M. Jean Rey, Président De La Commission Des Communautés Européennes
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M. Jean Rey, président de la Commission des Communautés européennes. — Monsieur le Prési- dent, Monsieur le Secrétaire d'État représentant le président du Conseil de ministres, Mesdames, Messieurs, la Commission unique des Communautés européennes, issue du traité de fusion du 8 avril 1965, a commencé ses travaux le 6 juillet dernier. Elle se présente aujourd'hui, pour la première fois, au complet devant vous et, dans ces conditions, c'est l'occasion pour nous de vous faire un exposé d'ensemble sur nos premiers travaux et sur la ma- nière dont nous concevons notre tâche. Mon exposé ne sera pas très long et, suivant mon Je parlerai d'abord des responsabilités que nous habitude depuis toujours devant le Parlement, ce avons à exercer conformément aux traités en vi- sera un exposé fait d'après mes notes, et non la gueur ; ensuite de la question si actuelle de l'élar- lecture d'un texte écrit. Par conséquent, je demande gissement des Communautés, après quoi je traiterai aux membres du Parlement européen de bien vou- de leur fusion et des problèmes qu'elles posent ; loir m'excuser si je ne serai pas en mesure, au mo- enfin, des tâches nouvelles que le début de cette ment où je descendrai de la tribune, de leur remettre fusion nous permet d'entreprendre. le texte complet de mes déclarations. D'abord, quant à l'exercice des responsabilités qui Mesdames, Messieurs, avant d'entrer dans le corps étaient celles de nos prédécesseurs, nous avons, en même de cet exposé, je crois qu'il faut rappeler que vertu du traité même du 8 avril 1965, à exercer jiotre Commission unique succède à trois exécutifs toutes les charges, toutes les tâches qui étaient celles européens, dont nous sommes ici les héritiers. des trois exécutifs séparés. Nous sommes frappés, au moment où nous entreprenons cette œuvre, de D'abord, la Haute Autorité de la Communauté voir l'importance, voire, dans certains cas, la gravité européenne du charbon et de l'acier, qui, sous ses des problèmes qui se posent à nous dans chacune différents présidents, MM. Jean Monnet, René de nos trois Communautés. Mayer, Paul Finet, Pierre Malvestiti et, en dernier Dans la Communauté du charbon et de l'acier, lieu, Dino Del Bo, a eu la charge d'être la première indépendamment des problèmes difficiles que ren- institution communautaire européenne, de cons- contre en ce moment la sidérurgie en Europe, nous truire les premières politiques intégrées et d'inau- nous trouvons devant une crise charbonnière dont gurer le dialogue permanent, d'une part, entre les il n'est pas exagéré de dire qu'elle n'a pas encore institutions européennes elles-mêmes et, d'autre part, atteint son point d'équilibre et qu'elle nécessitera, entre la Haute Autorité et les gouvernements des par conséquent, de nous-mêmes et de nous tous de États membres. nouveaux et de grands efforts. En second lieu, nous succédons à la Commission Dans le domaine de l'Euratom, vous le savez — de la Communauté européenne de l'énergie ato- vous en avez délibéré ici — nos gouvernements mique dont je rappelle les présidents, MM. Louis sont malheureusement largement en désaccord sur Armand, Etienne Hirsch et Pierre Chatenet, et qui, ce que doit être l'avenir des tâches de notre Com- elle, a eu la charge d'appliquer toutes les disposi- munauté européenne de l'énergie atomique. C'est tions prévues dans le traité instituant l'Euratom, et la raison pour laquelle il n'a pas été possible jusqu'à particulièrement de construire un des tout premiers maintenant d'élaborer et d'adopter le budget de grands centres dans le domaine de la recherche 1967 qui figure à votre présent ordre du jour. Quant scientifique et technique, dont nous avons mainte- au troisième programme de recherches, de larges nant la charge. divergences de vues subsistent. Dès lors nous allons En troisième lieu, la Commission de la Commu- devoir faire le tour de ces problèmes, non seule- nauté économique européenne, celle à laquelle j'ai ment de façon interne, mais avec les gouverne- personnellement appartenu, sous la présidence, pen- ments, dans les prochains mois, afin de dégager dant près de dix années, du professeur Walter Hall- des propositions qui puissent être acceptables pour stein, et qui a eu la tâche, d'abord de construire et tous. de mener à bien l'union douanière, ensuite de com- Dans l'intervalle, il nous faut, de toute évidence, mencer à bâtir les politiques communes voulues par un régime transitoire. Nous nous sommes mis rapi- notre traité. dement d'accord entre nous sur ce que pouvait être ce régime transitoire. Nous avons pris nos décisions Je crois que nous devons rendre un hommage de cette semaine et nous allons immédiatement com- gratitude véritable à ces trois exécutifs pour la