ÉCOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT

Année 2010

COMPARAISON DU SUIVI MEDICAL LONGITUDINAL CONTROLE ET DES METHODOLOGIES D’ENTRAINEMENT ENTRE LES CHEVAUX DE POLO ET LES ATHLETES DE HAUT NIVEAU PRATIQUANT DES EFFORTS ANALOGUES

(HOCKEY SUR GLACE, ROLLER HOCKEY ET WATER POLO)

THESE

Pour le

DOCTORAT VETERINAIRE

Présentée et soutenue publiquement devant

LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

le…………… par Benoît STAUMONT Né le 22 juillet 1984 à Reims (MARNE)

JURY

Président : M. Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL

Membres Directeur : Dr CHRISTMANN Undine Maître de conférences à l’ENVA Assesseur : Dr ZILBERSTEIN Lucas Maître de conférences à l’ENVA

LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT Directeur : M. le Professeur MIALOT Jean-Paul Directeurs honoraires : MM. les Professeurs MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard Professeurs honoraires: MM. BRUGERE Henri, BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, CLERC Bernard, CRESPEAU François LE BARS Henri, MOUTHON Gilbert, MILHAUD Guy, ROZIER Jacques, DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP) Chef du département : Mme COMBRISSON Hélène, Professeur - Adjoint : Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences - UNITE D’ANATOMIE DES ANIMAUX DOMESTIQUES -UNITE D’HISTOLOGIE, ANATOMIE PATHOLOGIQUE Mme CREVIER-DENOIX Nathalie, Professeur M. FONTAINE Jean-Jacques, Professeur * M. DEGUEURCE Christophe, Professeur Mme BERNEX Florence, Maître de conférences Mme ROBERT Céline, Maître de conférences Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences M. CHATEAU Henry, Maître de conférences* M. REYES GOMEZ Edouard, Maître de conférences contractuel - UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE MICROBIOLOGIE, - UNITE DE VIROLOGIE IMMUNOLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur * Mme QUINTIN-COLONNA Françoise, Professeur* Mme LE PODER Sophie, Maître de conférences M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur M. FREYBURGER Ludovic, Maître de conférences - UNITE DE GENETIQUE MEDICALE ET MOLECULAIRE M. PANTHIER Jean-Jacques, Professeur - UNITE DE PHYSIOLOGIE ET THERAPEUTIQUE Mme ABITBOL Marie, Maître de conférences* Mme COMBRISSON Hélène, Professeur* M. TIRET Laurent, Maître de conférences - UNITE DE BIOCHIMIE Mme STORCK-PILOT Fanny, Maître de conférences M. MICHAUX Jean-Michel, Maître de conférences* M. BELLIER Sylvain, Maître de conférences - UNITE DE PHARMACIE ET TOXICOLOGIE Mme ENRIQUEZ Brigitte, Professeur - DISCIPLINE : ANGLAIS M. TISSIER Renaud, Maître de conférences* Mme CONAN Muriel, Professeur certifié M. PERROT Sébastien, Maître de conférences - DISCIPLINE : EDUCATION PHYSIQUE ET SPORTIVE - DISCIPLINE : ETHOLOGIE M. PHILIPS, Professeur certifié M. DEPUTTE Bertrand, Professeur DEPARTEMENT D’ELEVAGE ET DE PATHOLOGIE DES EQUIDES ET DES CARNIVORES (DEPEC) Chef du département : M. POLACK Bruno, Maître de conférences - Adjoint : M. BLOT Stéphane, Professeur - UNITE DE MEDECINE - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. FAYOLLE Pascal, Professeur * Mme CHETBOUL Valérie, Professeur M. MOISSONNIER Pierre, Professeur M. BLOT Stéphane, Professeur M. MAILHAC Jean-Marie, Maître de conférences M. ROSENBERG Charles, Maître de conférences M. NIEBAUER Gert, Professeur contractuel Mme MAUREY Christelle, Maître de conférences Mme VIATEAU-DUVAL Véronique, Maître de conférences Mme BENCHEKROUN Ghita, Maître de conférences contractuel Mme RAVARY-PLUMIOEN Bérangère, Maître de conférences (rattachée au - UNITE DE CLINIQUE EQUINE DPASP) M. DENOIX Jean-Marie, Professeur M. ZILBERSTEIN Luca, Maître de conférences M. AUDIGIE Fabrice, Professeur* M. JARDEL Nicolas, Praticien hospitalier Mme GIRAUDET Aude, Praticien hospitalier - UNITE D’IMAGERIE MEDICALE Mlle CHRISTMANN Undine, Maître de conférences Mme BEGON Dominique, Professeur* Mme MESPOULHES-RIVIERE Céline, Maître de conférences Mme STAMBOULI Fouzia, Praticien hospitalier contractuel - DISCIPLINE : OPHTALMOLOGIE Mme PRADIER Sophie, Maître de conférences contractuel Mme CHAHORY Sabine, Maître de conférences M. CARNICER David, Maître de conférences contractuel - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES - UNITE DE REPRODUCTION ANIMALE M. CHERMETTE René, Professeur * Mme CHASTANT-MAILLARD Sylvie, Professeur M. POLACK Bruno, Maître de conférences (rattachée au DPASP) M. GUILLOT Jacques, Professeur M. NUDELMANN Nicolas, Maître de conférences Mme MARIGNAC Geneviève, Maître de conférences M. FONTBONNE Alain, Maître de conférences* M. HUBERT Blaise, Praticien hospitalier M. REMY Dominique, Maître de conférences (rattaché au DPASP) M. BLAGA Radu Gheorghe, Maître de conférences contractuel M. DESBOIS Christophe, Maître de conférences - UNITE DE MEDECINE DE L’ELEVAGE ET DU SPORT Mme CONSTANT Fabienne, Maître de conférences (rattachée au M. GRANDJEAN Dominique, Professeur * DPASP) Mme YAGUIYAN-COLLIARD Laurence, Maître de conférences contractuel Mme DEGUILLAUME Laure, Maître de conférences contractuel - DISCIPLINE : NUTRITION-ALIMENTATION (rattachée au DPASP) M. PARAGON Bernard, Professeur - DISCIPLINE : URGENCE SOINS INTENSIFS Mme Françoise ROUX, Maître de conférences DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP) Chef du département : M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences - Adjoint : Mme DUFOUR Barbara, Professeur - UNITE DES MALADIES CONTAGIEUSES - UNITE DE ZOOTECHNIE, ECONOMIE RURALE M. BENET Jean-Jacques, Professeur* M. COURREAU Jean-François, Professeur Mme HADDAD/ HOANG-XUAN Nadia, Professeur M. BOSSE Philippe, Professeur Mme DUFOUR Barbara, Professeur Mme GRIMARD-BALLIF Bénédicte, Professeur Melle PRAUD Anne, Maître de conférences contractuel Mme LEROY Isabelle, Maître de conférences - UNITE D’HYGIENE ET INDUSTRIE DES ALIMENTS M. ARNE Pascal, Maître de conférences D’ORIGINE ANIMALE M. PONTER Andrew, Professeur* M. BOLNOT François, Maître de conférences * - UNITE DE PATHOLOGIE MEDICALE DU BETAIL ET DES M. CARLIER Vincent, Professeur ANIMAUX DE BASSE-COUR Mme COLMIN Catherine, Maître de conférences M. MILLEMANN Yves, Maître de conférences * M. AUGUSTIN Jean-Christophe, Maître de conférences Mme BRUGERE-PICOUX Jeanne, Professeur (rattachée au DSBP) - DISCIPLINE : BIOSTATISTIQUES M. ADJOU Karim, Maître de conférences M. DESQUILBET Loïc, Maître de conférences contractuel M. TESSIER Philippe, Professeur contractuel M. BELBIS Guillaume, Maître de conférences contractuel * Responsable de l’Unité

REMERCIEMENTS

Au Professeur de la Faculté de Médecine de Créteil, Qui m’a fait l’honneur d’accepter la présidence de mon jury de Thèse, Hommage respectueux.

Au Dr Undine CHRISTMANN, Maître de Conférences à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, Qui m’a fait l’honneur de reprendre et de diriger ce travail, Merci pour son aide, sa disponibilité, sa gentillesse, sa compréhension et son efficacité pendant toute la finition de mon travail.

Au Dr Luca ZILBERSTEIN, Maître de Conférences à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, Qui m’a fait l’honneur et le plaisir d’être mon assesseur, Merci pour son enthousiasme, sa confiance, et bien sûr pour sa rapidité de correction.

Au Dr Aude GIRAUDET, « Praticien Hospitalier » à la Clinique Equine de l’ENVA, Pour avoir instauré ce travail et pour votre aide dans sa réalisation, Je ne vous remercierai jamais assez et vous apporterai tout mon soutien dans les épreuves à venir. Mon respect éternel.

A tous les acteurs de cette thèse, je pense notamment à William « Rockett » RICHARD, à Romain CHASTAGNIER, à Stanislas CLAVEL, mais également à l’ensemble des personnes avec qui j’ai eu l’occasion d’être en contact et qui m’ont tant aidé dans ce travail, cordialement.

A l’amour de ma vie, sans qui je ne serai rien… Je te dois tellement, pour tous ces moments de joie, de bonheur et de galère, et tous ceux à venir. Pour ton soutien, ton aide et ton

support dans les moments difficiles, mais pour tous ces instants magiques que tu m’offres à tes côtés. Tmaé.

A mes parents, mes frères, ma famille, ma « famille d’adoption », pour leur amour, leur soutien, tout ce qu’ils ont fait et font pour moi aveuglement, pardon pour mon absence, et au plaisir et au bonheur de vous retrouver, même si je suis peu démonstratif, je vous aime.

A Aude, Céline, Sophie, Mémère, le « doc », Luca, et toute l’équipe, pour la joie et le plaisir d’avoir travaillé avec vous, pour m’avoir construit comme je suis, humainement et professionnellement, merci d’avoir couvé mon cocon, et un énorme merci à Céline pour me permettre de m’envoler de mes propres ailes, je ne vous oublierai jamais.

A mini, pour toutes ces années de coloc, de trip, de bonne entente, mes amitiés éternelles. A dame zézétte, pour tous ces moments partagés, nos délires et une si bonne année de T1. A barbie, reviens nous vite, le grisby et nos soirées ont tant besoin de toi… A luciole et dame beuuuulet, tellement de détente et de bons moments autour de ce chalet ! A claire, pour avoir survécu à kaboul et t’être accroché avec moi, dans les instants les plus difficiles, dans la joie et la bonne humeur. A la cousine, pour son enthousiasme, sa sympathie et toutes nos rigolades ! A ben, émilie, léo, marie, nono, bichette, thérèse, linou et les autres, ces supers années que je ne peux oublier, maintenant que chacun est parti, vive nos retrouvailles !

A guillaume et caro, pour m’avoir tant appris, votre confiance et votre gentillesse, j’espère vous retrouver au plus vite !

A mon xav et à babou, pour tous ces instants partagés tous ensemble…

A fanfan, celle sans qui je ne serai pas le même aujourd’hui, qui m’a permis d’accomplir tant de choses, de m’accrocher à mes rêves et d’y parvenir.

A carré, unique, eva, et les autres, qui m’ont offert stant de joie équestres et qui nous ont quitté… A loyd, câline, pinpin, cookie, vous me manquez tant.

A toutes celles et ceux que j’ai pu oublier, ne m’en voulez pas, ces quelques lignes sont pour vous !

TABLE DES MATIERES

TABLE DES ILLUSTRATIONS……………………………………………………………...5

INTRODUCTION……………………………………………………………………………...7

Première partie : SUIVI MEDICAL LONGITUDINAL CONTROLE DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU……...…………………………………………………………….………9 A. Organisation du sport de haut niveau en France……..……………………..………… 11 1. Commission nationale des sports de haut niveau……………………………... 12 2. Reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives…...... 12 3. Compétitions de référence…………………………………………………….. 12 4. Listes des sportifs reconnues par le ministère…………………………………. 13 4.1. La liste des spor tifs de haut niveau………………………………. 13 4.2. La liste des sportifs espoirs………………………………………. 14 4.3. La liste des parten aires d’entraînement…………………………... 14 5. Les filières d’accès au sport de haut niveau…………………………………… 14 B. La mise en place du suivi médical des sportifs de haut niveau et espoirs …..……….. 15 1. Avant 1999…………………………………………………………………….. 15 2. Après 1999…………………………………………………………………….. 16 2.1. La loi du 23 mars 1999…………………………………………... 16 2.2. L’arrêté du 28 avril 2000………………………………………… 16 2.3. Le décret du 6 février 2004 et l’arrêté du 11 février 2004……….. 16 2.4. L’arrêté du 16 juin 2006…………………………………………. 16 3. Tableau récapitulatif…………………………………………………………... 21 C. Objectifs du suivi médical longitudinal contrôlé……………………………………... 23 1. Protection et prév ention de la santé des sportifs……………………………..... 23 2. Prévention du dopage………………………………………………………….. 23 3. Objectifs de santé publique…………………………………………………..... 24 4. Optimisation de la performance……………………………………………….. 25 5. Objectif épidémiologique……………………………………………………… 25 D. Organisation et gestion du suivi médical longitudinal contrôlé………………………. 25 1. Rôle des fédérations…………………………………………………………… 25 2. Sportifs concernés……………………………………………………………... 26 3. Financement et moyens mis en œuvre………………………………………… 27 4. Lieux d’examens……………………………………………………………..... 29 5. Recueil des résultats…………………………………………………………… 29 6. Gestion des anomalies………………………………………………………..... 29 E. Les différents éléments du suivi médical longitudinal contrôlé et leur intérêt chez le sportif de haut niveau…………………………………………………………………. 30 1. Consultation médicale………………………………………………………..... 30 1.1. L’entretien………………………………………………………... 30 1.2. Les mesures anthropométriques………………………………….. 32 1.3. L’examen clinique……………………………………………….. 34 1.4. Le bilan diététique………………………………………………... 34 1.5. Le bilan psychologique…………………………………………... 35

1 2. Examen cardiovasculaire……………………………………………………… 36 2.1. L’intérêt du dépistage cardiovasculaire chez le sportif de haut niveau…………………………………………………………………. 36 2.2. L’électrocardiogramme…………………………………………... 39 2.3. L’échocardiographie……………………………………………... 42 2.4. L’épreuve d’effort………………………………………………... 43 3. Examens biologiques………………………………………………………….. 45 3.1. L’examen sanguin………………………………………………... 45 3.2. L’examen urinaire………………………………………………... 47 4. Examen dentaire……………………………………………………………….. 48

Deuxième partie : METHODOLOGIES D’ENTRAINEMENT CHEZ LES ATHLETES DE HAUT NIVEAU…..……………………………………………………………………..... 51 A. Principes généraux de l’entraînement physique ……………………………………... 53 1. Spécificité de l’entraînement………………………………………………….. 53 1.1. Les facteurs limitants…………………………………………….. 53 1.2. Les incompatibilités……………………………………………… 54 1.3. Quels exercices réaliser ? ………………………………………... 54 2. Progressivité de l’entraînement………………………………………………... 54 3. Individualisation de l’entraînement…………………………………………… 55 4. Continuité de l’entraînement…………………………………………………... 55 5. Planification de l’entraînement………………………………………………... 56 6. Importance de la récupération…………………………………………………. 56 6.1. Théorie de la surcompensation…………………………………... 56 6.2. Théorie des effets cumulés……………………………………….. 57 6.3. Cycles de récupération…………………………………………… 59 7. Préparation physique générale (PPG)…………………………………………. 59 B. Méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en hockey sur glace…….. 60 1. Présentation du hockey sur glace……………………………………………… 60 1.1. Historique……………………………………………………….... 60 1.2. Principe de jeu et règles………………………………………….. 61 1.3. Fédération des sports de glace et fédération de hockey sur glace... 62 2. Eléments de physiologie appliqués aux joueurs de hockey sur glace…………. 63 2.1. Analyse du jeu du hockey sur glace…………………………….... 63 2.2. Caractéristiques physiques, anthropométriques et musculosquelettiques des hockeyeurs……………………………….... 64 2.3. Caractéristiques physiologiques des hockeyeurs……………….... 67 2.4. Etude de quelques paramètres physiologiques en relation avec l’adaptation à l’exercice………………………………………………. 71 2.5. Exemple d’adaptation physiologique du hockeyeur à l’effort intense : le système cardio-vasculaire……………………………….... 74 2.6. Conclusions……………………………………………………..... 75 3. Entraînement des athlètes de haut niveau en hockey sur glace……………….. 76 3.1. Etude d’un exemple……………………………………………… 76 3.2. Programmes d’entraînement spécifiques………………………… 78 3.3. Les tests de performance…………………………………………. 84 C. Méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en roller in line hockey… 91 1. Présentation du roller in line hockey………………………………………….. 91 1.1. Historique……………………………………………………...…. 91 1.2. Principe de jeu et règles………………………………………….. 91 1.3. Fédération française de roller skating et organisation internationale de la discipline.……………………………………...… 93

2 2. Etude bibliographique…………………………………………………………. 93 2.1. Etat actuel des connaissances scientifiques……………………… 94 2.2. Différences majeures entre le roller hockey et le hockey sur glace…………………………………………………………………... 94 2.3. Différences entre le type de blessures et leur survenue entre le roller hockey et le hockey sur glace………………………………….. 96 3. Entraînement des athlètes de haut niveau en roller hockey…………………… 97 3.1. Etude d’un exemple……………………………………………… 97 3.2. Un exemple d’entraînement spécifique : la préparation physique en salle…….………………………………………………………….. 99 3.3. Entraînement sur le terrain……………………………………...... 101 D. Méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en water polo…………… 102 1. Présentation du water polo…………………………………………………….. 102 1.1. Historique……………………………………………………...…. 102 1.2. Principe de jeu et règles………………………………………….. 103 1.3. Fédération française de natation et fédération de water polo…..... 104 2. Eléments de physiologie appliqués aux poloïstes……………………………... 104 2.1. Analyse du jeu du water polo…………………………………...... 105 2.2. Exigences physiques et physiologiques du water polo…………... 105 2.3. Caractéristiques physiques des joueurs de water polo…………… 110 2.4. Caractéristiques physiologiques des joueurs de water polo……… 110 2.5. Exemple d’adaptation physiologique du poloïste à l’effort intense : le système cardio-vasculaire………………………………… 112 2.6. Conclusions………………………………………………………. 113 3. Entraînement des athlètes de haut niveau en water polo……………………… 113 3.1. Etude d’un exemple……………………………………………… 114 3.2. Description de techniques de base : le rétropédalage et la détente hors de l’eau…………………………………………………………... 117 3.3. Les tests de performance…………………………………………. 117

Troisième partie : ACTUALITES ET PERSPECTIVES D’AVENIR CHEZ LES CHEVAUX DE POLO……………………………………………………………………………………… 119 A. Présentation du polo……………………………………………………………...... 121 1. Historique……………………………………………………………………… 121 2. Principe de jeu et règles……………………………………………………….. 122 3. Fédération française de polo et organisation internationale de la discipline…………………………………………………………………………… 123 B. Suivi médical des chevaux de polo…………………………………………………… 124 1. La visite d’achat……………………………………………………………….. 124 1.1. Aspect financier………………………………………………….. 124 1.2. Aspect médical…………………………………………………… 125 1.3. Aspect locomoteur……………………………………………….. 126 1.4. Aspect administratif……………………………………………… 128 2. Suivi médical du cheval au cours de la saison………………………………… 128 2.1. Gestion des blessures traumatiques aiguës……………………..... 128 2.2. Gestion des lésions musculosquelettiques de fatigue………...….. 129 2.3. Gestion de la contre-performance………………………………... 132 2.4. Gestion de la nutrition……………………………………………. 132 2.5. Soins réguliers……………………………………………………. 133 2.6. Bilan……………………………………………………………… 133 3. Vers un SMLC chez les chevaux de polo ? …………………………..………. 133

3 C. Méthodologie d’entraînement des chevaux de polo…………………………..……… 134 1. Eléments de physiologie appliqués aux chevaux de polo……………………... 134 1.1. Analyse du jeu, des stratégies et des handicaps au polo…………. 135 1.2. Caractéristiques des chevaux de polo……………………………. 136 1.3. Exigences cardiovasculaires du jeu de polo……………………… 137 1.4. Etude de quelques paramètres physiologiques en relation avec l’adaptation à l’exercice………………………………………………. 138 1.5. Conclusions………………………………………………………. 140 2. Entraînement des athlètes de haut niveau en polo…………………………….. 140 2.1. Etude d’un exemple……………………………………………… 141 2.2. Exemple de test de terrain………………………………………... 142 2.3. Techniques de récupération en post-effort……………………….. 143 3. Vers une approche plus scientifique des méthodologies d’entraînement chez les chevaux de polo ?………….……………………………………………… 144 D. Approche comparative du polo, du hockey sur glace, du roller hockey et du 144 water polo……………………………………………………………………………...

CONCLUSION………………………………………………………………………………… 147

BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………….. 149

ANNEXES…………………………………………………………………………………….. 155

4 TABLE DES ILLUSTRATIONS

FIGURES :

Figure 1 : Evolution d’une variable physiologique lors de la répétition d’un exercice (d’après TCHAGOVETS)(61)………………………………………………………………...……… 58

Figure 2 : Test Repeat Sprint Skate, par REED et al. (24,73)………………………………….... 86

Figure 3 : Modèles de tests de performance, par GREER et al. (37)…………………………… 88

Figure 4 : Test proposé par RHODES et TWIST afin de déterminer l’endurance aérobie des 89 hockeyeurs (24)…………………………………………………………………………………………

TABLEAUX :

Tableau 1 : Surveillance médicale obligatoire des sportifs de haut niveau et espoirs (décret 2004-120 du 6 février 2004 et arrêté du 16 juin 2006)…………………………………………… 22

Tableau 2 : Nombre de sportifs de haut niveau ou « espoirs » ayant satisfait aux obligations de suivi médical complet au cours de l’année, rapporté au nombre total de sportifs de haut niveau ou espoirs……………………………………………………………………………………….. 27

Tableau 3 : Comparaison du budget alloué à la médecine fédérale entre 2001 et 2004……... 28

Tableau 4 : Classification des stades de maturation pubertaire selon l’échelle de TANNER (83)………………………………………………………………………………………………………. 33

Tableau 5 : Causes cardiovasculaires de mort subite à l’effort chez de jeunes sportifs de haut niveau aux Etats-Unis (22,55)………………………………………………………………….. 37

Tableau 6 : Causes cardiovasculaires de mort subite à l’effort chez de jeunes sportifs de haut niveau (n=46) en Italie (21)…………………………………………………………………….. 38

Tableau 7 : Eléments échocardiographiques permettant de distinguer une hypertrophie physiologique (« cœur d’athlète ») et une hypertrophie pathologique (CMH) (2)……………. 43

Tableau 8 : Programme d’entraînement type, effectué sur une semaine, de Romain CHASTAGNIER, ailier gauche évoluant au Cercle des Nageurs Noiséens……………………. 115

5 6 INTRODUCTION

Le sport de haut niveau représente l’excellence sportive. Il est reconnu par différents textes législatifs et réglementaires, et par la charte du sport de haut niveau qui consacre l’exemplarité du sportif de haut niveau. Le sportif de haut niveau est perçu au sein de la population comme une personne d’exception, personnifiant la maxime « un esprit sain dans un corps sain ». Il véhicule également une image de la notoriété du pays au travers de l’ensemble des grandes compétitions internationales dans le monde.

