S O M M A I R E

INTRODUCTION 5

A. PRESENTATION PHYSIQUE DE LA BASSE VALLEE 7

A.1 Présentation du bassin versant 7 A.1.1 Présentation générale 7 A.1.2 L’influence de la marée 7 A.1.3 Le réseau hydrographique naturel et artificiel 8 A.1.4 Régime pluviométrique 8

A.2 Contexte géomorphologique et géologique 9 A.2.1 Présentation géomorphologique 9 A.2.2 Contexte géologique 10

A.3 Hydrogéologie de la Basse Vallée de l’ 11 A.3.1 Présentation générale 11 A.3.2 La Nappe de la craie : rôles et interactions avec la nappe alluviale et le cours d’eau 12 A.3.3 Qualité des eaux de la Nappe de la craie 13

A.4 Régime hydrologique de l’Authie 13 A.4.1 Présentation générale 13 A.4.2 Les périodes de crue 14

B. LES ZONES HUMIDES DE LA BASSE VALLEE DE L’AUTHIE : PATRIMOINE ECOLOGIQUE ET « INFRASTRUCTURES NATURELLES » 15

B.1 Un milieu d’une grande valeur écologique 15 B.1.1 Statuts de protection des milieux et paysages et zones d’inventaire 15 B.1.2 Valeur floristique 17 B.1.3 Valeur faunistique 18 B.1.4 Synthèse écosystémique 21

B.2 Actions régulatrices sur le régime du fleuve (laminage des crues) 22 B.2.1 Laminage des crues 22 B.2.2 Recharge de la nappe et soutien des étiages 26

B.3 Un pouvoir épurateur naturel 27 B.3.1 Les nitrates 27 B.3.2 Les phosphates 29

B.4 Un bassin de rétention des sédiments 30 B.4.1 La dynamique naturelle de rétention des sédiments 30 B.4.2 Les MES en Basse Vallée de l’Authie 31

B.5 Bilan des fonctions assurées par les zones humides 33

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

C. PRESENTATION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA BASSE VALLEE DE L’AUTHIE 34

C.1 Histoire et paysages 34 C.1.1 Epoque gallo-romaine et Moyen Age 34 C.1.2 XVIIIème et XIXème siècles : politique hygiéniste et assèchement des marais 34 C.1.3 XXème siècle et évolutions récentes 35

C.2 Occupation des sols actuelle 36

C.3 Les usages de l’eau en Basse-vallee 37

C.4 Modes d’utilisation des zones humides 38 C.4.1 Activités minières et industrielles 38 C.4.2 Productions primaires 38 C.4.3 Activités récréatives 43 C.4.4 Chasse 45 C.4.5 Tourisme 46

C.5 Bilan des activités associées aux zones humides 48

D. ESTIMATION DE LA « VALEUR ECONOMIQUE DURABLE » DES ZONES HUMIDES 50

D.1 Evaluation de la valeur économique « directe » 51 D.1.1 Agriculture 51 D.1.2 Populiculture 54 D.1.3 Chasse et pêche 55 D.1.4 Tourisme 57

D.2 Evaluation des services rendus en tant qu’infrastructures naturelles 60 D.2.1 Dommages épargnés liés à la diminution des inondations 60 D.2.2 Service rendu en matière de préservation de la qualité des eaux 64

D.3 Valeur recreative et patrimoniale 66 D.3.1 Exemples d’estimations par recours à la Méthode d’Evaluation Contingente (MEC) 66 D.3.2 Application à la Basse Vallée de l’Authie 69

D.4 Bilan de la valeur des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie 70

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

E. POLITIQUES DE GESTION ACTUELLES ET A VENIR 73

E.1 Etude critique des politiques actuelles 73 E.1.1 Orientations du SDAGE Artois-Picardie 73 E.1.2 Primes, subventions et fiscalité locale 74

E.2 Prévention et gestion du risque d’inondation 75

E.3 Perspectives et mesures d’encouragement nécessaires 76 E.3.1 Outils pour le Développement durable du bassin versant 76 E.3.2 Pour une évolution de la législation en faveur des zones humides 79 E.3.3 2006 : une étape importante pour la gestion des zones humides à l’échelle régionale 80

CONCLUSION 81

GLOSSAIRE 83

BIBLIOGRAPHIE 87

ANNEXES 93

TABLE DES CARTES 101

TABLE DES ILLUSTRATIONS 103

REMERCIEMENTS 105

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. I N T R O D U C T I O N

L’Authie, fleuve côtier long d’une petite centaine de kilomètres situé à la limite de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, est l’un des cours d’eau dont la qualité de l’eau est la meilleure, mais aussi l’un des plus vulnérables du bassin Artois-Picardie. Cette vulnérabilité est liée à la très grande richesse des milieux qui y sont représentés, caractérisée par la présence dans le lit majeur du cours d’eau d’un chapelet de zones humides. Ces marais, prairies humides, ou autres étangs constituent en effet un complexe de zones humides remarquable, dont la protection est l’un des objectifs prioritaires du SDAGE du bassin Artois-Picardie.

La Basse Vallée, secteur dans lequel se concentre la majeure partie des zones humides du bassin versant, constitue la partie en aval du fleuve, située aussitôt en amont de l’estuaire et des Bas champs picards. Elle recouvre partiellement quatorze communes, réparties sur deux départements : Colline-Beaumont, Tigny-Noyelle, Nempont-Saint-Firmin, Roussent, Maintenay, Saulchoy, Douriez et Tortefontaine dans le Pas-de-Calais et Villers-s/Authie, -Saint-Martin, , , Ponches-Estruval et Dompierre-s/Authie dans la . Le lit majeur couvre alors près de 24 km², sur une vingtaine de kilomètres de long (voir carte).

Les zones humides constituent un milieu tout à fait particulier. Ce terme, très général, est défini par la Convention de Ramsar (1971) comme regroupant « les étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ».

Ces espaces sont depuis quelques années l’objet d’une vigilance particulière, notamment en raison de leur très importante valeur écologique. Les sites gérés par les Conservatoires des Sites Naturels, le statut de ZNIEFF* et le périmètre proposé pour intégrer le réseau Natura 2000 en Basse Vallée de l’Authie sont notamment là pour en témoigner.

Cette valeur d’habitat naturel remarquable, aujourd’hui unanimement reconnue, est cependant loin d’être la seule qualité des zones humides. Leur rôle comme support des activités économiques locales (agriculture, loisirs, tourisme) mais aussi leurs fonctions « d’infrastructures naturelles » peuvent également être mis en évidence. On connaît en effet aujourd’hui plus précisément les potentialités de ces milieux dans l’épuration des eaux, la régulation des crues* et des étiages*, ou encore la rétention des sédiments. L’ensemble de ces « services rendus » sont ainsi à prendre en considération par les collectivités dans leur gestion de ces milieux et dans la reconnaissance de leur véritable « valeur ».

L’objectif de la présente étude est donc triple : ° Décrire et analyser le rôle des zones humides dans le fonctionnement général du bassin versant de l’Authie, et de la Basse Vallée en particulier ; ° Présenter et quantifier les services assurés par ces zones humides, notamment en tant qu’« infrastructures naturelles » ; ° Proposer une évaluation de la valeur économique des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

A. PRESENTATION PHYSIQUE DE LA BASSE VALLEE

A.1 PRESENTATION DU BASSIN VERSANT A.1.1 Présentation générale

L’Authie prend sa source à (Somme) et se jette dans la Manche entre Berck (Pas-de-Calais) et Fort-Mahon (Somme), près de 95 km plus loin. Culminant à 98 m d’altitude, la pente moyenne est donc proche de 10/00. L’Authie draine un bassin versant très allongé (environ 80 km) de près de 890 km² (984 km² si on considère la zone estuarienne des Bas Champs) dont le point culminant s’élève à 120 mètres. Au-delà de Colline-Beaumont, la topographie extrêmement plane de la zone, drainée artificiellement, ne permet plus d’envisager les écoulements dans une structure de bassin versant.

Le fleuve méandre au sein d’un lit majeur d’une largeur moyenne de l’ordre du kilomètre. Le lit mineur ne dépasse quant à lui guère une dizaine de mètres dans sa partie basse.

La vallée peut se découper en trois parties assez distinctes : ° La majeure partie de la vallée (725 km²), en amont de Dompierre-s/Authie, est nettement entaillée, avec une pente marquée, et abritant un grand nombre de vallons secondaires, secs pour bon nombre d’entre eux ; ° De Dompierre-s/Authie à Colline-Beaumont, la vallée s’élargit et la pente s’affaiblit nettement. Cette zone, ancienne zone de remblayage par les eaux marines, est parsemée d’étangs et de tourbières et est parcourue par un réseau dense de fossés et de canaux de dessèchement. C’est sur les zones riveraines du cours d’eau au sein de cette section de plus de 100 km² du bassin versant, appelée Basse Vallée, que se concentre la présente étude. Les zones humides s’étendent alors parmi le lit majeur, sur une vingtaine de kilomètres carrés ; ° En aval de Colline-Beaumont et de Villers-s/Authie, se développe l’estuaire de l’Authie, entièrement endiguée et jalonnée de portes à marées.

A.1.2 L’influence de la marée

En sortie de la Basse Vallée, à Colline-Beaumont, l’Authie parcourt encore 8 km avant de rejoindre l’estuaire et près du double pour atteindre la baie. Si l’effet des marées se fait pourtant sentir sur le cours du fleuve au niveau de la Basse Vallée, l’abandon des portes à marée de Colline-Beaumont témoignent du peu d’impacts observés.

Ceci n’est pourtant pas à négliger lors des épisodes de crues hivernales. La marée, associée au phénomène de surcote (conséquence de la faible pression atmosphérique), contribue alors de manière sensible à la variation de la hauteur d’eau, provoquant ainsi une accentuation importante des inondations.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. A.1.3 Le réseau hydrographique naturel et artificiel

Du fait des très bonnes qualités d’infiltration du sous-sol, le réseau hydrographique est quasi inexistant sur le plateau. Seuls quelques écoulements temporaires sont présents au sien des talwegs.

Le réseau hydrographique, d’une faible densité, est caractérisé par la présence de deux principaux affluents, La Grouche et la Quilienne, situés en rive droite dans la partie amont du fleuve et longs de respectivement 14 et 8,5 kilomètres. Ces petits sous-bassins versants contribuent à accentuer le caractère allongé du bassin de l’Authie. La Basse Vallée n’est quant à elle alimentée que par des ruisseaux modestes, souvent intermittents, et par les sources présentes dans le fond de la vallée à la faveur du contact avec la Nappe de la craie. Le fond de la vallée se situe en effet sur des terrains beaucoup moins infiltrants et constitue une zone naturellement marécageuse.

L’une des particularités de la Basse Vallée tient par ailleurs à l’importance du réseau de drainage autour du fleuve et du fort degré d’anthropisation du fonctionnement hydraulique du fleuve et de son réseau hydrographique. En Basse Vallée, de l’amont vers l’aval, on peut ainsi observer les canaux du Marais du Haut Pont (5,5 km, dont une partie en amont du secteur), du Marais (11 km, dont une partie en amont), de Dessèchement (15,9 km), de Fresne (5,1 km) et le Fossé Winter (2,6 km). Viennent enfin s’ajouter à ces canaux principaux un ensemble complexe de fossés de débordement et de drains secondaires.

L’importance du réseau de drainage est le fait de plusieurs facteurs historiques : ° La lutte contre la mer et l’influence de la marée ; ° La volonté ancienne d’aménager ces terres naturellement humides et marécageuses en terres agricoles ; ° L’exploitation ancienne et intensive de la force hydraulique au travers des moulins, aujourd’hui abandonnée (du moins dans leur fonction initiale).

A.1.4 Régime pluviométrique

Le climat du bassin versant de l’Authie est tempéré océanique. La pluviométrie annuelle moyenne s’établit entre 750 et 900 mm/an. Les vents dominants sont de secteur Ouest, Nord-Ouest et Sud-Ouest.

Les données pluviométriques annuelles moyennes sont renseignées par le suivi de la station Météo- de Dompierre-s/Authie, c’est-à-dire en entrée de la Basse Vallée.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Précipitations mensuelles moyennes à Dompierre-s/Authie entre 1982 et 1994

Lame d’eau précipitée (en mm) Janvier 81 Février 55 Mars 74 Avril 63 Mai 56 Juin 77 Juillet 73 Août 61 Septembre 77 Octobre 105 Novembre 89 Décembre 104 Total 915

Données Météo-France (in SOGREAH, 1999-a).

La pluviométrie mensuelle moyenne dans le bassin versant est régulière et les variations saisonnières peu marquées. Les mois de septembre à janvier sont les mois durant lesquels les cumuls de précipitations sont les plus importants.

A.2 CONTEXTE GEOMORPHOLOGIQUE ET GEOLOGIQUE A.2.1 Présentation géomorphologique

Le fleuve s’écoule dans une vallée à fond plat très nettement marquée. D’orientation générale Sud-Est / Nord-Ouest, la vallée s’incurve vers le Sud, à la faveur d’une faille locale, au milieu de la Basse Vallée. Cette direction générale caractéristique (elle est identique à celle de la Canche et de la Somme) est due à la présence de plis d’échelle régionale et à la localisation de la vallée au sein d’un important synclinal. Les thalwegs situés de part et d’autre de l’Authie suivent quant à eux tous un axe Nord-Est / Sud-Ouest, correspondant à un réseau de fractures (failles distensives) associé à ces phénomènes tectoniques.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Croquis géomorphologique de la Basse Vallée de l’Authie

A.2.2 Contexte géologique

La vallée est située dans la partie Nord-Ouest du Bassin parisien, encaissée dans sa partie basse dans les formations d’âges Mésozoïque, Pléistocène et Holocène. Les formations rencontrées dans la vallée sont, de haut en bas (SOGREAH, 1999) : ° Alluvions modernes (Holocène) : formations argileuses ou argilo-limoneuses, parsemées de lentilles de cailloutis de silex et de quelques niveaux tourbeux. Leur puissance est proche de 8 mètres. Dans la partie aval, ces alluvions se raccordent à la Formation du Marquenterre (une vingtaine de mètres de puissance au niveau de Fort-Mahon), caractérisée notamment par une succession de sédiments de marais côtiers de natures limono-sableuse et argilo-limoneuse reposant sur une faible couche d’argiles ; ° Cailloutis (Pléistocène) : alluvions anciennes de l’Authie, constituées de galets et de sables. Visibles à l’Ouest de Dompierre-s/Authie ; ° Lœss (Pléistocène) : limons éoliens déposés sur les plateaux et les versants sur une épaisseur moyenne de 2 à 3 mètres ; ° Sables et grès d’Ostricourt (Eocène, Landénien) : très peu représentés.

Puis une puissante série crétacée : ° Craie phosphatée du Campanien : peu répandue ; ° Craie blanche du Sénonien (Coniacien et Santonien) : craie fine, pure, épaisse d’une cinquantaine de mètres. Affleurante tout le long de l’Authie et sur les plateaux ; ° Craie à Micraster leskei du Turonien supérieur : craie grisâtre et à tendance glauconieuse. Son épaisseur est d’environ une dizaine de mètres. Affleurante à l’Est de Douriez, au niveau des talwegs ; ° Marnes à Terebratulina rigida du Turonien moyen : Marnes crayeuses bleuâtres, épaisses de trente à quarante mètres. A la base de la formation,

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. les marnes sont franches, tandis qu’au sommet se trouve une alternance de marnes et de craie. Cette formation est affleurante à l’Est de Dompierre- s/Authie, au niveau des talwegs ; ° Marnes à Inoceramus labiatus du Turonien inférieur : Marnes plastiques verdâtres, d’une trentaine de mètres d’épaisseur. Affleurantes à l’Est de Dompierre-s/Authie, au niveau des talwegs.

Cette dernière couche est considérée comme la base de l’aquifère* crayeux picard. Elle domine une puissante série de craies Cénomaniennes (Crétacé) peu perméables, déposée sur le grès du Trias.

Les formations crayeuses et marneuses du Crétacé supérieur ont un pendage assez faible, mais plus fort que la pente moyenne de l’Authie, dirigée vers le Sud-Sud- Ouest. Le fleuve recoupe donc des formations de plus en plus récentes de l’amont vers l’aval. La Basse Vallée correspond ainsi à l’entrée du lit mineur du fleuve au sein de la craie Sénonienne. Cette dernière couche se retrouve ainsi à 2 m sous les formations Quaternaires (sur moins de 10 m d’épaisseur) au niveau du forage de Roussent (données BRGM).

Relation entre l’Authie et son encaissant géologique

Auxi-le- Dompierre-s/A. Chateau

Profil longitudinal du talweg

Pendage des couches

Craie Marnes Sénonienne Turoniennes

SOGREAH (1999-a).

A.3 HYDROGEOLOGIE DE LA BASSE VALLEE DE L’AUTHIE A.3.1 Présentation générale

Quatre aquifères principaux peuvent être discernés au niveau du bassin versant : ° La nappe des alluvions de l’Authie : incluse dans les formations sablo- limoneuses des alluvions holocènes, ses capacités sont assez limitées en raison de leur forte proportion d’argiles ; ° La nappe des limons de plateaux : nappe très superficielle, fortement discontinue et peu épaisse (quelques mètres), elle apparaît lorsque les lœss reposent sur une formation peu perméable. Les eaux sont généralement très contaminées par les apports de surface ; ° La nappe du Turonien supérieur et du Sénonien : elle correspond à la majeure partie du complexe appelé communément « Nappe de la craie ». Avec des débits exploitables pouvant atteindre 200 m3/h (SOGREAH, 1999-a), cet aquifère constitue en effet la ressource principale de la région en eau

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. potable. La nappe est plus ou moins limitée à la base par les marnes du Turonien moyen ; ° La nappe du Turonien moyen : incluse dans les bancs crayeux prèsents en alternance avec les marnes Turoniennes. Elle est peu épaisse, de nature plus ou moins discontinue, et surtout peu productive ; les débits n’excèdent pas 30 m3/h (SOGREAH, 1999-a). La nappe est limitée à la base par les marnes du Turonien inférieur et plus ou moins isolée de la surface par les niveaux marneux du Turonien moyen.

Les trois nappes (Turonien moyen, Sénonien et alluvions) sont en relation hydraulique plus ou moins directe du fait de l’absence de niveau imperméable les séparant. Elles sont alors couramment interprétées comme un seul aquifère multicouche, appelé « Nappe de la craie ». L’hétérogénéité de l’aquifère crayeux est d’autant plus importante que viennent probablement s’ajouter, à la complexité de la structure interne de l’aquifère, l’influence des accidents tectoniques et des phénomènes karstiques locaux (Louche, 1997).

A.3.2 La Nappe de la craie : rôles et interactions avec la nappe alluviale et le cours d’eau

La Nappe de la craie est alimentée, via essentiellement l’infiltration au travers du riche réseau de fissures, par les précipitations tombées sur le plateau, les versants et la vallée. La zone de réalimentation de la nappe est donc essentiellement limitée aux plateaux et le bassin versant hydrogéologique est presque identique au bassin versant hydrologique, les limites se situant en moyenne entre 3 et 4 km au Sud et 7 et 8 km au Nord du talweg.

La zone de drainage est quant à elle uniquement constituée sur le secteur par la vallée de l’Authie, les écoulements souterrains convergeant vers la vallée selon un gradient moyen de 10 à 15%. La vallée constitue ainsi une véritable « gouttière hydrogéologique » (SOGREAH, 1999-a), expliquant la forte influence de la nappe sur le débit du fleuve. La part représentée par les apports de la Nappe de la craie dans l’alimentation de l’Authie est en effet très importante. Comme pour la Somme et la Canche, cette contribution des eaux souterraines au débit moyen du fleuve est ainsi estimée à 80 % (données BRGM) ; les 20 % restant correspondent aux ruissellements hivernaux.

La Basse Vallée, correspondant au passage du talweg de la craie Turonienne à la craie Sénonienne, constitue le secteur sur lequel la contribution de la nappe est la plus importante. Pourtant, les relations entre la nappe et le cours d’eau ne sont pas aussi directes que l’on pourrait le penser, notamment dans la partie la plus en aval de la Basse Vallée. La nappe peut en effet être considérée par secteurs comme étant semi-captive, en partie déconnectée du cours d’eau par la série d’alluvions récentes. Constituées localement de formations argilo-limoneuse et limono- sableuse, ces alluvions s’avèrent alors peu perméables et ne sont donc traversées que difficilement par les eaux issues de l’aquifère crayeux. Ces interrelations complexes sont ainsi à l’origine d’un semis de petites sources légèrement artésiennes et de la constitution des petits plans d’eau, tourbières alcalines et de diverses zones humides.

Du fait de ces relations étroites, la Nappe de la craie (et la nappe alluviale) joue donc un rôle majeur dans le fonctionnement complexe de l’hydrosystème : ° En régime moyen, la nappe alluviale et le talweg drainent de manière très importante la nappe, assurant ainsi l’alimentation du fleuve ;

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. ° En période sèche, la nappe soutient le débit du cours d’eau, limitant considérablement la période d’étiage ; ° En période pluvieuse au contraire, les hautes eaux de l’Authie peuvent contribuer à la recharge de la nappe. Les niveaux de la nappe sont cependant, notamment ces dernières années, assez hauts et le rechargement de la nappe ne s’opère qu’exceptionnellement.

Les conséquences sur le cours du fleuve et les zones humides riveraines sont doubles : ° Le régime des débits de l’Authie est très régulier ; ° Lors d’épisodes pluvieux prolongés, la concomitance de hauts niveaux du fleuve et du toit de la nappe provoque un très fort allongement des inondations associées à la crue. Ceci s’exprime tant en terme de superficie (les terres sont inondées par les remontées de nappe dans des zones en surface déconnectées du cours d’eau), qu’en terme de durée (la décrue et le ressuyage des nappes sont des phénomènes d’autant plus longs à intervenir que le système est en équilibre).

A.3.3 Qualité des eaux de la Nappe de la craie

L’Agence de l’Eau Artois-Picardie dispose d’un réseau de six stations permettant le suivi de la qualité de l’eau de la nappe sur le bassin versant de l’Authie depuis 1998. Deux stations se situent directement sur notre secteur (communes de Roussent et ) et deux à proximité immédiate (à Airon, au Nord-Ouest du bassin versant, et à Labroye, quelques kilomètres en amont de Dompierre-s/Authie). Les stations de et Auxi-le-Château (la plus en amont) complètent ce réseau.

La faible densité du réseau de stations de mesure rend difficile l’interprétation des évolutions des teneurs en polluants (notamment les nitrates) le long du cours de l’Authie. Les taux les plus forts semblent néanmoins se retrouver en Basse Vallée. La teneur moyenne en nitrate des eaux de la nappe à Roussent s’élève ainsi à 41 mg/L pour la période 1998-2001, contre 26,5 à Labroye, 27 à Boufflers et 19 mg/L à Auxi-le- Château. Ces points de mesure se situent tous les quatre au sein de vallons plus ou moins secs coupant orthogonalement la vallée de l’Authie, à respectivement 1500, 725, 900 et 625 m du cours d’eau.

Il est plus judicieux d’appréhender l’impact des zones humides sur les évolutions spatiales de la charge en polluants de la nappe en un profil transversal de la vallée. On remarque en effet que, nonobstant la part majeure constituée par les apports de la nappe dans l’alimentation du fleuve, les taux de nitrates observés dans ce dernier sont bien inférieurs que ceux au sein de la nappe. Si la simple dilution ne suffit pas à expliquer cette évolution marquée, c’est donc qu’il faut sans doute y voir une preuve de l’action épuratrice et de zone tampon des zones humides.

A.4 REGIME HYDROLOGIQUE DE L’AUTHIE A.4.1 Présentation générale

Le régime climatologique, le cadre géomorphologique et géologique, l’histoire des aménagements anthropiques le long du fleuve sont autant de facteurs déterminant le régime hydrologique complexe tout à fait particulier de l’Authie dans sa partie aval.

La station hydrologique de référence (gérée par la DIREN Nord-Pas-de-Calais) est située au niveau de la limite amont de la Basse Vallée, à Dompierre-s/Authie, permettant ainsi de connaître avec précision la situation en entrée du secteur.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Du fait de l’importance de la part de la Nappe de la craie dans l’alimentation du fleuve, les variations saisonnières de débit sont peu marquées et les débits extrêmes sont relativement faibles (le débit centennal à Dompierre-s/Authie est estimé à 30 m3/s). Les périodes de hautes eaux sont en revanche particulièrement longues. L’Authie bénéficie ainsi d’un débit régulier et relativement important. Son débit moyen est de 4 m3/s et son débit d’étiage de 2,4 m3/s (données DIREN, 1963-2001 ; in SOGREAH, 2002-b) .

A.4.2 Les périodes de crue

Les grandes inondations en vallée de l’Authie, sont maintenant bien connues et leur étude a permis de mieux comprendre le régime du fleuve. La crue de 1995 (fréquence de retour de vingt ans) a ainsi duré près de 6 mois et occasionné des inondations importantes sur toute la Basse Vallée. La pointe de débit s’est ainsi étalée sur plus de 1 mois. La troisième semaine de mars, les débits moyens journaliers observés à Dompierre-s/Authie se sont élevés à près de 24 m3/s pour une hauteur d’eau instantanée maximale de 138 cm (SOGREAH, 1997).

Les caractéristiques des grandes crues de l’Authie, comme en 1993-94, 1995 et 2001, sont : ° Un délai relativement important entre les pointes de pluviométrie et les pointes de débits ; ° Le maintien de débits forts sur de longues périodes sans apports pluviométriques importants.

Ceci est à mettre en relation avec l’importance de la Nappe de la craie dans l’alimentation du cours d’eau, mais aussi, dans une certaine mesure, au rôle joué par les zones humides adjacentes. Ainsi les inondations du lit majeur ne sont pas forcément associées à des débordements directs du fleuve, mais souvent à la seule remontée de la nappe. Se forment alors des poches d’eau importantes au sein du lit majeur, déconnectées du cours de l’Authie et amplifiées par le stockage d’eau de pluie ne trouvant plus d’exutoire. Quoique d’un degré de précision contestable, la modélisation réalisée pour l’Atlas des zones inondables, en considérant une crue centennale dans un contexte de libre circulation des eaux (systèmes de vannages ouverts), ne prévoit ainsi aucun débordement de l’Authie (SOGREAH, 2002-a).

On observe au contraire, dans le contexte de mauvaise gestion des vannages observé lors des dernières crues, des débordements du fleuve, notamment entre Dompierre-s/Authie et Nempont-Saint-Firmin. La crue de Nappe reste pourtant l’élément majeur des inondations et on observe, en 1995 comme pour les autres crues, un champ d’inondation important, souvent déconnecté du lit mineur de l’Authie. Les débordements amont circulent alors au travers des zones humides riveraines, sans liaisons directes avec l’Authie, provoquant l’élargissement du champ d’inondation en aval, et menaçant alors certaines habitations.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. B. LES ZONES HUMIDES DE LA BASSE VALLEE DE L’AUTHIE : PATRIMOINE ECOLOGIQUE ET « INFRASTRUCTURES NATURELLES »

B.1 UN MILIEU D’UNE GRANDE VALEUR ECOLOGIQUE

B.1.1 Statuts de protection des milieux et paysages et Zones d’inventaires

La vallée offre, de la source à l’embouchure, une multitude de milieux naturels riches et variés lui conférant une grande qualité écologique, par ailleurs reconnue par un certain nombre de statuts (voir carte) : ° L’ensemble du secteur du Pas-de-Calais compris entre Douriez et l’estuaire est classé ZNIEFF de Type II (n° 106) sur une superficie de 4 320 hectares. ° Sur cette zone, 7 ZNIEFF de type I (n° 106-1 à 106-7) se partagent 804 ha ; ° Côté picard, une série de ZNIEFF de types I-II (n° 349, 350, 360 et 366) se répartit entre Villers-s/Authie et Dompierre-s/Authie ; ° La baie, l’estuaire et une partie de la Basse Vallée sont classés à l’inventaire français des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) ; ° 314 ha, dont la majeure partie située entre Roussent et Maintenay devraient intégrer le réseau Natura 2000 désignant les zones les plus importantes du point de vue de la sauvegarde de la biodiversité à l’échelle européenne (site « Prairies et marais tourbeux de la Basse Vallée de l’Authie » – FR 3100492) ; ° Le site Natura 2000 « Vallée de l’Authie » (FR 2200348), couvre côté picard 658 ha de zones humides situées le long de l’Authie comprenant les marais de Dominois (190 ha) et de Villers-s/Authie.