tâche mencer, avec le Comité consultatif scientifique et énorme qu'ils ont accomplie dans ces quinze années. technique, l'examen de ces propositions ; après quoi, Mais chacun comprendra que j'ai une pensée par- notre Commission pourra prendre une position défi- ticulière pour l'homme avec qui j'ai, comme cer- nitive et entamer le dialogue avec le Conseil. tains de mes collègues, plus directement travaillé : le professeur Walter Hallstein auquel vous avez Enfin, en ce qui concerne la Communauté éco- rendu hommage, dans cette salle, il y a peu de nomique européenne, vous savez où nous en som- temps. Je dirai simplement qu'il serait extrêmement mes. L'union douanière est à peu près réalisée et difficile d'égaler l'intelligence, la puissance de tra- nous avons maintenant à poursuivre la politique de vail et le courage politique de M. Walter Hallstein. construction même de l'union économique. Ce sont Il sera, en tout cas, tout à fait impossible de les là des problèmes bien connus de cette Assemblée. oublier. Nous pouvons certainement manifester notre satis- Voilà ce que je voulais dire avant d'entrer dans faction dans certains secteurs où les choses ont bien le corps même de cet exposé dont j'indiquerai pour progressé ; je pense, par exemple, aux récentes déci- commencer la structure. sions sur l'harmonisation fiscale. Dans d'autres sec- teurs, les progrès ne sont pas assez rapides, tels les tres d'abord que nous devrions en donner connais- transports et la politique commerciale commune. Je sance : il ne serait pas convenable que les ministres ne cite que quelques exemples et je ne voudrais pas en soient informés par la voix des journaux. ici établir un bilan de l'ensemble de nos activités. Cela dit, je crois pouvoir vous indiquer les deux Je tiens toutefois à marquer notre intérêt parti- pensées qui ont guidé nos travaux. culier pour le domaine social. Nous sommes convain- cus que, dans les années écoulées, malgré l'œuvre En premier lieu, nous avons considéré que nous particulièrement remarquable poursuivie à Luxem- devions comme Commission fournir à nos ministres bourg, on n'a pas fait, dans le domaine social, au une contribution positive à l'étude des problèmes sein de nos Communautés, des progrès suffisants. internes que pose aux Communautés leur élargis- Nous sommes impatients qu'un nouvel élan soit sement. donné en matière de progrès social dans notre En effet, des options sont à prendre. Personne Communauté. Nous aurons l'occasion de vous le n'attend que nous indiquions déjà des solutions, qui dire plus en détail. ne peuvent être dégagées, bien entendu, qu'après Naturellement, nous devons en même temps pour- des négociations, mais au moins pouvons-nous four- suivre les négociations extérieures actuellement en nir des indications, des directions, des tendances. cours. Il faut maintenant tâcher de ranimer avec Nous nous sommes efforcés de le faire d'une manière l'Autriche la négociation qui se trouve, temporai- positive, car nous nous rendons parfaitement compte rement je l'espère, quelque peu paralysée. Nous que l'élargissement des Communautés, voulu par devons commencer avec l'Espagne la négociation nos trois traités, constituerait un très grand progrès, qui a été décidée par le Conseil. Nous devons une très grande étape dans la construction du conti- obtenir qu'on ranime avec les pays du Maghreb des nent européen. pourparlers qui n'ont jamais été abandonnés mais Notre seconde préoccupation, dès le début, a été qui auraient dû progresser plus vite. Nous sommes que l'élargissement des Communautés ne soit pas devant un nouveau problème : l'accord à conclure payé par l'affaiblissement de leur puissance et de avec Israël à l'expiration de notre association com- leur dynamisme, qui doivent demeurer absolument merciale. Enfin, nous avons non seulement à pour- intacts. Votre Parlement a trop souvent exprimé suivre et à développer notre association avec les cette opinion pour que vous puissiez en être étonnés. pays africains mais, si possible, à l'étendre à d'au- tres nations. Nous espérons que, sur la base de ce rapport, un débat fructueux pourra être engagé entre nous Tel est l'ensemble des problèmes qui se posent et nos ministres dans les réunions déjà prévues pour à nous, dans l'immédiat, dans nos trois Commu- octobre et novembre. nautés. Si d'aventure, dans cet exposé forcément incomplet, tel ou tel point m'avait échappé, auquel Nous espérons aussi qu'on partagera notre opi- le Parlement attacherait une importance particulière, nion, suivant laquelle le temps est venu de com- je serais heureux qu'on nous le dise tout à l'heure. mencer ces négociations car ce n'est vraiment qu'avec nos partenaires européens, la Grande-Bre- Le second chapitre sera le plus bref, pour des tagne et les autres pays intéressés, qu'il serait pos- raisons que tout le monde connaît.