Les Dérives Liées À La Formation Des Jeunes Dans Le Football : L’Exemple De L’Afrique
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Diplôme Universitaire de 3ème Cycle En « Sport Business Management » 2003-2004 BESMaC Brussels European Sport Management Centre Les dérives liées à la formation des jeunes dans le football : l’exemple de l’Afrique. « Perspectives & recommandations à l’heure de la mondialisation du football-business » Présenté par Laurent DENNEMONT Sous la direction de Monsieur Georges Wanet BESMaC Starter 2003/2004 1/63 BESMaC Starter 2003/2004 Projet Personnel – Laurent DENNEMONT 2/63 SOMMAIRE INTRODUCTION P4 Partie I- Pourquoi les clubs de football européens se tournent vers la formation des jeunes en Afrique ? P11 I-1- Le contexte économique P11 I-1-1- Les clubs européens se tournent vers le vivier africain P11 I-1-2- Le football africain manque de moyens P15 I-2- Le contexte juridique P17 I-2-1- Les règlements sportifs internationaux P17 I-2-2- Le droit et le sport en Europe P18 I-2-2-1 L’Union Européenne & le Sport, un mariage de raison P19 I-2-2-2- Le droit et le sport au niveau national P20 I-2-3- Le droit et le sport en Afrique P21 I-3- Le contexte socio-économique et culturel P23 I-3-1- En Europe P23 I-3-2- En Afrique P23 Partie II- Le trafic des enfants en football, une dérives à proscrire rapidement. P25 II-1- La constitution de vastes réseaux internationaux P25 II-1-1- Les pratiques de certains clubs européens P25 II-1-2- Les partenariats entre clubs européens P25 II-1-3- Les partenariats entre clubs européens et africains P26 II-1-4- Quelques exemples récents de partenariats internationaux P26 II-2- La position des instances dirigeantes du football professionnel européen, la politique de l’autruche. P27 II-3- L’Afrique doit se prendre en charge P29 II-4- La nécessaire coopération des gouvernements, des fédérations sportives, du secteur privé & des ONG P30 Partie III- Recommandations et perspectives d’avenir P32 L’exemple des Diambars P34 CONCLUSION P35 Bibliographie P36 Webographie P39 Annexes P41 BESMaC Starter 2003/2004 Projet Personnel – Laurent DENNEMONT 3/63 INTRODUCTION « Le sport professionnel est, par nature, une « industrie de main d’œuvre » et la délocalisation des talents s’y développe avec une rare facilité ». Ce constat, établi par l’inspecteur des finances Jean-Pierre DENIS dans un rapport1 commandité par le Ministre des Sports français Mr Jean-François Lamour en novembre 2003, permet d’expliquer l’exode des sportifs français vers des pays leur offrant des avantages financiers, sportifs et/ou fiscaux plus attrayants qu’en France. Une Europe qui se décline à l’international L’accès facilité à l’Information et aux moyens de transports, et la politique d’encouragement aux échanges internationaux favorisent, en ce début de XXIème siècle, les déplacements de personnes/populations à la recherche d’une vie meilleure, ou simplement de nouvelles expériences. Cette évidence s’applique à tous les niveaux, que ce soit de la part d’un footballeur français souhaitant exercer son métier en Angleterre pour des raisons aussi bien sportives, financières, culturelles ou fiscales dans la cadre de l’Espace Economique Européen (E.E.E.), que de la part d’un africain s’installant en Europe et aspirant simplement à un avenir plus radieux que ne peut lui procurer son pays d’origine. Un vide juridique favorable à l’émergence des dérives Ces flux migratoires internationaux, rendus possibles notamment grâce à la signature d’accords d’association et de coopération entre l’Union Européenne et de nombreux états tiers2, et reposant sur le principe d’interdiction de discrimination en raison de la nationalité en ce qui concerne les conditions de travail, sont évidemment difficiles à contrôler. C’est pourquoi, dans un contexte mondial de libéralisation des marchés et précisément parce que le sport est une industrie de main d’œuvre, les dérives sont toutes proches. Les législations nationales en vigueur n’ayant jusqu’alors jamais été confrontées à des problématiques internationales, les transactions internationales se voient trop souvent livrées à une forme d’autorégulation du marché qui aboutit aujourd’hui à des abus en tous genres3 qu’il est nécessaire de combattre ! Dès lors, des mesures sont requises. Celles-ci requièrent rapidement l’attention des autorités car ces trafics, très lucratifs et issus d’un manque de coopération internationale, profitent directement à des organisations mafieuses qui prospèrent sereinement4. Le sport, activité sous autorité européenne Dans ce contexte d’échanges, le sport s’est progressivement développé pour devenir, au cours des vingt dernières années, une véritable activité économique. Traitée comme telle par l’U.E., la Cour de Justice des Communautés Européennes (C.J.C.E.) a ainsi tranché, en 1995, sur le statut des sportifs professionnels à travers le retentissant « arrêt Bosman ». Dès lors et en vertu des principes de libre circulation des travailleurs5 et de libre concurrence6 au sein de 1 Certains aspects du sport