Dans un premier temps, nous présenterons comment la santé de ces sportifs humains est suivie et contrôlée scrupuleusement par le biais du suivi médical longitudinal contrôlé (SMLC), qui est réglementé et codifié par divers textes législatifs (6, 7, 8, 26, 27, 46). Ce suivi, mis en place afin de prévenir et de protéger la santé des sportifs de haut niveau, mais également à prévenir les athlètes des risques et des dangers du dopage, est pris en charge au sein des fédérations sportives, par l’intermédiaire des médecins fédéraux. Ainsi, des médecins du sport, des préparateurs physiques, des kinésithérapeutes, des entraîneurs, gravitent autour de ces sportifs dans un but commun : accroître leurs performances sportives tout en garantissant leur santé. Les athlètes équins de haut niveau ne peuvent se prévaloir d’un tel suivi à l’heure actuelle. Cependant, le vétérinaire intervient comme garant de la santé de l’ensemble des acteurs du jeu de polo et a également un rôle de prévention et de conseil dans la lutte antidopage (51,72).

Dans un deuxième temps, nous aborderons les disciplines du hockey sur glace, du roller hockey, du water polo et du polo, qui sont des disciplines dites « explosives », avec des efforts intenses et répétés sur de courtes périodes, s’entremêlant sur un travail de fond au cours d’un match. Ces sports collectifs, très spectaculaires et passionnants pour le grand public, présentent de très nombreuses similitudes, malgré les apparentes différences et les milieux opposés qui les entourent. Ainsi, les grands principes fondamentaux de l’entraînement physique (61) et les méthodologies d’entraînement se recoupent aisément, tout comme la physiologie de l’effort chez les athlètes de haut niveau pratiquant ces disciplines. La physiologie comparée de ces disciplines (24, 41, 51, 62, 72, 82, 84) révèle une intrication étroite des différentes filières bioénergétiques, où le métabolisme anaérobie, lactique et surtout alactique, joue un rôle majeur. Des études scientifiques encore trop peu nombreuses et peu ciblées tendent à démontrer les fondements de telles approches, dans des milieux aussi variés, où le recours à des pratiques empiriques demeure encore de nos jours le concept fondamental de l’entraînement.

7 8

Première partie :

SUIVI MEDICAL LONGITUDINAL CONTROLE DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU

9 10 A – Organisation du sport de haut niveau en France

Le sport de haut niveau regroupe les meilleurs athlètes, toutes disciplines confondues. Ces sportifs représentent la France au plan international lors des compétitions majeures. De ce fait, ils se doivent d’être exemplaires en termes d’éthique sportive. En effet, la médiatisation des grands évènements sportifs font de ces athlètes un modèle vis-à-vis de la jeunesse et des sportifs amateurs.

La mise en place du sport de haut niveau résulte d’une politique de service public conçue au sein du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports, et de la Vie associative, en concertation avec les fédérations, qui jouent un rôle majeur, mais également avec le mouvement sportif.

1 – Commission nationale des sports de haut niveau

La commission nationale des sports de haut niveau est une instance de concertation nationale, où sont décidées les grandes orientations en matière de sport de haut niveau.

Elle est présidée par le ministre chargé des sports et comprend des représentants de l’Etat, du CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français), des sportifs de haut niveau, des représentants des collectivités territoriales et des personnalités qualifiées.

La CNSHN (Commission Nationale des Sports de Haut Niveau) :

- définit les orientations de la politique nationale du sport de haut niveau ;

- reconnaît le caractère de haut niveau des disciplines sportives ;

- détermine pour chaque discipline de haut niveau les critères permettant de définir la qualité de sportif de haut niveau, d’entraîneur de haut niveau, d’arbitre et de juge sportif de haut niveau, de sportif espoir et de partenaire d’entraînement ;

- émet un avis sur le nombre de sportifs susceptibles d’être inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau, le nombre d’entraîneurs de haut niveau, le nombre d’arbitres et juges sportifs de haut niveau, le nombre de sportifs qui sont susceptibles d’être inscrits sur la listes de sportifs espoirs et sur la liste de partenaires d’entraînement ;

- formule un avis sur la validation des filières d’accès au sport de haut niveau ;

- définit les critères de sélection des sportifs aux compétitions organisées sous la responsabilité du Comité International Olympique (CIO) dont les jeux olympiques.

Depuis 2002, l’Etat a décentralisé une partie de cette commission nationale en créant des commissions régionales des sports de haut niveau. Celles-ci représentent la commission nationale des sports de haut niveau à l’échelle de la région et veille à la mise en œuvre, dans leur ressort territorial, des orientations de la politique nationale du sport de haut niveau.

11 2 – Reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives

La reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives se fait sur décision de la Commission Nationale des Sports de Haut Niveau, à la demande de la fédération délégataire pour l’accession d’une ou de plusieurs disciplines pouvant y prétendre. Cette reconnaissance est accordée pour la durée d’une olympiade.

La schématisation du dispositif de reconnaissance du caractère de haut niveau d’une discipline est située en annexe (annexe 1).

Toutes les disciplines olympiques et paralympiques sont automatiquement reconnues comme étant des disciplines sportives de haut niveau. Il y a actuellement 83 disciplines olympiques, dont 69 disciplines représentées aux Jeux olympiques d’été et 14 pour les Jeux Olympiques d’hiver. Dans le domaine paralympique, 25 sports sont pratiqués, 20 sont représentés aux Jeux Olympiques d’été et 5 pour les Jeux Olympiques d’hiver.

Les autres disciplines doivent répondre à différents critères pour prétendre accéder à la reconnaissance en tant que discipline de haut niveau. Les conditions à remplir pour obtenir cette reconnaissance sont situées en annexe (annexe 2).

Suite à une refonte du ministère, ces mêmes disciplines doivent désormais faire l’objet d’une procédure de reconnaissance, impliquant le dépôt d’un dossier, qui sera instruite par la Commission Nationale du Sport de Haut Niveau. Deux types de dossier sont en vigueur :

- un dossier de première demande de reconnaissance du caractère de haut niveau ;

- un dossier de renouvellement.

La liste des disciplines sportives reconnues de haut niveau pour l’olympiade 2005-2009 est située en annexe (annexe 3).

3 – Compétitions de référence

Les compétitions de référence correspondent aux compétitions officielles figurant au calendrier des fédérations sportives internationales et conduisant à l’établissement d’un classement mondial de référence.

Ce sont :

- les Jeux Olympiques ;

- les championnats du Monde ;

- les championnats d’Europe.

12 4 – Listes des sportifs reconnues par le ministère (39)

Le ministère reconnaît 3 listes de sportifs, qui sont :

- les sportifs de haut niveau ;

- les sportifs espoirs ;

- une liste des partenaires d’entraînement.

C’est le ministre chargé des sports qui a autorité pour l’inscription des sportifs sur ces listes. Celle-ci se fait annuellement sur propositions des DTN (Directeurs Techniques Nationaux) de chaque fédération.

Le nombre de sportifs inscrits sur ces listes est défini en fonction de quotas attribués par le CNSHN (Commission Nationale du Sport de Haut Niveau). Les seuls sportifs pouvant être inscrits sont ceux pratiquant une discipline reconnue de haut niveau.

4.1 – La liste des sportifs de haut niveau

La création de la liste des sportifs de haut niveau date de 1982 par le ministre des sports de l’époque. Ces sportifs bénéficient de différentes aides afin de favoriser la gestion optimale de leur carrière sportive. Ainsi, ils ont droit à :

- des aides financières de la part de l’Etat ;

- une aide à la formation et aux concours ;

- une aide à l’insertion professionnelle ;

- des aménagements d’emplois, de façon à ce qu’ils puissent assumer leurs différents entraînements et compétitions.

Les sportifs de haut niveau sont eux-mêmes classés en 4 catégories au sein de cette liste, définies selon les termes du ministère :

- la catégorie Jeune : peut être inscrit dans la catégorie Jeune le sportif sélectionné dans une équipe de France par la fédération concernée pour préparer les compétitions internationales officielles de sa catégorie d’âge figurant au calendrier des fédérations internationales et conduisant à la délivrance d’un titre international ou à l’établissement d’un classement international. L’inscription dans cette catégorie est valable un an. Elle peut être renouvelée dans les mêmes conditions.

- la catégorie Sénior : peut être inscrit dans cette catégorie, le sportif sélectionné par la fédération délégataire concernée dans une équipe de France pour préparer les compétitions internationales officielles figurant au calendrier des fédérations internationales durant l’olympiade en cours et conduisant à la délivrance d’un titre international ou à l’établissement d’un classement international. L’inscription dans cette catégorie est valable un an. Elle peut être renouvelée dans les mêmes conditions.

13 - la catégorie Elite : peut être inscrit dans cette catégorie, le sportif qui réalise aux jeux Olympiques, aux championnats du monde, aux championnats d’Europe ou dans des compétitions dont la liste est fixée par la Commission nationale du sport de haut niveau, une performance ou obtient un classement significatif, soit à titre individuel, soit en qualité de membre titulaire d’une équipe de France, dans les conditions définies par la Commission nationale du sport de haut niveau. L’inscription dans cette catégorie est valable deux ans. Elle peut être renouvelée dans les mêmes conditions.

- la catégorie Reconversion : peut être inscrit dans la catégorie Reconversion le sportif qui a été inscrit sur la liste des sportifs de haut niveau dans la catégorie Elite ou qui a été inscrit sur cette liste dans les catégories autres que la catégorie Reconversion pendant quatre ans, dont trois ans au moins dans la catégorie Senior, qui cesse de remplir les conditions d’inscription dans les catégories Elite, Senior ou Jeune et qui présente un projet d’insertion professionnelle. L’inscription dans la catégorie Reconversion est valable un an. Elle peut être renouvelée pour la même durée dans la limite de cinq ans. Selon les données du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, le nombre de sportifs recensés sur la liste des sportifs de haut niveau au 22 juillet 2008 est de 6500 athlètes.

4.2 – La liste des sportifs espoirs

Les sportifs espoirs correspondent à de jeunes sportifs de 12 ans au moins, qui présentent des compétences sportives notables, attestées par le directeur technique national de la fédération concernée. Néanmoins, ces athlètes ne remplissent pas les conditions requises pour figurer sur la liste des sportifs de haut niveau. Ils bénéficient cependant d’un soutien financier ou d’une aide à la formation en fonction.

Selon les données du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, le nombre de sportifs recensés sur la liste des sportifs espoirs au 22 juillet 2008 est de 9000 athlètes.

4.3 – La liste des partenaires d’entraînement

Les partenaires d’entraînement correspondent aux athlètes qui participent à la préparation des équipes de France pratiquant une discipline pour laquelle l’entraînement avec des partenaires est obligatoire, tels que les sports de raquette ou les sports de combat.

5 – Les filières d’accès au sport de haut niveau

Les filières d’accès au sport de haut niveau existent depuis 1995. Elles succèdent aux sections sport-études (1974 à 1984) et aux CPEF (Centres Permanents d’Entraînement et de Formation).

Ces filières tiennent compte des besoins du sportif, depuis le moment où il est repéré comme « sportif à fort potentiel » jusqu’à l’aboutissement de sa carrière internationale et de

14 son insertion professionnelle, même si celle-ci s’effectue au-delà du terme de sa carrière sportive. Elles doivent être particulièrement performantes dans trois domaines :

- la préparation sportive ;

- la formation scolaire, universitaire ou professionnelle ;

- le suivi personnalisé.

Les filières d’accès au sport de haut niveau sont construites sport par sport (parfois même discipline par discipline), notamment à partir d’un réseau de "pôles" qui offrent aux sportifs les meilleures conditions d’accueil. C’est la commission nationale du sport de haut niveau qui valide chaque filière pour une durée pluriannuelle (l’olympiade) garantissant ainsi les stratégies fédérales à tous les partenaires aux sportifs de haut niveau.

Elles sont labellisées par la Commission Nationale des Sports de Haut Niveau selon un cahier des charges précis. Cette labellisation classe les pôles en deux catégories :

- les pôles Espoirs : ce sont des structures regroupant principalement des sportifs du collectif espoir et répondant au cahier des charges du niveau correspondant ;

- le pôle France : ce sont des structures regroupant principalement des sportifs du collectif Équipe de France ou du collectif France Jeunes et répondant au cahier des charges des niveaux correspondants.

B – La mise en place du suivi médical des sportifs de haut niveau et espoirs

1 – Avant 1999

Avant 1999, le suivi médical des sportifs de haut niveau et espoirs était régi par le décret 87-473 du 1er juillet 1987 (26), relatif à la surveillance médicale des activités physiques et sportives.

L’article 5 de ce décret impose une surveillance médicale particulière pour ces athlètes, effectuée par des médecins titulaires du certificat d’études supérieures ou de la capacité de biologie et de médecine sportive.

L’article 6 fait déjà mention d’une délégation aux fédérations sportives afin d’assurer l’organisation de la surveillance médicale particulière de ces sportifs. Ainsi, « elles veillent à la santé du sportif et prennent à cet effet les dispositions nécessaires, notamment en ce qui concerne la nature des entraînements, les modes de sélection et le calendrier des épreuves. Elles déterminent […] la nature des examens médicaux et leur fréquence, qui est au minimum de trois examens durant la saison sportive. »

En plus de ces exigences règlementaires, en 1998, la Fédération Française de Cyclisme, avant que n’éclate le scandale du dopage sur le tour de France de cette même année, impose

15 aux cyclistes inscrits en catégorie Elite des examens médicaux cliniques et biologiques obligatoires à renouveler.

2 – Après 1999

2.1 – La loi du 23 mars 1999

Cette loi du 23 mars 1999 (46) fait suite au scandale du dopage sur le tour de France cycliste de 1998. Cette loi est codifiée dans le code de la santé publique le 15 juin 2000. Elle est située en annexe de ce rapport (annexe 4).

Cette loi est directement inspirée du suivi médical longitudinal contrôlé de la Fédération Française de Cyclisme. Elle étend ce suivi médical, mais ne précise pas les modalités de mise en œuvre de cette surveillance, qui est définie par :

- l’arrêté du 28 avril 2000 ;

- remplacé par l’arrêté du 11 février 2004 ;

- modifié en partie par l’arrêté du 16 juin 2006 ;

- le décret n° 2004-10 du 6 février 2004, voté en conseil d’Etat.

2.2 – L’arrêté du 28 avril 2000

Cet arrêté du 28 avril 2000 (6) précise, par le biais de l’article 4, que les résultats médicaux doivent être transmis au médecin fédéral et inscrits dans le livret médical individuel de chaque sportif. Il est situé en annexe de ce rapport (annexe 5).

2.3 – Le décret du 6 février 2004 et l’arrêté du 11 février 2004

Ce décret du 6 février 2004 et cet arrêté du 11 février 2004 ont été entrepris car la surveillance médicale était trop coûteuse et inadaptée aux différentes disciplines sportives de haut niveau. Ils ont été mis en annexe dans ce rapport (annexes 6 et 7 respectivement).

16 2.3.1 – Le décret du 6 février 2004 (27)

Ce décret insère des dispositions supplémentaires dans le code de la santé publique, notamment :

- Art. R. 3621-1. : cette surveillance médicale particulière a pour but de prévenir les risques sanitaires inhérents à la pratique sportive intensive ;

- Art. R. 3621-2. : les fédérations sportives doivent assurer l’organisation de la surveillance médicale particulière à laquelle sont soumis leurs licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ainsi que leurs licenciés inscrits dans les filières d’accès au sport de haut niveau ;

- Art. R. 3621-3. : il définit la nature et la périodicité des examens médicaux, communs à toutes les disciplines sportives, et il détermine également la nature et la périodicité des examens complémentaires qui peuvent être réalisés pour une discipline sportive spécifique.

2.3.2 – L’arrêté du 11 février 2004 (7)

Il remplace l’arrêté du 28 avril 2000. Il fixe, par différents articles, la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L.3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique :

- L’article 1 mentionne que les sportifs susvisés doivent effectuer les examens suivants :

• Un examen médical réalisé, selon les recommandations de la Société française de médecine du sport et des autres sociétés savantes concernées, par un médecin diplômé en médecine du sport.

• Une recherche par bandelette urinaire de protéinurie, glycosurie, hématurie, nitrites.

• Un électrocardiogramme standardisé de repos avec compte rendu médical.

• Une échocardiographie transthoracique de repos avec compte rendu médical.

• Une épreuve d’effort d’intensité maximale (couplée, le cas échéant, à la mesure des échanges gazeux et à des épreuves fonctionnelles respiratoires) réalisée par un médecin, selon des modalités en accord avec les données scientifiques actuelles, en l’absence d’anomalie apparente à l’examen clinique cardio-vasculaire de repos et aux deux examens précédents. Cette épreuve d’effort vise à dépister d’éventuelles anomalies ou inadaptations survenant à l’effort, lesquelles imposeraient alors un avis spécialisé.

• Un examen dentaire certifié par un spécialiste.

Les examens ci-dessus doivent être réalisés dans les trois mois qui précèdent l’inscription sur la liste des sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs Espoirs.

17 - L’article 2 précise que le contenu des examens permettant la surveillance médicale des sportifs visés à l’article L. 3621-2 du code de la santé publique comprend :

• Deux fois par an :

 Un examen médical réalisé par un médecin diplômé en médecine du sport comprenant :

- un entretien ;

- un examen physique ;

- des mesures anthropométriques ;

- un bilan diététique, des conseils nutritionnels et un bilan psychologique, aidés si besoin par des avis spécialisés coordonnés par le médecin selon les règles de la profession.

 Une recherche par bandelette urinaire de protéinurie, glycosurie, hématurie, nitrites.

• Une fois par an :

 Un examen dentaire certifié par un spécialiste ;

 Un examen électrocardiographique standardisé de repos avec compte rendu médical ;

 Un examen biologique pour les sportifs de plus de quinze ans, mais avec autorisation parentale pour les mineurs, comprenant :

- numération-formule sanguine ;

- réticulocytes ;

- ferritine.

• Une fois tous les quatre ans, une épreuve d’effort maximale telle que précisée à l’article 1er.

• Les candidats à l’inscription sur la liste des sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs Espoirs qui ont bénéficié de l’échocardiographie alors qu’ils étaient âgés de moins de quinze ans doivent renouveler cet examen entre dix-huit et vingt ans.

- L’article 3 précise en outre que les examens prévus une fois par an à l’article 2 ne seront pas réalisés une nouvelle fois chez un même sportif s’ils ont déjà été effectués, la même année, lors du bilan médical prévu à l’article 1er.

18 - L’article 4 exige certains examens médicaux complémentaires, dans les disciplines où de tels examens se justifient :

• Un examen ophtalmologique annuel effectué par un spécialiste pour les disciplines suivantes :

 Sports mécaniques ;

 Sports aériens (sauf aéromodélisme) ;

 Disciplines alpines (ski alpin et acrobatique, snowboard) et ski-alpinisme ;

 Sports de combats (pieds-poings).

• Un examen ORL annuel effectué par un spécialiste pour les disciplines suivantes :

 Sports aériens (sauf aéromodélisme) ;

 Sports sous-marins.

• Un examen radiographique du rachis lombaire (face, profil, trois quarts) :

 Annuellement avant l’âge de quinze ans puis tous les deux ans pour les disciplines suivantes :

- plongeon

- gymnastique

- patinage artistique

 Avant l’âge de quinze ans, sans renouvellement en cas de résultats normaux :

- rugby à XV (joueurs de 1re ligne).

• Un examen radiographique du rachis cervical (face et profil avec mesure de l’indice de Torg, qui mesure le quotient entre le diamètre sagittal du canal cervical et le diamètre sagittal du corps vertébral, et permet ainsi de suspecter ou non une sténose du canal vertébral dépendant de l’indice mesuré (88)) tous les deux ans pour les disciplines suivantes :

 rugby à XV

 rugby à XIII

 lutte

 football américain

19 • Un examen biologique, trois fois par an, comprenant : numération-formule sanguine, réticulocytes, ferritine pour les disciplines suivantes :

 athlétisme (courses uniquement)

 aviron

 biathlon

 course d’orientation

 cyclisme

 natation

 pentathlon moderne

 roller skating

 ski de fond

 triathlon

Dans le but de prévenir les risques sanitaires liés à la pratique sportive intensive, notamment d’origine iatrogène ou liés à des conduites dopantes, l’article 6 envisage d’autres examens complémentaires (notamment biologiques), définis dans le cadre des conventions d’objectifs signées avec le ministère des sports, peuvent être effectués par les fédérations sportives mentionnées à l’article L. 3621-2 du code de la santé publique.

2.4 – L’arrêté du 16 juin 2006

L’arrêté du 16 juin 2006 (8) vient en complément du précédent arrêté. Il en précise l’article 2 du titre II, notamment sur le bilan diététique et les conseils nutritionnels qui sont aidés si besoin par des avis spécialisés coordonnés par le médecin selon les règles de la profession. Il est situé en annexe de ce rapport (annexe 8).

Il renforce aussi l’importance du bilan psychologique. Celui-ci est réalisé, lors d’un entretien spécifique, par un médecin ou par un psychologue sous responsabilité médicale, deux fois par an chez les sportifs mineurs et une fois par an chez les sportifs majeurs. Il vise à :

- détecter des difficultés psychopathologiques et des facteurs personnels et familiaux de vulnérabilité ou de protection ;

- prévenir des difficultés liées à l’activité sportive intensive ;

- orienter vers une prise en charge si besoin.

20 En revanche, il supprime les examens radiographiques obligatoires, à cause d’une directive européenne sur la radioprotection, intégrée au code de la santé publique. Des examens par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) du rachis cervical, dans le but de dépister un canal cervical étroit, sont réalisés pour les disciplines suivantes :

- football américain ;

- plongeon de haut vol ;

- rugby à XV (uniquement pour les postes de première ligne à partir de 16 ans).

- rugby à XIII (uniquement pour les postes de première ligne).

3 – Tableau récapitulatif

Voici un tableau récapitulatif (tableau 1) des différents examens médicaux que doivent passer les sportifs de haut niveau dans le cadre du suivi médical longitudinal contrôlé, ainsi que leur fréquence, conformément à la législation actuelle en vigueur.

Il est à rappeler que, dans le cadre de l’article 6 de l’arrêté du 11 février 2004 (7), et dans le but de prévenir les risques sanitaires liés à la pratique intensive, notamment d’origine iatrogène ou liés à des conduites dopantes, d’autres examens complémentaires (notamment biologiques) peuvent être effectuées par les fédérations sportives délégataires, ces derniers étant définis dans le cadre des conventions d’objectifs signées avec le ministère des sports.

