Cantons De Habsheim Et Illzach : Haut-Rhin
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INVENTAIRE GÉNÉRAL DES MONUMENTS ET DES RICHESSES ARTISTIQUES DE LA FRANCE CANTONS DE HABSHEIM ET ILLZACH HAUT- RHIN Alain Hauss, Roger Lehni, Olivia Lind, Gilbert Poinsot PHOTOGRAPHIES Bernard Couturier, Jean Erfurth, Claude Menninger, Frantisek Zvardon Ouvrage publié avec le concours de la Région Alsace LE VERGER EDITEUR Cet ouvrage a été réalisé par le Service régional de l'Inventaire général en Alsace, Direction Régionale des Affaires culturelles sous la direction de Roger Lehni Enquêtes Coordination: Gilbert Poinsot Alain Hauss, Olivia Lind, Michèle Schneider-Bardout avec la participation de Christophe Poirier Photographies avec la participation de Daniel Ziegler (p. 38 et 39) et du Musée du Papier Peint (p. 66 et 67) Rédaction avec la participation de Michèle Schneider-Bardout Cartographie Christophe Poirier Secrétariat Catherine Marco Relecture Isabelle Balsamo, Monique Chatenet et le Bureau de la Méthodologie de l'Inventaire général Nous exprimons notre vive gratitude aux municipalités, au clergé, aux habitants du canton qui ont bien voulu nous faciliter l'accès à leur patrimoine ainsi qu'au Professeur Hermann Brommer et à la Manufacture Zuber pour leur collaboration. Nous remercions le Conseil Régional d'Alsace et le Conseil Général du Bas-Rhin de leur aide financière, ainsi que l'A.D.I.M.R.A.A. (Association pour le Développement de l'Inventaire des Monuments et des Richesses Artistiques de l'Alsace) de sa collaboration à cet ouvrage. Ces Images du patrimoine ont été réalisées à partir d'un inventaire topographique mené en 1991-92 qui a abouti à la constitution de 196 dossiers d'architecture et 212 dossiers d'objets. Cette documentation est consultable à : Paris Strasbourg Centre National de Documentation du Patrimoine Centre de Documentation du Patrimoine Hôtel de Vigny Direction régionale des Affaires culturelles 10, rue du Parc Royal Palais du Rhin 75003 PARIS 2, place de la République Tél. 16 1 40 15 75 51 67082 STRASBOURG CEDEX Tél. 88 23 42 56 FRANCE. INVENTAIRE GENERAL DES MONUMENTS ET DES RICHESSES ARTISTIQUES DE LA FRANCE. Cantons de Habsheim et Illzach/Alain Hauss, Roger Lehni, Olivia Lind, Gilbert Poinsot, photogr. Bernard Couturier, Jean Erfurth, Claude Menninger, Frantiseck Zvardon Illkirch : Le Verger Editeur, 1992. - 80 p. : 111. en noir et en coul. ; 29,7 cm (Images du Patrimoine, 113). @ Inventaire général, SPADEM Le Verger éditeur Illkirch Dépôt légal : 4ème trimestre 1992 Photocomposition et gravure noir et blanc: SNC Photogravure couleur: EDISCAN GYSS Imprimeur Obernai France ISBN 2-908367-37-8 Couverture : Rixheim, façade sur jardin de la commanderie. Introduction Ottmarsheim, 53, rue du Général de Gaulle. De nombreux éléments distinguent ce logis des autres maisons d'Ottmarsheim : plan en équerre, logette, recherche décorative du pan-de-bois, poteau cornier sculpté. Cette construction de caractère exceptionnel dans le canton date des dernières décennies du XVIIe siècle. A la fin du XIXe siècle, elle fit fonction d'auberge. Un canton de Habsheim fut créé en 1795 à partir donnés en fief: Riedisheim aux Thierstein, puis aux de quinze communes des anciens cantons de comtes d'Ortenburg et cinq autres (Niffer, Brunstatt et de Landser. Illzach qui dépendait alors Petit-Landau, Hombourg, Eschentzwiller et de la ville libre de Mulhouse, n'y fut incorporé qu'en Zimmersheim), aux Andlau. Enfin, Ruelisheim 1802, tandis que Kembs en fut détaché en 1879. dépendait de la ville d'Ensisheim et Chalampé, dont En 1982 enfin, les seize communes furent réparties l'origine ne remonte qu'au XVIIIe siècle, de entre deux nouveaux cantons, celui d'Illzach et Neuenburg en Pays de Bade. celui de Habsheim qui, autour du chef lieu, regroupa Riedisheim, Rixheim, Eschentzwiller et Leur histoire, ces communes la partagent avec celle Zimmersheim. du Sundgau tout entier. Jusqu'au XVIIe siècle, leur nom est souvent cité dans les documents à propos Géographiquement, ce dernier canton recouvre de combats, de sièges ou de destructions. A partir l'extrémité nord-est des collines sundgau viennes qui du siècle suivant et pour longtemps, nos cantons dominent d'une soixantaine de mètres la terrasse furent épargnés au cours des conflits ou invasions rhénane occupée en grande partie par la Hardt. C'est qui se produisirent. En revanche, la deuxième guerre de part et d'autre de ce massif forestier que s'alignent mondiale toucha gravement la plupart des commu- les communes du canton d'Illzach, selon deux axes nes. A la fin de novembre 1944, l'offensive de la sud-nord dont l'un suit le cours de 1' Ill et l'autre, 1re Armée française fut arrêtée au nord de Mulhouse celui du Rhin. Jadis exclusivement rurale, la et durant plus de deux mois des combats se dérou- physionomie de ces cantons, proches de Mulhouse, lèrent le long d'une ligne de front qui s'étendit s'est considérablement modifiée, surtout depuis les