MARC ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704)

Pastorale sur la Naissance In Narivitatem D.N.J.C. Canticum, de N.S. Jésus-Christ, H. 483 H. 414

Ouverture 1T8 [Ul Praeludium 0'57 Scène 1 - Air "Que nos soupirs" 1*31 [Ï4| Récitatif de l'Évangéliste 1*38 Chœur "Le règne du péché" 3T2 [T?] Air de l'Ange Air "Écoutez moy" et Chœur 4'29 Chœur des Bergers [à 2'01] 3'34 Ritournelle 1*14 [Ï6| Ritournelle 1*15

Scène 2 - Air "Régnez, [Ty] Récitatif de l'Évangéliste 1*12

calme profond" 2T3 \ïï\ Air d'un berger et chœur : Chœur "Qu'entendons-nous ?" 5T5 "Salve, puerule" 6'24

Air et Chœur "De l'univers" -

Scène 3 - Scène 4 3'54

Scène 5 2'44 LES ARTS FLORISSANTS Scène 6 4'53 dir. WILLIAM CHRISTIE Scène 7 - Air "Votre tendresse"

|l2| eMenuet Chœut er t fin 5'05 5T6 harmonía mundi M. A. CHARPENTIER PASTORALE Ensemble Vocal et Instrumental Les Arts Florissants William Christie PASTORALE SUR LA NAISSANCE DE N.S. JESUS-CHRIST, H. 483

L'Ange Agnes Mellon Walter van Hauwe flûtes à bec, flûte L'Ancien traversière Une Bergère Kees Boeke flûtes à bec Un Berger Christophe Coin dessus de viole 2ème Ange Guillemette Laurens Ariane Maurette dessus de viole Chœur des Anges Agnes Mellon Marianne Muller basse de viole Jill Feldman Elisabeth Matiffa violone Guillemette Laurens théorbe Yvon Repérant orgue Troupe des Bergers Agnes Mellon Jill Feldman William Christie clavecin et direction Guillemette Laurens Dominique Visse Etienne Lestringant Philippe Cantor Gregory Reinhart IN NATTVITATEM D.N.J.C. CANTICUM, H. 414

Ensemble Vocal et Instrumental «Les Arts Florissants» Direction William Christie

Agnès Mellon, Jill Feldman sopranos Guillemette Laurens alto Dominique Visse, Vincent Darras hautes-contre Michel Laplénie, Etienne Lestringant ténors Philippe Cantor baryton basse

Elisabeth Matiffa basse de viole Yvon Repérant orgue Bernard Junghänel Konrad Junghänel théorbe

