DU SITE DE KORMONTIBO AU SITE COTIER DE LA POINTE BRIGANDIN A SIN- NAMARY: APPROCHE ETHNO-HISTORIQUE DE L’ARCHEOLOGIE EN GUYANE FRAN- CAISE

Hugues PETITJEANROGET A.G.A.E. GUYANE

Il se trouve sur un cordon littoral rocheux au milieu de la mangrove de l»embouchure du Sinnamary en Guyane française. Il y a plus d’une centaine de polissoirs sur la roche face à la man- grove. Un sondage de 3 m2 a été réalisé. On peut distinguer cinq ensembles de poterie à Brigandin. J’utilise la typologie kalina, probablement celle des «gens» de Brigandin : la «Tukuwari» , poterie utilitaire. La «Watarakan»: jarre à eau à col étroit. La «Samaku» grande jarre à cachiri la «Sabela» bol à boire le cachiri L»’alindu» ou platine à manioc. L’adaptation à l’écosystème tropical de la mangrove fut une étape importante dans la migration des populations amérindiennes de Guyane. Le site de Brigandin devrait nous renseigner sur l’adaptation humaine à un milieu aujourd’hui hos- tile mais autrefois d’une très grande richesse halieutique.

The site is a rocky littoral cord in the middle of the mangrove at Sinnamary mouth in french Guyana. There is more than a thousand of polishing brushes in opposite of the mangrove. A three square meter sounding was done. Five pottery suites can be distinguished. I use Kalina typology, probably the Brigandin people’s one; the Tukuwari useful pottery;the Watarakan, tight headed water jug; the Samaku, big Cachiri jug; the Sabela, Cachiri drinking bowl; the Alindu or manioc playing deck. The mangrove tropical ecosystem adapta- tion was an important step in Amerindian population migrations from Guyana. Brigandin site should give us information on human adaptation in a today hostile midden that was a very halieutic richness before. H. P.R

«Il était une fois un monument. Sa forme, sa structure interne ont donné lieu à de multiples obser- vations. Ceux qui l’ont fouillé en ont tiré, en le détruisant une petite partie des informations pos- sibles. Ils ont enregistré une faction de leurs observations. Le monument n’existe plus, et ceux qui l’ont détruit non plus, selon toute vraisemblance. S’ils vivent encore, ils ont oublié ce qu’ils ont observé ou encore leur souvenir s’est modifié. Le tout petit qui subsiste aujourd’hui constitue la documentation archéologique.» Fig. 7 Small monument placed over two parallel burial niches, Isla de Pajaros. C.A. Moberg 1980 186 187 2) En quoi l’approche ethno-historique de l’A.G.A.E est-elle pertinente et fructueuse pour la Le site de la Pointe Brigandin se trouve par 5°26’ de latitude Nord et 53∞ de longitude Ouest sur recherche archéologique guyanaise? un cordon littoral de sable et d’affleurements de la roche primaire au milieu de la mangrove de la rive gauche de l’embouchure du fleuve Sinnamary en Guyane française. 3) Quelles sont les enseignements à retirer de l’approche ethno-historique en archéologie?

Au début du siècle dernier, à Sinnamary, un «Pololoc», un terrible mascaret avait provoqué un raz 4) La fouille du site de la Pointe Brigandin s’intègre-t-elle à la problématique sur les migrations de marée. La mer avait mangé le rivage et il a même fallut démonter les cases entre deux marées. amérindiennes de la terre ferme vers les îles de l’arc antillais? L’ÈvÈnement est en soi assez grave pour imprimer la mémoire collective. Ce qui en fait un «beau récit», «roun gran kozé» c’est que: trois grandes poteries avaient été révélées par la marée qui avait I/ Prospection archéologique et ethno-historique en Guyane; emporté le sable de la dune du littoral. Les gens des quartiers de Corossony, jojo, Brigandin sur la rive gauche de la Sinnamary avaient regardé à l’intérieur des poteries et découvert des ossements Dans le compte-rendu des communications du 6ème C.I.E.C.P.P.A. à Pointe à Pitre du 6 au 12 juillet d’homme inhumé en position foetale. La tradition orale que je résume ici est bien connue à 1975, je note ceci dans la communication de D.Groene (page 158): Sinnamary. En 1935, un petit phare ou une balise à terre est construite en dur à la pointe Brigandin. « Alerté par un avis du Père Barbotin, Président de la Société de Protection de la Nature de Il a fallu creuser pour installer les fondations de l’édifice. Dans le sable, on a remarqué des tessons Guyane (SEPANGUY), la Direction des Antiquités organise une mission de reconnaissance, com- de poterie «vieux canari