des Le mobilier provenant de cette structure, rare lui traces de rubéfaction légères. Le mobilier prove- aussi, ne permet de dater ni la mise en place du nant de ces structures, bien que rare, évoque un chemin, ni les derniers niveaux testés. Il pourrait horizon médiéval. être en effet résiduel. On notera cependant la

110 présence de deux fragments de céramique « rouge fragments de céramiques mis au jour permet- polie », type rare en Limousin (étude : P. Conte, traient de dater du Moyen Âge. Il est toutefois SRA Limousin). hasardeux à l’issue de cette opération de suppo- ser une contemporanéité entre cet habitat et le Enfin, les derniers remblais – à base de plaquet- chemin précédemment évoqué. tes de gneiss ou micaschistes – constituent le remblaiement du chemin lors de la rectification de la limite sud de la parcelle, au XIXe ou XXe s.

Les structures jouxtant le chemin au nord pour- Grégory Vacassy raient correspondre à un habitat que les quelques

VAULRY Moyen Âge le Repaire

Après 5 ans de recherche, une première synthèse scientifique de Cécile Le Carlier de Veslud, Université s’imposait. Cette année a donc été consacrée à la de Rennes). Les résultats ne sont pas encore post-fouille. Il fallait mettre à jour la documentation, disponibles. terminer les études et les analyses du mobilier archéologique. Trois objectifs ont été retenus : Parallèlement, nous avons eu l’opportunité de réa- l’étude du mobilier archéologique, avec en particu- liser un relevé du site en 3D, grâce à un télémètre lier l’analyse des déchets de métallurgie, la réalisa- laser robotisé utilisé comme scanner 3d longue por- tion d’un relevé de terrain en 3D et le développement tée mis en œuvre par Digitage. Celui-ci a permis des recherches historiques. d’obtenir une topographie globale du site et une microtopographie très précise, de calculer le volume L’étude du mobilier archéologique a nécessité la des fosses, pour évaluer la quantité de déblais enle- mise en œuvre d’une nouvelle charte graphique vée et permettre une approche du volume de mine- plus cohérente. À cet effet, l’ensemble des photo- rai extrait. Cette réalisation permet, en outre, la graphies et des dessins des artefacts a été refait. valorisation du site par une présentation pédago- Il faut insister sur la petite quantité de mobilier gique (fig. 1). exhumé, son mauvais état de conservation et ses dimensions très réduites permettant difficilement Les datations obtenues sont assez cohérentes, une détermination et une identification pertinente. puisque elles se concentrent autour de deux pha- ses principales : une première exploitation dans la Ensuite, plusieurs artefacts en lien avec la métal- deuxième moitié du VIIe s., jusqu’à la fin du Xe s. et lurgie ont été mis au jour depuis 2007. Il fallait met- une seconde du XIIIe au XVe s. Il y a peu de data- tre en place un protocole d’analyse qui puisse tions pour les XIe et XIIe s. Il est possible d’envisa- permettre des comparaisons avec les études des ger une interruption de l’activité minière. Ces deux scories d’étain. Bien évidemment, ces études sont phases sont apparues nettement lors de la fouille rares et peu répandues. Les buts de ces analyses des bords de minières. En effet, la phase ancienne sont multiples : déterminer la nature des déchets est mise en évidence par des structures creusées de métallurgie, pour vérifier la ou les substances dans la roche granitique encaissante, notamment exploitées dans les minières ; mettre en évidence les structures de réduction et les trous de poteau. les techniques de réduction, et dans la mesure du La phase tardive a été révélée par l’US411/451 très possible différencier les scories des deux phases particulière, en cours d’étude, qui recouvre une d’exploitation du site. De plus, des prélèvements grande partie des bords de mine et scelle l’alvéole de sédiment ont été effectués dans les structures ouest de la minière F4. (202 et 205), interprétées comme des fours de réduction, dans l’état actuel des recherches. Pour Cette exploitation minière n’était pas pressentie, vérifier cette hypothèse, leurs sédiments ont été elle révèle une activité économique inconnue sur étudiés. Parallèlement, plusieurs prélèvements ont cette paroisse, pendant le Moyen Âge. Dans l’état été faits sur des niveaux de circulation et sur actuel des recherches, il n’y a pas de mention l’US411/451. Environ 30 kg de sédiments ont été médiévale sur les mines d’étain dans les Monts de prélevés, tamisés et séchés. Ils sont étudiés par Blond. La première mention de Vaulry apparaît au Céline Siépi (master 2, Paris I-Panthéon-Sorbonne, début du XIIIe s., à l’occasion de la fondation de la sous la direction de Christophe Petit et le tutorat celle grandmontaine de Rousset (hameau actuel de