Ariane Maurette pardessus de viole Marianne Muller dessus de viole Sigrid Lee taille de viole Jay Bernfeld basse de viole, violone RENDANT COMPTE A SES LECTEURS et plus précisément romaine, certainement de la représentation de trois opéras, au stimulés par sa courte mais décisive colla- nombre desquels le David et Jonathas de boration avec Molière et la ferveur d'une MA. Charpentier, en 1688, le chroniqueur élite parisienne pour la littérature et les du Mercure Galant nous permet de com- musiques d'Outre-Monts. De cette con- prendre comment a pu être vécue par les joncture, la Pastorale sur la Nativité tient, contemporains l'extraordinaire explosion sans doute, cette fraîcheur, cette puissan- de musique qui marque les trente dernières ce, cette concision propre à certains années du XVIIe siècle français. moments quasiment fondateurs (que l'on Au cours de la représentation des tragédies, pense à la déclamation française, à ce écrit-il, on faisait des Ballets, parce que grand «Récit chanté», par exemple) où depuis toujours la danse est nécessaire et soudain ce qui n'était jusque là qu'entrevu agréable, «mais, depuis que la musique est ou dispersé en différents domaines devient en règne, on a trouvé à propos d'y en mê- irrésistiblement possible, si l'on peut dire. ler, afin de rendre ces divertissements Elle tient aussi son pouvoir de son sujet et complets». L'opéra lullyste, bien sûr, de toutes les possibilités que le thème et le représentera aux yeux de tous à la fois la temps de la Nativité offraient à cette plénitude de ce «règne de la musique» et époque en manière de convictions religieu- son achèvement formel. ses et de mœurs musicales. La Pastorale sur la Naissance de N.S. Jésus- Lorsqu'avait retenti sous les voûtes des Christ de M.A. Charpentier, contemporaine églises du Royaume les premières notes sans doute des premiers grands opéras qui de l'hymne Conditor aime syderum, viennent bouleverser l'horizon musical alterné entre l'orgue et les chantres, lors français, doit être replacée dans cette du Premier Dimanche de l'Avent, s'ouvrait période, étonnante en invention et en un temps qui recevait sa marque et son intensité créatrice, à la recherche d'une caractère propre d'un certain nombre de musique unissant dans une rhétorique pratiques musicales spécifiques, à l'église, totale la puissance du voir et de l'entendre, à la maison, à la Cour, dans la rue. Les la pulsation du corps dansant et du corps rimeurs, urbains et ruraux, parisiens et parlant, l'émotion du rire et des larmes. provinciaux, de «Noëls», sont nombreux M.A. Charpentier, au tournant des années en cette fin du XVIIe siècle: Colletet, 1670, y apporte un savoir-faire et une Françoise Paschal, Pellegrin laissent des expérience puisés à la source italienne, centaines de «Noëls nouveaux», mi-civils, mi-rustiques sur les timbres noëliques les de dévotion et de rigueur ne manquait plus connus que glosent les organistes à la pas d'introduire entre la Fable pastorale Tribune, ou dans la maison des Grands et («l'aimable imposture» dont parle Fonte- des Bourgeois. M.A. Charpentier semble nelle) et les abords redoutables du Dieu de avoir eu un certain penchant à traiter Vérité. musicalement cette littérature noëlique La Pastorale en musique est, en France, depuis de simples arrangements instru- après l'Italie, un genre florissant, en parti- mentaux jusqu'à la très justement fameuse culier dans sa version locale du Ballet de «Messe de Minuit». Cour, dont naîtra l'Opéra. Lully y forge sa Si la Pastorale sur la Nativité ne contient manière, la prestance et la prestesse or- aucune citation de «Noëls» usuels, ce qui chestique de ses «symphonies», sa maîtrise est exclu par le genre lui-même, son argu- du lieu scénique. Mais c'est précisément ment, son texte, l'éventail des thèmes contre les fadaises des Bergeries en musi- traités, le matériel des rimes, le lexique et que, auxquelles il veut substituer des situa- le formulaire religieux he s'écartent guère tions héroïques et dramatiques, qu'il crée de ce que l'on peut découvrir en feuilletant avec Guinault la Tragédie lyrique. Dans les.recueils de l'abbé Pellegrin, avec toute- Alceste, en 1674, les Bergers ne sont plus fois un ton plus sérieux, presque tragique, que des comparses, choristes inévitables et l'élimination de toute rusticité, une très bien commodes pour chanter et danser grande fidélité à la lettre de l'Écriture une scène finale à l'invitation d'Apollon. Sainte (on dirait volontiers un «biblisme») Une Pastorale de la Nativité (genre qui lui qui l'apparente presque à une prédication ; aussi survivra longtemps) permet à sa trait certainement recueilli auprès de manière d'éviter l'affadissement du genre. Carissimi et des musiciens romains. Elle peut se permettre de conserver tous C'est ce caractère propre au temps et à la les traits formels propres à la narration fête de Noël qui va permettre aussi la musicale de la Fable, mais avec, si l'on conjonction de deux domaines habituelle- peut dire, l'affabulation en moins. Le ment disjoints, sinon antagonistes, celui de ressort dramatique s'y déplace de l'intrigue la Pastorale profane, héritage «pai'en» de amoureuse de Cloris et de Lycidas, vers Théocrite, Bion, Moschus, Virgile et de l'histoire du Salut et les grandes figures leurs émules modernes, et celui de l'Histoire de la Révélation chrétienne, sans toutefois Sacrée proprement dite, réduisant d'un aller jusqu'à déployer les sombres couleurs coup toute la distance que cette époque des Leçons de Ténèbres ou des Orationes de Christi morte. Dialogues de Bergers et Longepierre, officier des armées de Louis de Bergères, exhortations mutuelles, inter- XIV et qui consacre ses loisirs à traduire ventions célestes, oracles, scènes de la vie Théocrite et Moschus et à faire la théorie champêtre sous forme de danses, de joutes du genre pastoral. orales et instrumentales, tous ces traits Je propose au lecteur d'entendre dans cet sont présents dans la Pastorale de Noël. esprit la Pastorale sur la Nativité de M.A. Mais c'est surtout son caractère, son Charpentier. Car si elle est une musique ethos propre que la Pastorale sacrée em- facile et agréable à écouter, elle demeure, prunte à sa rivale, à savoir son déploiement peut-être plus-qu'on ne le croit, difficile à musical dans le registre du «tendre». entendre. L'organisation très habile du Fontenelle, dans son Discours sur la nature livret, sa belle narrativité, l'opposition des de l'Eglogue, après avoir vanté l'antiquité scènes de la Terre et du Ciel, la vivacité des de la condition des Bergers de la Fable, dialogues, la solennité des Oracles, autant leur état de nature paisible, avant que ne de merveilleux enchantements. Mais, pour se répande la corruption engendrée par les parler comme l'Évangile, le «trésor caché» villes, le commerce, les instances politiques, de cette musique réside, à notre avis, dans montre qu'ignorant à la fois le travail le juste rapport et l'ordre pertinent de servile et l'ambition, ces heureux pasteurs l'émotion et du plaisir. Moveré, delectare, ne peuvent avoir d'autre histoire que celle docere, sont les trois objectifs de l'art de leurs passions amoureuses. Aussi, une rhétorique. M.A. Charpentier, indiscuta- véritable églogue, comme toute poésie blement, veut d'abord toucher, et par «pastorale», doit se tenir à distance du là-même plaire et faire comprendre. registre «galant», trop léger, et du registre Entrant dans 'ce projet, l'auditeur peut «héroïque», trop appuyé, trop ambitieux: alors vraiment entendre cette musique son champ propre est le «tendre», mélange et, par cette musique même, dans l'appro- subtil de force et de douceur, de vérité et priation de son mouvement propre, des d'ironie. On y joue à la paix, comme les thèmes qu'elle agite, des paroles qu'elle héros à la guerre. On la retrouve et on la profère, des Noms Divins qu'elle prononce, perd encore, avec la complicité de la natu- des figures de l'ici-bas et de l'au-delà re. Dans ce registre rhétorique, le cœur est qu'elle met en scène, des soupirs, des silen- mu doucement, s'émeut de son émotion, ces et des échos dont elle scande sa durée, et s'en enchante à petit bruit. «Pour plaire, saisir ce passage du tragique de ce qu'il il faut toucher» fait dire à un de ses bergers faut bien appeler la conditon humaine, à l'émotion douce et au simple bonheur d'instrumentistes que Charpentier dirigea dont on sait désormais le prix; en être jusqu'à la mort de la princesse, en 1688. émerveillé, et s'émerveiller de cette émo- Trois solistes récitants (deux solistes pour tion même. l'historien, et un ange) qui sont des voix J.Y. HAMELINE de femmes, dialoguent avec un chœur de bergers à six voix. Charpentier apporte volontairement une imprégnation populaire Le Canticum in Nativitatem Domini se aux motifs mélodiques qu'il imagine : la rattache au genre de l' : Charpentier carrure mélodique semble modelée sur des se montre ici fidèle au modèle légué par Noëls français existants et la carrure Carissimi, son maître romain. rythmique, en général très simple, reste Le terme canticum désignait indifférem- apparentée à celle de la danse. Afin de les ment au XVIIe siècle le et l'oratorio. mettre en valeur, il traite la partie narrative Les quatre cantiques In Nativitatem Domi- d'une façon proche du récitatif parlando, ni (tomes II, VI, IX et XII des Mélanges sans effets dramatiques. Quant au chœur autographes) sont très proches de style et des bergers, il est écrit dans un caractère comportent divers traits communs. Tous, concertant très affirmé qui oppose les trois sauf un, contiennent une Marche des voix de dessus aux trois voix de basse. Bergers. Tous se terminent par une chan- Dans le chœur final, lancé par un soliste, son strophique pour soliste et chœur. on retrouve un procédé cher à Lully. Grâce aux noms d'interprètes (mesdemoi- En conciliant les techniques de la musique selles Brion, Grandmaison et Talon) notés savante et l'esprit de la musique populaire par Charpentier sur sa partition, nous de Noèl, faite de douceur, de fraîcheur et savons que celui du tome VI, présenté ici, d'une certaine naïveté, Charpentier a créé fut écrit pour la musique de Marie de un exemple unique d'atmosphère mysti- Lorraine, duchesse de Guise. Cette cousine que qui s'accorde magnifiquement avec de Louis XIV entretenait en son hôtel du une conception intemporelle de la Nativité. Marais un petit ensemble de chanteurs et C. MASSIP ENGLISH and of the ear, the pulsation of the dancing and the speaking body, the emotions of RENDERING