Orgues, Musiques Et Musiciens À Sainte-Élisabeth Christophe D’Alessandro
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Orgues, Musiques et Musiciens à Sainte-Élisabeth Christophe d’Alessandro To cite this version: Christophe d’Alessandro. Orgues, Musiques et Musiciens à Sainte-Élisabeth. La flûte harmonique (91), 224 p., 2010, ISSN 0398 9038. hal-02360434 HAL Id: hal-02360434 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02360434 Submitted on 12 Nov 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Autom ne 08 Association Aristide Cavaillé-Coll Christophe d’Alessandro Orgues, Musiques et Musiciens à Sainte-Élisabeth La Flûte Harmonique Numéro 91 Publication de l’Association Aristide Cavaillé-Coll Année 2010 2 La Flûte Harmonique, n° 91, 2010 Figure 1: remontage de l'orgue restauré par Michel Giroud. Année 2010 LA FLÛTE HARMONIQUE (ISSN 0398 9038) Publication de l’Association Aristide Cavaillé-Coll Siège social : 5 rue Roquépine, 75008 Paris (France) www.cavaille-coll.com [email protected] BUTS : Obtenir le respect et une meilleure connaissance des orgues d’Aristide Cavaillé-Coll, de ses contemporains et successeurs. COMITÉ DE RÉDACTION : Les membres du Bureau de l’Association : Président Georges Lartigau Vice-président et rédacteur de la revue Kurt Lueders Secrétaire Julien Girard Trésorier Pierre Vincent Les modalités d'adhésion ainsi que la liste des publications avec les tarifs de vente sont disponibles sur demande. Tous les chèques et mandats internationaux doivent être libellés à l’ordre de : Association Aristide Cavaillé-Coll. Les chèques tirés sur des banques étrangères à la France doivent être majorés de 4 € Relevé d’identité bancaire de l’association CCP 35-160-16 X [centre : La Source] IBAN : FR19 2004 1010 1235 1601 6X03 396 BIC : PSSTFRPPSCE 216 La Flûte Harmonique, n° 91, 2010 Association Aristide Cavaillé-Coll 5 rue Roquépine • 75008 Paris La Flûte Harmonique ISSN 0398 9038 Dépôt légal avril 2011 Illustrations de couverture : I : Grand-Orgue de Sainte-Élisabeth Etat actuel IV : Concert « Orgue et Réalité Augmentée » (2008). Photo : © Perrine Monjaux Orgues, Musiques et Musiciens à Sainte-Élisabeth Toutes les illustrations sont de l’auteur, sauf mention contraire © Christophe d’Alessandro – 2011 Autom ne 08 Orgue, Musiques et Musiciens à Sainte-Élisabeth 3 Introduction L’instrument de Sainte-Élisabeth Dans le paysage organistique parisien, le grand-orgue Suret de Sainte-Élisabeth joue un rôle remarquable. Cet instrument est un rare (unique ?) exemple, authentique et en excellent état de jeu, d’orgue de la première moitié du 19ème siècle à Paris, établi sur de grandes proportions, en dehors bien entendu de l’œuvre magistrale d’Aristide Cavaillé-Coll. Entre 1830 et 1850, une période qui a vu à Paris une extension et un renouvellement exceptionnel de la facture d’orgue, deux figures dominent. D’un côté Daublaine et Cie, et ses avatars1, représentent encore la plus importante manufacture d’orgue à cette époque, bientôt reprise par Merklin. D’un autre côté Aristide Cavaillé-Coll, qui a déjà réalisé plusieurs chefs- d’œuvre, surplombe tout le 19ème siècle par la quantité (près de 700 instruments !), la qualité, l’inventivité, et les dimensions de ses travaux. Jusqu’en 1850 environ, Daublaine et Cie peut compter à son actif de très nombreux instruments, souvent de grande taille et de grande qualité. Dans la même veine que Daublaine, on rencontre Louis Callinet à Paris, en province Moitessier ou Lété. John Abbey, Charles Barker, les derniers Dallery ou Somer2 participent également à cette évolution de l’orgue parisien. Mais André Marie Daublaine n’est pas un facteur d’orgues : c’est un ingénieur du cadastre, entrepreneur, qui aperçoit dans la facture d’orgues la perspective d’affaires fructueuses. Pour conduire ces affaires, Daublaine fait appel à plusieurs facteurs d’orgues, dont le tout premier, Louis Suret3, reste au service de Daublaine et Cie en tant que contremaître à peu près jusqu’à l’arrivée de Louis Callinet, en 1838. Louis Suret fonde alors sa propre entreprise, et construit d’assez nombreux instruments, dont son chef-d’œuvre à Sainte-Élisabeth. L’orgue de Sainte-Élisabeth, établi sans doute grâce à la générosité du curé de l’époque, Éloi Jousselin, est inauguré le 28 avril 1853, avec le concours pour l’orgue d’Alfred Lefébure-Wély, Charles Fessy et Auguste Bazille (organiste titulaire), pour le chant d’Alexis Dupont, M. Noir, Mme Lefébure et les chœurs de Sainte-Élisabeth. L’instrument, un grand 16 pieds, 1 L’histoire de Daublaine et Cie est retracée dans l’ouvrage monumental de Michel Jurine, Joseph Merklin facteur d’orgues européen, Paris, Association Cavaillé-Coll et Aux Amateurs de Livres, Klincksieck, 1991. 