Jeremiah Johnson Le Mangeur De Foie Collection Famagouste Raymond W
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Jeremiah Johnson Le Mangeur de Foie Collection Famagouste Raymond W. Thorp & Robert Bunker Jeremiah Johnson Le Mangeur de Foie Traduit de l’anglais par Frédéric Cotton Préface de Xavier Daverat ANACHARSIS Ouvrage réalisé avec le soutien du Conseil régional Midi-Pyrénées ISBN : 979-10-92011-081 Titre original : Crow Killer © 1958, 1969 by Indiana University Press. All rights reserved. Photographie de couverture : Collection Christophel © Sanford Productions / Warner Bros / DR Diffusion-distribution : Les Belles Lettres © Anacharsis Éditions, 2014 43, rue de Bayard 31000 Toulouse www.editions-anacharsis.com Préface Si loin, si proche… Par Xavier Daverat « I ain’t never seen ’em, but my common sense tells me the Andes is foothills, and the Alps is for children to climb ! […] These here is God’s finest scupturings ! And there ain’t no laws for the brave ones ! And there ain’t no asylums for the crazy ones ! And there ain’t no churches, except for this right here ! And there ain’t no priests excepting the birds. By God, I am a mountain man, and I’ll live ’til an arrow or a bullet finds me. And then I’ll leave my bones on this great map of the magnificent. 1 » Del Gue à Jeremiah Johnson, in Jeremiah Johnson , Sydney Pollack, 1972 IL’A MÉRIQUE fut celle des Pères Pèlerins, des pion - Sniers, elle fut aussi celle des mountain men . La traduction littérale, « hommes des montagnes », ou même celle qui mettrait une majuscule à « Montagnards », ne dit pas quelle mythologie s’attache au moutain man . Il est l’homme de la Frontière, entendue comme cette ligne qui sépare civilisation et wilderness , se déplaçant au fur et à mesure de 1. « Je ne les ai jamais vues, mais quelque chose me dit que les Andes sont des collines, et les Alpes peuvent être escaladées par des enfants ! […] Les plus belles sculptures de Dieu sont ici. Et il n’y a pas de lois pour les braves ! Et il n’y a pas d’asile pour les fous ! Et il n’y a pas d’églises, excepté celle-là. Et il n’y a pas de prêtre, hormis les oiseaux ! Par Dieu, je suis un mountain man , et je vivrai jusqu’à ce qu’une flèche ou une balle m’atteigne. Et alors je laisserai mes os sur cette grande carte de la somptuosité. » 7 l’avancée de la colonisation, jusqu’à disparaître quand l’ensemble du territoire est peuplé. Jeremiah Johnson, authentique mountain man sur lequel on dispose d’éléments tangibles (une biographie lui a été consacrée 2 et il a été l’objet de plusieurs études 3), nous fait pénétrer au cœur de the Rocky Mountain fur trade , le commerce des fourrures dans les montagnes Rocheuses ; mais, au-delà d’un témoi - gnage passionnant sur la vie d’un trappeur, Jeremiah John - son, le Mangeur de Foie constitue une étape essentielle de l’inscription du personnage dans la légende. Jeremiah Johnson, le Mangeur de Foie propose une nou - velle traduction du livre de Raymond W. Thorp et Robert M. Bunker, Crow Killer: The Saga of Liver-Eating Johnson , ini - tialement publié en 1958 (Bloomington, Indiana Univer - sity Press). Il est paru une première fois en France sous le titre Le Tueur d’Indiens , en 1980, dans la collection « Wes - tern » (n o 228) de la Librairie des Champs-Élysées. Crow Killer a été suivi d’un roman de Vardis Fisher ( Mountain Man , 1965 ), puis d’une adaptation cinématographique par Sydney Pollack ( Jeremiah Johnson , 1972). Crow Killer et Mountain Man s’inscrivent parmi les œuvres embléma - tiques relatives à la trappe, qu’il s’agisse de romans – Wolf Song , de Harvey Ferguson (Alfred A. Knopf, 1927) ; Big Sky , d’Alfred Bertram Guthrie Jr. (Franklin Watts, 1947) ; Lord Grizzly , de Frederick Manfred (McGraw, 1954) – ou de récits – Across the Wide Missouri , de Bernard DeVoto (Houghton Mifflin Company, 1947) – qui, tous, ont eu aussi un prolongement cinématographique 4. 2. Dennis John McLelland, The Avenging Fury of the Plains: John “Liver Eating” Johnston. Exploding the mythe, discovering the man , Infinity Publish - ing, Pa, 2008. 3. Bruce Felton & Mark Fowler, Famous Americans You Never Knew Existed , Stein and Day, 1979. Nathan E. Bender, « The Abandoned Scout’s Revenge : Origins of the Crow Killer », Annals of Wyoming , automne 2006, vol. 78, n° 4, p. 2. 