NOTICE

SUR LE

PORTIQUE DIT DE SÂRCUS

EXISTANT Â NOGENT.LES-VIERGES,

ET FAISART PARTIE DE LRÀJFrATION DE M. HOUBIGANT,

Portique élcvd au moyen de quelques débris provenant de lancien ebâteait de Sarcus abattu eu i833.

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Sarcus est un viltage,autrefois bourg situé à quèlque distance de Grandvilliers sur la route dAumale; à quarante kilomètres de vers le nord—ouest, à soixante-seize kilomètres dc

Nogent—les-Vierges près de , et faisant parLie du dépar- terneit de l€ise. Là, à Sarcus, avait existé, probablement depuis lépoque de - Iiavasiou romaine, un établissement militaire destitié à main- tenir le pays dans lobéissance de ceux qui lavaient conquis j de nombreux débris de tuiles romaines, des médailles à leffigie des empereurs, et une chaussée , créée certainement par ces grands dominateurs, témoignaient suffisamment de leur long séjour dans la contrée.

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Oocumen( - - L I/I/IiIIIIIIIvnt:in,ii,iu -4--

A cet établissement militaire dut succéder, après linvasion fanke, un château-fort destiné à la fois à tenir sous la nouvelle domination les Gallo-Romains vaincus, et aussi (à compter des ir et y siècles) , à défendre le pays contre les courses in- cessantes de ces terribles Northmans qui furent si longtemps la terreur de elIes de nos plages quviennent baigner les mers du nord-ouest. Dans les fondations du château abattu en 133,se trouvaient des maçonneries appartenant certainement à ce premierchâteau qui, plus dune fois, dut voir au pied de ses murailles Rollon eties farouches compagnons. Les noms des premiers chefs militaires de race Franke, chargés par les rois des deux pemières races de défendrecette frontière maritime, nous sont inconnus. Comme dans toute la Franceseptentrionale ,ccs chefs durent se rendre indépendants à la faveur des traités arrachés à la fin un jx siècle à la faiblesse des derniers monarques de ta deuxième race (t). A àette époque se placerait la souche de la famille seigneu- riale des Sarcus, eton commenceraità en avoir une suite, si les noms de ces premiers seigneurs nous avaientété conservés dansuncertain ordre; mais vers ces temps reculés, on ne trouve que quelques noms isols ,. à gratide distaùce les uns des autres, sans Mvoir quels liens les unissent entre eux. Ce nest quà

(I) La contrée où est placé Sarcus dut faire partie du vexin .Français reconnu fief avant 783. Le célèbre capitulaire de Kiersi-sur- (877) dut rendre indépendant le gouverneur de la forteresse de sarcus , cômme le devinrent à la même époque tous ceux de la contrée. - 5 - compter dc 5149 quon peut commencer une géoéalogie des sires de Sarcus, ce qui fait encore ces premiers seigneurs, bien reconnus, conLemporaius de Ilugus-CapeL et de Robert-le- Sage, son fils. Au commencemept du xiv siècle, les membres de cette fa- mille, qui navaient cessé de prendre part à lbistoire et aux querelles féodales du pays, paraissent à la cour de nos rois , et ne cessent plus den faire partie ; plusieurs dentre eux suivent leurs hauts barons, ou leurs monarques, en Terre-Sainte; la salle des croisades du Musée de Versailles, ces véritables, je dirais presque ces seules archives de ]a iioblesse historique et héroïque française, a enregistré le nom de lun deux, Actant de Sarcus, non quil sôit le seul de la famille qui ait pris part à ces expéditions militairement religieuses, mais parce que sa désignation résultait dune pièce auhentique, et lon peut ainsi voir le blason des Sarcus briJier parmi ceux des preux de la cinquième croisade (1). Jusques au xvi siècle, le château de Sarcus navait été quun château-fort de forme irrégulière, flanqué de grosses tours, renfermant dans son enceinte une cour étroite et sombre, li tout entouré de fossés ,et présentant dans son ensemble tous les caractères des demeures du moyen-âge. Les seigneurs de Sarcus, dont quelques-uns avaient certai- .nemerit suivi les rois Charles VIII et Louis XII dàns leurs expéditions dItalie, car quelle famille noble de cette époque ny fut pas représentée? y avaient, comme leurs souverains,

(t) Deuxième salle des croisades, au Musée de Versailles. —6— G et tout c qui les environnait, puisé le goût deiarts, et étaient revenus désireux dopérer dans leur patrie cette transformatioû de lart triste et sévère qui avait présidéjusque alors aux cons- tructions faites par leurs aïeux, en un art nouveau, plus rempli de caprices et dimagination, et plus propres à rendre com- modes et riantes leurs habitations. Les rois Charles VIII et Louis XII, ainsi que les cardinaux dAmljoise,. donnèrent des premiers, sur une grande échelle lexemple de ces constructions nouvelles, où le gothique, rendu plus coquet, salliait aux profils et aux arabesques de lantiquité découverts récemment alors dans les bains de Tite et de Livie; cest ce mélange, modifié successivement, quon a désigné sous le nom darchitecture de ia.Renàissanee. Jean de Sarcus, né vers i478, tenant un haut rang à la cour de François J", renommé par les éclatants services mili- taires quil avait rendus, et par les emplois émiÈents quil rem- plissait, pensa, à linstar des cardinaux dAmhôise, à trans- former son donjon de Sarcus en un élégant palais , pouvant rivaliser avec tout ce que lois , Amboise, et surtout Gaillôn, offraient de plus parfait dans le style nouveau. En 1620, probablement (1), abattant du côt du bourg la façade de lancienne forteresse, • il éleva dans lintérieur de la cour déblhyée de son château, tout en conservant à lextérieur

• (2) On indique ici 1520 comme lépoque ou les travaux ont pu commencer, parce (lue la date dc 1523, posée après lérection des vingt-deux arcades sur la clé de la deriiière arcade fermée • né peut indiquer la pose de la première pierre, mais seulement lépoque où les arcades ont été terminées. On a donc jugé que trois ails nétaient pas un temps trop long leur construire ct sculpter Les vingt- deux arcades. 7

des trois au(res côtés, les tours et les anciens mbyens de dé-i Jense, les façades des trois bâtiments drnées d pcirti4ues ed forme de cloîtres, fornrnnt entre elles un parallélogramme réL gulier, le bfttimenf du fond présentant douze arcades, et les ailes chacune cinq, en tout vingt-deux arcades, surmontêe chacune dune croisée entourée dun chambranle orné de mas- ques et de candélabres. Entre chaque arcade, un contrefort en saillie vint; âssurer la solidité du tout; la forme élégante quon donna à ces piliers, et. les sculptures dont on les couvrit vinrent servir à lornemen- .tation., Ces contreforts se terminaient en flèches qui allaient jusques au sommet du bâtiment, où ils sépanouissaient en fleurons les arcades elles-mêmes furent couvertes darabès- ques les plus. riches et les plus variées, ainsi quon peut le voir dans la vue lithographiée du petit portique de Nogent, élevé au moyeu de quelques débris sauvés de la destruction 4u grand château; un bel entablement surmontait certainement le tout, .eetentableznent•couronuè lui-même dune galerie à jour pré- cieusement découpée, et dun de ces hauts toits à la mauièrè du temps j quune crête en fer, se découpant sur le ciel, de.L vait rendre plus pittoresque encore. Ajoutons que les voûtes du cloître furent plus tard peintes des couleurs les plus vives, que les nervures furent eîi partie dorées, et que les blasons, entourés de rinceaux qui se trou- nient en sculptures saillantes à chaque intersection de ner- vures, furent peints, dorés ou argentés selon ce que voulaient les pièces de ces blasons; quenfin, douze médaillons de haut- relief, représentant la famille royale et quelques personnages -8—

de la cour, vinrent compléter larichesse sans pareille du mo- mIment, qui alors quil fut entièrement terminé dût présenter laspect le plus imposant et le plûs délicieux quon puisse hua- giner. (I); aussi , somnes-nous toujours étonné quun pareil difice, dont la construction dût faire dans son temps une grande sensation dans la contrée, et parmi les artistes, soit resté ignoré, et nait pas été reproduit.par la gravure, comme lont été tant dautres chkteaux de la même époque qui étaient bien loin de Iégaer en grandeur et en agnificence. Ancirouet du Cerceau qui, dans ses plus evcellents bastiments de Fravce, pomet dans sa préface dy décrire et représenter les plus exquiz, surtout lorsque, comme à Gailion, ils sont dun riche artifice, toutefois modernes et remplis de jotivetés très-mi gnardes, ny a pas compris Sarcus, dont il ne dit pas même un mot. Or, à lexception de Gaillon qui présentait une exécution plus pré- cieuse, quy avait-il en de plus parfait en architecture que celle de Sarcus? Il est vrai quAndrouet du Cerceau, qui na publié que deux volumes de son recueil , se proposait den mettre en lumière un troisième, comme il lannonce k la reine-mère, à laquelle il dédie sou second volume; lui disant que si de nouveau, elle

(t) M. le comte Àmédéc de Sareus est dans lintention de faire dessiner une Vue pittoresque du château ,le représentant tel quil dt,t exister en 1550, époque où 011 pense quil n été entièrement terminé. On possède toùs les éléments nécessaires pour exécuter cette restauration; si cette restauration, dessinée et lithographiée, n lieu , elle servira à perpétuer le souvenir du monument qui fut la merveille ar- chiteeturale de la contrée, et dont les arts et le pays déplorent également la perle; et si M. le comte de Sarcus le permet ,nous la publierons plus tard dans ce recueil, dont une des destinations est de conserver le souvenir des curiosités arcluteetu- rales du département de tOise.