indien». Après-guerre, un magistrat, archéologue amateur est amené sur posée comme suit: Mme Lefebvre, chargé de mission au C.N.R.S., soldat Hugues Petitjean Roget, le site et trouve quelques tessons de céramique et une hache de pierre polie. Anthropologie (Université de Montréal), Ethnologie (Paris). Mr Denis Groene, certifié d’Ethnologie Un sondage de 3m2 a été réalisé par l’A.G.A.E. en 1995 dans une dune de sable et une campagne (Paris) Directeur des Antiquités par intérim. Un site archéologique a été reconnu, entre le nouveau de fouille est programmée pour 1996. Une centaine de polissoirs ont été relevés sur la roche face à bourg de Papaïchton, et le village de Kormontibo.» la mangrove. Cette recherche archéologique faite avec l’aide financière de la Société des lanceurs Nous venions de fouiller le premier site Guyanais de la tradition Koriabo, une tradition céramique Arianespace et en accord avec le Service Régional de l’Archéologie de la Guyane. ponctuée et incisée déjà connue au Surinam et au Guyana. Nous étions en plein coeur du «pays Boni», le territoire des Aluku, ethnie bushi nengué établie sur le fleuve Maroni depuis plus de deux Mon approche du site fut ethno-historique et ethno-botanique avant de devenir archéologique. siècles. J’ai pu interrogé le Gran Man des Boni, Tolinga, chef coutumier des Aluku et gardien de la L’analyse d’un tel espace se doit d’être pluridisciplinaire et s’intégrer aux autres programmes de tradition orale des nègres marrons de la Guyane. Kormontibo n’est pas un nom aluku. Le radical recherche sur l’évolution de la mangrove et de l’envasement de l’embouchure du Sinnamary. «ibo» est de langue Karib. Le territoire des Aluku est parsemé de lieux-dits d’origine amérindien- ne ce qui semble indiquer un savoir aluku sur la «préhistoire» de leur territoire. Cette vision histo- Avant de présenter l’état actuel de la recherche à la Pointe Brigandin, je souhaite présenter l’ap- risante des Aluku sur l’occupation ancienne de leur territoire a un caractère sacré et subjectif. On proche ethno-historique utilisée pour localiser un site archéologique dans un aussi grand pays (90 ne peut parler des anciens sans risquer de les voir revenir bousculer notre présent. Certains lieux 000 Km2 dont 9/10 couvert de forêt primaire) que la Guyane. Mon propos tentera de répondre à doivent rester interdits à la fouille et le respect d’une déontologie en Archéologie américaine quatre questions: implique «le respect des populations concernées par le site. Mamaya, la femme de Tolinga était une amérindienne Wayana (ethnie de langue Karib) . Je lui ai 1) Comment ai-je mené avec l’Association Guyanaise d’Archéologie et d’ethnographique la montré les tessons de la poterie trouvés a Kormontibo. Elle prétend qu’il y avait autrefois ici un vil- recherche archéologique en Guyane depuis puis de 15 ans et à Sinnamary depuis 2 ans? lage d’indiens « Aramicho», une ethnie aujourd’hui éteinte de langue Karib comme les Wayana. 188 189 Les céramiques de Kormontibo ont des incisions larges sur pâte molle, avec des appliqués en papules et parfois avec des adornos zoomorphes. Elles sont de type Koriabo selon l’expertise de Elle fut la marraine du XIIËme C.I.A.C. à en juillet 1987. Elle nous indiqua entre autres Bubberman, archéologue hollandais du Surinam. La présence de très nombreux polissoirs sur les choses le nom des vases exhumés et expliqua les rites funéraires liés à l’utilisation des urnes funé- rochers de Kormontibo suggère une longue occupation amérindienne antérieurement à l’actuel raires découvertes dans les grottes de . La décoration des poteries lui était familière; elle y peuplement aluku. Ils ne font pas de poterie, elles sont échangées aux potiéres amérindiennes voi- reconnaît un art familier aux Palikur. Je pense avec elle que le style Aristé fut celui des anciennes sines. L’enquête de tradition orale en pays aluku renforce l’hypothèse selon laquelle les poteries potières Palikur même si la poterie Palikur actuelle n’a pas grand chose à voir avec les chefs- incisées-ponctuées de la tradition Koriabo seraient produites par diverses ethnies de langue Karib d’oeuvre de l’époque précolombienne. qui auraient migré du Moyen-Amazone vers le plateau des Guyanes puis vers les Petites Antilles. Au village créole de Ti-Ouanary, Mr Lionel Sébéloué, ancien maire créole de Ouanary, m’a signalé Arie Boomert signale