La prise de conscience de la richesse et de la vulnérabilité de ces sites par la Région Nord-Pas-de-Calais se traduit également par l’inscription de larges secteurs de la Basse Vallée au sein du Schéma Régional de Protection des Milieux et des Paysages Naturels (DIREN Nord-Pas-de-Calais, 1995). Sont ainsi identifiés, à l’échelle régionale : ° 35 Paysages exceptionnels méritant une action prioritaire, dont 1 estuaire (celui de l’Authie), 5 vallées encaissées (dont l’Authie) et 6 paysages de zones humides et plaines ; ° 74 Milieux naturels remarquables à protéger à court terme, dont 13 zones humides, comprenant la rive nord de la Baie d’Authie, le Marais communal de Nempont-St-Firmin et les Marais de Roussent et Maintenay ; ° Et enfin, 101 Milieux naturels très remarquables à protéger à terme, dont 13 zones humides. Sur le secteur de la Basse Vallée de l’Authie, font partie de cette liste : le Marais du Haut Pont (Douriez), les Etangs et Marais de la

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Fontaine (Saulchoy/Douriez), le Marais d’Hébécourt et les Prés de Valloires, le Marais du Warnier (Nempont-St-Firmin) et les Marais de Tigny-Noyelle.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. L’objet n’est pas ici de décrire avec précision la valeur écologique de la Basse Vallée, et seules les observations les plus importante ou les plus caractéristiques sont mentionnées. Des informations plus précises peuvent être trouvées dans la bibliographie régionale et, côté Pas-de-Calais, dans les Plans de gestion réalisés par le Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais pour les sites de Roussent et Tigny-Noyelle.

B.1.2 Valeur floristique

Les inventaires dressés par J.R. Wattez (1994 ; in Gailliez, 1997), le Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (sur les sites de Roussent et Tigny-Noyelle) et la DIREN, dans le cadre de la mise en application de la Directive Habitat (1996), ont permis de mettre en évidence dans les marais de la Basse Vallée de l’Authie la présence de 44 espèces particulièrement rares et/ou vulnérables (voir tableau suivant). Parmi elles, Ranunculus lingua (la Grande Douve) et Apium repens, par ailleurs présentes avec une certaine abondance dans les Marais de Roussent, sont protégées au niveau national. Le tableau suivant présente les plantes vasculaires remarquables observées, étant considéré par ailleurs que la flore muscinale est peu différenciée.

J.R. Wattez remarque par ailleurs la disparition de 22 espèces. Ces espèces sont des plantes des milieux très humides et des pâturages non amendés. Leur disparition est ainsi révélatrice de deux grandes tendances ayant affecté la vallée de l’Authie au cours du siècle : une diminution générale des conditions d’humidité et l’intensification des pratiques agricoles.

L’intérêt botanique de la vallée de l’Authie ne s’exprime pas seulement à travers les espèces représentées mais aussi à travers leurs associations, qui peuvent être rares ou originales. On peut ainsi citer quelques associations, caractérisant les milieux les plus humides et constituant les principales représentantes de l’intérêt phytosociologique de la vallée : l’association de Comarum palustre et Menyanthes trifoliata sur tourbe ferme, habitat très rare au niveau régional et menacé à l’échelle européenne (Habitat 7140), les groupements hygrophiles pionniers à Ranunculus lingua et Sium erectum, ou encore les groupements à Pedicularis palustris sur tourbe oscillante.

La mosaïque d’habitats (roselières, cariçaies*, saulaies) présente en Basse Vallée est également un trait particulièrement intéressant, permettant le développement d’une grande diversité d’espèces, aussi bien végétales qu’animales.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Flore remarquable de la Basse Vallée de l’Authie

Directive Protection Menace Protection Rareté Nom latin Nom français Habitat nationale régionale régionale régionale Apium repens Ache rampante H2 N1 EN RR Ranunculus lingua Grande douve N1 VU AR Comarum palustre Comaret des marais CR R1 RR Carex diandra Laîche arrondie CR E Ceratophyllum submersum Cornifle submergé EN R1 E Utricularia vulgaris Utriculaire commune EN R1 RR Ményanthe trèfle d’eau Menyanthes trifoliata EN R1 R [Trèfle d'eau] Pedicularis palustris Pédiculaire des marais EN R1 R Linaigrette à Eriophorum polystachion EN R1 R feuilles étroites Carex appropinquata Laîche paradoxale EN RR Myriophyllum verticillatum Myriophylle verticillé VU R1 RR Sagina nodosa Sagine noueuse VU R1 R Catabrosa aquatica Catabrose aquatique VU R1 R Stellaria palustris Stellaire des marais VU R1 R Hippurus vulgaris Pesse commune VU R1 R Triglochin palustre Troscart des marais VU R1 R Peucedanum palustre Peucédan des marais VU R1 R Dactylorhiza incarnata Dactylorhize incarnat VU R1 AR Dactylorhiza praetermissa Orchis négligé VU R1 AR Polygonum bistorta Renouée bistorte VU R1 AR Valeriana dioica Valériane dioïque VU R1 AR Sélin à feuilles Selinum carvifolia VU R de carvi Dactylorhiza fistulosa Dactylorhize fistuleux VU R Oenanthe lachenalii Oenanthe de Lachenal VU R Rhinanthus angustifolius Rhinanthe à VU AR grandiflorus grandes fleurs Epilobium palustre Épilobe des marais VU AR Hottonia palustris Hottonie des marais NT R1 AR Thelypteris palustris Fougère des marais NT R1 AR Veronica scutellata Véronique à écussons NT R1 AR Thalictrum flavum Pigamon jaune NT R1 AR Polygonum mite Renouée douce NT RR Éléocharide à Eleocharis uniglumis NT RR une écaille Ranunculus circinatus Renoncule en crosse NT R Carex rostrata Laîche ampoulée NT R Carex nigra Laîche noire NT AR Carex panicea Laîche bleuâtre NT AR Hydrocotyle vulgaris Hydrocotyle commune NT AR Juncus acutiflorus Jonc à fleurs aiguës NT AR Juncus compressus Jonc comprimé NT AR Oenanthe fistulosa Oenanthe fistuleuse NT AR Scirpus sylvaticus Scirpe des forêts LC R1 AR Cardamine amara Cresson amère LC AR Molinia caerulea Molinie bleue LC AR Bidens cernua Bident penché LC AR

D’après Données CSN et DIREN (1996). Actualisation des Menaces et Raretés régionales, d’après BOULLET (1999). Protection : H2 : Directive Habitat n°92/43/CEE du 21/05/92 (JOCE du 22/07/92), Annexe II ; R1 : taxon protégé au niveau régional au titre de l'arrêté du 1/04/1991 ; Menace régionale : CR : gravement menacé d'extinction; EN : menacé d'extinction; VU : vulnérable, NT : taxon quasi menacé; LC : taxon de préoccupation mineure ; Rareté régionale : E : exceptionnel; RR: très rare; R : rare; AR : assez rare

B.1.3 Valeur faunistique Avifaune L’avifaune* nicheuse en Basse Vallée d’Authie est remarquable tant par le nombre d’espèces représentées, la rareté de certaines d’entre elles (Butor étoilé, Sarcelle d’hiver...) ou l’importance de certaines populations (Gorgebleue à miroir et Locustelle luscinioïde notamment). Le statut de ZICO, attribué à la baie, l’estuaire et une partie de la Basse Vallée illustre d’ailleurs parfaitement cette richesse de l’avifaune.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Les inventaires, réalisés en 1988 (Mouton et Flohart, 1990), 2000 (Violet et Violet) et 2001-2002 (Guerville, information CSN, à l’échelle de la vallée) permettent de connaître les évolutions des populations de l’avifaune nicheuse en Basse Vallée de l’Authie.

Oiseaux nicheurs remarquables de la vallée de l’Authie

Menaces Effectifs en vallée Directive Effectifs en Basse Espèces nicheuses remarquables Nationale / d’Authie, en 2000 (2) Oiseaux Vallée en 1988 (1) NPdC / Picardie et 2001-2002 (3) Alcedo atthis Martin pêcheur Annexe I - - - 2 couples 2 individus (2) Non évaluée / Anas acuta Canard pilet Présence Disparue / Occasionnelle

Anas clypeata Canard souchet Rare / - - Nicheur Nicheur (3)

Rare / Anas crecca Sarcelle d’hiver > 3 couples Nicheur (3) En danger / Rare Anas En danger / Sarcelle d’été Nicheur 0,2 couple / 10 ha (2) querquedula En déclin / Vulnérable Anas strepera Canard chipeau Vulnérable / Rare / Rare 1 couple Disparition (3)

Aythya fuligula Fuligule morillon - / Localisée / Rare Nicheur exceptionnel (3)

Vulnérable / Botaurus stellaris Butor étoilé Annexe I 4 chanteurs 1-2 couples (3) En danger / En danger

Bouscarle de 36 en 2001 et Cettia cetti - / Vulnérable / - Nicheur Cetti 25 en 2002 (3) Circus Busard des Annexe I A surveiller / - - Nicheur 0,2 couple / 10 ha (2) aenoginosus roseaux Gallinago Bécassine En danger / 4 à 6 couples 1 nidification possible (3) gallinago des marais En danger / En danger En déclin / Lanius excubitor Pie grièche grise 5-6 couples Disparition (3) En danger / En danger Locustella Locustelle 6 en 2001 et - / Vulnérable / - > 15 chanteurs luscinioides luscinioïde 10 en 2002 (3) Gorgebleue 12 individus (3), Luscinia svecica Annexe I - - - > 13 chanteurs à miroir 1 couple / 10 ha (2) Nycticorax A surveiller / Bihoreau gris Annexe I Nicheur Nicheur possible (3) nycticorax En danger / En danger Marouette Vulnérable / Porzana parva Annexe I Nicheur Nicheur possible (3) poussin En danger / Occasionnelle

Marouette En danger / 5 individus, Porzana porzana Annexe I 2 chanteurs ponctuée En danger / En danger 0,2 chanteur / 10 ha (2) A surveiller / Rallus aquaticus Râle d’eau Nicheur 6 individus Vulnérable / -

Vanellus vanellus Vanneau huppé Vulnérable / - / Vulnérable Nicheur Nicheur

D’après (1) : Guerville (2001-2002) / (2) : Violet et Violet (2000) / (3) : Mouton et Flohart (1990).

Si Violet et Violet ont pu recenser 56 espèces nicheuses en 2000, l’avifaune nicheuse remarquable connaît une nette diminution de ses effectifs sur la période 1988 – 2002. Celle-ci peut être expliquée pour 2 raisons principales : ° Les observations réalisées en 1988 se situent dans un contexte climatologique particulièrement favorable (les précipitations hivernales importantes étaient à l’origine de niveaux d’eau élevés dans les marais) Une lente décroissance de l’avifaune nicheuse patrimoniale, conséquente de la dégradation du milieu naturel est par ailleurs observées ; ° Les pressions sur le milieux se sont renforcées : assèchement des marais et aménagements anthropiques ( et notamment la construction de l’autoroute A16).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Ichtyofaune*

La pente moyenne de l’Authie (1 0/00) permet une vitesse d’écoulement suffisante pour que les espèces salmonicoles* y vivent et s’y reproduisent. Le cours d’eau est ainsi classé en 1ère catégorie piscicole et reconnu « rivière à grands migrateurs » (Décret du 02/02/1992). L’aménagement de barrages (5/24 sont encore utilisés sur l’ensemble de la vallée) à dénivelés importants limite cependant la remontée des saumons et des truites de mer.

Plus précisément, l’intérêt piscicole de la vallée de l’Authie repose sur quelques espèces majeures inscrites à l’Annexe II de la Directive Habitats : ° Le Saumon atlantique (Salmo salar), avec des effectifs cependant très faibles, occupe ici l’un de ses derniers sites entre la Seine et le Danemark. Un programme doit être lancé afin de restaurer les populations (des opérations d’introduction de jeunes saumons ont été menées en 2002 et 2003) ; ° Le Chabot (Cottus gobio), amateur d’eaux vives et fraîches sur substrat de sable et de graviers. ° La Lamproie de Planer (Lampetra planeris), espèce des ruisseaux et rivières à cours lents. ° La présence de la Lamproie fluviatile (Lampetra fluviatilis), plus liée aux estuaires et parties inférieures des fleuves, est probable.

Malacofaune* La Basse Vallée de l’Authie se distingue par la présence de Vertigo moulinsiana, petit gastéropode inscrit à l’Annexe II de la Directive Habitat.

Herpétofaune* En plus des espèces classiques des milieux humides de la région, on trouve dans ce secteur quelques espèces remarquables. Triturus alpetris (Triton alpestre) et Hyla arborea (Rainette verte), protégés au niveau national sont ainsi particulièrement vulnérables dans la région. Triturus cristatus (Triton crêté), autre exemple d’amphibien protégé, observé pour la dernière fois en Basse Vallée en 1995 (J. Godin, Comm. pers.), pourrait également être présent.

Odonatofaune* Le Groupe Ornithologique du Nord estimait en 1994 que 50 % des espèces d’odonates connues régionalement étaient représentées en Basse Vallée de l’Authie (in Gailliez, 1997).

Sympetrum flaveolum, observé depuis le début des années 1990 suite au déplacement de populations scandinaves, est une espèce menacée au niveau régional. La pérennité des populations, qui renforcerait la valeur conservatoire des habitats, n’est cependant pas assurée et doit être suivie de près. Ceriagrion tenellum (Agrion délicat) et Libellula fulva (Libellule fauve), tous deux menacés au niveau régional, sont par ailleurs caractéristiques des vallées côtières tourbeuses.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

B.1.4 Synthèse écosystémique

En synthèse de cette présentation de la valeur écologique de la Basse Vallée, le tableau suivant présente les principaux écosystèmes rencontrés. Les différentes typologies couramment usitées sont ici mises en parallèles, afin que chacun puisse se faire une idée précise de la richesse écologique du secteur.

La typologie en treize classes retenue pour les SDAGE, déclinée ensuite en sous- types pour les SAGE, a été élaborée dans un soucis de dégager des ensembles cohérents de gestion. Simple et fonctionnelle, la typologie SDAGE est ainsi celle préconisée pour la réalisation de l’Atlas régional de zones humides.

Les classifications RAMSAR et CORINE-Biotopes ont quant à elles une vocation scientifique plus marquée. La typologie RAMSAR est ainsi destinée à fournir un cadre très large pour permettre une identification rapide des principaux habitats de zones humides. La classification des biotopes européens, CORINE-Biotopes, bien que caractérisée aussi par un grand degré de précision, n’est au contraire pas spécifiquement axée sur l’identification des zones humides.

En raison de leurs vocations et de leurs degrés de précision tout à fait différents, la mise en parallèle de ces quatre classifications s’avère complexe. Il est donc important de garder à l’esprit le caractère purement informatif de ce tableau.

Inventaire écosystémique de la Basse Vallée de l’Authie

CORINE Biotope RAMSAR SDAGE SAGE

M. Cours d'eau permanents 24. Eaux courantes N. Cours d'eau saisonniers Riviére, cours d'eau Riviére, cours d'eau Eaux courantes 54.1 Sources Y. Sources d'eau douce Tp. Mares, marais d'eau douce permanents 22. Lacs, étangs, mares Zone humide ponctuelle Petit lac, mare Plans d'eau Ts. Mares, marais d'eau douce saisonniers 2. Etangs 89. Plans d'eau artificialisés et canaux 9. Canaux et fossés de drainage 51. Tourbières hautes (phragmitaies…) Tourbières / Tourbières Bas-marais 52. Tourbières de couverture U. Tourbières non-boisées 53. Végétation de ceinture des bords des eaux Zones humides (Roselières, cariçaies, jonchaies hautes…) Plaines humides mixtes liées palustres (roselières, 54. Bas-marais, tourbières aux cours d'eau cariçaies) Tp. Mares, marais d'eau douce permanents de transition et sources

37. Prairies humides et mégaphorbiaies Prairies Zones humides Ts. Mares, marais d'eau douce saisonniers herbacée 38. Prairies mésophiles (prairies inondables)

44. Forêts et fourrés alluviaux très humides Boisements W. Zones humides dominées 44.1. Formations riveraines de saules par les buissons Zone humide boisée Zones humides des cours 44.2. Aulnaies blanchâtres Xf. Zones humides d'eau douce (ripisylve, fourrés d'eau et bordures boisées 44.3. Aulnaies-Frênaies médioeuropéenne dominée par les arbres alluviaux)

44.4. Rpisylves des grands fleuves Xp. Tourbières boisées (Chênes, Ormes, Frênes) 83. Vergers, bosquets et Marais agricoles aménagés Peupleraie plantations d'arbres

D'après CORINE-Biotope (ENGREF, 1997), Frazier (1999 ; in DIREN Languedoc-Roussillon, site Internet) et Muséum National d'Histoire Naturelle (1995 ; in Barnaud G.,1998).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. B.2 ACTIONS REGULATRICES SUR LE REGIME DU FLEUVE * (LAMINAGE DES CRUES)

Les zones humides se situent à l’interface entre le versant et le cours d’eau. Loin d’être une simple zone de transfert des eaux, elles constituent un élément déterminant de l’hydrosystème.

En période hivernale, la satisfaction des besoins en eau des sols et la nature géologique favorable du substratum, permettent aux précipitations tombées sur le plateau de s’infiltrer et de gagner les nappes phréatiques. Les zones humides, se trouvant le plus souvent au niveau des points les plus bas des bassin versants, constituent généralement des zones exutoires des nappes. Elles peuvent cependant également être des zones de recharge de celles-ci lorsqu’elles se situent en position amont (zones humides de montagne ou de terrasses fluviatiles perchées).

Le fonctionnement hydraulique des zones humides, et leurs capacités de laminage des crues et de soutien des étiages en particulier, est un sujet d’étude très complexe et reste, malgré le grand intérêt soulevé pour ces questions, un thème de recherche peu fréquent.

B.2.1 Laminage des crues Le processus de laminage des crues

Le laminage des crues consiste en la réduction du taux de croissance vers l’aval des débits de pointe du réseau hydrographique. Plus généralement, les zones humides, en stockant temporairement une partie des eaux, ralentissent et « étalent » le flux d’eau devant gagner l’aval. La majeure partie de l’inondation consécutive à la crue se trouve ainsi concentrée dans la zone humide (ce qui peut être bienvenu dans ces milieux) et permet d’épargner les zones en aval.

Cette capacité de stockage et de laminage des crues, que possède a priori toute zone humide, est liée au différentiel entrée/sortie des eaux à l’échelle de la zone. Ces effets d’amortissement des pics de crue peuvent cependant rapidement être dilués vers l’aval lorsque la part représentée par la zone humide dans l’alimentation du cours d’eau se trouve confrontée à un élargissement du bassin versant. Plus qu’une grande zone humide, un chapelet de petites zones permet ainsi de faire perdurer, voire amplifier ces effets. La rugosité de la zone (notamment l’importance de la végétation) est également un facteur important favorisant le ralentissement des écoulements, et donc le laminage.

II existe cependant des exceptions, et certaines zones humides ne semblent pas avoir d’impact sur le régime du cours d’eau riverain. Ces cas ne peuvent cependant pas être diagnostiqués a priori à l’aide des connaissances scientifiques actuelles, mis à part les rares cas où la concomitance de pics de crue décalés par un chapelet de petites zones se trouve superposés, pouvant alors retarder, mais parfois même aggraver, l’impact de la crue.

Les conséquences du laminage des crues pour les habitats et la biocénose (diminution du stress hydrique en période d’étiage et limitation du traumatisme résultant des épisodes de crue), la qualité des eaux (épuration naturelle) et les équilibres sédimentaires (effets moins nets) sont ainsi reconnues comme étant a priori bénéfiques pour l’aval. Dans la mesure où les observations ont permis de s’assurer que la submersion prolongée de la zone humide n’est pas préjudiciable aux habitats de la zone humide (la situation contraire est même fréquente) et

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. n’entre pas en concurrence directe avec d’autres fonctions jugées intéressantes sur le secteur, une gestion favorisant le phénomène de laminage peut alors s’avérer tout à fait pertinente.

Laminage des crues en Basse Vallée de l’Authie Il est très difficile d’estimer la capacité de stockage des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Il s’agit en effet là d’un contexte hydrogéologique particulier, dont la complexité est liée à l’importance du rôle de la nappe de la craie dans le fonctionnement du bassin versant, caractérisée notamment par le phénomène de « crues de nappe ». Il a ainsi été mis en évidence que des inondations importantes peuvent se produire sur l’ensemble de la Basse Vallée sans pour autant que le seuil de débordement de l’Authie ne soit atteint. Le contexte hydrogéologique, mais aussi la disposition des zones humides en un chapelet d’étangs, de marais ou autres prairies inondables, ainsi que la multitude et l’hétérogénéité des sources d’alimentation et des exutoires à l’échelle de la Basse Vallée, rendent cependant impossible la réalisation d’un bilan hydrologique. Il n’en demeure pas moins que les effets de laminage, malgré le fort degré d’anthropisation des milieux (canaux de drainage, ouvrages hydrauliques, étangs…), sont très probables et que le potentiel en la matière semble réel, et donc très intéressant à évaluer. Impact des zones humides sur les inondations en Basse Vallée La méthode retenue ici afin d’estimer l’impact des zones humides sur l’ampleur des inondations consiste à comparer deux épisodes de crue (et d’inondations) associés à deux modes de gestion du réseau d’ouvrages hydrauliques sur le secteur.

Les deux épisodes de crue étudiés sont : ° Les inondations d’avril 2001, survenues dans un contexte de mauvaise gestion des systèmes de vannages. L’absence de coordination et de gestion hydraulique globale à l’échelle de la vallée semble ainsi à l’origine du débordement du fleuve en Basse Vallée, venant ainsi aggraver le phénomène de crue de nappe. L’étude de ces inondations permet alors d’approcher (de manière nettement sous-estimée toutefois) l’ampleur de l’aléa* en cas de non-recours aux capacités de stockage des zones humides. La DIREN en a réalisé une cartographie à 1/25000 ; ° Les résultats issus de la modélisation réalisée par la société SOGREAH (2002-a) dans le cadre de l’élaboration de l’Atlas des zones inondables de la DIREN, considérant l’ensemble des vannages comme ouvert. Le seuil de débordement du fleuve n’est alors pas dépassé et l’ensemble de l’inondation, due à la montée de la nappe, se répartit sous forme de nappes d’eau déconnectées du lit mineur. Il est alors possible de sous-évaluer les inondations dans un contexte de libre circulation des eaux au sein du lit majeur, faisant donc appel aux capacités de stockage et de laminage développées par les zones humides. La présentation cartographique de la modélisation est réalisée à 1/10000.

La comparaison de la crue modélisée avec les observations de 2001 est rendue possible par la prise en compte d’une crue décennale (cas de la crue de 2001) et par l’intégration de la nappe de la craie au sein du modèle (détails du modèle en Annexe I).

L’exemple présenté ci-dessous permet d’illustrer la méthode employée. Il est néanmoins important de rappeler que, si la représentation cartographique peut laisser penser qu’il est possible d’atteindre un degré de précision élevé, les incertitudes ne permettent cependant pas de présenter un bilan précis, à l’échelle

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. communale par exemple, des effets des zones humides sur les inondations. Les résultats doivent donc être considérés dans leur globalité, à l’échelle de la Basse Vallée, afin notamment d’équilibrer les incertitudes liées à la modélisation (+/- 10 cm de hauteur d’eau et imprécisions liées à la représentation cartographique et au changement d’échelle).

Cartographie de l’impact des zones humides sur les inondations en Basse Vallée de l’Authie - Secteurs de Nempont-St- Firmin, Nampont-St-Martin et Roussent

D’après Cartographie Inondations DIREN 2001 et Zone inondée d’après la SOGREAH (2002-a) - Fond IGN 1/25000. modélisation SOGREAH mais épargnées en avril 2001

Zone inondée en avril 2001 Zone inondée commune mais « épargnée » d’après aux inondations 2001 et à la modélisation SOGREAH la modélisation SOGREAH

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Inondations du 12 avril 2001 sur le secteur de Nempont-st- Firmin et Nampont-St-Martin (vue depuis le versant Sud)

Inondations du 12 avril 2001 sur le secteur de Nempont-st- Firmin et Nampont-St-Martin (vue depuis le versant Nord)

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Le bilan de l’analyse spatiale comparative témoigne ainsi de l’impact non- négligeable des zones humides sur l’ampleur des inondations.

Ampleur des inondations en Basse Vallée de l’Authie pour deux scénarii de gestion des ouvrages hydrauliques

Inondations 2001 Modèle SOGREAH Impact estimé (non-recours aux (libre circulation des zones zones humides) des eaux) humides

Superficie du lit 11, 621 km² 8, 897 km² 2,724 km² majeur inondée

La libre circulation des eaux au sein du lit majeur, aussi limitée soit-elle, semble donc s’accompagner de la non-submersion de 2,7 km² de terrains, soit une diminution de 23% de la zone inondée. Il est par ailleurs important de signaler que ces terrains se répartissent dans le détail entre 5,8 km² de terrains effectivement épargnés, mais aussi 3,1 km² au contraire épargnés en avril 2001 et modélisés comme inondés.

Il ne s’agit pas en effet d’une simple diminution de l’ampleur de l’inondation, mais bien d’une nouvelle répartition des nappes d’eau au sein du lit majeur, notamment liée au non-débordement du fleuve. La représentation cartographique permet cependant de constater que les zones nouvellement inondées se concentrent essentiellement au centre du lit majeur, tandis que les secteurs réellement épargnés concernent plus largement les zones habitées. La diminution de ¼ de la superficie inondée s’accompagne en effet d’une réduction de ½ du nombre d’habitations et de bâtiments de fermes concernés. L’évaluation économique présentée ultérieurement permettra d’appréhender avec plus de précision cette dernière évolution.

B.2.2 Recharge de la nappe et soutien des étiages

Les phénomènes de recharge de la nappe et de soutien des étiages sont plus rarement observés, et surtout quantifiés. Nous avons ainsi vu dans quels cas de figure pouvait s’opérer une recharge de la nappe à partir des zones humides (en montagne ou sur les terrasses fluviatiles perchées).

Le soutien des étiages est quant à lui associé, dans des conditions précises, au processus de laminage des crues. En effet, si la zone humide se situe suffisamment en amont sur le cours d’eau et, fait essentiel, si sa vitesse de vidange est extrêmement lente, le relargage régulier des eaux stockées peut alors alimenter le cours d’eau longtemps après sa crue, voire en période d’étiage. Ceci est également le cas lorsque des réservoirs naturels connexes à la zone humide ont pu se remplir lors de la crue et retirer ainsi temporairement du cycle des volumes d’eau parfois importants.

Les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie, en raison du contexte hydrogéologique local et de leur position très en aval dans le bassin versant, ne sont cependant pas concernées, ou de manière négligeable, par les phénomènes de recharge de la nappe et de soutien des étiages.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. B.3 UN POUVOIR EPURATEUR NATUREL B.3.1 Les nitrates Dénitrification et rétention des nitrates Deux processus sont à l’origine de l’abattement de la charge d’azote (et donc des nitrates) au sein des zones humides : ° La dénitrification microbienne (processus majeur) ; ° L’absorption par la végétation et les micro-organismes du sol.

En zone humide, la dénitrification microbienne est le seul processus qui permet une élimination complète de l’azote, en transformant l’azote minéral dissous sous forme de nitrate en azote moléculaire gazeux. Cette activité dénitrifiante est fonction de l’activité microbienne, c’est-à-dire de l’anaérobiose* du sol, la présence de carbone facilement minéralisable, la température et, bien sûr, la présence de nitrates. Le facteur déterminant est la variation des conditions d’oxydoréduction (liées entre autres à l’oxygénation) née des engorgements plus ou moins temporaires des sols en eau. Le cycle de l’azote dans les zones humides est en effet fort complexe et directement dépendant des conditions d’hydromorphie, mais aussi de nombreux facteurs biotiques et abiotiques à l’échelle du bassin versant.