AN ACCOUNT TO HIS laughter and of tears. In the years around readers of the production of three operas 1670 M.A. Charpentier brought to it a - among them Marc Antoine Charpentier's savoir-faire and an experience nourished David et Jonathas - in 1688, the chronicler on Italian, and more specifically on of the Mercure Galant gives us some idea Roman sources, certainly stimulated by of what the extraordinary musical ex- his brief but decisive collaboration with plosion that marked the last thirty years Molière and the fervour of a Parisian elite of the 17th century in France must have for the literature and the music of Italy. been like to his contemporaries. It is indubitably to this conjuncture that During the representation of tragedies, he the Nativity Pastorale owes the freshness, writes, Ballets were performed because the the power and the concision peculiar to dance had always been necessary and certain seminal moments (one thinks, for agreeable, abut since music has held sway, example, of French declamation, of the opportunity has been found to interpolate great «Récit chanté») when suddenly that it so that these entertainments may be which until then had been no more than rendered more perfects. It was, of course, hinted at or else dispersed over several the opera of the Lully school that was to different areas becomes an irresistible represent to all eyes both the lavish possibility, so to speak. plenitude of this «reign of music» and its Moreover, it would have drawn much of formal consummation. its force from the subject itself and from The Pastorale sur la Naissance de N.S. all of the potential of religious conviction Jesus-Christ (Pastorale on the Nativity and musical customs that the theme and of Our Lord Jesus Christ) by M.A. Char- the season of the Nativity offered at that pentier, no doubt a contemporary of the period. first great operas that had fust caused an When the first notes of the hymn, Condi- upheaval of the French musical horizon, tor alme syderum, alternating between the must be replaced in this period of aston- organ and the choir rang out beneath the ishing inventiveness and creative intensity, vaults of the churches of the Kingdom a period in quest of a form of music which on the first Sunday of Advent, they would unite within the bounds of an all- signalled the beginning of a season the embracing rhetoric the powers of the eye distinctive mark and character of which stemmed from a certain number of specific It is the particular character of the season musical practices of the church, the home, and the feast of Christmas which also the Court and the street. Rhymsters of permitted the conjunction of two normal- «Noëls» (carols), both urban and rural, ly disjunct, not to say antagonistic, do- Parisian and Provincial, were legion at the mains, that of the secular pastoral, the end of the 17th century: Colletet, Fran- «pagan» heritage of Theocritus, Bion, çoise Paschal, Pellegrin left hundreds of Moschus, Vergil and their late emulators, «Noëls nouveaux», half-urban half-rustic, and that of the Sacred Story itself, there- on the most familiar carol tunes which by reducing at a single stroke the distance were embellished and varied by organists which this period of devoutness and rigour in their lofts or in the houses of the great did not hesitate in introducing between and the bourgeois. M.A. Charpentier seems the bucolic Fable («the amiable imposture» to have had a certain bent for the musical that Fontenelle talks about) and the awe- treatment of this carol literature, ranging inspiring pale of the God of Truth. from simple instrumental arrangements to In France, after Italy, the pastoral in the very justly famous «Messe de Minuit». music was a flourishing form, particularly If the Nativity Pastorale contains no in its local version in the Ballet de Cour quotations of the usual «Noëls», which out of which the opera was born. It was would have been excluded by the genre here that Lully forged his style, the com- itself, the argument, the words, the manding orchestral bearing and agility of range of the themes treated, the solidity his «symphonies» and his mastery of the of the rhymes, the vocabulary and the scenic stage. But then it was also in react- religious formulary are not very different ion against the vapid frivolities of the from what one can find in leafing through musical «Bergeries» which he aimed at the collections of the Abbé Pellegrin, but replacing by heroic and dramatic situations invested with a more serious, almost tragic that he created, with Guinault, the lyrical tone, the elimination of all rusticity, an Tragedy. In Alceste of 1674 the shepherds extreme degree of fidelity to the letter are no more than supernumeraries, the of the Holy Scriptures (one is almost inevitable choristers who came in handy tempted to use the word «Biblicism») for the singing and dancing of a final which allies it to a kind of predication, scene at the behest of Apollo. a feature certainly learnt from Carissimi In a Nativity Pastorale (a form which long and the Roman composers. survived him) the mawkishness of the genre could be avoided. It permitted the «galant» tone as being too light, and the preservation of all the formal features «heroic» as being too weighty, too am- proper to the musical narrative of the bitious: its proper field is the «tender», Fable, but, if one may put it that way, a subtle blending of strength and sweet- without the moral of the tale. The dramatic ness, of truth and irony. Here they play at motivation now shifts from the amorous peace as the heroes play at war. It is intrigues of Chloris or Lycidas to the story restored and lost again, all with the com- of the Redemption and the great figures plicity of nature. In this rhetorical compass of the Christian Revelation without, the heart is moved gently, it is moved at however, going as far as to bring into its own emotion and enchanted by it in play the sombre colours of the Leçons de mild accents. «To please, one must touch», Ténèbres or the Orationes de Christi are the words given to one of his shepherds morte. Dialogues of shepherds and shep- by Longepierre, an officer in Louis XIV"s herdesses, mutual exhortations, celestial army who devoted his leisure to translat- interventions, oracles, scenes of, country ing Theocritus and Moschus and elaborat- life in the form of dances, verbal and ing a theory of the pastoral. instrumental contests are all present in the I suggest to the reader that he listen to Christmas Pastorale. But it is, above all, M.A. Charpentier's Nativity Pastorale in its character, its distinctive ethos that the this spirit. Because, although it is easy sacred Pastorale borrows from its rival, i.e. music and agreeable to hear, it remains, the musical deployment of the «tender» perhaps, more than one might think, tone. difficult to listen to. The extremely skilful arrangement of the libretto, its fine In his Discours sur la nature de l'Eglogue, narrative drive, the contrast between Fontenelle, after having lauded the Anti- scenes on earth and in heaven, the vivacity quity of the shepherds of the fable in their of the dialogues, the solemnity of the state of peaceful nature, before the spread Oracles are all marvellous and enchanting. of corruption engendered by the towns, But, in the words of the Gospel, the commerce and political instances, shows «hidden treasure» of this music resides, that, ignorant of either servile labour or in our opinion, in the just relationship and ambition, these happy shepherds can have the pertinent order of emotion and pleas- no other history but that of their amorous ure. Moveré, delectare, docere are the passions. And that a true Eclogue, like all three objectives of the art of rhetoric. pastoral poetry, must eschew both the M.A. Charpentier indisputably intends autographes,/ are very similar in style in first to move and thereby to please and to addition to having various other features instruct. in common. All except one contain a In embarking upon this project the listener Marche des Bergers (March of the Shep- may then really listen to this music and by herds), and all of them end with a strophic way of the music itself, in the assimilation song for soloist and choir. of its particular movement, the themes it Thanks to the names of the singers (Mes- sets in motion, the words it utters, the demoiselles Brion, Grandmaison and Talon) Divine Names it pronounces, the figures of which were written in the score by Char- this world and of the next it presents pentier himself, we know that the one before him, the rests, the silences and the from Vol. VI, on this record, was composed echoes with which it measures out its for the Music of Marie de Lorraine, Du- course, apprehend the passage from the chess of Guise. This cousin of Louis XIV tragedy of what one can only call the maintained in her Hôtel in the Marais a human condition to the gentle emotion small ensemble of singers and instrument- and simple happiness the price of which alists which Charpentier conducted until we now know, and be struck with the the death of the Princess in 1688. wonder of it, marvelling at this very Three recitant soloists (two for the narrator emotion itself. and one angel), all female voices, maintain J. Y.H. a dialogue with a six-part chorus of shep- herds. Charpentier intentionally invests his melodies with a popular cast : the melodic shape seems to be modeled after existing The Canticum in Nativitatem Domini French Noels and the rhythm, generally belongs to the oratorio genre. Charpentier very simple, remains linked to the dance. here proves his fidelity to the model To highlight these qualities, he treats the bequeathed by Carissimi, his Roman narrative part in a manner close to parlando teacher. recitative avoiding dramatic effects. The In the 17th century the term canticum chorus of shepherds has a concertante was used somewhat haphazardly to desi- character which contrasts the three treble gnate both the motet and the oratorio. voices with the three parts. In the The four canticles In Nativitatem Domini final chorus, launched by a soloist, we (Vols. II, VI, IX and XII of the Melanges find a procedure that was dear to Lully. In reconciling the techniques of «art» example of mystic atmosphere which is music and the spirit of popular Christmas marvellously in keeping with an intem- music with its sweetness, freshness and poral concept of the Nativity. naivety, Charpentier created a unique CM.