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daigne sourire à ses labeurs, et si Dieu qui lavait d4jà chargé dans, lui laissait encore assez de jours pour parachever son oeuvre, alors il parfaitera ce quil a commencé. Androuet, prôbablemeiit, naura pas eu lagrâce dassez dans, ou plutôt, protestant plein de ferveur et inflexible dans sa croyance, obligé de fuir devant les persécutions religieuses de lépoque, il se sera retiré à Genève, où il est mort, avant davoir pu dessiner et graver Sarcus et ses infinis détails. Quoi quil en soit, dans ces derniers temps les splendeurs du château de Sarcus nétaient guère connues que dans la localité et de quelques personnes qui avaient lu la description du dépar- lement de lOise par M. de Cambry, lequel, dans son ouvrage, fait de ce manoir le plus pompeux éloge, au point doutrepasser la vérité il compare ses murs à de la dentelle, etc En 1833 on apprit que, misen vente pour la démolition par son dernier propriétaire (1) , il allait être livré aux marteaux des démolisseurs; et encore cette annolice eutelle si peu de reten- tissement, que M. iloubigant nen eut connaissance qualors que ,..des vingt-deux arcades, il nen restait plus que quatre qui fussent encore debout. Sans perdre une heure, aussitôt que cet acte de vandalistne lui fut connu, accompagné de deux de ses amis artistes, que le hasard avait amenés auprès de lui, il partit pour Sarcus, où il arrivait le soir même, et où le lendemain de son arrivée, il auvait dun anéantissement complet ce qui restait encore du

(I) Ce dernier propriétaireest M. Gabriel de Grasse, dans la famille duquel le cliûteau et la terre étaient arrivés par le don quen avait fait la marquise de Pons, cci 1763, à Frauçois, marquis de Grasse, son parent. - 10 -

monument, cest-à-dire les quatre arcades que les démolisseurs pavaient pai encore mises en moellons, restes quil acquérait sans savoir ce quil en ferait, sachant seulement que, devenu leur possesseur, ils seraient, sous une forme ou sous une autre, conervés au département de lOise (1). • M.-Houbigant en a forméune des façades de son habitation -de Nogent-les-Vierges; obligé pour en faire un tout:dajouter des portions neuves à celles rapportées de Sarcus, il a cherché

à-le faire de manière à ce quil rI y eut pas trop de disparate,

sinspirant du très-petit nombre de constructions du même stlOE et de la même époque qui subsistent encore (2). Ainsi, la frise qui surmonte les arcades est entièrement neuve; il en est de même. de lattique; les médaillons seuls qui lornent sont anciens, et doivent même être considêrés comme étant les sculptures les plus précieuses sauvées de ta destruction de lédifice. Les lucarnes imitées dun châteàu de- 1520 à 1530 (Sarcus est de la même époque), sont également modernes;! les croisées qui éclairent les pavillons en corps avancés sur lesquels sappuient les arcades, .sont anciennes, mais elles- -

- (J) Dautres fragments encore ont été sauvés de lanéantissemcnt par M: Daudin, propriétaire à Pouilly, près Beanvais, qui, antérieurement à lavisite de M. iloubi- gant, avaitacquis à Sarcus un certain nombre darcades, qunveebeaucoup de goM il a fait relever, en forme de ruines, dans son pare de Pouilly. Un des groupes daread€s, avec leurs voittes, leurs nervures et leurs b]asons, entouré de beaux nrbres et pincé sur le bord dun étang, sy réfléchit de Îcon à produire leffet le plus pittoresque. M. A. de Sarcus a fait dessiner et lithographier, par M. De Roy ces différentes ruines.

(2) On doit regretter que ladministration départementale dc lépoque (l82) nait pas tenté dacquérir et de conserver les arcades du chteau de Sarcus,que, si faci- lement, on aurait trouvé â utiliser à Beauvais, soit en ornant une cour de Musée ou en en formant un p6rliquc pour uuddiflce public. - L]

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nétaient point.placées comme elles le sont aujourdhu(, elles éclairaient au rez-de-chaussée de lancien château deux jièces dans des pavillôns sur lesqu&s sappuyaient les arcades; il est probable que les façades de la cour étaient ornées de setublables croisées, en nombre égal aux arcades quelles surmontaient; croisées qui ont disparu lors de la soi-disant restauration faite au château par M. le marquis François de Grasse aussitôt quil en a été propriétaire, restauration ou plutôt mutilation qui a consisté à substituer aux anciennes croisées qui étaient en harmonie avec le style des arcades et le restant de lédifice; de nouvelles croisées styld Louis XV, ce qui , comme on le conçoit bien , avait notablement altéré le caractère général du monu- ment, ou plutôt lavait entièrement défiguré. Puisse M. Houbigant, dans sa mosaïque architecturale, en avoir assez bien assemblé toutes les portions pour;quon ne, distingue pas celles du xvi siècle de selles du xir J puisse-t-il avoir réussi dans son projet de conserver au département de lOise un joli spécimen de cette architecture, dite de la Renais- sance, qui ne sest pas nationalisée en Érance, et dont les exem- ples sont tellement rares quon ne sauzait en indiquèr un aasi complet que celui que M. Houbigant met à la tête de cette rio- tice sous les yeux du lecteur Les voûtes de la portioti des arcades relevées à Nogent, déjà détruites lorsque M, Houbigant les .a achetées, nont pu êtrà reproduites. Il a trouvé les portions qui les composaient déjlt dispersées; il y a substitué un plafond plat, dont les différents panneaux, moulés à Orléans, appaxtiennent à une maison con- nue sous le nom de la Chancellerie de Louis XII, qupique ce1 s

- 12 - plafond, qui porte des salamandres, soit de lépoque de Fran- çoi 1er. Le hasard a fait que les caissons représentassent des emblèmes amoureux. Or, il faut quon sache qub sur le dire de M. de Cambry, qui parait être lauteur de ce quon regarde aujourdhui à Sarcus comme une tradition, on raconte que le château de Sarcus doitsa restauration du XVIe siècle à lamour que Françôis I" aurait conçu pour BonneS de Sarcus, fille de Jean de Sarcus, et que comme témoignage de son royal amour, it aurait fait transformer de ses deniers le vieux château-fort eu un élégant palais, que de plus il aurait fait couvrir des détails les plus galants, proclamant ainsi sa flamme en.madrigaux sculptés. M. Houbigant, trompé par ce qui se disait à Sarcus et par ce quen avait imprimé M. de Cambry, a lui-même couvert les portions neuves du petit édifice de détails et dinscriptions com- posés dans ce même esprit qui, disait-on, avait inspiré le mo- nument; ainsi il a fait ajouter aux détails anciens des fleurs-de- lys en incandescence, des flambeaux qui ne séteignent jamais, des devises érotiques, etc., etc. Malheureusement quand M. Hou bigant voulut recourir aux sources auxquelles M. lancien Pré- fet de lOise avait dû puiser, celles fournies par lhistoire et les chroniques contemporaines, il les trouva muettes; les recher- ches les plus multipliées, les plus consciencieuses ne purent lui fournir que la preuve du peu de fondement de ce quavait publié M d Cambry; les chroniqueurs du xv? siècle, si em- pressés à enregistrerle moindre soupir adultère de nos rois, Dreux-du-Badier qui en a fait une recherche toute particulière, et a cmposé un gros recueil des maîtresses de nos souverains,

I] -,- f3 - I ne nomme pas une seule fois M" desarcus, quoiquil en nomme beaucoup dautres et des plus obscures. Force a donc été kM.Houbigantde renoncerau canevas galant si bien brodé par M. Cambry, et si propre à inspirer de nouveaux enjolive- ments; mais M. Houbigant a préféré dire la vérité. Ce qui est possible et mémo très-probable, parce que cé- tait dans, lesprit généreux du monarque; cest quil a concouru à la restauration du château au xvi siècle en faveur de Jean de Sarcus , comme il la fait à légard de Bonnivet à Bonnivet, du chancelier Dupra à Nautouillet, et à légard de beaucoup dautres, et ce qui est encore bien plus probable, cest que cette restauration fut commencée, par Jean de Sarcus vers 1520, inspiré seulement par lamour des arts et de la magnifi- cence; que ces constructions ayant duré un certain nombre dannées, et ayant épuisé les moyens qe possédait Jean dê Sarcus de suffir à daussi grandes dépenses; François pr era venu en aide à son brave capitaine, ou plutôt encoré que M" dHeilly, nièce de Jean do Sarcus, étant deienue, vers 1526, la maltresse du roi, et comme on sait la maltresse absolue et la dispensatrice des bienfaits royaux, ce qui a fait dire aux historiens du temps que, mattresse des deniers roijaux , elle en usdt particulièrement pour enrichir sa famille, cite aura engagé le roi à concourir à la terminaison des travaux, et que cest dé cette époque que doivent dater les salamandres et les F fleur- de-lysées dont on a trouvé des débris dans les rùines de Sarcus, et que par suite M. iloubigant a cru devoir faire reproduire dans le petit portique doNogent. Contre lavis dun archéologue de mérite qui pense que les - •14 - salamanIres se plaçaient sous François t sur les monuments et même sur les maisons particulières, sans que, pour cela on puisse en concIue que la générosité du roi fût entrée pour quelque chose dans ces cohstructions, M. iloubigant croit que les F et les salamandres sculptées sur le édifices de lépoque de François P?, sont au contraire la preuve du cncours dfrect dii monarque dans lérection des édifices qui les portent comme sous ses successeursles H, les croissants, les fleurs- de-lys, ont été.comme les signatures des souverains sous les- qùels sétaient élevées les constructions.