une certaine similitude entre cette tradition Koriabo de la décoration incisée- une grotte connue sous le nom de « jarre indien «. Etrange nom pour une grotte! J’y suis allé et j’y ponctuée et la céramique de type Cayo identifiée par Earl Kirby à St Vincent. depuis la fouille du ai trouvé un site Aristé de l’époque historique, probablement la grotte fouillé par F. Geay au début site de Kormontibo, d’autres sites de type Koriabo ont été découverts dans l’intérieur dans les bas- du siècle. Le Museum de Paris possède quelques tessons de ce site. sins fluviaux du Moroni, de la Mana, du sinnamary, de la Comté, de l’Approuague et de l’Oyapock. A Pays Indien, curieux nom pour un village créole, Mr Modeste Prépont me signale une grotte à Les chercheurs d’or travaillant selon la méthode brésilienne des pompes à gravier montées sur des une journée de marche en forêt: La grotte de Gros Montagne, un site funéraire Aristé de l’époque barges trouvent souvent des poteries immergées dans les sables aurifères. Ces trouvailles clandes- précolombienne. tines vont alimenter un marché noir des pièces archéologiques. Rares sont malheureusement les Les sites de Jarre indien et Gros Montagne ont été publiés au 7ème congrès d’archéologie à Caracas belles pièces qui aboutissent dans les musées guyanais. en 1977. B. Meggers et C. Evans, deux archéologues américains spécialistes de l’Amazonie, ont J’ai eu l’occasion d’améliorer ma démarche ethno-historique dans la prospection archéologique des offerts à l’A.G.A.E. leur ouvrages sur l’archéologie des bouches de l’Amazone et sur l’archéologie sites du fleuve Oyapock frontalier du Brésil et de la Guyane. J’arrivais à St Georges de l’Oyapock du Guyana. Nos recherches sur les sites Aristés de l’Oyapock et de Ouanary faisaient le pont entre avec ma femme en septembre 1975 et, dans ma valise d’instituteur, une bonne documentation his- leurs deux champs d’étude: l’archéologie de l’Amazone et des Guyanes d’une part, celle de l’aire torique établie par mon père, J. Petitjean Roget. Il m’avait signalé trois relations de voyages très caraïbéenne d’autres part. L’Oyapock étant pour eux la limite extrême de l’aire de répartition de la importantes pour l’histoire de la colonisation des Guyanes: Celle du hollandais Cabeliau de 1597- céramique de type Aristé. 1598; Celle de l’anglais Robert Harcourt datant de 1609 et celle du protestant français Jesse de Forest Le Style Aristé décrit la première fois par E. Goeldi est caractérisé par la polychromie, la richesse à l’Oyapock de 1623 à 1625. des décors composés de motifs peints en volutes ou en grecques et les motifs anthropomorphes Ces trois documents historiques renseignent sur l’implantation des villages amérindiens de appliqués sur les urnes funéraires. Il semblerait aujourd’hui que l’influence du style Aristé se fasse l’Amazone et de l’Oyapock avant la colonisation française de la Guyane. Je les avais en tête quand sentir jusqu’à l’île de Cayenne. Le site de «vieux chemin» à Rémire a livré quelques tessons poly- j’ai entrepris la collecte des traditions orales Palikur (ethnie de langue arrawack du bas-Oyapock et chromes typiquement Aristé. de la Rocawa (Amapa, Brésil). J’ai commencé par écouter la grand-mère de mes élèves. «Wakukwa», née vers 1914 et baptisée Loïsa Labonté. Elle a passé son enfance à la crique Marouane Tradition orale, mythe amérindien et rôle des informateurs et sur la rivière Rocawa avec les Palikur réfugiés sur la rive française après la délimitation de la L’Association Guyanaise d’Archéologie et d’Ethnographie a pour objet: frontière en 1901. 1°) de promouvoir les recherches archéologiques et ethnographiques qui permettent d’ appro- Elle a organisé la migration sur la rive française de son groupe persécutés par les autorités brési- fondir les connaissances préhistoriques, historiques et contemporaines des différentes compo- liennes à la suite du meurtre du page «ti-boug» . Cette vieille dame digne a toujours gardé un santes de la société Guyanaise, dans le plus grand respect des populations éventuellement regard clément pour nos recherches archéologiques à Ouanary. concernées. 190 191 Cette marque de respect inscrite dans les statuts de l’A.G.A.E. est une première mondiale pour une grottes funéraires comme Jarre Indien (1976), Trou reliquaire (1978), trou biche (1980). association d’archéologie et saluée comme telle à un congrès mondial de l’Archéologie (W.A.C.) . La loi française punit la déprédation des sépultures et des lieux de cultes mais ne prévoit rien de Il est membre fondateur de l’A.G.A.E.