2 Lété a travaillé chez Abbey, Moitessier aussi, Louis Callinet a travaillé chez Dallery puis avec Somer. Abbey a fortement influencé tous ces facteurs, Suret compris. Barker travaille pour Cavaillé-Coll, puis pour Daublaine. 3 Christophe d’Alessandro, « SURET, facteur de grandes orgues d'église, et d'orgues d'accompagnement pour les chœurs », L'Orgue Francophone [revue de la FFAO], n° 16 (1999), p. 38-63. Une étude plus complète est en préparation, avec la complicité de Jean-Marc Baffert, et nous nous promettons de la publier prochainement. 4 La Flûte Harmonique, n° 91, 2010 comprend vraisemblablement à l’époque 36 jeux, sur trois claviers et pédalier. Après avoir obtenu les médailles de bronze (1844) et d’argent (1849) aux Expositions des Produits de l’Industrie, c’est une médaille de première classe qui échoit à Suret pour l’instrument de Sainte-Élisabeth à l’Exposition Universelle de 1855. Le 19ème siècle passe sans trouble ni grand changement pour l’orgue Suret. Le remarquable buffet est classé Monument Historique 52 ans après sa construction, le 20 février 1905. Dans les années 1930 et 1940, plusieurs devis de restauration apparaissent, vantant la qualité de l’instrument, mais regrettant son esthétique surannée et mentionnant la dureté d’une mécanique presque centenaire. Le projet de Gaston Gutschenritter de 1938-1941, ajourné en raison de la Seconde Guerre Mondiale, est finalement mis en œuvre au sortir du conflit entre 1955 et 1959 par ses successeurs. L’instrument Suret-Gutchenritter est reçu le 22 janvier 1959 par la Ville de Paris. L’instrument reconstruit se détériore rapidement. Les restes de la partie instrumentale Suret éveillent de l’intérêt, et l’instrument est classé en totalité le 18 janvier 1980. Une seconde restauration complète (tribune, buffet, instrument) est décidée par les Monuments Historiques, et arrêtée en 1991. Les travaux, financés à parité par la Ville de Paris et l’Etat sont confiés à la manufacture Giroud puis réalisés entre 1994 et 1998. L’instrument Suret-Giroud est reçu par le maître d’ouvrage le 21 janvier 1999, rendu au culte et béni par l’évêque le 3 mai 1999, puis inauguré le 20 octobre 1999. Cet instrument de 42 registres, pour 39 jeux et 51 rangs de tuyaux, contient toutes les innovations de la facture parisienne de la première moitié du 19ème siècle, à l’exception notable de la machine Barker. Les trois claviers manuels ont 54 notes, et la pédale 30 (24 à l’origine). La palette sonore est très riche et colorée, avec toutes les familles de fonds (montres de 16', 8' et 4', gambes de 8' et 4', kéraulophone, bourdons, flûte de 16', 8', 4' et 2'), deux cornets (de 5 rangs chaque, en 16' et en 8'), un nasard et une grosse proportion d’anches (16 sur 39, soit 2 bombardes, 5 trompettes, 3 clairons, 2 hautbois, clarinette, voix humaine, cor anglais, basson). Les différences entre l’orgue Suret-Giroud et l’orgue Suret initial sont mineures : un plein jeu de 5 rangs est mis en place de l’Euphone, fondu en 1955 ; les jeux à anches libres disparus ont été reconstitués à anches battantes ; la console, la charpente et la mécanique disparues ou altérées en 1955 ont été reconstituées. Le buffet monumental à triple étage comprend 12 tourelles. Mélange de styles qui conduit tout de même à une très belle unité, il est réalisé en sapin, mais une peinture faux bois imite le chêne. Les boiseries et sculptures imitent aussi le bois mais sont en fait en carton-pierre. Au 19ème siècle, la musique que l’on jouait à Sainte-Élisabeth devait s’inspirer de l’opéra, si l’on en juge d’après les compositions du premier organiste de Sainte-Élisabeth, Nicolò Lorenzo, puis de celles d’Auguste Bazille. Le premier titulaire de l’instrument Suret mène en même temps une carrière de chef de chant à l’Opéra-comique, puis de professeur d’accompagnement au Conservatoire. Un de ses successeurs du début du Orgue, Musiques et Musiciens à Sainte-Élisabeth 5 20ème siècle, Félix Fourdrain (1880-1923) a également composé une trentaine d’opéras ou d’opéras comiques. Contenu de cette étude L’essentiel des archives sur la paroisse et a fortiori sur l’orgue de Sainte-Élisabeth est aujourd’hui manquant, et fort probablement perdu. Pour le 19ème, il ne reste rien si ce n’est le premier registre du conseil de fabrique (1807-1819), et une partie des archives ecclésiastiques, restreintes aux nominations des curés et à quelques lettres diverses, mais aucun compte. En l’absence de sources primaires, le travail historique a donc emprunté ici les chemins de l’enquête, avec recherche d’indices indirects et de sources secondaires. Une partie significative de ces sources secondaires est fondée sur les journaux de l’époque, que l’on commence à pouvoir consulter plus facilement grâce en particulier aux campagnes de numérisation de la Bibliothèque Nationale.