DEUTSCH unseres Herrn, Jesus Christus) von M.A. Charpentier, zweifelsohne zur selben Zeit AUS DER BERICHTERSTATTUNG VON entstanden wie die ersten großen Opern, drei Opernaufführungen (worunter David die im französischen Musikleben von und Jonathas von M.A. Charpentier) in der umwälzender Bedeutung waren, gehört Chronik des Mercure Galant im Jahre dieser von erstaunlichem Erfindungsgeist 1688, können wir erfahren, wie die außer- und Schöpfungseifer geprägten Epoche an, gewöhnlich fruchtbare Schöpfungsperiode auf der Suche nach einer Musik, die in der französischen Musik der letzten dreißig einer idealen Form die Macht der Bilder Jahre des 17. Jahrhunderts von den Zeit- und der Klänge, die Vibration des tanzen- genossen miterlebt wurde. den und sprechenden Körpers, Emotionen Wie der Chroniker schreibt, wurden wie Lachen und Weinen in sich zu verein- während der Tragödien Ballette aufgeführt, baren vermochte. Bestimmt durch die „denn seit jeher ist der Tanz notwendig kurze, aber entscheidende Zusammenarbeit und angenehm, aber seitdem die Musik mit Moliere und die Begeisterung einer Herrscherin geworden ist, hat man es für Pariser Elite für die transalpine Litteratur Passend befunden, sie einzumischen, um und Musik angeregt, liefert uns M.A. die Unterhaltung noch vollständiger zu Charpentier hierzu 1670 mit Gekonntheit machen". Lullys Opern wurden natürlich und Erfahrung seinen aus italienischer von allen gleichzeitig als Vollendung dieser Quelle geschöpften Beitrag. Diese Kon- „Musikherrschaft" und ihrer formalen junktur erklärt zweifelsohne die Frische, Vervollkommnung betrachtet. Ausdrucksstärke und Prägnanz der Pasto- Die Pastorale sur la Naissance de N.S. rale, die gewissen Gründerzeiten eigen Jésus-Christ (Pastorale von der Geburt sind (wenn man z.B. allein nur an die französische Deklamation, das große „Recit mit Recht so berühmten „Messe de Mi- chanté" denkt), wenn sich plötzlich sozu- nuit". sagen auf verschiedenen Gebieten bisher Wenn die traditionellen „Noe'ls", durch nur verstreute oder erahnte Möglichkeiten ihre Art bedingt, in der Weihnachtspasto- unwiderstehlich realisieren. rale ganz abwesend sind, finden wir dem Sie erhält aber auch ihre Überzeugungskraft Inhalt, Text, der Vielfalt der Themen, der durch den Stoff und die Möglichkeiten, Reimstruktur, dem Vokabular und der die sich zur damaligen Epoche aus dem religiösen Motivation nach annähernd das, Weihnachtsthema in Bezug auf religiöse was wir beim Durchblättern der Sammlun- Überzeugungen und musikalische Tradi- gen des Abbe Pellegrin entdecken können. tionen ergaben. Der Ton der Pastorale ist aber ernster, Wenn am ersten Adventsonntag in allen tragischer, alles Rustikale ausschliessend, Kirchen des Königreichs die Hymne und sehr schriftgetreu, ja biblisch, und Conditor ahne syderum angestimmt wurde, wäre mit einer Predigt vergleichbar. Dieser abwechselnd von der Orgel und vom Chor letzte Zug ist sicherlich noch dem Einfluß ausgeführt, begann eine Zeit, die ihre Carissimis und der römischen Komponi- besondere Prägung durch viele musikalische sten zuzuschreiben. Traditionen erhielt, sowohl in der Kirche, Dann erlaubt der spezifische Charakter der im Hause, bei Hofe und auf den Straßen. Weihnachtszeit und des Weihnachtsfestes In Stadt und Land, in und in der die Verbindung zweier sonst so getrennter, Provinz gab es im ausgehenden 17. Jahr- ja gegensätzlicher Bereiche: dem der welt- hundert zahlreiche Verfasser von Weih- lichen Pastorale, dem „heidnischen" Erbe nachtsreimen : Colletet, Françoise Paschal, von Theokrit, Bion, Moschus und Vergil Pellegrin hinterlassen Hunderte halb ver- und ihrer modernen Nacheiferer, mit der feinerte, halb rustikale „Noe'ls nouveaux", eigentlichen Genesis, wodurch sich somit die auf den bekanntesten Weihnachtsmelo- mit einem Male die ganze Kluft vermindert, dien gesungen wurden, und deren Varia- die für diese von Devotion und Strenge ge- tionen von der Orgeltribüne oder in den zeichnete Epoche logischerweise zwischen Adels- und Bürgerhäusern erklangen. Marc der Hirtenfabel („eine freundliche Heuche- Antoine Charpentier scheint für die Ver- lei", wie sie Fontenelle nennt) und der tonung dieser Weihnachtsliteratur eine gefürchteten Nähe des Gottes der Wahrheit Vorliebe gehabt zu haben, von der ein- lag. fachsten Instrumentalvariation zu seiner Die Musikpastorale wird nach Italian auch in Frankreich eine sehr beliebte Gattung, Tanzszenen, gesungene und gespielte Wort- besonders in ihrer eigenständigen nationa- gefechte sind in dieser Pastorale gegenwär- len Form als Hofballett, aus dem die Oper tig. Aber die geistliche Pastorale entlehnt dann hervorging. Lully schult hier seinen ihrer Rivalin vor allem ihren Charakter, Stil, die orchestrale Erhabenheit und ihr eigentliches Ethos, genauer gesagt, ihre Rapidität seiner „Symphonien", seine musikalischen Ausdrucksmittel im „zar- Szenenbeherrschung. Aber gerade als Re- ten" Register. aktion gegen die seichten Schäferspiele in Nachdem Fontenelle in seinem Discours Musik, die er durch heroische und drama- sur la nature de l'Eglogue die antiken tische Szenen ersetzt, schöpft er mit Lebensbedingungen der Hirten aus der Guinault die lyrische Tragödie. In seiner Fabel preist, ihr friedliches Naturleben, Oper Alceste (1674) sind die Hirten nur bevor sich durch den Einfluß der Stadt, noch Figuranten, unumgängliche, aber des Handels und der Politik die Korrup- praktische Chorsänger, die auf Appolos tion verbreitet, zeigt, daß diese glücklichen Einladung die Schlußszene singen und Hirten, die weder Untergebenheit noch tanzen. Ehrgeiz kennen, keine andere Geschichte Eine Weihnachtspastorale (eine Gattung, als die ihrer Liebesleidenschaften haben die sich lange erhielt) verhinderte auf ihre können. Daher muß eine echte Ekloge, wie Art eine Verdummung des Genres. Sie alle Pastoraldichtung, sowohl vom „Galan- kann ruhig die typischen Formen der ten", wie auch vom „Heroischen" Abstand musikalischen Fabel aufrechterhalten, je- nehmen, weil das eine Register zu leicht, doch, wenn man so sagen kann, ohne ihre das andere zu betont und ehrgeizig ist. Ihr moralischen Lehren. Der dramatische Bereich ist das „Zarte", eine subtile Mi- Springpunkt hat sich von der Liebesintrige schung von Kraft und Sanftheit, Wahrheit zwischen Cloris und Lycidas auf die Er- und Ironie. Wie die Helden Krieg spielen, lösergeschichte und die Personen der spielt man hier Frieden. Verbündet mit der christlichen Offenbarung verlegt, ohne Natur findet man ihn und verliert ihn aber so dunkle Schattierungen zu entfalten wieder von neuem. Dieses rhetorische wie in den Leçons de Ténèbres oder den Register bewegt sanft das Herz, ist über Orationes de Christi morte. Dialoge zwi- seine Emotion gerührt und freut sich leise. schen Hirten und Hirtinnen, gegenseitige Longepierre, ein Heeresoffizier Ludwigs Aufmunterungen, Einschreiten himmiicher XIV., der in seinen Mußestunden Theokrit Kräfte, Orakel, das Landleben stilisierende und Moschus übersetzte und sich mit „pastoral-theoretischen" Fragen beschäf- man es wohl zutreffenderweise nennen tigte, legt einem seiner Hirten die Worte muß) zu begreifen, bis zur sanften Emo- „um zu gefallen, muß man rühren" in den tion und zum einfachen Glück, dessen Mund. Preis man nunmehr kennt, darüber zu Ich möchte dem Hörer empfehlen, in staunen, und durch diese Emotion selbst diesem Geiste der Pastorale von M.A. in Staunen versetzt zu werden. Charpentier zuzuhören. Denn wenn diese J.Y.H. Musik sich leicht und angenehm anhört, bleibt sie schwieriger zu hören als man vielleicht annimmt. Das geschickt aufge- Das Canticum in Nativitatem Domini baute Libretto, sein schöner Erzählstil, der gehört zur Gattung des Oratoriums. Char- Kontrast der Szenen zwischen Erde und pentier bleibt hier dem von seinem römi- Himmel, die Lebhaftigkeit der Dialoge, die schen Meister Carissimi geerbten Model Feierlichkeit der Orakel, alles bezaubert treu. Der Begriff Canticum wurde im 17. uns. Aber - um den Ausdruck des Evange- Jahrhundert unterschiedslos für die Motette liums anzuwenden - der „geheime Schatz" und für das Oratorium verwendet. Die vier dieser Musik liegt unserer Meinung nach Gesänge In Nativitatem Domini (Band II, im Gleichgewicht und in der trefflichen VI, IX und XII der Mélanges) sind im Stil Anordnung von Emotion und Freude. sehr eng miteinander verwandt und Movere, delectare, docere waren die drei weisen einige gemeinsame Züge auf. Alle, Bestrebungen der Rhetoriker. Es ist offen- außer einem, enthalten einen Marsch der sichtlich, daß M.A. Charpentier erst rühren, Hirten; alle enden sie mit einem strophi- und dadurch gefallen und belehren will. schen für Solostimme und Chor. Wenn der Hörer auf diesen Plan eingeht, Dank der Namen der Sänger (Mesdemoi- wird er tatsächlich die Musik hören und selles Brion, Grandmaison und Talon) die durch sie, indem er sich ihre spezifische Charpentier im Manuskript vermerkt, wis- Bewegung zu eigen macht, die Themen, sen wir, daß der Gesang aus Buch VI für die sie rührt, die Worte, die sie ausspricht, das Ensemble der Duchesse de Guise, Maria die Heiligen Namen, die Personen des von Lothringen, geschrieben wurde. Diese Diesseits und des Jenseits, die sie insze- Kusine Ludwigs XIV. unterhielt in ihrer niert, die Seufzer, Schweigen und Echos, Residenz, dem Hôtel du Marais, eine die ihren Ablauf skandieren, diesen tragi- kleines Ensemble von Sängern und Instru- schen Moment des Menschenloses (wie mentalisten, das Charpentier bis zum Tode der Duchesse im jähre 1688 leitete. Drei Der Chor der Hirten hat einen ausgeprägt rezitierende Solisten (zwei für den Histori- konzertanten Charakter, wobei die drei ker und ein Engel), wofür Frauenstimmen hohen Stimmen den drei tiefen Stimmen eingesetzt werden, dialogieren mit einem entgegengesetzt werden. Den Schlußchor sechsstimmig angelegten Chor der Hirten. durch einen Solisten einzuführen war ein Charpentier ist darauf bedacht, seinen beliebtes Verfahren bei Lully. Melodien volkstümliche Färbung zu ver- Indem Charpentier den Stil der „Kunst"- leihen: der melodische Aufbau scheint Musik mit dem Geist der ganz von Sanft- sich Vorbildern vorhandener französischer heit, Frische und einer gewissen Naivität Noels (Weihnachtslieder) anzulehnen und geprägten volkstümlichen Weihnachtsmu- die im allgemeinen sehr einfachen Rhyth- sik verbindet, hat er ein einzigartiges men sind sehr tanzverwandt. Um diese Beispiel mystischer Atmosphäre geschöpft, Eigenschaften zu unterstreichen werden die sich auf wundervolle Weise dem zeit- die erzählenden Abschnitte ohne drama- losen Charakter des Weihnachtsfestes tische Effekte in der Art eines Sprech- anpasst. rezitativs (recitativo parlando) behandelt. CM. PASTORALE SUR LA NAISSANCE DE N.S. JESUS-CHRIST, H. 483