Facteurs régulant l’activité dénitrifiante des zones humides

Usage des terres Régime Conditions BASSIN dans la zone humide hydraulique hydrogéologiques VERSAN T et sur le versant

Topographie Couvert ZONE végétal HUMIDE

Engorgement Décomposition de la SOL du sol matière organique

Source d’énergie Nitrates BACTERIE Anaérobiose carbonée

DENITRIFICATION

Fustec, Lefeuvre et al. (2000).

En anaérobiose, certains genres de bactéries hétérotrophes* présentes dans le sol (Pseudomonas, Alcaligenes, Bacillus, Nitrosomonas, Paracoccus…) ont en effet la capacité d’utiliser l’oxygène inclus dans la molécule de nitrate pour respirer. Les nitrates sont alors réduits en une série de réactions de réduction qui conduisent au dégagement d’azote moléculaire gazeux via un certain nombre d’intermédiaires dissous (nitrite NO2-) et gazeux (oxyde nitreux NO et protoxyde d’azote N2O). Aussi une dénitrification incomplète peut-elle être à l’origine, très localement, d’une pollution de l’air (souvent négligeable cependant).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Cycle de l’azote dans un sol de zone humide

N2

Ammonification Nitrification ZONE

AEROBIE + NH4 N organique Dénitrification

NH4+ ZONE Ammonification Dissimilation ANAEROBIE

Reddy et Patrick (1984 ; in Fustec, Lefeuvre et al., 2000).

L’absorption de l’azote par les plantes est quant à elle un processus de rétention temporaire. Ce dernier consiste au prélèvement par les végétaux de l’azote minéral dissout dans les sols et à son stockage sous forme organique ; cet azote regagne cependant le pool organique du sol à la mort de la plante.

La dénitrification est donc de loin le processus le plus intéressant, mais aussi le plus efficace. Leonardson et al. (1994 ; in Fustec, Lefeuvre et al., 2000) ont ainsi estimé en prairies artificiellement inondées son efficacité entre 400-550 kg N/ha/an, contre 50-70 par rétention par les végétaux.

Il est par ailleurs important de souligner qu’en matière d’épuration, une succession de petites zones humides, comme on le trouve en Basse Vallée de l’Authie, est nettement plus efficace qu’une unique zone de superficie équivalente, puisque garantissant une multiplication des zones d’interface avec les zones d’alimentation amont. Le processus de dénitrification se concentre enfin au sein des premiers mètres de la zones humides et la largeur de la zone humide alluviale n’a ainsi que peu d’impact sur l’efficacité du processus.

D’autre part, si l’efficacité dénitrifiante des zones humides est généralement constatée au niveau local, il est beaucoup plus difficile de la quantifier à l’échelle de l’hydrosystème. Ceci dépend en effet de l’importance relative des apports d’eau issus de la zone humide par rapport au flux général, ainsi que de la nature et de la qualité des connexions entre le cours d’eau et la zone humide à son exutoire. Ce dernier élément est d’ailleurs primordial lorsque l’on sait que l’abattement potentiel maximal opéré par les zones humides semble se situer autour de 20 % de la charge initiale en nitrate (P. Mérot, INRA-Rennes, communication écrite).

Les nitrates en Basse Vallée de l’Authie L’Authie est sans doute parmi les cours d’eau de la Région dont la charge en nitrate et autres polluants est la plus faible. La qualité de ses eaux est ainsi régulièrement classée en catégorie 1 (bonne qualité : eaux facilement transformables en eau potable et permettant la vie piscicole et la reproduction des poissons, notamment des salmonidés). La très faible pression anthropique existant sur ce milieu est sans doute un facteur d’explication important, et ceci malgré la généralisation des systèmes d’assainissement autonomes en Basse Vallée.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. L’évolution de la teneur en nitrate de l’Authie peut ainsi se lire sur l’évolution du flux et de la contribution relative du cours d’eau à la charge totale drainée en Manche par le bassin Artois-Picardie. Ainsi, si on observe sur le littoral une légère augmentation des apports globaux de nitrate en provenance des fleuves côtiers, l’Authie connaît quant à lui un flux de nitrate stable, correspondant à la variation des débits.

Apports moyens annuels de nitrates de l’Authie au littoral entre 1995 et 1999

Variation Contribution aux apports Contribution aux apports issus Flux Bruts depuis issus du bassin du bassin Artois-Picardie (en t/an) 1980-1984 Artois-Picardie et de la Seine

Nitrate 1 235,2 -22 % 16,7 % 1,3 %

Débits - - 23,8 % 16,5 % 1,7 %

Prygiel, Caby, Carpentier et Lepêtre (2000).

On observe pourtant localement et saisonnièrement certains pics de la charge en nitrate ainsi qu’une légère hausse des valeurs moyennes ces dernières années. Une part de cette augmentation à l’échelle du Bassin pourrait incomber à l’effet de saturation que connaissent actuellement les nappes. On note ainsi, particulièrement pour les fleuves où l’apport des nappes est essentiel dans l’alimentation en eau, que les apports en nitrate issus des nappes pourraient être plus importants que ceux issus des pollutions actuelles (Prygiel ; in AEAP, 2000).

Aussi est-il assez inquiétant de constater les taux élevés mesurés dans l’eau de la nappe à proximité directe du cours d’eau. Au niveau du forage (prise d’alimentation en eau potable) de Roussent, situé près de 1,5 km en aval des zones humides, en tête d’un vallon sec à fonds marécageux, la moyenne des huit relevés effectués entre mai 1998 et novembre 2001 s’élève ainsi à 41 mg /L (pour un maximum observé en novembre 2001 de 45 mg/L), ce qui est très proche de la norme française de potabilité (50 mg/L). Les zones humides constituent alors une zone tampon d’une importance majeure, à l’interface de l’aquifère crayeux et du cours d’eau.

B.3.2 Les phosphates

L’action épuratoire des zones humides ne se limite par ailleurs pas aux seuls nitrates et agit notamment en faveur de la diminution des teneurs en phosphore (élément majeur, avec les nitrates, dans le processus d’eutrophisation). Ceci est d’autant plus intéressant que, même si les flux de phosphate qui arrivent à la mer depuis l’Authie sont en baisse depuis les années 1980, une augmentation de ces flux se fait pourtant sentir sur la période 1995-1999.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Apports moyens annuels de phosphore de l’Authie au littoral entre 1995 et 1999

Variation Contribution aux apports Contribution aux apports issus Flux Bruts depuis issus du bassin du bassin Artois-Picardie (en t/an) 1980-1984 Artois-Picardie et de la Seine

Phosphate 28,2 -1,1 % 8,5 % 0,5 %

Débits - - 23,8 % 16,5 % 1,7 %

Prygiel, Caby, Carpentier et Lepêtre (2000).

En complément de l’indication de ce flux moyen annuel de 28 tonnes de phosphate (PO43-) charriées par l’Authie au niveau de son embouchure, on peut mentionner les teneurs moyennes tirées de l’étude des relevés effectués par l’Agence de l’Eau sur la période 1992-2002. Sur plus d’une soixantaine de prélèvements, les teneurs en phosphate observées à Dompierre-s/Authie et (en sortie de la Basse Vallée) sont ainsi respectivement de 0,26 et 0,25 mg/L (les milieux sont considérés comme eutrophes lorsque la teneur totale en phosphore atteint 0,35 mg/L).

La capacité de rétention du phosphore par les zones humides est par ailleurs très difficile à évaluer et varie beaucoup selon le type de milieu étudié. E. Fustec, J.C. Frochot et al. (1996) proposent ainsi des estimations variant entre 1,2 et 30 kg/ha/an, en fonction du régime hydrologique, de la variation du niveau de la nappe, du contexte géochimique des sols, de la nature et de la densité du couvert végétal, de la présence de marais ou de bras morts pouvant intercepter une partie du flux… Il n’existe donc pas de valeur de référence et une estimation à l’échelle de la Basse Vallée ne paraît pas possible en l’absence d’un suivi expérimental très poussé.

On peut par ailleurs préciser que, si les zones humides constituent généralement des puits pour le phosphore sous sa forme particulaire, elles peuvent cependant saisonnièrement agir comme zone source de phosphore minéral soluble. Les inondations peuvent en effet s’accompagner d’un engorgement brutal des sols et provoquer la dilution, et la diffusion, du phosphore ainsi remobilisé.

B.4 UN BASSIN DE RETENTION DES SEDIMENTS B.4.1 La dynamique naturelle de rétention des sédiments

Les zones humides riveraines des cours d’eau, de part leur localisation, constituent des bassins collecteurs des sédiments issus du bassin versant amont. En parallèle des phénomènes de laminage, le ralentissement des eaux favorise en effet la sédimentation des particules en suspension charriées par le cours d’eau.

Cette dynamique naturelle de comblement des zones humides est largement amplifiée par les processus d’érosion des sols agricoles pouvant s’observer à l’échelle du bassin versant. La présence, comme en Basse Vallée de l’Authie, d’un sol fragile (limoneux et faiblement argileux), du déboisement des forêts alluviales et de la disparition des haies et des talus boisés (les « rideaux d’Artois »), de l’adoption de pratiques culturales déstructurant le sol (de moins en moins de matières organiques, tassement, culture dans le sens de la pente...) et de la non-protection du sol en hiver (couverture végétale faible quand les précipitations sont importantes et diminution des pâtures) sont ainsi à l’origine du transfert de nombreuses particules

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. de sol le long des versants. En contrebas, les zones humides se présentent alors en réceptacle d’une large partie de ces particules (sols, limons, débris végétaux et polluants), regroupées sous le terme Matières En Suspension (MES) lorsqu’elles se trouvent dans le cours d’eau.

Le processus de rétention est d’autant plus favorisé que les écoulements sont ralentis. La divagation des chenaux secondaires et la couverture végétale sont ainsi des facteurs majeurs influant sur la vitesse de sédimentation. L’élément déterminant est néanmoins la compétence du cours d’eau alimentant la zone humide : plus le débit est fort, et plus les apports en particules sont importants (la granulométrie des sédiments charriés est directement corrélée à la force du cours d’eau).

Le processus naturel de comblement progressif est par ailleurs associé à la mise en place d’une nouvelle zone humide, aussitôt en aval de la première, en zone où l’érosion a été, au contraire, favorisée. Dans des vallées actuelles, où les espaces « concédés » aux zones humides sont limités, les efforts à mener afin de pérenniser l’équilibre sédimentaire sont donc importants.

Une gestion basée sur la fonction de rétention des MES consiste donc à bénéficier de la baisse notable des taux de sédiments et de polluants en aval, tout en portant une attention particulière aux niveaux d’eau et aux dynamiques de comblement de la zone humide. Le risque d’une vision à court terme est de provoquer la disparition de la zone humide accompagnée, inévitablement, d’une augmentation de la charge solide et de polluants dans la zone aval du cours d’eau.

B.4.2 Les MES en Basse Vallée de l’Authie

La richesse en MES des eaux est un véritable problème sur le secteur de l’Authie. Entre 1992 et 2002, les teneurs moyennes s’élèvent ainsi à 52,4 mg/L à Dompierre- s/Authie et 52,2 mg/L à Quend (données AEAP). L’Authie est par exemple déclassée à Dompierre entre décembre 1998 et avril 1999. Ces chiffres sont à mettre en relation avec la norme française (70 mg/L) et la valeur guide de 25 mg/L, définie par la directive européenne de 1978 pour les eaux à vocations salmonicole et cyprinicole*. Ces charges sont d’autant plus inquiétantes que ces moyennes cachent en fait de très grands écarts ; des teneurs accidentelles dépassant 100 mg/L sont ainsi fréquentes (215 mg/L par exemple, mesuré le 7 décembre 2000 à la station de Quend).

L’Agence de l’Eau estime en moyenne que les quantités de MES transportées par le fleuve se situent en périodes sèches entre 15 et 40 t/j et autour de 130 t/j après une période de pluies modérées (in Document CPIE Val d’Authie, 2000).

La fonction de rétention des MES par les zones humides pourrait donc a priori s’avérer intéressante. Elle est d’ailleurs plus ou moins exploitée involontairement, à en croire les vitesses de comblement des fossés de drainage adjacents aux marais. Sous peine de comblement progressif des zones humides, la valorisation de cette fonction nécessiterait cependant une gestion globale et coordonnée de l’ensemble des zones humides de la Basse Vallée.

Estimer le rôle des zones humides dans la rétention des MES n’est par ailleurs pas chose aisée. L’une des méthodes consiste à comparer les taux de MES dans le cours d’eau en entrée et en sortie de zone humide en période de forte crue. La différence constitue alors une bonne approche de la part de MES sédimentée dans le lit majeur (Fustec, Lefeuvre et al., 2000). La mise en application de cette méthode, étant considéré que les stations de mesures de l’Agence de l’Eau à Quend et

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Dompierre-s/Authie sont les seules qui concernent notre secteur d’étude, nous oblige à considérer le bilan sédimentaire à l’échelle de la Basse Vallée.

Selon les données disponibles, deux méthodes de calcul permettent de proposer une estimation de la charge de sédiments stockés ; elles sont présentées dans le tableau ci-dessous :

Estimations du taux de MES retenues par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie en période de crue

Charge en MES retenue Taux de variation Méthode de calcul dans le lit majeur aval / amont

Ecarts journaliers moyens sur les mois à débits moyens les plus forts (> 13 m3/s) observés 46 mg/L - 16,2 % entre Dompierre et Quend pendant les inondations de 1994-95 Ecarts moyens correspondant aux prélèvements effectués à Quend avec un 38,5 mg/L - 44,1 % jour de retard sur Dompierre pendant les inondations de 2001

Si les charges brutes sont d’un ordre de grandeur comparable, l’hétérogénéité de ce type de mesures est révélée par l’étude des taux de variation, permettant de mieux saisir la proportion de sédiments stockés. La sédimentation (au moins provisoire) des MES sur les berges et dans les zones humides semble donc à l’origine d’une baisse estimée entre 16 et 45% de la charge initiale charriée en amont. Cette indication, aussi approximative soit-elle, permet néanmoins de saisir l’importance des zones humides dans la rétention des MES, mais aussi la réalité du risque de comblement pesant sur ces espaces.

Afin de se rendre mieux compte de l’efficacité de rétention des MES par les zones humides de la Basse Vallée, il est alors possible de rapporter ces chiffres aux débits observés lors des périodes de crues. La différence de 46 mg/L des taux de MES, observée sur les mois aux débits les plus forts lors de la crue de 1994-95, correspond alors, à l’échelle de la Basse Vallée, à une capacité de rétention d’environ 200 t/ha/mois. Il est important de noter que ce nombre correspond néanmoins à une valeur exceptionnelle, estimée à partir des mois les plus efficaces d’une crue dont la période de retour est de 20 ans.

Le bien-fondé de cette valeur, étant considéré son caractère exceptionnel, paraît confirmé par comparaison avec d’autres références. E. Fustec situe ainsi la capacité moyenne annuelle de rétention des MES à 103 t/ha/an sur une zone humide alluviale expérimentale du Bassin parisien (in Laurans, Cattan et Dubien, 1996). Sur le bassin versant de la Canche, référence très intéressante, l’Agence de l’Eau estime par ailleurs qu’entre 30 000 et 35 000 t de terre ont été déversées en mer sur une durée de 3 jours lors des inondations de fin 1999. Le degré d’approximation est cependant assez important pour ne pas permettre l’exploitation de ce résultat pour d’autres calculs, comme pour une estimation économique par exemple.

L’Authie subit en tout cas depuis quelques années des pollutions accidentelles par les MES et il n’est pas rare d’observer des torrents de boue se déversant dans le cours d’eau par temps de pluie. Ce problème est par ailleurs pris très au sérieux sur le secteur et l’idée d’un Contrat Territorial d’Exploitation (très prochainement remplacés par les Contrats d’Agriculture Durable), centré autour de cette problématique, commence à apparaître chez les gestionnaires et les responsables des politiques environnementales au niveau local.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. B.5 BILAN DES FONCTIONS ASSUREES PAR LES ZONES HUMIDES

Dans l’optique de présenter un bilan des différentes fonctions et services rendus par les zones humides du secteur, et faciliter ainsi par exemple la confrontation de ces données avec différents sites, les résultats sont ici présentés sous forme de tableau récapitulatif. La solution la plus pertinente est alors de s’inspirer des préconisations établies par l’équipe animée par Y. Laurans dans le cadre du Programme National de Recherche sur les Zones Humides (Laurans, Dubien, Cattan et al., 2000).

Tableau récapitulatif des fonctions et services rendus assurées par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie

Absence / Présence Moyens d’évaluation Fonction Type de service Effective / Potentielle économique envisagés

Fonction non-évaluée Accueil sous forme économique. Habitat de grande de la flore Valeur écologique Grande richesse qualité écologique et confirmée par de floristique et contribuant fortement nombreux statuts et faunistique au maintien de la indicateurs écologiques. Accueil biodiversité régionale. de la faune Exprimée en partie dans la valeur patrimoniale. Efficacité actuelle Diminution de l’impact difficile à évaluer. Dommages épargnés par Laminage des inondations Impact potentiel recours aux qualités de des crues sur les ouvrages important (- 25% de stockage et laminage. anthropiques. terrains inondés). Recharge de la Fonction non-retenue en Négligeable. Régulation du régime nappe et soutien vue d’une évaluation Difficile à évaluer. du fleuve. des étiages économique.

Coûts des ouvrages et/ou des traitements à réaliser Amélioration de la Présence, même si pour une efficacité Dénitrification qualité des eaux quantification difficile. comparable. superficielles Impacts halieutiques et sur les pollutions littorales.

Existe aux dépens Fonction non-retenue en Rétention des Concentration des zones humides. vue d’une évaluation sédiments des MES Difficile à évaluer. économique.

Deux fonctions retiennent donc notre attention dans l’optique d’une évaluation économique : ° Le laminage des crues et la diminution des impacts des inondations en Basse Vallée ; ° La dénitrification et la préservation de la qualité des eaux de la nappe alluviale et de l’Authie.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. C. PRESENTATION SOCIO-ECONOMIQUE DE LA BASSE VALLEE DE L’AUTHIE

C.1 HISTOIRE ET PAYSAGES C.1.1 Epoque gallo-romaine et Moyen Age

La vallée a connu des grandes périodes de défrichements : époque gallo-romaine, XIème, XVIIème et XVIIIème siècles. Ces épisodes correspondent à des accroissements de la population et à des évolutions des pratiques agricoles. Les paysages des fonds de vallées sont ainsi peu à peu anthropisés et marqués par les activités agricoles et sont sujets, à partir du XVIème siècle, à une réelle « géométrisation » de l’espace (conséquence du dessin des parcelles et du réseau de haies).

Jusqu’à l’Epoque contemporaine, les paysages de marais reflètent cependant encore fortement les liens traditionnels entretenus entre les collectivités locales et leur environnement. Et, si les zones humides sont bel et bien demeurées répulsives, elles n’en sont pas moins intégrées aux systèmes agricoles (abritant les activités de pâturage, de pêche et de chasse, de collecte de l’osier, de tourbage…).

C.1.2 XVIIIème et XIXème siècles : politique hygiéniste et assèchement des marais

L’année 1783 marque sans doute le début de la dernière grande évolution des marais. C’est en effet à cette date que remonte la première étude, suivie très vite d’une seconde en 1785, à l’origine des opérations de dessèchement des marais du Val d’Authie. Ces travaux répondent alors à deux préoccupations principales : lutter contre les inondations et gagner des terres agricoles productives. L’Abbé Fandeau, responsable de ces études, s’est d’ailleurs étonné de la passivité des populations et des responsables locaux, insistant sur le fait « incroyable que le dessèchement ne soit pas opéré depuis plusieurs siècles, puisqu’il est facile, et que le terrain des marais peut être converti en bon pâturage ou en terres à labourer, propres à porter toutes les espèces de graines que l’on désirerait » (in Bacquet, 1975).

La mise en valeur des marais, occupant à cette époque la majeure partie des fonds de la Basse Vallée, est alors une priorité. Ces espaces « inaccessibles et presque toujours en eaux », « ne produis[ant] que des joncs et des mauvaises herbes », sont alors jugés comme étant « très mauvais » (Abbé Fandeau, 1784 ; in Bacquet, 1975). Parfaite illustration de la politique « hygiéniste » à l’œuvre aux XVIIIème et XIXème siècles, une loi de 1807 oblige ainsi les propriétaires à mettre en valeur eux-mêmes les terres humides, sous peine de voir cette mission confiée à des administrateurs publics.

Il faut néanmoins attendre 1811 pour qu’une Concession de dessèchement soit accordée pour 3 370 ha de marais situés entre Labroye et Villers-s/Authie. Après de nombreux procès conséquents aux conflits sur les niveaux d’indemnisations (liés essentiellement à la présence de nombreux moulins), les travaux sont finalement réalisés entre 1820 et 1827. Près de 400 km de canaux, fossés et rigoles sont ainsi construits, auxquels il faut ajouter 37 ponts et 34 ponceaux (Abbé Fandeau, 1784 ; in Bacquet, 1975).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

La volonté « d’assainissement » de ces zones est de plus permise par certaines mutations économiques affectant les activités traditionnelles. Ainsi l’essor de l’industrie du charbon, associé au déclin de l’activité de tourbage à partir des années 1840, et les avancées techniques dans les pratiques de mise en valeur des terres humides ont-ils encouragé cette politique hygiéniste. C’est également à cette époque, suite notamment au partage entre particuliers des terrains communaux en 1793, que remonte la plupart des tracés des parcelles et des haies. La relative permanence des paysages par la suite font que les écosystèmes actuels sont hérités en grande partie de la première partie du XIXème siècle.

C.1.3 XXème siècle et évolutions récentes

Le XXème siècle, et plus particulièrement sa seconde moitié, semble se caractériser par un certain désinvestissement des collectivités face aux problèmes de gestion de l’eau et des zones humides. L’exode rural et la persistance de l’image insalubre de ces espaces, sont ainsi à l’origine de leur relatif abandon et de la fermeture progressive du fond de vallée.

La Basse Vallée connaît par ailleurs depuis une quarantaine d’années une nouvelle phase de travaux d’assèchement, consécutive à une reconquête agricole de ces espaces et au développement de la populiculture*, traduit entre 1950 et 1970 par une période de plantation massive.

On estime que l’association des travaux de drainage et l’extension des peupleraies a eu pour conséquence la baisse de 70 cm des niveaux d’eau dans les zones humides, en l’espace de 25 ans (CPIE, 1997). L’assèchement de la Basse Vallée s’est ainsi traduit par le remplacement des grandes roselières par des mégaphorbiaies* à tendance eutrophe ou par leur envahissement par les massifs de saules. Les prairies qui s’étendaient au début des années 1950 ont quant à elles évolué en prairies banales ou en peupleraies. Certains milieux inexploités comme les roselières, les cariçaies et les mégaphorbiaies ont été plus ou moins abandonnés, laissant place aux saules, et connaissent alors une tendance à l’atterrissement.

Les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie connaissent encore aujourd’hui des évolutions importantes. La traduction spatiale et paysagère de ces aménagements (tracé de l’autoroute A 26 à travers le Marais de Tigny), boisements ou encore mise en valeur agricole est ainsi illustrée par la comparaison des cartes d’Occupation des sols de la région Nord-Pas-de-Calais en 1991 et 1998 (voir carte). On remarque ainsi que 21 ha de zones humides et 18 ha de prairies ont été boisés ou plantés en peupliers au sein du lit majeur en l’espace de 7 ans.

La très faible pression anthropique (densité moyenne de 24,8 hab./km² sur les 14 communes), associée à la prise de conscience actuelle de la valeur et de la vulnérabilité des cours d’eau et des zones humides expliquent néanmoins le bon état de conservation général de la Basse Vallée.

La dernière décennie est enfin marquée par la mise en œuvre de la Loi sur l’Eau de 1992, traduisant le plus clairement cette nouvelle volonté politique de mise en place d’une gestion équilibrée, visant notamment à assurer « la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et des zones humides » (Art. 2, Loi n°92-3 sur l’Eau).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

C.2 OCCUPATION DES SOLS ACTUELLE

Un premier aperçu de l’occupation des sols en Basse Vallée est donné par l’observation de la cartographie issue de CORINE -Land Cover (voir carte). L’unité constituée par la vallée au sein du bassin versant y est tout à fait visible. On note par ailleurs l’importance des prairies, des marais intérieurs et des territoires agricoles avec présence de végétation naturelle importante.

Le recours à la photo-interprétation permet, dans un second temps, de définir avec plus de précision des nuances d’occupations des sols et de leurs traductions en terme de couverture végétale. Une telle étude a été réalisée par le Conservatoire des Sites Naturels du Nord-Pas-de-Calais en 2000 (Lejeune, voir carte et tableau).

Occupation des sols et principaux habitats en Basse Vallée de l’Authie

Typologie Superficie (m²) Proportion (%)

Aulnaies marécageuses 943 703 4,3 Boisements alluviaux 971 297 4,5 Saussaies marécageuses 13,2 901 533 4,1 à Saule cendré Saulaies blanches 48 801 0,2 Peupleraies 1 760 464 8,1 Jeunes peupleraies 549 954 2,5 10,8 Peupleraies abattues 44 002 0,2 Prairies mésophiles 2 171 458 10 Prairies humides 3 107 375 14,3 Prairies humides 645 614 3 à hautes herbes 30,4 Prairies 574 740 2,6 longuement inondées Dépressions humides 101 813 0,5 de prairies Phragmitaies pures 1 461 276 6,7 ou presque Roselières inondées 471 622 2,2 25,6 Autres roselières et cariçaies 1 704 036 7,8 Mégaphorbiaies 1 324 314 6,1 Mégaphorbiaies boisées 610 159 2,8 Cultures 428 094 2 2 Ceinture d'étangs 501 724 2,3 9,6 Eaux libres 1 582 613 7,3 Activités de loisirs 1 158 037 5,3 8 Habitations et dépendances 578 048 2,7 Indéterminé 105 183 0,5 0,5

21 745 860 100 100

D’après Lejeune (2000).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

La cartographie opérée dans le cadre de l’étude par télédétection (Lejeune, 2000), couvrant les terrains les plus proches du cours d’eau (21,7 km²), mais privé partiellement des secteurs de Colline-Beaumont, Dompierre-s/Authie et de la partie de Villers-s/Authie concernée, fait apparaître la situation suivante : ° Près d’un tiers des terrains est constitué de prairies plus ou moins humides ; ° Un quart abrite des phragmitaies et mégaphorbiaies ; ° Un peu moins d’un quart est boisé (peupleraies comprises).

Cet espace, occupé par ailleurs pour 8 % par les habitations et infrastructures humaines et 2 % par des cultures, possède donc un fort cachet naturel, à l’origine notamment de ses qualités paysagères, écologiques et hydrobiologiques.

C.3 LES USAGES DE L’EAU EN BASSE-VALLEE

Si les usages de l’eau sont aujourd’hui beaucoup plus limités qu’il y a encore une quarantaine d’années, près de 71 forages, captages ou puits sont encore recensés sur les communes situées en Basse Vallée et le secteur aval. Ces usages regroupent l’alimentation en eau potable (AEP), les usages domestiques, industriels et agricoles (irrigation).

La très grande majorité des prélèvements se situe néanmoins sur les versants, le plateau ou les vallons secs et est effectuée en profondeur au sein de la Nappe de la craie. La nappe alluviale est néanmoins encore exploitée et on peut par exemple observer dans une ferme de Noyelle un puits prélevant près de 1 m3 d’eau / jour (donnée BRGM - Banque du sous-sol, site Internet).

Lorsque les prélèvements sont effectués dans la nappe alluviale, l’usage domestique, ici le plus exigeant, ne nécessite par ailleurs pas une eau d’une qualité physico-chimique irréprochable, le recours au puits pour l’alimentation en eau potable étant exceptionnel et n’étant pas amené à se développer. Ainsi, à l’échelle du bassin versant de la Basse Vallée, seuls 14% des stations de prélèvement à usages domestiques (soit 263 861 m3/an) sont effectivement actives, les autres étant abandonnées ou en voie de l’être (données AEAP).