Quel est larchitecte auquel on devait Sarcus? Telle est la question que plusieurs fois on a adressé à M. Houbigant. Les recherches sur ce point lont amené k reconnattre quil devait être le même que celui auquel on devait Gaillon. M. Tay- lor, dans sa Normandie pittoresque; M. Déville, dans son Atlas de la Comptabilité de Caillon, ont donné des détails de sculp- turc tellement semblables à plusieurs de peux du château de Sarcus, què les uns et les autres ont dû être exécutés par les mêmes ornemanistes, ou par leurs élèves possesseurs des [êmesponcis, etsous la même inspiration architecturale; mais quel. est larchitecte de Gaillon? Cest ce quon ne sait pas dune manière positive, ou plutôt ce quon ne sait plus depuis 4ue M. Déville a élevé des doutes sur ce quon croyait sa voir. M. Déville, qui a dépouillé toute la comptabilité de Gaillon, ne veut pas que ce soit Jean Joconde de Véronne, comme on lavait cru jusqualors. Il fonde son opinion sur ce que le nom de Jeconde ne se trouve pas une seule fois dans les différents mé- - 16 -

moires d!outriers dont1e dépouillement lui a été confié; mais des mémoires douvriers peuvent très-bien ne pas faire. men- tion:de:Earchitecte auquel on doit le projet; que: chaque ei- trepreneur exécute ensuite pour sa partiè, en sorte que la rai- son. a1légue par M. fléville ne paraît pas suffisamment oh- cluante; Pèndant un grand nombre dannées, cest-à-dire d- puis une époque très-rapprochée de : celle de la construction, on avait regardé Jean Joconde comme ayant été larchitecte de Gaillon; on ne voit aucun motif pour penser que cèux qui, bien plusque . nous, ont.pP le savoir exactement se.soiént trompés; aussiM. de Clarac avait-il adopté cette opinion quil a consignée dans louvrage quon lui doit; t jusques à une preuve vraiment contraire, M: Houbigant pense quon doit se ranger à celle de M. de C!arac. M.. Déville dit aussi quà la fin du xv siècle chaque entrépre- neur principal exécutait une portion dédfice dônt on lui avait indiqué: les dispositions. générales. sans quil éxistât un plan densemble,. coordonnant le tout, sans. quil existât un plaii dessiné et rédigé - davance par un architecte; cest impos- sible; on a toujours dû,: pour le plus simple édifice; faire avant-toute chose un projet dessiné, calculé et discuté, k plus forte raison a-t-on dû le faire pour un édifice de limportance de Gaillon, et on a dû agir de même pour le château de Sarcus; la preuve quil y avait, alors des architectes, cest que Jean Joconde avait été appelé par LouisXlI pour donner les plans et diriger les constructions quil voulait faire exécuter. Si JeanJocondeest larchitecte de Gaillon, lui ou unde ses élèves; également de I école:italiee est larchitecte de Sdr#- - 1G - cus, car Sarcus est comme Gaillon du style darchitecture de la

Renaissance; PUREMENT ITALIEN, dégagé presquentièrement du style gothique quon trouve encore un peu dans Gaillon mêlé à larchitecture nouvelle alors de la Renaissance; à Sarcus, ce nest plus que le style arabesque, style qui, comme on a S oc- casiort de le dire, ne sest jas nationalisé en Franco. Pourquoi? Cest ce quon ne saurait indiquer; ce quil y a dè certain, cest quon ne le trouve appliqué quà de petits détails: cham- branles de portes et de croisées, lucarnes par ci, par là , mais très-rarement en grand, do manière à former un vaste édifice, comme il lavait été à Gaillon, à Sarcus et à Blois en partie. La portion la plus remarquable à Sarcus était la chapelle chef-doeuvre de construction où larchitecte avait déployé tout le luxe de son art, toutes les richesses de son imagination M. Houbigant na sauvé de cette portion de lédifice quun bas- relief représentant le Père Eternel coiffé dune tiare, tenant un globe dans la main gauche, et levant la droite de la façon la plus miséricordieuse; au-dessous se trouve une banderolle soutenue par des anges qui , placés à droite et à gauche, com- posent le sujet dont les figures sont de grandeur natureHe; la banderolle portait pour légende Tota puichra es arnica mea et macula non est in te, tiré du Cantique des Cantiques. On peut voir ce bas-relief chez M. iloubigant, dans le cabinet dit de la Renaissance qui fait partie, àNogent .les-Vierges, du portique dit de Sarcus. Le bas-relief est peint et doré comme il lavait été primitivement dans la chapelle. Ce sujet à Sarcus nétait pas original; la cathédrale dA- miens en offrait un semblable dans ses stalles décrites pir - ii -

MM. les àhbés Jburdain cl Dûval; celui dAmiens, de plus pe- lite dimension, était antérieur à ceui de Sarcus; qui ornait le fond de la chapelle derrièré le maître-autel. A Nogent-les—Vierges, il su?rnonte aujourdhui la porte qui communique du cabinet dès antiquités à la bibliothèque(l). N. Houbigant , voulant que la légende se trouvât appropriée au local, a faitinscrire sur la handerolle Cest la crainte du Sci- gneur qui sanctifie 1a science (2). I4es arcades du château, comme 011 a eu occasion de le dire, ont dû étrecommellcées ar4érieurement à 1523, et être turï- vées à leur élévation cri 1523, comme lindique cetle date inscrite sur làscade pi½ fermait lentrée principale du manoir, qui est une de cellesqui étaient encore debout lors dc lacqui- sition de M. Houbigant,, et qui est aujourdhui larcade du mil jeu du petit portique deSarcus à INogent. Après I 525, les travaux ont dû être interrompus; cette année ayantété pour la France une année de calamité, et pour lafarnillè de Sarcus une époque de deuil. Cette année, François 1" perdit

M. Houbigant na réuni dans ce cabinet dantiquités que (les objets dorigine U) (auIois, Ilomaifle Gallo-Romaine, Fraucke ou Mérovingienne , trouvés dans la portion de la couhiCe regardée comme ayaut fait partie du pays des Bellovaques. Ces antiquilés sont destinées à aider à expliquer fbisloire des temps anciens du pays, conimcr],istoir du pays doit aider à expliquer ces antiquités. (2)Eeelesiaste. Vers H. - M. iloubigant peiise que FinseriptiOfltQta pulchra es

arnica mea, etc., avait été mise au,dessous du bas-relief • par une altnsion, bien profane sans doute, faite par François 1", aux charmes de M dHeiIly. M. taSSé llarraud ne partage pas cette opinion; mais quand; par me étude suivie, on sest identillé avec lesprit de cette époque, où les abus monstrueux des écritures se rencontrent si souvent, on est bien plus disposé â partager làpiniOfl de M. Houbi- gant que celle de M. A. de Sarcns, qui pense que le Lofa putchra es tadresse à une staloede Vierge qui aurait existé dans la chapelle, copie de cclte qui est gravée an Missel de Beauvais de 1502. - 2 j

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la bataille de Pavie, et devint le prisonnier de Charles-Qujnt. Le maréchal de Chabannes-la-palice fut tu à Pavie, après avoir Couvert de son corps celui de son roi pour lempêcher dêtre blessé, ce qui a fait dire de lui à Brantôme  bon commencement, bonne fin. Chabannes était désarmé quand il fut assassiné par un Espagnol; ce maréchal, aussi sage quil était brave, était frère de la femme de Jean de Sarcus; lui et soù beau-frère avaient combattu ensemble pendant de longues aunées, dans les armées de Picardie, et les lauriers de Ilesdin etde Thérouanne se par- tageaient entre eux; nul doute quil ait été pour la maison de Sarcus une des causes de la haute fortune à laquelle elle parais- sait être arrivée au commencement du xvC siècle. Sà mort, les calamités de la France et la nécessité de fournir, lénorme prix auquel Charles-Quint mit la liberté du roi, rançon. à laquelle toute la France contribua également, durent arrèter les travaux de Sarcus, et nous avons tout lieu de penser quils ne furent repris quaprès 156, après le retour du roi de sacaptivité, et au moment où commença la grande faveur de M" dHeilly, puissance qui, comme on sait, ne fit que saccroître, et était encore dans toute sa force ingt ans après, lorque François I" cessa dexister. La chapelle qui dut coûter des sommes si considérables ne put, suivant nos calculs, avoir été terminée qu vers 1545. Les piliers-contreforts qui se trouvent , entre chaque arcadd sélevaient autrefois, comme nous lavons déjà dit, de manière à venir au-dessus de létage supérieur sépanouir en rinceaux- chicorée, de style un peu gothique, pour soutenir lentable- ment; la façade du fond de la cour les avait conservés, lors de t