21 TABLEAU 1 : « Surveillance médicale obligatoire des sportifs de haut niveau et espoirs (décret 2004-120 du 6 février 2004 et arrêté du 16 juin 2006) »

Nature et périodicité des examens s’appliquant aux licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d’accès au sport de haut niveau, ou pour les candidats à cette inscription

VISITE D’INSCRIPTION 1ère VISITE 2ème VISITE VISITE COMPLEMENTAIRE Examens médicaux préalables à Examens médicaux et Examens médicaux et Examens médicaux l’inscription sur liste de haut paramédicaux communs à toutes paramédicaux communs à complémentaires niveau ou liste espoirs les disciplines toutes les disciplines spécifiques à certaines communs à toutes les (pour les sportifs de haut niveau disciplines disciplines et les sportifs inscrits en filière (à réaliser dans les 6 mois d’accès) précédents l’inscription) 1 – un examen médical selon 1 – un examen médical avec un 1 - – un examen médical 1 – un examen la fiche SFMS entretien, un examen physique, avec un entretien, un examen ophtalmologique annuel par des mesures anthropométriques physique, des mesures un spécialiste : sports 2 – une recherche par anthropométriques mécaniques, sports aériens bandelette urinaire 2 – un bilan diététique, conseils (parachutisme), sports de (protéinurie, glycosurie, nutritionnels, aidé si besoin d’un 2 - un bilan diététique, combat pieds-poings (karaté) hématurie, nitrites) avis spécialisé conseils nutritionnels, aidé si besoin d’un avis spécialisé 2 – un examen ORL annuel 3 – un électrocardiogramme 3 – un bilan psychologique, lors par un spécialiste : sports standardisé de repos avec d’un entretien spécifique par un 3 - un bilan psychologique, aériens (parachutisme) compte-rendu médical médecin ou un psychologue sous lors d’un entretien spécifique responsabilité médicale par un médecin ou un 3 – un IRM du rachis cervical 4 – une échocardiographie psychologue sous pour dépister un canal cervical transthoracique de repos avec 4 – une recherche par bandelette responsabilité médicale étroit pour les disciplines compte-rendu médical ; à urinaire (protéinurie, glycosurie, (deux fois par an pour les suivantes : renouveler entre 18 et 20 ans hématurie, nitrites) mineurs) - football américain - plongeon de haut vol 5 – une épreuve d’effort 5 – un examen dentaire 4 - une recherche par - rugby à XV (uniquement pour d’intensité maximale (couplée certifié par un spécialiste bandelette urinaire les premières lignes à partir de à des mesures d’échange (protéinurie, glycosurie, 16 ans) gazeux et à des épreuves 6 - un électrocardiogramme hématurie, nitrites) - rugby à XIII (uniquement fonctionnelles respiratoires) ; standardisé de repos avec compte- pour les premières lignes) à renouveler tous les 4 ans rendu médical 4 – un examen biologique 3 6 – un examen dentaire 7 – un examen biologique pour fois par an (NFS, certifié par un spécialiste les plus de 15 ans comprenant réticulocytes, ferritine) : numération formule sanguine, athlétisme (courses), aviron, réticulocytes, ferritine cyclisme, natation Conseils / Remarques : synchronisée, roller skating 8 – (une fois tous les 4 ans une Seule l’épreuve d’effort doit épreuve d’effort) être obligatoirement réalisée Conseils / Remarques : sur un plateau technique agréé Conseils / Remarques : L’arrêt précise qu’une information est à prévoir lors Pour les sportifs de haut L’arrêté précise que le bilan de l’examen médical au risque niveau et les Espoirs non psychologique vise à : de développer ou d’aggraver un inscrits en filières (pôles) cette - détecter des difficultés canal cervical étroit dans les visite est à renouveler psychopathologiques et des pratiques à risque et de annuellement à chaque facteurs personnels et familiaux développer ou d’aggraver les réinscription sur liste à de vulnérabilité ou de pathologies du rachis lombaire, l’exception de protection notamment une lyse isthmique l’échocardiographie et de la - prévenir les difficultés liées à avec ou sans spondylodisthésis VO2 max l’activité sportive lors de la pratique de certaines - orienter vers une prise en disciplines charge adaptée si besoin

L’examen biologique sur mineur est soumis à autorisation parentale

22 C – Objectifs du suivi médical longitudinal contrôlé

L’exigence de performance et de résultats poussent les athlètes de haut niveau à des entraînements intensifs, jusqu’à 25 heures par semaine, en plus de leur formation, scolaire ou universitaire, ou d’un éventuel emploi aménagé. Le suivi médical longitudinal contrôlé de ces sportifs a pour objectifs de faire face aux nombreuses contraintes physiques et psychologiques auxquelles sont soumises ces sportifs. Il doit répondre :

- aux contraintes liées à l’effort physique ;

- aux contraintes liées au milieu : froid, chlore, hypo ou hyperbarie (problèmes d’asthme) ;

- aux contraintes liées au type de discipline : sports de combat, sports automobiles, …

- à la gestion de l’aspect psychologique.

1 – Protection et prévention de la santé des sportifs

Le suivi médical longitudinal contrôlé intervient en priorité en faveur de la protection et de la prévention de la santé des athlètes de haut niveau.

Dans ce cadre, il vise à éliminer un certain nombre de contre-indications à la pratique de la discipline envisagée. Chaque discipline sportive a ses propres contre-indications, en fonction de la nature des contraintes qu’exigent les efforts sportifs nécessaires à sa réalisation. Ceci se traduit par la nécessité d’obtention d’un certificat médical de non contre-indication à la réalisation de la discipline sportive envisagée, pour tous types d’athlètes.

Ce suivi intervient également dans le dépistage et la prise en charge de pathologies du sportif (pathologies cardio-vasculaire, ostéo-articulaire, …).

Il est réalisé par un médecin du sport, dans un centre de soins médico-sportif agréé par la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales) et la DRDJS (Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse et des Sports).

2 – Prévention du dopage

Instauré suite aux problèmes de dopage dans le tour de France cycliste de 1998, la prévention du dopage chez les sportifs de haut niveau est un des points clés du suivi médical longitudinal contrôlé. Ce dernier intervient dans un rôle de prévention, et non de répression. En effet, il vise à la protection de la santé des athlètes, mais n’entre pas dans le champ d’application des contrôles anti-dopage.

23 Les médecins du sport ont ici un rôle très important à jouer, à savoir :

- d’instaurer le dialogue avec les athlètes ;

- de les informer des différents produits contenant des substances qui peuvent positiver un contrôle anti-dopage, et de l’évolution de la législation et des contrôles en ce sens ;

- être capable de réaliser un entretien psychologique, ou à défaut de réorienter vers une personne plus qualifiée et compétente, en cas de suspicion ou de confirmation de dopage par un athlète.

A ce titre, les compléments alimentaires, très largement utilisés à des fins d’amaigrissement ou d’amélioration de la dépense énergétique et des performances, sont pour une grande partie d’entre eux des vecteurs de dopage (36).

A la suite d’un « lobbying » efficace de l’industrie des compléments alimentaires, le Sénat des Etats-Unis a voté en 1994 le Dietary Supplement Health and Education Act (DSHEA), qui a conduit à une dérégulation des compléments alimentaires. En effet, ces substances peuvent être mises sur le marché sans nécessiter l’agrément de la Food and Drug Administration (FDA), dans la mesure où l’industriel s’engage à ce que le produit ne soit pas dangereux. De plus, c’est à la FDA de prouver une éventuelle toxicité de ces compléments pour pouvoir les retirer du marché.

En dehors des vitamines et des minéraux, qui disposent de normes européennes de conformité et de sécurité, « le marché des compléments alimentaires et des produits diététiques est devenu un secteur gangréné par une économie souterraine » (36) (vente sur internet, démarchage à domicile, dans les clubs sportifs et les centres de remise en forme).

Des cas de contrôle antidopage positif liés à l’usage de compléments alimentaires ont été relevés dans trois cas :

- adjonction de stimulants de type amphétaminique (éphédrine, …) ;

- hormones et pro-hormones (précurseurs de la testostérone, de la nandrolone,…) vendues comme compléments alimentaires ;

- contamination de compléments alimentaires par des hormones, essentiellement des stéroïdes anabolisants.

3 – Objectifs de santé publique

Ces objectifs de santé publique sont instaurés, de manière indirecte, par la loi du 23 mars 1999 relative à la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage, désormais codifiée dans le livre II – titre III du code du sport.

Les athlètes de haut niveau représente « l’excellence sportive » dans leur discipline et ils représentent la France dans les grandes compétitions internationales. Ils constituent un attrait important pour le public, et incitent les gens à faire du sport. Ils se doivent de ce fait d’avoir une conduite irréprochable, tant sur le plan sportif et médical, que dans des domaines tels que le respect du jeu, des adversaires, du corps arbitral, du fair-play.

24 En effet, leurs exploits sportifs et leurs attitudes sur le terrain servent de modèles pour les sportifs participant aux diverses compétitions amateurs, pour qui les athlètes de haut niveau sont une véritable référence. C’est en ce sens que ces derniers contribuent à un objectif de santé publique au sens large, par l’incitation à faire du sport par le grand public, mais également par l’image qu’ils véhiculent.

4 – Optimisation de la performance

Le suivi médical longitudinal contrôlé des athlètes de haut niveau ne vise pas spécifiquement à l’amélioration des capacités physiques et sportives de l’athlète, mais à la protection de sa santé, en instaurant un dépistage et une prise en charge de diverses pathologies, par la prévention contre le dopage et par l’accès à des plateaux techniques de qualité, en matière de soins, d’entraînement et de suivi. Il a un rôle indirect dans l’optimisation des performances des athlètes dans le sens où un sportif en bonne santé et dans un environnement favorable à la pratique de sa discipline est plus performant.

5 – Objectif épidémiologique

Ce suivi permet enfin d’avoir accès à des données médicales et sportives, dans le respect du secret professionnel, afin d’en permettre une exploitation épidémiologique. En effet, ce suivi longitudinal offre la possibilité d’approfondir nos connaissances dans le domaine de la physiologie de l’effort et des répercussions, individuelles et à grande échelle, d’une pratique sportive intensive dans différentes disciplines.

Ceci vise à améliorer par la suite le dépistage de certaines pathologies rencontrées au cours d’une carrière sportive de haut niveau, et éventuellement de les prévenir ou d’améliorer leur prise en charge ou leur gestion.

D – Organisation et gestion du suivi médical longitudinal contrôlé

1 – Rôle des fédérations

Le rôle des fédérations dans l’organisation et la gestion du suivi médical longitudinal contrôlé de leurs athlètes de haut niveau est défini dans l’article 12 de la loi du 23 mars 1999.

Dans chaque fédération, il existe une commission médicale, présidée par un médecin fédéral national, qui établit un règlement médical intérieur. Un décret ultérieur du 6 février 2004 précise que ce dernier est un médecin nommé au sein de la fédération pour coordonner la surveillance médicale des sportifs et dresser chaque année un bilan.

25 Ainsi, il apporte son concours pour tout ce qui concerne l’organisation du contrôle médical des sportifs, de l’assistance médicale au cours des stage et des compétitions, de la prévention et de la sécurité correspondantes, et de tout autre implication d’ordre médical au sein de la fédération. Il lui appartient de proposer au président de la fédération toutes les mesures destinées à l’application des lois, décrets et arrêtés en fonction des particularités de la discipline sportive considérée.

Le médecin fédéral national est responsable de :

- l’élaboration et l’application de la réglementation médicale fédérale ;

- le suivi médical des sportifs de haut niveau ;

- la recherche médico-sportive dans sa discipline ;

- l’application des mesures nécessaires dans la lutte antidopage ;

- la gestion des budgets alloués pour ces actions.

La fonction du médecin fédéral national est donc à la fois administrative et médicale. Il peut être assisté dans ses tâches par un médecin fédéral national adjoint, dont il propose lui- même la nomination au président de la fédération.

2 – Sportifs concernés

Les athlètes concernés par le suivi médical longitudinal contrôlé sont les sportifs inscrits sur les listes des sportifs de haut niveau et des sportifs espoirs, conformément au décret du 6 février 2004. Depuis 2005, les listes sont arrêtées par le ministre à partir du 1er novembre pour toutes les disciplines et sont valables un an (sauf pour la catégorie Elite où la validité est de deux ans.

26 Certains sportifs échappent cependant à ce suivi, comme le souligne ces données (tableau 2) émanant du Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, concernant l’objectif du renfort du respect de l’éthique dans le sport et de la préservation de la santé des sportifs (59) :

TABLEAU 2 : « Nombre de sportifs de haut niveau ou « espoirs » ayant satisfait aux obligations de suivi médical complet au cours de l’année, rapporté au nombre total de sportifs de haut niveau ou espoirs »

unité 2005 2006 2007 2007 2007 2008

Réalisation Réalisation Prévision Prévision Réalisation Ciblé

PAP Mi 2007 PAP 2007 2007

Nombre de sportifs de haut % 69 72 95 84 74 100 niveau ayant bénéficié d’un suivi médical complet / nombre de sportifs de haut niveau sur la liste du ministère

Nombre de sportifs % 59 61 90 73 67 100 « espoirs » ayant bénéficié d’un suivi médical complet / nombre de sportifs « espoirs » sur la liste du ministère

Il faut cependant nuancer ces chiffres par le fait qu’une part plus importante de la population concernée bénéficie d’un suivi médical partiel : 89% pour les sportifs de haut niveau et 84% pour les sportifs espoirs.

Il n’y a pas de sanction prévue par la loi pour ces sportifs qui échappent au suivi médical longitudinal contrôlé, mais certaines fédérations attribuent de sanctions disciplinaires aux athlètes concernés.

3 – Financement et moyens mis en œuvre

Le suivi médical longitudinal contrôlé des athlètes de haut niveau consiste en un ensemble d’examens médicaux et paramédicaux de prévention. Ils ne sont donc pas pris en charge par la sécurité sociale. En revanche, ce sont les fédérations qui financent ces examens.

La délégation de service public reçue par la fédération, indispensable pour la reconnaissance du caractère de haut niveau de la discipline, est l’objet d’une subvention annuelle de l’Etat, réalisée sous la forme de convention d’objectifs. Celles-ci, négociées avec le ministère des sports, fixent certaines obligations à la fédération sportive. Le suivi médical longitudinal fait partie intégrante de ces obligations.

27 Au sein de cette subvention, un budget spécifique est réservé à la protection des sportifs. Ce budget se divise en trois parties :

- une partie pour le suivi médical longitudinal contrôlé ;

- une partie pour l’encadrement médical et paramédical des compétitions et des stages ;

- une partie pour le soutien logistique et le développement des structures médicales.

La partie consacrée au suivi médical est évaluée en fonction du nombre d’inscrits sur les listes et de la cotation en vigueur des différents actes médicaux. Elle est réévaluée tous les ans en fonction du rapport annuel du suivi médical adressé par la fédération au ministère et des négociations annuelles des conventions d’objectifs.

Concernant le financement du suivi médical longitudinal, il convient de rappeler, comme l’illustre le tableau 3 (80), que le budget alloué à la médecine fédérale, et en particulier au suivi médical des sportifs de haut niveau, est en augmentation constante de 2001 à 2004.

TABLEAU 3: « Comparaison du budget alloué à la médecine fédérale entre 2001 et 2004 »

Crédits Crédits Crédits Crédits En millions d'euros attribués en attribués en attribués en attribués en 2001 2002 2003 2004 Suivi médical 2,3 2,36 2,28 2,76 Encadrement médical et paramédical des 1,88 1,98 2,14 2,19 compétitions et stages Soutien logistique 0,50 0,76 0,95 0,98 Total 4,68 5,10 5,37 5,93

Les subventions du ministère au titre des actions fédérales pour le sport de haut niveau constitue le principal poste de dépenses du programme. Elles s'élèvent à 68 millions d'euros pour 2009 (79), répartis de la façon suivante :

- 60,4 millions d'euros sont des subventions attribuées dans le cadre des conventions d'objectifs passées avec les fédérations. Les dépenses concernent principalement la préparation et la participation aux stages et compétitions sportives des équipes de France ;

- 4,8 millions d'euros au titre du suivi de la santé des sportifs de haut niveau. L'aide apportée au suivi médical comprend à nouveau les moyens précédemment alloués dans le cadre du PNDS (Programme National de Développement du Sport) arrivé à échéance à la fin de l'année 2008 ;

- 3 millions d'euros correspondant à l'activité d'encadrement sportif de 589 agents (directeurs techniques nationaux, entraîneurs nationaux...) au sein d'une soixantaine de fédérations ;

28 - et 0,4 million d'euros qui financent la recherche scientifique dans le domaine du sport de haut niveau.

Certaines fédérations ne prennent pas en charge financièrement la totalité du suivi médical des sportifs espoirs, qui bénéficient, dans ce cas, d’un complément d’aide soit au Conseil Régional, soit de la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports.

4 – Lieux d’examens

L’arrêté du 11 février 2004 stipule que le suivi médical longitudinal contrôlé doit être réalisé par des médecins diplômés en médecine du sport, au sein d’un réseau de santé. Celui- ci est groupé au niveau des plateaux techniques, qui sont en charge de réaliser les épreuves d’effort maximum. Ces derniers doivent recevoir un agrément de la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports, et également de la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales, par rapport à des exigences de compétence et de sécurité.

5 – Recueil des résultats

L’ensemble des résultats médicaux des athlètes de haut niveau sont envoyés à la fédération sportive. Ceux-ci sont adressés à l’attention du médecin fédéral national, en charge de la coordination du suivi médical longitudinal contrôlé, ainsi qu’à un autre médecin choisi par le sportif lui-même.

Le médecin fédéral a un rôle coordinateur, c’est lui qui est en charge de l’interprétation des résultats des divers actes médicaux. Le compte-rendu médical figure dans des dossiers individuels, archivés à la fédération. La loi prévoit en outre qu’un livret individuel, contenant les résultats des examens médicaux, soit remis aux sportifs.

L’ensemble de ces données médicales sont soumises à la règle du secret professionnel, pour tous les intervenants en ayant eu connaissance.

6 – Gestion des anomalies

Le médecin fédéral, en charge de la coordination du dossier médical de l’athlète, peut prescrire des examens complémentaires supplémentaires lorsque celui détecte des anomalies. Ce ne sont plus des examens de prévention, contenu dans le suivi médical longitudinal contrôlé, et sont de ce fait pris en charge par la sécurité sociale et non par la fédération délégataire.

Depuis la loi du 5 avril 2006, le médecin fédéral peut faire un certificat de contre- indication à la pratique sportive dont il est question, lorsque celui-ci détecte des anomalies incompatibles avec la pratique du sport de haut niveau. Ce certificat est présenté au président de la fédération, qui suspend la participation de l’intéressé aux compétitions sportives 29 organisées ou autorisées par la dite fédération, et ce jusqu’à la levée de la contre-indication par le médecin coordinateur.

Le sportif concerné a la possibilité de faire appel devant un comité d’experts fédéral, avec des débats contradictoires, et de remettre en cause la responsabilité médicale. Toutefois, celle- ci repose sur des textes officiels, mais aussi sur les recommandations des sociétés savantes qui, n’ayant pas force de loi, permettent aux médecins concernés de se défendre plus facilement en cas de problème. Ces recommandations, qui font jurisprudence et sont transcrites en texte de loi, sont celles de la Société Européenne de Cardiologie, la Conférence de Bethesda (5) et les recommandations de la Société Française de Médecine du Sport, celles- ci restant consensuelles (60).

E – Les différents éléments du suivi médical longitudinal contrôlé et leur intérêt chez le sportif de haut niveau

1 – Consultation médicale

L’article 1 de l’arrêté du 11 février 2004 précise que la consultation médicale doit être « réalisée selon les recommandations de la Société Française de Médecine du Sport (SFMS) et des autres sociétés savantes concernées ».

Dans cette optique, la Société Française de Médecine et du Sport met à la disposition des médecins une fiche standard permettant de réaliser la visite médicale de non contre-indication à la pratique d’un sport, dans les meilleures conditions. Cette fiche a été réalisée par un groupe de travail et a bénéficié des conseils du groupe exercice, réadaptation et sport de la Société Française de Cardiologie. Elle est jointe en annexe de ce rapport (annexe 9 (40)).

Cette fiche représenté une base commune de réflexion pour l’ensemble des fédérations. Elle est bien entendu à moduler et compléter en fonction des types de disciplines concernées.

Les athlètes de haut niveau passent une consultation médicale une première fois dans l’année, avant le début de la saison sportive. Celle-ci est une condition sine qua none à l’obtention et la délivrance de la licence sportive. Une deuxième visite est effectuée en deuxième partie de saison sportive.

30 1.1 – L’entretien

1.1.1 – Antécédents familiaux

Le médecin du sport veille plus particulièrement à la détection de diverses maladies, pouvant avoir un impact lors d’une pratique sportive intensive :

- maladies cardio-vasculaires : mort subite, cardiopathie congénitale, infarctus ;

- maladies métaboliques : diabète, dyslipidémie, …

- maladies musculaires, neurologiques ou génétiques.

1.1.2 – Antécédents personnels

Le médecin s’informe de commémoratifs d’antécédents médicaux et chirurgicaux, de diverses allergies connues, et de l’état vaccinal de son patient. Ce dernier est important pour certaines disciplines, notamment les sports de combat, où la vaccination contre l’hépatite B est obligatoire.

1.1.3 – Activité physique et sportive

Il est important de recueillir diverses informations concernant l’activité physique et sportive de l’athlète de haut niveau. Ainsi, le type de discipline pratiquée oriente le médecin vers les différentes pathologies potentiellement associées à la pratique intensive de celle-ci, telle la recherche de sténose du canal vertébral dans les sports de contact comme chez des athlètes pratiquant le rugby ou le football américain. On recueille également la fréquence et la durée des entraînements et les objectifs fixés par l’athlète pour la saison en cours. Il est intéressant de questionner sur un éventuel changement d’entraîneur ou de partenaire, qui peut modifier le type d’entraînement de l’athlète.

1.1.4 – Activité extra-sportive

Le médecin doit connaître le niveau scolaire, ou une éventuelle activité professionnelle du sportif, car celle-ci est parfois exigeante sur le plan physique et moral, même malgré les possibilités d’adaptation dont bénéficient les athlètes de haut niveau, notamment les horaires aménagés, qui leur permettent de concilier leurs activités sportive et professionnelle. Ainsi, ils ont par exemple la possibilité de travailler en milieu de journée afin de pouvoir avoir accès aux structures municipales, comme la piscine et la patinoire, à des horaires interdits au public et réservés à l’entraînement des sportifs, à savoir en début de matinée et en fin de soirée.

31 1.1.5 – Hygiène et habitude de vie

Le médecin cherche à connaître une éventuelle consommation de tabac, d’alcools, de drogues, qui sont néfastes à l’hygiène de vie du sportif et peuvent avoir des répercussions sur ses performances. Des troubles du sommeil peuvent être révélateurs de désordre d’ordre psychologique. Enfin, la situation familiale des athlètes mineurs peut également avoir des répercussions sur leurs aptitudes sportives. Le médecin doit donc savoir si l’athlète vit chez ses parents, si ces derniers sont mariés ou divorcés, ou s’il vit en internat.

1.1.6 – Traitements médicamenteux, vitaminiques ou aides ergogéniques

Le médecin questionne sur les actuels traitements en cours que prend l’athlète et sur leur justification médicale. On entend par aide ergogénique toute substance ou traitement améliorant la performance athlétique au-dessus de ce qui serait normalement possible au travers de l’entraînement seul. Le recours à ses substances est fréquent, bien que la plupart de ces produits soient frauduleux, certains pouvant même se révéler dangereux concernant la santé et le potentiel athlétique du sportif.

Les athlètes peuvent cependant bénéficier d’Autorisation à Usage Thérapeutique (AUT), qui les autorise à prendre des substances inscrites sur la liste des produits dopants, lorsque cela est justifié sur le plan médical.

La prise de vitamines, d’additifs ou de compléments nutritionnels, dans un autre but qu’une supplémentation pour corriger des carences alimentaires, est révélatrice de l’état d’esprit du sportif. Le médecin doit connaître la composition exacte des produits consommés, car celle-ci correspond rarement à ce qui est inscrit sur la notice du produit. Le recours aux références du producteur est souvent nécessaire pour éclaircir la composition du produit. Enfin, certaines substances peuvent avoir des effets secondaires, tels qu’une lithiase rénale lors de surconsommation de vitamine C, une fluorose, … Le médecin a la responsabilité de signaler ces risques au sportif, qui n’en est pas forcément conscient.