111 Vaulry), un certain Faydit de Vaulry, écuyer, donne la commune, au début du XIXe s. En quatre siècles, des terres à la celle (Abbé Leclerc [1976], p. 790 ; la mémoire locale a complètement effacé ces acti- Larigauderie-Beijeaud 2011). L’édification du châ- vités minières. teau et de son église correspond également au XIIIe s. (Perrier 1972, pp. 146-148). L’histoire de cette Pour conclure, ces recherches historiques posent paroisse est complexe car elle appartient à deux beaucoup de nouvelles questions et mettent en évi- familles seigneuriales, l’une rattachée au Poitou et dence l’intérêt de l’archéologie minière et du site l’autre au Limousin, mais également à la celle grand- du Repaire. Les résultats apportés semblent min- montaine. Il faut se demander si ce morcellement ces en comparaison d’autres fouilles, et sont diffi- des possessions est dû à sa situation de zone de ciles à interpréter faute d’élément de comparaison Marche, en tant que frontière ; y a-t-il un rapport avec à l’échelle européenne. Il est donc nécessaire de ses ressources minières ? La disparition des archi- poursuivre ces études sur les mines d’étain ancien- ves comtales de la Marche ne permet pas d’en savoir nes afin d’en améliorer leurs connaissances. bien davantage.

Pendant le Moyen Âge, l’étain est utilisé pour la Mélanie Mairecolas fabrication de vaisselle, il sert également de colo- rant blanc pour les émaux. La production émaillée limousine du Moyen Âge, réalisée selon la techni- que du champlevé, est connue sous le nom d’oeuvre de Limoges (opus lemovicense). Les ateliers ont bénéficié du mécénat important des abbayes Saint- Martial de Limoges et de Grandmont. Ces com- Larigauderie-Beijaud M. - Deux celles du Poitou, manditaires privilégiés ont pu servir de relais dans Rousset et Montmorillon, 1ère partie la diffusion des objets. La présence anglaise a sans Notre-Dame et Saint-Georges de Rousset, in doute contribué à élargir encore le marché de l’émail BSAHL, t. CXXXIX, 2011, p. 145-170. limousin. Apparue au XIIe s., cette production ren- contra un extraordinaire succès dans toute la Lecler A. - Dictionnaire historique et géographique Chrétienté occidentale. Un lien entre ces ateliers de la Haute-Vienne, Laffitte Reprints, Marseille, d’émaux et les exploitations minières est-il envisa- 1976, réimpression de l’édition de Limoges, 1920- geable avec prudence ? 1926.

A partir du XVe s., on constate l’abandon de l’ex- Perrier J. - « L’église de Vaulry », In BSAHL, tome ploitation au Repaire. L’étain est redécouvert dans 99, Limoges, 1972, p. 146-148.

Fig. 1 : Le Repaire, Vaulry (87) – Ensemble du site.

112 VIGEN (LE) Protohistoire lotissement des Côtes

Le projet de création d’un lotissement au lieu-dit (colluvions et alluvions) se sont accumulés sur une Les Côtes est à l’origine de ce diagnostic archéo- épaisseur relativement importante (2 à 3 m). En rai- logique qui s’est déroulé du 21 au 25 mai 2012. Le son de la nature du sous-sol (arène gneissique ou secteur étudié est situé sur la bordure occidentale gneiss plagioclasiques à biotite et muscovite), le du Massif central, à 5 km au sud de l’aggloméra- terrain étudié présente une acidité forte et est donc tion de Limoges. peu propice à la conservation de vestiges archéo- logiques organiques ; la terre végétale, générale- Cette région de plateau est profondément entaillée ment très peu épaisse, repose très souvent par la vallée étroite de la Briance, affluent de la directement sur le substratum, ce qui fait penser à Vienne. Le paysage exclusivement rural de ce ter- une érosion intense des sols. ritoire présente un relief accidenté. Sur ce secteur, les paysages sont cloisonnés et assez sauvages, L’emprise de ce projet représente une surface totale les pentes trop fortes du plateau sont généralement de 45 746 m2 diagnostiquée sur une surface dis- boisées. Sur les sommets et versants se dessine ponible de 33 350 m2. 15 sondages ont été creu- un parcellaire à petite maille avec des prairies. sés et 1 fenêtre a été ouverte. 5 structures excavées et très arasées, découvertes entre les tranchées La parcelle sondée est disposée sur un versant (pre- Tr. 2 et Tr. 3, ont livré un mobilier attribué au pre- mière terrasse) exposé au sud, en limite de l’agglo- mier âge du Fer. Les tessons mis au jour étaient mération du Vigen et en rive droite de la Briance, à accompagnés de quelques fragments de terre cuite. une altitude variant entre 232 m et 269 m NGF. D’un L’absence d’autres structures excavées dans les point de vue géologique, le secteur est constitué tranchées limitrophes pourrait signifier que nous ne de roches métamorphiques non migmatitiques. Ces connaissons qu’une partie de ce site qui pourrait formations géologiques sont les plus courantes au se développer vers l’ouest, au-delà de la limite sud de Limoges. Le substrat arénisé ou rocheux d’emprise du présent diagnostic. Il est envisagea- (gneiss plagioclasiques, feuilletés, à biotite et mus- ble que les structures découvertes se rattachent à covite) apparaît sous un horizon de terre végétale un site situé dans un environnement proche. peu développé excédant parfois une quarantaine de centimètres d’épaisseur. Dans la vallée de la Briance, au contraire, des dépôts de fonds Jean-Michel Beausoleil