(1979) et il vient de participer à la création du Syndicat d’ini- spécifique aux sites funéraires amérindiens contrairement à la loi américaine sur les fouilles archéo- tiative de Ouanary (1995) dont un des objectifs est de: logiques à l’intérieure des réserves indiennes. «faire découvrir les sites archéologiques et historiques de la commune de Ouanary. Sauvegarder Il est prévu dans l’article XI un statut des informateurs: l’environnement et le patrimoine culturel de la commune.» Les informateurs sont des personnes physiques ayant contribué de façon signalée sur le terrain Emmanuel Baptiste fut mon «truchement» comme le fut l’indien John pour Robert Harcourt 380 aux recherches archéologiques et ethnographiques. (extraits des statuts déposé en 1979). ans plus tôt à Caripo: Si les fondateurs de cette association ont voulu lier les domaines de l’Archéologie et de «De là, je dérivais le long de la côte, et le 17 mai (1609), je m’ancrais dans la baie de Wiapoco où les l’Ethnographie, c’est pour répondre à la spécificité de l’Archéologie Guyanaise; La plus part des Indiens vinrent vers nous dans deux ou trois pirogues, pour savoir à quelle nation nous apparte- sites de la région de Ouanary n’ont pu être découverts puis fouillés qu’aprés une longue et patien- nions et pour commercer avec nous, et qui comprenant que nous étions Anglais montèrent à bord te écoute auprès des populations amérindiennes, saramaka et créoles du Bas-Oyapock. Une légen- sans crainte. L’un d’eux parlait bien notre langue et était connu de certains des hommes de mon de Palikur raconte comment la Montagne Kajaré de l’Amapa s’est séparé de sa soeur, la montagne équipage pour être un Indien qui avait autrefois séjourné en Angleterre et servi Sr. John Gilbert du Mahury sur l’ïle de Cayenne. La rupture eut lieu après une terrible bataille entre les Palikur de durant de longues années... Mais quand je les eus divertis et que je leur appris le retour de l’Indien la Rocawa (groupe arrawack) et les Galibi de Cayenne (groupe Karib). Les premiers chroniqueurs Martyn leur compatriote, que je ramenais avec moi de Londres, ils semblèrent extrêmement joyeux signalent la rivalité existant entre les indiens de l’Oyapock et ceux de Cayenne. Cette opposition car, les ayant quittés depuis bientôt quatre ans, ils le croyaient mort. L’Indien déjà mentionné pour entre ces deux régions se retrouve dans les styles céramiques: le style Aristé pour le Bas-Oyapock avoir servi Sr. John Gilbert (dont le nom était John) lorsqu’il était vivant (car il est maintenant mort, et l’Amapa, le style Cayenne peint avec des décors en fines lignes incisées ou en chevrons souli- et mort en chrétien) nous fut d’une grande aide car il parlait notre langue mieux que n’importe gnant le col des poteries pour les sites de Cayenne . lequel de ceux que j’avais emmenés avec moi et nous fut toujours fidèle et loyal jusqu’à sa mort. Toutes mes recherches archéologiques ont été faites en canot sur le fleuve et les criques puis à pied Par lui, je compris que leur village était situé sur le versant Est de la colline à l’embouchure de à travers les forêts de l’Oyapock avec l’aide d’informateurs du bas-rivière et principalement de Wiapoco et s’appelait Caripo: Que l’Indien Martyn en était le chef et qu’en son absence son frère le deux habitants de Ouanary à qui je voudrais rendre ici hommage: Marcel Sébéloué, nègre créole de remplaçait. De plus il s’assura que l’indien le plus important de ce fleuve se nommait Carafana, qui Ouanary et Emmanuel Baptiste, amérindien palikur du village de Petit Toucouchy comme deux (par chance) était alors à Caripo.» R. Harcourt. parrains et avec beaucoup de patience, ils ont guidé mes premiers pas dans les bois de la Guyane. Comme John, «Compè Manuel» nous a introduit à Caripo et aidé à dresser la carte archéologique Ils m’ont fait subir une véritable cure chamanistique pour m’ouvrir les yeux dans l’environnement de l’Oyapock et de la Ouanary. naturel et vers les lieux de la préhistoire de l’Oyapock. 