- la restauration Pompadour. faite par François de. Grasse (.1). M. Houbigant, qui na pas trouvé de vestiges de ces prolonge-. ments de piliers, a dû, dans son petit portique de Nogent, arrêter ces contreforts au-dessous de la frise nouvelle, et en. faire des espèces de piédestaux qui, aujourdhui, supportent les statues en pied de quatre des guerriers les pus célèbres des xiv, xv et xvi siècles, 4ui en ont fourni un si grand nombre. Ce sont Duguesclin, mort en 1380 , que rend !econ-, naissable son écu trré et son lion mi-corps; Dayard , mort en t 524, dbnt lécu porte un chevron renversé; Aime de Mont-. rnoreney, mort si vieux en 1567; et que font distinguer la croix ?t les seize aiglons du preniir baron chrétien , et .Jacques de. thahannes-de-l&-Pa&e, dont nous avons parlé un peu plus haut, et doqt les armoiries étaient un lion rampant parsemé de queues. dhermines. Le dernier pilier à gauche dola façade du portique porte dans son chapiteau un petit chien-bichon en saillie et qui parait aboyer; la tradition veut que ce roquel ait été un chien favori de M" de Sarcus, peut-être de M" dHeilly, qui nous parait être la divinité à laquelle, dans la construction de Sarcus, on a particulièrement scrifié; te sculpteur courtisan aura voulu lui aussi , obtenir un sourire de celle devant laquelle se cou!- - baient alors et la cour et la ville.

(t) Onpeutvoir ce prolongement des piliers-eontretorts dans une vue du château tel quil existait avant davoir été abattu, vue que M. le comte Amédée de Sarcus a fait lithographier, et aussi dans la représentation dune des arcades qui a été gravée au trait et insérée dans 1tlas de la Description du département dé IOise, par M. in Cambry, gravures qui, comme toutes celles qui laccompagneht, sont des plus médiocres. - 20 -

huit lions soutenaient àSarcus une grille à hauteur dappui (lui servait de barrière à la cour dhonneur; ces lions nappar- tenaient pas au Sarcus du ni siècle; lis provenaient du tombeau dun de Lannoy enseveli à Daméraucourt; ils avaient été transportés à Sarctis jar François de Grase, acquéreur au xvui. siècle de la terre de Damôraucourt. M. Houbigant na pu se les procurer; ceux qui sont au pied de chacun des pi!iers de son petit édifice sont,tout-à-fait modernes. Telle est la description de la façadedu petit portique de Sar- eus, miniature du grand château détruit. Deux: inscriptions, une française et une latine, posées à droite et à gauche , au-dessus des pavillons, rappellent la date tic la construction de lancien château, celle de sa destruction et lemploi que M. iloubigant a cru devoir faire des débris quil vait recueillis. Les inscriptiors disent élevé par le roi François par suite de lamour quil avait conçu pour M Donne de Sarcus; nous avons déjà , dit que ce fait était plus quune médisance, et que tIans notre opinion, linsiratrce de la somptueuse construc- tion dc François I" était M dHeilly, devenue depuis la célèbre duchesse dEtampes. Il nousreste, pour avoir tout dit sur lepetlt monumènt, de parler des médaillons qui font particulièrement lobjet de la cu- riosité des visiteurs; ils méritent dêtre remarqués , soit quon les considère au point de vue artistique, ou seulement au point de vue historique et iconographique. Ils sont au nombre de douze; ils ont été taillés sur place. par un entailleur dirnai.ges, comme on disait alors, dun véritàble - 2! - talent; et sont dus à la môme main (1); peut-ôtre les .doit-dn à Pagevin ou à Guillaume dè Bourges qui, tous deux, vers le milieu du xvi siècle se sont rendus célèbres par de nombreux travaux de sculpture de ce genre, ou par un de leurs bons élèves appartenant comme eux à lécole de Tours; fondée par les pre- miers artistes italiens que Charles Villet Louis Xli avaient fait venir ditalie. Entre les médaillons sont des écussons qui , autrefois, fai- saient partie des voûtes des cloîtres de lancieti château. Les armoiries, qui uni élé peintes dessus, sont une croix sur un champ de gueule, cantonné de quatre molettes; ce ne sont pas des molettes quon aurait dû mettre, mais des merlettes, qui sont les armes des Sarcus. Une erreur commise pat Haudiquier de Blancourt, dans son Nobiliaire de Picardie, où il indique des

molettes, est la cause de ce manque dexactitude. Le visiteur de- vra tenir compte de cette observation toifles les fois que, dans le petit monument relevé, il trouvera les armoiries de Sarcus. Les noms des personnages représentés dans huit des médail- lotis sont connus dune manière incontestable; pour es quatre autres, il ny a que présomption. Ces médaillons, qui seraient dignesde figurer parmi les sculp-• turcs du xvi siècle présentées comme modèles aux élèves de tô

(I) Ces faits dc la sculpture sur place, et de lemploi duo seul ciseau , ne iior vaient dire jugés grue par un piahicieri habile. IÇous devons ces appréciations à lU. Lequesuc, novell du maire actuel de Beauvais, et aussi de Fiugénieur en chef que nous regrettons tous. M. Lequesne. grand prix de Rouie , a été amend à Nogeril par Son oncle liogérlieur, et nous a donné les renseignements dexécnliou consi- gliés dans cette Iotice. La pierre dans laquelle ou a taillé les médaillons , connue Ioule celle qui a servi ail inoriunient , est provenue des earriùres de Pomôliers. Cest une craie môtée de silex qui durcit Fuir,

ï - 22 - cole des Beaux-Arts, sous les portiquès de cettécole, ont pru mériter dêtre reproduits par la photographie; afin dobtenir une rigoureuse exactitude,et ensuite par la lithographie, afin de pouvoir mettre ces curieux portraits sous les yeux de nos lec1eurs en regard des notices consacrées à chacun deux, et qui vont suivre. V - .4 s

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après la blessure reçue à Romorantin.

Provena ri [ du Château de Sm-mus (Picrdiç). - 23 -

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LE ROI FRANÇOIS r,.

Né en 1494. Mort le 31 rn€ws 1547.

Ce médaillon représente le roi François I", le monarque au grand nez, comme lappelait le peuple. Ce qui rend ce médaillon particulièrement précieux , cest que la figure est rasée ainsi que la tête, ce qui prouve que le portrait daprès lequel il a été exécuté, avait été peint ou des- siné vers 152!, époque à compter de laquelle François l, et à son exemple toute sa couP, adopta Iuage d&la . barbe et de la chevelure. Blessé à Romorantin , le 6janvier 1621, dans une lutte où, certainement après boire, le roi avait défié le comte de Saint- Pol, qui avait eu la fève du gâteau, sur le point de forcer le comte dans son logis, le roi fut blessé à la tête et au men- ton par un tison que lui lança, du premier étage, le capitaine de Lorges. On crut dabord que le roi succomberait à sa bles- sure, mais il en fut quitte pour deux cicatrices, une au men- ton, lautre à la tête, qui lui firent adopter lusage de laisser- pousser sa barbe et sa chevelure, afin de masquer les cicatrices,. et il conserva depuis la barbe et les cheveux longs le restant tk ses jours. - 24 - La coiffure cxceptioifùelîe donnée à Frauçois P dans le mé- daillon, espèce dc turban, esL celte que sa blessure a dû lui im- poser longtemps, et nous ne serions pas loigné de penser que lè choi qua fait Te sculpteur dun portrait du monarque coiffé ainsi, flait été deitiné à rappeler un séjour du souverain à Sarcus, alors quil uéUtit pas encore entièrement guéri. sa

CRkUJ[TNE TDLE OE[ Fille de Louis AI] î?èn?zne dc J7ûnçws J

Provenant du

G hàtoai do LSarous ( Pîcaidie)

s t-

- -

N 2.

CLALIDE DE FRANCE, BITE LA BONNE REINE,

PR1MIÈiE FEMME DE FRANÇOÏS r.

Nde en 1499 - Morte en 1524.

Les portraits de cette princesse, la honne flUe du bon Louis Xli, sont fort rares, et on ne paraît pas en avoir gravé

(1(7 SOU vivant. Nous étions fort embarrassé pour découvrir à quel person- nage appartenait ce médaillon , quand un crayon, publié par N. Nie! dans son Recueil des Portraits inédits du xvi siècle, nous amis sur la voie; unemonnaie , ou plutôt un médaillon en bronze , qui fait partie de la collection de la Monnaie de Pa- ris, flousa confirmé dans notre opinion, et désormais licono- graphie compte un portrait de plus dune princesse dont le sou-

y nir méritait tant détre conservé. À lexception .dtin portrait daprès un dessin ou un tableau de la collection dAlexandre Lenoir, mal gravé, du crayon du Louvrcs dont nous venons rie parler, et du portrait qui est à Versailles, on ne possédait de cette reine que des portraits de fantaisie, compris celui de la collection de Desrockers. Dauphin Fils Ainé dc François I°

Provenant du Chteau de Sarcttsjioardie -27-

N .