VIGEN (LE) Antiquité résidence Puy-Méry 2

Cette opération de diagnostic archéologique moti- sommets et versants se dessine un parcellaire à vée par la construction prochaine d’un lotissement petite maille avec des prairies. au lieu-dit « Puy Méry» s’est déroulée du 22 au 30 octobre 2012. Le projet s’inscrit dans un secteur géologique carac- térisé par un substratum altéré et par des colluvions Le secteur étudié se localise sur la bordure occiden- de plateaux. Sur cette surface mal drainée, l’arène tale du Massif central, à moins d’une dizaine de kilo- a subi une transformation superficielle qui a abouti mètres au sud de l’agglomération de Limoges. Cette à des sols hydromorphes relativement épais, avec région de plateau est profondément entaillée par la un horizon superficiel limoneux brun ou gris, un hori- vallée de la Vienne. Le paysage exclusivement rural zon sous-jacent tacheté à fort pourcentage de limons de ce territoire présente un relief accidenté. Le pro- et argiles. Ce secteur est également traversé par un jet est situé au nord de la commune du Vigen, à filon de microgranite. Par endroits, le substrat aré- l’ouest du hameau de Puy Méry sur un plateau domi- nisé ou rocheux (granite) apparaît sous un horizon nant un large panorama ouvert vers le nord et le nord- de terre végétale peu développé excédant parfois ouest. La parcelle sondée est disposée sur la première une quarantaine de centimètres d’épaisseur. terrasse de la Vienne à une altitude variant entre 333 m et 353 m NGF. Sur ce secteur, les paysages La position topographique du terrain prospecté et sont cloisonnés et assez sauvages, les fortes pen- la présence d’une voie ancienne (peut-être d’ori- tes du plateau sont généralement boisées. Sur les gine gallo-romaine ?) laissent supposer la

113 possibilité de découvrir des installations relatives à (fragments de TCA et tessons) ont été découverts la période antique, voire néolithique ou protohisto- dans les colluvions, en position secondaire. Ils rique. Plus largement, il est par ailleurs tout à fait attestent la présence dans un environnement pro- surprenant que très peu de sites archéologiques che d’un site gallo-romain, probablement disposé historiques soient reconnus entre Vienne et Briance, en contre-haut, peut être à l’emplacement actuel dans le rayonnement de Limoges romaine et médié- du village de Puy Méry. La découverte du fossé- vale, c’est à dire à moins de 10 km du noyau urbain drain dans la partie haute du site, en bordure de la originel. Les objectifs de ce diagnostic archéologi- voie communale n° 20 et à la sortie du village de que étaient de vérifier la présence d’occupations Puy Méry, vient à l’appui de cette hypothèse. Dans anciennes. L’opération conduite sur le site s’est l’ensemble, les sondages ont montré l’absence donc attachée à déterminer la puissance stratigra- d’occupation structurée et pérenne dans les par- phique des sondages, l’extension, la chronologie celles étudiées, à l’exception d’épandages diffus et l’état de conservation des vestiges enfouis. de mobilier de la période antique trouvés principa- lement dans les colluvions du paléo-chenal de la Un total de 27 tranchées a permis de sonder tranchée Tr. 25. Force est de reconnaître que le 2 866,32 m², soit 6 % de la surface reconnue par cœur particulièrement mal drainé du plateau n’a les sondages. Ce diagnostic couvrant une superfi- pas favorisé l’implantation d’installation humaine cie totale de 4,8 ha environ a révélé l’existence de dans les parcelles sondées. 3 structures fossoyées (1 fossé-drain et 2 fosses) dont deux ont livré un mobilier attribué à la période gallo-romaine. Les autres artefacts céramiques Jean-Michel Beausoleil

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