9/10ème du territoire de la Guyane sont Emmanuel Baptiste n’a guidé dans mes recherches durant 17 ans. Il est décédé en mai 1993, peu recouverts par la forêt primaire avec un réseau hydrographique extrêmement dense.Sous ce cou- avant le congrès de Porto Rico où j’avais présenté notre découverte de Trou Delft: un site funéraire vert aquatique et végétal se trouvent la plupart des sites archéologiques. La prospection archéolo- amérindien datant de la fin du XVIIème siècle, probablement de l’époque de la présence hollan- gique ne peut pas se faire sans l’aide des habitants de la région à prospecter. Il y a peu de route et daise à l’Oyapock (1597-1677). Il est né en 1928 à Rocawa. Il a vécu dans plusieurs villages avant de il faut marcher ou pagayer et pour s’orienter il vaut mieux l’aide des gens du fleuve. Ils y recon- devenir le dernier habitant du village palikur de Petit Toucouchy (le petit colibri). Une mission de naissent le jardin d’Eden là où nous n’y voyons que l’Enfer vert. l’A.G.A.E. avait nettoyé le cimetière du village de Petit Toucouchy puis nous y avions allumé des Marcel Sébéloué, agriculteur, pêcheur, chasseur, cueilleur, circule en forêt comme d’autres se pro- bougies le jour de la Toussaint 1978. «Compè Manuel» était moins loquace que notre ami Marcel mènent en ville. Grâce à lui, l’A.G.A.E. a pu localiser plus d’une vingtaine de grottes dont des mais il en savait plus sur les grands bois et ceux qui l’ont habités «an tan lontan». 192 193 Dès 1978, il m’avait guidé jusqu’à Trou reliquaire: un complexe de grottes funéraires de la mon- tagne Caripo à l’embouchure de l’Oyapock sur la rive française. Nous y sommes revenus avec lui en décembre 1990 pour filmer des oiseaux fabuleux, des coqs de roche orange ( Rupicola rupicola) Cet auteur fait d’Emmanuel Baptiste un «ancien capitaine palikur de Petit Toucouchy sur la dans leurs aires de combat, leurs «pitts» où le mâle dominant provoque les jeunes mâles. Un spec- Ouanary» ce qui est faux; il n’y a jamais eu de capitaine (grade colonial puis préfectoral) à Petit tacle rare et difficile à voir. Nous avions dormi dans la grotte, fait du feu et de la boucane; il avait Toucouchy mais ceci flatte l’orgueil d’un étudiant en archéologie dispensé du service militaire et chanté des chants sacrés palikur et, au matin du premier janvier 1991, un mince filet de fumée sor- employeur d’un «capitaine». tait du sol, d’entre cinq grosses pierres obstruant l’entrée d’une grotte: Trou Delft, un nouveau site Est-il scientifique de se servir des archives de l’A.G.A.E., son employeur comme V.A.T. archéo- funéraire post-colombien de la tradition Aristé. L’arêne des coqs de roche était là, déserte, à logue, sans nommer ses sources? Sa science s’opposerait au folklore et au chamanisme amérindien quelques pas. Des grenouilles bleues, dandrobates venimeuses sautaient autour du trou. Des singes pour aboutir à de nouvelles connaissances sur les amérindiens. Veut-il par là, ignorer que le cha- Saimiri sont venus nous voir ouvrir la tombe; ils se sont laissés filmer, criant comme des vieilles manisme est au centre des cultures amérindiennes et que les luttes entre chamans sont en très gran- pleureuses aux funérailles d’un ami défunt. de partie responsables des migrations anciennes et contemporaines des amérindiens des Guyanes? Tous ceux qui ont par la suite visité les sites archéologiques de Ouanary sont passés plusieurs fois L’exode récente des palikur de Petit Toucouchy est précisément due à l’activité néfaste de deux en aveugle à côté de Trou Delft faute d’avoir les yeux d’Emmanuel Baptiste pour le voir, faute aussi grands «pajés»: «défunt Manioc» et «défunt Constant». Emmanuel Baptiste y a perdu sa femme et peut-être d’une déontologie et d’une pratique qui ne s’apprennent pas en faculté. La recherche plusieurs enfants. Les survivants ont tous migré vers Cayenne. Comment prétendre expliquer les archéologique effectuée à Trou Delft a été faite en collaboration d’un chaman amérindien d’ethnie rites funéraires amérindiens en réduisant le chamanisme palikur a une gestuelle folklorique? Peut- palikur. Le chamane (iremben) nous a aidé à localiser le site et surtout à pénétrer dans cet espace on appréhender la nécrophagie rituelle où les cendres du défunt sont mélangées dans un «migan» sacré. Par respect pour les morts, une cérémonie chamanistique a précédé l’enlèvement des cinq collectif et partagés par tous si, dans son programme scientifique archéologique (SIC) le chaman rochers obstruant l’entrée de la cavité. J’ai fait une offrande d’encens «kunawalu», un