Les usages de l’eau, en se limitant, pour la part de consommation domestique, aux stations de prélèvement pérennes, et en considérant l’ensemble des 14 communes de l’Authie en Basse Vallée, se repartissent de la manière suivante :

Répartition des volumes d’eau captés par type d’usage dans les communes riveraines de l’Authie en Basse Vallée et en aval

Part dans les Type d’usage Volume (m3/an) prélèvements totaux

Agricole 806 599 72 % Domestique 263 861 24 % Industriel 9 269 1 % Divers 29 718 3 %

TOTAL 845 586 100 %

D’après AEAP (données 2000).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Deux points importants sont donc à retenir concernant le prélèvement et les usages de l’eau en Basse Vallée d’Authie : ° La très grande majorité des prélèvements est réalisée au sein de la Nappe de la craie. Comme dans l’ensemble du Bassin Artois-Picardie, seule la Nappe de la craie est en effet exploitée pour l’AEP. Les quantités ainsi disponibles répondent par ailleurs aux besoins actuels et potentiels (long terme) ; ° Les usages associés aux prélèvements réalisés au sein de la nappe alluviale ne nécessitent pas une excellente qualité de l’eau. Les enjeux anthropiques liés à la qualité des eaux de la nappe alluviale sont donc très faibles. Ce n’est donc pas l’Alimentation en Eau Potable qui justifie ici la valeur du service rendu de préservation de la qualité des eaux. D’autres retombées, plus indirectes, telles que les conséquences halieutiques d’une amélioration de la qualité piscicole du cours d’eau ou une diminution des pollutions estuariennes et littorales peuvent par ailleurs être prises en considération.

C.4 MODES D’UTILISATION DES ZONES HUMIDES

Les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie sont le support de multiples activités. Les liens de dépendance et de compatibilité entre ces milieux et ces activités sont néanmoins de natures très diverses.

Aussi l’objectif n’est-il pas ici de réaliser un simple inventaire des activités hébergées au sein du lit majeur de l’Authie, mais bien de définir quels usages sont directement liés à la présence des zones humides et dans quelles mesures les pratiques qui y sont associées sont compatibles entre-elles, mais aussi avec une gestion conservatoire de ces milieux.

C.4.1 Activités minières et industrielles Aucune exploitation de granulats ou de tourbe ou toute autre activité extractive n’est pratiquée sur le secteur de la Basse Vallée.

Les revenus des activités industrielles, par ailleurs très peu nombreuses, ne sont pas étudiés dans le cadre d’une étude de la valeur des zones humides. A moins que l’eau (de part sa qualité ou l’énergie qu’elle fournit) intervienne dans le processus de production, les industries ne sont en effet pas associées ou influencées par la présence des zones humides. Les industries ne figurent par ailleurs pas au sein de la liste de contrôle des usages proposée dans le cadre du Programme National de Recherche sur les Zones Humides (Laurans, Dubien et Cattan, 2000).

C.4.2 Productions primaires Agriculture Descriptif et effectifs (d’après Recensement Général Agricole, 2000) Dans ce secteur fortement rural, l’agriculture est une activité structurante majeure du paysage. La superficie agricole utilisée communale s’élève ainsi à plus de 9611 ha, soit plus de 70% des superficies communales totales. On y trouve les sièges d’une centaine d’exploitations, regroupant une population familiale active de plus de 180 personnes, à laquelle s’ajoute une trentaine de salariés permanents.

D’une taille moyenne de 75 à 80 ha (pouvant s’étendre sur différentes communes du bassin versant), ces exploitations pratiquent la céréaliculture, pour près de 90 exploitations, recouvrant une large partie des plateaux et des bas de versants. Les terres labourables constituent ainsi environ 80% de la superficie agricole utilisée par

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. les exploitations. L’observation de la carte d’Occupation des sols permet d’estimer à 43 ha l’emprise des cultures au sein du lit majeur (soit 2 % des 21 km² les plus proches du fleuve ; Lejeune, 2000).

Les cultures se font en effet plus rares au sein du lit majeur, qui concentre une large partie des plus de 1200 ha de Surface Toujours en Herbe. La pâture reste en effet la première vocation agricole de ces zones humides, dans un secteur où l’élevage tient une place importante. On dénombre ainsi près d’une soixantaine d’exploitations d’élevage, dont la moitié à vocation laitière (représentant un peu moins de 700 vaches laitières sur un cheptel total de plus de 4500 bovins).

Les pâtures situées au sein du lit majeur sont constituées de parcelles privées, mais aussi des terrains communaux, dont certaines parcelles sont louées à cet usage.

Le secteur est néanmoins affecté par la crise et les tendances touchant le monde agricole français depuis les dernières décennies. L’illustration en est donnée, entre 1988 et 2000, par la division par 2 du nombre d’exploitations, tandis que les superficies exploitées baissaient quant à elles de moins de 20%.

Compatibilités L’agriculture intensive, notamment céréalière, est peu adaptée aux conditions pédologiques trouvées en zones humides. Aussi la rentabilité des cultures a-t-elle le plus souvent nécessité le drainage des zones et la mise en place de traitements fertilisants et phytosanitaires. La dégradation du milieu est alors inéluctable, pouvant mener localement à la disparition des zones humides (très rapidement d’un point de vue fonctionnel, puis une disparition physique réelle). L’apparition de parcelles mises en culture au contact des prairies humides est ainsi une source importante de pollutions (risques d’érosion des sols, d’eutrophisation*…) et de perturbations pour l’écosystème alluvial.

Le cas de l’agriculture extensive est cependant tout à fait différent. Les pratiques agricoles favorisant le pâturage à faible chargement sur les prairies humides et quelques cultures fourragères de complément sur les prairies les plus sèches du lit majeur sont ainsi traditionnellement intégrées au sein des systèmes agraires de vallées. Certaines expériences menées sur des zones humides protégées ont ainsi prouvé la compatibilité, et les intérêts partagés, entre agriculture et préservation des milieux. La valorisation des productions est également une piste expérimentée actuellement sur plusieurs sites français (Vallées angevines, Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin).

Aussi le pâturage, adapté au degré de vulnérabilité du milieu, permet-il d’assurer un entretien régulier des sites (débroussaillage) et participe ainsi à la gestion écologique. Les activités agricoles coexistent de même en principe avec les activités de pêche, en dehors des conflits particuliers liés à l’usage de berges privées. Sans qu’il y est d’antagonisme en terme de fonctionnement, il peut par ailleurs y avoir des situations de conflits d’usage du sol avec les activités de loisir, la chasse ou le tourisme. Ce dernier point est néanmoins nuancé par le fait que le maintien de l’activité agricole participe certainement à la valeur touristique et récréative du site.

Pisciculture La Basse Vallée de l’Authie accueille sur la commune de Douriez une exploitation piscicole, gérée sous la forme d’un GAEC. Son fonctionnement, à condition que le fleuve conserve ses caractéristiques hydrauliques actuelles, ne serait cependant pas affecté par un éventuel assèchement de la zone. L’exploitation, dont les bassins se

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. trouvent légèrement surélevés par rapport au fleuve n’a par ailleurs pas été affectée par les inondations survenues en 2001.

Sylviculture* / Populiculture Descriptif Située à l’extrême sud-ouest de la région la moins boisée de France, l’arbre tient pourtant une place relativement importante en Basse Vallée. Avec une superficie boisée de près de 1200 ha, les arbres couvrent ainsi 8,8% de la surface communale (15% des terres cultivées ou boisées), en se concentrant essentiellement au sein du lit majeur (voir tableau).

Boisement des communes de la Basse Vallée d’Authie Superficie des terres Superficie communale Superficie boisée cultivées et boisées (en ha) (en ha) (en ha) 13 570,5 7 938,4 1 197,6

D’après Fontaine et Guilbert (1999).

Ce tableau très général recouvre 3 types de boisements : ° Les haies et linéaires arborés : composés de feuillus durs et/ou de peupliers anciens ; ° Les bois de feuillus durs : taillis-futaies d’aulnes, frênes, chênes, sycomores… ; ° Les peupleraies.

Seules les plantations de peupliers témoignent ici d’une véritable volonté d’exploitation commerciale du bois. Les haies, et essentiellement les bois de feuillus durs sont généralement tout juste entretenus pour permettre la pratique de la chasse et la coupe de bois de chauffage (de faible ampleur). La populiculture est au contraire développée dans une optique de rentabilité économique et se rencontre ici comme dans de nombreux fonds de vallée. Plus d’une commune sur deux est ainsi concernée par la populiculture sur l’ensemble du bassin versant.

Les plantations sont de tailles modestes (< 4 ha) et occupent près de 436 ha sur l’ensemble des communes riveraines de l’Authie en Basse Vallée (dont une large partie située au sein des vallons affluents du fleuve). Plus du tiers de ces plantations se situe sur Villers-s/Authie et Nampont-Saint-Martin (d’après Fontaine et Guilbert, 1999). En se référant à l’étude réalisée par le CSN (Lejeune, 2000), il est permis d’estimer la superficie en peupleraie, hors linéaires, au sein du lit majeur à 235 ha.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. La populiculture sur les communes de la Basse Vallée de l’Authie

Superficie en Proportion Peupleraies / Proportion Peupleraies /

peupleraie (ha) superficie communale (%) sup. terres agricoles (%) Colline-Beaumont 6,4 1,4 2,1 Villers-s/A. 81 6,7 17,2 Tigny-Noyelle 4,9 0,7 1,2 Nampont-St-Martin 69,9 3,6 6,15 Nempont-St-Firmin 1,85 0,4 0,7 Roussent 6 1,2 1,9 Maintenay 55,3 4,6 7 Argoules 31,3 3,3 5,5 Saulchoy 27,7 5,2 10,1 Douriez 4,1 0,5 0,8 Dominois 36,6 5,9 12,7 Ponches-Estruval 30,2 4,3 6 Tortefontaine 30,1 2,5 4,4 Dompierre-s/A. 50,4 2,2 3,5 TOTAL 435,8 ha 3,2 % 5,5 %

D’après Fontaine et Guilbert (1999).

On observe sur le secteur une importante diversité des types de peupleraies. Les « stations » occupées, les superficies et les modes de gestion varient ainsi beaucoup selon les parcelles. La populiculture constitue ici le plus souvent une activité complémentaire pour les exploitants agricoles disposant de parcelles en zone humide et n’est donc pas une affaire de gros propriétaires forestiers. Un certain nombre de parcelles est par ailleurs propriété des communes, exploité ou mis en location.

La forte rentabilité de cette pratique, fréquemment comparée aux placements d’épargnes (Fontaine et Guilbert, 1999), associée à la relative facilité de ce mode de culture et aux besoins de l’industrie du bois, explique son développement. On note ainsi entre 1954 et 1996 sur l’ensemble des départements de la Somme et du Pas-de-Calais une croissance de 286 % des surfaces exploitées (d’après Agreste - Statistiques Agricoles Annuelles ; in Fontaine et Guilbert, 1999).

Pratiques L’élément déterminant les compatibilités et les impacts de la populiculture sur les milieux réside dans le choix des zones d’implantation des peupleraies. Trois types de zones, ou « stations », humides sont distinguées par les forestiers (CRPF*, 1999) : ° Station fraîche (toit de la nappe situé entre 80 et 150 cm de la surface en été) : située en bas de pente ou sur les replats des versants, à mi-pentes. Au contact des zones humides, ces stations ne sont pas localisées au sein même des marais et des prairies fréquemment inondées. La perturbation des milieux humides et les conflits d’usages avec d’autres activités (propres aux zones humides) sont donc peu importants ; ° Station humide (niveau de nappe entre 40 et 80 cm) : correspond aux fonds de vallée et aux bas de pentes, et concerne donc directement les zones humides. Bien que puisse se développer dans certaines conditions de gestion une végétation et une faune intéressantes, les risques d’une perte de biodiversité de la zone humide sont néanmoins réels ;

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Ces deux dernières stations sont jugées les plus rentables et constituent donc la plus grande part des peupleraies observées en Basse Vallée. Un dernier type de station est néanmoins également exploité ici : ° Station mouilleuse (niveau de nappe inférieur à 40 cm) : située à proximité immédiate des cours d’eau et au sein des zones de marais. Elle correspond à des zones à forte biodiversité et particulièrement vulnérables. Les coûts engendrés par le drainage des sols et les travaux d’entretien nécessaires ne parviennent par ailleurs le plus souvent pas à être compensés par la vente du bois. La logique de rentabilité économique ne justifie donc le plus fréquemment pas ces plantations et la plantation de ces milieux est ainsi déconseillée par les professionnels (information CRPF).

Les modes d’exploitation sont ici de types extensifs ou semi-extensifs. La plus fréquente, la production extensive, consiste en un suivi stricte des plants au cours des 6 premières années, l’entretien de l’accessibilité, opéré par gyrobroyage* et appliqué 1 interligne sur 2, et le traitement des pieds pendant 3 ans (à moins d’un binage mécanique). En gestion semi-extensive, le gyrobroyage est prolongé jusqu’à la fin du peuplement (entre 25 et 35 ans) (d’après les conseils de gestion prodigués par le CRPF).

Compatibilités Le cas des peupleraies en station mouilleuse est assez simple : d’un fort impact écologique et le plus souvent non-rentable, la populiculture sur les sites les plus humides ne s’intègre donc pas dans un schéma de gestion durable de la Basse Vallée. La situation en station humide est plus complexe.

Les interactions de la populiculture avec le milieu sont de plusieurs ordres. Le rôle des peupleraies dans l’assèchement des marais est par exemple reconnu. Si cet impact peut être présenté comme étant bénéfique, notamment dans une problématique de lutte contre les inondations, on peut néanmoins se demander si cette action sur le milieu est à mettre en avant dans des milieux de marais, dont la vocation naturelle est d’être saisonnièrement inondés. Ceci est sans doute différent en station fraîche.

Cette baisse des niveaux d’eau dans le sol, s’ajoutant à la fermeture du milieu, est de plus à l’origine d’une baisse de la biodiversité. Cette baisse d’hydromorphie* peut également avoir des impacts sur les qualités dénitrifiantes des zones humides (pouvant entraîner l’eutrophisation du milieu). Ces dernières sont par ailleurs compensées par la propension des peupliers à capter l’azote et le phosphore des sols. Ceci est d’autant plus intéressant que ces éléments sont stockés, mais aussi exportés (contrairement à une ripisylve* classique).

En terme d’activités, on observe sur certaines parcelles des pâtures plantées, permettant d’associer populiculture et agriculture. Les productivités des 2 activités s’en trouvent néanmoins altérées.

Les problèmes de compatibilité avec les autres usages sont essentiellement liés aux conflits d’usage du sol. Si la chasse à la hutte ne peut pas être associée à la plantation de la parcelle, un entretien régulier de la peupleraie permet cependant la pratique de la chasse à la botte, et assure l’accessibilité des berges aux pêcheurs (si possibilité de pêche).

A partir d’une certaine ampleur, cette pratique participe enfin à la dégradation paysagère du site, pouvant être à l’origine d’une baisse potentielle de sa valeur récréative et touristique. Les nombreux linéaires, ajoutés aux peupleraies, renforcent ainsi la très forte présence visuelle du peuplier.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Aux vues de l’importance de la populiculture dans le contexte socio-économique local, des perturbations (positives ou négatives) sur le milieu et les autres usages et, enfin, des possibilités offertes en terme de gestion, il est possible de penser qu’une populiculture exclue des stations mouilleuses et gérée de manière extensive et raisonnée sur les stations humides est en mesure de s’inscrire dans le cadre d’une gestion durable du milieu.

La populiculture, mode de mise en valeur le plus rentable des parcelles hydromorphes, pour lequel existe une demande industrielle et un marché de transformation local, et correspondant de plus à la seule exploitation sylvicole dont l’exploitant profite de son vivant, est bien une composante à intégrer au sein d’une gestion durable des zones humides. Les réflexions menées sur le développement d’autres formes de sylviculture sont dans ce cadre très intéressantes. Des expériences associant forestiers et gestionnaires de l’environnement tentent ainsi de valoriser les taillis-futaies de chêne, frêne et autres essences développées sous la peupleraie et pouvant survivre à la coupe des peupliers.

C.4.3 Activités récréatives

L’offre en matière d’activités récréatives est relativement pauvre. Entre les activités de tourisme fluvial, pêche de loisir, canoë-kayak, aviron, randonnée, cyclotourisme- VTT et équitation, on ne dénombre ainsi que 3 associations agrées de pêche, localisées à Tigny-Noyelle, Roussent et Douriez. Cet inventaire s’étoffe à 18 associations de pêche (1111 adhérents), 1 club de canoë-kayak (15 licenciés), 3 associations de randonnée (4 circuits), 3 clubs de cyclotourisme et 5 clubs de randonnée équestre à l’échelle du bassin versant (AEAP, 2001).

Unique activité de loisir présente en Basse Vallée, la pêche n’en demeure pas moins très importante sur notre secteur d’étude.

Pêche Effectifs et pratiques La pêche de loisir est particulièrement importante sur le secteur de l’Authie. Une enquête menée auprès des 3 Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (AAPPMA) présentes en Basse Vallée de l’Authie (Douriez, Roussent et Tigny-Noyelle) permet de mieux cerner les effectifs concernés. Une large part, constituée des pêcheurs pratiquant au sein des petits étangs clos, privés ou communaux, échappe cependant au présent inventaire.

Il est ainsi possible de recenser 532 pêcheurs, inscrits au sein de la Basse Vallée. Ces pêcheurs se répartissent entre Première catégorie, Seconde catégorie et Pêche aux Grands migrateurs. On peut par ailleurs noter que les effectifs de pêcheurs exonérés de taxe piscicole apparaissent négligeables ; ceci s’explique notamment par les limites en matière de moyens techniques associées à ce statut pourtant financièrement intéressant et au faible coût de certaines cartes de pêche sur le secteur (15 €/an par exemple).

Ce grand nombre de pêcheurs reflète une très grande variété des pratiques et de relations avec le milieu.

On distingue 4 principales formes de pêche : ° Pêche dans les étangs. Cette pratique est la plus difficile à appréhender en terme d’effectifs. Aucun permis de pêche n’est en effet requis pour pêcher au sein des nombreux étangs clos, privés ou communaux, et aucun étang

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. n’est par ailleurs géré par les 3 AAPPMA locales. Ces étangs accueillent une population de pêcheurs « amateurs » venus prendre des poissons d’élevage (Truite arc-en-ciel par exemple) ; ° Pêche aux poissons blancs (cyprinidés) dans le canal. Le canal, classé en Seconde catégorie, héberge des espèces recherchées, telles que le Brochet ou la Perche. Un grand nombre de pêcheurs se répartit ainsi sur les berges du canal, en terrains privés ou gérés par les AAPPMA (176 pêcheurs adhérents pour près de 3 km de berges) ; ° Pêche aux espèces salmonicoles dans l’Authie. Si le linéaire de l’Authie géré par les 3 AAPPMA représente moins de 5% du linéaire total, le fleuve n’en demeure pas moins un point majeur de l’activité de pêche sur le secteur. On compte ainsi pas moins de 331 pêcheurs de Première catégorie, convoitant notamment la Truite fario, patrimoniale ou de repeuplement, espèce phare de la Basse Vallée ; ° Pêche aux Grands migrateurs dans l’Authie. Pratiquée par quelques spécialistes, la pêche aux Grands migrateurs (c’est-à-dire ici essentiellement la Truite de mer) illustre la valeur piscicole du secteur et participe pleinement à l’image de la Basse Vallée. Si on dénombre environ 76 Permis Grands migrateurs délivrés par les Associations locales, le nombre de pêcheurs assidus à ce type de pêche est cependant très faible.

Compatibilités La pêche, en tant qu’activité de prédation, comporte bien sûr des impacts écologiques. Ce risque est cependant limité par le fait que la pêche « de masse » soit réservée aux étangs, approvisionnés en poissons d’élevage, tandis que la pêche sur les berges du canal ou du fleuve s’avère beaucoup moins efficace. On estime ainsi par exemple à la Société de Pêche de Tigny-Noyelle, comprenant 260 adhérents, dont une cinquantaine de pêcheurs réguliers (venant en moyenne 1 fois par mois), que les prises de Truites fario s’élèvent à une trentaine par an. Le rôle des associations locales dans le suivi et la gestion des populations est donc ici primordial et on mesure donc les bénéfices à tirer d’une gestion de la richesse piscicole à l’échelle du bassin versant (revendiquée par le Groupement des Associations de Pêche de la Vallée de l’Authie – GAPVA).

La convergence des intérêts directs pouvant exister entre gestion conservatoire des zones humides, en terme de biodiversité et de fonctionnalité (laminage des crues et préservation de la qualité des eaux), et la gestion de la richesse piscicole est par ailleurs intéressante à mettre en avant. Ceci est particulièrement vrai en fleuve classé Grands Migrateurs (ce qui est le cas de l’Authie), puisque l’attention portée à la gestion des zones de frayères et la sensibilité des pratiquants confortent la mise en place d’une gestion conservatoire des zones humides alluviales.

Le deuxième impact tient à la dissémination des étangs. Clos, mais relativement profonds, leur prolifération dans certains secteurs est sans doute à l’origine d’une perturbation des niveaux d’eau, et plus généralement de l’hydromorphie, au sein des marais. Les étangs en « eaux libres » constituent par ailleurs le plus souvent, du point de vue des Fédérations départementales pour la pêche, un facteur de dégradation des cours d’eau et il est donc important de s’assurer de l’absence de relations hydrauliques superficielles entre ces étangs et les cours d’eau. Le rôle économique tenu par ces étangs est par ailleurs important, constituant un atout touristique majeur de la Basse Vallée.

Aussi les conflits d’usages peuvent-ils exister entre la pratique de la pêche et d’autres activités. L’emprise spatiale relativement faible et l’absence de dangerosité ou d’aménagement lourd limitent pourtant ces conflits. Les éventuels risques tiennent au nombre et de l’étendue des étangs ou relèvent de la juxtaposition

Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. difficile du droit de la propriété privée, du droit de la pêche et de la nécessité d’une gestion cohérente.

Les relations fortes entre Tourisme et Pêche peuvent être mesurées par la répartition des origines géographiques des adhérents aux AAPPMA. On s’aperçoit ainsi que seule la moitié des pêcheurs provient de la Basse Vallée, tandis que 33% résident dans les 2 départements limitrophes et 16% sont originaires de France, Belgique ou du Royaume-Uni. Dans ce secteur, les deux usages sont donc fortement liés et il est alors intéressant de mentionner ici l’enquête menée pour l’AFIT* sur les pratiques et les attentes de la clientèle du tourisme halieutique en France (CRISTAL, 1998). Cette dernière indique ainsi que la qualité de l’eau constitue le premier critère de choix et d’évaluation des lieux de pêche (devant la quantité de poissons et l’accessibilité aux sites). Une gestion raisonnée, veillant à la non-profusion des étangs et valorisant la mise en cohérence des gestions et des offres en termes de parcours et de patrimoines de pêche doit donc permettre une bonne cohabitation des enjeux et le respect des zones humides.

C.4.4 Chasse

La chasse, sous ses différentes formes, est une pratique répandue en Basse Vallée. Si la chasse classique au petit gibier existe, en bordure des prairies humides, c’est ici la chasse au gibier d’eau, directement dépendante des conditions d’humidité du milieu, qui retient notre attention.

Effectifs Le nombre de chasseurs est difficile à connaître avec exactitude, en raison notamment des modes d’inscription des pratiquants au sein des sociétés de chasse (qui peuvent être extérieures à la zone). Il peut néanmoins être approché en connaissant le nombre de permis de chasse, et plus particulièrement ceux spécialisés « Gibier d’eau », attribués aux résidents de la zone.

D’après enquête auprès de Fédérations départementales de chasseurs et des Municipalités de la Basse Vallée (10 communes/14), on peut ainsi indiquer, comme effectifs de chasseurs « Gibiers d’eau » : ° Effectif minimal = 132 (comprenant les chasseurs clairement identifiés par enquête et par les données de la Fédération de la Somme) ; ° Effectif maximal = 252 (comprenant les 132 chasseurs identifiés et les effectifs de chasseurs totaux obtenus d’après enquête) ; ° Effectif « moyen » = 175 (considérant les 132 chasseurs identifiés et que leur part s’élève à 60% des chasseurs totaux sur les communes où seule est disponible cette dernière information ; ce taux correspond au taux moyen observé sur 7 communes).

Avec près de 175 chasseurs et sans doute près d’une cinquantaine de huttes (36 mentionnées sur les 10 communes ayant participé à l’enquête), on mesure ainsi la place occupée par la chasse dans l’activité socio-économique locale mais aussi les risques de pressions exercées sur le milieu et de conflits d’usages.

Pratiques et compatibilités L’impact sur le milieu le plus perceptible de cette activité tient naturellement à sa nature même de prédation. Sont principalement concernées les populations d’anatidés (canards, sarcelles…), de rallidés (foulques, râles…), de quelques charadriiformes tels que des vanneaux, bécassines ou barges, ou encore de différents columbidés.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Mis à part les ajustements sans aucun doute nécessaires des périodes et des espèces chassées, ce qui est du ressort de l’Etat (voire de l’Union européenne), l’impact sur les habitats humides et les degrés de compatibilité avec les autres activités diffèrent selon les pratiques des chasseurs.

La chasse « à la botte » tout d’abord, se pratique aux abords des marais et prairies humides inondées. Si les impacts sur les habitats sont relativement faibles, cette pratique est par contre très peu compatible avec les activités de loisir. Ses expansions saisonnières, mais aussi spatiales doivent donc être strictement réglementées. Aucune perturbation ne semble par contre affecter les fonctions naturelles de stockage des crues et d’épuration.

Une large part des chasseurs de la zone pratique la chasse « à la hutte ». Un cabanon en bois (nommé « hutte ») est mis en place aux abords d’un plan d’eau artificiel entretenu par le propriétaire de la petite parcelle. Les huttes peuvent être privées ou propriétés de la Commune, qui propose alors à la location ses parcelles aux habitants (généralement cédées après enchères pour un bail de 9 ans).

Les étangs sont peu profonds et généralement « clos » (c’est-à-dire sans liaison hydraulique superficielle avec le fleuve ou les canaux). Si les mêmes incompatibilités que précédemment sont constatées avec les autres activités (tourisme et promenade essentiellement), la pratique est néanmoins cantonnée à la mare, ce qui limite les conflits d’usage. Les travaux d’entretien de la parcelle, généralement opérés en été, peuvent par ailleurs ne déranger que peu la faune et peu perturber le milieu.

Si ces étangs ne perturbent donc individuellement que peu le milieu, leur dissémination au sein du lit majeur peut néanmoins susciter quelques appréhensions concernant les impacts globaux sur le niveau de la nappe et ses répercussions sur l’Authie. On dénombre ainsi pas moins de 118 plans d’eau (de chasse et pêche) sur les 8 seules communes du versant Pas-de-Calais, représentant une superficie de près de 618 000 m² (Information de P. Rosan, Conseil Supérieur de la Pêche).

L’addition des étangs et huttes peut également laisser penser que l’ampleur de cette pratique peut être à l’origine d’un conflit d’usage avec les autres activités telles que la pêche ou constituer des aménagements ne permettant pas d’assurer une fonctionnalité satisfaisante en matière d’épuration naturelle.

Il est donc important de retenir que, plus que l’activité de chasse en elle même, ce sont l’ampleur du nombre de parcelles réservées à cet usage et la qualité des pratiques de gestion qui sont à considérer avec attention.

C.4.5 Tourisme

Descriptif de l’activité Située quelques kilomètres en arrière du littoral (et des stations balnéaires de Berk et Fort-Mahon), et dans un cadre naturel encore relativement préservé, la Basse Vallée d’Authie présente 2 particularités majeures du point de vue de l’offre touristique : ° L’offre en matière d’hébergement rural ; ° La place du camping dit « de Loisir ».

On dénombre sur les 14 communes de la Basse Vallée riveraines de l’Authie pas moins de 14 gîtes et 18 chambres d’hôtes Gîtes de France, soit une offre équivalent respectivement à environ 86 et 18 lits (données Gîtes de France, 2002). Avec des

Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. taux d’occupation compris entre 20 et 25 semaines/an pour les gîtes et entre 80 et 120 nuitées/an pour les chambres d’hôtes (données CRT* Nord-Pas-de-Calais et CDT* Somme, 2002), on mesure l’importance du rôle tenu par ces structures d’accueil particulières.

Le caractère marquant du tourisme local consiste par ailleurs en la très forte prédominance de l’hébergement de plein air, et plus précisément des campings possédant la mention « Loisir », c’est-à-dire ceux dont plus de la moitié des emplacements est louée en longs séjours. Ainsi, seuls 61 emplacements sur les 332 que comptent les 4 campings traditionnels du Pas-de-Calais (le cinquième est un petit camping à la ferme) sont disponibles pour les touristes de passage. Il s’agit pour une large part « d’habitués », louant à l’année leur emplacement de caravane ou mobil-home au sein du lit majeur, et à proximité directe du fleuve et des parcours de pêche.