1.1.7 – Symptômes et doléances

Le sportif de haut niveau se « connaît bien ». Il faut tenir compte de ses sensations, même si elles ne sont pas toujours typiques, elles peuvent être parfois très interprétatives de sa symptomatologie. Le médecin ne doit donc pas négliger une douleur, la fatigue perçue par le sportif, ou bien d’éventuelles confessions d’ordre psychologique.

1.2 – Les mesures anthropométriques

On mesure différents paramètres, tels que la taille, le poids, l’Indice de Masse Corporelle (IMC), puis on reporte les résultats sur la courbe de croissance staturo-pondérale. On mesure

32 également la masse grasse, soit par la somme des quatre plis cutanés unilatéraux (pli tricipital, bicipital, sous-capsulaire et abdominal), soit par une autre méthode (impédance-métrie).

Chez l’adolescent, on recueille les stades de maturation pubertaire, ainsi que la date des premières menstruations chez les filles et la régularité des cycles, selon les critères définis par James Mourilyan TANNER en 1962, présentés ci-dessous dans le tableau 4. Cette classification en 5 stades, contestée par certains médecins, reste actuellement utilisée comme référence clinique (83).

TABLEAU 4 : « Classification des stades de maturation pubertaire selon l’échelle de TANNER (83) »

Pilosité pubienne Pilosité pubienne Testicules et pénis chez Développement des Stade homme femme l'homme seins chez la femme I Absence de Absence de pilosité Testicules, scrotum et Pas de seins, élévation pilosité pubienne pénis de taille prépubère éventuelle du mamelon pubienne ; un fin et aréole petite et plate duvet couvre la zone génitale II Quelques poils Quelques poils Croissance du scrotum et Apparition du bourgeon légèrement longs pigmentés, des testicules ; peau mammaire. Le mamelon pigmentés, droits, apparaissant sur le scrotale plus rouge et et l'aréole augmentent allongés, en pourtour des augmentation du volume de diamètre et sont général à la base grandes lèvres du pénis légèrement bombés. du pénis III Poils pubiens bien Augmentation de la Croissance du pénis en Les bourgeons visibles, pigmentation des longueur. Allongement du mammaires et l'aréole pigmentés, poils pubiens, qui scrotum et augmentation continuent de s'élargir. bouclés, étalés commencent à du volume testiculaire Le contour des seins ne latéralement friser et n'occupent se dessine pas encore qu'une petite partie du pubis IV Pilosité de type Les poils pubiens Le volume testiculaire et le Projection antérieure de adulte, plus drue continuent de friser scrotum continuent l'aréole et du mamelon et deviennent plus d'augmenter ; pigmentation pour former une drus ; pilosité plus plus marquée du scrotum ; seconde protubérance. dense le pénis continue de grandir et le contour du gland devient visible. V Pilosité adulte qui Pilosité de type Les testicules, le scrotum La protubérance s'étend sur la adulte en triangle et le pénis atteignent leur aréolaire a disparu, le surface interne qui s'étend sur la taille et leur forme adultes. mamelon continue de des cuisses surface interne des saillir ; anatomie de type cuisses adulte.

Le suivi longitudinal de ces résultats permet de détecter des variations pondérales, qui peuvent être le reflet de pathologies, de surentraînement, de mauvaise conduite alimentaire ou de prise de produits interdits.

33 Chez les adolescents (sportifs Espoirs), ces mesures permettent d’apprécier la dynamique de croissance et son caractère harmonieux, afin de repérer de possibles désordres staturo- pondéraux.

Bien que ce sujet soit encore controverse, une pratique sportive intensive, associée parfois à des apports nutritionnels insuffisants peut avoir des effets délétères sur la croissance ou la maturation pubertaire (68).

1.3 – L’examen clinique

L’examen clinique doit être très complet et incorpore un examen appareil par appareil : cardio-vasculaire, pulmonaire, ostéoarticulaire (l’examen s’oriente en fonction de la discipline pratiquée), podologique, digestif, neurologique et ORL (Oto-Rhino-Laryngologie).

Un examen ORL annuel par un spécialiste est une obligation légale depuis l’arrêté du 11 février 2004 (7) pour les disciplines aériennes (parachutisme, voltige aérienne, vol libre et vol à voile) et les sports sous-marins (non reconnus disciplines de haut niveau depuis fin 2004).

Un examen ophtalmologique annuel doit être effectué par un spécialiste (même obligation légale que précédemment) pour les sports mécaniques, aériens, les disciplines alpines et les sports de combat (pieds, poings). Son but est d’évaluer l’acuité visuelle du sportif, son champ visuel, ainsi que sa vision des couleurs et des reliefs.

1.4 – Le bilan diététique

Le sportif de haut niveau a des dépenses énergétiques qui sont considérablement augmentées, c’est pourquoi ses apports nutritionnels doivent être adaptés en quantité et en qualité de manière à couvrir ses besoins de manière optimale. Chez l’adolescent (sportif Espoir) viennent se greffer en plus les besoins de croissance qui sont non-négligeables. Le médecin s’attache donc à corriger les erreurs alimentaires de son patient et à formuler une ration équilibrée. Il doit aussi pouvoir dépister d’éventuels troubles du comportement alimentaire.

Du fait des contraintes dues au rythme d’entraînement, l’alimentation du sportif est souvent déstructurée. Les repas ne sont pas toujours pris à heure régulière, et les grignotages en sucres rapides et en acides gras saturés sont importants (68). A ceci se rajoutent les erreurs alimentaires induites par des croyances et des idées reçues infondées, qui sont omniprésentes dans le milieu sportif, ainsi que par la consommation de suppléments et de compléments alimentaires de tous genres qui arrivent en masse sur le marché.

34 De plus, certains sportifs, du fait de la pratique de leur discipline, subissent des contraintes morphologiques, esthétiques ou pondérales qui peuvent entraîner des perturbations du comportement alimentaire. C’est le cas pour :

- les sports à catégorie de poids (haltérophilie, boxe, judo, lutte, …), où le sportif veille à se maintenir dans la catégorie de poids la plus favorable ;

- les disciplines dans lesquelles le poids corporel joue un rôle déterminant dans la performance (saut en hauteur, saut à la perche, …) ;

- les disciplines à forte composante esthétique (gymnastique, patinage artistique, …) ;

- les sports d’endurance (cyclisme, course à pied, ski de fond) où la restriction alimentaire a pour but de se rapprocher du poids de forme optimale au regard de la performance ;

- les sports de force, qui peuvent amener à des surcharges pondérales, en particulier, un excès de matière grasse.

Ces modifications anthropométriques et de composition corporelle peuvent provoquer de véritables troubles du comportement alimentaire, comme l’anorexie nerveuse et la boulimie nerveuse, mettant en danger la santé de l’athlète (45). Ces pathologies sont souvent difficiles à diagnostiquer, car elles relèvent de comportements banalisés dans la pratique de certaines disciplines à un haut niveau et régis par des règlements et des environnements inadaptés.

Il existe, par ailleurs, un certain nombre de traits communs aux anorexiques et sportifs de haut niveau (recherche de l’excellence, force morale, déni de la douleur ou de l’inconfort, …) qui font parfois de ces derniers des sujets à risque de développer une anorexie nerveuse (68).

Le médecin doit donc respecter « la névrose du sportif de haut niveau », pour un dépistage et une prise en charge les plus précoces possibles des sportifs réellement exposés dans les sports à risque. Il doit veiller à prévenir les déficits et les excès en tous genres. A titre d’exemple, un questionnaire alimentaire entrant dans le cadre du SMLC de la Fédération Française de Roller Skating est joint en annexe de ce rapport (annexe 10).

1.5 – Le bilan psychologique

Il est devenu une obligation légale par l’arrêté du 16 juin 2006 (8), qui définit les objectifs de cet examen. Il repose sur le vécu positif ou négatif de l’athlète.

Les facteurs de risques de troubles psychologiques chez le sportif de haut niveau sont nombreux : charges d’entraînements excessives, pression de la performance, stress, compétitions, concurrence, caractère répétitif et perfectionniste de l’entraînement, absence d’activité annexe, sacrifices sur le plan personnel et/ou professionnel, déplacements incessants, séparation avec le milieu familial et social, surmédiatisation et finances.

Les athlètes de haut niveau sont particulièrement exposés au syndrome de surentraînement, caractérisé par une incapacité persistante à accomplir des performances malgré un entraînement constant, voire même une augmentation de la charge de travail (45). L’étiologie exacte de ce syndrome demeure inconnue de nos jours, malgré la mise en avant de l’hypothèse d’un désordre neuroendocrinien par certains auteurs (35). Les diverses

35 manifestations de ce syndrome n’étant que très peu spécifiques, l’examen clinique ne permet de révéler aucun signe pathognomonique.

Face à cette pathologie d’intolérance de l’entraînement physique, l’interrogatoire médical tient une grande place, c’est pourquoi la SFMS propose des guides d’interrogatoire (35, 44) pour permettre un diagnostic positif de surentraînement, par la reconnaissance de signes types évoqués ci-dessous, mais aussi pour éliminer une autre pathologie organique débutante.

L’interrogatoire doit s’attacher plus particulièrement à :

- préciser au mieux l’altération des performances physiques ;

- caractériser la fatigue ;

- rechercher un diagnostic différentiel du surentraînement, qui est un temps fondamental de cet interrogatoire médical ; en effet, la fatigue peut également être d’origine hématologique ou tumorale, cardiaque ou respiratoire, endocrinienne, infectieuse ou encore neuropsychiatrique ;

- reconnaître les symptômes accompagnant l’état de fatigue, à savoir les signes physiques (insomnie/hypersomnie, multiplication d’épisodes infectieux récurrents, fatigue, troubles menstruels chez les femmes, …) mais aussi les signes psychologiques (troubles de l’humeur, du comportement, anxiété, difficulté de concentration, …) ;

- rechercher les facteurs favorisants ou déclenchants.

Ainsi, ce bilan vise à prévenir les troubles psychologiques ou psychopathologiques que rencontrent les athlètes, comme par exemple le syndrome du sportif de pointe, qui regroupe un ensemble de manifestations liées au stress, la peur du succès, le surentraînement, le « burn out », qui est une saturation essentiellement psychologique, l’anorexie, les dépendances positives et négatives, le dopage, ou encore l’impact psychologique des blessures (45).

2 – Examen cardiovasculaire

2.1 – L’intérêt du dépistage cardio-vasculaire chez le sportif de haut niveau (9, 20, 23, 53)

Chez le sportif de haut niveau, le système cardio-vasculaire est sans contexte le système le plus sollicité au cours des efforts intenses successifs. La fonction cardiaque est également le principal facteur limitant de l’effort. L’intérêt d’un tel dépistage réside dans la prévention de la mort subite, qui peut être prédisposée par une cardiopathie préexistante décompensant lors d’un effort physique. D’une manière plus générale, toute pathologie entraînant des troubles du rythme peut provoquer un arrêt cardiaque dont l’issue peut être fatale en l’absence de défibrillateur sur le terrain.

L’un des exemples les plus anciens et le plus célèbre est celui de Philippidès à Athènes en 490 avant J.-C. : ce jeune soldat coursier était venu de Marathon annoncer la victoire sur les Perses ; il est décédé brusquement juste après avoir délivré son message (12).

36 La mort subite est habituellement définie comme une mort naturelle (non traumatique et non iatrogène), inattendue, survenant dans l’heure suivant le premier symptôme. La mort subite au cours du sport est caractérisée par la survenue d’une mort subite durant une activité sportive, ou dans l’heure qui suit (12).

Selon différentes études (12, 21, 54, 81, 23), l’incidence de la mort subite chez le sportif de haut niveau est de 0,46 à 2,3 cas pour 100 000 par an, et elle est 2,5 fois plus importante chez l’athlète par rapport au sédentaire (21). En effet, l’activité sportive n’est souvent que le révélateur d’une maladie cardiaque méconnue et malheureusement, la mort subite est souvent le premier symptôme d’une cardiopathie méconnue (12). Malgré une incidence relativement faible, la mort subite du sportif revêt une grande importance de part le grand émoi qu’elle suscite au sein de la population générale et au sein de la communauté médicale, par l’intermédiaire d’une médiatisation importante. En effet, la plupart de ces athlètes sont capables de performances sportives exceptionnelles sur du long terme, sans avoir connaissance d’une pathologie cardiaque occulte qui peut leur être fatale.

Les différentes causes de mort subite ont été catégorisées dans la classification de BERGER et al. (20) comme :

- anomalies structurelles ou fonctionnelles : cardiomyopathie hypertrophique, anomalies congénitales des artères coronaires, dysplasie ventriculaire droite arythmogène, myocardite, syndrome de Marfan, affections valvulaires ;

- anomalies électriques primaires : syndrome du QT long, syndrome de Brugada, fibrillation et/ou tachycardie ventriculaire primaire ou idiopathique, tachycardie ventriculaire polymorphe liée aux catécholamines ;

- acquises : commotio cordis, abus de substances médicamenteuses ou autres, athérosclérose des artères coronaires ;

- séquelles postopératoires d’affections cardiaques congénitales : tétralogie de Fallot, transposition des principaux vaisseaux sanguins, coarctation de l’aorte, transplantation cardiaque.

Les morts subites sont d’origine cardiaque dans plus de 90% des cas (11) et surviennent le plus souvent chez l’homme que chez la femme, avec un ratio homme/femme de 10/1 (11). Le fait d’être de sexe masculin est même considéré comme un facteur de risque vis-à-vis de la mort subite. Ceci est à relier avec un taux de participation plus important des hommes dans les compétitions de haut niveau, ainsi qu’un niveau d’entraînement plus intensif (22). Il faut également noter le rôle aggravant de diverses drogues utilisées par certains sportifs, tout sexe confondu, dans le but d’améliorer leurs performances, qui est vraisemblablement sous-estimé (12).

Les causes cardio-vasculaires de mort subite à l’effort des sujets de moins de 35 ans diffèrent entre les séries italiennes et nord-américaines, comme nous le montre les tableaux 5 et 6, ceci en relation avec des modalités de dépistage différentes.

37 TABLEAU 5 : « Causes cardio-vasculaires de mort subite à l’effort chez de jeunes sportifs de haut niveau aux Etats-Unis » (22, 55)

CAUSES LES PLUS COMMUNES : Cardiomyopathie hypertrophique (CMH) Commotio cordis Anomalies congénitales des artères coronaires

CAUSES MOINS COMMUNES : Myocardite Rupture aortique (syndrome de Marfan) Prolapsus de la valve mitrale

CAUSES RARES : Dysplasie ventriculaire droite arythmogène (ARVC/D) Athérosclérose des artères coronaires Troubles primitifs de la conduction Sténose de la valve aortique

NB : Le commotio cordis est dû à un traumatisme thoracique, directement au-dessus du cœur, au moment vulnérable du cycle cardiaque, soit tout juste avant le pic de l’onde T. La mort subite est dans ce cas secondaire à une arythmie ventriculaire faisant suite à ce choc. Les sports les plus souvent impliqués sont le base-ball, le softball et le hockey sur glace, des sports qui utilisent un projectile solide, compact et à très haute vitesse.

NB 2 : La dysplasie ventriculaire droite arythmogène (ARVC/D) est une forme de cardiomyopathie, d’origine non ischémique. Cette pathologie se caractérise par le remplacement des cellules musculaires du ventricule droit par des cellules adipeuses. L’infiltration graisseuse débute au niveau de la paroi libre du ventricule droit, puis se propage dans tout le ventricule droit avant d’atteindre secondairement le ventricule gauche.

TABLEAU 6 : « Causes cardio-vasculaires de mort subite à l’effort chez de jeunes sportifs de haut niveau (n=46) en Italie » (21)

CAUSES CARDIO-VASCULAIRES (n=46) :

Dysplasie ventriculaire droite arythmogène (ARVC/D)  n=12 Athérosclérose des artères coronaires  n=10 Anomalies congénitales des artères coronaires  n=6 Myocardite  n=5 Prolapsus de la valve mitrale  n=4 Troubles primitifs de la conduction  n=3 Myocarde sidéré (Myocardial bridge)  n=2

NB : Le myocarde sidéré se définit comme une atteinte réversible du myocarde, se caractérisant par un mauvais fonctionnement du ventricule gauche, survenant spontanément et dû à une diminution de la vascularisation sanguine qui fait suite à une ischémie aiguë.

38 La CMH est la cause de mort subite la plus fréquemment retrouvée à l’autopsie aux Etats- Unis, alors qu’elle est rarement observée dans le nord de l’Italie, malgré une prévalence identique (22). Cette différence est attribuable à la réalisation d’un programme de prévention et de dépistage systématique, mis en place en Italie dès 1982, essentiellement basé sur la réalisation d’un ElectroCardioGramme (ECG) 12 dérivations avant la pratique d’une activité sportive en compétition. La majorité des candidats porteurs de CMH, et de certaines autres anomalies cardiovasculaires, est décelée de cette façon et exclus de la pratique sportive intensive, ce qui évite la mort subite dans ce contexte (23).

En effet, en cas de CMH, l’ECG est anormal dans plus de 95% des cas, incluant des ondes Q proéminentes, des ondes T profondes et inversées, ou encore des critères électriques d’hypertrophie du ventricule gauche. En outre, des anomalies à l’ECG ont également été documentées dans la majorité des décès d’athlètes suite à une dysplasie ventriculaire droite arythmogène (ARVC/D), cause principale de décès par mort subite dans l’étude italienne (21). Toutefois, le coût global de ce dépistage, la taille de la population de jeunes sportifs américains concernés, le manque de standardisation du programme de dépistage à l’échelle nationale et le nombre élevé de faux positif, lié aux caractéristiques électrocardiographiques du syndrome du « cœur d’athlète », proches de celles liées à la CMH, ne font pas de l’incorporation de l’ECG dans le programme de dépistage une priorité absolue aux Etats-Unis (30).

Au-delà de 35 ans, la cause principale de mort subite chez le sportif est la pathologie coronaire athéromateuse (22).

Pour tenter de prévenir le risque de mort subite suite à une défaillance cardiaque, les participants de la dernière conférence de Bethesda (5) recommandent une large diffusion des défibrillateurs semi-automatiques (site de compétitions, stades, gymnases, piscines, clubs de remise en forme, …) et la formation spécifique des personnels d’encadrement à leur utilisation.

Il existe cependant aussi une minorité de causes non cardiovasculaires, représentées essentiellement par les traumatismes crâniens et cervicaux, l’asthme, les anévrismes cérébraux et les coups de chaleurs (12).

2.2 – L’électrocardiogramme

L’article 1 de l’arrêté du 11 février 2004 (7) stipule que pour être inscrits sur les listes des sportifs de haut niveau ou espoirs, les sportifs doivent effectuer un ECG standardisé de repos avec compte-rendu médical. Il est réalisé la plupart du temps lors de la première consultation obligatoire du suivi médical longitudinal contrôlé, en début de saison, et sert pour la réalisation du certificat de non contre-indication à la pratique sportive.

2.2.1 – Importance diagnostique et rôle de dépistage

L’ECG augmente la sensibilité du dépistage cardio-vasculaire, car il permet de dépister des pathologies parfois asymptomatiques et non décelables à l’examen clinique, comme pour

39 la CMH, qui représente la principale étiologie de la mort subite du sportif, dans laquelle l’ECG présente des anomalies dans plus de 95% des cas.

L’ECG permet ainsi de suspecter (61) :

- la CMH, l’hypertrophie auriculaire droite (ondes P souvent plus amples, aspects en double bosse), l’hypertrophie ventriculaire droite (décrite chez plus de 20% des sportifs) et l’hypertrophie ventriculaire gauche (8 à 85% des sportifs selon les études) (18) ;

- la dysplasie arythmogène du ventricule droit : ondes T négatives en dérivation V1, V2, V3 ; élargissement des QRS supérieur à 110 ms (V1, V2, V3), présence d’une onde epsilon ;

- le syndrome de Wolf-Parkinson-White : association d’un intervalle PR court (inférieur à 0,12 s) à un empâtement de l’origine du complexe QRS ;

- le syndrome du QT court : QT corrigé inférieur à 300 ms (l’intervalle QT est corrigé par la fréquence cardiaque, car l’athlète de haut niveau étant souvent bradycarde, cela induit un allongement notable de QT, d’où une correction nécessaire pour l’interprétation des résultats) ;

- le syndrome du QT long : QT corrigé supérieur à 400 ms chez l’homme (avec une valeur extrême acceptée chez le sportif à 470 ms) (14) ;

- le syndrome de Brugada : sus-décalage du segment ST ample et convexe vers le haut en précordial droit, avec plus ou moins la présence d’ondes T négatives ;

- l’hyperexcitabilité ventriculaire ;

- la cardiomyopathie dilatée ;

- les blocs auriculo-ventriculaires (BAV) de type 1, 2 et 3 ;

- une ischémie myocardique.

Il convient d’être prudent sur l’interprétation de l’ECG de l’athlète de haut niveau, car ces derniers sollicitent fréquemment leurs limites physiologiques. La mise en évidence d’une anomalie ou le moindre doute à l’ECG imposent un bilan cardio-vasculaire complet chez un spécialiste, avec éventuellement des examens complémentaires plus ou moins invasifs (Holter, échocardiographie, IRM).

2.2.2 – Modifications liées au « cœur d’athlète »

Chez l’athlète de haut niveau, il peut exister des particularités électrocardiographiques physiologiques. La pratique du sport de manière intensive, au-delà de 8 à 10 heures par semaine à une intensité dépassant 65 à 70% de la fréquence cardiaque maximale individuelle (18), peut induire des adaptations cardio-vasculaires cliniques, électrocardiographiques, morphologiques et fonctionnelles regroupées sous le terme de « cœur d’athlète ».

Ce « cœur d’athlète » consiste ainsi essentiellement en un remodelage myocardique et un nouvel équilibre neurovégétatif à bénéfice vagal (42). Le remodelage myocardique consiste, quant-à lui, en une hypertrophie et une dilatation modérée et harmonieuse des quatre cavités

40 du cœur, mais concerne surtout le ventricule gauche. Ces modifications sont homogènes, symétriques et modérées. Elles permettent ainsi au sportif d’élever son volume d’éjection systolique, et donc son débit cardiaque, sans avoir à augmenter sa fréquence cardiaque. Les modifications neurovégétatives sont bien connues et résultent en la bradycardie sinusale des sportifs en endurance de haut niveau. Cette dernière est liée à une hypertonie vagale et à un effet de vasodilatation des artères coronaires et des artérioles périphériques, ce qui accroît la réserve coronaire et la compliance vasculaire (42). Le pronostic à long terme de ce « cœur d’athlète » est excellent, dans la mesure où le déconditionnement fait rapidement disparaître ces modifications devenues inutiles.

Ainsi, certaines particularités électrocardiographiques au repos sont considérées comme normales chez un athlète de haut niveau sans signe fonctionnel et avec un examen clinique normal, telles qu’une bradycardie sinusale, une augmentation du voltage et/ou un dédoublement des ondes P, un intervalle PR plus long, la présence de blocs auriculo- ventriculaires, un rythme d’échappement auriculaire, jonctionnel, et même parfois ventriculaire, la présence éventuelle de bloc de branche droit incomplet, un syndrome de repolarisation précoce et une augmentation d’amplitude des ondes T. Toutes ces particularités de la repolarisation du cœur d’athlète se normalisent progressivement à l’effort ou parfois en récupération immédiate (14).

Les modifications du cœur d’athlète ne sont pas systématiques et l’ECG de l’athlète pratiquant un sport intensif peut ne présenter aucune anomalie par rapport à la normale, ou des altérations mineures dans 60% des cas, comme celles décrites ci-dessus (66).