Scène première du changement des monarchies, tout est dans le tranquille état que demandent les prophéties. Bergère Demandons en l'effet, demandons le toujours, Que nos soupirs, Seigneur, réveille tes bontés. heureux, heureux si c'était en nos jours. Ce ne sont point les meaux de cette triste vie Cieux répandez votre rosée, que ton peuple affligé de finir te supplie fondez vous divine nuée mais le péché qui les a mérite. versez le juste en ces bas lieux. Que nos soupirs, Seigneur, reveille tes bontés. Ouvre ton sein terre féconde La mesme bergère et conçoit le sauveur du monde Un berger pour le faire éclore à nos yeux. Il est temps Seigneur que tu paroisse, de tes divines lois on n'observe plus rien, pas un seul qui fasse le bien pas un seul qui te reconnaisse. Scène seconde Tous Le règne du péché va croissant à tes yeux, plus l'homme vit plus il s'égare. Un ange et les sus dits Fais donc pleuvoir du haut des cieux ta justice qui le répare. Régnez, calme profond, sur la terre et les mers, régnez, régnez jusqu'au plus haut des airs. Cieux ! redoublez votre silence. Seule Du démon triomphant, viens confondre l'effort, Du trône souverain qui régit l'univers affranchir la nature en ses fers prisonnière le verbe auteur de tout vient prendre icy naissance, et ramener à la lumière que tout se taise à sa présence. tes peuples languissant dans l'ombre de la mort. (icy faire un grand silence)