La vallée compte enfin 3 hôtels, dont l’Abbaye de Valloire.

Capacité d’hébergement touristique en Basse Vallée de l’Authie

Gîtes Chambres d'hôtes Campings Hôtels

Nombre Lits Nombre Lits Nombre Places Nombre Chambres

14 86 18 49 13 980 4 79

D’après données Gites de France, CRT Nord-Pas-de-Calais et CDT Somme (2002).

La capacité d’hébergement, en considérant que les chambres d’hôtels et les emplacements de campings correspondent à 2 « lits », se monte alors à près de 2250 lits sur les 14 communes riveraines de l’Authie en Basse Vallée.

Un effectif important de touristes échappe par ailleurs à cet inventaire. Un grand nombre de caravanes et mobil-homes constitue en effet les résidences secondaires de citadins ayant acheté là un terrain à bon marché et passant certains week-ends et semaines de vacances en « camping » au bord de l’Authie. On peut également mentionner la présence d’un Village Vacances EDF.

Impacts et compatibilités Si le site profite de la proximité du littoral, le fort cachet naturel, assuré par la préservation des zones humides en bordure de l’Authie, est sans conteste un atout touristique majeur de la Basse Vallée. On sait ainsi que les loisirs de découverte représentent près d’un tiers de la fréquentation des équipements touristiques sur le secteur Canche-Authie (Données CRT Nord-Pas-de-Calais).

Néanmoins, mis à part les étangs de pêche, le seul équipement touristique de la Basse Vallée est le golf de Nampont-St-Martin, aménagé sur une zone humide remblayée. Ceci témoigne ainsi efficacement de la fragilité de la relation entre Tourisme et Environnement. Les aménagements, qui répondent à une demande d’une partie (peut-être majoritaire) des touristes, sont en effet souvent loin d’être compatibles avec la protection des zones humides. Sans aller jusqu’à la destruction du milieu, on mesure la complexité de la gestion des différents enjeux lorsqu’on considère l’ouverture au public des zones humides préservées, dont l’équilibre écologique est le plus souvent très fragile.

Dans un principe d’aménagements légers et limités en nombre, l’activité touristique est par ailleurs compatible avec le plus grand nombre d’usages et fonctions associés aux zones humides. La pêche constitue ainsi un atout touristique important,

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. tandis que l’agriculture contribue à animer le paysage. Le tourisme et la pratique de la chasse peuvent néanmoins connaître des conflits d’usages importants.

Enfin, le point important consiste dans l’incompatibilité de la valorisation de la fonction de stockage et laminage des crues avec le maintien des nombreux campings au sein du lit majeur. Ces derniers devraient ainsi tirer les conséquences de la parution de la cartographie des zones inondables de la vallée de l’Authie et opérer un retrait de quelques centaines de mètres vers les versants.

Le tourisme, dans ce secteur dépourvu d’activité industrielle et dans un contexte national de crise des petites exploitations agricoles, représente aujourd’hui une activité importante dans l’économie locale. La mise en valeur touristique de la vallée est ainsi sans doute l’un des enjeux majeurs du développement de ses communes et permet de rappeler, s’il en était encore besoin, la nécessité d’une gestion intégrée des zones humides.

C.5 BILAN DES ACTIVITES ASSOCIEES AUX ZONES HUMIDES

Comme précédemment, un tableau de synthèse inspiré du modèle établi dans le cadre du Projet 34 du PNRZH (Laurans, Dubien, Cattan et al., 2000) présente les activités et usages associés aux zones humides sur le secteur d’étude.

C’est ce bilan, associé à celui dressé suite à l’identification des services rendus en tant « qu’infrastructures naturelles » qui permet de réaliser l’évaluation économique des services rendus par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Tableau récapitulatif des activités et usages assurés par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie

Valeur apportée et Absence / Présence Compatibilité avec la Usage méthode d’évaluation Effective / Potentielle gestion conservatoire économique Consommations minières (granulats, Absence - - extraction de tourbe…) Pour la production de biens

Peu rentable Produits de fauche, en milieu humide bien valorisation du cheptel Agriculture Pâturage et culture que pâturage et assurant le pâturage et gestion conservatoire revenus communaux soient très compatibles (location des parcelles)

Déconnectée de Pisciculture 1 exploitation Aucune la zone humide

Compatible, à condition d’une Valeur ajoutée dégagée exploitation extensive par l’exploitation et Populiculture > 235,4 ha et d’une ampleur revenus communaux limitée à certains (location des parcelles) types de stations

Pêches professionnelles Absence - -

Navigation fluviale Absence - -

Pour les loisirs

Entre 132 et 252 Compatible selon les Revenus communaux chasseurs Gibiers pratiques de gestion du (location des parcelles) Chasse d’eau sur la zone milieu. Important dans la et dépenses personnelles (moy. estimée : 175) culture locale. annexes des usagers

Compatible à condition Revenus communaux 532 pêcheurs d’aménagements limités. (location des parcelles) Pêche (adhérents Important dans et dépenses personnelles aux AAPPMA) la culture locale. annexes des usagers Sport et activités Absence - - nautiques Possibilités de Randonnées, récréation développement, si Absence - et observation aménagements limités (sentiers, observatoires…)

Compatible. Valeur brute dégagée Tourisme vert Oui Aménagements légers par l’accueil touristique néanmoins nécessaires.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. D. ESTIMATION DE LA « VALEUR ECONOMIQUE DURABLE » DES ZONES HUMIDES

Les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie, bien que rendues peu fonctionnelles par les aménagements anthropiques, constituent un ensemble de milieux écologiques particulièrement riches et vulnérables, et hébergeant bon nombres d’activités économiques et/ou récréatives plus ou moins dépendantes de leur présence. Bien que a priori placées à l’écart des dynamiques anthropiques locales, elles sont en fait au cœur d’un système socio-économique et écologique complexe.

S’intégrant dans le contexte d’essor des thématiques de recherches sur les valeurs de ces milieux, la présente étude se propose d’estimer la valeur globale des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Cette démarche répond à la volonté de permettre une compréhension globale des dynamiques et enjeux propres à ces milieux, mais aussi, comme le rappelle le Programme National de Recherche sur les Zones Humides, de réunir « les conditions d’adhésion sociale à une politique de conservation et de reconquête des zones humides » (Laurans, Dubien, Cattan et al., 2000).

Cette étude constitue ainsi l’un des premiers exemples d’étude globale des zones humides et sa mise en œuvre se doit ainsi de reposer sur des principes et des méthodes clairs. Aussi cette analyse complexe ne peut-elle être conduite que suite à l’inventaire détaillé des fonctions et usages réalisé précédemment. L’objectif est de répondre à deux interrogations majeures :

Quelles sont les retombées économiques liées à la présence des zones humides ? La réponse à cette question, qui constitue la première étape de la prise de conscience de la valeur globale de ces milieux, recouvre trois enjeux particuliers : ° Identifier les valeurs dites « d’usages ». Elles correspondent aux retombées économiques des activités humaines sur le milieu. Facilement identifiables, leur mesure permet d’appréhender le plus justement possible les enjeux socio-économiques perçus localement ; ° Evaluer les avantages économiques que tire la Collectivité (lato sensu) des services hydrologiques rendus par les zones humides. C’est la notion « d’infrastructures naturelles » utilisée de plus en plus fréquemment par les gestionnaires afin de favoriser la compréhension par les acteurs locaux des services assurés naturellement par les zones humides en matière, notamment, de gestion des inondations et de préservation de la qualité de l’eau. Leur prise en compte est tout à fait capitale pour une compréhension globale des enjeux et la mise en place d’une réflexion intégrée et basée sur la pérennité d’une zone humide fonctionnelle ; ° Estimer les valeurs écologique, patrimoniale et récréative du milieu. Difficilement quantifiables, l’estimation de ces valeurs nécessite le plus souvent le recours à des méthodes d’estimation indirecte basées sur un travail d’enquêtes socio-économiques. Leur prise en compte n’en demeure pas moins indispensable dans le cadre d’une compréhension globale des enjeux.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Quelle est la « valeur durable » des zones humides ? Ou, plus explicitement : « Quelle est la valeur, exprimée sous forme économique, des zones humides dans le cadre d’un Développement Durable ? ». Connaître la valeur globale actuelle, en additionnant les valeurs ajoutées associées à chaque usage et chaque service rendu, n’est en effet pas suffisant. La mise en évidence d’un certain nombre d’incompatibilités et conflits d’usages permet ainsi d’affirmer que le maintien en l’état de certaines pratiques remet en question, à moyen et long termes, la pérennité d’autres pratiques.

Il est donc nécessaire de considérer une valeur globale durable, c’est-à-dire reposant sur un équilibre du milieu. Pour chaque usage et fonction, dont les limites et conditions de compatibilités ont été identifiées, il convient donc de baser l’identification de la valeur en considérant un scénario de gestion raisonnée du milieu. C’est parce que ces valeurs sont pérennes et analysées dans leurs limites de compatibilité, qu’une valeur globale peut ainsi être proposée.

D.1 EVALUATION DE LA VALEUR ECONOMIQUE « DIRECTE »

Une large partie des revenus issus de l’agriculture, de la chasse et de la pêche, ou encore du tourisme est directement perceptible. Une quantification monétaire est directement compréhensible, sans avoir recours à des transformations ou des raisonnements analogiques ; c’est ce qui est appelé ici « valeur économique directe ». Ceci ne signifie pourtant pas qu’il n’y est pas associée une valeur (parfois non négligeable d’ailleurs) moins intuitive (du type « valeur de bien-être ») ou moins directe (les emplois induits par exemple), mais bien qu’il s’agit d’activités dont l’estimation monétaire est usuelle.

Il faut par ailleurs rappeler que l’objectif n’est pas de réaliser la somme des revenus issus des activités hébergées au sein du lit majeur de l’Authie, mais bien d’identifier les retombées économiques dépendantes de la présence des zones humides dans les conditions d’une gestion durable. Seules les activités directement dépendantes des conditions d’humidité du milieu, et dans les conditions de compatibilité précédemment définies, sont donc ici concernées.

D.1.1 Agriculture

Rappels des conditions de compatibilité dans le cadre d’une gestion durable ° Pâturage extensif des prairies humides, en considérant la généralisation du pâturage extensif classique, complété d’une gestion synécologique (avec recours aux races rustiques) sur les sites les plus humides ; ° Prairies de fauche et quelques cultures fourragères sur les parcelles jouxtant les prairies humides au sein du lit majeur. Les cultures devraient ne pas donner lieu à des traitements phytosanitaires et les semis être disposés en rangs perpendiculaires à la pente ; ° Cultures intensives à l’écart du lit majeur du fleuve et, là aussi, apporter une attention particulière à la disposition des sillons de labours de sorte à limiter l’érosion des sols et au transport des pollutions vers les zones humides et le fleuve (MES, nitrates..).

Evaluation économique La part la plus aisément quantifiable de la valeur agricole des zones humides est constituée des revenus communaux. La location, par les 10 communes ayant

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. répondu à l’enquête, de 210 ha de pâtures, est ainsi à l’origine d’un revenu de près de 13 150 €/an.

Les productions issues des zones humides représentent la partie la plus visible, si ce n’est la plus importante, de leur valeur agricole. La valeur des pâtures est cependant complexe à appréhender, du fait de la faible ampleur des revenus dégagés par ces pratiques ou encore de leur intégration au sein d’une exploitation plus large que les parcelles en zones humides. L’une des méthodes permettant cette évaluation consiste à se reporter aux exemples, non pas d’estimation de la « valeur » des zones humides, mais plutôt du « manque à gagner » affectant l’agriculteur impliqué dans une démarche de préservation des milieux.

Une étude en ce sens, réalisée par R. Holevaque, K. Le Malicot et P. Rainelli (1996) indique les valeurs suivantes :

Manque à gagner associé à la préservation des zones humides par type d’exploitation agricole

Occupation des parcelles en zones humides Manque à gagner Système agricole Avant Après pour l’exploitant

Céréales Maïs Zone enherbée 845 €/ha/an

Zone enherbée 695 €/ha/an Elevage bovin inexploitée Maïs fourrage laitier Zone enherbée 381 €/ha/an exploitée (fourrage)

D’après Holevaque, Le Malicot et Rainelli (1996).

Si ceci ne permet pas de connaître les revenus pouvant être associés à une exploitation agricole des zones humides sur le long terme, la relativement faible ampleur du manque à gagner dans un contexte d’exploitation de la zone enherbée à destination du cheptel de vaches laitières est par contre mise en évidence (381 €/ha/an). On peut noter que l’on considère dans ce dernier cas une prairie extensive à faible potentialité, produisant 2,5 t de matière sèche par hectare.

Des exemples existent par ailleurs afin de mieux connaître les bénéfices économiques à tirer de la préservation des zones humides en relation avec l’agriculture.

Expériences de valorisation : De nombreuses expériences de valorisation économique du cheptel pâturant au sein des zones humides voient le jour en France. Déjà en 1997, une enquête menée par le réseau ESPACE (Fédération des Parcs Naturels de France ; in Véron, 1997) recensait pas moins de 69 exemples de zones humides protégées entretenues par pâturage (voir tableau). Les races rustiques de bovins, représentées notamment par la Highland cattle, sont en effet particulièrement adaptées pour le pâturage en milieu humide. Parmi les équins, le Camarguais et le Konik Polski sont les plus appréciés.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Gestion des zones humides protégées par le pâturage

Type d’association Nombre de cas recensés Bovins et équins 27 Bovins seuls 23 Equins seuls 14 Ovins seuls 3 Bovins, équins et ovins 2 Total 69 D’après Véron (1997).

La valorisation économique de productions agricoles participant à la gestion conservatoire des zones humides est néanmoins assez délicate. Sur les sites gérés par le Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais, on s’aperçoit ainsi, lorsqu’ils existent, que les gains mis en avant par les exploitants correspondent en fait à un gain de terres, permettant une baisse de charge sur les autres parcelles et donc une meilleure productivité fourragère (Guilbert, 1999). Les bénéfices sont cependant assez minimes et n’existent que parce que la parcelle est confiée gratuitement à l’éleveur, compensant ainsi les contraintes liées à la convention de gestion (une compensation financière est même parfois envisagée).

Une valorisation, sous forme de labels par exemple, est pourtant envisagée et mise en œuvre sur certains secteurs. On peut par exemple rappeler que la première AOC viande a été octroyée au Taureau de Camargue, en décembre 1996. Dans cette lignée, le développement d’une Mesure Agro-Environnementale a permis en 2002 la création du label « L’éleveur et l’oiseau », identifiant les exploitants contribuant à la conservation des zones humides des basses vallées angevines. Le faible recul ne permet cependant pas d’évaluer l’impact économique de cette reconnaissance.

Une autre opération de gestion pastorale de grande ampleur donnant lieu à une forme de valorisation a été menée au sein du Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin. Dans cette région laitière particulièrement dynamique, les éleveurs pratiquent ainsi un pâturage extensif (encadré jusqu’alors par des CTE) ayant permis à la laiterie d’Isigny-sur-Mer de valoriser un camembert « à l’herbe ». L’impact sur les revenus agricoles est cependant nul puisque le lait est acheté par la laiterie au même prix que précédemment.

On le voit, la valorisation des productions agricoles obtenues dans le cadre d’une gestion conservatoire des zones humides est une piste de réflexion assez récente et semble assez difficile. La valorisation du cheptel sous forme de vente de reproducteurs reste ainsi la forme la plus « rentable » de valorisation, aux vues notamment de la faible qualité fourragère de ces zones et de la faible adaptation des races rustiques à la filière bouchère.

Devant les revenus minimes, voire nuls, dégagés par la valorisation de la gestion pastorale et la complexité de dégager des revenus agricoles des produits de pâturage classique et de fauche en milieux humides, la seule valeur de location des parcelles communales est retenue ici pour illustrer la valeur agricole des zones humides. Les expériences en matière de valorisation doivent néanmoins se faire plus nombreuses et être poussées plus loin.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. D.1.2 Populiculture

Rappels des conditions de compatibilité dans le cadre d’une gestion durable ° Parcelles en stations mouilleuses non-replantées, pouvant être compensées par une réorientation sur les stations fraîches ; ° Ampleur spatiale des plantations en stations humides considérée comme ayant atteint son seuil maximal afin de limiter les conflits d’usages et l’impact sur la qualité paysagère ; ° Production de type extensif avec une gestion suivie afin, pour des perturbations relativement limitées, d’assurer une réelle rentabilité économique de la plantation ; ° Une réflexion sur la mise en place de mesures d’accompagnement écologique telles que le maintien de lisières « naturelles » autour des plantations peut enfin être menée.

Evaluation économique Il est possible d’estimer les retombées économiques issues de l’activité populicole en considérant les bénéfices et les charges d’entretien moyens en mode de gestion extensif. Les retombées annuelles sont alors obtenues en divisant ces valeurs totales par une période de rotation moyenne (entre 25 et 35 ans). L’addition des charges d’entretien (élagage, fertilisation…) aux bénéfices permet de considérer l’ensemble de la valeur ajoutée associée à cette activité à l’échelle de la Basse Vallée. Ceci n’est cependant valable que pour une production réalisée en régie, c’est-à-dire dans le cas où les travaux d’entretien ne sont pas réalisés par le propriétaire.

Les résultats présentés ci-dessous ont été obtenus après étude des travaux menés par le CPIE Val d’Authie (Fontaine et Guilbert, 1999) et entretien avec les forestiers (CRPF). La superficie de peupleraie considérée correspond à la somme des peupleraies et jeunes peupleraies identifiée par photo-interprétation (Lejeune, 2000). Si les linéaires ne sont pas intégrés dans cette valeur, elle comprend par ailleurs un bon nombre de peupleraies en stations mouilleuses, jugées incompatibles avec une gestion durable de la Basse Vallée (et de toute façon nettement moins productives, voire non-rentables).

Estimation des retombées économiques issues de la populiculture en Basse Vallée de l’Authie

Retombées moyennes annuelles Retombées moyennes totales

Bénéfices Coûts / Entretien Bénéfices Coûts / Entretien

Entre 230 et Entre 86 et Entre 54 050 Entre 20 210 380 €/ha/an 110 €/ha/an et 89 300 €/an et 25 850 €/an

Total = entre 316 et 490 €/ha/an Total = entre 74 260 et 115 150 €/an

Il est donc permis d’estimer la valeur populicole des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie entre 74 000 et 115 000 € / an. Précisons enfin que la fourchette, pourtant très large, ne correspond qu’à une valeur moyenne, dépendant très fortement de facteurs extérieurs très instables, comme par exemple les aléas climatiques et le marché du bois.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. D.1.3 Chasse et pêche

La chasse et la pêche de loisir sont des composantes importantes du contexte socio-économique de la Basse Vallée. Deux indicateurs complémentaires permettent d’estimer la valeur des zones humides correspondant à ce type d’usages : ° Les revenus issus de la location des terrains communaux ; ° Les dépenses annuelles moyennes des chasseurs et pêcheurs.

Une large partie des zones humides de la Basse Vallée est en effet constituée de terrains appartenant aux communes et mis en location. Selon les parcelles, la vocation de ces terrains se divise entre chasse, pêche et pâturage. Caractère original de ce secteur, les montants totaux issus de la location des terrains communaux sont d’une importance économique réelle et ces revenus peuvent, sur certaines communes, s’élever à hauteur des impôts fonciers ou de la Dotation Générale d’Equipement accordée par l’Etat.

Le second paramètre correspond aux dépenses annuelles consenties par chaque usager dans le cadre de sa pratique et profitant à l’économie locale, régionale ou nationale.

La chasse Rappels des conditions de compatibilité dans le cadre d’une gestion durable ° Les effectifs et l’ampleur spatiale actuels (notamment le nombre d’étangs) ont atteint leurs seuils maximaux (risques réels de conflits d’usages avec par exemple les activités de loisirs) ; ° Les pratiques de gestion du milieu doivent être rigoureuses et adaptées aux autres fonctions (notamment écologiques).

Evaluation économique Une bonne estimation des dépenses personnelles annuelles moyennes peut être obtenue par référence aux enquêtes réalisées en Moyenne vallée de l’Oise (Laurans, Dubien, Cattan et al., 2000). Le statut de valeur moyenne de ces estimations, ainsi que la proximité des contextes géographique et socio- économique, permettent en effet de les transposer à notre secteur d’étude en toute légitimité. Les dépenses moyennes des différents types de chasseurs sont alors estimées entre 230 et 7600 €/an par chasseur, avec une moyenne située autour de 1220 €/an. Considérant que les deux types de chasses spécifiquement associés à l’existence des zones humides (la chasse aux gibiers d’eau à la botte et à la hutte) comptent parmi ceux engendrant un minimum de coûts, la valeur de 230 €/chasseur/an a été retenue.

En reprenant les différents effectifs de chasseurs Gibiers d’eau à l’échelle de la Basse Vallée d’Authie, il est ainsi possible de proposer plusieurs estimations des retombées économiques : ° Dépenses personnelles minimales des chasseurs : 132 x 230 = 30360 €/an ; ° Dépenses personnelles « moyennes » des chasseurs : 175 x 230 = 40 250 €/an ; ° Dépenses personnelles maximales des chasseurs : 252 x 230 = 57 200 €/an.

Le second point de l’évaluation économique concerne les profits retirés par les municipalités de la location des parcelles communales dédiées à la chasse. Les données sont issues de l’enquête réalisée auprès des municipalités. Il est alors possible de déterminer une estimation minimale, se limitant aux revenus estimés par les 10 maires ayant répondu à l’enquête. Une évaluation « moyenne » est

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. également proposée, réalisée après extrapolation des données à l’échelle de la Basse Vallée d’après les règles de proportionnalité (en vertu de la représentativité des 10 commune ayant répondu - dont 6 communes indiquent des recettes nulles et 2 des résultats importants, à hauteur de 9000 €/an). On obtient alors : ° Revenus communaux minimaux issus de la mise en location des parcelles de chasse : 22 210 €/an ; ° Revenus communaux « moyens » issus de la mise en location des parcelles de chasse : 31 094 €/an.

La valeur des zones humides pour la chasse se situe donc autour de 52 570 €/an (valeur minimale), 71 350 €/an (valeur « moyenne ») et plus de 88 300 €/an (considérant les valeurs personnelle maximale et communale moyenne). L’importance des écarts d’estimation observés s’explique par le croisement de deux informations elles-mêmes estimées. L’estimation dite « moyenne » paraît néanmoins constituer une approche solide de la réalité.

La pêche Rappels des conditions de compatibilité dans le cadre d’une gestion durable ° Ne semble pas engendrer de détériorations de l’écosystème ou de conflits d’usage importants ; ° La mise en valeur du tourisme halieutique ne doit cependant pas se faire aux dépens de l’écologie et des fonctionnalités des zones humides. Les aménagements et le nombre d’étangs doivent donc être limités.

Evaluation économique Si le prix moyen du permis de pêche dans le Bassin Artois-Picardie (soit 61,5 € ; AEAP, 2001) constitue la part la plus facilement identifiable des dépenses occasionnées par cette pratique, ce n’est pourtant pas l’indicateur le plus approprié afin d’approcher les retombées économiques de la pêche de loisir sur notre secteur. Près de 60 % de cette somme est en effet redistribué aux acteurs locaux et départementaux, au sein même du monde piscicole. Les informations de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie permettent d’isoler les dépenses personnelles profitant à la Collectivité (ici l’Etat) et aux particuliers (commerçants, hôteliers…).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Dépenses annuelles mensuelles des pêcheurs du Bassin Artois- Picardie

Dépense annuelle Dépense annuelle Type de dépense moyenne par pêcheur moyenne par Destinataire payant la taxe pêcheur exonéré

Taxe piscicole 25 € - Etat

Matériel 76 € 38 € Commerces traditionnels (50 %) Consommables Grandes surfaces (appâts, leurres, 40,5 € 20 € spécialisées (35 %) amorces) Grandes surfaces Vêtements, bottes 6,5 € 6,5 € alimentaires (10 %)

Hébergement, 17,5 € 17,5 € Privés restauration

Transport 45 € 45 € Privés

TOTAL 210,5 € 127 €

D’après AEAP (2001) et Conseil Supérieur de la Pêche (1996 ; in AEAP, 2001).

Un pêcheur dépense donc en moyenne chaque année 210,5 € ou 127 €, selon qu’il soit exonéré ou non de la taxe piscicole. En se reportant aux effectifs de pêcheurs adhérents, et en négligeant donc la pêche pratiquée au sein des étangs privés et quelques pêcheurs exonérés, on obtient donc : ° Dépenses personnelles minimales des pêcheurs : 532 x 210,5 = 111 986 €/an.

L’estimation des profits retirés par les municipalités de la location des parcelles communales dédiées à la pêche est basée sur les données issues de l’enquête réalisée auprès des municipalités. Il est alors possible de déterminer une estimation minimale, se limitant aux revenus estimés par les 10 maires ayant répondu à l’enquête : ° Revenus communaux minimaux issus de la mise en location des parcelles de pêche : 16 240 €/an. Les retombées économiques liées à la pratiques de la pêche de loisir au sein des zones humides de la Basse Vallée peut donc être estimée (estimation basse) à près de 128 200 €/an.

D.1.4 Tourisme

Rappels des conditions de compatibilité dans le cadre d’une gestion durable ° Le développement du tourisme doit se faire en respectant le milieu naturel ; ° Les seuls aménagements qui pourraient être envisagés doivent être légers et en nombre limité (sentiers, panneaux d’information…) ; ° Dans l’optique d’un développement des capacités de laminage des crues, les campings situés au sein des zones humides devraient reculer au pied des versants, hors zone inondable ;

Evaluation économique L’aspect le plus aisément quantifiable des revenus issus du tourisme concerne l’hébergement. Ayant fait l’inventaire de la capacité d’accueil sur le secteur, il est en effet possible de proposer une estimation des revenus associés à l’hébergement

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. touristique en Basse Vallée de l’Authie. Il convient pour cela de croiser les données d’occupation moyenne, les périodes d’ouverture et les tarifs pratiqués dans chaque structure d’accueil.

Durée ou taux d’occupation moyens des hébergements dans les secteurs touristiques autour de la Basse Vallée de l’Authie

Chambres Campings Gîtes Hôtels d’hôtes de passage

Baie de Somme - 19,7 80 nuitées 30 % 63 % Côte picarde (80) semaines

Secteur Intérieur, Entre 10,2 % et 22-25 Les 7 vallées ou 100 –120 nuitées 22,8 % selon le 61 % semaines Montreuil-littoral (62) nombre d’étoiles

D’après CDT Somme, CRT Nord-Pas-de-Calais et Gîtes de France Pas-de-Calais (Données 2002).

En appliquant ces valeurs dans le cadre d’un fonctionnement représentatif du secteur (on divisera par exemple la moyenne de 21 semaines de location pour les gîtes de la zone Baie de Somme-Côte picarde et Pas-de-Calais Intérieur, en 4 semaines aux mois d’août et juillet, 7 semaines sur l’ensemble des mois de juin et septembre, 3 semaines pendant les vacances scolaires, 2 semaine hors-saison et 3 week-ends) et en se reportant aux prix pratiqués à l’échelle de chaque structure d’accueil, on obtient alors :

Estimation des revenus annuels issus de l’accueil touristique en Basse Vallée de l’Authie Chambres Gîtes Campings Hôtels d’hôtes Versant Somme 22 785 € 47 310 € 383 480 € * 50 300 € Versant 61 671 € 47 405 € 183 300 € 0 € Pas-de-Calais TOTAL 84 456 € 94 715 € 666 663 € 50 300 €

* Considérant des tarifs moyens par types de catégorie établis d’après les tarifs 62 du secteur et 80 disponibles et que les campings mention Loisir disposent de 25 % d’emplacements de passage (estimation haute menant vraisemblablement à une sous-estimation des revenus pour les campings).

Le revenu global issu de l’hébergement touristique en Basse Vallée de l’Authie s’élève alors à près de 900 000 € par an, et ceci malgré le fait qu’environ un tiers des séjours échappent à l’hébergement marchand.