FRANÇOIS,

DAUPIIIN, FILS AtNÉ DE FRANÇOIS I".

Né eu 15f7. - Mort en 1556.

• Le portrait de ce prince, mort à 9 ans, regretté de toute la Franco, dont du Bellay a dit Il avait lamour des grands et des petits, ce qui, dès le commencement, lui avait assuré la couronne encore plus que sa taissanee. Il avdit la vigueur, la semblance et la représentation de son père. Ce portrait, disons-nous, existait gravé et dessiné dans toutes les collections. Le modèle qui a servi à Thomas-d e-Leu pour graver le por- trait quon a de ce prince, paraît avoi servi au sculpteur de notre médaillon. - Le dauphin yest représentê peu de temps avant lépoque de sa mort, comme on peut en juger. par lâge quil paraît avoir, cest-à-dire vers 1536; ce qui prouyc que les mêdaillons ont été taillés aprêscette époque; nous pensons quils lont été vers 1545. 04i[EflB

Depuis Herui II Second fils de Fiançois I

Provenant du Ijiâteoc de SaicusçPjçaidjei

e - 29 -

te 4.

VENRI WORL}AIVS,

SECONU FILS DE FRANÇOIS I"

Devenu Dauphin par la mort de son frère aîné, Ftançois et qui plus tard est monté sur le trône sous le nom de Henri li.

Né en 1538. - Mort en. 1559.

La confrontation de notre médaillon avec les portraits con- nus de ce prince , celui de Thomas-de-Leu et celui de Léonarcl Gauthier, ne peuvent laisser aucun doute sur son authenticité; nous en avons v un autre dAndrédel-Sarte, qui seul suffirait pour prouver que nous avons réellement sous les yeux le prince qui , dûs lâge de quinze ans, fut lamant heureux de la belle liane de Poitiers, qui , elle, en avait trente-quatre, et qui malgré cette différence dâge, sut conserver dans ses fers sou amant jusques à ce que, blessé dun coup de lance dans loeil, il cessa dexister ; et elle avait alors soixante ans. Duc. d.1rou!èJT)e depuis dorléans3ème Fils de Francois JCI

Provenant du Château de Sareus - Picardie • —3!-

• N5.

CHARLES DORLIANS,

TROISIÈME FILS DE FBANÇOIS r.

Nd eu 152-2.—Mort en 1545, â lâge de 25 ans.

Ce médaillon, malgré la différence dâge quil présente avec celui des portraits authentiques de ce prince, et avec lesquels •nous lavons comparé, ne saurait être douteux; il représente bien celui dont les mémoires disenL: Plus que ses deux aCnés, d4jà fort brave, Charles poussait plus loin queux la témérité; sa figure douce et charmante faisait le contraste te plus frappant avec ses inclinations guerrières. H avait dans sa jeunesse tant de délicatesse dans les traits quon laurait pris pour une femme. Ici il est représenté presquà la fin de sa vie; les traits sont plus mâles et plus accentués quils ne létaient à cette époque juvénile, dont parle Marot. Ce médaillon prouve une fois de plus, que ta collection de çes portraits na dû être exécutée quaprès 1544, cest-à-dire six ou sept ans après la mort de Jean de Sarcus, sous lequel on avait commencé la construction du château; cette date prouve combien il a fallu dannées avant que le château fût arrivé à - 32 - sa perfection ; Ce qui nétonnera pas si on veut bien songer à la grandeur et k la nagnificenee de lédiOce, pour lérection du- quel un quart de siècle ne Paraîtra pas une durée exagérée. r

©[E1rll: [M: ffftkî

fiHe le Firinçois

18776G 8 u Duc de Sa voie.

Provenant du Châtcan dc SarcusiPirarvite) w

- 33

N C.

MARGUERITE 11E HIANCE,

DUCHESSE DE SAVOIK, DEUXIÉME FILLE DE RANÇOIS itt.

Née en I 23. - Morte en 1574.

Longtemps on na su à quel personnage attribuer ce mé- daillon. Vingt ans de recherches navaient pas suffi à le.retirer des inconnus, quand, cherclant parmi les médaillons des sou- veràins de la Savoie, on a trouvé un médaillon en bronze qui représentait Marguerite en regard dEminanue1-Philibert, son

époux. Le portrait de Marguerite, représenté de profil, ne pouvait plus laisser aucun doute ;ce qui avait fait recherôher les portraits des filles de François itt, cest que le médaillon était décoré aux angles de fleurs-de-lys, e qui le désignaitcomme représentani ine fille de France, ou au moins in membre de la famille royale. Un ortrait dc la môme princesse, vu de face ou à peu près: avait été mis en regard du médaillon, et avait laissé beaucoup dincertitude; on ne saurait croire quelle différence apporte dans le caractère de la physionomie la pose de profil, cest à ne pas reconnaître le mêniepersonriage, quoiquégalernentbien fait, quoiquégalement ressemblant, et dessiné à la môme époque. Ce médaillon est une bonne fortune pour liconographie; les J - 34 -

portraits de cette fille de François I sont rares; la galerie de \Tersailles en possède un de trois quarts. M. Houbigant nen connaît pas de gravé. Le souvenir de cette princesse méritait cependant deire conservé. Modèle de toutes les vertus, elle sest fait adorer en Piémont des Italiens qui lui décerbèrent le

surnom de mère (les peuples et aussi de mère des pauvres. A la cour de son père, comme à celle de son frère 1-lenri Il, elle avait su se faire aimer et respecter; elle y brillait, disent les auteurs du temps, par sa sapience; ils ajoutent que, lors- quelle mourut, les pleurs des peuples eurent tels cours quelles ne purent jamais sassécher et prendre fin. Cette princesse avait autant desprit que de savoir, autant quen ay,ait sa tante, Marguerite de Valois ; comme cette der- nière, elle •a été chantée par les poètes Pourquoi na-t-elle donc pas la même renommée? Cest que son esprit, tout char- inant quil était, aimait à se cacher, et quelle aurait craintdé- crire des contes dont les femmes nauraient pu avouer la lecture. Ce médaillon na pas été placé dans lattique du portique, il a été mis au-dessus de Ta cheminée du cabinet de la Renais- sance, où on peut le voir Il est vrai que sil la été ainsi, cest, par suite dune erreur, car cest Marguerite de Valois quon

LI avait voulu y mettre; la similitude du nom de baptême, inscrit derrière le médaillon, a causé lerreur des ouvriers chargés de la pose pendant labsènce de M. Iloubigant. Le cabinet de la Renaissance ne perdra pas de son lustre ¼ par cette substitution; sa cheminée se trouve ainsi décorée du portrait de la femme la plusestimable de son temps, au lieu de lêfre de la plus aimable.

L LL©LLBflfl [1111E fl©[E

Mère de Français 1er

Provenanidu Château de Sajous (Picaidisi

L 4 - e t

- -

it 7.

LOUISE 1W SA VOIE,

MkIIE DE FItANÇOIS C.

e; 1476. - Morte en 1i?fl.

Lopinôn de M. Nid, qui fait autorilé ei matière diconogra phie, pour les xv et xvi siècles, naurait pas, de prime abord, été que le médaillon dont on lui présentait la photographie était Louise de Savoie, que lè portrait de cette princesse quÎ cst à Versailles nous laurait désignée suffisamment. Brantôme dit Cette princesse était très-belle de visage et de taille, si, qua grandpeine on en voyait une à la eonr plus riche que celle-là. Son fils et sa fille lui ressemblaiept beaucoup; on pèut voir en effet, en comparant le médaillon dont nous nous occupons dans ce moment, avec le portrait n° I (François itt), et le portrait n° 8 qui va suivre (Marguerite de Valois), quil y a un grand air de famille entre les trois personnages. GFflTLE LE Wft.©

C Soeur de .Francois I

PTDvenant du Châtean de Sarciis (Picardic.) -; 37 -

N 8.

MARGUERITE DE VALOIS,

SOEUR DE FRÂNÇOIS Ltr,

Née le 19 avril 1492. - Morte 4e 21 dicemb,e 1549.

Les portraits de cette princesse, tant célébrée parles poètes, les savants, et tous les beaux esprits du temps, sont fort rares, on nen connaît pas qui la représente jeune, cest-à-dire à lâge quelle a dars notre médaillon, c6 qui le rend des plus pré- cieux; nous avons eu beaucoup de peine, manquant de moyens de confrontation, à en établir lauthenticité. Les portraits de cette.airnable princesse, connus de tous les collecteurs de portraits, sont un , crayon faisant partie de la collection des dessins du Louvre; un autre crayon compris dans le recueil des portraits dessinés au xv siècle, qui. existe aux estampes de la Bibliothèque Jmjériale, et un troisième qui ôtait dans le cabinet de M. Alex. Lenoir père, et qui a été lithogra- phié; ces trois portraits ne sont véritablement que le méwe, ayant été certainement,copiés les uns sur les. autr.es. Quel est celui qui aservi cloçignal aux autres? cest ce quon ne. saurait dire; à notre avis cest le crayon du Louvre, ce qui dailleurs est peu important.. Dans ces différents portraits, la princesseS est reJ)résetliée .gée, comme elle devait être à la fin de ses jQurs.- 38 -

Malgré la diffihence dâge quannoncent notre médaillon et celui des portraits cités plus haut, on pouvait bien encore re- trouver quelques traits de ressemblance entre les crayons et notre sculpture.