encens récol- Emmanuel Baptiste est réduit au rôle de manoeuvre ouvrier sans qualification dans un site revisi- té dans le nid d’une grenouille arboricole et réputé comme «chance» à la chasse et en amour. Le cha- té? mane a récité une prière en «langue fine» «kiaptunka», il a distribué du cachiri (bière de manioc) à La connaissance sur les sites funéraires a forcément un caractère sacré et le rituel chamanistique toute l’équipe puis en a renversé dans le trou pour les morts afin, dit-il, d’avertir «l’allié» de notre avant la fouille archéologique marque le respect des archéologues pour des lieux sacrés en même visite et de nos intentions. Toute la scène a été filmée par un caméraman amérindien, Maurice temps qu’il provoque et déclenche un discours sur les rites funéraires anciens. Tiouka. La télévision R.F.O. Guyane en a fait une émission spéciale plusieurs fois rediffusée. La chance de cette mission archéologique ce fut d’avoir une équipe comprenant un chamane palikur, L’étude du puits funéraire de Trou Delft s’est faite dans le respect des populations actuelles et un caméraman kalina et des habitants du bas-Oyapock.. Et pourtant cette démarche a été critiquée anciennes selon trois axes de recherche: par un archéologue français en ces termes: 1) Analyse des données historiques et cartographiques. «Si des missions archéologiques folkloriques, durant lesquelles des chamans amérindiens procè- 2) Collecte et respect des traditions orales créoles et amérindiennes. Topographie et fouille archéo- dent, avant les fouilles, à divers rituels et offrandes cadrés par des caméras de télévision, se réali- logique du site. sent encore, des programmes archéologiques scientifiques sont mis en place, qui apportent de nou- 3) Analyse du matériel archéologique et datation par l’expertise de la faïence bleue trouvée parmi velles connaissances, esquissent les ouvertures à venir et en suggèrent les méthodes.» S. Rostain le mobilier funéraire. (1990). Cette expertise fut menée avec l’aide précieuse du Docteur C. Dubelaar et du Docteur Hoffman de l’Université de Leiden, tous deux hollandais et membres de l’A.I.A.C. La faïence bleue a été échan- gée à un flamand traitant avec les indiens de l’Oyapock entre 1630 et 1677. 194 195 Le mobilier funéraire a été restauré et sera prochainement exposé au public guyanais. De là viendrait le nom de Brigandin. Les vestiges d’occupations anciennes sont visibles dans cette La recherche archéologique au site de Brigandin. zone; à commencer par ces savanes très vraisemblablement anthropiques. Des champs surélevés J’ai effectué un travail de prospection archéologique sur le littoral des communes de , de ont été signalé par Turenne et étudiés par S. Rostain qui les attribue aux amérindiens. Sinnamary et d’ à l’exclusion de la zone du barrage de Petit Saut. Les amérindiens n’ont jamais vraiment quitté la région; aujourd’hui Les kalina (Galibi) sont sur- «Autorisation de prospection N°93006 Région côtière entre Kourou et Organabo. La zone de Petit tout présents sur la côte Ouest, à partir de la commune d’Iracoubo. Mr Sophie signale que son père Saut étant exclue. Autorisation délivrée le 15 Juillet 1993 par Mr Guy Mazière, Directeur du Service lui a raconté qu’à la fin du siècle dernier (vers 1880) une forte marée aurait endommagé la dune de Régional de l’Archéologie de Guyane à Hugues Petitjean Roget (A.G.A.E.).» sable sur laquelle se trouvait une habitation d’amérindiens sur le bas-rivière. Une aïeule de la famil- Selon Paul Laporte la zone prospectée pour la carte archéologique se présentait ainsi en 1915: le Létard racontait qu’il avait fallu un jour de grande marée démonter la case de bois chevillés entre «En tout cas, de mémoire d’homme, le tronçon entre Iracoubo et Mana n’a jamais été qu’un sen- deux marées pour sauver l’habitation familiale. Elle parlait aussi d’une autre grande marée qui tier, dont on attribue la création à l’Administration pénitentiaire à l’aide de la main d’oeuvre péna- autrefois, du temps de l’esclavage, avait attaqué les dunes de sable mettant à jour à marée basse de le, et dans le but de faciliter l’entretien de la ligne télégraphique établie par le service de l’Etat pour grandes jarres indiennes contenant des ossements humains; des urnes funéraires. La tradition orale relier Cayenne et le territoire réservé du Maroni. Sur le reste du parcours, de Kourou au bourg