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Rave Party Marine Monbelli Violette Figueras Agathe Bouchet Alice Jourdàa 1 Sommaire I. Historique et Présentation 1. Contexte Politique 2. La notion de Rave II. Construction d’une idéologie sociale portée par le culte de la musique électronique 1. Une cohésion sans barrières sociales ni culturelles 2. Une recherche de stimulations sensorielles III. Limites et débordements 2 Nous avons décidé de vous présenter un dossier accès sur les rassemblements musicaux en lien avec des idéaux sociaux s’inscrivants dans un contexte politique et économique particulier. Nous porterons nos recherches principalement sur les Raves parties et les Free parties, manifestations alternatives révélatrices d’un besoin d’échapper aux contraintes de la vie en société. Adeptes de musiques électroniques, et de festivals de musiques, ce sujet nous intéresse car ces musiques auparavant marginalisées par la société sont aujourd’hui celles qui ambiancent nos soirées. En quoi ces manifestations sont-elles démonstratives d’un mal-être d’une certaine partie de la population et d’une volonté de s’émanciper et de se rassembler autour de valeurs et idéologies communes ? Nous allons tout d’abord présenter le contexte politique, économique et social dans lequel est né ce mouvement. Ensuite, nous nous intéresserons à la création d’une véritable idéologie liée à un certain mode de vie, enfin nous verrons en quoi les musiques électroniques (plus particulièrement acide house et techno) liées à une dimension spirituelle, notamment à travers la drogue engendrant différents débordements, et qui amène à une certaine répression du gouvernement. 3 Historique et présentation Contexte politique Les idées libertaires prônées par ces fêtes se sont bâties autour du mouvement punk anglais à la fin des années 70. En Angleterre au cours des années 80, la dite « sous culture » concernant les musiques électroniques (acid-house) est réprimée par l’Etat. Certains clubs proposent la diffusion de cette musique mais sous peine de règlementations, les clubs doivent fermer leur porte sous les coups de 2 heures du matin. Pour prolonger la fête, reste une solution: investir clandestinement des endroits improbables. De plus, les mines sont fermées et le pays fait face à un fort taux de chômage. La jeunesse ne voulant pas se conformer à ces obligations, et la situation économique étant en crise, elle manifeste et crée un mouvement alternatif : les raves parties. En 1989, Margaret Thatcher, actuellement au pouvoir et institutrice d’une politique conservatrice, met en place une loi interdisant « tout rassemblement de plus de 10 personnes autour de « musique répétitive ». Elle met en place la « Pay Party Unit », chargée de traquer les raves et d’y mettre fin, les forces de polices mobilisées avaient, par exemple, pour ordre de voler le matériel sonore. Autre anecdote, ils imprimaient de faux flyers, pour de fausses fêtes. Quand les « ravers » arrivaient à l'endroit indiqué, ils se retrouvaient face à un policier, qui ordonnait de rentrer chez soi. Nous pouvons noter que, sans le groupe Spriral Tribe, le mouvement des free- parties serait resté confiné aux campagnes anglaises. Au début des années 90, toute l'Europe a plongé dans la musique électronique avec pour mot d'ordre "free party, free music, for free people". Il y a eu aussi les heretik qui, à partir de 1994, perpétuent cette idée allant jusqu’a réunir des milliers de personnes en plein air dans le XVI arrondissement de Paris (piscine Molitor) Quelques dates importantes concernant son expansion en France : - 1993, premier teknival dans la région de Beauvais. - 1995, première circulaire émise par la direction générale de la police nationale : « Les soirées raves : des situations à hauts risques ». - Fin 1998, circulaire émise par les ministères de la Défense, de la Culture et de l’Intérieur qui distingue raves légales et raves clandestines. - Mai 2001, le succès du teknival du premier mai inspire Thierry Mariani qui dépose un amendement au projet de loi sur la sécurité quotidienne (LSQ), visant à autoriser la police à saisir le matériel ayant permis l’organisation des free parties, sous contrôle d’un officier de police judicaire. - 29 mai 2001, cet amendement, après avoir été remanié par Daniel Vaillant, est voté par le Sénat. Il est alors inséré dans l’article 23 de la loi 95-73 sur la sécurité quotidienne. 