2.2.3 – Modifications liées au sexe et au type de discipline pratiquée

On constate des modifications de l’ECG en fonction du sexe des athlètes, comme le démontre certaines études réalisées à grande échelle (66). Ainsi, les jeunes athlètes masculins de moins de 20 ans ont une plus grande probabilité de présenter des particularités à l’ECG, physiologiques ou non. Les altérations les plus fréquemment rencontrées sont un voltage des ondes R et S plus élevé et plus d’anomalies des ondes Q. En outre, ces modifications sont plus importantes lorsqu’elles sont associées à un entraînement intensif pendant la croissance et la maturation des adolescents (66). Elles doivent régresser en quelques semaines après cessation de l’entraînement (42).

Ces modifications varient également selon le type d’effort et de discipline pratiqués. Ainsi, elles sont plus nombreuses et plus importantes dans les sports aérobies (endurance) que les sports anaérobies (sports « explosifs »). En conséquence, chez les sportifs « endurants », on retrouve plus fréquemment une bradycardie, la présence de blocs auriculo-ventriculaires, de blocs de branche droit incomplet et d’extrasystoles supraventriculaires, tandis que les sportifs « explosifs » présentent plus d’extrasystoles ventriculaires (18).

Le facteur déterminant des modifications électrocardiographiques est le remodelage cardiaque (augmentation de la taille des cavités du ventricule gauche et de l’atrium gauche, de l’épaisseur des parois, de la masse cardiaque) induit par l’entraînement physique. Ce remodelage est beaucoup plus important dans les disciplines d’endurance, ce qui explique que l’on retrouve des anomalies à l’ECG dans une plus grande proportion de sportifs de haut niveau participant à diverses disciplines de ce type (cyclisme, ski de fond, aviron, …), que dans des disciplines dites « explosives » (66). Il est à noter par ailleurs que, dans des

41 disciplines dites « techniques » (équitation, ski alpin, judo), on ne retrouve pas d’anomalies majeures à l’ECG. Ces anomalies à l’ECG ne sont pas systématiquement corrélées à des anomalies morphologiques et structurelles à l’échocardiographie, comme l’a démontrée l’étude de PELLICIA et al. (66).

2.2.4 – Bilan

L’ECG au repos du sportif de haut niveau peut donc présenter des particularités au niveau :

- de la fréquence cardiaque avec une bradycardie sinusale, en général corrélée avec le niveau d’entraînement en endurance, sans qu’il y ait nécessairement de relation entre la fréquence basale et la performance ; en effet, l’entraînement abaisse la fréquence cardiaque par augmentation du tonus vagal et diminution du tonus sympathique, mais aussi par diminution de la fréquence propre du nœud sinusal (14) ;

- de la conduction, avec un allongement de l’intervalle PR, avec un aspect de BAV 1 (jusqu’à 35% des sportifs) (18) ou parfois un BAV 2 de type 1 avec période de Luciani- Wenckebach (caractérisé par un allongement progressif de la durée de PR précédant un « blocage » d’une onde P qui n’est pas suivi d’un complexe QRS) ;

- de la morphologie du QRS avec une hypertrophie ventriculaire droite retrouvée chez 20% des sportifs et une hypertrophie ventriculaire gauche avec un indice de Sokolow-Lyon (somme des S les plus importantes en V1 et V2 + des R les plus élevés en V5 et V6) > 35 mm, présente dans 10 à 80% des cas (14) ;

- de la repolarisation, comme une onde T aplatie ou inversée en D2, D3, aVF ou V1, une élévation du point J (définit comme le point où le complexe QRS rejoint le segment ST ; le point J marque la fin du complexe d’activation ventriculaire) avec sus-décalage ascendant du segment ST (repolarisation précoce).

Ces particularités ECG de l’athlète peuvent poser des problèmes diagnostiques (30), car la limite entre l’adaptation physiologique et les manifestations d’une pathologie sous-jacente est parfois difficile à définir. En outre, il est très important de connaître l’évolution de ces particularités d’ECG à l’effort (50). Le moindre doute impose un avis spécialisé et un bilan cardiaque complet.

En outre, un ECG d’effort permet de détecter certains troubles du rythme spécifiques, se traduisant chez l’athlète par des palpitations, des sensations de malaise, voire des pertes de connaissance. Ces anomalies de conduction peuvent être supraventriculaire, comme la fibrillation auriculaire ou encore la tachycardie paroxystique supraventiculaire, ou alors ventriculaires, comme des formes répétitives d’extrasystoles ventriculaires ou de tachycardies ventriculaires polymorphes catécholergiques.

42 2.3 – L’échocardiographie

L’article 1 de l’arrêté du 11 février 2004 (7) stipule que pour être inscrits sur les listes des sportifs de haut niveau ou espoirs, les sportifs doivent effectuer une échocardiographie transthoracique de repos avec compte rendu médical.

Celle-ci est essentiellement centrée sur le ventricule gauche, puisque ce dernier peut être la source d’une cardiopathie hypertrophique (CMH) ou dilatée (CMD). L’échocardiographie permet également de détecter d’autres anomalies morphologiques et pathologiques incompatibles avec la pratique d’une activité physique intense, telles qu’une myocardite ou encore des pathologies valvulaires (2). L’entraînement intensif entraîne des modifications morphologiques du cœur, regroupées sous le terme de « cœur d’athlète », qui ne sont pas forcément faciles à différencier d’anomalies morphologiques lors de CMH ou de CMD, comme le montre le tableau 7 :

TABLEAU 7 : « Eléments échocardiographiques permettant de distinguer une hypertrophie physiologique (« cœur d’athlète ») et une hypertrophie pathologique (CMH) » (2)

HYPERTROPHIE PHYSIOLOGIQUE : HYPERTHROPHIE PATHOLOGQIUE : « cœur d’athlète » CMH

Hypertrophie du ventricule gauche Hypertrophie du ventricule inhabituelle homogène

Septum < 15 mm Septum > 15 mm

Ventricule gauche > 55 mm Ventricule gauche < 45 mm

Oreillette gauche normale, peu dilatée Dilatation de l’oreillette gauche

Remplissage du ventricule gauche normal Remplissage du ventricule gauche pathologique

Femme : paroi < 13 mm Femme : paroi > 13 mm

Morphologie modifiée par arrêt du sport Morphologie non modifiée par arrêt du sport

Pas de terrain familial de CMH Terrain familial de CMH

Gradient de vélocité élevé Gradient de vélocité bas

C’est surtout en face de valeurs limites, comme un septum interventriculaire de 15 mm par exemple, que l’interprétation de l’examen échocardiographique est difficile. Il doit intégrer le gabarit du patient, la nature du sport pratiqué, et d’autres données indispensables pour pouvoir conclure (antécédents personnels et familiaux, examen clinique, ECG de repos et d’effort…). Lorsque le moindre doute subsiste, le recours à d’autres techniques peut parfois s’avérer très utile (échographie d’effort, IRM, voire ECG avec analyse d’échanges gazeux…) (2).

43 Dans le cas d’anomalies cardiovasculaires détectées, la 36ème conférence de Bethesda en 2005 (5) est le texte de référence pour déterminer l’aptitude du sportif. Ce texte a par ailleurs déjà fait jurisprudence lors de litige. Elle classe les sports selon l’intensité de leur pratique et de leurs caractéristiques physiologiques, et donne des recommandations sur l’aptitude du sportif en fonction de la pathologie et de la discipline pratiquée. Cette classification est située en annexe de ce rapport (annexe 11).

2.4 – L’épreuve d’effort (32)

L’article 1 de l’arrêté du 11 février 2004 (7) impose aux sportifs, inscrits sur les listes haut niveau et espoirs, une épreuve d’effort d’intensité maximale (couplée, le cas échéant, à la mesure des échanges gazeux et à des épreuves fonctionnelles respiratoires) réalisée par un médecin, selon des modalités en accord avec les données scientifiques actuelles, en l’absence d’anomalie apparente à l’examen clinique cardio-vasculaire de repos et aux deux examens précédents. En 2002, la SFMS propose un consensus concernant les épreuves d’effort des sportifs de haut niveau (58). Ces épreuves visent à dépister d’éventuelles anomalies ou inadaptations survenant à l’effort, qui imposeraient alors un avis spécialisé, telles qu’une arythmie, une hypertrophie ou une dilatation cavitaire suspecte en échocardiographie, une affection coronarienne …

En plus de cette mission de diagnostic et de dépistage, ces épreuves d’effort doivent permettre d’évaluer l’aptitude physique du sportif afin de guider sa préparation lors des entraînements de manière optimale à l’accomplissement de performances. Il est à noter que cette capacité d’effort optimale, déterminée au cours de ce type de test et sur laquelle sont fondées les modalités d’entraînement spécifique à un sportif, est fortement corrélée à une réduction des évènements cardiovasculaires au long cours, lorsque cette capacité est respectée dans la répétition des efforts demandés à l’athlète au quotidien (31).

Ces épreuves d’effort sont réalisées au sein de plateaux techniques regroupant l’ensemble du corps médical nécessaire à leur bon déroulement dans des conditions de sécurité optimale (médecins spécialisés en cardiologie, pneumologie, anesthésie réanimation et la réanimation médicale, pédiatrie, et rééducation fonctionnelle). En effet, ces épreuves d’effort maximal ne sont pas dénuées de risques pouvant mettre la vie du patient en danger, il convient de les réaliser dans un environnement adapté, avec un centre de réanimation à proximité immédiate. Ces épreuves sont bien évidemment arrêtées devant toute anomalie clinique ou paraclinique survenant au cours de celles-ci, le sportif étant dans ce cas réorienté vers une consultation spécialisée.

Elles sont réalisées sur des ergomètres (tapis roulant, ergocyclomètre, ergomètre d’aviron, ou à manivelle), qui sont des appareils utilisés pour mesurer le travail fourni par certains muscles, ou certaines parties du corps. Le tapis roulant est préférable pour la détermination précise des capacités d’endurance, car la masse musculaire mise en jeu, et donc la VO2 max, est supérieure (31).

On distingue différents types d’épreuves d’effort, à visée cardiologique (50) ou à visée médicosportive, qui sont les épreuves d’effort bioénergétiques (métabolisme aérobie / anaérobie) et les épreuves d’effort musculaire.

44 Les épreuves d’effort couplées à la mesure des échanges gazeux ont deux objectifs :

- évaluer les changements hémodynamiques et électrocardiographiques liés à l’exercice, et dépister d’éventuelles inadaptations cardiovasculaires à l’effort, telles que des signes d’ischémie myocardique (rare avant 35 ans, donc rare chez la plupart des sportifs de haut niveau), des troubles du rythme ou des anomalies du profil tensionnel, pouvant témoigner d’un obstacle à l’éjection du sang ou d’un défaut de la contractilité myocardique primitive ou le plus souvent ischémique (31, 50) ;

- évaluer les capacités bioénergétiques du sportif en déterminant certains de ses paramètres physiologiques. On peut évaluer la consommation maximale d’O2 (VO2 max), qui correspond à la quantité maximale d’oxygène que l’organisme peut prélever, transporter et utiliser au niveau cellulaire ; ainsi que la puissance maximale aérobie (puissance pour laquelle la VO2 max est atteinte). Le débit d’oxygène maximum (VO2 max) ne reflète cependant qu’une étape de transmission entre la captation pulmonaire et l’extraction périphérique musculaire de l’oxygène. On détermine également le seuil anaérobie, qui correspond à l’intensité de l’effort à partir duquel prédomine la filière anaérobie, par la mesure des lactates sanguins au cours du test d’effort. Les données sont extrêmement précieuses pour l’athlète, car elles permettent une évaluation de ses capacités physiques et une orientation de son entraînement (57).

Ces épreuves sont qualifiées de « triangulaires » quand elles amènent le sujet de l’état de repos à l’épuisement (protocoles en rampe ou par paliers progressifs de durée et d’intensité variables), ou de « rectangulaires » quand l’effort est réalisé à puissance constante (d’emblée maximal ou succession d’efforts constants ou progressifs) (57).

Le test ne doit pas être trop long (15 à 25 minutes), et doit durer d’autant plus longtemps que les sportifs sont âgés et endurants. En dehors des causes d’arrêt prématuré, le test est terminé quand le sportif atteint l’épuisement (et que la fréquence cardiaque atteinte rejoint ou dépasse la classique et imparfaite formule FC max = 220 – âge) ; 2 à 3 minutes de marche ou de pédalage supplémentaires au premier palier permettent d’éviter les malaises vagaux post- efforts et d’enregistrer d’éventuelles anomalies ECG ne survenant qu’en récupération, comme l’apparition d’un sous-décalage du segment ST, généralement considéré comme pathologique (31).

Un compte-rendu final détaillé, indiquant clairement les indications du test (visée cardiologique, visée bioénergétique), les observations cliniques ou paracliniques lors du déroulement de l’examen, les résultats des données cliniques, paracliniques et physiologiques, et des conclusions claires de conduite à tenir doit être réalisé et remis au patient à son propre usage ou destiné à son médecin traitant. Pour éviter les litiges et autres conflits, c’est à l’athlète de remettre ce rapport au médecin fédéral ou au médecin du club sportif.

3 – Examens biologiques

Les examens biologiques réalisés chez les sportifs de haut niveau comprennent les examens sanguins (Numération Formule Sanguine (NFS), dosage des réticulocytes et de la ferritine) et les examens urinaires (recherche de protéinurie, glycosurie, hématurie ou de nitrites).

45 Certaines fédérations (cyclisme, athlétisme) exigent un suivi plus poussé, avec des examens biologiques plus complets et plus fréquents.

L’objectif principal d’un tel suivi biologique est avant tout la protection de la santé du sportif, en effet, « les examens biologiques pratiqués dans le cadre du suivi ne doivent pas être considérés comme des examens de dépistage indirect de substances dopantes pouvant aboutir à des procédures disciplinaires : leur objectif est avant tout préventif afin de rechercher d'éventuelles anomalies biologiques qui pourraient être à l'origine ou la conséquence de véritables pathologies liées à la pratique sportive. » (80). A ce titre, la surveillance biologique doit être rigoureuse et adaptée aux exigences de la pratique sportive.

3.1 – L’examen sanguin

L’objectif de cet examen est d’évaluer le transport de l’oxygène dans le sang, ainsi que d’éventuels infections ou états inflammatoires. La NFS explore les trois lignées sanguines :

- les globules rouges : taux de globules rouges, taux d’hémoglobine, hématocrite, volume globulaire moyen (VGM) ;

- les globules blancs : formule leucocytaire ;

- les plaquettes.

Lors des phases d’entraînement les plus intensives, les taux d’hémoglobine et d’hématocrite peuvent diminuer, provoquant la « pseudoanémie du sportif ». Les causes sont multiples : augmentation du volume plasmatique par rétention d’eau, d’électrolytes et de protéines, hémolyse due à des contraintes mécaniques (surtout chez les sportifs endurants) et enfin, diminution de l’érythropoïèse. Ces variations sont cependant souvent discrètes, et donc peu perceptibles à l’examen sanguin (15).

Les réticulocytes sont les cellules précurseurs des globules rouges et sont fabriquées par la moelle osseuse. Leur taux sanguin augmente lors d’anémie régénérative et diminue lors d’anémie arégénérative d’origine centrale. Chez le sportif, une augmentation du nombre de réticulocytes, outre une cause médicale, peut traduire une stimulation exogène de l’érythropoïèse (notamment la prise d’érythropoïétine (EPO)), alors qu’une diminution peut témoigner d’une érythropoïèse inefficace (« myélodysplasie fonctionnelle »), directement liée à une pratique sportive intensive (28). En effet, l’EPO est produite par certaines cellules du rein sensibles à la différence de pression partielle en oxygène au niveau tissulaire. Ainsi, lors d’efforts intenses, ces cellules sont soumises à une ischémie perturbant leur métabolisme, et notamment la production d’EPO.

La ferritine est la protéine de stockage du fer. Son taux donne un aperçu assez fidèle des réserves en fer de l’organisme. Le fer est un constituant physiologique de l’hémoglobine, qui transporte l’oxygène dans le sang, mais également de la myoglobine et de nombreuses enzymes respiratoires. Une carence en fer, même modérée, altère le métabolisme oxydatif de la cellule musculaire, provoquant des troubles de la contraction musculaire et une baisse des performances sportives (15). A un stade plus important, cette carence en fer peut entraîner une anémié, et par conséquent une diminution des capacités de transport de l’oxygène dans le sang.

46 L’entraînement régulier augmente les besoins de l’organisme en fer et accroît le risque de carence ou de pertes. En effet, chez le sportif, les pertes en fer peuvent être accrues par une excrétion augmentée par la sueur, par une hémolyse dans les capillaires superficiels, mais aussi par une augmentation des pertes digestives ou urinaires. Dans d’autres cas, les apports en fers sont insuffisants. Par exemple, un régime hypocalorique ou trop restrictif en viande rouge (plus riche en fer assimilable que les sources végétales) peut induire une carence en fer chez les athlètes pratiquant une discipline à composante esthétique ou à catégorie de poids. La carence en fer est fréquente dans la population sportive, plus particulièrement chez les femmes (du fait des pertes menstruelles, même si l’aménorrhée, correspondant à l’absence de menstruation, est fréquente chez les sportives de haut niveau). La férritinémie reflète les réserves tissulaires en fer de l’organisme. La découverte d’une hypoferritinémie impose toujours un bilan étiologique complet (67), avec recherche de lésions gastriques, urinaires, ou gynécologiques pouvant expliquer des pertes excessives de fer. En cas de doute sur le dosage sanguin de la ferritine, il faut l’associer au dosage de la protoporphyrine libre érythrocytaire. En effet, l’incorporation du fer à la protoporphyrine est la dernière étape dans la constitution de l’hème, composant central de l’hémoglobine et de la myoglobine, c’est pourquoi une carence en fer peut conduire à une accumulation de protoporphyrine libre dans les globules rouges. Un contrôle biologique régulier permet de prévenir une éventuelle carence en fer.

Le médecin joue ici un rôle crucial dans la prévention de maladie, en insistant sur l’importance d’une ration alimentaire équilibrée qualitativement et quantitativement.

Les mécanismes physiopathologiques impliqués dans le développement des anémies et des carences en fer des sportifs sont souvent multiples et complexes, ce qui rend leur interprétation à partir des résultats du bilan sanguin délicate.

3.2 – L’examen urinaire

Lors de l’examen urinaire, le médecin recherche la présence de protéinurie, glycosurie, d’hématurie ou de nitrites.

L’hématurie d’effort correspond à la présence de globules rouges dans les urines, émises à l’issue d’un effort physique. Elle disparaît totalement avec le temps et la cessation de l’effort (10). Deux origines principales sont à distinguer, à savoir rénale ou urologique. Plusieurs mécanismes ont été invoqués dans l’hématurie d’effort (1,67) :

- la vasoconstriction rénale à l’exercice, prédominant sur l’artère efférente du glomérule, peut, en augmentant la fraction de filtration, favoriser le passage d’hématies et de protéines à travers la membrane glomérulaire.

- une hydratation insuffisante au cours de l’exercice, surtout dans les efforts effectués avec une température ambiante élevée, entraîne une diminution importante de la diurèse avec précipitation cristalline. La précipitation cristalline est à l’origine d’une irritation de la muqueuse urinaire et on retrouve ainsi dans le culot urinaire, des globules rouges, associés à des leucocytes, à des cristaux calciques ou uratiques.

- des microlésions vésicales, à l’origine d’hématurie d’effort, ont été mises en évidence par cystoscopie chez des coureurs de fond (1). Elles correspondent à des contusions localisées, avec une perte de l’urothélium et la présence d’exsudat fibrineux, localisées en regard de la muqueuse séparant les deux uretères, avec des extensions latéralement recouvrant

47 la partie intramurale de chaque uretère et le bord postérieur du méat urinaire interne. La plupart de ces microlésions sont situées sur la partie postérieure de la vessie, de façon bilatérale, en regard du trigone vésical. Elles seraient dues aux impacts répétés durant la course de la partie postérieure flasque de la vessie contre sa base, qui est une structure, épaisse, fixée et rigide. Ces microlésions cicatrisent spontanément en l’espace de quelques jours. Ce mécanisme, décrit uniquement chez les coureurs de fond à l’heure actuelle, est cependant facilement concevable et extrapolable aux autres disciplines.

- un traumatisme rénal direct peut, dans certains sports (rugby, football, …) entraîner une hématurie macroscopique qui disparaît habituellement au repos.

Ainsi, le diagnostic différentiel pour une hématurie d’origine rénale ou urologique comprend les étiologies de nature tumorale, infectieuse ou lithiasique. L’hématurie vraie doit être distinguée :

- d’une pigmenturie induite par l’élimination urinaire de pigments rouges (sans hématurie) issus de la consommation d’aliments comme la betterave ou de médicaments comme la vitamine B12 ;

- de la myoglobinurie et de l’hémoglobinurie d’effort causée par des dommages musculaires ou de l’hémolyse (10).

L’hématurie d’effort est habituellement bénigne et disparaît totalement à distance de l’effort. Elle peut être évitée par une bonne hydratation pendant l’effort, et ne contre-indique pas la poursuite de l’entraînement sportif. La persistance d’une hématurie après contrôle nécessite un bilan étiologique qui insiste sur la recherche des différentes causes d’hématurie évoquées, par exemple la recherche de causes traumatiques dans les sports de contact (sports de combat, rugby, …) (1).

La protéinurie est définie comme une excrétion de protéines supérieure à 150 mg, dans l’urine, sur une période de 24 heures, chez l’adulte. Une protéinurie d’effort est également fréquente chez l’athlète de haut niveau. Elle le sera d’autant plus que l’exercice physique est intense et de courte durée, par rapport à un effort prolongé. Elle est due à l’augmentation de la filtration glomérulaire et à une baisse de la réabsorption tubulaire. L’augmentation d’activité de la rénine plasmatique, du système rénine-angiotensine, associée à l’exercice, et l’intervention de la kallikréine, du système des kinines, sont également impliquées en augmentant la perméabilité de la membrane glomérulaire, ce qui favorise le passage de protéines plasmatiques. On note un pic d’incidence de protéinurie au moment de l’adolescence, les causes les plus courantes étant une protéinurie orthostatique, provoquée par la station debout, de la fièvre, l’exposition au froid, un stress émotionnel et l’exercice. La protéinurie d’effort doit régresser en 24 à 48 heures. Le cas échéant, le clinicien devra chercher à exclure toute cause de pathologie rénale et faire un monitoring rapproché, en effectuant éventuellement divers examens complémentaires, jusqu’à la normalisation des résultats (19). Ainsi, il faut distinguer une protéinurie d’effort « physiologique » d’un syndrome néphrotique, d’une infection rénale récente, d’un rein polykystique, d’une néphrite, d’un œdème ou encore la prise de certains médicaments.

48 4 – Examen dentaire

L’examen dentaire fait partie intégrante du suivi médical longitudinal contrôlé des athlètes de haut niveau depuis l’article 1 de l’arrêté du 11 février 2004 (7). Il vise à détecter des pathologies dentaires parfois silencieuses et à rechercher d’éventuels foyers infectieux dentaires, qui peuvent à l’occasion disséminer et atteindre d’autres appareils, tels que le cœur, les reins, et l’appareil articulaire ou musculo-tendineux.

Les accidents bucco-dentaires sont très fréquents (2,13% par rapport au total des accidents déclarés (61)) et sont fonction du type de discipline pratiquée (sports de contacts notamment). Chez les jeunes, il ya plus de luxations dentaires que de fractures dentaires. Avec l’âge, ces proportions s’inversent. Toute lésion traumatique bucco-dentaire peut aussi être la source de surinfections.