L'ancien Dans ces lieux écartés d'où peut venir ce bruit, Ecoutez moy, écoutez moy peuple fidèle quelle charmante voix a frappé mon oreille, si j'entends bien nos saints écrits, quelle lumière au milieu de la nuit, les temps de l'heureuse nouvelle que nous promet cette merveille. sont sur le point d'estre accomplis. La semaine mistérieuse Seul que vit de si loin Daniel s'avance pour ouvrir le ciel Pasteurs, que nous promet cette merveille. à la nature malheureuse. Tous Tous Qu'entendons nous ? Qu'est-ce que nous voyons ? Après tout le bruit et l'éclat Tout est en feu, fuyons, amis, fuyons ! (Passez a la suite sans interruption) et sachez que celle des cœurs est tout ce qu'il demande. L'ange Pasteurs ne craignez rien, Tous messager du très haut Nous partons, nous allons je viens pour vous apprendre divin esprit, nous y allons, nous y voilons. la nouvelle du plus grand bien que vous puissiez jamais attendre. Reprenez vos esprits, Scène trois Pasteurs ne craignez rien.

L'ancien L'ange Messager du très haut Célestes compagnons venez, venez Archanges qu'avez vous à nous dire, venez et du Seigneur célébrons la louange. pouvons nous croire qu'aujourd'hui notre Dieu veut que son peuple respire trouvons nous grâce devant Lui, Scène quatre messager du très haut qu'avez vous à nous dire ? Tous L'ange Gloire dans les hauts lieux, De l'univers entier aprenez le bonheur. Gloire sans fin, gloire éternelle, La ville de David en ce moment Louange ajamáis dans les cieux, voit naitre un enfant, Louange à l'essence immortelle. nostre maitre, un Dieu votre sauveur. (suivez sans interruption) Tous Ministre ailé du Dieu de gloire Second ange daignez encor le répéter Paix en terre, paix ajamáis ; nous n'en pouvons douter, repos, douceur, paix, assurance. et nous n'osons le croire. Paix sans fin, éternelle paix aux objets de la complaisance.