de créole de Sinnamary fait preuve ici d’une grande mémoire historique comparable à celle de Sinnamary et de ce point au bourg d’Iracoubo, ce fut toujours un vulgaire chemin de piétons ser- Saramaka étudiés par R.Price. pentant à travers les savanes, sauf quelques tronçons de largeur moyenne entre Sinnamary et Iracoubo... Sur tout le littoral, depuis la Pointe jusque et au delà de Sinnamary, la mer n’a cessé, SITE DE LA POINTE BRIGANDIN: analyse du sondage effectué. depuis trente ans, d’entamer la bordure de palétuviers où se faisait autrefois la culture du coton- Le site archéologique de la pointe Brigandin se trouve en coordonnées GPS par 5°25’850» de lati- nier. En certains endroits, la dune de sable située en arrière de ce rideau de terre alluvionnaire , a tude Nord et 53°00’132» de longitude Ouest à environ 3000 m du hameau de Brigandin par un che- été attaquée et quelques habitations entraînées par cette érosion. Le chemin dit de l’anse, qui pas- min de forêt de dune orienté 330° Nord/Ouest à partir de la propriété Létard. Le sondage de 3m2 sait au pied de cette dune de sable, a presque disparu. Quand on navigue le long de ces côtes, la a été réalisé du mois de septembre 94 au mois de décembre 94. Le travail a été effectué par demi- vue des plages de sable, des rochers dénudés, surtout ceux qui forment les battures de journée, il n’a pas été possible de dormir sur le site. L’autorisation de sondage a été accordée avec et des maisons blanches des habitations, est admirable».(Paul Laporte 1915). deux objectifs précis: Vérifier l’existence d’une stratigraphie et évaluer l’épaisseur de la couche archéologique. L’enquête ethno-historique est grandement facilitée par les deux ouvrages de Mr René-Claude La flore du cordon littoral autour de la roche de la pointe Brigandin est constituée de palmiers Coeta: «SINNAMARY (1624-1848)» et «Le Guyanais en 1848 ses origines, son nom IRACOUBO». Il divers , de Courbarils, de Mombins, d’un grand nombre de plantes épiphytes et de plusieurs a étudié l’origine des patronymes guyanais et signale les noms d’habitation et leurs emplacements espèces de cactus. L’inventaire de la flore a été commencé par une équipe de l’O.R.S.T.O.M.. On approximatifs. peut déjà noter la richesse floristique de ce cordon sableux par rapport à la flore mono-spécifique J’ai bénéficié de l’aide de deux sinnamariens connaisseurs de la tradition orale: Mr Philogène de la mangrove qui l’encercle. La faune est très variée sans être abondante dans la mangrove autour Sophie habitant du début de la piste Jojo et Mr Maurice Létard, habitant de Brigandin. du site et partout, en toutes saisons, papillons, fourmis, guêpes, mouches, taons et des milliers de Le premier m’a renseigné sur les habitations créoles actuelles et anciennes; le second m’a livré des moustiques. Je n’y ai pas mis les pieds de nuit: j’aurais pu y voir la faune nocturne: tatous, pacs «histoires de famille» l’une relative à la découverte de poteries et d’ossements après une très forte mais aussi les serpents, le puma et le jaguar. marée; l’autre sur l’origine du nom de Brigandin. Autrefois, dit-il, on y allumait un grand feu pour attirer les voiliers vers la côte, ils faisaient naufrage sur la roche et étaient pillés. 196 197 L’orientation des sondages A.B.C. est Nord-Sud alors que l’orientation générale des dunes de sable Le «canari» créole est bien d’origine amérindienne même s’il désigne encore aujourd’hui des chau- de Brigandin est Nord/Ouest, Sud/Est. Le sondage A a été fouillé le premier en stratigraphie arti- drons vernissés fabriqués à Valauris en . ficielle. Le Sondage C a permis de retrouver un ensemble de tessons d’une même poterie du niveau La «Watarakan»: jarre à eau à col étroit non peinte et bien lustrée, faite avec un mélange de terre -50 cm. Le sondage B a été fouillé le dernier et il a permis de recueillir du charbon de bois pour une riche en cendres d’écorce de «kwépi» pour la rendre poreuse ce qui permet de garder l’eau toujours datation future (Tardy/O.R.S.T.O.M.). Les 3 sondages montrent que la couche de sable varie de fraîche. 