Notre médaillon était désigné à $arcus par la tradition comme étant le portrait dola soeur de François P; lopinion du M. Nid et celle des membres de la commission des Monuments Histo- riques à laquelle M. de la Borde, le plus obligeant des savants, a eu la bonté de oumettre la photographie du médaillon doni nous nous occupons , ont dissipé les doutes que nous aurions pu avoir encore.

Lionographie a donc encore gagné là un portrait, celui de la Marguerite des Marguerites, de ladixiéme Muse, de sa Mi- gnoitne, comme aimait à la nommer François r, représentée à lâge où celte princesse faisait le charme et la vie de la cour de Navarre, portrait qui manquait aux collections. On nous avait assuré quà Pau nous trouverions dans la cour du château un buste de cette reine, représentée de profil, en regard de celui de son époux, sculptures exécutées ,disait- on, du vivant de la reine.

Ayant eu occasion daller à Pau , à peine arrivé, nous nous sommes empressé de nous rendre au château , heureux que npus étions de trouver un moyen de confrontation aussi déci- sif.....; le buste existe en effet...., mais il ny manquait quune chose...., la tête.... Les iconoclastes de 1793 lavaient abattue. Marguerite de Valois, à laquelle on peut reprocher ce que ses contes ont de trop licencieux, nen était pas moins une femme de moeurs pures; les contemporains ont rendu delle te - 39 témoignage. Comme Dodos, elle disait quil ny avait que les catins qui fussenL prudes. Ce qui na pas empêché Brantôme, qui nétait pas un contemporain, mais qui était bien la plus mau- vise langue de son temps, de dire de Marguerite, quen fait de joyeuseté et et de galanterie, chien savait plus que son pain quotidien. Elle est la mère de Jeanne dÀlhret, laïeule de noire grand, dè notre bon, de notre valeureux Henri 1V (1).

Quatre médaillons restent inconnus, et pour lesquels nous sommes réduits à des conjectures. - Toutes les redherdlles auxquelles nous nous sommes livré, toutes les confrontations auxquelles nous avons soumis ces portraits nont pu nous faire découvrir dune manière certaine les personnages représentés, comme nous sommes parvenu à le faire pour les buit pre- - 4 miers. A défaut de cette certitude ,it y a au min des présomp- tions dont nous allons faire juge le lecteur.

(I) Un savant laborieux, plein de CO1]Scienee et de saine critique, M. loirson, dans son Histoire du règne de houri IV, vient délever à ce prince le plus magni- fique monument. Désormais, la réputation de notre Ilenri sera à labri de ces doutes quune cri- tique, désireuse de produire du nouveau, ne cessait, depuis quelque temps, déle- ver à loccasion des talents de ce prince, soit comme )otitique,soit comme grnud administrateur, On ne voulait voir en lui que le Gascon spirituel et le vert galant; ou ny voyait pas lhomme qui s commencé tout ce que uns temps modernes nont fait que perfectionner. Désormais hienri IV sera, sans conteste, te plus grand homme de son temps, à quelque point de vue quon le considère, et peut-être le roi le plus vraiment na- tionat que ta Frnnee ait eu, - è-

s

Pi oU; hic ni e n I. ft)1f \JbRffcJ

Capiuiinc Génra1 des i.àionnaires do Picardie ft

Provefla ni. du. Cliàtcaa dc Srcu = Piçaîdic 9.

MÉDAILLON PRJsUMÉ REPRÉSRNTEIt - - -:

JEAN DE SARCUS.

La tête du personnage, dans. ce médaillon , est couronnée de lauriers. Aucuns-des portraits des grands capitaines ou es potes de lépoque, aec lesquels nous avons confro pté notre médaillon nônt pu nous fournir le nom du personnage re- présenté , et cela , après avoir épuisé les recherches dans tous les recueils du temps ,,dans toutes les collections où on a bien voulu nous laissér fouiller. - - Nous avons dû en conclure que le personnage, très-célèbre pour la famille qui faisait reproduire ses traits, et très-digne des lauriers dont on ombrageait sa tête, nétait cependant pn de ceux dont la renommée est telle que leur représentation gra- vée devienne un besoin public;: que ce devah être un guerrier r moins connu et surtout moins publiquement glorifié que tous ces capitaines des grandes guerres ditalie des xv et xvC siè- cles, dont le dessin, la sculpture et la gravure se sont plu à reproduire les traits; quillustre cependant,. comme devait lê- tre Jean de Sareus, le défenseur opiniâtre dc nos frontières du nord , illustre surtoul en Picardie ; où il avait été capitaine de - 42 -

cinquante hommes darmes (t), et colonel génèral des légion- naires picards, flous devions voir dàns le manteau à la romaine

dont on ta drapé, et dans lauréole de lauriers dont OH a honoré sa téte, une apothéose décernée par la famille, fière de lillustre chef quelle venait de perdre, à la mémoire de celui qui avait commencé la restauration du château, et avait élevé si haut le nom de Sarcus. Pour nous, ce médaillon représente Jean de Sarcus.

(1) Le titre ou charge de 50 hommes darmes était très-considérable. On voit, dans les Mémoires du doc de Laforce, que ce maréchal cbmmençait toujours par ce titre lénonciation de toutes ses autres dignités. Une lettre de CaLherijie de Mêdicis, conservée à Pan dans le trésor des chartes, félicite ilenri de Navarre (depuis ilenri IV), davoir été pourvu de cette commis- sion de capitaine de 50 hommes darmes, preuve de léminence de ce titre. Les hommes darmes dc ces compagnies dordonnance devaient être gentilsbonmes.

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Pr6ba UI ement. E &CIfl En h&ibit dabbé de Biauy

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CIà1eaii d Saieiu (PJcardic) - 43 -

rc 10.

MÉDAILLON PEÉSUMÉ RIIPKÉSKNTEI

FIIANÇOIS DE SARCUS,

Evéque (le 1tnj-enVélay s

Fils de Jean de Sareus, héritier de la terre, par suite de la mort prématurée de se deux frères, ses aînés. Il soccupait de belles-lettres, et les savants lui dédiaient leurs ouvrages; cest ce qui nous a décidé à placer ce médaillon au-dessus de la porte extérieure de la bibliothèque, à droite, sous la galerie du portique. Il avait été abbé de Blangy, et cest dans le costume de cette dignité quil est représenté. Probablementau moment de la sculpture des médaillons qui a été exécutée sur place, la galerie du château (1) navait pas un autre portrait à donner au sculpteur comme modèle. Il était

(/) Aux xiv, xv et xvt siècles ; dans toutes les grandes familles, antérieure- ment à lusage des galeries de portraits, et depuis, souvent simultanément, 011 avait des recueils de portraits dessinés nui trois crayons, où on réunissait les re présentations du roi et des membres de la famille régnante (les personruiges il- lûstres de ïépoque et des portraits daffection; ces recueils étaient posés sur les tables, dans les salles (on appelait ainsi les salons). Ces recueils étaient alors ce queorit aujourdhui nos albums. 011 connalt une douzaine de ces vieux recueils, conservés dans les dépôts publics. - 44

cependant évêque depuis déjà deux ans lorsque Jean de Sarcus mourut; mais il iésidait alors dans son diocèse, de ladminis- tration duquel il paraît sêtre beaucoup occupé; fervent catho- lique, au moment où la réforme menaçait délever autel contre autel, il soccupait avec ardeur de poursuivre les hérétiques, et de les faire brûler, à ce quils ne parlassent davantage pour le scandale du peuple, dit la sentence (1). Nous pensons quaprès. avoir marié sa nièce, fille de Josse de Gourlay et de Blanche de Sarcus, sa soeur, avec Adfien 1", Tiercelin de Brosses, qui avait été successivement gouverneur des deux dauphins, François et llenri, et conséquemment avait pasé sa vie à la cour, et dû y puiser le gout des arts, il lui abandonna le soin de terminer le château , et que cest sous la direction de ce seigneur qui, par safemme, ttait lhéritier pré- soniptif de la terre, que les médaillons, dernier embellissement fait au château, ont été exécutés, dautant que lévêque paraît sêtre survécu à lui-même , et que, plusieurs années avant sa mort, il était tombé.dans un état qui exigea quen 1553 on lui donna un coadjuteur; cest k cette même époque que nous pensons que le Cabinet des Armoiries, qui nétait presque bla- sonné.que des armes des Tiercelins, a dû être décoré. Il faisait probablement. partie, k Sareus, de lappartement particulier dAdrien le.

(I) Les Mémoires de Gamon, pour lannée 1562, parlent des trouhles religieux dii Yé[ai et du Vivarais, Oit voit les évêques dii Puy lever des troupes pour niarcher contre les retigionnaires; ils durent déjà être fort occupés de ces trouilles reli- gieux antérieurement ê t ê62 suis ladministration de Francois de Sareus. - I.

Probablernont ELL[ gP(f?

Dudhesse dEstampes.

Piovena ni dii Chaleau deSarclistPicardie) - 45 -

N li.