4 Mais ces nouvelles moeurs festives n’auraient sans doute pas connu un tel élan si elles n'avaient pas, très vite, rencontré la tradition «traveller », qui se développe en Grande-Bretagne (depuis que la suppression des aides sociales a chassé les communautés marginales des vines). Les ravers prennent modèle sur les travellers. Ils s'organisent en sound systems itinérants pour colporter le nouveau son à travers le pays. La notion de Rave : C'est un projet de fête « libre » et « gratuite » autour de la musique techno. Le terme le plus utilisé à l’origine était celui de rave party. Aujourd’hui, les « raves » désignent plus souvent les fêtes réglementées, tandis que les « free parties » se fondent sur la gratuité ou semi-gratuité, et la clandestinité pour certaines. Les musiques varient selon que cela soit une free party ou une rave. En effet, lors d’une free party la musique diffusée appartient au genre de la freetekno et est généralement du hardcore, du breakcore, de la tribe, de la drum & bass ou de la jungle, de la hardtek, du speedcore, de l'acidcore, du dub... Parallèlement, durant des raves la musique écoutée se dirige plus vers la techno, la trance psychédélique et le underground. Si les soirées clandestines ont toujours existé sous divers noms ou formes que ce soit les afterhours clubs durant la prohibition aux États-Unis ou les soirées dans les catacombes de Paris dans les années 1980 et si ce caractère de clandestinité génère des similarités, l’essor des free party est intrinsèquement lié à l’avènement de la techno et aux avancées technologiques qui lui furent contemporaines (téléphone portable et internet). Puisque c’est par l’intermédiaire de ces nouveaux outils que les soirées clandestines furent popularisées. Il existe deux sortes de free parties ; les légales et les illégales : Les free parties légales : Celles déclarées et non interdites au-dessus de 500 personnes (régime déclaratif, elle est dans les textes normalement acceptée, mais dans les faits le dossier est quasi systématiquement rejeté) et celles de type Sarkoval encadrées par le gouvernement. Les free parties illégales: Les free parties illégales, qui existent toujours et sont le plus souvent plus modestes mais vont parfois jusqu’à atteindre la taille de petits teknivals tel que celui des «Insoumis » de mai 2007, ou de Soustons en avril 2007 (une dizaine de sounds systems et quelques milliers de personnes) En 2005, le collectif des sounds systems, créé en 2001 pour faire face à l’hostilité du projet de loi sur la sécurité quotidienne (LSQ) dénombrait plus d’une centaine de sound systems. 5 Les raves sont nées dans une usine abandonnée ou une clairière isolée, elles occupent aussi des espaces comme des usines ou entrepôts en ruines; sans horaires fixes. Ces lieux sont les espaces délaissés de notre monde quotidien, voire de notre société en général, normalement dignes de peu de considération, et ils deviennent pour le temps de la fête des lieux magiques de découverte de soi, des autres, et d’expérimentation sensitive. Le lieu est tenu secret jusqu’au commencement de la fête. Les moyens modernes de communication, téléphone portable et internet, permettent de relayer rapidement l’information sur le lieu. Les organisateurs mettent souvent en place une infoline (répondeur interrogeable à distance avec un code communiqué sur le tract de la free party) voire le numéro d’un DJ (assez rare depuis 2000) qui indique au dernier moment la route à suivre pour trouver la teuf, ce qui donne souvent lieu à un jeu du chat et de la souris avec la police. 6 Construction d’une idéologie sociale portée par le culte de la musique électronique Une cohésion sans barrières sociales ni culturelles Les participants s’auto-désignent sous le terme de « teufeurs ». Certains se déplacent dans des camions appelés « camtar » ou fourgons plus ou moins aménagés. D’autres vivent toute l’année dans ces camions avec leur famille. C’est une véritable façon de vivre. C’est là que se trouve, vécu bien plus qu’explicité, l’engagement le plus intense, le plus riche et le plus poussé des acteurs du mouvement. On se rend en effet difficilement compte des difficultés quotidiennes suscitées par leur choix de vie marginale tant qu’on ne l’a pas pratiquée soi-même. Les contraintes sont multiples : être obligé de chercher un lieu où camper, « se poser » ; subir les regards négatifs des populations locales, accentué par l’opposition du gouvernement. Avoir fréquemment à négocier avec les forces de l’ordre, souvent au réveil, et justifier continuellement de sa place, de son droit à choisir son mode de vie. Au cours de ces soirées, la notion de temps est totalement bouleversée : la free party n’a pas de début, elle n’a pas de fin non plus. A moins d’être membre du sound-system organisateur ou dans son cercle proche, on arrive généralement lorsqu’elle est déjà commencée, et elle va durer toute la nuit, la journée qui suit, parfois même plus longtemps, comme dans le cas des teknivals. Nous sommes loin, très loin de la notion formatée du concert. Le danseur peut alors s’immerger plus totalement encore dans la musique, et ce pendant des heures, des jours même. Le lever de soleil du matin intensifie l’aspect magique de ces soirées, par conséquent elles se prolongent souvent quelques heures après sa fin. Parmi les nombreux propos des acteurs du mouvement, se révélait dans les premiers temps une volonté évidente de « changer le monde » par leur musique, par leurs pratiques.