Le port d’une protection dentomaxillaire fait suite à (61) :

- des indications réglementaires : en boxe, boxe française et football américain, où le « protège-dents » est imposé) ;

- des indications conseillées : pour les sports de contacts où la fréquence des accidents dentomaxillaires justifie des mesures collectives de prévention (rugby, hockey sur glace et sur gazon, …) ;

- des indications individuelles : chez des individus présentant une denture fragile, dès lors qu’il y a risque de coups, quel que soit le sport pratiqué ; cette indication, de loin la plus fréquente, est pourtant la plus oubliée… sauf après accident.

La protection dentomaxillaire permet de prévenir en partie les microtraumatismes répétés, qui peuvent entraîner des conséquences, immédiates ou tardives, très graves, bien plus que des fractures ou des luxations. En effet, ils sont source de foyers infectieux primaires, qui peuvent disséminer par la suite, et entraîner des endocardites bactériennes, des symptômes musculo-tendineux, …

Certaines pratiques sportives, tels que les sports aériens ou sous-marins, peuvent entraîner des barotraumatismes, suite à des variations de pression barométrique, allant de « barodontalgies » jusqu’à l’éclatement des dents (odontocrexies) ou à des descellements d’obturations ou de coiffe (couronne). Les sports aériens ou de plongée sont bien sûr concernés, mais il ne faut pas oublier toutes autres activités pratiquées en altitude. C’est pourquoi la surveillance buccodentaire de ces athlètes est particulièrement exigeante et porte sur de nombreux points (61).

De plus, un examen dentaire régulier permet de repérer et de corriger, par un traitement orthodontique, d’éventuels troubles de l’occlusion dentaire pouvant entraîner des déséquilibres musculaires de la sphère oro-faciale, mais aussi à distance par le jeu des chaînes musculaires, provoquant des troubles de l’orthostatisme, des contractures musculaires, ou encore une diminution de l’adresse et de la force explosive (61).

49 50

Deuxième partie :

METHODOLOGIES D’ENTRAINEMENT CHEZ LES ATHLETES DE HAUT NIVEAU

51

52 A – Principes généraux de l’entraînement physique (61)

Malgré la spécificité de chaque sport, les principes régissant l’organisation d’un programme d’entraînement sont, pour une bonne part, communs aux différentes activités sportives. Ces principes sont l’application de base des fondamentaux de l’entraînement que sont les notions de spécificité, de progressivité, d’individualisation, de continuité, de planification, de récupération et de préparation physique générale.

Dans la recherche continue d’optimisation de l’entraînement, l’apport de la science, et désormais de la biologie moléculaire, prend une place de plus en plus importante. Dans l’état actuel de nos connaissances, il est abusif de parler d’un entraînement scientifique, on parle plutôt d’une approche scientifiquement argumentée et statistiquement vérifiée de l’entraînement sportif.

1 – Spécificité de l’entraînement

La spécificité de l’entraînement est un principe connu depuis longtemps. Elle se base sur l’observation selon laquelle l’adaptation concerne des organes différents en fonction du type d’entraînement réalisé. En outre, un même organe s’adapte différemment selon le type d’entraînement. Ainsi, un entraînement d’endurance augmente principalement les activités mitochondriales et les capillaires musculaires, alors qu’en entraînement de musculation développe essentiellement les myofibrilles.

L’amélioration des performances s’explique aussi par une meilleure économie des gestes sportifs, qui ne peut être acquise que par un entraînement spécifique. Le principe de spécificité signifie que l’entraînement doit développer essentiellement les qualités limitant les performances, et que les moyens utilisés doivent être adaptés à chaque discipline.

1.1 – Les facteurs limitants

La première étape de la conception d’un programme d’entraînement consiste à préciser quels sont les facteurs limitants de la réussite et de la performance sportive.

Les études physiologiques, anthropométriques, psychomotrices et psychologiques des meilleurs athlètes d’une discipline sont l’un des moyens de déterminer les facteurs limitants propres à un sport particulier.

Une analyse fondée sur les connaissances actuelles en biologie de l’exercice en est un autre, afin de parvenir à ce même objectif. Cette analyse doit se focaliser sur la durée et l’intensité de l’exercice, son caractère continu ou intermittent, l’intensité des forces mises en jeu, le caractère isométrique ou anisométrique des contractions musculaires, les différents groupes musculaires sollicités, l’influence du poids et de la taille, ou encore d’évaluer l’apprentissage des gestes moteurs essentiels. A partir de tout cela, il est possible d’évaluer l’intérêt éventuel de tel ou tel programme d’entraînement.

53 1.2 – Les incompatibilités

La deuxième étape consiste à déterminer les incompatibilités concernant le développement simultané de certaines qualités physiques. Ainsi, pour certains physiologistes, le développement optimal et simultané des qualités de vitesse et d’endurance aérobie est incompatible, car ces exercices ne développent pas le même type de fibres musculaires. De même, un entraînement de musculation s’accompagne d’une augmentation importante de la masse musculaire, et est donc incompatible avec la réussite dans une activité où le coût énergétique est un facteur limitant essentiel et dépend de la masse corporelle (marathon, …).

1.3 – Quels exercices réaliser ?

La troisième étape consiste à déterminer les types d’entraînement les plus appropriés pour développer les qualités nécessaires à la pratique sportive concernée. Ces entraînements doivent être efficaces, supportables physiquement et psychologiquement par l’athlète, et ne pas être incompatibles entre eux.

L’étude des programmes d’entraînement des meilleurs athlètes est un moyen de connaître les types d’entraînement efficaces pour réussir dans une discipline. C’est une approche pragmatique intéressante, mais il faut conserver un esprit critique et ne pas oublier un des points fondamentaux de l’entraînement qu’est le principe d’individualisation.

Cette étape est de loin la plus empirique, et sur le terrain, il s’agit le plus souvent d’appliquer « des recettes toutes faites ». Malgré le peu de fondement scientifique de ce type de raisonnement, l’expérience montre néanmoins que son application pratique est généralement efficace.

2 – Progressivité de l’entraînement

La progressivité de l’entraînement est le deuxième principe fondamental qu’il convient de respecter. Celle-ci concerne autant l’intensité que la durée et la fréquence des entraînements, afin de ne pas tomber dans les deux extrêmes que sont l’insuffisance et l’excès d’entraînement, conduisant respectivement à des situations de stagnation des résultats ou au surentraînement.

La progression des résultats connaît une phase initiale marquée par des progrès très rapides, suivie par une période de progrès très lents. Ceci s’explique probablement par des mécanismes adaptatifs différents. En outre, il est fréquent que des périodes de stagnation prolongée, voire même de régression, s’intercalent entre des périodes de lente progression.

Une stagnation des résultats est aussi observée si la quantité et/ou l’intensité de l’entraînement restent constantes sur des périodes prolongées. L’entraînement n’est plus alors un stimulus suffisant pour assurer la progression des performances, mais permet juste le maintien à un certain niveau de performance.

54 L’augmentation de l’intensité et de la fréquence des entraînements ne doit pas être préétablie de façon trop rigide, mais s’adapter aux particularités individuelles et aux circonstances, en se fondant sur une évaluation répétée de la condition physique.

3 – Individualisation de l’entraînement

La nécessité d’une individualisation de l’entraînement reste un principe trop souvent ignoré. Il est indispensable de déterminer, pour un sportif donné, les qualités physiques et mentales qu’il serait souhaitable d’améliorer, et celles dont le niveau est suffisant, au moyen de tests de terrain et de laboratoire. Ces derniers étant très couteux, cela justifie l’utilisation répétée et à grande échelle des tests de terrain, comme le test RSS (Repeat Sprint Skate) pour les hockeyeurs sur glace, détaillé plus bas dans le cadre des méthodologies d’entraînement spécifique à cette discipline.

Ce principe est d’autant plus important que les sportifs ont souvent tendance à entraîner leurs points forts et à négliger le développement de leurs points faibles. Toutefois, il faut également essayer d’adapter au maximum, et dans la mesure du possible, le programme d’entraînement en fonction des préférences du sportif pour certains types d’activité physique.

Un programme d’entraînement individualisé doit tenir compte de l’objectif recherché, d’un handicap éventuel, de la survenue d’une maladie même bénigne, des causes extrasportives de fatigue et du passé sportif de l’athlète.

4 – Continuité de l’entraînement

Le programme d’entraînement doit inclure également la notion de continuité. En effet, les adaptations induites par l’entraînement physique ne sont que temporaires. Hormis le cas du sportif surentraîné, en règle générale, une diminution prolongée de l’intensité ou de la quantité d’entraînement mène à un niveau moindre de performances. Par exemple, les activités mitochondriales musculaires diminuent très précocement suite à une baisse d’entraînement, tandis que la VO2 max semble rester stable plus longtemps.

A l’extrême, un arrêt complet et prolongé de toute activité sportive chez un athlète de très haut niveau peut se manifester par un syndrome dit de « désentraînement ». En plus d’une diminution de la condition physique, le sportif se plaint de nombreux troubles fonctionnels, plus ou moins marqués, sans aucune lésion organique décelable, comme des vertiges, des troubles circulatoires, des maux de tête, des problèmes d’estomac, un manque d’appétit, des angoisses, des insomnies, ou encore un état dépressif et/ou d’hypersensibilité. Ce syndrome s’apparente à un syndrome de sevrage, l’activité sportive jouant le rôle d’une drogue.

Les interruptions d’entraînement ne devraient pas dépasser un mois. En cas d’arrêt prolongé occasionné par une convalescence, il est préférable de rechercher une activité de remplacement qui soit médicalement acceptable en fonction du patient, afin de maintenir son niveau de performance, ou du moins de limiter sa régression. Cela est d’autant plus important que de nombreux sportifs ont tendance à vouloir reprendre trot tôt leur activité sportive, car ils supportent mal psychologiquement le fait d’être arrêté trop longtemps, et sont conscients des méfaits engendrés par une telle période d’inactivité complète.

55 5 – Planification de l’entraînement

La planification de l’entraînement est un facteur essentiel de la réussite sportive. Dans la mesure où il est difficile de rester en permanence au sommet de sa condition physique, il est nécessaire de déterminer des objectifs principaux au cours de la saison sportive.

La planification de l’entraînement consiste donc à répartir dans le temps les différents modes d’entraînement, mais aussi les périodes de récupération qui sont essentielles. Ainsi, le plan d’entraînement répartit dans la saison sportive des cycles de préparation physique générale, des cycles de préparation spécifique et de mise en forme, ainsi que des cycles de récupération.

Cette planification ne doit pas être uniquement envisagée sur du court terme, sur une saison sportive, mais également en fonction des objectifs à atteindre dans les années suivantes, en particulier chez le jeune sportif. Ceci permet d’adapter les types d’entraînement non seulement en fonction des objectifs sportifs immédiats, mais également en fonction du plan de carrière sportive de l’athlète de haut niveau. Ces derniers planifient ainsi leur entraînement sur des périodes de deux, voire quatre ans, en fonction des objectifs de qualification et de participation aux Championnats du Monde ou aux Jeux Olympiques. Ces plans d’entraînement doivent également se baser sur la progression individuelle de l’athlète, et doivent ainsi prendre en considération l’état de forme physique de l’athlète pour que ses performances physiques soient optimales lors des grandes échéances.

6 – Importance de la récupération

Chaque séance d’entraînement provoque des perturbations importantes de l’homéostasie de l’organisme (hyperthermie, perturbations hydroélectrolytiques, diminution des réserves énergétiques). En outre, la répétition de microtraumatismes est à l’origine de lésions sur les différents appareils, notamment sur les systèmes ostéoarticulaire et musculosquelettique.

La récupération correspond à une période d’activité métabolique accrue par rapport au repos, comme en témoigne l’augmentation du métabolisme pendant les 24 à 48 heures qui suivent l’arrêt d’un exercice intense et/ou prolongé. Schématiquement, l’exercice correspond à une prédominance de processus cataboliques alors que la récupération correspond à la mise en jeu des processus anaboliques, nécessaires à la restauration de l’homéostasie de l’organisme.

6.1 – Théorie de la surcompensation

La surcompensation est un phénomène caractérisé par une activité métabolique accrue, permettant non seulement de remplacer les pertes métaboliques liées à l’exercice et de récupérer leur niveau initial avant effort, mais permettant également d’améliorer le métabolisme basal de l’individu. Cet état de « sur-récupération » après effort est appelé surcompensation.

56 Les phases d’exercice et de récupération sont indissociables dans le processus d’entraînement. L’importance de la phase de récupération est le fondement de la théorie de la surcompensation.

Cette théorie a pour origine les premiers travaux sur l’évolution de la concentration du glycogène intramusculaire suite à un effort prolongé. A la fin d’un exercice avec effort prolongé, la concentration en glycogène baisse fortement, puis retrouve son niveau initial plusieurs heures, voire plusieurs dizaines d’heures après. Si les circonstances de récupération sont favorables (temps et conditions de récupération, apports métaboliques), la concentration du glycogène intramusculaire peut même dépasser le niveau initial de plus de 50% les jours suivants. Cette « sur-récupération » des réserves glycogéniques est appelée surcompensation.

La surcompensation est un phénomène temporaire. Elle a pu également être mise en évidence pour d’autres substrats énergétiques ou d’autres grandeurs biologiques, comme par exemple le volume plasmatique.

L’école soviétique de sport a fait de cette théorie un des fondements de leur type d’entraînement. De nombreux entraîneurs soviétiques utilisent actuellement cette théorie pour fonder leur programme d’entraînement. En voici les points essentiels :

- les effets de l’entraînement sont d’autant plus nets que les perturbations de l’homéostasie sont importantes ;

- les délais de survenue des phases de récupération et de surcompensation dépendent des grandeurs biologiques étudiées et de l’exercice ;

- la phase de surcompensation est transitoire ; l’amélioration observée après une séance d’entraînement n’est que de courte durée et son maintien nécessite donc la répétition des séances d’entraînement ;

- l’intervalle entre deux séances doit être tel que le sujet reprenne l’entraînement en phase de surcompensation de l’exercice précédent ;

- la période de récupération qui suit l’exercice est essentielle ; la surcompensation n’est observée que si la durée et la qualité de la récupération sont satisfaisantes.

Le phénomène de surcompensation n’explique pas l’ensemble des adaptations survenant au cours d’un programme d’entraînement. Dans cette théorie, l’adaptation est liée à la compensation de processus en rapport avec la survenue de la fatigue pendant l’exercice. Il n’est pas évident que ce principe s’applique à tous les processus adaptatifs provoqués par l’entraînement. Cette théorie doit donc être considérée plus comme un modèle de raisonnement appliqué à l’entraînement que comme une explication des processus d’adaptation à un programme d’entraînement.

6.2 – Théorie des effets cumulés

Malgré l’augmentation de leur durée et de leur intensité, les séances d’entraînement sont des stimuli de plus en plus faibles au fur et à mesure de la progression du niveau sportif. Pour pallier le peu d’efficacité des séances d’entraînement chez les athlètes de haut niveau, des théoriciens ont proposé de cumuler les effets de plusieurs séances d’entraînement, c’est la théorie des effets cumulés. 57 Au lieu de reprendre l’entraînement en phase de surcompensation, le sportif répète plusieurs séances, alors qu’il n’a pas complètement récupéré de la précédente. Une période de récupération suffisante suit cette série de séances. Une surcompensation est espérée après cette période de repos et le sportif recommence alors une nouvelle série de séances.

La seule différence est que la surcompensation est ici provoquée par le cumul de séances rapprochées dans le temps au lieu d’une seule séance. Les stimuli adaptatifs sont supposés être plus accentués qu’après une séance unique et les possibilités de surcompensation majorées, à condition qu’une période de récupération satisfaisante suive la dernière série de séances d’entraînement, comme l’illustre la figure 1 ci-dessous.

FIGURE 1 : «Evolution d’une variable physiologique lors de la répétition d’un exercice (d’après TCHAGOVETS) (61)»

En haut : en phase de surcompensation.

En bas : en phase de récupération incomplète. Le phénomène de surcompensation est observé après la phase de récupération prolongée qui suit la dernière séance d’exercice.

Les preuves de cette théorie manquent encore, néanmoins, celle-ci est d’autant plus intéressante que les séances sont de moins en moins efficaces dans une série, c’est-à-dire que le niveau sportif augmente. Une variante de cette théorie est déjà pratiquée, plus ou moins consciemment, lorsque des athlètes de niveau moyen effectuent des stages d’entraînement

58 intensif d’une durée d’une à deux semaines. Une surcompensation est espérée dans les 7 à 10 jours qui suivent ces stages.

La récupération est un phénomène actif, et l’état de fatigue ne doit pas être excessif pour que les différents processus anaboliques de la période de récupération soient pleinement efficaces. A un état de fatigue avancé, on n’observe plus la phase de surcompensation, ni même celle de récupération de l’état initial. Ainsi, l’entraîneur joue un rôle essentiel dans la recherche individuelle de l’équilibre entre séances d’exercice et phases de récupération, afin d’optimiser le phénomène surcompensation. En effet, lorsque le nombre, la durée et l’intensité des séances, séparées de phases de récupérations incomplètes sont trop importants, la fatigue de l’organisme peut être telle qu’une surcompensation n’est plus observée après la période de repos. A l’excès inverse, à un degré de plus, la simple récupération de l’état initial, avant la première séance d’exercice, n’est plus observée après le repos. Ceci serait une des causes du syndrome de surentraînement du sportif.

6.3 – Cycles de récupération

La recherche de séances d’entraînement réalisées en phase de surcompensation limite donc la durée des intervalles de repos entre les séances. Il en est de même dans la recherche d’effets cumulés. Si une fonction physiologique, par exemple cardiovasculaire, se trouve en phase de surcompensation pour un intervalle donné de repos entre deux séances, ce même intervalle de récupération peut être insuffisant pour une autre fonction. Cette fonction peut donc se dégrader progressivement avec la répétition des séances.

Ainsi, certains programmes d’entraînement prévoient des périodes de récupération, régulièrement espacées, afin d’éviter la dégradation des fonctions qui récupèrent plus lentement. Au minimum, un ou deux jours de repos hebdomadaire sont intercalés entre les séances d’entraînement. Chez les athlètes de haut niveau, il est fréquent qu’après 3 ou 4 semaines d’entraînement intensif, les programmes incluent des cycles de 5 à 7 jours où l’intensité, la durée et la fréquence de séances sont inférieures aux valeurs habituelles, on parle de « microcycles de récupération ». De même, des cycles de récupération doivent être programmés après des périodes prolongées de compétition de haut niveau.

Une récupération satisfaisante est l’élément essentiel du processus d’entraînement et de la prévention du surentraînement. A ce titre, le médecin du sport jour un rôle très important dans le dépistage et la prévention de tels troubles.

7 – Préparation physique générale (PPG)

La préparation physique générale est le fondement d’une éducation physique dont l’objectif est l’épanouissement physique et psychologique de l’individu. Elle doit être considérée comme une thérapeutique préventive indispensable. En effet, l’entraînement d’un sportif ne consiste pas uniquement à améliorer les qualités physiques qui limitent directement les performances. Il doit être capable aussi de supporter physiquement et psychologiquement ces séances d’entraînement.

59 La répétition des séances s’accompagne de processus accessoires qui peuvent évoluer vers la maladie : pathologie traumatique et attitudes vicieuses, pathologie cardiovasculaire, surmenage. L’observation du principe de progressivité de l’entraînement permet généralement d’atténuer certains de ces effets secondaires indésirables. Néanmoins, il est nécessaire, dans de nombreuses activités sportives, d’inclure des exercices dont l’objectif est de permettre à l’athlète de s’adapter aux contraintes physiques du programme d’entraînement.

C’est ainsi que des athlètes d’endurance pratiquent des exercices d’étirement et de renforcement musculaire, même si ces activités n’ont pas de répercussion directe sur l’amélioration des performances. A l’opposé, des athlètes pratiquant des sports où la force et la puissance maximale anaérobie sont les facteurs limitants réalisent, à dose limitée, des exercices aérobies.

On oppose généralement préparation spécifique et préparation physique générale, néanmoins, cette dernière doit conserver une certaine spécificité de la discipline sportive pratiquée, dans la mesure où chaque sport présente des insuffisances spécifiques. De plus, les résultats de cette PPG ne doivent pas être incompatibles avec l’amélioration des performances.

En règle générale, contrairement à la préparation spécifique, le temps consacré à la PPG est d’autant plus important que la période de compétition est éloignée et que le sujet est jeune.

B – Méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en hockey sur glace

1 – Présentation du hockey sur glace

Depuis l'antiquité, l’Homme a joué à des jeux où un objet était frappé avec un bâton incurvé. L’utilisation du mot « hockey » pour désigner de tels jeux est attesté depuis 1785 (1527 pour hockie) mais son étymologie est incertaine. Il dérive peut-être du vieux mot français d’origine germanique hoquet (bâton de berger, crochet), ou du hokkie hollandais, diminutif de hok (chenil ou cabane et désignant dans ce cas les cages de but). Beaucoup de ces jeux furent développés pour être joués sur les champs mais aussi sur la glace. Selon quelques historiens, on jouait déjà au hockey en Mésopotamie pendant le troisième millénaire avant J.-C.

1.1 – Historique

Le hockey sur glace est un sport canadien dont les origines remontent au XIXème siècle. Il est fondé sur plusieurs sports similaires pratiqués en Europe, notamment le bandy pratiqué en Scandinavie. En 1979, W.F. Robertson, étudiant de l’université Mac Gill de Montréal, invente le palet, remplaçant la balle qui rebondissait trop haut sur la glace. Le premier match historique eu lieu le 3 mars 1875 sur la glace de la patinoire de Victoria de Montréal.

60 Le hockey sur glace s’est implanté en Europe ente les années 1880 et la première guerre mondiale. Les premiers championnats d’Europe ont eu lieu en 1910 aux Avants, dans les Alpes suisses, et ont été remportés par la Grande-Bretagne.

La pratique du hockey s’est étendue aussi aux Etats-Unis, où la United States Amateur Hockey League a été fondée à New-York en 1896.

La Fédération Internationale, l'IIHF (International Federation) a été fondée en 1908 et l’année suivante, en 1909, est fondée la ligue internationale de hockey sur glace par le français Louis Magnus. En 1917, la NHL (Ligue Nationale de Hockey) est créée et rassemble dans un championnat les meilleures équipes américaines et canadiennes. De nos jours, la NHL regroupe les meilleurs joueurs mondiaux.

Il faut attendre 1920 pour voir apparaître le hockey sur glace pour la première fois aux Jeux Olympiques d’été à Anvers. En 1924, lors des premiers Jeux Olympiques d’hiver à Chamonix, le hockey sur glace devient le sport collectif de l’olympiade d’hiver et le restera. C’est également à Chamonix que s’est déroulé le premier championnat du monde de hockey en 1930, remporté par le Canada.

Le hockey sur glace se développe surtout au Canada (où c’est le sport le plus populaire), aux Etats-Unis, et dans les pays scandinaves et d’Europe de l’est. Dans ces pays, la glace est un élément climatique constant, donnant au patinage une valeur culturelle qui n’est pas rencontrée ailleurs.

On ne peut évoquer le hockey sur glace sans faire référence à une légende de ce sport : le canadien Wayne GRETZKY, considéré comme le joueur du siècle, le marqueur le plus prolifique et le coéquipier le plus généreux. En 19 saisons de NHL, il a remporté 4 fois la Stanley Cup, portant le maillot des Edmonton Oilers, Saint Louis Blues, Los Angeles Kings et New York Rangers avec 82 buts (plus 122 en play-off) à son actif.