MÉDAILLON QUI ÉTAIT CONNU A SARCUS SOUS LE NOM

DE MADEMOISELLE

PRÉSUMÉ ÊTRE M 1ISSELEU DLIEILIY, DEPUIS DUCHESSE DESTAMPES:

Madenwiutle, cest ainsi quà Sarcus on désignait ce médail- lon ; 011 ajoutait que ettè femme, dont lai tête est couverte de plumes était M de Sârcûs ùoui lamour de laquelle Éran- çois I" avait fait si omptueusement transtorme le primitif ch&teau de arcus; hôus avèns dit èe qui nous faiait penser que èett6 opnioù était erfonée, et 4ue partant dun fait exact, la transforniation opérée par la niunificence du roi, on avait attribué à la fille du châtelain ce qui devait lêtre à sa nièce, M" dlleitly; oi ne répétera pas ici ce quon a dit precéden- meut touchant lèrreur propagée par M. de çambry pôur nous, le médaillon représenté M tm lai duchesse dEtarnpès; sa coiffure excentrique, quelque points de ressemblance avec des portraits de cette célèbre rhattresse de Françôis 1", la fa- veur dont elle a joui, les homnmges dont elle a été lobjet, nous font penser que cest bien son portrait que nous avons ous les yeux ; les membres de la Commission des Monuments Histori- ques, auxquels M.dc la Bordea soumis la question, ont partagé 46 -

notre opinion ; nous insistons surtout sur labsence de dôcu- ments désignant M" de Sarcus comme ayatit éLé la maîtresse

de François I". Cette liaison naurait pu avoir lieu que dc 1821) à 1525, pendant les grandes guerres ditalie, car on ne peut supposer quelle ait eu lieu en 1525 , année de la captivité du roi, ni en 1526, après son retour de iMadrid, époque où aGoni- mencé la faveùrde M" dHeilly; que de plus, il faudrait la soup- çonner davoir ravi le royal amatit à sa cousine; si ce fait avait eu lieu, les historiens nauraient pas manqué den thire inen- tion, et ils ne laissent soupçonner rien de semblable. Notie médaillon n° ii, à quelque point de vue quon len- visage, au point de vue histoiiqueou au point de vue icono- graphique, est des plus précieux; il donne, pensons-nous, un portrait quon ne possédait que dune façon. douteuse. M. Alex. Lenoir a publié, daprès le Primatice, une figure tirée dune composition décorant un plafond à Fonjainebleau, et quil dit être le portrait de la duchesse dEstampes, portrait toutà-fait divinisé et idéalisé, comme le faisaient les artistes du xvi siècle, et comme on peut le voir par les Dianes de Poitiers peintes ou sculptées vers cette époque; quant aux autres portraits, qui nè ressemblent pas entreux, et qui sont dun vulgaire repoussant, on sait combien leur authenticité a été èontroversée; on ne les a jamais regardés comme reproduisant les traits de celle qui, si longtemps, charma le monarque le plus galant et le moins fi- clèle de iEurope, et qui sut. le conserver dans ses fers jusquà: sa mort. s

ProU a.blcrncnL D[RL1[EJÏ JI[E[LFi1 Loft. Feiatrgeudic de Jean de Saucus.

Pjoveriant du Gliàteaa de Sarcus (Pisardie)

C - 47 -

N 12.

FIGURE INCONNUE

PROBABLEMENT ADRIEN F, TIERCELIN DE BROSSES,

Mort èu château de ffiois eu 4548.

Un dernier médaillon restait sans nom; la figure est noble et bienveillante, elle est celle dun homme qui a vécu à la cour.

Nous avons dit que nous pensions quAdrien Ja, Tiercelin dc Brosses, .avit été chargé de terminer le château durant les onze aunées qui ont suivi la mort de Jean de Sarcus (de 1537 à 1548), et pendant labsence de lévêque du Puy, François dc Sarcus, qùi, cependant, nest mort quen 1557. Nous avons rappelé quà Sarcus, la tradition disait que les médaillons de- vaient représenter le roi, la reine, les enfants du roi et dautres membres de la famille royale; nous avons en effet reconnu huit des médaillons comme justifiant cette première partie de ltra- dition; elle ajoutait que quelques-uns de ces médaillons repré- sentaient des membres de la famille de Sarcus et des person- nages de la cour; nous avons cherché à satisfaire cette dernière indication au moyen des quatre médaillons qui, après les huit membres appartenant à la famille royale, reconnus, restaient sans quon ait pu leur appliquer des noms des membres de la fàniille de François I", et qui, après les recherches épuisées, - 48 - devaient appartenir à la famille de Sarcus. Nous avons cru re- connattre dans le personnage cèuronné de lauriers , Jean (le Sareus, le restaurateur du château, lorgueil architectura! de la contrée; dans celui du moine, François de Sareus, sou fils, pen- dant lexistence duquel le château avait été splendidement ter- miné; et dans celui de la femme empanachée, la nièce de Jean de Sarcus, la duchesse dEstampes, lidole de lépoque et la source de toutes les faveurs ; dans le dernier des médaillons, nous croyons voir Adrien Jar, Tiercelin. de Brosses, qui na pas été seigneur de Sarcus parce quil est mort avant son oncle (pâr alliance), mais qui était lhéritier présomptif dç la terre, et que nous regardons comme ayant présidé aux derniers travaux du château, et particulièrement à la sculpture des médaillons. Nous avons cherché à appuyer notre présomption pour Adrien ï" de quelques autres preuves tirées de lâge du per- sonnage qui avait eu une première femme, lorsque veuf, il épousa la petite-fille de Jan de Sarcus, et du costume dont il est revêtu, costume qui est celui des seigneurs de la cour dans la première moitié du xvr siècle, sans quon puisse lui assigner une époque antérieure ou postérieure. Pour nous ce douzième médaillon est donc Adrien. Pr, Tierce- lin de Brosses. Le lecteur appréciera.

Dans lindication que nous avons donnée des noms des per-. sonnage représentés, et pârticulièehient pour les quatre der- - 49 -

Hiers, nous nentendons imposer à. personne notre opinion; nous engageons même les personnes qui aiment k soccuper de ce genre de recherches iconographiques, à vérifier ou à conti- nuer celles qui, poursuivies par nous pendant vingt ans, ont épuisé notre patience. Nous le faisons dautant plus sincèrement, quayant consa- cré la plus grande portion de notre existence à former une col- lection de portraits qui aujourdhui en réunit peut-être cent mille, nous savons combien il existe de portraits qui nont au- cune authenticité; il nous est arrivé de rencontrer jusques à trois fois le même portrait, attribué à des personnages diffé- rents parle même éditeur, selon le besoin quil en avait eu , et probablement selon la demande qui avait été faite parle public, du portrait dun personnage alors en vogue. Si tous les personnages des porttaits qui portent des noms apocryphes venaient tout dun coup à se réveiller du dernier sommeil, on sétonnerait du nombre 4individus qui réclame- raierù confre les noms quon leur a imposés au bas des por- traits qui ne sont pas les leurs. Ces erreurs et ces fraudes, trop nombreuses, ne doivent point cependant faire regarder comme inutiles pour lhistoire les grandes collections iconographiques; elles en sont, au con- traire, comme les mémoires, des éléments indispensables; on ne doit pas plus rejeter leurs témoignages quon ne rejette les dôcuments écrits, quoique beaucoup des faits quils énoncent ne. oient point à rabri de la critique, ce qui a permis à Mer- cier de dire, mais seuiemeht par exagération: « Lhistoire nest quun roman convenu; on doit seulement sefforcer de dé- 4 50 -

noncer les portraits mal indiqués, afin dépurer le plus possible les collections, comme on le fait pour les documents historiques, dont on discute les faits, signalant ceux qui paraissent erronés ou douteux. Les médaillons dont nous venons de nous occuper ne sont pas rangés dans lattique du petit monument de Nogent-les- Vierges, dans tordre que nous venons de suivre pour en faire la description; lorsque nons avons déterminé la place quils occuperaient dans la décoration du portique, ignorant pour la• plupart des médaillons le nom du personnage représenté, flous ne nous somnies occupé que dune certaine symétrie archi- tectonique; dans la description que nous venons den faire, nous les avons classés dans lordre dc leur prééminence so- ciale. Ces quelques explications données, nous navons plus, pour compléter la description du petit édifice, reste et souvenir bien incomplets du grand chOEteau que les arts et le département pleurent, quà parler de quelques détaits, soit extérieurs, soit intérieurs, formés, au moins en partie, de quelques débris isolés que nous avons pu sauver au milieu des ruines du château de Sarcus de la destruction ou de lépar.pillemcnt. La portioi extérieure de la porte par laquelle on pénètre du clotire-galerie dans le cabinet dit de la Renaissance, est formée de panneaux provenus de Sarcus, et appartenant à deux diffé- rentes époques; on a réuni ces panneaux au moen de baguettes formant guirlandes de lauriers, et de quatre petits médaillons qui sont modernes. Les médaillons du haut représentent Amyot et • du Bellay; n

