Le Numérique À L'école Remis En Question
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Dans leurs mains, des de technophobie qui fait penser livres. Sur leur pupitre, un iPad. qu’on ne saura plus réfléchir. Mais Ils font un «rallye de lecture»: ils le numérique doit être un outil répondent sur leur tablette à des parmi d’autres à l’école, comme questions en lien avec les diffé- les craies ou le livre.» rentes histoires qu’ils ont sous L’Institut International de Lancy les yeux. Dans la salle trône aussi à Genève est la première école pri- un grand écran tactile, destiné à vée suisse à avoir introduit l’iPad projeter notamment les présen- en «1 to 1» en 2011. Neuf ans après, tations des élèves. Caroline Duret, enseignante du Nous sommes dans une classe de secondaire et formatrice des ensei- Haut-Lac, une école privée inter- gnants, juge le bilan positif. «Les nationale bilingue à Saint-Légier notes sont toujours excellentes, dans le canton de Vaud. L’établis- précise-t-elle, sans que l’on puisse sement a instauré, après un pro- attribuer ce succès ou non à l’iPad.» jet pilote de 2014 à 2016 avec la Mais «nos élèves en retirent un Haute Ecole pédagogique du can- bénéfice majeur grâce à la person- ton de Vaud, le système «un iPad nalisation des apprentissages que – un élève» («1 to 1»), en fournis- permettent les technologies numé- sant une tablette par personne à riques. Ils développent aussi des partir de 8 ans. compétences telles que l’autono- mie, la créativité, la collaboration et Cinq niveaux de dictée l’esprit critique.» C’est aussi l’avis différents de Philippe de Korodi, directeur du Cet outil permet de faire de Collège Champittet, où le «1 to 1» la «pédagogie différenciée», se existe aussi. «C’est motivant pour réjouit Grégory Liégeois, respon- un élève, en cours de biologie par sable de la technologie éducative exemple, d’étudier l’humain via à Haut-Lac. «On ne va pas ensei- une application qui permet d’ex- gner la même chose à un élève plorer le corps de l’intérieur.» francophone et à un autre qui est Nombre d’écoles privées ont introduit le «1 to 1» en fournissant une tablette par élève. (ROBERT DALY/ICONICA) Et ces écoles considèrent que là depuis deux mois. Pour les dic- le temps d’écran en classe est tées, par exemple, les élèves pour- maîtrisé: entre une heure et ront suivre sur leur tablette cinq en lien avec le numérique. Nous de kilomètres de là, dans la Silicon une heure et quart par jour en niveaux de dictée différents.» allons réaliser une étude sur dix- «La bonne nouvelle est que les résultats Valley, l’école primaire prisée du classe, estime Philippe de Korodi. Plusieurs écoles sont réunies ce huit mois auprès de nos élèves et coin enseigne la pédagogie Stei- Mieux, avancent-elles, les cours matin d’avril à Haut-Lac pour pré- professeurs pour vérifier que les scolaires ne sont pas moins bons avec ner-Waldorf, qui promet une édu- apprennent aussi aux élèves à être senter leurs pratiques du numé- tablettes sont utiles.» les tablettes, mais la mauvaise nouvelle cation sans écran, rapportait en maîtres de ces outils. C’est ce que rique dans le cadre du premier mars le New York Times. Un déca- souligne Annette Rieche, direc- Vaud School Lab, une initiative lan- Plus un argument est qu’ils ne sont pas meilleurs» lage étonnant. trice académique de l’Institut cée par l’Association vaudoise des auprès des parents ALAIN MOSER, DIRECTEUR DE L’ECOLE MOSER Catholique Mont-Olivet. L’établis- écoles privées pour explorer les Plusieurs facteurs ont mené à Pour préparer les élèves sement a introduit les tablettes en nouvelles méthodes d’enseigne- cette remise en question. «Les au monde de demain «1 to 1» dès 11 ans en janvier der- ment. Le numérique à l’école est élèves ont du plaisir et de la retombé. «L’usage des iPad n’est pas ensuite, parce que l’outil n’est Pierre Dillenbourg est profes- nier. «Nous allons leur apprendre donc une réalité pour ces établis- motivation à utiliser les iPad. La plus un argument de vente auprès déjà plus à la mode.» seur à l’EPFL et responsable du à devenir des citoyens numé- sements depuis plusieurs années. bonne nouvelle est que les