En France, le hockey sur glace peine à s’implanter du fait du manque d’infrastructures (seulement 12 patinoires en 1968). Il se développe initialement dans les villes de montagne (Chamonix, ), puis, par la suite, en province (, Amiens ou Reims). La regroupe les 14 meilleures équipes nationales.

Sur le plan international, le seul titre remporté par l’équipe de France est le titre de champion d’Europe en 1924. En avril 2007, l’équipe de France, après sa victoire en Chine au championnat de première division, réintègre le top 16 de l’élite et se qualifie pour le Championnat du monde 2008 au Canada. Elle s’est requalifiée par la suite pour l’édition 2009 qui a eu lieu en Suisse, remportée par l’équipe de Russie.

Il existe aussi un hockey sur glace féminin, surtout développé en Amérique du Nord, qui est apparue pour la première fois aux Jeux Olympiques en 1998 à Nagano. En France, le championnat de France féminin, créé en 1986, regroupe 14 clubs.

1.2 – Principe de jeu et règles (76)

Le hockey sur glace oppose deux équipes d’une vingtaine de joueurs, sur une patinoire de 60 mètres de long pour 30 mètres de large, encerclée par une rambarde de 1m20 surmontée de vitres de plexiglas. Un match dure trois tiers temps de 20 minutes.

61 Le jeu consiste à marquer le maximum de points en faisant pénétrer un disque de caoutchouc vulcanisé, appelé palet ou rondelle, dans le but adverse à l’aide d’une crosse.

Sur la glace, chaque équipe ne peut aligner plus de 6 joueurs (en général, un gardien de but, deux défenseurs et trois attaquants). Les joueurs évoluent par ligne défensive ou offensive. Une équipe est en général constituée de quatre lignes offensives avec trois attaquants chacune, de trois lignes défensives avec deux défenseurs chacune et de deux gardiens de but, soit un total de 20 joueurs. Il existe également des lignes spécifiques aux situations d'infériorité numérique ou de supériorité numérique.

La plupart du temps, les changements de joueurs s’effectuent ligne par ligne. Ils sont très fréquents au hockey sur glace (en général, toutes les 30 à 90 secondes) et s’effectuent à n’importe quel moment du jeu (lors d’arrêts de jeu ou en cours de jeu), selon les schémas tactiques de l’entraîneur.

Trois arbitres sont présents sur la glace, vêtus d’une chemise à rayures noires et blanches. Il n’y a qu’un seul arbitre en chef. Celui-ci peut infliger des pénalités de deux, cinq ou dix minutes de prison, voire l'expulsion.

Le hockey sur glace est aussi le seul sport où les joueurs peuvent se déplacer derrière les buts, zone où souvent la bataille fait rage pour la conquête du palet, tandis que veille le gardien devant sa cage de 1,83 mètre de large.

Une des particularités de ce sport est l’autorisation, depuis 1951, des charges contre l’adversaire (ou mise en échec) faisant de l’engagement physique un des aspects prédominants de ce sport. Au hockey sur glace féminin, les mises en échec sont interdites. Un match peut également comporter des combats entre joueurs, combats tolérés (aux Etats-Unis ou au Canada) ou interdits selon les ligues et les compétitions.

Pour absorber les contacts (notamment les charges adverses et les palets, ces derniers pouvant atteindre 180 km/h), le hockeyeur porte un certain nombre de protection : les jambières, la culotte, les coudières, le plastron et les épaulières, les gants, le casque, le protège-cou, le protecteur buccal et la coquille. Le port du casque est obligatoire, il doit être équipé d’une protection faciale complète pour les joueurs de moins de 18 ans et pour les filles. Pour les joueurs de moins de 18 ans, le port du protège-cou est également obligatoire. En outre, l’équipement du gardien, plus spécifique, pèse jusqu’à une vingtaine de kilos !

1.3 – Fédération des sports de glace et fédération de hockey sur glace

Créée en 1905, la Fédération Française de Hockey sur Glace intègre en 1942 la Fédération des Sports de Glace. Cette dernière regroupe toutes les disciplines évoluant sur piste de glace : le patinage artistique, la danse sur glace, le ballet sur glace, le patinage de vitesse, le curling, le bobsleigh, la luge, le skeleton et le patinage synchronisé, auxquels vont se rajouter le short- track et la ringuette.

En 2006, le hockey sur glace devient indépendant des autres sports de glace et le 29 avril 2006 est créée officiellement la Fédération Française de Hockey sur Glace, reconnue par le Ministère des Sports, le Comité National Olympique et la Fédération Internationale de Hockey sur Glace.

62 2 – Eléments de physiologie appliqués aux joueurs de hockey sur glace (24, 62)

A l’heure actuelle, les hockeyeurs sur glace ont un gabarit plus fort et un niveau de condition physique bien supérieur à leurs prédécesseurs. Ceci reflète l’évolution du jeu, tant sur l’intensité de jeu que sur le durcissement physique du jeu (mises en échec). A titre de comparaison, en 1917, 19 joueurs effectuaient au moins un temps de jeu au cours d’un match et la saison durait 22 matchs tandis que, durant la saison 2000-2001, 39 joueurs effectuent au moins un temps de jeu au cours d’un match et la saison dure 82 matchs (63).

Bien qu’il existe de très nombreuses études sur la physiologie de l’effort chez les hockeyeurs sur glace, paradoxalement, très peu d’entre elles se réfèrent aux joueurs de haut niveau, la plupart portant sur les joueurs universitaires. En outre, la grande majorité de ces études ne permettent pas d’arriver à des données reproductibles et à des conclusions fiables. Ainsi, il existe ainsi un grand besoin d’appliquer des données scientifiques validées et indiscutables issues de la médecine sportive au jeu de hockey sur glace. La dernière grande étude concernant la physiologie des hockeyeurs date de 2000 (62). Malgré son ancienneté et l’évolution permanente de la discipline, on dispose aujourd’hui d’une base de données intéressante, qui a permis d’extrapoler certaines conclusions afin d’établir des méthodes d’entraînement appropriées à cette discipline.

Même si la plupart de l’information disponible reste spéculative, il faut s’attacher à rechercher les corrélations entre la performance sportive et diverses variables comme les capacités neuromusculaires, la force, la puissance, les adaptations périphérique et centrale à l’effort, les déplacements incessants des joueurs, l’état d’hydratation, le « désentraînement » et les programmes spécifiques d’entraînement. Ainsi, la compréhension des diverses adaptations métaboliques spécifiques en relation avec l’effort requis par cette discipline permettra l’application de fondements scientifiques aux méthodes d’entraînement afin d’optimiser les performances des hockeyeurs.

2.1 – Analyse du jeu du hockey sur glace

Il a été établi que le hockey sur glace est le sport sur deux pieds le plus rapide au monde. En effet, les hockeyeurs professionnels sont capables d’atteindre des vitesses de 30 km/h après seulement 4 foulées de patinage (62). De plus, c’est un jeu physique, « rugueux », avec des phases de jeu intensives impliquant des contacts, du jeu agressif et une très grande habileté technique. A cause de la nature de cette discipline, la physiologie des athlètes est complexe.

Un match se déroule sur 60 minutes de jeu, réparties entre trois tiers-temps de 20 minutes, avec une période de repos de 15 minutes entre chaque. A haut niveau, le hockey se caractérise par des phases de jeu, appelées « présences » sur la glace, de forte intensité, d’une durée de 45 à 60 secondes, excédant rarement les 90 secondes. En moyenne, un joueur de NHL effectue un temps de présence de 16 minutes de jeu effectives, un match durant au total presque trois heures en comptabilisant les périodes de repos et les arrêts de jeu. Les joueurs les plus utilisés au sein d’une équipe vont jusqu’à 35 minutes de présence sur la glace.

Durant ce temps de jeu effectif, les joueurs patinent en moyenne une distance totale de l’ordre de 5 kilomètres, à une vitesse moyenne de 13 km/h. Comparativement aux attaquants,

63 les défenseurs patinent à une vitesse moyenne plus faible, de l’ordre de 8 à 10 km/h, ces derniers effectuant moins d’accélérations brutales (62).

Au cours d’une saison de NHL, les joueurs disputent de 95 à 120 matchs sur une période de 6 à 9 mois, en fonction de la qualification et de la participation de l’équipe aux play-offs en fin de saison. Ainsi, les joueurs sont en déplacement permanent, enchaînant les matchs à un rythme d’un match tous les 2 à 3 jours. Ce rythme de vie exigeant est à prendre en compte lors de l’établissement des programmes d’entraînement.

Les facultés de patinage sont primordiales pour les joueurs de hockey sur glace, toutefois, il existe des différences spécifiques entre les postes au sein d’une équipe. Ainsi, les attaquants doivent se concentrer sur leur habileté au tir et aux dribbles, tandis que les défenseurs doivent maîtriser l’art des mises en échec et des repositionnements tactiques au cours du jeu.

Le temps de présence sur la glace et le temps de récupération sur le banc dépend majoritairement du niveau de jeu et du nombre de joueurs dans l’équipe. A un niveau professionnel, l’utilisation de présences courtes sur la glace permet à l’entraîneur de maintenir l’énergie de ses joueurs, ainsi que leur habileté technique, tout au long d’un match. On note chez les défenseurs des temps de jeu plus importants que chez les attaquants, ainsi qu’un nombre plus élevé de présences sur la glace, et moins de temps de récupération entre les présences.

Au cours d’une présence sur la glace, on relève classiquement 5 à 7 phases d’intensité maximale, d’une durée de 2 à 3,5 secondes. Ce temps d’intensité maximale, explosive, au cours d’un match est de l’ordre de 4 à 6 minutes. Les attaquants effectuent plus d’activités anaérobies que les défenseurs. Pendant une présence, on relève également 2 à 3 arrêts de jeu, avec une durée moyenne de 20 à 30 secondes par interruption (62).

Le hockey sur glace est un sport unique sur le plan métabolique. En effet, la demande physique de ce jeu implique un grand développement des filières aérobies et anaérobies. Ce sport ne demande pas uniquement une activité glycolytique intense, liée aux courtes phases de jeu de forte intensité, mais également une endurance et une puissance aérobie exceptionnelle. En outre, l’implication de la filière anaérobie au hockey sur glace est dépendante de l’efficacité de la filière aérobie.

La nature du jeu requiert également des capacités physiques et une puissance musculaire exceptionnelle. Le hockey peut ainsi être considéré comme un sport où une bonne condition physique est obligatoire tout au long de la saison. Cette dernière, maintenue par un programme d’entraînement approprié, est une aide à la prévention de la survenue prématurée de la fatigue et des blessures, très fréquentes dans ce sport.

2.2 – Caractéristiques physiques, anthropométriques et musculosquelettiques des hockeyeurs (3, 63)

Ces caractéristiques des joueurs de NHL n’ont cessés d’évoluer au fil du temps vers l’amélioration de la condition physique et du profil athlétique des hockeyeurs. Cette évolution reflète fidèlement les changements de méthodes d’entraînement et de sélection des joueurs.

64 2.2.1 – Caractéristiques physiques et anthropométriques des hockeyeurs

Au niveau professionnel, les joueurs ont entre 20 et 35 ans, avec une moyenne d’âge au sein des équipes autour de 25 ans (62).

L’étude d’AGRE et al. (3), réalisée sur 27 joueurs de hockey sur glace évoluant en NHL, montre que :

- les joueurs pèsent en moyenne 85,6 kg, avec seulement 9,2% de tissu adipeux ;

- les défenseurs sont globalement plus lourds, avec une masse graisseuse un peu plus importante, mais ces différences ne sont pas statistiquement significatives ;

- les joueurs mesurent en moyenne 182,9 cm, et on note une tendance des gardiens de but à être plus petits que les joueurs de champs.

Selon une étude rétrospective menée par MONTGOMERY (63), les joueurs sont en moyenne plus grands de 10 cm et pèsent 17 kg de plus en 2003 qu’en 1917. A la vue de ces résultats, on peut estimer que le gabarit des joueurs continuera d’augmenter, en regard de la progression linéaire des différentes variables sur cette période. Un gain de 17 kg représente une augmentation de 23% de l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Cette progression semble se traduire par une augmentation de la mase musculaire. En effet, le pourcentage de gras, évalué par la mesure des 6 plis cutanés (le pli sous-scapulaire, le pli supra-iliaque, les plis au niveau du triceps, de la poitrine, de l’abdomen et de la partie moyenne de la cuisse) est resté relativement inchangé sur les 20 dernières années avec une moyenne de 8 à 12%.

Cette augmentation de l’IMC de 2,3 kg/m2 indique que les joueurs ne sont pas uniquement plus charpentés, mais qu’ils ont un gabarit plus fort proportionnellement à leur taille par rapport aux joueurs de NHL des années 1930’ et des décennies ultérieures.

Différents facteurs influent sur cet accroissement du gabarit physique des joueurs de NHL. Ainsi, les joueurs sont draftés sur leurs performances, mais également sur leurs capacités physiques et physiologiques, et notamment sur leur taille, leur force, leur agressivité et leur dureté dans le jeu, qui sont des composantes principales du processus de sélection des jeunes joueurs. En outre, les joueurs s’entraînent plus longtemps, et consacrent plus de temps à l’entraînement physique en salle. Le staff ne se compose plus seulement d’entraîneur tactique, mais également de préparateurs physiques et de coachs de fitness. La nutrition est également un facteur de premier ordre dans l’accroissement du gabarit des joueurs, avec notamment la prise de boissons énergisantes ou d’électrolytes, qui favorisent la récupération, ou la consommation de compléments alimentaires ou de substituts plus ou mois légaux, type créatinine, qui tend à augmenter la masse musculaire.

Les joueurs sont draftés en moyenne à l’âge de 18 ans. Entre 18 et 25 ans, ils gagnent en moyenne 5kg de masse corporelle, en association avec une augmentation de charge de 21kg lors de l’épreuve de développé-couché des bras (détaillée plus bas lors des tests de laboratoire). Les 25-29 ans sont comparativement 16% plus forts lors de ce test.

Ces caractéristiques sont le reflet des contraintes de l’entraînement intensif et des compétitions, ainsi que des adaptations à l’effort intense. Paradoxalement, on note une certaine homogénéité des joueurs, malgré les exigences spécifiques de chaque poste (3).

65 2.2.2 – Caractéristiques musculosquelettiques des hockeyeurs

Les paramètres de flexibilité et de force, concernant les différents groupes musculaires de l’aine, de la cuisse ou de l’épaule, déterminés par divers tests de laboratoire (cf infra), sont symétriques et on n’observe aucune différence en rapport avec le côté de prédilection du joueur. Comparativement aux autres sports, les hockeyeurs sont particulièrement flexibles au niveau des poignets, des hanches, des genoux et des chevilles (62).

Toutes les mesures de force sont similaires entre les postes. Néanmoins, les gardiens se montrent plus habiles dans les tests de mesure de flexibilité pour tous les groupes musculaires testés, et particulièrement pour l’abduction de la hanche. En effet, les gardiens ont besoin d’une grande musculature des régions de l’aine et des cuisses afin d’exécuter des sauvetages devant les buts, particulièrement lors des arrêts de bottes. Cette différence par rapport aux joueurs de champs reflète également le fait que les goals passent plus de temps à réaliser des exercices de stretching à l’entraînement, afin d’améliorer leurs parades.

Le hockey est un sport éprouvant, et parfois violent. Les blessures attenantes à l’appareil musculosquelettique ne sont pas rares, particulièrement à un niveau professionnel où l’intensité de jeu est très élevée. La plupart des joueurs sont victimes de blessures au cours de leur carrière sportive, ce qui peut entraver leur habileté pendant le jeu. En effet, il est presque inconcevable de penser que tous les joueurs ont pleinement récupéré d’une ancienne blessure. On distingue ainsi d’une part les lacérations et les contusions, liées aux contacts entre joueurs ou aux atteintes par le palet ou une crosse adverse, et d’autre part les lésions ligamentaires et les fractures, les genoux étant particulièrement touchés, suivis par les atteintes aux épaules, à l’aine et au dos (24). L’analyse des données individuelles souligne le fait que de nombreux joueurs présentent un ou des déficits musculosquelettiques. L’étude d’AGRE et al. (3) relève 13 déficits musculosquelettiques sur 10 joueurs, soit 37% des participants.

2.2.3 – Influence de l’équipement des hockeyeurs (62)

L’équipement du joueur de hockey sur glace est indispensable afin d’assurer sa protection, mais il augmente également considérablement se dépense énergétique au cours d’un match. En effet, avec 5% de surcharge, le joueur voit son endurance anaérobie diminuer de 4% au test RSS (décrit plus bas dans cette partie). C’est pourquoi le choix des équipements doit se porter sur des matières aussi légères que possible, sans sacrifier le rôle protecteur de cet équipement.

Avec un poids moyen de 7,3 kg pour les joueurs de champ, il affecte les performances de patinage, en les détériorant de l’ordre de 20%. En effet, les joueurs ont une vitesse maximale diminuée de 2,9% lorsqu’ils portent leur équipement et le coût énergétique supplémentaire est estimé à 4,8%. Toutefois, cet équipement n’affecte pas la VO2 max des joueurs.

66 2.3 – Caractéristiques physiologiques des hockeyeurs

La plupart des hockeyeurs professionnels ont passé des années à développer leur habileté technique et leurs performances physiques. Bien que la performance sportive soit facilement reconnaissable, il est beaucoup plus difficile de déterminer des critères quantitatifs fiables conduisant à celle-ci. La performance sportive est multifactorielle, incluant des prédispositions génétiques, la condition physiologique de l’athlète, son niveau d’habileté, des facteurs biomécaniques, psychologiques et environnementaux, les méthodes d’entraînement. Tous ces paramètres sont à prendre en compte dans la recherche de la performance sportive des joueurs.

L’identification des facultés physiologiques des athlètes apporte une aide fondamentale, non seulement dans le recrutement des joueurs, mais surtout dans l’établissement des forces et des faiblesses de chacun, afin d’établir des programmes d’entraînement individuels spécifiques.

2.3.1 – Influence des caractéristiques physiologiques en fonction du poste du joueur

Par le passé, de nombreuses études ont montré la nécessité d’exigences physiologiques particulières pour chaque poste, c’est-à-dire qu’il est possible d’identifier un attaquant d’un défenseur ou d’un gardien de but par son profil physiologique. Ainsi, il existe une faible corrélation entre les paramètres physiologiques individuels et le poste du hockeyeur.

L’étude de COX et al. (24), en 1995, semble démontrer le contraire. En effet, bien qu’il existe des différences sur le plan physiologique, des puissances musculaire et aérobie en fonction des postes au début des programmes d’entraînement, les hockeyeurs améliorent non seulement leur condition physique au fur et à mesure de l’entraînement, mais deviennent de plus en plus proches en terme de physiologie. Ce point de discordance tend à dévoiler un biais dans les études précédentes sur la sélection des joueurs en fonction des postes. Ce rapprochement reflète l’accentuation de l’entraînement spécifique imposé par les entraîneurs et les préparateurs physiques, que par les postes des joueurs en eux-mêmes.

Cependant, l’étude plus récente de MONTGOMERY (62) en 2000 montre les différences physiologiques entre les attaquants, les défenseurs et les gardiens de but, en relation avec leur sélection et leur entraînement spécifique, même si une homogénéisation semble s’installer entre les attaquants et les défenseurs sur de nombreux points. Les gardiens présentent quant-à eux des caractéristiques différentes des joueurs de champ.

2.3.2 – Puissance aérobie

2.3.2.1 – La fréquence cardiaque (62)

La fréquence cardiaque a longtemps été utilisée pour déterminer la demande aérobie au cours du jeu en hockey sur glace. Au cours d’un match, les joueurs évoluent en moyenne à

67 85% de leur fréquence cardiaque maximale, avec des pics à 90% de celle-ci. Ceci reflète l’intensité très élevée du jeu au cours d’un match et l’implication de la filière aérobie durant une partie de cet effort.

Les attaquants et les défenseurs ont des fréquences cardiaques similaires au cours d’un match, avec une intensité moyenne de l’ordre de 82,5% de leur fréquence cardiaque maximale. En revanche, les gardiens de but évoluent à une intensité plus faible, de l’ordre de 64% de leur fréquence cardiaque maximale.

Cependant, ce suivi de la fréquence cardiaque par télémétrie, afin de déterminer la puissance aérobie des hockeyeurs, ne permet pas d’évaluer l’ensemble des facteurs intervenants au cours du jeu. En effet, la fréquence cardiaque est influencée par diverses conditions qui ne requièrent pas une augmentation de la consommation d’oxygène, comme par exemple la nature émotionnelle du jeu, la nature intermittente de ce sport ou encore l’élévation de température interne des joueurs, car les protections du hockeyeur limitent la dissipation de la chaleur. C’est pourquoi ces facteurs limitants ont conduit à utiliser un autre paramètre plus fiable afin de déterminer les capacités aérobies des joueurs : la VO2 max.

2.3.2.2 – La VO2 max

La VO2 max correspond à la quantité maximale d’oxygène que l’organisme peut prélever, transporter et utiliser au niveau cellulaire. Lorsqu’elle est atteinte, elle permet ainsi de définir la puissance maximale aérobie. La VO2 max des joueurs de hockey sur glace varie de 52 à 63 mL/kg/minute (63). De 1992 à 2003, les valeurs moyennes ne diffèrent que de 4,6 mL/kg/minute, ce qui suggère que la puissance aérobie des athlètes de hockey sur glace augmente très légèrement proportionnellement à l’accroissement de leur gabarit physique. Les valeurs de VO2 max sont similaires dans les différentes classes d’âge, bien que les joueurs plus âgés aient une masse corporelle plus élevée. En outre, les hockeyeurs affichent les mêmes valeurs de VO2 max lorsqu’ils sont testés sur la glace ou sur tapis roulant en salle.

L’étude d’AGRE et al. (3) montre que la puissance aérobie des hockeyeurs est similaire entre les attaquants, les défenseurs et les gardiens de but. La VO2 max est en moyenne de 53,4 mL/kg/min. Elle est approximativement 10% plus élevée par rapport à une population de sédentaires et 20 à 25% plus faible que les athlètes de haut niveau pratiquant des disciplines d’endurance.

Par le passé, des programmes d’entraînement rigoureux, bien qu’en désaccord avec les programmes d’entraînement classique en NHL, ont été mis en place afin d’améliorer les fonctions cardiovasculaires et respiratoires. Ces méthodes sont à l’origine de la progression considérable de la VO2 max des joueurs au cours du temps. Ces perfectionnements dans le développement de la puissance aérobie sont apparus de manière indépendante à l’accroissement de la condition et des caractéristiques physiques des joueurs. Tout ceci indique bien que ce changement de méthode a été efficace dans l’amélioration des composantes physiologiques associées à la puissance aérobie. En outre, les joueurs talentueux sont ceux qui ont le meilleur profil physiologique, avec des VO2 max plus élevées.

68 2.3.3 – Puissance anaérobie

La détermination de la puissance anaérobie et des aptitudes des joueurs professionnels de hockey sur glace a toujours été une tâche difficile, à cause du manque de standardisation des protocoles et de tests fiables. Pour évaluer les hockeyeurs, les tests sur ergocyclomètres sont préférés, car la déplétion glycogénique et le recrutement musculaire sont similaires lors du patinage et lors du pédalage.

Au cours du test de WINGATE, l’athlète pédale pendant 30 secondes à une vitesse maximale contre une force de freinage, équivalente à 75g/kg. On mesure ainsi la vitesse maximale et la quantité de travail fournie par l’athlète. On mesure également la baisse de puissance en cours d’épreuve, afin de déterminer un indice de fatigabilité.