d'Illzach à Petit-Landau. années 1960 et l'implantation des zones industrielles . de l'Ile Napoléon et d'Ottmarsheim. L'évolution Bien entendu les guerres ont considérablement démographique révèle l'ampleur de ce changement, amoindri le patrimoine, en particulier celui qui était puisque le chiffre de la population est passé de antérieur à la guerre de Trente ans. Ainsi, l'on 12076, en 1801, à 62 185, en 1990. Aujourd'hui les constate que le Moyen Age a laissé très peu de communes les plus proches de Mulhouse font partie constructions ou d'objets. Heureusement, cette de cette agglomération urbaine dont elles forment pauvreté est rachetée par la présence d'un monument la banlieue: Illzach, Sausheim et Ruelisheim au nord, majeur, l'église d'Ottmarsheim. Riedisheim, Rixheim et Habsheim, à l'est. Elle fut consacrée par le pape alsacien Léon IX lors Dans le passé, au contraire, il arriva plus d'une fois de l'un des voyages qui le ramenèrent dans son pays que la république de Mulhouse se trouvât en conflit natal entre 1049 et 1051. Un examen archéologique avec les villages des alentours, ou plutôt avec leurs montre qu'à cette époque l'église pouvait être seigneurs. Jusqu'en 1648 en effet, ils faisaient tous achevée depuis une vingtaine d'années déjà. Par son (à l'exception d'Illzach acquis par Mulhouse en parti, elle prend place dans la série d'une douzaine 1437) partie du vaste territoire des Habsbourg que d'édifices, inspirés par ce qui était alors le l'on appelle le Sundgau et qui réunissait plusieurs plus prestigieux monument de l'Occident, l'église seigneuries. Nos villages relevaient de celle de palatine de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, achevée Landser. Notons cependant que certains avaient été en 806. Parmi toutes ces imitations, Ottmarsheim est la mieux conservée et la plus fidèle au modèle dont elle constitue une interprétation simplifiée. Par ses dimensions, elle reproduit aux trois quarts environ la chapelle palatine. Alors que le collatéral de celle-ci présentait extérieurement seize pans, celui d'Ottmarsheim est octogonal. Les proportions sont différentes aussi, plus équilibrées que celles du modèle dont le volume central est plus élancé. Quant au décor, il a perdu la richesse que lui conféraient, à Aix, les mosaïques, les bronzes, les marbres et les chapiteaux antiques. Il se réduit, à l'intérieur, aux chapiteaux cubiques, et à l'extérieur, à la frise d'arceaux appareillée qui couronne l'octogone central. L'église d'Ottmarsheim se présente comme la transcription romane d'un monument carolingien. En celà, elle est particulièrement caractéristique de l'architecture ottonienne, fortement marquée par l'idée de la restauration de l'empire d'Occident qui imprégna toute l'action politique d'Otton le Grand et de ses successeurs. On peut s'étonner de l'apparition d'un édifice aussi original et chargé de signification, dans une région La carte de Cassini, de 1762, montre, à gauche, le relief du Sundgau qui s'achève autour de Mulhouse (Miilhausen). Le territoire de cette république, marqué par un pointillé, englobe Illzach et Modenheim. Plus au nord, les villages s'alignent parallèlement à la rivière l'Ill. Ceux qui sont installés dans les collines du Sundgau ou sur leur rebord sont séparés par la forêt de la Hardt des villages situés le long de la route du Rhin. Entre Petit-Landau et Hombourg figurent la tuilerie de Saint-Martin et le château de Butenheim. Ce document montre aussi le canal du Rhône-au-Rhin et l'embranchement vers Huningue qui part du carrefour de l'Ile-Napoléon. Ces ouvrages, en projet depuis 1744, furent réalisés seulement au début du XIXe siècle. pauvre et faiblement peuplée. L'explication nous en temps, de mausolée, destination à laquelle le plan est fournie par le contexte historique qui, dans ses octogonal, symbole de la Jérusalem céleste, était grandes lignes du moins, est connu. La construction particulièrement adapté. Un peu plus tard, sans de l'église d'Ottmarsheim est liée à l'émergence Séchoir à tuiles à Petit-Landau. Une restauration récente a d'un lignage promis à une haute destinée, celui des permis de conserver le souvenir de l 'ancienne tuilerie sur le site Habsbourg, qui ne portera d'ailleurs ce nom qu'à du village de Saint-Martin. Le pan-de-bois de ce séchoir à tuiles partir du XIIe siècle. A l'origine, les possessions présente des assemblages en queue d'aronde de type archaïque qui se sont maintenus jusqu'au XVIIe siècle. Lors des travaux patrimoniales de la famille se trouvaient principa- effectués en 1990, les orifices de ventilation dans le hourdis de lement en Argovie et en Alsace, dans la plaine brique du premier niveau ont été fermés. rhénane autour de la Hardt. Dans la première moitié du XII siècle, ces biens étaient partagés entre deux frères, Rudolf et Ratbot. Ce dernier se fit construire une résidence à Muri où il fonda aussi une abbaye de bénédictins; peut-être fut-il également le créateur du château de Habsburg.