résul- d’eux. Ils sont sceptiques à cause A Genève, la conseillère d’Etat Swiss EdTech Collider, un incuba- riques responsables, sur la ques- C’est aussi le cas pour l’Ecole tats scolaires ne sont pas moins des ondes et de l’exposition aux Anne Emery-Torracinta a teur de start-up dans le domaine tion de la maîtrise de l’informa- Moser, à Genève et à Nyon. Mais bons avec les tablettes, mais la écrans.» annoncé en novembre le virage de l’éducation numérique. Il réa- tion, de la réputation numérique son directeur, Alain Moser, envi- mauvaise nouvelle est qu’ils ne Si les résultats de l’étude ne sont numérique de l’école publique. git à la possibilité de renoncer au ou encore du droit d’auteur.» sage de changer de cap. «En 2014, sont pas meilleurs, constate Alain pas concluants, l’Ecole Moser ne Dans le canton de Vaud, des éta- numérique à l’école: «L’école ne Un peu, beaucoup, passionné- nous avons équipé tous nos élèves Moser. Il faut une vraie réflexion fournira plus d’iPad: «Ils appor- blissements pilotes vaudois du peut pas se blinder et être dans ment ou pas du tout connectées, d’iPad dès le cycle. Aujourd’hui, sur la pertinence de ces outils.» teront à l’occasion leur propre cycle obligatoire testent l’édu- une bulle! Ne pas utiliser d’ordina- les écoles et leurs choix concer- nous avons décidé de mettre Du côté des parents aussi, précise ordinateur, mais pas une tablette cation au numérique depuis fin teur à l’école, c’est ne pas préparer nant le numérique n’ont pas fini sur pause tout nouveau projet le directeur, l’enthousiasme est qu’ils n’utiliseront de toute façon août. En parallèle et à des milliers les élèves à la société de demain.» de faire parler. n PUBLICITÉ C M Y K LE TEMPS VENDREDI 26 AVRIL 2019 22 Carrières A l’école (privée), même en été SCOLARITÉ Les écoles privées de Suisse romande sont nombreuses à proposer des cours pendant l’été. Une façon pour les élèves de se remettre à niveau et surtout une bonne vitrine pour les établissements JULIE EIGENMANN de la promotion.» L’Ecole Interna- branches principales (le français, t @JulieEigenmann tionale Brillantmont à Lausanne l’allemand, l’anglais et les maths) partage ce constat: «Entre 5 et 8% sont étudiées, parce qu’elles cor- Chaque été depuis 2015, Shanna, des jeunes qui suivent des cours respondent à la demande.» Mais 16 ans, passe deux semaines de d’été continuent à l’année; c’est un la classe ne se fait pas selon une ses vacances à l’Ecole Bersot, petit pourcentage, mais important forme classique. Chaque élève à Genève. C’est l’établissement quand même», confirme la direc- a un programme individuel dans lequel elle étudie à l’année. trice des relations externes, Sarah qui lui correspond. «Pour ceux «Shanna souffre de dyscalculie Frei. qui passent l’année sur le fil, ça et a donc beaucoup de difficultés Le programme des cours d’été devient presque une exigence, scolaires, confie sa mère, Mary- à Brillantmont? Dans la même détaille la directrice. On voit vrai- line. Les cours d’été sont indis- veine que la majorité des écoles. ment la différence à la rentrée.» pensables, ça lui permet de révi- Langues (français et anglais) le Un programme qui peut paraître ser avant la rentrée.» Elle ajoute matin et sport l’après-midi, avec trop sérieux, mais c’est compter que les activités plus ludiques un vaste programme d’excursions sans les activités de l’après-midi: proposées par l’école l’après- les week-ends. rafting, accrobranche ou encore midi sont aussi «très importantes pour s’amuser et rapprocher les élèves». Un programme scolaire estival «Si certains établissements choisissent qui a plu à Shanna puisqu’il était «adapté à [ses] besoins», bien de fermer l’été, d’autres y voient qu’il ne soit pas toujours facile, précise-t-elle, de se lever le matin. l’opportunité de montrer leurs activités, de faire de la promotion» Des programmes axés sport BAPTISTE MÜLLER et langues SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ASSOCIATION VAUDOISE DES ÉCOLES PRIVÉES En Suisse romande, les cours d’été existent depuis longtemps dans les écoles privées, «parce qu’ils complètent à merveille Les élèves, de 10 à 17 ans, y excursion à Genève-Plage.