Cette estimation ne reflète cependant pas fidèlement la valeur des zones humides vis à vis de l’activité touristique. On note ainsi deux facteurs principaux de sous- estimation : la non prise en compte de la consommation des touristes sur le secteur et de la traduction de cette activité en terme d’emplois.

Une étude portant sur le tourisme dans le « Pays des sept vallées » (regroupant des communes du bassin versant de la Canche et 18 communes du bassin de l’Authie, dont Roussent, Maintenay, Saulchoy et Douriez) a ainsi permis de déterminer que deux visiteurs sur trois réalisent des achats sur place (CRT Nord-Pas-de-Calais ; in SAFER* Flandres-Artois, 1997). Ces achats se répartissent notamment entre produits alimentaires (40 %), produits artisanaux (27 %) et boissons locales (26 %).

Le Comité Régional du Tourisme du Nord-Pas-de-Calais estimait par ailleurs à 221 le nombre d’emplois touristiques en 1999 sur le secteur des Sept Vallées (CRT, 2002). Ce

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. nombre, correspondant à une estimation haute, se répartit notamment entre les activités de Commerce alimentaire (66 emplois), Hôtellerie-restauration (50 emplois) et Commerce de détail (20 emplois).

Le nombre d’équivalent-emplois assurés par l’agrotourisme (hébergement rural) dans le Nord-pas-de-Calais est par ailleurs estimé, en fonction du nombre d’heures de travail réalisées par les propriétaires, à 190 (in CRT, 2002). Le report de ces valeurs à l’échelle des 32 hébergements ruraux présents en Basse Vallée permet donc d’estimer à 7 les équivalents-emplois assurés par l’agrotourisme sur notre secteur. S’il ne s’agit pas de véritables emplois, le développement de cette activité permet néanmoins de maintenir des populations en milieu rural et de conforter les salaires et ne doit donc pas être négligé.

Le tourisme profite également à d’autres infrastructures présentes en Basse Vallée (et vice-versa) comme les châteaux d’Argoules et de Valloire, le parc botanique de Valloire, ou encore de golf de Nampont. Il est néanmoins difficile d’évaluer l’impact de la présence des zones humides sur la fréquentation de ces sites.

Malgré ces différentes sources de sous-estimation, un argument majeur permet d’indiquer le caractère nettement sur-estimé de la précédente évaluation. Située à quelques kilomètres du littoral (Dompierre-s/Authie, la commune la plus en amont, se trouve à moins de 25 km des stations de Berk et Fort-Mahon), le premier atout touristique de la zone réside en effet dans sa position arrière-littorale.

Une évaluation plus précise des revenus touristiques liés à la présence des zones humides nécessite donc d’identifier plus finement les types d’hébergements en fonction des centres d’intérêts des usagers. Ceci revient à se poser la question, pour chaque type d’hébergement : « Les touristes sont–ils là pour être à proximité du littoral ou pour profiter des zones humides ou, plus généralement, du cadre naturel de la Basse Vallée ? ».

Hébergement touristique en Basse Vallée de l’Authie : proposition de distribution des revenus entre « Littoral » et « Zones humides »

Hôtels Camping de Hébergement Camping

passage rural de loisir

264 400 €/an 179 200 €/an 402 300 €/an

?

Littoral Rivière et Zone humide

Si on peut penser que la quasi-totalité des touristes louant à l’année un emplacement, généralement pour une caravane ou un mobil-home, dans les campings de la vallée sont là en premier lieu pour la proximité du fleuve et des marais (pour la pratique de la pêche), la question des motivations des touristes fréquentant les hébergements ruraux sont moins faciles à cerner. On se propose ici

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. de considérer que seul 1/5 de ces revenus est attribuable à un « effet Fleuve et Marais ».

On obtient donc comme estimation des revenus touristiques associés aux zones humides : 402 300 + 35 800 = 438 100 €/an

D.2 EVALUATION DES SERVICES RENDUS EN TANT QU’INFRASTRUCTURES NATURELLES D.2.1 Dommages épargnés liés à la diminution des inondations

Il est possible de différencier 3 types de dommages en fonction de la nature des biens et des « publics » concernés : ° Les dommages aux particuliers. Ils concernent les dommages matériels et immatériels (intangibles) faisant suite à l’inondation des habitations ; ° Les dommages aux professionnels. Concernent ici essentiellement les dommages aux exploitations et productions agricoles ; ° Les dommages publics enfin, regroupant les dommages sur les infrastructures, biens communaux…

Les dommages aux particuliers Méthode d’évaluation Cette évaluation est basée ici sur les travaux effectués dans le cadre du Programme Risque Inondation en Basse Vallée de la Canche (Longuepée et Zuindeau ; in Laganier et al., 2001). La Canche, fleuve côtier parallèle à l’Authie situé une dizaine de kilomètres plus au Nord, est en effet tout à fait comparable à ce dernier, tant du point de vue hydrogéologique que socio-économique.

L’évaluation économique des dommages y est réalisée à partir de l’étude des dossiers d’assurances et d’une enquête auprès des particuliers concernés par les inondations de 1995. En Basse Vallée de la Canche, la crue du fleuve avait alors provoqué sur quinze communes riveraines des inondations d’une hauteur moyenne de 34,3 cm sur une période de près de dix semaines (données issues de l’enquête aux riverains).

Les dommages se répartissent entre dommages tangibles (immobiliers et mobiliers) et intangibles (notamment en terme de préjudice moral). Les dommages estimés d’après les experts délégués par les compagnies d’assurance sont calculés de la manière suivante :

Montant indemnisé = Dommages immobiliers (gros œuvre et embellissement) + Dommages mobiliers x coefficient de vétusté + Mesures ponctuelles de protection et sauvegarde (matériels et main d’œuvre) + Dépenses de nettoyage (matériel et main d’œuvre) + Franchise CATNAT* (particulier : 229 €* / professionnel : 686 € *381 € depuis Loi Barnier – converti en Euro)

Les dommages intangibles regroupent quant à eux, outre le préjudice moral, les conséquences dues à l’allongement des trajets provoqués par les coupures de routes, la perte d’heures de travail, les coûts éventuels pour l’évacuation et

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. l’hébergement temporaire, les nuisances faisant suite aux coupures d’électricité et de chauffage et les coûts et nuisances engendrés par les dysfonctionnements des systèmes d’eaux usées. Les préjudices moraux ont été appréciés par l’estimation du préjudice affectif (perte d’objets personnels), de la hausse du stress et autres impacts sur la santé.

Les résultats issus des études par Consentement à payer et Consentement à recevoir s’étant trouvés difficilement exploitables, le chiffre retenu par les auteurs pour estimer les dommages intangibles est celui obtenu par l’estimation par les particuliers de la part des dommages moraux reportée sur les dommages globaux. Celle-ci se monte en moyenne à plus de la moitié des dommages globaux, indiquant ainsi le très fort impact psychologique des inondations sur les populations.

Estimation des dommages globaux moyens suite aux inondations de 1995 en Basse Vallée de la Canche

Dommages tangibles Dommages Total intangibles Immobiliers Mobiliers

Dossiers 2 640 € 851 € d’assurances (33 dossiers) 3 491 €

Enquêtes auprès 2 275 € 1 120 € des particuliers inondés 3 395 € (= 48, 8%) 3 562 € ( = 51,2 %) 6 957 €

D’après Longuepée et Zuindeau (in Laganier et al., 2001 ; converti en Euro).

Le coût total des inondations de 1995 en Basse Vallée de la Canche se monte donc à près de 6 960 € par foyer, se répartissant équitablement entre dommages tangibles et intangibles (préjudice moral essentiellement). C’est cette valeur qui est retenue afin d’évaluer la valeur économique du service naturel de protection contre les inondations assuré par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Recensement des infrastructures épargnées La représentation cartographique de l’ampleur des inondations de 2001 et de celles modélisées par la SOGREAH, présentée antérieurement, permet de proposer une évaluation assez précise des habitations épargnées dans le cas de l’adoption d’un scénario de libre circulation des eaux.

Biens immobiliers inondés par une inondation de fréquence décennale en Basse Vallée de l’Authie Comparaison des dommages réels, survenus en 2001 (associés à une gestion approximative du réseau de vannage), et potentiels (modélisés avec un système de vannage ouvert). Modélisation Commun aux Inondations 2001 SOGREAH 2 inondations Nombre d’habitations ou bâtiments de 31 12 7 fermes inondés

On remarque que l’option d’ouverture des vannes et donc, dans une certaine mesure, le choix d’octroyer un rôle plus important aux zones humides situées entre l’Authie et les canaux (modélisation SOGREAH), provoque l’inondation de 19 habitations ou bâtiments de fermes, contre 39 dans un scénario comparable mais avec une très faible utilisation des qualités des zones humides. Le recours aux zones

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. humides, aussi limité soit-il dans le cas étudié ici, permet donc de faire baisser de 50 % les dommages aux particuliers.

Evaluation des dommages épargnés aux particuliers En rappelant que l’approche retenue ici afin d’appréhender le rôle des zones humides dans l’atténuation des inondations constitue un scénario loin de refléter leur réel potentiel dans le laminage des crues, il est possible de présenter une estimation minimale de la valeur du service rendu en matière de lutte contre les inondations. Si l’on considère un montant moyen des dommages de 6 960 € par habitation inondée (dont 3 395 € pour les seuls dommages tangibles), on obtient alors : ° Dommages tangibles économisés correspondant à la non-inondation de 19 habitations = 19 x 3 395 = 64 505 € ° Dommages totaux économisés correspondant à la non-inondation de 19 habitations = 19 x 6 960 = 132 240 €

Cette valeur correspondant aux dommages épargnés pour une crue de fréquence décennale, il est par ailleurs délicat d’exprimer une moyenne à l’échelle annuelle. Ceci est néanmoins possible en se reportant à la fréquence des inondations importantes cette dernière décennie, et en considérant que l’ampleur des inondations, et le rôle des zones humides, ne sont pas significativement différents entre deux crues de périodes de retour distinctes (mais néanmoins comparables). Les dernières grandes inondations ayant eu lieu en 1993-94, 1995 et 2001, nous avons donc considéré une période de retour des inondations en Base vallée de l’Authie de 3,5 ans (ce chiffre n’a bien sûr pas de signification climatique).

Les dommages annuels moyens épargnés aux particuliers grâce aux recours des qualités de stockage et de laminage s’élèvent alors à près de 37 800 €/an à l’échelle de la Basse Vallée.

Les dommages agricoles Les dommages épargnés aux exploitants agricoles sont difficiles à estimer. Ceux-ci varient en effet beaucoup, notamment selon la nature de l’exploitation, ses modes de production, ou encore la date de l’inondation.

Une démarche intéressante a été menée par la société AScA dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature (Barbut, Dubien et Vidal, 1998). Il s’agissait alors de quantifier les dégâts dus aux inondations en Moyenne vallée de la Loire. Les auteurs ont proposé une matrice synthétique des dommages par siège d’exploitation, prenant en compte les dommages au matériel, aux stocks et aux bâtiments, et ce pour chaque type d’exploitation et pour plusieurs types d’aléas (selon l’ampleur et la période). Les aléas 1 et 2 correspondent respectivement à des niveaux d’inondation inférieurs à 1 m et entre 1 et 2 m, et pour un très faible courant. Les résultats présentés ci-dessous sont extraits de cette matrice.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Dommages unitaires moyens aux sièges d’exploitations agricoles suite aux inondations de printemps en Moyenne vallée de la Loire

Type de Coût minimal Coût moyen Coût maximal Aléa production (en Euro) (en Euro) (en Euro)

Grandes cultures 1 3 000 5 300 7 600 + bovins-viande 2 4 500 8 300 13 600 1 5 300 9 800 14 400 Lait 2 10 600 20 500 31 800 Prés de fauche 1 et 2 150 230 380 Prés de pâture 1 et 2 60 90 150 Cultures hiver 1 et 2 730 970 1 200 Cultures été 1 et 2 910 1 400 2 000 D’après Barbut, Dubien et Vidal (1998).

Il s’agit cependant dans cet exemple d’évaluer les dommages au sein des exploitations situées en zone inondable. La cartographie de cette zone est alors clairement définie et l’ampleur du secteur d’étude (la Loire moyenne et ses affluents) permet, et impose, un important degré de généralisation. L’application d’une méthode identique pour la présente étude nécessiterait cependant de connaître avec une très grande précision l’étendue et la nature des parcelles dont la submersion par les eaux de crue pourrait être épargnée par le recours à un complexe de zones humides réellement fonctionnel en matière de stockage et laminage des crues. Cette opération ne pourrait se faire sans l’addition d’estimations (cartographie et dommages moyens) dont les degrés de précision sont, pris individuellement, déjà limités, et par ailleurs inconnus et inestimables.

Il est néanmoins permis de penser que les zones potentiellement épargnées par les inondations hébergent les productions les moins vulnérables. Les prés de fauche et les prairies pâturées occasionnent ainsi les dommages les moins importants. En gardant en tête l’existence de tels dommages, ces derniers ne seront donc pas évalués ici.

Les dommages publics (infrastructures communales) Avec la même méthode utilisée pour déterminer les variations d’étendues entre les inondations de 2001 et les résultats de la modélisation, il est possible de proposer une estimation de la longueur des tronçons de routes et chemins épargnés. On peut ainsi estimer que le scénario issu de la modélisation s’accompagne de la non- submersion de près de 1,3 km de routes départementales et communales, essentiellement sur les communes de Colline-Beaumont et Roussent, et 300 m de chemins communaux. Il est cependant difficile d’appréhender au plus juste les dépenses de réhabilitations des voiries du fait de l’imprécision de ces mesures et de la difficulté d’établir la valeur des travaux associés. On peut par ailleurs rappeler que les frais afférents aux rallongements des parcours effectués par les particuliers sont déjà compris au sein des dommages intangibles.

L’enquête réalisée auprès des municipalités permet néanmoins de connaître avec plus de précision la nature et les montants des travaux effectués suite aux dernières inondations. Aussi, parmi les 10 maires ayant répondu à notre enquête, 3 se disent concernés par les inondations d’avril 2001 et mentionnent différents travaux.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Les travaux concernent la réfection de chemins (détériorés suite à la longue période d’inondation), le rehaussement d’une chaussée, la réfection d’un pont, la remise en état de huttes de chasse et la reconsolidation d’une digue située au bord du fleuve dont la détérioration a provoqué la submersion des marais riverains. Le montant de l’ensemble de ces travaux est estimé à plus de 110 000 € pour l’année 2001. Il faut cependant mentionner que la réfection et rehaussement de la chaussée ont donné lieu dans le même temps à la pose d’un système d’assainissement, à l’origine d’un important surcoût.

Ces dommages sont cependant de natures fort diverses et n’entretiennent pas les mêmes relations avec les zones humides. Dans une optique d’entretien des qualités de laminage des crues par les zones humides, les travaux engendrés pour la réhabilitation du pont ou ceux liés à la digue ne sont en effet pas à considérer de la même manière. De même que pour les dommages aux particuliers, il est nécessaire de ne retenir dans notre estimation que les travaux potentiellement épargnés par le recours aux zones humides. Ainsi l’inondation d’un marais ne justifie pas dans ce contexte la consolidation d’une digue. Des aménagements préventifs sur les bâtiments éventuellement menacés seraient ainsi plus en accord avec les dynamiques naturelles et peut être moins onéreux pour la collectivité (étant donné le laminage rendu possible en aval).

Si on considère par ailleurs que les travaux sur 1/2 de la longueur d’une route coupant le marais (estimé d’après la cartographie décrite précédemment et la localisation des dommages par les maires) peuvent être également épargnés, et en considérant que seuls 1/3 de ces travaux sont directement imputables à l’inondation (une large part étant liée aux travaux d’assainissement, par ailleurs sans doute tout à fait bénéfiques pour le marais), on obtient comme dommages potentiellement épargnés suite aux dernières inondations = 700 € (digue) + 10500 € (route) = 11 200 €.

Ces dommages ne reviennent cependant pas tous les ans et, comme pour les dommages aux particuliers, il est possible de proposer une moyenne annuelle (de nouveaux tronçons de routes doivent être réhabilités après chaque inondation). On a donc : Dommages publics moyens annuels = 3 200 €/an.

D.2.2 Service rendu en matière de préservation de la qualité des eaux

L’évaluation du service rendu de protection de la qualité des eaux comprend le service rendu de préservation de la qualité de la nappe alluviale en vue de son utilisation à des fins d’alimentation en eau potable (AEP), les économies réalisées par l’aménagement de ces milieux pour l’assainissement des eaux usées, mais aussi l’inventaire de tous les coûts épargnés en matière de dépollution des eaux fluviales, estuariennes et littorales ou encore l’identification des liens économiques existant entre la qualité de l’eau et les activités de loisir (et plus particulièrement la pêche aux poissons de première catégorie et grands migrateurs).

Alimentation en Eau Potable et Assainissement La méthode retenue afin d’évaluer ce service rendu consiste le plus souvent à rechercher la valeur de remplacement, c’est-à-dire le coût de la mise en place d’un système artificiel d’efficacité équivalente en cas de disparition (fonctionnelle tout du moins) des zones humides. C’est ce qui a par exemple été réalisé en Moyenne vallée de l’Oise (Laurans, Dubien, Cattan et al., 2000) et en Champagne

Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. crayeuse (Laurans, Dubien et Cattan, 1996). Cette dernière étude, dont les contextes démographique (communes rurales de moins de 600 habitants) et hydrogéologique sont comparables à ceux présents en vallée d’Authie, évalue ainsi le service rendu associé aux usages Eau potable et Epuration à 87 €/an/hab.

La situation de la Basse Vallée est tout à fait différente. L’épuration des eaux usées est en effet assurée de manière individuelle et la qualité de l’Authie est jugée satisfaisante sans que la fonction épuratrice des zones humides soit particulièrement exploitée. L’alimentation en eau potable est de plus assurée par la nappe de la craie, au moyen de plusieurs forages localisés sur le plateau. Ces derniers satisfont les besoins actuels en eau et un recours potentiel à la nappe alluviale n’est pas envisagé à court ou long termes (Information de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie). Quelle que soit la valeur potentielle des zones humides dans ces domaines, la valeur du service rendu est donc nulle en l’absence d’usages actuels ou potentiels de la nappe alluviale et des zones humides.

S’il n’y a pas d’enjeux directement perceptibles pour les activités humaines en terme de consommation et de traitement de l’eau, il existe cependant des conséquences indirectes, et néanmoins importantes, de la qualité de l’eau sur d’autres activités, telles que les loisirs et le tourisme.

Qualité de l’eau et pêche de loisir Les relations entre la qualité de l’eau et le niveau des retombées économiques liées à la pêche de loisir est un exemple tout à fait démonstratif du service rendu de préservation de la qualité de l’eau. Trois paramètres sont alors à considérer avec attention : ° La gestion des zones humides riveraines est un élément déterminant de la qualité physico-chimique du cours d’eau, et donc de sa qualité piscicole ; ° L’évolution de la qualité piscicole d’un cours d’eau a des conséquences directes sur les retombées économiques liées à la pêche de loisir ; ° Et enfin, la part de la pêche de loisir dans l’économie rurale peut être localement très importante, essentiellement lorsque le cours d’eau est classé en catégorie salmonicole et à Grands migrateurs. De nombreuses études se proposent ainsi d’estimer la valeur de ce service rendu pour la pêche. La méthode consiste à identifier la valeur que les pêcheurs associent à la présence et à la prise de « poissons patrimoniaux », c’est-à-dire des poissons dont la naissance, et celles des parents, se sont déroulées dans le cours d’eau. Une grande proportion de pêcheurs accorde en effet plus d’intérêt et plus de plaisir à pêcher des poissons « naturels » que des poissons de repeuplement.

Cette démarche est d’autant plus intéressante que les gestions à visées conservatoire et piscicole sont généralement convergentes, et plus particulièrement en cours d’eau classés Grand migrateurs comme l’Authie. Des zones humides préservées, aux niveaux d’eau importants constituent ainsi des zones de frayères déterminantes pour la qualité piscicole des cours d’eau. La Méthode d’Evaluation Contingente (MEC) permet de mesurer les Consentements à payer (CAP) des pêcheurs, exprimant le coût supplémentaire du Permis de pêche destiné aux opérations de restauration et de gestion du milieu accepté.

Une étude réalisée à l’échelle nationale (Armand, Bonnieux et Changeux, 2002) indique ainsi des CAP moyens oscillant autour de 18 €/an pour un pêcheur de truite et 14 €/an pour un pêcheur de brochet. A cette valeur d’usage est associée une « valeur d’existence » correspondant au CAP pour la seule présence (parfaitement désintéressée) de poissons patrimoniaux. Elle peut être estimée entre 3 €/an (médiane) et 9 €/an (moyenne).

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Il est ainsi possible de rapporter ces valeurs aux effectifs de pêcheurs acquittant la taxe de Première catégorie (comprenant par ailleurs 76 pêcheurs aux Grands migrateurs) en Basse Vallée de l’Authie. On obtient alors : 18 x 331 = 5 958 €/an.

Ceci ne correspond pourtant pas exactement à une évaluation de l’impact de la gestion des zones humides sur les retombées économiques liées à la pêche. Une telle estimation nécessiterait de connaître les relations étroites existant entre, par exemple, les taux de nitrates et de MES, ou encore la nature des berges, et la quantité de poissons patrimoniaux pêchés. Les études en cours menées par la Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique devraient cependant permettre de mieux connaître et quantifier ces relations.

D.3 VALEUR RECREATIVE ET PATRIMONIALE D.3.1 Exemples d’estimations par recours à la Méthode d’Evaluation Contingente (MEC)

La MEC est un exercice difficile, surtout dans un pays comme la France où la culture en matière de protection de l’environnement ne favorise pas l’acceptation par le public du principe de payer le droit à disposer d’un environnement préservé. Une enquête du Baromètre Environnement EDF-DER (1997 ; in IFEN*, 2000) indique ainsi que seuls 23 % des français sont prêts à payer une taxe affectée directement à la défense de l’environnement.

Aussi, s’il existe de nombreux exemples de MEC appliqués aux « valeurs de non- usages » associées aux zones humides, peu d’entre eux concernent néanmoins les zones humides françaises ou même des sites internationaux comparables au chapelet de marais et prairies humides présent en Basse Vallée d’Authie. On trouvera ainsi un certain nombre d’exemples, essentiellement anglo-saxons (à l’image de la bibliographie existante dans ce domaine de recherche) au sein du Guide édité par le Bureau de la Convention de RAMSAR à l’usage des décideurs et planificateurs pour l’évaluation économique des zones humides (Barbier, Acreman et Knowler, 1997).

Les deux exemples présentés ci-dessous ont été choisis pour l’intérêt des méthodes développées, mais aussi surtout pour les caractères et qualités des sites en vue de la comparaison avec notre secteur d’étude.

Valeurs de conservation écologique et patrimoniale : cas du Flow Country (Ecosse) Le Flow Country est une région de tourbières-couvertures, couvrant près de 400 000 ha. Représentant une très grande richesse écologique (flore et avifaune), les tourbières ont néanmoins été fortement dégradées suite à la mise en place de nombreuses plantations de résineux. L’objet de l’étude, menée par Hanley et Craig en 1991 (in Barbier, Acreman et Knowler, 1997), était de mesurer l’opportunité de continuer ces plantations en comparaison de la valeur de conservation des qualités écologiques du site.

Le recours à une enquête et à la Méthode d’évaluation contingente a permis de mettre en évidence les Consentements A Payer (CAP) suivants :

Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Estimation de la valeur de conservation écologique des zones humides du Flow Country (Ecosse) par MEC (en ⁄/foyer) *

CAP CAP CAP

moyenne visiteurs Non-visiteurs

Question ouverte : « Combien êtes vous prêts à verser à un fonds d’affectation afin de 30 € 43,7 € 21,6 € conserver la région dans son état naturel ? »

* Conversion simple en Euro depuis Dollars US 1991. D’après Hanley et Craig (1991 ; in Barbier, Acreman et Knowler, 1997).

On remarque la très forte variation (du simple au double) des réponses moyennes, selon que les personnes interrogées aient déjà visité ou non le site. En extrapolant la valeur moyenne de 30 € à l’ensemble de la population régionale, les auteurs ont ainsi pu évaluer la valeur de conservation des qualités écologiques des zones humides à près de 58 000 €/km².

Cette valeur est d’autant plus intéressante que, si elle est issue d’une enquête axée sur les qualités écologiques des zones humides, il existe néanmoins une large part de valeur affective exprimée dans les réponses. Il en effet difficile d’isoler les valeurs patrimoniale (historique et sentimentale) et écologique au sein de la valeur de conservation exprimée par la population locale. Cette valeur constitue une indication d’autant plus intéressante qu’elle est rapportée par les auteurs à la superficie de la zone, permettant alors des comparaisons, voire une transposition vers d’autres sites.

Valeur récréative de la zone humide de Proville (Nord) L’étude de l’Université de Lille I (commandée par l’association Escaut Vivant) sur l’évaluation des biens environnementaux (Rousseau, 1997) constitue l’un des seuls exemples de MEC appliquée aux zones humides de la région. Le Bois Chenu (depuis géré en partie par le Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais), site d’environ 80 ha situé sur la commune de Proville (agglomération de Cambrai), est à cette époque constitué d’un bois, d’une prairie humide et d’un espace libéré par le déboisement d’une peupleraie. D’un très fort potentiel écologique, il représente une zone appréciée par les habitants à la recherche d’un espace de promenade (288 familles visiteuses estimées par an). L’enquête réalisée se plaçait alors dans un contexte de réflexion sur l’opportunité d’une mise en place d’aménagements et de mise en valeur récréative du site suite à la perte de la peupleraie, mal vécue par les promeneurs, attachés au boisement.

Deux valeurs, présentées dans le tableau ci-dessous, ont notamment été proposées sur ce site: la « valeur annuelle estimée du site en l’état » et le « Consentement à payer pour l’aménagement du site ».

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Valeurs récréatives et sociales de la zone humide de Proville

CAP Valeur totale Type de valeur Méthode (en €/ famille/ an) (en €/ an)

Valeur (récréative) annuelle MEC classique 168 € 48 293 € du site en l’état CAP pour l’aménagement MEC classique 115 € 33 102 € du site

D’après Rousseau (1997, converti).

De cette étude, il est par ailleurs possible d’estimer la valeur moyenne attribuée par les visiteurs fréquentant le site 2 fois par mois, soit environ 3,12 €/personne/visite.

Autres valeurs récréatives en sites naturels Si les valeurs tirées de la littérature scientifique anglo-saxonne sont généralement peu exploitables dans le contexte français (la sensibilité du public anglo-saxon aux questions de protection de la nature est plus forte qu’en France), il existe par ailleurs un petit nombre d’exemples réalisés sur des terrains plus proches de nos réalités régionales. Les quelques valeurs présentées ci-dessous constituent en ce sens des références intéressantes (exemple nord-américain présenté pour comparaison) :

Exemples de valeurs d’usages récréatifs des zones humides (CAP pour visiter)

Valeur

(/pers./visite)

Proville (Nord) : valeur récréative pour un visiteurs bimensuel * 3,12 €

Espagne, moyenne sur 7 sites naturels humides : 5,30 € Valeur de bien être ** Tablas de Daimel (Espagne, Site RAMSAR, 5,75 € Réserve naturelle) : Valeur de bien être ** Etats-Unis : Valeur récréative moyenne liée à l’eau 17,23 € pour l’activité de pique-nique ***

* D’après Rousseau (1997). ** D’après Judez, de Andres, Perez Hulgalde et al. (1998). *** D’après Amigues et al. (1995 ; in Référence ci-dessus).

Il est à noter que la différence observée entre les travaux espagnols et l’exemple de Proville se justifie en partie par le fait que la valeur obtenue pour le Bois Chenu correspond à sa valeur avant restauration écologique, et avant son intégration au sein du réseau des sites du Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de- Calais. Sa valeur actuelle se rapproche donc probablement des valeurs exprimées au sein des travaux espagnols.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. D.3.2 Application à la Basse Vallée de l’Authie

Ces études apportent des éléments intéressants dont il est possible de proposer une transposition au contexte de la Basse Vallée d’Authie.

L’étude écossaise permet ainsi de présenter une estimation des valeurs écologique et patrimoniale du lit majeur de la Basse Vallée de l’Authie. Si la superficie de la zone et le contexte socio-économique sont tout à fait différents, les enjeux écologiques et patrimoniaux sont par ailleurs relativement proches. Rappelant enfin qu’il s’agit d’une disposition à payer en une seule fois (et donc non-amortie sur plusieurs années), l’estimation de la valeur de conservation de 20 km² de zones humides en Basse Vallée serait alors proche de 1,2 M€.