80cm à 1m. Le tapis racinaire et la couche d’humus est mince; Les tessons sont présents dès la sur- La «Samaku» grande jarre à cachiri épaisse dont la face interne est attaquée par le cachiri. Elle est face à cause de l’érosion, des arbres déracinés, des terriers d’animaux mais la céramique en place indispensable et rythme la vie quotidienne. se trouve dès le niveau -20 cm jusqu’au niveau -80 cm où le sable est stérile, compacte et de cou- La «Sabela» bol à boire le cachiri de la taille du «coui» de calebasse qu’il limite et qu’il remplace leur ocre jaune. Il y a donc en moyenne 60cm de sols anthropiques. dans les grandes occasions. La platine à manioc, alindu «grand cercle plat de céramique épaisse de 12 à 15 mm sur lequel on Répartition des tessons récoltés dans un sondage ABC de 3 m2 au sol. cuit le manioc pour faire de la cassave ou du couac. Sondage orienté nord/Sud situé entre la roche à polissoirs et la roche de la pointe en retrait par rapport au socle de l’ancien phare de la pointe Brigandin sur le cordon littoral ancien dans la man- Matériel lithique de Brigandin: grove de la rive gauche du fleuve Sinnamary en Guyane Française 2007 tessons ont été récoltés 502 pièces lithiques ont été collectées dans les sondages ABC: dans 2,4 m3 de sable. 35 cailloux non retouchés, probablement des fragments de la roche primaire qui affleure et a donné Tessons de panse (ni bord ni fond + platines) de 12mm=66t= 3,28% son nom au site: roche Brigandin. Tessons de panse de 10 mm d’épaisseur= 144t= 7,17% 105 galets de quartz blanc arrondis et non retouchés de 2 cm à 8 cm de long ces galets naturels ont Tessons de panse de 8 mm d’ép.= 764t= 38,06% probablement été amenés sur le site. Ils sont très différents de la roche-mère à Brigandin. Tessons de panse de 6mm d’ép.= 692t= 34,47% 196 éclats de quartz ont passé dans un tamis de chantier de 1,8cm de taille de maille. Tessons avec une engobe rouge 77t= 3,83% 166 éclats de quartz sont restés dans le tamis (taille supérieure à 1,8 cm). Ils sont longs de 2 cm à 8 Tessons de bord= 256t= 12,75% cm. Beaucoup d’éclats présentent une face du cortex du galet. Il pourrait s’agir d’éclats de débita- Tessons de bords rouges= 20t= 0,99% ge. Contrairement au silex, à l’obsidienne ou au jaspe, 3 types Tessons de bords de 6 à 8 mm d’ép= 236t= 11,75% de pierres utilisées pour fabriquer des outil sur éclat, le quartz propage mal l’onde de choc du per- Total des tessons recoltés= 2007t= 100% cuteur. C’est un matériau médiocre pour faire des pointes de flèches ou des lames. Les poissons des côtes de Guyane possèdent des «piquants» qu’ont peut utiliser comme pointe de flèche. Les éclats L’étude céramique est en cours.L’étude des dégraissants montre que la pâte est formée d’une argi- de quartz ne semble pas avoir été débités pour faire des pointes de flèche mais plutôt comme le chargée de grains de quartz et parfois d’écorce de «kwépi». La potière domine nettement son art «dents» de grage à manioc. Il existe encore des râpes à manioc composées d’une planche de bois et produits des pots fins. On peut distinguer quatre grands ensembles de poterie à Brigandin. dans laquelle sont incrustés de petits éclats de pierre. Les populations amériendiennes de Guyane J’utilise la typologie kalina, probablement celle des «gens» de Brigandin. connaissaient ce procédé de fabrication et ce n’est qu’à l’époque colonial que la râpe à manioc La «Tukuwari», grande poterie utilitaire. On dit «tukuwari canari» pour les terrinesqui vont au feu. incrustée de pierres taillées a été remplacée par l’actuelle «grage à manioc» composée d’une Le mot canari d’origine karib a été introduit très tôt dans la langue française et il s’est même répan- planche de bois incrustée d’éclats de métal obtenus à partir de vieux chaudrons de fonte méthodi- du dans toute l’Afrique francophone à tel point qu’on avait cru qu’il s’agissait d’une survivance quement cassés. africaine dans le parler des îles. 199 198 Polissoirs de la pointe Brigandin : L’inventaire des polissoirs de Brigandin reste à faire. Nous avons fait un calque d’un ensemble de BIBLIOGRAPHIE pour servir l’Achéologie en Guyane: polissoirs. Un film plastique transparent a été déposé sur la surface de la roche et les polissoirs ont ABONNENC Emile 1952 : Inventaire et distribution des sites archéologiques en Guyane Française, été recopiés au marqueur; un trait pour les polissoirs en fuseau, un ovale pour les polissoirs en J.S.A. 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204 205 Carbet réalisé par l’auteur sur le site de Trois sauts

Carbet-cuisine : les galettes de manioc sèchent au soleil.

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