L'ange (on reprend icy «gloire, gloire» comme cy devant De l'univers entier apprenez le bonheur. après quoy l'on joue le petit air de viole apris le chœur des anges) La ville de David voit naitre le sauveur, vous le connaîtrez à ces marques : Un enfant nouveau né, de langes revêtu et dans une crèche étendu est ce monarque des monarques. Allez luy rendre vos honneurs, allez lui faire votre offrande, Face B

Scène cinquième Non, non ! pour le garantir des cruelles tempestes à qui ses murs ouverts L'ancien laissent un libre cours, l'haleine de ses pauvres bestes Heureux bergers voici le lieu n'est pas un suffisant secours. ou vient de naitre l'homme Dieu revêtu de notre misère, Ah ! l'amour qui le fait descendre ainsi nous l'a marqué jusqu'à se revêtir de notre être mortel l'ange du tout puissant. est un feu tout divin qui le saura deffendre Entrons sans différer contre le froid le plus cruel. voyons ce Dieu naissant et que chacun de nous par un amour sincère Tous montre de ses bontés de père Ardent amour, céleste flamme un cœur reconnaissant. lorsque vous combattez pour le sauveur souffrant contre le froid le plus piquant fondez les glaces de notre àme pour nous faire trouver des pleurs que nous donnions à ses douleurs.

Scène six (suyvez sans interruption) Bergers et bergères dans la crèche

Seule Scène sept

Qu'il a de majesté, Un ange et les sus dits Tous Votre' tendresse est équitable que d'éclat l'environne. bergers, le ciel en est content. Mais ! qui ne serait pas touché Ne craignez pour cet enfant de voir celui qui donne que vous voyez réduit en cette pauvre étable ; au Roi septre et couronne il commande aux frimats, il règle les saisons. logé si pauvrement, si durement couché. Si la fureur des aquilons ne cesse d'estre moins Neige, glaçons, frimats, inhumaine froidure traitable, d'un souffle seulement de sa bouche adorable modérez vos rigueurs. Osez vous attaquer l'auteur de il les fera rentrer dans leurs sombres prisons. la nature. Et n'est-ce pas pour lui d'assez grandes douleurs Chantez donc à l'envy, chantez à la naissance que de ce voir chargé du crime des pécheurs. de ce Roy glorieux. Un si rare présent, un don si précieux Seule ne veut estre reçut qu'avec réjouissance. Non, non ! L'haleine secourable Faisons de nos joyeux cantiques de ces animaux innocents retentir le vague des airs. deffendra son corps adorable Répétez nos concerts. contre les injures du temps. Nos voix et nos flûtes rustiques auront peut-être le bonheur Deux bergers Ne laissons point sans louanges de plaire au Dieu naissant qui connait notre cœur. celle qui nous a donné le céleste pain des anges (passez sans interruption au menuet cy après) en cet enfant nouveau né.

