Les Trains Du Mont-Blanc
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
LES TRAINS DU MONT BLANC Deuxième volume : Le Chemin de fer Martigny - Châtelard Annexe : le Tramway de Martigny Jean METZ - Matthias HUBER José BAN AU DO Les Editions du Cabri En couverture : Une rame «Mont-Blanc Express» assurant la liaison internationale Martigny - St. Gervais-Le Fayet monte au dessus de Salvan par un bel après-midi de mai 1998. Photo José BAN AU DO En dos de couverture : Composition historique du Chemin de fer Martigny - Châtelard avec l'automotrice ABDeh 4/4 31 poussant les voitures ADt 75 et Bt 51 entre Le Trétien et Finhaut à l'automne 1992. Photo Nicolas MICHEL Vision d'artiste d'une rencontre entre une rame «Mont-Blanc Express» et une automotrice ancienne au Châtelard-Frontière. Aquarelle Olivier GEERINCK PREFACE C'est avec un réel plaisir que je préface ce livre, car il sort de presse quelques mois après la mise en service d'un matériel d'interpénétration commun à la SNCF et au MC, qui permet d'assurer enfin une desserte sans transbordement du «métro des Alpes» St. Gervais - Martigny, souhaitée par tous les promoteurs d'une liaison ferroviaire entre le Valais et Chamonix. L'histoire du Martigny - Châtelard est fertile en difficultés qui ont pu être maîtrisées grâce à la persévérance des constructeurs et financiers des premiers jours, puis à celle des exploitants de la ligne, administrateurs, cadres et employés qui n'ont pas ménagé leur peine pour maintenir et développer un passage permettant d'offrir les plus beaux paysages dans une nature particulièrement sauvage. C'est enfin à la Confédération et au canton du Valais que l'on doit l'amélioration, à plusieurs reprises, des conditions de transport, en particulier par des contributions à l'acquisition de nouveaux matériels roulants. Ce livre permet de faire connaître, par l'image et le texte, le Martigny - Châtelard, son histoire et son développement. C'est, en plus des liens qu'il a tissés entre les villages de la vallée du Trient et la plaine du Rhône, dans sa fonction de liaison avec Chamonix, prestigieuse station des Alpes, et au-delà vers Annecy et Genève, qu'il convient de placer le nouveau ((Mont-Blanc Express, qui cherche à lutter contre un trafic automobile polluant qui dégrade le cadre de vie de l'Espace Mont-Blanc. Soyons reconnaissants à tous ceux qui ont mis leur coeur et leur ténacité au service de la liaison Martigny - Châtelard - Chamonix - St. Gervais. Bernard PHILIPPIN Directeur de la Planification des Chemins de Fer Martigny - Châtelard et Martigny - Orsières AVANT-PROPOS Le massif du Mont-Blanc est d'un accès commode, en Savoie, par la vallée de l'Arve, en amont de laquelle se trouve Chamonix. De cette ville, on rejoint aisément la Suisse pour déboucher à Martigny dans le Valais, canton formant la vallée supérieure du Rhône. Dès l'époque préhistorique, les hommes ont franchi les cols des Alpes et habité les vallées relativement basses et larges : ce fut le cas, près du massif du Mont-Blanc, pour les vallées du Rhône, de l'Arve et celles du Grand-St.Bernard. Si le massif du Mont-Blanc, avec son sommet à 4.807 m, est lui même difficilement franchissable, des cols proches permettent de traverser la chaîne : - à l'est, col du Grand-St.Bernard (2.469 m) reliant Martigny en Suisse à Aoste en Italie, - au sud, col du Petit-St.Bernard (2.188 m) entre Bourg- St.Maurice en France et Pré-St.Didier en Italie. Les villes sises de chaque côté des cols sont distantes de 50 à 80 km. Le massif du Mont-Blanc vu depuis la vallée du Rhône, sur une carte postale suisse du début du XXème siècle. Ci-dessous, un aspect traditionnel de la vallée Depuis la période historique, le passage par la vallée de du Trient avec les cultures en terrasses de Salvan dans les années 1940. l'Arve, Chamonix (le «Campus Munitus» des Romains) et le Collections Jean-Pierre GIDE & Jean METZ col des Montets fut utilisé et la vallée habitée. On a retrouvé des vestiges de cette présence humaine très ancienne à La Rosière, près d'Argentière, non loin de la frontière franco- suisse, et à St.Michel-du-Lac, près de Servoz. Sallanches est de fondation très antique, quant à Martigny, déjà ville d'étape et marché sous le nom d'«Octodurus» à l'époque romaine, son importance est bien connue. En Italie, dans la vallée de la Doire Baltée, la ville d'Aoste est l'ancienne «Augusta Praetoria» fondée par l'empereur Auguste sur un site déjà occupé. De l'époque romaine jusqu'au XVIIIème siècle, le passage par la vallée de l'Arve n'eut toutefois pas le caractère international, si l'on peut dire, de celui du Grand-St.Bernard, et connut surtout un transit régional de Savoie en Valais et vice-versa, portant principalement sur des produits agricoles. Dès