Jura Menotey Canton , arrondissement Dole, 290 habitants

3. Façade sud-est

1. Vue sud-ouest

a paroisse de Menotey, qui comprend aussi les localités de Grédisans et , est située dans le diocèse Lde Besançon jusqu’ à la Révolution, puis dans celui de Saint-Claude depuis 1823. Elle dépendait au Moyen Âge du prieuré de Saint-Vivant qui relevait lui-même de l’ abbaye clunisienne de Baume-les- Messieurs ; en 1611, avec le prieuré et ses dépendances, elle fut rattachée au collège jésuite de l’ Arc, fondé à Dole en 1582, pour en abonder les revenus.

Proche de Dole, la capitale administrative et judiciaire du comté de Bourgogne, et implantée dans un riche territoire vini- cole, la paroisse bénéficia de la relative 2. Plan 4. Couverure en cours de travaux

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richesse des habitants autant que de leur dévotion, ainsi que de la qualité et dignité de plusieurs de ses curés. L’ église Saint- Pierre est attestée dans les documents à partir de 1354 ; Jean Lambelin, habi- tant de Menotey, y fonda une chapelle en 1397. Elle fut l’ objet d’ une reconstruction partielle au xvie siècle en deux temps, du chœur achevé en 1507 au clocher-porche qui porte la date de 1604. La chapelle de Pyard le Vieux fut fondée en 1577 au bras sud du transept, et deux autres furent édifiées au nord en 1651. Flanquant le mur sud du chevet, une chapelle plus récente prolonge celle des Pyard. Des réparations sont attestées en 1676, en 1747 et 1779 et tout au long du xixe siècle, en 1844-1846 et 1855, le haut clocher étant l’ objet de travaux fréquents et litigieux ; un drain fut 7. Portail Renaissance derrière le clocher-porche 8. Piscine construit autour de l’ église en 1840-1841. en plein cintre sont flanquées de colonnes dessin polychrome. On peut être surpris collégiale de Dole) invitent naturellement L’ édifice est bâti sur le flanc ouest d’ une monolithiques de pierre marbrière rouge des reprises en ciment teinté en blanc le à espérer la poursuite de la réfection du 5. Couverture en cours de restauration petite colline. Son clocher-porche quadran- (a priori des carrières de Sampans, près long des extrémités des pentes des toits gros œuvre. Ce serait la mettre de façon gulaire voûté en ogives, auquel succède de Dole), portant des chapiteaux à feuil- des chapelles et sous les murs de la nef visible à la hauteur d’ autres édifices et un portail à deux portes, ouvre sur une lage sous une frise très saillante ; un décor qui les surplombent, couleur qui tranche monuments des xve-xixe siècles remar- haute nef de quatre travées barlongues, de feuillage en très léger relief ajoute à nettement avec les tuiles et les murs. Cette quables de Menotey : croix à deux faces un transept de deux travées, dont les bras l’ élégance ornementale de ce portail qui réfection contraste surtout désormais avec (fin xve siècle), sans doute déplacée de sont occupés par les chapelles, et enfin le n’ est pas sans rappeler celui de la collé- les enduits plus ou moins heureux appli- l’ ancien cimetière entourant l’ église ; chœur fermé par un chevet à trois pans. giale Notre-Dame de Dole. Une statue de qués couche après couche sur les murs qui oratoire érigé par Aubry Lombardet et son L’ ensemble est couvert de voûtes d’ ogives Dieu le Père trône en son centre. se desquament. épouse Jeanne Pyard en 1556 et doté d’ une un peu surbaissées. La nef est éclairée par belle sculpture du Christ aux liens ; porte des baies en tiers-point, le chevet par trois Les désordres apparus dans la toiture de L’ effort mené à bien pour la toiture, d’ entrée architecturée de la cure près de longues baies en tiers-point dotées d’ un l’ église ont nécessité la réfection urgente l’ intérêt architectural de l’ église, où les l’ église ; deux ensembles de fontaines-la- remplage de deux verrières surmontées et complète de la charpente, de la couver- principes de construction gothique se voirs-abreuvoirs et nombreuses maisons d’ un quadrilobe. Le clocher est remar- ture et des gouttières de toutes les parties : mêlent à des éléments d’ ornement renais- vigneronnes anciennes. quable par sa hauteur, par l’ absence nef, chœur et chevet, chapelles latérales sants ou classiques, et ses rapports avec d’ ouvertures autres que de petites meur- et clocher. Le toit est demeuré couvert des constructions proches (l’ église de La Sauvegarde de l’ Art français a contribué trières, sinon au sommet, où ont été des traditionnelles tuiles plates de diffé- , souvent citée en comparaison – à hauteur de 20 000 € aux travaux en 2017. percées, sans doute au xixe siècle, des baies rents tons et modules qui en nuancent la quoique de structure un peu différente –, géminées en plein cintre, et par sa tourelle vue, tandis que le clocher est doté d’ un la chapelle du collège de l’ Arc à Dole ou la Patricia Guyard d’ escalier de plan hexagonal à son angle nord. De solides contreforts sont bâtis à l’ amorce de chaque travée de la nef et aux angles du chevet.

Quelques détails dans l’ édifice, tels l’ orne- ment du lavabo ou la retombée des ogives Arch. dép. Jura, 4 C 499 (fonds de la subdélégation dans le chœur dans des colonnettes à base d’ Intendance de Dole) ; 209 G 1 (paroisse prismatique, dans la nef sur des culots de Menotey et partie de la confrérie), 9 V 3/217 (fonds de la préfecture), 1193 W 154 décorés de feuillage, et dans les chapelles (fonds de la sous-préfecture de Dole). nord sur des culots plus classiques, Arch. dép. Doubs, 5 D 1 et 32 (collège des jésuites témoignent des périodes successives de de Dole : inventaire général des titres, 1628 ; chantier où néanmoins perdure le même titres locaux, Menotey, 1714-1779). parti architectural qui confère à l’ édifice A. Rousset, Dictionnaire géographique, historique son unité générale. La Renaissance se et statistique de la Franche-Comté. Département du Jura, t. IV, Lons-le-Saunier, 1856, « Menotey », déploie sur le portail d’ entrée édifié en p. 149 (réimpr. Bourg-en-Bresse, 1997). pierre calcaire rosâtre du pays, protégé P. Lacroix, Églises jurassiennes romanes et gothiques, 6. Vue intérieure de la nef par le clocher-porche : les deux ouvertures 9. Charpente Besançon, 1981, p. 167-168.

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