L’étude la plus intéressante pour notre étude est néanmoins celle menée sur la zone humide de Proville. Site de petite taille et peu fréquenté, aux enjeux écologiques importants et situé à moins d’une centaine de kilomètres de notre secteur d’étude.

A partir de cet exemple et des études réalisées sur les sites espagnols, il est possible de proposer une seconde valeur récréative et patrimoniale de la Basse Vallée. On considère pour cela : ° CAP-droit de visite : ceux correspondant à un visiteur bimensuel à Proville (borne inférieure) et ceux obtenus sur une moyenne de 7 sites espagnols (borne supérieure). Un demi-CAP est associé aux visites bihebdomadaires ; ° Répartition de la fréquentation : celle observée à Proville et ramenée aux 104 ha de sites préservés en Basse Vallée d’Authie. Seules seront considérées ici les visites bisannuelles, bimensuelles, hebdomadaires et bihebdomadaires.

Les résultats obtenus peuvent alors être rapportés à la superficie des marais de Roussent et Tigny, sites gérés eux aussi par le Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais et situés en Basse Vallée d’Authie (soit 104 ha) ou à l’ensemble du lit majeur (soit environ 2200 ha). Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau suivant :

Valeur récréative et patrimoniale des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie

CAP moyens sur les CAP à Proville sites espagnols Moyenne (d’après Rousseau, 1997) (Judez et al., 1998)

Sites naturels préservés 22 900 €/an 38 900 €/an 30 900 €/an

Lit majeur 484 000 €/an 822 800 €/an 653 400 €/an

La valeur récréative de la Basse Vallée peut ainsi être estimée à près de 31 000 €/an, si l’on se limite aux seuls marais actuellement gérés par le Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais et à 653 400 €/an si l’on rapporte cette valeur à l’échelle de la Basse Vallée.

Ces valeurs sont cependant complexes à interpréter et le choix retenu ici est de ne pas ajouter les valeurs patrimoniales et récréatives aux valeurs plus classiques des usages et services rendus. Ceci est par ailleurs d’autant plus justifié qu’il y aurait inévitablement des double-comptes entre l’expression d’une valeur récréative et patrimoniale et les valeurs associées au tourisme ou aux pratiques de pêche et chasse. Les services rendus patrimoniaux seront donc présentés parallèlement à la valeur globale des zones humides, de manière indicative.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

D.4 BILAN DE LA VALEUR DES ZONES HUMIDES DE LA BASSE VALLEE DE L’AUTHIE

Avant de présenter un bilan des différentes valeurs associées aux fonctions et services rendus par les zones humides du secteur, il convient d’en rappeler précisément le cadre : individus et secteur concernés, au départ et à l’arrivée du flux, ainsi que la nature des revenus étudiés ou non-renseignés.

Présentation synthétique des « usages marchands » étudiés

Usages / Public à Surface Nature du Public Autre valeur, Services l’origine de occupée revenu étudié bénéficiaire non-renseignée rendus la dépense Bénéfices du Acheteurs Exploitants marché du bois privés locaux Loyers payés par les Populiculture 235 ha Service exploitants sur les Exploitants Entreprises marchand terrains communaux locaux régionales d’entretien Revenus agricoles tirés du pâturage. Agriculture - Loyers Agriculteurs Communes Dépenses d’équipements.

Loyers Communes Etat, Taxe Fédération, Chasse Diffus Chasseurs Sociétés - Dépenses Commerçants d’équipement locaux et et frais divers régionaux Loyers Communes Taxe payée par les usagers Taxe Etat aux Fédérations et Pêche Diffus Pêcheurs Associations, et Dépenses Commerçants restant dans le d’équipement locaux et milieu spécifique et frais divers régionaux à cet usage Dépenses des Ponctuel Locations pour Vacanciers vacanciers dans Tourisme Particuliers et diffus l’hébergement extérieurs les commerces locaux et régionaux

Dommages épargnés Gestion des Dommages Particuliers et Diffus - aux exploitants inondations épargnés Communes agricoles

Economies liées à Préservation Pêcheurs Pêcheurs de l’amélioration de la de la qualité Diffus CAP de catégorie I qualité des eaux de l’eau catégorie I littorales

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Un bilan des retombées économiques associées à la présence des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie peut donc être proposé. Non-exhaustif dans la prise en compte des différentes sources de revenus, l’inventaire des usages et fonctions reflète néanmoins au plus près la réalité. Comme les bilans intermédiaires présentés précédemment, les préconisations établies dans le cadre du PNRZH ont été suivies dans la mesure du possible.

Il est par ailleurs important de noter qu’il est difficile de proposer une « valeur globale » des zones humides, constituée de l’addition de revenus (ou services rendus) de natures très diverses. Il est ainsi par exemple peu pertinent d’additionner sans précisions particulières les retombées économiques à destination des commerçants locaux, les produits des taxes d’Etat ou encore les revenus engendrés pour les Municipalités ou les particuliers. Le précédent tableau répond par ailleurs à ce souci d’identification des valeurs et doit permettre d’appréhender la valeur globale des zones humides.

L’association de ces revenus constitue en effet la valeur tirée de la présence des zones humides et bénéficiant à la Collectivité (comprise ici lato sensu), et peut donc, en ce sens, être présentée de manière indicative.

Enfin, en raison de son caractère particulier, et notamment l’association de son ampleur et de la nature peu intelligible des méthodes d’estimation par un public de non-spécialistes, le choix est ici de ne pas intégrer directement au sein d’une valeur économique totale la valeur récréative et patrimoniale.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Tableau récapitulatif de la valeur des usages et services rendus associés aux zones humides dans un contexte de gestion durable de la Basse Vallée de l’Authie

Valeur annuelle Usage / Service rendu Total annuel sur la zone Remarques (par ha ou par individu)

Usages / productions

Entre 74 260 € Pour une surface limitée de peupleraies Populiculture Entre 316 et 490 €/ha et 115 150 € exploitées en mode extensif.

Limité aux revenus des locations des Agriculture - Minimum : 13 150 € pâtures communales. Revenus du pâturage en zones humides très faibles.

Pisciculture - - Indépendant des zones humides

Autres usages (récréatifs / loisirs)

Tourisme - 438 100 € Estimation de « l’effet littoral ».

210,5 €/pêcheur Comprend les revenus issus des locations Pêche Minimum : 128 200 € + revenus communaux de terrains communaux et les dépenses annuelles moyennes des pratiquants.

Les pratiques de gestion du milieu Minimum : 52 600 € 230 €/chasseurs et le nombre de mares et d’étangs Chasse Moyenne : 71 350 € + revenus communaux sont déterminants dans les Maximum : 88 300 € degrés de compatibilité.

Services rendus hydrologiques

Impact des zones humides largement sous-estimé. Gestion des inondations - 41 000 € Les dommages épargnés aux productions n’ont pas pu être évalués.

Epuration / Eau potable 0 0 Enjeux actuels ou potentiels absents

Données indisponibles. Diminution de Les zones humides sont sans doute l’eutrophisation et de - Non estimé peu fonctionnelles en matière de l’envasement de dénitrification. Le stockage des MES l’estuaire et du littoral se fait à leurs dépens. Ne correspond pas aux retombées Amélioration de la 18 €/pêcheur économiques sur la pêche, 5 960 € qualité piscicole de catégorie 1 mais à la valeur attribuée à ce service par les pêcheurs.

Services rendus écologiques et patrimoniaux

Valeur écologique Non étudiée : comprise en partie dans la valeur patrimoniale

Valeur patrimoniale D’après CAP estimés à Proville (59) ° Entre 220 et 374 €/ha sites protégés : ° 22 900 / 38 900 € et 7 sites naturels espagnols ° lit majeur : ° 484 000 / 822 800 €

En se limitant aux seuls Usages et Services rendus, il est donc possible d’identifier une valeur minimale de plus de 753 000 €/an. Ceci exprime la valeur associée durablement aux zones humides pour la Collectivité en Basse Vallée de l’Authie et permise par une gestion intégrée du lit majeur. On remarque par ailleurs que cette valeur globale minimale correspond à la borne haute de la valeur patrimoniale et récréative du secteur.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. E. POLITIQUES DE GESTION ACTUELLES ET A VENIR

E.1 ETUDE CRITIQUE DES POLITIQUES ACTUELLES E.1.1 Orientations du SDAGE Artois-Picardie

Les Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) sont nés suite à la loi sur l’eau du 3 janvier 1992, dont l’un des principes affichés est « d’assurer la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et des zones humides ». Le SDAGE du bassin Artois-Picardie consacre ainsi un volet important à la gestion et la protection des zones humides, considérées par ailleurs comme prioritaires en vallée d’Authie. Considérant la nécessité de protéger ces zones en raison de leurs valeurs patrimoniale et fonctionnelle, les principales préconisations résumant la politique « zones humides » du SDAGE sont les suivantes :

° C1 : Maintenir des niveaux d’eau suffisants dans les zones humides ; ° C2 : Réaliser au niveau des Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) une étude écologique et un inventaire faunistique et floristique des milieux terrestres et aquatiques ; ° C3 : Au niveau des SAGE, identifier les causes possibles et non naturelles de dégradation des zones humides et prendre les mesures qui s’imposent pour la réhabilitation de ces milieux ; ° C4 : Prendre en considération les richesses naturelles lors des projets d’édification d’infrastructures. ° C17 : Refuser le développement incontrôlé des plans d’eau en fonds de vallée. Dans le cadre de la gestion des risques : ° D6 : renoncer à l’urbanisation dans les zones d’expansion des crues et les zones humides ; ° D9 : Utiliser au mieux les capacités régulatrices des cours d’eau, en préservant les zones d’expansion des crues.

Les deux principaux thèmes de cette politique sont donc : ° La protection et la réhabilitation des zones humides ; ° Le respect de l’intégrité des lits majeurs en refusant toute nouvelle construction afin de se prémunir des risques d’inondation et de préserver la qualité des écosystèmes. Il y est précisé enfin « qu’aucune action ne doit être entreprise qui puisse nuire au bon fonctionnement de ces milieux ».

La mise en application des dispositions du SDAGE nécessite cependant l’élaboration des SAGE au niveau local. Comme il sera présenté ultérieurement, la mise en place du SAGE du bassin versant de l’Authie est très récente et les réflexions actuelles concernant la gestion des zones humides à l’échelle de la vallée consistent donc à traduire localement les précédents objectifs.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. E.1.2 Primes, subventions et fiscalité locale Une politique fiscale en défaveur des espaces naturels Le rapport d’information sur la fiscalité appliquée aux espaces naturels, présenté par la Députée Nicole Bricq à l’Assemblée Nationale en 1998, dresse un constat clair : la fiscalité locale directe française est nettement plus favorable à la mise en valeur économique des espaces naturels qu’à leur conservation et à leur gestion écologique. Si l’exonération en cas de dessèchement des zones humides a été supprimée en 1991, il est par exemple probablement temps de se pencher sur la pertinence de l’exonération des espaces boisés (terrains ensemencés, plantés ou replantés en bois) alors qu’aucune exonération ou abattement n’est prévu pour des motifs de préservation ou de gestion écologique du milieu naturel (Bricq, 1998).

Aussi l’abattement pour frais d’entretien et de gestion est-il limité à 20% pour la Taxe Foncière sur les Propriétés Non Bâties (TFPNB), contre 50% pour la TFPB (concernant les propriétés bâties). Ce taux ne peut compenser les frais d’entretien écologique et encore moins de restauration des zones humides.

Une évolution de la politique fiscale appliquée aux espaces naturels, et en particulier aux zones humides, paraît donc nécessaire. Les réflexions menées autour de l’élaboration de la Loi d’Orientation sur l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire, présentées dans les paragraphes suivants (cf. chapitre E.3.2), constituent dans ce sens une voie de réflexion tout à fait intéressante.

Prime au boisement et aides à la populiculture Une partie du développement de la populiculture au sein des zones humides tient à la politique fiscale menée à l’échelle nationale. Le Fonds Forestier National (FFN) a ainsi fortement contribué à la rentabilité de la populiculture, et ceci à l’aide de trois moyens d’actions : ° Le don gratuit de plans (provenant d’une pépinière agrée) ; ° Le versement pendant 3 ans d’une subvention pouvant atteindre 50% du montant hors taxe des travaux de plantation et d’entretien ; ° L’octroi d’un prêt à 0,25% remboursable sur 30 ans et correspondant à entre 70 et 80% du montant hors taxe du devis agréé. Malgré la disparition récente du FFN (2001) et la lente prise de conscience des menaces associées à cette politique, le boisement des zones humides est toujours favorisé par les aides de l’Union Européenne (prime au boisement comprise entre 150 et 305 €/ha/an) et du Ministère de l’Agriculture.

L’Etat garantit ainsi l’exonération fiscale trentenaire des parcelles boisées. Celle-ci a été récemment ramenée à 10 ans, de sorte à la mettre en cohérence avec les périodes de rotation des clones actuels (entre 25 et 35 ans en moyenne). La vente du bois en fin de rotation permet en effet le plus souvent en elle-même de financer une nouvelle plantation.

Une nouvelle aide a par ailleurs été mise en place. L’Aide de l’Etat à l’investissement forestier en production a ainsi pour objectif de favoriser les plantations en zone rurale. 50% des coûts de mise en place des peupleraies sont ainsi pris en charge par l’Etat. Le montant, évalué d’après un forfait fixé à l’échelle régionale, est, pour une peupleraie sur le secteur de l’Authie, d’un minimum de 50% de 1760 €/ha (soit une aide de 880 €/ha). Le drainage est lui aussi financé, puisque l’aide s’élève à 1185 €/ha dans le cas où le propriétaire entreprendrait des travaux de protection, d’expertise et de creusement de fossés. Une Aide de l’Etat à l’investissement

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. forestier à caractère environnemental et social a par ailleurs également été mise en place. Ceci est notamment intéressant pour la mise en place de haies sur les versants et le plateau qui, en plus d’assurer le rôle de corridors biologiques et de refuge pour le petit gibier, ont un impact important dans l’optique de la lutte contre l’érosion des sols.

Dans la mesure où, d’une part, la populiculture participe pleinement à l’économie locale et que, d’autre part, son trop grand développement menace la qualité et la valeur paysagère et écologique de ces milieux particulièrement vulnérables, il paraît impératif d’assurer une certaine cohérence à long terme entre les enjeux économiques et écologiques. Il apparaît ainsi peu pertinent de continuer à subventionner la populiculture au sein des zones humides (et plus particulièrement en stations mouilleuses) dont la préservation est par ailleurs reconnue comme prioritaire au sein du SDAGE du bassin Artois-Picardie.

Aussi l’élargissement du champ d’application de la Convention de non-boisement des tourbières, signée en 1997, pourrait-il être envisagé afin de limiter clairement les possibilités d’expansion de la sylviculture dans les secteurs les plus vulnérables.

Rappelons enfin que la loi L. 126 sur l’Aménagement agricole et forestier (Code Rural) donne aux préfets la possibilité de définir des zones d’interdiction ou de réglementation des plantations, et ceci « afin de favoriser une meilleure répartition des terres entre les productions agricoles, la forêt, les espaces de nature et de loisirs et les espaces habités en milieu rural et d’assurer la préservation de milieux naturels ou de paysages remarquables ». Un exemple existe d’ailleurs en la matière en Scarpe-Escaut, où le préfet a donné la possibilité aux maires d’instaurer de telles zones.

E.2 PREVENTION ET GESTION DU RISQUE D’INONDATION

Si la pression anthropique est assez faible sur les zones humides de la Basse Vallée, l’amélioration des relations cours d’eau/zones humides alluviales passent néanmoins par une plus grande liberté rendue au fleuve. Il est ainsi souhaitable que « l’intrusion » du fleuve au sein de son lit majeur soit mieux acceptée. Ceci nécessite donc que les enseignements de la cartographie des zones inondables soient retenus et qu’aucun nouvel enjeu ne vienne s’ajouter à la liste des habitations et infrastructures situées en zone inondable.

Aussi est-il important de finaliser ou mettre en œuvre les outils qui existent en matière d’urbanisme et de prévention des risques. Ainsi, on ne dénombre sur les 14 communes, toutes concernées par un Arrêté de catastrophe naturel au cours des dix dernières années, que 2 Documents Communaux Synthétiques (DCS) en cours d’élaboration, 2 Plans de Préventions des Risques (PPR) « Inondation par remontée de nappe phréatique » et 7 PPR « Inondation » déjà prescrits.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. Catastrophes naturelles et prise en compte des risques dans l’aménagement en Basse Vallée de l’Authie

Inondations par remontée Inondations

de nappe phréatique (et coulées de boue)

Arrêtés de Arrêtés de Catastrophe Catastrophe Commune DCS PPR PPR Naturelle Naturelle depuis 1992 depuis 1992 Prescrit le Colline-Beaumont Non envisagé 5 28/12/00 En cours Prescrit le Prescrit le Villers-s/A. 2 3 d’élaboration 25/04/01 25/04/01 Prescrit le Tigny-Noyelle Non-envisagé 5 28/12/00 En cours Prescrit le Prescrit le Nampont-St-Martin 2 4 d’élaboration 25/04/01 25/04/01 Prescrit le Nempont-St-Firmin Non-envisagé 3 28/12/00 Roussent Non envisagé 3

Maintenay Non envisagé 1

Argoules Non envisagé 1 2 Prescrit le Saulchoy Non envisagé 2 30/10/01 Prescrit le Douriez Non envisagé 3 30/10/01 Dominois Non envisagé 1 3

Ponches-Estruval Pas de risque 1 2

Tortefontaine Non envisagé 2

Dompierre-s/A. Pas de risque 2

D’après Site Internet du Ministère de l’Environnement (mars 2003).

E.3 PERSPECTIVES ET MESURES D’ENCOURAGEMENT NECESSAIRES E.3.1 Outils pour le Développement durable du bassin versant

Les évolutions récentes des mentalités, tant de la part des politiques que dans la société civile, à l’égard de la protection de l’environnement, tendent à favoriser l’essor des politiques de Développement Durable. Il est ainsi important de remarquer que la nécessité du passage d’une politique de maîtrise des aléas (des inondations plus particulièrement) vers la recherche d’une maîtrise de la vulnérabilité (limitation des enjeux) est aujourd’hui de plus en plus reconnue et acceptée.

Cette volonté se traduit notamment par la mise en œuvre de pratiques d’aménagement et de gestion des lits majeurs des cours d’eau intégrées et raisonnées à long terme et à l’échelle du bassin versant. Les réflexions portant sur l’utilisation des espaces naturels prennent ainsi peu à peu le pas sur le recours systématique aux solutions structurelles (tels que les aménagements lourds du type digues, canalisation…) visant à lutter contre les dynamiques naturelles.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Le SAGE Val d’Authie Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), créés par la Loi sur l’Eau (1992) afin d’assurer la « protection de l’eau et des milieux aquatiques » à l’échelle des bassins versants, sont un outil incontournable (mais facultatif) de la gestion des zones humides. Leur mise en œuvre démontre ainsi une volonté locale de développer des politiques de gestion de la vallée raisonnées et cohérentes.

Le SAGE de la vallée de l’Authie, dont l’élaboration a été sollicitée dès novembre 1994 par l’Institution Interdépartementale pour l’Aménagement de la Vallée de l’Authie, continue ainsi de franchir les étapes devant mener à sa mise en œuvre. Depuis 1994, le périmètre d’application et la composition de la Commission Locale de l’Eau (CLE) ont été validés par arrêtés préfectoraux (respectivement les 5 août 1999 et 19 juillet 2002).

L’élaboration d’un SAGE comporte 6 étapes : ° Etat des lieux et bilan des informations disponibles (données abiotiques, contextes juridique et foncier, inventaire des usages…) ; ° Diagnostic global et définition des enjeux ; ° Définition de tendances et de scénarios d’évolutions (fonctions des choix de gestion) ; ° Choix de stratégies, en fonction des enjeux climatiques, écologiques et juridiques ; ° Définition des produits du SAGE (programme des travaux, règles de gestion, recommandations) ; ° Validation finale (cohérence notamment avec les prescriptions du SDAGE).

La mise en place de la CLE et des différentes commissions de travail étant très récente, les premières préconisations ne devraient être connues que dans le courant de l’année 2004. Les dernières étapes d’adoption et d’approbation devraient quant à elles intervenir respectivement vers fin 2007 et fin 2008 (Schryne, Vivier et al., 2002). Si rien n’indique aujourd’hui qu’une attention particulière sera apportée à la préservation des zones humides, il est du devoir des gestionnaires impliqués localement de favoriser le développement d’une politique de gestion durable de ces espaces. Aussi est-il particulièrement intéressant de constater que la mise en œuvre des réflexions de la CLE coïncide avec une réelle prise de conscience de la valeur écologique et économique des zones humides.

Aussi les réflexions devraient-elles reprendre les 4 thèmes mis en avant dès 1996 au sein du document de présentation du SAGE, à savoir : ° Gestion de la ressource ; ° Protection des milieux ; ° Prévention des inondations ; ° Entretien des cours d’eau.

On constate combien les zones humides sont intégrées au sein de chacune de ses composantes.

Pour la mise en œuvre d’un CAD Val d’Authie Les zones humides de la vallée de l’Authie sont particulièrement menacées par les apports très importants de MES depuis les versants agricoles. La prise en compte de la problématique Erosion des sols à l’échelle du bassin est par ailleurs illustrée par l’organisation de journées de sensibilisation par l’Institution Interdépartementale pour l’Aménagement de la Vallée de l’Authie.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Plus que par la valorisation de la fonction de rétention, assurée (à leurs dépens) par les zones humides, la solution passe assurément par des actions menées en amont des problèmes, c’est-à-dire par une modification des pratiques agricoles sur le bassin versant. Les Contrats d’Agriculture Durable (CAD), qui devraient succéder aux Contrats Territoriaux d’Exploitation (CTE) au cours du premier semestre 2003, constituent en ce sens un outil de gestion tout à fait intéressant.

Un Contrat Territorial d’Exploitation collectif, axé sur la lutte contre l’érosion des sols, a par exemple été réalisé en Basse Vallée de la Canche. Dans un secteur fortement touché par cet aléa, cette démarche s’est révélée comme étant la méthode la plus efficace afin de lutter durablement contre l’érosion des sols et, par là même, de prévenir le comblement des zones humides et de favoriser ainsi leur maintien à long terme.

Des exemples de Mesures Agro-Environnementales (MAE) centrées sur les problèmes d’érosion des sols existent par ailleurs sur les communes de Colline-Beaumont, Tigny- Noyelle, Nempont-Saint-Firmin, Roussent et Maintenay. Les CTE, à l’échelle de la région Nord-Pas-de-Calais, sont par ailleurs à l’origine du replantage de 117 km de haies et de la mise en place de mesures de lutte contre l’érosion sur près de 8000 ha de parcelles.

Il est également envisageable d’introduire dans le cadre de ces contrats certaines obligations relatives aux modalités d’exploitation des zones humides (entretien des fossés et des exutoires, limitation stricte des traitements phytosanitaires…) et de favoriser par ailleurs le développement des sources de revenus agricoles, issus par exemple du tourisme rural et des espaces de loisirs. Les différents CTE mis en place au sein du PNR des Marais du Cotentin et du Bessin constituent en la matière des exemples intéressants.

CTE « Maintien pérennisation des systèmes herbagers traditionnels, utilisateurs de marais » au sein du PNR Marais du Cotentin et du Bessin Volet économique Volet environnemental Mesures proposées Objectifs Objectifs ° Insertion du marais dans la gestion du Valorisation fourragère système fourrager : plan de gestion du marais et diversité fourrager, encadrement charge et des pratiques fertilisation, gestion des effluents d’élevage. ° Gestion écologique, cynégétique ou Gestion contraignante halieutique (contrats de multiusages) ; de parcelles de marais ° Réhabilitation des fossés. ° Inscription au répertoire des cédants, Favoriser la réflexion amont pour la transmission et la transmission des pérennisation des structures, accueil d’un exploitations repreneur potentiel. Développer les activités de ° Gestion du territoire diversification ° Introduction, développement d’un atelier Qualité des produits de filière qualité (lait, bœufs). ° Engager démarche de qualité, de Bien-être des certification des conditions de production, animaux de commercialisation, de traçabilité. ° Adapter les bâtiments pour améliorer le Formation bien-être animal, la qualité des produits et l’organisation du travail. Articulation ° Adaptation des compétences, appui

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. avec les PAM technique et mise en réseau. D’après Réseau ESPACE (2000).

L’adhésion des utilisateurs de ces milieux (agriculteurs, pêcheurs et chasseurs…) au projet de maintien et d’amélioration de la qualité de la Basse Vallée est ainsi un élément déterminant pour l’évolution des zones humides sur le secteur. L’organisation de réflexions à l’échelle locale autour d’un projet ambitieux de CAD collectif pourrait ainsi fortement contribuer à garantir la protection des zones humides et le développement durable à l’échelle de la Basse Vallée.

Les missions des Syndicats de dessèchement pourraient par ailleurs aujourd’hui être élargies, voire recentrées autour des enjeux écologiques. Créés au XIXème siècle afin « d’assainir » et de favoriser la mise en valeur des marais, ces structures pourraient en effet se voir attribuer un rôle plus global de gestion ou de surveillance des niveaux d’eau nécessaires à la vie animale et végétale.

E.3.2 Pour une évolution de la législation en faveur des zones humides Zones humides et fiscalité Les réflexions menées autour de l’élaboration de la Loi d’Orientation sur l’Aménagement et le Développement Durable du Territoire (Bricq, 1998) avaient, dans un premier temps, laissé envisager une politique volontaire de défiscalisation des zones humides.

L’une des principales mesures proposées concerne l’exonération de TFPNB des parcelles situées en zones humides, permettant ainsi de ne pas pénaliser les propriétaires de ces terrains peu productifs sur le plan économique. Si cette mesure n’a finalement pas été retenue par le projet de loi, il est pourtant permis de penser qu’un dégrèvement fiscal concédé par exemple aux propriétaires des parcelles intégrées au réseau Natura 2000 permettrait pour le moins d’assurer la cohérence des politiques fiscales et environnementales, et d’atténuer certaines réticences à l’extension du réseau.

Sur la base de l’estimation de l’exonération de TFPNB des terrains devant intégrer le réseau Natura 2000 à l’échelle nationale, soit 1100 €/km²/an (d’après Bricq, 1998), il est possible de proposer une estimation à l’échelle de la Basse Vallée. En ce limitant aux secteurs de prairies les plus humides et aux divers types de phragmitaies et mégaphorbiaies, soit un peu plus de 10 km², on estime alors que la mise en place d’une telle exonération sur notre secteur reviendrait à près de 11000 €/an (environ 7700 €/an pour les quelques 700 ha de site Natura 2000). Cette estimation est d’autant plus intéressante qu’elle exprime le manque à gagner imposé aux communes alors dépourvues des ressources fiscales associées aux zones humides et devant être compensé par l’Etat. Elle constitue donc en ce sens l’expression de la valeur fiscale des zones humides pour les communes riveraines de l’Authie.

Afin de corriger le déséquilibre des aides fiscales, allant dans le sens d’une incitation à la mise en valeur des espaces naturels, il a également été proposé d’autoriser les collectivités locales à conditionner ou à moduler l’exonération trentenaire de TFPNB des terrains boisés en fonction des espèces et des espaces concernés.

Il est permis de penser que cette remise en question du caractère systématique de l’aide au boisement au sein des zones humides, appuyée par une meilleure considération fiscale des travaux de gestion sur ces espaces, permettrait une plus

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. grande cohérence entre politiques fiscales et environnementales. La réflexion initiée en 1998 mérite ainsi sans doute d’être poursuivie.

Droit rural et environnement L’adaptation du droit rural aux enjeux écologiques contemporains passe certainement par l’évolution de certaines dispositions (au moins dans leur formulation) symbolisant une « logique de guerre » à l’encontre des zones humides (Le Corre, 1999). Ainsi l’Article L. 151-36, réglementant les travaux d’aménagements réalisés par des personnes morales autres que l’Etat, parle encore « d’assainissement des terres humides et insalubres ».