le XVIIIème siècle, avec la première ascension du Mont- Blanc, ce site attira des voyageurs, qu'on ne nommait pas encore des «touristes». Au cours du XIXème siècle, les Anglais, arrivant par Genève, furent de plus en plus nombreux à escalader le plus haut sommet d'Europe, ou à jouir simplement ferroviaires de la chaîne des Alpes étant assez éloignés de de la beauté des paysages et de l'air sain des montagnes. celui-ci : au sud, le tunnel du Mont-Cenis, ouvert en 1871 ; à Au cours de la seconde moitié de ce même siècle, les l'est, le tunnel du St.Gothard, ouvert en 1882. chemins de fer se développèrent, en France comme en Suisse, Les projets se multiplièrent alors, soit pour passer sous pour atteindre les abords du massif du Mont Blanc avant 1900. le col du Grand-St.Bernard en reliant Martigny à Aoste, soit En fonction des propositions formulées par Stephenson dès sous le Mont-Blanc en reliant Chamonix à Aoste. Ce dernier les années 1830 pour le réseau suisse, les voies ferrées projet était une partie d'un ensemble plus vaste devant réunir relièrent d'abord les lacs, sur lesquels la navigation était active. Paris à Genève en traversant le Jura sous le col de la Faucille, C'est ainsi que Martigny fut reliée dès 1859 au port du puis Genève à Turin et Milan par Chamonix et Aoste. Bouveret situé sur la rive sud-orientale du lac Léman. Le rail Le désir de Chamonix d'être rattachée au réseau français réunit ensuite Lausanne à Martigny via St.Maurice (future artère et celui de Martigny de conserver son rôle de carrefour, du Simplon) en 1861. Une liaison par la rive sud du lac Léman, entraînèrent dans les années 1890 des projets et des études d'Annemasse à Evian et au Bouveret, fut enfin ouverte en 1886. sérieuses, tant en France qu'en Suisse, pour relier Le Fayet, Dans la vallée de l'Arve, dix ans après l'ouverture de la où le chemin de fer venait d'arriver, à Chamonix et à Martigny. section de Genève-Eaux-Vives à Annemasse en 1888, la voie Ce sont ces projets qui finalement donnèrent naissance ferrée progressa d'Annemasse vers Cluses, Sallanches et enfin aux chemins de fer du Mont-Blanc : la ligne du Fayet à Le Fayet, qui fut atteint le 15 juin 1898. Chamonix, Vallorcine et à la frontière franco-suisse (objet d'un Vers la fin du XIXème siècle, les voies ferrées butaient autre volume), et la ligne de Martigny au Châtelard (objet du sur le massif du Mont-Blanc, les points de franchissement présent ouvrage), se raccordant à la précédente à la frontière. LE CHEMIN DE FER DE MARTIGNY AU CHATELARD ET A LA FRONTIERE SUISSE Peu après l'ouverture du Chemin de fer Martigny - Châtelard, une automotrice BCFeh 4/4 série 11 à 15 est vue en pleine rampe sur le tronçon à crémaillère, au point où l'ancien chemin de Vernayaz à Salvan passe au dessous de la voie ferrée, en aval du tunnel hélicoïdal des Charbons. On aperçoit sur la droite la vallée du Rhône, en direction de St. Maurice. Collection Jean-Paul PIGNEDE Trois générations de matériel sur la ligne Martigny - Châtelard... L'automotrice BDeh 4/4 31 passe ci-contre devant deux «raccards» en aval de Finhaut : ces granges de bois, caractéristiques du Valais, sont surélevées sur des plots garnis d'une pierre plate, pour empêcher que les rongeurs ne pénètrent à l'intérieur et s'attaquent aux récoltes. Photo Nicolas MICHEL La rame réversible Bt 601 et BDeh 4/4 501 franchit le viaduc du Triège en 1986. Photo Nicolas MICHEL En décembre 1997, l'automotrice Z-805 /806 croise en gare du Trétien une rame BDeh 4/4 + BDt 68 descendant vers Martigny. Photo José BANAUDO HISTORIQUE prendre ses quartiers d'hiver chez les Allobroges en Savoie. PREAMBULE Les Romains revinrent ensuite en force et soumirent la région Martigny, dans la vallée supérieure du Rhône qui forme qui fut christianisée aux premiers siècles de notre ère. le canton du Valais, doit son importance à sa situation. Le Octodurus devint le siège épiscopal du Valais en 349, Rhône, cours d'eau montagnard que la traversée du lac Léman St.Théodule étant le premier évêque connu. Devant le continuel n'a pas encore assagi, décrit, à l'emplacement de Martigny, passage de troupes étrangères, plus ou moins pillardes, un coude brusque abandonnant la direction nord-est / sud- l'évêque Héliodore, en 580, quitta Octodurus pour établir le ouest pour prendre celle du sud-est / nord-ouest. La vallée, siège de son évêché à Sion, où il se trouve encore aujourd'hui. formée à la fin de l'ère tertiaire par le soulèvement des Alpes Octodurus, plusieurs fois ravagé et détruit par les crues puis façonnée au quaternaire par le glacier du Rhône qui de la Drance, disparut après avoir porté le nom de Forum s'étendait au-delà du bassin lémanique, atteint à Martigny une Claudii sous l'empereur romain Claude.