Menuet Tous

(après la repnse du menuet des instruments.on passe) Ne laissons point sans louanges celle qui nous a donné Bergère le céleste pain des anges en cet enfant nouveau né. O nuit en merveilles féconde, O nuit en qui Jésus nous luit. Non ! non ! le plus beau jour du monde. Non ! nuit en merveille féconde. (icy l'on reprend la bourée sans la première reprise et on continue) Non ! non ! le plus beau jour du monde n'a jamais à nos yeux tant de pompe produit. Chantons cette vierge pure, chantons son humilité (Les violes recommencent icy leur menuet) qui du ciel a mérité que l'auteur de la nature Flambeau qui nait du sein de l'onde, prit dans sa chaste clôture flambeau dont Ponde est le tombeau. nostre faible humanité, Non ! non ! l'or de ta tresse blonde sans que son intégrité n'eut jamais tant d'éclat que Jésus au berceau. en reçut aucune injure. Chantez cette vierge pure, Bourée en rondeau chantons son humilité. IN NATMTATEM D.N.J.C. CANTICUM, H. 414

Récitatif de l'Evangéliste Frigidae noctis umbra totum orbem tegebat, et im- L'ombre de la nuit froide couvrait toute la terre et mersi iacebant omnes in somno profundo. Pastores plongeait tous les hommes dans un profond sommeil. autem ludeae vigilabant super gregem suum. Et ecce Les bergers, de Judée veillaient sur leurs troupeaux. angelus Domini stetit iuxta eos, et claritas Dei circum- Et soudain un ange du Seigneur se tint près d'eux, fulsit eos. Timuerunt autem pastores timore magno; et la gloire du Seigneur rayonnait autour d'eux. Ils et dixit Mis angelus: furent saisis d'une grande crainte ; et l'ange leur dit :

Air de l'Ange Nolite timore, pastores. Ecce enim annuntio vobis Ne craignez pas, o bergers, car voici que je vous gaudium magnum quod erit omni populo: quia natus annonce la bonne nouvelle d'une grande joie qu'aura est hodie Salvator vester in civitate David; et hoc erit tout le peuple: aujourd'hui un Sauveur vous est né vobis signum: invenietis pannis involutum et reclina- dans la ville de David ; et ceci sera un signe pour vous : tum in praesepio. he, pastores, et adorate ilium. vous trouverez un petit enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. Allez, bergers, et adorez-le. Chœur des Bergers Surgamus, festinemus, eamus usque Bethlehem. Levons-nous, hâtons-nous, allons jusqu'à Bethléhem. Properemus, eamus usque Bethlehem. Ibi videbimus Là nous verrons l'enfant qui est né pour nous. Là puerum qui natus est nobis. Ibi laudabimus etadora- nous louerons et adorerons Dieu, même vêtu comme bimus Deum sub forma peccatoris velatum. Quid un pécheur. Pourquoi traîner, pourquoi tarder, moramur, quid cunctamur, O pastores inertes? o indolents bergers.

Récitatif de l'Evangéliste Euntes autem pastores pervenerunt ad locum ubi puer Ils se rendirent en hâte à l'endroit où l'enfant était natus erat, et intrantes domum invenerunt Mariam et né, et en entrant dans la maison ils trouvèrent Marie Ioseph et puerum involutum pannis et reclinatum in et Joseph et l'enfant enveloppé de langes et couché praesepio. Et procidentes adoraverunt eum, inculto dans une crèche. Et, s'agenouillant, ils l'adorèrent sed devoto carmine dicentes avec un chant nai'f mais sincère, disant :

Salve, puerule, Salut, petit enfant, Salve, tenellule, Salut, tout petit tendre, O nate parvule, O enfant nouveau né, Quam bonus es! Que tu es bon ! Tu coelum deseris, Tu quittes le ciel Tu mundo nasceris, Tu nais dans le monde Nobis te'ut miseris Afin d'assimiler à toi Assimiles. Nous autres les malheureux.

0 summa bonitas, 0 bonté immense : Excelsa deitas, La divinité suprême Vilis humanitas. Se fait en ce jour Fit hodie. Humanité infinie Aeternus nascitur, L'étemel prend naissance, Immensus capitur, L'immensité est cernée Et rei tegitur, Et se laisse toucher Sub specie. Sous des espèces matérielles.

Virgo puer pera, La Vierge mère. Beata viscera, Ses bienheureuses entrailles Dei cum opera, Nous donnent un fils Dani filium. Par l'œuvre de Dieu. dande flos virginum, Réjouis-toi. fleur virginale. Gaude spes hominum, Réjouis-toi, espoir des hommes. Fons lavans criminum Toi, la source qui lave Proluvium. De la boue du mal. harmonía emundi FRANCE

MARC-ANTOINE CHARPENTIER par LES ARTS FLORISSANTS

Actéon. Opéra de chasse (H.481) Intermède nouveau pour « Le mariage forcé » (H.494/9-11) H MA 1901095 Les Antiennes « О » de l'Avent (H.36 à 43) - Noëls pour les instruments (H.534) HMC 5124 « Les Arts Florissants », Idyle en musique (H.487) HMA 1901083 David et Jonathas, tragédie en cinq actes (H.490) HMC 901289.90 Médée, opéra en cinq actes (H.491) HMC 901139.41 Deux : Caecilia, Virgo et Martyr (H.413) - Filius prodigus (H.399) Magnificat à trois voix (H.73) HMC 90066 Oratorio de Noël (H.416) - Sur la Naissance de N.S. Jésus-Christ (H.482) HMC 905130 Pastorale sur la Naissance de N.S. Jésus-Christ (H.483) In nativitatem D.N.J.C. Canticum (H.414) HMC 901082 Le Reniement de Saint-Pierre (H.424) Méditations pour le Carême (H.380 à 389) HMC 905151 s.a., Mas de Vert, 13200 Arles (?) 1981, 1982 Pastorale : enregistrement mai 1981 dans l'Église Allemande, Paris In Nativitatem D.N.J.C. Canticum : enregistrement Europe Computer Systems mai 1982 Prise de son Jean-François Pontefract Assistance musicale Robina Young Transcriptions Dominique Visse Traductions Derek Yeld, Escha Illustration : Georges de la Tour, Adoration des Bergers Musée du Louvre - Cliché Lauros-Giraudon Maquette Relations Imprimé en RFA