La cohérence des enjeux écologiques avec le Droit rural pourrait également passer par l’adaptation de certaines lois. L’Article L. 152-20, qui réglemente la servitude d’écoulement en permettant à tout propriétaire « d’assainir son fonds par le drainage ou un autre mode d’assèchement » grâce à l’usage d’une servitude entre sa parcelle et la voie d’écoulement la plus proche, pourrait ainsi être enrichi. Sans remettre en cause cette servitude et cette pratique, la faisabilité et la pertinence des travaux devrait en effet être évaluée en confrontant les enjeux économiques et écologiques. L’étude approfondie des impacts, exprimés en termes économiques, notamment sur la qualité de l’eau et les inondations, pourrait en effet parfois démontrer que des nouveaux travaux de dessèchement ne servent pas l’intérêt général.

E.3.3 2006 : une étape importante pour la gestion des zones humides à l’échelle régionale

Les fins des Contrats de Plan Etat-Région, du 8ème Programme de l’Agence de l’Eau Artois-Picardie et d’un cycle de Fonds structurels européens (FEDER*, FSE* et FEOGA*) font de l’année 2006 un rendez-vous à ne pas manquer pour les acteurs régionaux engagés dans la préservation et la gestion des zones humides. Il s’agira en effet alors d’élaborer de nouveaux objectifs, devant guider les futures politiques environnementales et permettre une gestion plus ambitieuse de ces milieux.

Les différents acteurs devront ainsi être prêts à présenter un projet structuré permettant la mise en œuvre d’une gestion raisonnée des zones humides à l’échelle régionale (et interrégionale). De l’avis même de M. Alain Strébelle (Directeur de l’AEAP ; communication orale, Séminaire Zones humides, septembre 2002), l’élaboration d’un véritable Plan pour les zones humides pour l’année 2006 est ainsi un défi ambitieux mais néanmoins réaliste, à condition que l’ensemble des acteurs à l’échelle régionale unissent leurs efforts et tendent vers cet objectif.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. C O N C L U S I O N

Des milieux vulnérables et d’une valeur écologique inestimable

Les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie constituent un milieu particulièrement riche d’un point de vue écologique, reconnu aux échelles régionale et européenne. S’il n’est pas proposé de quantification monétaire de la grande valeur écologique du site, elle n’en est pas moins importante et à prendre pleinement en considération dans le cadre d’une réflexion globale sur la valeur de ces zones.

D’autres aspects, tels que le service de préservation de la qualité des eaux ou la valeur patrimoniale, qui expriment d’ailleurs une part de cette valeur écologique, n’ont pu être traduits sous forme économique que de manière indirecte. Ces valeurs et services rendus constituent néanmoins une part importante de la valeur globale du milieu et doivent donc être considérés avec attention.

Des usages parfois antagonistes, mais néanmoins compatibles

Les différentes vocations et usages associés aux zones humides (habitats privilégiés pour la faune et la flore, champ de stockage des crues, zone de chasse et de pêche, plantation de peupleraies, aires de récréation…) apparaissent de prime abord comme pouvant être fortement antagonistes. S’il existe en effet des conflits d’usages, l’analyse des enjeux économiques, environnementaux et patrimoniaux permet néanmoins de définir les conditions de compatibilité et d’équilibre, seules garantes de la pérennité de chacun des usages et fonctions.

Cette étude s’est ainsi attachée à identifier les conditions d’une « cohabitation respectueuse » entre les différents usages et services rendus, afin de présenter les bases d’une gestion intégrée des zones humides à l’échelle de la Basse Vallée.

La nécessité d’une gestion durable des zones humides

Si l’exploitation économique des zones humides est un enjeu majeur et participe à l’entretien du milieu, la prise en compte des contraintes environnementales est aujourd’hui impérative, et ceci pour une raison majeure : favoriser tel ou tel usage entraîne en effet une dégradation du milieu et est synonyme de l’abandon (par ailleurs amorcé) de certaines fonctions bénéfiques pour la collectivité (gestion des inondations notamment). Une politique de gestion basée sur le court terme remet en effet en question l’équilibre de l’écosystème, et donc son existence même sur le long terme.

L’intérêt économique et social de la Collectivité est donc de mettre en place une gestion raisonnée des zones humides afin de prévenir leur dégradation et de s’assurer ainsi du maintien de leur valeur sur le long terme.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

La valeur des zones humides de la Basse Vallée

La valeur des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie identifiée par la présente étude correspond aux estimations des valeurs potentielles obtenues dans le cadre d’une gestion durable du milieu, c’est-à-dire considérant le contexte socio- économique local, mais aussi les contraintes environnementales garantes de la fonctionnalité et de l’équilibre du milieu.

Si ces valeurs ne reflètent qu’une partie de la complexe réalité des rôles tenus par les zones humides sur ce secteur, elles permettent néanmoins de mieux comprendre les enjeux socio-économiques liés à ces espaces, mais aussi de prendre conscience des services rendus à la Collectivité et de l’opportunité économique d’une gestion durable de ces milieux particulièrement vulnérables.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.  Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Aérobiose : vie dans un milieu contenant de l’oxygène. Contraire d’anaérobiose ; Aléa : survenue d’un phénomène naturel pouvant avoir un caractère « catastrophique » en cas de la présence d’infrastructures et/ou d’activités vulnérables (enjeux) sur la zone affectée ; Aquifère : formation géologique dont la position et les qualités de perméabilité et de porosité permettent la circulation de l’eau et la constitution d’une nappe phréatique ; Avifaune : ensemble des oiseaux d’un lieu ; AFIT : Association Française de l’Ingénierie Touristique ; Cariçaie : surface couverte de carex ou laîches (roselière) ; CATNAT : nom donné à la franchise d’assurance en régime de Catastrophe Naturelle ; CDT : Comité Départemental du Tourisme ; CRPF :Centre Régional de la Propriété Forestière ; CRT : Comité Régional du Tourisme ; Crue : élévation du niveau dans un cours d’eau. Ne pas confondre avec l’Inondation », conséquence possible de la crue en cas de débordement du lit mineur ; Cyprinidés : poissons des milieux lents et stagnants, communément appelés « poissons blancs » (carpe, tanche, goujon…) ; Etiage : baisse périodique des eaux d’un cours d’eau. Le plus bas niveau des eaux ; Eutrophisation : enrichissement du milieu en composés azoto-phosphorés , parfois cause d’un déséquilibre ; FEDER : Fonds Européen de Développement Régional ; FEOGA : Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole ; FSE : Fonds Solidarité Eau ; Gyrobroyage : fauchage grossier à l’aide d’un broyeur avec épandage des broyats ; Herpétofaune : ensemble des amphibiens et des reptiles ; Hétérotrophe : organisme qui se nourrit de substances organiques, ne pouvant effectuer lui même la synthèse de ses éléments constituants ; Hydromorphie : ensemble des caractéristiques du sol dues à sa saturation en eau ; Ichtyofaune : ensemble des poissons ; IFEN : Institut Français de l’Environnement ; Laminage : réduction du taux de croissance vers l’aval des débits de pointe du réseau hydrographique, ayant pour conséquence l’amoindrissement de l’impact des crues (inondations) ; Malacofaune : ensemble de mollusques ; Mégaphorbiaie : formation végétale herbacée haute et assez stable, principalement constituée de plantes à larges feuilles associées à des Poacées pérennes ; Odonatofaune : ensemble des libellules et des demoiselles ; Piézométrie : mesure de la hauteur atteinte par le toit de la nappe phréatique dans les sols ; Populiculture : culture du peuplier ; Ripisylve : forêt riveraine des berges d’un cours d’eau ; SAFER : Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural ; SAGE : Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux ; Salmonidés : poissons au corps oblong et écailleux, vivant dans les eaux pures et rapides (saumons, truites…) ; SDAGE : Schéma Directeur pour l’Aménagement et la Gestion des Eaux ; Sylviculture : exploitation rationnelle des arbres forestiers ; ZNIEFF : Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique. De type I : sites précis d’intérêt biologique remarquable. De type II : grands ensembles naturels riches.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.  Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

° AGENCE DE L’EAU ARTOIS-PICARDIE (2001) – Détermination du poids socio- économique des activités récréatives liées aux cours d’eau du Bassin Artois-Picardie. Campagne d’action « Eau et Territoire », AEAP, Douai, 143 p.

° AGENCE DE L’EAU SEINE-NORMANDIE et al. (1995) – Cartographie de l’intérêt fonctionnel des zones humides du bassin Seine-Normandie vis-à-vis des ressources en eau. AESN, Nanterre, 32 p. + Annexes.

° ARMAND C., BONNIEUX F. et CHANGEUX T. (2002) – Evaluation économique des Plans de gestion piscicole. Bull. Français Pêche Piscic., n°365-366, Paris, pp. 565-578.

° BACQUET G. (1975) - Val d’Authie. Auxi-le-Château, 163 p.

° BARBIER E. B., ACREMAN M. et KNOWLER D. (1997) – Evaluation économique des zones humides – Guide à l’usage des décideurs et planificateurs. Bureau de la Convention RAMSAR, Gland (CH), 144 p.

° BARBUT L., DUBIEN I. et VIDAL I. (1998) – Evaluation des enjeux et des dommages agricoles liés à une inondation des vals de la Loire moyenne – rapport méthodologique et principaux résultats. Equipe pluridisciplinaire du Plan Loire Grandeur Nature, AScA, Paris, 38 p.

° BARNAUD G. (1998) – Conservation des zones humides – Concepts et méthodes appliqués à leur caractérisation. Muséum d’Histoire Naturelle, Paris, 451 p.

° BRICQ N. (1998) – Pour le développement durable : une fiscalité au service de l’environnement. Rapport d’information, n°1000, Assemblée Nationale, Paris, 175 p.

° CENTRE REGIONAL DE LA PROPRIETE FORESTIERE (1999) – La populiculture - Guide technique. Conseil Régional Picardie, CRPF, , 25 p.

° COMITE REGIONAL DU TOURISME NORD-PAS-DE-CALAIS (2002) – Les indices du tourisme - Bilan de l’emploi touristique de 1996 à 1999. CRT, Lille, 4 p.

° CONSERVATOIRE DES SITES NATURELS DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS (2002) – La perception de la nature par les habitants du Nord-Pas-de-Calais. In Situ, n°12, CREN Nord-Pas-de-Calais, Wambrechies, pp. 2-5.

° CPIE VAL D’AUTHIE ( 1997) – Etude sur la gestion intégrée des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. CPIE, DIREN NPdC, Région NPdC, Auxi-le-Château, 84 p.

° DENEUX M. (2001) – Les inondations de la Somme - Rapport d’information. Tome I, Commission d’enquête du Sénat, Site Internet du Sénat, 138 p.

° DIREN NORD-PAS-DE-CALAIS (1995) – Schéma Régional de protection des milieux et des paysages naturels. DIREN, Préfecture de Région Nord-Pas-de-Calais, Lille, 45 p.

° DIREN NORD-PAS-DE-CALAIS (1996) – Recensement des sites susceptibles d’être retenus dans le cadre de la Directive Habitats – Projet – Annexe II. Directive Habitats, DIREN, Lille, n.p.

° FONTAINE C. et GUILBERT S. (1999) – La populiculture en vallée d’Authie. CPIE Val d’Authie, Auxi-le-Château, 72 p. + Annexes.

° FUSTEC E., FROCHOT B. et al. (1996) – Les fonctions des zones humides – Synthèse bibliographique. Agence Eau Seine-Normandie, Nanterre, 144 p.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

° FUSTEC E., LEFEUVRE J.C. et al. (2000) – Fonctions et valeurs des zones humides. Dunod - Environnement, Paris, 426 p.

° GAILLIEZ D. (1997) – Les Basses vallées de la Canche, de la Course et de l’Authie – Etat de lieux et réflexions pour une action conservatoire. Mémoire DESS, CREN Nord-Pas- de-Calais, Univ. Paris VII, 70 p.

° GUILBERT S. (1999) – Etude de l’impact socio-économique du pâturage sur les milieux naturels. USTL, Conservatoire Sites Naturels Nord Pas-de-Calais, Wambrechies, 44 p.

° HOVELAQUE R., LE MALICOT K. et RAINELLI P. (1996) – « Gestion des zones humides par les agriculteurs – Problème d’évaluation économique », In MEROT P. et JIGOREL A. (1996) – Hydrologie dans les pays celtiques. Les Colloques, n°79, INRA, Rennes, pp. 435-442.

° IFEN (2000) – La sensibilité écologique des Français. IFEN, Les dossiers, Ed. Tec & Doc, Orléans, 187 p.

° IIBRS et AGENCE DE l’EAU SEINE-NORMANDIE (1996) – Retombées économiques des barrages réservoirs du bassin amont de la Seine. In LAURANS Y., CATTAN A. et DUBIEN I. (1996) – voir ci-dessous.

° IWACO (1999) – Etude méthodologique pour la réalisation de l’inventaire informatisé des zones humides du Nord-Pas-de-Calais – Rapport de phase 1. Rapport d’étude pour l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, Douai, 82 p.

° JUDEZ L., DE ANDRES R., PEREZ HULGALDE C. et al. (1998) – Evaluation contingente de l’usage récréatif d’une réserve naturelle humide. Cahiers d’économie et sociologie rurales, n°48, Paris, pp. 37-60.

° LAGANIER R. et al. (2001) – Méthodes pour une gestion intégrée du risque d’inondation – A partir de l’analyse du bassin versant de la Canche. Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, Programme Risque Inondation, Paris, 249 p.

° LAURANS Y., CATTAN A. et DUBIEN I. (1996) – Les services rendus par les zones humides à la gestion des eaux : Evaluations économiques pour le bassin Seine-Normandie. Rapport d’étude ASCA, Agence de l’Eau Seine-Normandie, Nanterre, 96 p.

° LAURANS Y., DUBIEN I., CATTAN A. et al. (2000) – Evaluation économique des services rendus par les zones humides : des données scientifiques aux éléments de décision, quelle démarche, quelle traduction ? Organisation de groupes de réflexion - Projet 34 - Rapport de synthèse. Rapport ASCA, PNRZH, Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, Paris, 123 p.

° LE CORRE L.. (1999) – La construction progressive d’un droit de l’utilisation durable des zones humides. Droit de l’Environnement, n°74, pp. 15-17

° LEJEUNE V. (2000) – Photo-interprétation d’habitats naturels : Application à la Basse Vallée de l’Authie. Mémoire DESS, CREN Nord-Pas-de-Calais, Univ. Lille I, 108 p.

° LOUCHE B. (1997) – Limites littorales de la nappe de la craie dans la région Nord Pas- de-Calais – Relations eaux souterraines-eaux superficielles-mer. Société Géologique du Nord, publication n°24, Mémoire de Thèse USTL- Lille, Villeneuve-d’Ascq, 291 p.

° MEROT P. (2002) – Fonctionnement épurateur d’une zone humide construite : la dynamique de l’azote. Communication 7èmes Journées AFES, Orléans, en cours de publication, 2 p.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

° MOUTON J. et FLOHART G. (1990) – 1988 : un printemps remarquable en basse vallée de l’Authie. Le Héron, 23, pp. 11-18.

° PRYGIEL J., CABY B., CARPENTIER P. et LEPETRE A. (2000) – Evaluation des flux en nutriments, matières en suspension et matières organiques, au littoral de la Manche du bassin Artois-Picardie pour la période 1980-2000. Actes du colloque «Qualité des eaux du littoral régional : Objectif atteints ?», Agence de l’Eau Artois-Picardie, Douai, pp. 47-56.

° RAMEAU J.C., BISSARDON M. et GUIBAL L. (1997) – CORINE-Biotopes – Version originale – Types d’habitats français. ENGREF, Nancy, 259 p.

° VERON K. (1997) – Valorisation économique des herbivores domestiques rustiques élevés dans des espaces naturels d’intérêt écologiques, floristique ou faunistique. Les Cahiers Techniques du Pique-Bœuf, n°1, Réseau ESPACE, Féd. Parcs Naturels Régionaux Fr., Paris, pp. 2-15.

° ROUSSEAU S. (1997) – Evaluation de biens environnementaux : Zone humide de Proville, Bras mort de Valenciennes, Bras mort de Maulde-Mortagne. USTL-Lille I, Escaut Vivant, Valenciennes, 55 p.

° SAFER FLANDRES-ARTOIS (1997) – Analyse sur les rivières de la Canche et de l’Authie. SAFER, Lille, 24 p. + Annexes.

° SCHRYNE J., VIVIER E. et al. (2002) – La gestion de l’eau potable dans la région Nord- Pas-de-Calais. CESR, rapport en ligne Internet.

° SOGREAH (1997) – Modélisation hydraulique de la Basse vallée de l’Authie - Aménagements hydrauliques - Rapport d’étude. Institution Interdép. Pas-de-Calais / Somme pour l’Aménagement de la Vallée de l’Authie, Auxi-le-Château, 42 p. + Annexes.

° SOGREAH (1999-a) – Cartographie des zones inondables de l’Authie entre Auxi-le- Château et la mer - Rapport de Phase 1. Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, Lille, 32 p. + Annexes.

° SOGREAH (1999-b) – Cartographie des zones inondables de l’Authie entre Auxi-le- Château et la mer - Rapport de Phase 2. Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, Lille, 14 p. + Annexes.

° SOGREAH (2002-a) – Cartographie des zones inondables de l’Authie entre Auxi-le- Château et la mer - Rapport de Phase 3. Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, Lille, 13 p. + Annexes.

° SOGREAH (2002-b) – Etude complémentaire de la Basse vallée de l’Authie - Rapport d’étude. Institution Interdépartementale Pas-de-Calais / Somme pour l’Aménagement de la Vallée de l’Authie, Auxi-le-Château, 44 p.

° VIOLET A. et VIOLET F. (2000) – Premier recensement des oiseaux nicheurs en Basse vallée de l’Authie : parcours échantillon autour du Grand Marais (Pas-de-Calais – Somme) en 2000. Avifaune Picarde, vol. 10, Groupement Ornithologique Picard, Amiens, pp. 97-109.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.  Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. ANNEXE I

Principaux paramètres du modèle CARIMA (SOGREAH) appliqué à la Basse Vallée de l’Authie

Période de retour 10 ans de la crue

Ouvrages hydrauliques Considérés ouverts

Sources d’alimentation Fonctionnement des talwegs et ruissellements diffus, Nappe

Evolutions du débit Nappe-Authie estimées sur la période 1994-1995 à partir des données pluviométriques, piézométriques*, géomorphologiques et d’hypothèses de perméabilité et de porosité Rôle de la nappe de la craie et des formations alluviales. Valeur de 3 L/j/m² considérée comme représentative de l’évolution du débit en lit mineur pour une situation de nappe défavorable.

Prise en compte et simulée de façon transitoire Influence de la marée selon les mesures réalisées en 1994-95 et pour une situation équivalente à mars 1995

Phénomènes de Non pris en compte sédimentation

Surcote atmosphérique 40 cm

- Fond photogrammétrique du Cons. Régional à 1/5000 Supports - 2 séries de levers de profils réalisées par la SOGREAH topographiques La distance entre chaque point est de 100 m

Ecarts inférieurs à 10 cm Incertitude obtenus lors de la reproduction de la crue de mars 1995

D’après SOGREAH (1999-b)

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. ANNEXE II

Questionnaire type adressé aux présidents des associations de pêche (AAPPMA) de la Basse Vallée d’Authie

Description du patrimoine de pêche géré

Etangs Canal Berges de l’Authie

Catégorie piscicole 2 2 1 et Grands migrateurs

Nombre d’étangs __ __

Surface des étangs ou

longueur de berge

Estimation du nombre de pêcheurs y pratiquant au moins 1 fois par mois

Nature des étangs (source de l’alimentation en eau)

Nombre d’étangs

Catégorie piscicole 2

En eaux closes

Créés par dérivation d’un ruisseau et se déversant dans l’Authie (ou ruisseau ou fossé affluent)

Créés par dérivation d’un ruisseau et

déconnecté de l’Authie

Créés par dérivation de l’Authie

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

Types des pêcheurs adhérents selon la taxe acquittée

Etangs Canal Berges de l’Authie

Catégorie piscicole 2 2 1

Taxe réduite __

Taxe complète __ __

Taxe Plans d’eau

Taxe salmonidés migrateurs __ __

Exonérés

Origine des adhérents Pouvez-vous estimer comment se répartissent les adhérents de votre association selon leur origines géographiques ?

Origine des adhérents Effectif (ou proportion)

Commune

Secteur

(rayon de 20 km environ) Départements du Pas-de-Calais

et de la Somme

France

Autres (GB, Belgique…)

TOTAL

Gestion des zones humides Quels sont les derniers aménagements ou travaux d’entretien réalisés par votre AAPPMA ?

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.

ANNEXE III

Synthèse des résultats de l’enquête réalisée auprès des maires des 14 communes riveraines de l’Authie en Basse vallée

Inondations Location des terrains communaux Populiculture

Pratique de la Dommages Dommages provoqués Peupleraies suite aux sur les biens Peupleraies chasse Pâture Chasse Pêche sur la inondations communaux lors des communales commune de 2001 inondations de 2001

Montant Nombre Nombre Revenus Revenus Revenus Revenus Oui Non Nature des Superficie Superficie Superficie Superficie Superficie de de annuels annuels annuels annuels travaux huttes chasseurs

Chemin, pont, digue, 163 + 22 Environ 3 6 bâtiment 360 ha 13150 € 211 ha 22210 € - 16240 € 65 ha 3066 € 92 ha 41 « Gibiers 3200 €/an des d’eau » étangs, huttes

Thèmes abordés dans les réflexions sur la gestion des zones humides : Meilleur entretien des canaux, réfection nécessaire des barrages dégradation des berges par les chasseurs, place laissée aux élus trop étroite dans la mise en place du SAGE, problèmes de MES et pollutions agricoles.

A la question concernant la connaissance des Conservatoire Régionaux des Espaces Naturels, 3 élus ont répondu positivement et 5 négativement.

A noter : 10 commune ont participé à cette enquête. Les résultats à l’échelle communale ne sont pas présentés, en accord avec l’engagement de confidentialité passé avec les maires. TABLE DES CARTES

° Localisation 5 ° Statuts d’inventaire et de protection 15 ° Mutations de l’occupation des sols entre 34 1991 et 1998 (versant Pas-de-Calais)

° Occupation du sol selon la typologie 35 CORINE - Land Cover ° Occupation des sols et zones humides 35

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. TABLE DES ILLUSTRATIONS

Précipitations mensuelles moyennes à Dompierre-s/Authie entre 1982 et 1994...... 9 Croquis géomorphologique de la Basse Vallée de l’Authie...... 10 Relation entre l’Authie et son encaissant géologique...... 11 Flore remarquable de la Basse Vallée de l’Authie ...... 18 Oiseaux nicheurs remarquables de la vallée de l’Authie...... 19 Inventaire écosystémique de la Basse Vallée de l’Authie ...... 21 Cartographie de l’impact des zones humides sur les inondations en Basse Vallée de l’Authie - Secteurs de Nempont-St-Firmin, Nampont-St-Martin et Roussent ...... 24 Inondations du 12 avril 2001 sur le secteur de Nempont-st-Firmin et Nampont-St-Martin (vue depuis le versant Sud)...... 25 Inondations du 12 avril 2001 sur le secteur de Nempont-st-Firmin et Nampont-St-Martin (vue depuis le versant Nord) ...... 25 Ampleur des inondations en Basse Vallée de l’Authie pour deux scénarii de gestion des ouvrages hydrauliques...... 26 Facteurs régulant l’activité dénitrifiante des zones humides ...... 27 Cycle de l’azote dans un sol de zone humide...... 28 Apports moyens annuels de nitrates de l’Authie au littoral entre 1995 et 1999...... 29 Apports moyens annuels de phosphore de l’Authie au littoral entre 1995 et 1999...... 30 Estimations du taux de MES retenues par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie en période de crue ...... 32 Tableau récapitulatif des fonctions et services rendus assurées par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie...... 33 Occupation des sols et principaux habitats en Basse Vallée de l’Authie ...... 36 Répartition des volumes d’eau captés par type d’usage dans les communes riveraines de l’Authie en Basse Vallée et en aval...... 37 Boisement des communes de la Basse Vallée d’Authie...... 40 La populiculture sur les communes de la Basse Vallée de l’Authie...... 41 Capacité d’hébergement touristique en Basse Vallée de l’Authie ...... 47 Tableau récapitulatif des activités et usages assurés par les zones humides de la Basse Vallée de l’Authie ...... 49 Manque à gagner associé à la préservation des zones humides par type d’exploitation agricole ...... 52 Gestion des zones humides protégées par le pâturage ...... 53 Estimation des retombées économiques issues de la populiculture en Basse Vallée de l’Authie...... 54 Dépenses annuelles mensuelles des pêcheurs du Bassin Artois-Picardie ...... 57 Durée ou taux d’occupation moyens des hébergements dans les secteurs touristiques autour de la Basse Vallée de l’Authie ...... 58 Estimation des revenus annuels issus de l’accueil touristique en Basse Vallée de l’Authie ...... 58 Hébergement touristique en Basse Vallée de l’Authie : proposition de distribution des revenus entre « Littoral » et « Zones humides » ...... 59 Estimation des dommages globaux moyens suite aux inondations de 1995 en Basse Vallée de la Canche ...... 61 Biens immobiliers inondés par une inondation de fréquence décennale en Basse Vallée de l’Authie...... 61 Dommages unitaires moyens aux sièges d’exploitations agricoles suite aux inondations de printemps en Moyenne vallée de la Loire...... 63 Estimation de la valeur de conservation écologique des zones humides du Flow Country (Ecosse) par MEC (en €/foyer) *...... 67 Valeurs récréatives et sociales de la zone humide de Proville...... 68 Exemples de valeurs d’usages récréatifs des zones humides (CAP pour visiter) ...... 68 Valeur récréative et patrimoniale des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie ...... 69 Présentation synthétique des « usages marchands » étudiés...... 70 Tableau récapitulatif de la valeur des usages et services rendus associés aux zones humides dans un contexte de gestion durable de la Basse Vallée de l’Authie...... 72 Catastrophes naturelles et prise en compte des risques dans l’aménagement en Basse Vallée de l’Authie ...... 76 CTE « Maintien pérennisation des systèmes herbagers traditionnels, utilisateurs de marais » au sein du PNR Marais du Cotentin et du Bessin ...... 78

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie. REMERCIEMENTS

Ont contribués à la présente étude :

Le Comité de pilotage : Mme. Quignon (DIREN Nord-Pas-de-Calais), M. Hermant (DIREN Picardie), M. Fourdin (Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais), Mmes Chevillard et Happe (Agence de l’Eau Artois-Picardie), M. Dehondt et Mme. Mélénec (Conservatoire des Sites Naturels de Picardie), MM. Laganier et Zuindeau (Université de Lille).

Le Comité de concertation locale : M. Parmentier (CPIE Val d’Authie) et les élus des 14 communes de la Basse Vallée de l’Authie, et plus particulièrement les municipalités de Roussent, Argoules, Colline- Beaumont, Dominois, Dompierre-sur-Authie, Douriez, Maintenay, Saulchoy, Tigny- Noyelle, Tortefontaine et Villers-sur-Authie pour leur participation à la réunion du Comité et/ou à l’enquête.

Autres personnes ou services ayant apporté leur aide : M. Laurans (Agence de l’Eau Seine-Normandie), M. Longuépée (Université de Lille - IFRESI), M. Rosan (Conseil Supérieur de la Pêche), M. Sailliot (Groupement des Associations de Pêche de la Vallée de l’Authie), M. Jourdan (Fédération du Nord pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique), M. Clauce (Centre Régional de la Propriété Forestière), M. Courtecuisse (Agence de l’Eau Artois-Picardie), Mme. Guillaumin (Institut de l’Elevage), MM. Rainelli et Mérot (INRA de Rennes), M. Michel (Fédération du Pas-de-Calais pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique), MM. Debas, Brunel et Graux (Présidents des sociétés de pêche de Roussent, Tigny- Noyelle et Douriez), les services des Chambres d’Agriculture du Pas-de-Calais et de la Somme, le Comité Régional du Tourisme du Nord-Pas-de-Calais, le Comité Départemental du Tourisme de la Somme et la Fédération des Associations de Chasse de la Somme.

 Conservatoire des Sites Naturels du Nord et du Pas-de-Calais (2003) - Fonctions et valeurs des zones humides de la Basse Vallée de l’Authie.