4. Respectivement : The Wolf Song (Le Chant du loup) , Victor Fleming, 8 L’homme se nommerait en réalité John Johnston ou, selon certains, John Garrison. Il serait né aux alentours de 1924, dans le New Jersey, et il est mort en 1900. Il aurait été marin, d’abord sur un baleinier puis dans la US Navy, et aurait pu être chercheur d’or avant de devenir un moun - tain man dans les années soixante (en 1862 selon les sources les plus concordantes). Il participe à la guerre civile en 1864-1865 dans une compagnie de volontaires de la cavalerie du Colorado, comme soldat puis comme scout, et combat plusieurs fois contre les troupes du géné - ral Sterling Price. Il est blessé en octobre 1864 (comme le confirment ses demandes ultérieures de pension). Quit - tant l’armée en 1865, il retourne dans le Montana et fait du wood hawking (coupe de bois que l’on dépose sur les berges pour les steamers du Missouri) puis repart dans les montagnes. À partir de la fin des années soixante, dans le sud de l’Alberta, il fait du trafic de whisky avec J. X. Beid - ler avant d’être vigilante . Il redevient scout dans l’armée en 1877 et participe à un engagement contre les Cheyennes sous les ordres du général Nelson Miles, puis à une expé - dition contre les Nez-Percés avec le général Samuel Sturgis. Au début des années quatre-vingt, établi dans le Montana, il est sheriff adjoint à Coulson (sur les bords de la Yellowstone River, au sud de l’actuelle ville de Billings) puis constable dans la cité minière de Red Lodge. En 1884, il participe à un Wild West Show créé par Thomas Hard - wick avec quelques figures célèbres (Calamity Jane, Tom LeForge…). Malade dans la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, il entre au National Soldiers’ Home de Santa Monica, résidence pour vétérans, où il meurt le 21 janvier 1900. S’il a bien été enterré, comme le disent 1929 ; The Big Sky (La Captive aux yeux clairs) , Howard Hawks, 1952 ; Man in the Wilderness (Le Convoi sauvage) , Richard C. Sarafian, 1971 ; Across the Wide Missouri (Au-delà du Missouri) , William A. Wellman, 1951. 9 Thorp et Bunker, au Los Angeles National Cemetery (950 South Sepulveda Blvd., LA), ses restes ont été transférés en 1974 à Old Trail Town, bourgade-musée près de la ville de Cody (Wyoming), où il repose en compagnie de quelques autres frontiersmen ; une statue équestre en bronze de Peter M. Fillerup 5 a été érigée sur sa tombe en 1981. * Jeremiah Johnson, le Mangeur de Foie est le fruit d’un tra - vail de récollection entrepris par Raymond W. Thorp (1896-1966), fait d’entretiens (dont le plus ancien est daté de 1913) et de correspondances, qui intègre aussi des informations provenant de publications dans divers pério - diques. Le témoignage essentiel est celui de Joseph « White-Eye » Anderson (1853-1946), recueilli durant l’hi - ver de 1940-1941. La participation de Robert Manson Bunker (1918-) consiste en un travail de réécriture des éléments fournis par Thorp, avant édition, sans que les deux auteurs ne se soient rencontrés. Chez Thorp et Bunker, Johnson part dans les mon - tagnes en automne 1843, depuis St. Joseph (Missouri). Il est initié par un trappeur, Hatchet Jack, auquel il sauve la vie quand il est attaqué par un grizzly, puis chasse avec Chris Lapp « Bear Claw » (« Griffe d’Ours ») et Del Gue. Il vient en aide à l’épouse de John Morgan, un fermier qui a quitté le Connecticut, dont les enfants ont été massacrés par les Blackfeet, et qui est devenue folle. Johnson épouse une femme flathead, The Swan (Le Cygne), et s’établit 5. Né à Cody (Wyoming) en 1953, Peter McNiven Fillerup est un sculpteur et designer spécialisé dans les figures de l’Ouest : Indiens, cow-boys, participant de rodéo, fauconnier, animaux… Des statues de Kit Carson et de Buffalo Bill en cavalier du Pony Express comptent parmi ses œuvres les plus connues. 10 avec elle sur les bords de la Little Snake River. Swan est tuée par un groupe de Crows en 1847 alors qu’elle est enceinte. Johnson devient alors un tueur de Crows, ou Dapiek Absaroka selon l’expression indienne (apsáalooke), d’abord par vengeance puis pour lutter contre une ving - taine de guerriers lancés individuellement à ses trousses. Le texte s’affranchit donc largement de la réalité. Johnson est devenu trappeur bien plus tard que ne le disent les auteurs (il est même un trappeur tardif par rapport au début de la chasse dans les montagnes 6). Surtout, la lutte contre les Crows, sur laquelle repose sa légende, est ima - ginaire, Johnson étant ami de cette tribu, dont on sait qu’elle était proche des Blancs (le texte lui préfère une paix ultérieure avec les Crows). Ce sont les Blackfeet et les Sioux que Johnson a combattus. Le récit se poursuit avec la captivité chez les Blackfeet et l’évasion de John - son, la description des rendez-vous des trappeurs, diverses rencontres, les engagements militaires, la paix avec les Crows, la rencontre de l’Indienne piegan 7 Herbe Ondu - lante, la mort de Bear Claw, l’emploi de sheriff , le retour à la chasse avant la disparition de Johnson… Le texte de Thorp et Bunker est un précipité d’anec - dotes qui, sous l’aspect d’un récit, procède à une recons - truction fictionnelle de Johnson.