- 51 - ceux du bas, Rabelats et Clémezt ftfarot; les plaques qui cave- loppent la serrure sont modernes; le mécanisrne de la serrure) ainsi que la clé, sont anciens, proviennent de Sarcus et sont fort curieux. Dans Iintérieut du cabinet, en outre du bas-relief rejfrésen- tant le Père-Eternel que nous avons décrit, et du médaillon de Marguerite de Franco qui orne la cheminée, nous citerôns, comme appartenantà Sarcus, le bas-relief en pierre qui sert de traverse à la cheminée, et les deux cariatides qui en forment les jambages, seulement les cariatides sont des copies mo- dernes dune figure semblable trouvée à Sarcus où elles soute- naient uie vasque dans la salle dite des Festins. Le bas-relief en ogive qui surmonte le médaillon de la che- minée était destiné à couronner le médaillon de Marguerite de Valois, la plus savante des belles et! la plus belle des savantes, ainsi que disaient delle les beaux esprits du temps; ce bas-relief présente au centre nne marguerite qui sort dune touffe de lys, avec la devisoptts mirandum naturœ (1) , allusion flatteuse aux brillantes qualités dont la nature avait doté Marguerite. Autour de ce galant rébus on voit en aurééle les portraits des souve- rains les plus illustres de ce brillant xvi siècle qui a vu re- naRre les sciences et les arts; u sommet, Ljon X; au-dessous, à droite, Ilenri VIII, exécrable tyran, mis enûn homme dune intelligence et dune science incontestables; à gauche, en pa- rallèle, G/zarles-Quint, qi ne valait guère mieux; au-dessous

(I) Ouvrage admirable d5 la! nature. Une marguerite qui nait dune touffe de lis est en eflet nu miracle de la nature. t - 52 -

de t1eni Viii, Gustave Vasa, le libérateur de la Suède; au- dessous de Charles2Quint, Emmaiuel-le-G rand , roi de Portu- gal (t). Les panneaux de la porte qui est au-dessous du bas-relief du Père-Eternel, et qui donne accÔs à la bibliothèque, ainsi que les panneaux qui, dans le cabinet, servent de lambris dap- pui, proviennent également de Sarcus. ils faisaient partie dune vaste boiserie qui, dit—on, lambrissait la salle des Festins; un de ces panneaux est remarquable en ce quil présente une figure de face et deux de profil qui lui sont accolées, pour les- quelles t!ois têtes on na mis que deux yeux; les boiseries des stalles de la cathédrale dAmiens offrent un panneau semblable; MM. les abbés Jourdain et Duval yvoieni limage de la Trinité; M. Houbigant y avait vu le passé, le présent et lavenir, et, plus probablement encore, à Sarcus; ce nétait quun jeu dartiste qui avait voulu présenter un semblant de trois tètes en faisant économie dau moins deux yeux, dautant que la nature de la coiffure de ces trois têtes dans le mÔme bonnet na rien par la forme qui indique une intention religieuse. UDe petite antichambre gothique, qui sert à pénétrer de la

(I) Ces jolis médaillons de douze centituètres de diamètre, ouvrage de Dantati k jeune, ont été donnés à M. Iloubigant par M. Buponchel; ils ont été exécutés aux frais de M. de Rothschild , et nont été tirés chacun quà un petit ombre dexemplaires, après quoi les-moules ont dû être brisés, Cette condition a-l-elle été exécutée par le mouleur? cest ce dont on doute. Peux des médaillons (19 la même collection qui) chez M. de Rothschild, décore un vestibule orné dans le style de la Renaissance, ont été employés à décorer le chambranle de la cheminée du cabinet de la Renaissance du portique de Piogent-les-Vierges; ce sont ceux de Iran- cois P et dEléonore dAulricbe, sa seconde femme, soeur de Charles-Quint. Qualre des médaillons qui ornent lembrasure dc la croisée, à droite et à gauche, ont la,. même Origine. - S3 - galerie extériéure du portique ou èlottre dans les appariements du rez-de-chaussée de lhabitation , ienfefmè quel4ues reste de ce même château d Sarcus, avec les débris duqueî ôn au- iait fait dix casticuleè (quon nous pardonne le mot) , comme celui relevé à Nogent. Logive qui éclaire cette pièce est ornée dun petit vitrail en grisaille représentant un seigneur de Sarcus, à cheval, le fau- con sur le poing; cest une oeuvre du xiiC siècle qui nest re- marquable que jar sa grande naïveté. Une colonne à cinq pans, de pierre très-dure, couverie de sculptures arabesques, et qui,à Sarcus, servait de jambage de cheminée, soutient aujourdhui, dans cette même antichambre, une petite statue colôriée (à la manière du temps) , dans le coturhe de lépoque deCharles VIII, et qui paratt avoir été un saint Martin on la transformé en un François de Sarcus, père de Jean , lequel François de Srcus avait ét chambellan des rois Louis XI, Charles Viii et Louis XII; la base et le cha- piteau de cette colonne sont modernes, Ians la même pièce, entre deux ogives, et faisant face à la porte dentrée, se trouve un écusson entouré de riches rin- ceaux sculptés en fort relief; cet écusson provient de Sarcus; on la surmonté dun heaume, aux plumes de la cou!eur du champ des armoiries de Sarcus, et ait-dessous des armoiries on a posé une banderole portant A bon chevalier, bon accueil; s cest le salve de lhabitation, et de fl propriétaires à ceuxqui veulent bien leur faire lhonneur de les visiter. Telle est la description du petit portique formé à Nogent-les- Vierges des miettes du grand château do Sarcus; cette Notice a - 54 -

été particulièroment rédigée pour servir de cicerone aux per sonnes qui, ttirées h Nogent-les-Vierges par la renommée de lancien château de Sarcus, sont désireuses de voir ce qui en reste,, et de se faire une idée de ce quil fut par ce quon a sauvé. A.-G. HOUBICANT.

Nogint-1es4iergcs, t septcmbrei85l.

Es n

ERIITA, ET OBSERVATiONS.

Page 4, sixième ligne. - Celles de nos plages qui, lisez celles de nos plages que viennent baigner, etc.

Page 6, et page 21.— Ce nest pas Charles VII, quona indiqué cbmme ayant importé larchitecture de la Renaissance cii France; cest Charles VIII. Un I oublié au chiffre, oubli qui nexiste pas dans le manuscrit; faute faitepar le typographe, a ainsi indiqué Charles VII pour Charles VIII.

Page 6. - Il est dit dans la note « M. le comte Amédée de Sarcus se propose de publier un plan, et une vue du château de Sarcus, tel quil était en 1550. » Auteur du plan que jai levé en 133,avec beaucoup dexac- titude, au moment où les fondatios existaient encore, mais où elles allaient disparaître, comme tout le reste, pour ne plus laisser une seule pierre quiservlt à indiquer là où fut ce chdteau, cest moi qui le publierai, ainsi que la vue perspective du châ- teau, tel quil devait se trouver en 1850. A cette époque, le château était entièrement terminé, et le. temps, les hommes navaient encore altéré, ni les sculptures ni les ornements de toute espèce qui faisaient de ce monument le. plus riche et le plus remarquable édifice de la contrée, et peut—être de lépoque. - Cette restauration a exigé de nombreuses reherches, à la suite desquelle jai fait une vue—croquis que seul jétais en état e faire, ayant dessiné à Sarcus même , pendant les vingt jours que jy ai séjourné, tous es débris sculptés que jy avais trouvés gisants. Dès cette époque, javais projeté dexécuter en dessin lares- tauration du château, tant regretté des arts, seule consolation possible que je pusse offrir aux artistes après le vandlisine qui en avait privé la contrée. . - Un dessin-croquis, fait par moi sur une grande échelle, a été le résultat de leffiploi de mes dessin et de mes études. Un artiste habile (1) a transformé mon croquis en un magnifique dessin, que je fais graver 4ans ce moment sur acidr, de la grandeur de loriginal. Après les soins que jai pris, et Je temps qn& jai consacré à Létude de cette restauration, que jaccompagnerai dun textè, je tiens à honneur dy attacher mon nom. Dans ce texte, je dirai quelles parties appartiennent au Sarcus dc 1550 , quels détails jai dû ajoutr, en minspirant de Gaillon et de Nan- touillet, pour suppléer à ceux dont on ne trouvait plus de traces dans les décombres du monument abattu. Je suis arrivé k relever ainsi un tout tel quil a dû exister au XVI" siècle. Ces additions, du reste , sont peu nombreuses, et jaurais

(I) M. Iloffemaun, lin des architectes de la cathédrale de cofogne. - pu ne pas les mentiontler; mais jai voulu quon sût toutes les vérités. En lisant la première portion de cet opuscule, on a pu re- inarquer que javais écrit à la troisième personne, • et que cependaDt, coutre lusage lorsquon prend ce parti, javais signé. Cest quen effet, cet écrit, destiné dabord à être donné à des amis, devait rester sans nom dauteur. La Société aca- démique de IOise ,ayant été assez indulgente pour vouloir bien laccueillir dans ses Mémoires, ma demandé , conformément à lusage .de toutes ]es Sociétés de la nature de la nôtre, de si- gner mon oeuvre ; chaque auteur devant être responsable de ce quil écrit; jai signé, ce qui a produit la singularité dont quelques amis mont fait lobservation.

 la page 53, au bas de la page, au lieu de cest le salve de lhabitation et de leurs propriétaires, lisez et de ses pro- ptiétaires.

A,-G. HOUBIGANT.

Nogent-les- Vierges, 25octobre 1555

Bcau vais. - rnp. dAtb. Desjartlins.