professionnel en France, de Mr Jean-Pierre DENIS inspecteur des finances, rapport commandité par le ministre de la jeunesse et des sports 2 Notamment les accords de Cotonou s’appliquant aux 77 pays de l’A.C.P. (Afrique, Caraïbes, Pacifique) 3 Traite des êtres humains, trafics d’organes, trafics de bébés, trafics de muscles, réseaux de prostitutions… 4 Se référer au rapport annuel 2001, 2002, 2003 du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme (C.E.C.L.R.), qui est une Association Sans But Lucratif (A.S.B.L.) d’origine belge disponible sur http://www.antiracisme.be 5 Article 48 du Traité de Rome (1960) 6 Article 85 du Traité de Rome (1960) BESMaC Starter 2003/2004 Projet Personnel – Laurent DENNEMONT 4/63 l’E.E.E., chaque sportif ressortissant de la communauté européenne, libre de tout engagement contractuel, dispose du droit de choisir le pays dans lequel il souhaite s’établir et travailler. Il est judicieux de préciser que, si la majorité des personnes gravitant autour du sport professionnel est au courant des répercussions de l’arrêt Bosman, peu d’entre eux soupçonnent les conséquences réelles de l’arrêt Malaya (février 2000), ni même de l’arrêt Kolpac (2003), qui étend la notion de ressortissant européen aux citoyens de 116 pays. « Avec l'arrêt Malaja, l'Europe du sport allait de Vladivostok à Tamanrasset. Avec l'arrêt Kolpak, elle s'étend de la Côte-d'Ivoire au Vanuatu, du Lesotho à la Jamaïque, du Zimbabwe au Tonga. Entre autres... «Un club de foot français peut désormais aligner cinq Camerounais et six Sénégalais», souligne Michel Pautot, avocat de Lilia Malaja7 ». Cette mobilité en Europe, voir même bien au-delà des frontières, évidente pour de nombreux autres secteurs d’activités économiques, s’est difficilement imposée au milieu du sport. Trop souvent ancrées dans une forme d’immobilisme, parfois nostalgiques, ou ayant le sentiment de perdre le contrôle des règles du jeu au profit de « quelques technocrates -Union Européenne- qui n’y connaissent rien au sport », les instances dirigeantes du sport européen n’ont pas su anticiper les changements insufflés par la professionnalisation du sport et la construction de l’Europe dans un environnement mondial. Après l’opulence, le football connaît la crise La vérité c’est que le sport professionnel traverse actuellement une crise financière. Le football, en tant que fer de lance des sports européens dans le processus de professionnalisation, est sérieusement touché : « Partout, après les années folles, l’heure est au contrôle des coûts salariaux (…) Les clubs redécouvrent les talents en devenir dans leurs centres de formation, ou achètent au rabais de jeunes footballeurs moins connus. » Jean- Jacques Bozonnet et Marc Roche résument ainsi, dans un article du quotidien Le Monde daté du 04.04.2004 et intitulé « Le foot-business traverse une crise financière », l’évolution de l’industrie du football ces dernières années. Replacer la formation au cœur du système La prise en considération de la formation au cœur même du système « football », évidente et nécessaire aux yeux de nombreux spécialistes du football moderne, n’est pourtant pas encore assimilée par la majorité des clubs et fédérations. Il est incontestable que certains aspects culturels façonnent la vision des clubs et des fédérations, et si en France la formation des jeunes est indissociable de la politique globale des clubs, celle-ci reste secondaire dans de nombreux pays comme l’Angleterre. L’austérité du marché actuel ajoutée à la volonté, principalement politique, d’assainir le milieu du football placent tous les clubs face à une double exigence : ceux-ci doivent à la fois maîtriser leurs dépenses -notamment salariales- sous la contrainte de règles de gestion édictées au niveau national, européen ou international, et ce, tout en conservant une équipe sportive compétitive sur le terrain. Cette nécessité de performance à la fois sportive et commerciale passe notamment par une diversification des recettes, et la recherche de nouveaux investisseurs8. 7 L’Europe des 116 est née, Libération.fr, samedi 10 mai 2003. 8 Conclusions sur la situation des clubs de football européens, Certains aspects du sport professionnel en France, de Mr Jean-Pierre DENIS inspecteur des finances, rapport commandité par le ministre de la jeunesse et des sports français (Nov. 2003) BESMaC Starter 2003/2004 Projet Personnel – Laurent DENNEMONT 5/63 Une analyse des facteurs influents et de certains indices pertinents du marché nous permet aujourd’hui d’affirmer, de manière objective, que la formation des jeunes est l’avenir des clubs de football. Nous nous appuierons, pour illustrer cette tendance qui se généralise, sur des exemples concrets de clubs dont la réussite sportive et financière n’est plus à démontrer. Vincent Kompany, titulaire à 17 ans en équipe nationale Belge, et son coéquipier Anthony Vanden Borre, 16 ans et titulaire en club, représentent à eux deux cette orientation du club phare d’Anderlecht (RCA -D1-) vers une (re-)valorisation de la formation des talents locaux.