Ce test offre une bonne corrélation entre la capacité anaérobie sur la glace et le protocole réalisé lors de celui-ci. Les résultats indiquent que les attaquants, les défenseurs et les gardiens de but possèdent les mêmes aptitudes et la même puissance anaérobie.

La vitesse de patinage est une des composantes majeures de la performance au hockey sur glace (56). Elle est déterminée lors du test de SARGEANT, qui consiste à réaliser des sprints sur 54,9 mètres, correspondant à la distance séparant les deux lignes de but, sur une durée de 40 secondes (87). Ce test, homologue du test de WINGATE, mais sur la glace, permet de déterminer la capacité et la puissance anaérobie des hockeyeurs par les formules suivantes :

- Capacité anaérobie (Watts) = [ poids du sujet (kg) x distance totale parcourue (m) ] / temps total (s)

- Puissance anaérobie (Watts) = [ poids du sujet (kg) x distance totale parcourue (0-5 sec) ] / temps total (5 sec)

L’entraînement des joueurs doit être axé sur la faculté à développer une grande puissance musculaire à des vitesses élevées, et ce pendant la saison régulière tout autant que pendant l’intersaison et l’entraînement en dehors de la glace.

Un autre test peut également être utilisé. Il s’agit d’une course maximale sur tapis roulant, jusqu’à épuisement, avec une pente de 20% et à une vitesse de 12,8 km/h. Les résultats indiquent une amélioration des capacités anaérobies des joueurs entre le début et la fin d’une saison de hockey. Ainsi, la durée de ce test augmente de 64,3 à 74,8 secondes, avec une lactatémie en post-effort passant de 11,9 à 13,3 mmol/L (62).

2.3.4 – Relation entre les métabolismes aérobie et anaérobie (17)

Le métabolisme anaérobie entraîne une déplétion des réserves d’ATP et une augmentation d’ions inorganiques phosphates, une accumulation d’H+, une augmentation de la formation des lactates et une baisse du pH. Tous ces mécanismes physiologiques sont en relation avec la survenue de la fatigue et une baisse de puissance physique. La récupération est corrélée à la restauration des stocks de ces métabolites. Le métabolisme aérobie joue un rôle de premier ordre dans ce processus, en favorisant l’apport d’oxygène aux muscles dont les besoins sont

69 les plus importants. Il améliore également la clairance des lactates et favorise la régénération des réserves en ATP.

Toutefois ce principe est remis en question par divers auteurs, et il semblerait que le métabolisme aérobie soit impliqué dans le processus de récupération à un faible niveau, au- delà duquel il n’y aurait plus aucun effet bénéfique de ce métabolisme sur la récupération de l’athlète.

Selon l’étude de CAREY et Al. (17) la puissance aérobie des hockeyeurs, mesurée par la VO2 max, n’est pas significativement reliée à la faculté de récupération lors de la réalisation d’exercices fractionnés. En effet, seulement 17,8% de la variance de la VO2 max peut être expliquée par la fatigue. Ces résultats sont en adéquation avec d’autres études, mais en franc désaccord avec d’autres.

2.3.5 – Puissance musculaire et endurance (62)

La puissance musculaire est un des principaux facteurs discriminants entre les joueurs professionnels et les joueurs amateurs.

Le test permettant de mesurer la force qu’à une main pour serrer un objet, à l’aide d’un dynamomètre, est couramment employé pour mesurer la force des avant-bras, qui contribuent grandement à la puissance des tirs au but. Les attaquants et les défenseurs présentent de meilleurs résultats à ce test que les gardiens de but. On note également une tendance à ce que les joueurs de champ soient plus forts du bras droit que du bras gauche, indépendamment de leur côté de prédilection.

Le test du développé-couché est utilisé pour mesurer la force du haut du corps et l’endurance des hockeyeurs. Ce test, développé ultérieurement, indique que les joueurs soulèvent en moyenne 98 kg, soit 13% de plus que leur poids corporel. Concernant l’endurance, les attaquants et les défenseurs sont plus résistants que les gardiens de but.

Le test permettant d’évaluer l’endurance des muscles abdominaux est fréquemment utilisé chez les hockeyeurs. Les joueurs enchaînent ainsi des abdominaux à un rythme de 25 répétitions par minute, sur un maximum de 100 répétitions. La moyenne à ce test est de 49,7 répétitions chez les joueurs professionnels. Seuls 11% des joueurs sont capables de parvenir à enchaîner 100 répétitions sur ce rythme.

2.3.6 – Facultés diverses en relation avec le jeu

Les capacités neuromusculaires de l’athlète, telles que l’agilité, l’équilibre ou l’efficacité du patinage, ont une importance de premier ordre au cours du jeu. Pourtant, les études contrôlées sur ces paramètres sont inexistantes.

Des tests d’acuité visuelle, portant sur la vitesse et la capacité de concentration, la vision stéréoscopique, ou des tests de vision périphérique en trois dimensions avec des spots lumineux ont été effectués sur plusieurs joueurs. Les plus talentueux sont les joueurs performants lors des face-offs, les tireurs au but précis, les gardiens de but et les joueurs

70 sélectionnés lors des all-star games. Ces tests sont des indicateurs d’une bonne coordination entre la vision et le geste, et permettent également d’apprécier la rapidité des réflexes.

2.4 – Etude de quelques paramètres physiologiques en relation avec l’adaptation à l’exercice

2.4.1 – Les lactates

2.4.1.1 – Généralités

Il est intéressant de déterminer le seuil lactique des athlètes de haut niveau, et de voir son évolution avec l’entraînement et les compétitions au fil des saisons sportives. Associé aux mesures de VO2 max, il reflète l’implication des différentes filières énergétiques en relation avec l’adaptation à l’effort.

Les bases scientifiques de telles mesures sont les suivantes :

- la VO2 max est un indicateur d’adaptation centrale à l’effort tandis que le seuil lactique reflète les adaptations musculaires périphériques ;

- le seuil lactique est hautement spécifique est sert de base à l’établissement d’un programme d’entraînement individuel spécifique, de même que pour évaluer des situations de désentraînement ou de réhabilitation à l’effort suite à une convalescence ;

- le seuil lactique est fortement influencé par la spécificité de l’entraînement.

Selon l’étude de COX (24), effectuée sur 24 équipes de NHL, le seuil lactique apparaît pour une valeur de 82% de la VO2 max en moyenne, avec des valeurs s’étalant de 73 à 92%. L’élévation d’1 mmol/L de lactatémie a lieu lors d’une augmentation de la fréquence cardiaque de 4 battements/min. Ceci prouve la nécessité de ne pas fonder un programme d’entraînement uniquement sur le monitoring cardiaque des hockeyeurs, mais en tenant compte des lactatémies individuelles.

2.4.1.2 – Accumulation des lactates sanguins

L’accumulation des lactates dépend de la condition physique du sportif, de son niveau d’entraînement, de sa masse musculaire, de la composition de ses fibres musculaires, de son statut nutritionnel, de son volume sanguin circulant et de son état de fatigue.

Paradoxalement, aucune étude définitive n’a été conduite chez des hockeyeurs professionnels afin d’établir l’évolution de la lactatémie au cours d’un match. Des études ont été faites chez des joueurs amateurs et universitaires et indiquent des lactatémies de l’ordre de 2,9 à 11 mmol/L à la fin d’un match. Chez ces mêmes joueurs, la lactatémie est élevée après le premier (8,7 mmol/L) et le deuxième (7,3 mmol/L) tiers-temps, mais diminue au cours de

71 la dernière période (4,9 mmol/L). Les attaquants et les défenseurs présentent des valeurs similaires (62).

Ces lactatémies relativement basses peuvent s’expliquer par la fréquence des arrêts de jeu au cours du match. Avec une moyenne de 2 arrêts de jeu par présence, ceux-ci autorisent une récupération d’approximativement 30 secondes. Ce temps est suffisant pour permettre une régénération partielle des réserves musculaires.

Des présences trop longues d’intensité maximale entraînent une accumulation des lactates dans le muscle et une diminution des réserves glycogéniques, notamment dans les fibres de type II. Ceci provoque une acidose métabolique et des perturbations de la contraction musculaire, d’où une baisse de performance chez l’athlète. Des présences courtes réduisent l’accumulation des lactates et autorisent plus de temps à la récupération et à la restauration des réserves musculaires en ATP.

Afin d’obtenir une clairance maximale des lactates sanguins, il faut effectuer une récupération active à l’aide d’exercices représentant une charge de travail de 28 à 68% de la VO2 max, en-dessous du seuil lactique (24). En effet, l’accumulation d’acide lactique est corrélée à une baisse de performance et à la survenue de la fatigue musculaire. Le phénomène de récupération active est efficace, car les lactates générés par l’exercice sont reconvertis en pyruvate, et utilisés comme source d’énergie par les fibres musculaires à contractions lentes, à métabolisme oxydatif. Toutefois, de nombreux facteurs sont à prendre en considération, comme la durée et l’intensité de l’exercice, l’intensité et la durée des phases de récupération active entre les différents efforts ou des facteurs d’ordre individuels.

Une étude de WATSON et HANLEY (86) a montré une augmentation de l’élimination des lactates chez des hockeyeurs effectuant une récupération active en faisant du step, par rapport à une récupération active en patinant à vitesse modérée ou à une récupération passive assis sur le banc. Toutefois, ces trois modes de récupération n’affectent pas les performances ultérieures. Les observations de cette étude sont à pondérer avec le fait que les tests sont des sprints réalisés en fractionnés, et qu’ils sont effectués à une intensité maximale. De ce fait, le métabolisme anaérobie est sollicité à un niveau élevé en terme de production d’acide lactique. Dès lors, 15 minutes de récupération ne suffisent pas pour pouvoir noter de grandes différences dans la baisse de la lactatémie entre ces trois modes de récupération. Cette étude nécessiterait des investigations complémentaires, sur des situations de match par exemple.

2.4.2 – Les réserves glycogéniques musculaires (62)

La déplétion des réserves glycogéniques musculaires est associée à une baisse de la performance physique. Le muscle vaste latéral étant particulièrement actif pendant les phases intermittentes de patinage, ce muscle est la cible de choix pour réaliser des études biopsiques chez les hockeyeurs.

Au cours d’un match de hockey, le glycogène est utilisé par les fibres musculaires à contraction lente de type I et par les fibres musculaires à contraction rapide de type IIa et IIb. On relève une déplétion glycogénique de l’ordre de 80% dans les fibres de type I à la fin des matchs. Toutefois, il est difficile de penser que cette déplétion glycogénique peut être source de fatigue dans ce sport, dans la mesure où le temps de jeu effectif moyen est de l’ordre de 16 minutes, où une grande partie du match se déroule en dessous du seuil lactique, et qu’il reste une quantité importante de glycogène dans les fibres de type II.

72 Au cours d’un effort continu en patinant, on note une déplétion glycogénique de 29%, essentiellement dans les fibres de type I, tandis qu’au cours d’un effort similaire, mais de nature intermittente, la déplétion est de l’ordre de 79% et touche préférentiellement les fibres de type II, et notamment les fibres IIb.

Dans ces conditions d’effort intermittent, on relève des concentrations de lactates dans le muscle de 26,4 mmol/L. Le potentiel du muscle à maintenir sa charge de travail est donc compromis, de part la concentration élevée en acide lactique et de part la déplétion glycogénique dans les fibres de type IIb.

Avec la répétition des matchs, à un rythme d’un match tous les 2 jours parfois, les réserves glycogéniques n’ont pas le temps d’être régénérées avant le match suivant, malgré une alimentation ad libitum. Avec cette baisse des réserves glycogéniques dans le muscle et dans le foie, la glycémie diminue au fur et à mesure des tiers-temps au cours du match suivant. Une alimentation adaptée et la consommation de boissons énergisantes doit donc être fortement encouragée par l’ensemble du staff de l’équipe. Ainsi, avec une consommation de glucides avant et pendant le match, les hockeyeurs patinent avec une vitesse moyenne supérieure de 10,2%. Cette consommation permet de maintenir la glycémie et de réduire l’utilisation des réserves glycogéniques de 10,3% (62).

2.4.3 – Localisation et répartition des différents types de fibres musculaires (62)

Les athlètes qui se spécialisent dans les activités de sprint tendent à présenter majoritairement des fibres à contraction rapide au niveau des jambes, tandis que les athlètes d’endurance affichent une prédominance de fibres à contraction lente.

Les hockeyeurs affichent une large variation dans la composition de leurs fibres musculaires. On note ainsi de 20 à 71% de fibres à contraction lente au niveau du muscle vaste latéral. Ceci reflète les demandes exigeantes du jeu, avec des efforts intermittents intenses et une dépense énergétique s’étalant sur une durée de 2 heures et demi.

On observe aucune différence dans la répartition des fibres de type I chez les hockeyeurs, et ce quelque soit leur niveau de jeu. En outre, les gardiens, les attaquants et les défenseurs ont le même pourcentage de fibres à contraction lente. Etonnamment, les hockeyeurs européens semblent avoir plus de fibres à contraction lente que leurs homologues nord- américains.

Les activités d’endurance entraînent une diminution de la proportion des fibres IIb au profit des fibres IIa. Le hockey sur glace tend à convertir les fibres musculaires vers des fibres à contraction rapide et cet entraînement produit un accroissement de la taille des fibres IIa et IIb.

2.4.4 – Effets de la déshydratation

De nombreux rapports ont établis qu’il n’est pas rare qu’un hockeyeur professionnel perde de 2 à 5 kg lors d’un match, ce qui peut représenter de 3 à 10% de son poids corporel ! Cette

73 déshydratation a un impact très fort sur les performances sportives des joueurs, puisqu’une perte de plus de 2% du poids corporel inhibe la thermorégulation, et se répercute sur les grandes fonctions physiologiques. Des fluides de compensation (boissons énergisantes, boissons sportives contenant des électrolytes) sont donc nécessaires et le corps a besoin de plusieurs heures de récupération en post-effort afin de rétablir son homéostasie.

Etonnamment, à la vue des conséquences d’une telle déshydratation, seul un article a été consacré au problème de la thermorégulation chez les hockeyeurs. MAC DOUDALL (48) a montré qu’un tiers-temps de 20 minutes génère approximativement 300 kcals d’excès de chaleur. Cet excès se dissipe primitivement par la tête, le cou et les épaules. L’évacuation de cette chaleur est donc grandement compromise au hockey sur glace, à cause de l’équipement et des protections du joueur. Le potentiel des joueurs à accroître leur production de chaleur à l’exercice, les pertes de fluides (sueur), la vasoconstriction compensatrice qui se met en place, et d’autres facteurs biochimiques entraînent une diminution du volume sanguin circulant, et affectent la stabilité de la fonction cardiaque de cet athlète.

En outre, lors de l’effort, l’élévation locale de température dans le muscle a un effet bénéfique sur l’activité enzymatique et la dissociation de l’O2, toutefois, elle présente également un effet néfaste par rapport à l’efficacité de l’effort musculaire, et donc engendre un coût énergétique plus élevé pour réaliser la même performance et des délais de récupération beaucoup plus longs.

L’étude de COX (24) a montré une augmentation de fréquence cardiaque lors du dernier tiers-temps de l’ordre d’une vingtaine de battements cardiaques par minute, en conséquence de cette déshydratation, malgré le fait que les joueurs disposent de fluides de substitution à volonté. La charge thermique imposée par ce sport nécessite donc une réhydratation permanente des joueurs, à l’aide de solution contenant des électrolytes, qui doit être encouragée par le staff.

2.5 – Exemple d’adaptation physiologique du hockeyeur à l’effort intense : le système cardio-vasculaire (13)

L’entraînement intensif au long terme peut être associé à une augmentation de la taille de la cavité du ventricule gauche, de l’épaisseur des parois et de la masse du muscle cardiaque, ainsi que d’une bradycardie sinusale et d’une diminution de la pression artérielle. Ces adaptations myocardiques dépendent de l’âge, du sexe, et en particulier du type d’entraînement pratiqué et sont regroupés sous la dénomination du syndrome « cœur d’athlète ».

Les athlètes effectuant des exercices à dominante isométrique (sports de force, statiques, anaérobiques) présentent une augmentation de l’épaisseur des parois cardiaques, liée à une hypertrophie cardiaque concentrique, tandis que les athlètes réalisant majoritairement des exercices isotoniques (endurance, dynamiques, aérobiques) présentent une augmentation de la taille des cavités cardiaques (13, 90).

Le hockey sur glace est un sport unique, associant des exercices mixtes, statiques et dynamiques. Ce sport requiert de la puissance musculaire, de l’endurance, ainsi qu’un métabolisme anaérobie bien développé.

74 L’étude de BOSSONE et al. (13) montre chez des hockeyeurs universitaires de niveau élite une augmentation de l’épaisseur des parois et de la taille de la cavité du ventricule gauche, ayant pour conséquence une augmentation de la masse du muscle cardiaque. L’augmentation du débit cardiaque chez ces athlètes est liée principalement à l’augmentation du volume d’éjection systolique, tandis qu’il est lié à l’augmentation de la fréquence cardiaque chez les non-athlètes. C’est pourquoi les temps de vidange et de remplissage télédiastolique du ventricule gauche sont plus longs chez ces hockeyeurs pour tous les niveaux d’exercice.

Au cours d’un test sur ergocyclomètre, on note chez les sportifs durant l’effort un accroissement de la pression artérielle systolique, mais également une légère diminution de la pression artérielle diastolique, alors que celle-ci augmente normalement chez les sujets sédentaires. En effet, l’ergocyclomètre permet un exercice à composante isométrique majoritairement, qui requiert une grande force musculaire comparativement à un test sur tapis roulant, et impose de ce fait une plus grande augmentation des résistances périphériques par la compression du système artériel, liée à une activité musculaire plus importante.

Le contrôle de la pression artérielle pendant un effort intense est régulé à la fois par des réflexes centraux et périphériques. Au début de l’exercice, l’augmentation de pression artérielle est médiée au niveau central, elle prend son origine au niveau des noyaux gris centraux, ainsi que des neurones moteurs de la substance grise médullaire et du cervelet. A une faible intensité d’exercice, la pression artérielle et le débit cardiaque augmentent par la levée du tonus vagal. A un haut niveau d’exercice, ils augmentent par l’intermédiaire des chémorécepteurs des muscles squelettiques en réponse à l’ischémie.

La vélocité de pointe de la régurgitation tricuspidienne est utilisée comme un indicateur de la pression artérielle systolique pulmonaire. Celle-ci augmente progressivement au cours de l’effort chez les hockeyeurs, en relation avec une augmentation du volume d’éjection systolique. Ce phénomène peut être considéré comme physiologique. En effet, lors d’une charge d’exercice intense, il a été montré qu’une augmentation de la pression dans l’atrium gauche contribue à une élévation de la pression artérielle systolique pulmonaire. Dans l’étude de BOSSONE et al. (13), cette augmentation de la vélocité de pointe de la régurgitation tricuspidienne est considérée comme un phénomène mineur, dans la mesure où la plupart des sujets n’atteignent pas leur seuil lactique au cours de l’effort demandé.

L’adaptation myocardique des joueurs de hockey sur glace d’élite se caractérise donc par une cavité cardiaque et une épaisseur des parois accrues, caractéristiques de l’association de l’endurance et des sports de vitesse.

2.6 – Conclusion

Malgré le nombre important d’études sur le sujet de la physiologie sportive du hockeyeur sur glace, il existe un réel manque d’études contrôlées et validées sur le plan scientifique. Paradoxalement, très peu d’études sont réalisées sur les joueurs de haut niveau. Ainsi, il existe un réel besoin d’appliquer les données scientifiques de la médecine sportive au jeu de hockey sur glace.

Le hockey sur glace est un sport unique du point de vue physiologique. En effet, la demande physique de ce jeu implique un grand développement des filières aérobies et anaérobies, l’implication de cette dernière étant dépendante de l’efficacité de la filière

75 aérobie. La nature du jeu requiert également des capacités physiques et une puissance musculaire exceptionnelle de la part des hockeyeurs.

A l’heure actuelle, la principale préoccupation des grands organismes internationaux du hockey est de stopper la vague de violence qui a envahi les patinoires. Ce fléau est directement lié à l'évolution du hockey-spectacle, à l'amélioration du potentiel physique des hockeyeurs et surtout aux enjeux économiques et financiers. La sonnette d'alarme a été tirée afin de freiner les agressions, source de très graves blessures (commotions cérébrales...) et de modifier les règles pour restaurer le beau jeu. Ce phénomène explique l’orientation des publications scientifiques récentes, venant appuyer les risques inhérents à la pratique de ce sport.

3 – Entraînement des athlètes de haut niveau en hockey sur glace

Afin d’envisager les méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en hockey sur glace, cette étude se base sur l’étude d’un cas concret, à partir duquel ressort les fondamentaux de l’apprentissage et du perfectionnement de cette discipline, ainsi que les différents types d’exercices et de tests réalisés chez ces athlètes.

3.1 – Etude d’un exemple

3.1.1 – Présentation du joueur et de son club

J’ai pris pour cette étude l’exemple de William « Rockett » RICHARD, défenseur de 34 ans, et pratiquant le hockey depuis 30 ans. Sa carrière sportive se divise en 22 années de hockey sur glace, suivie de 8 années de roller hockey. Il est considéré à l’heure actuelle comme un des meilleurs défenseurs en France en roller hockey par ses pairs. Dans cette partie, je prends l’exemple de sa carrière de hockeyeur sur glace. Sa carrière au roller hockey est détaillée dans la partie correspondante.

Il a effectué sa carrière de hockeyeur sur glace en quasi-totalité à Reims, de 1979 à 1999, sauf la dernière saison, 1999-2000, où il a évolué sous les couleurs des en Nationale 1. Avec les Flammes Bleues de Reims, il cumule à son palmarès 5 saisons en ligue Magnus, 2 sélections en équipe de France et un titre de Champion de France.

Au cours de la saison 2007-2008, il évolue à la fois avec le Roller Hockey Reims et avec les Flammes Bleues de Reims, rebaptisés les Phénix de Reims. Son parcours sportif et son expérience dans ces deux disciplines permettent de pouvoir comparer ces deux sports, à la fois proches mais ayant pourtant certaines différences non négligeables sur le plan de l’entraînement sportif.

En tant qu’athlète de haut niveau en hockey sur glace, il était soumis à un suivi médical longitudinal contrôlé. Celui-ci était réalisé conformément aux exigences réglementaires en vigueur à la période d’évolution de William dans cette discipline.

76 Le Hockey Club de Reims débute son aventure en championnat Elite, la Ligue Magnus, an 1989. Le club se maintiendra à ce niveau jusqu’à la saison 2001-2002 et décrochera le titre de Champion de France à deux reprises en 1999-2000 et 2001-2002. Le président et dirigeant historique du club, Charles MARCELLE, permettra aux Flammes Bleues de bénéficier de l’expérience d’entraîneurs internationaux, amenant avec eux des joueurs internationaux de diverses nationalités. Malgré d’excellents résultats sportifs, le Hockey Club de Reims disparaît pour raison économique. Un nouveau club, le Reims Champagne Hockey, prend la relève avec l’équipe des Phénix qui débute en Division 3. A l’heure actuelle, les Phénix évoluent en Division 1 avec l’espoir d’une remontée en Ligue Magnus.

3.1.2 – Présentation de son programme d’entrainement

Lorsqu’il évoluait sous les couleurs des Flammes Bleues de Reims, lors des saisons de Ligue Magnus, William s’entraînait 1h30 par jour, pendant toute la semaine, du lundi au vendredi. Deux entraînements supplémentaires en dehors de la glace d’1h30 par semaine étaient programmés pour la PPG et le maintien de la condition physique des joueurs. Au total, William s’entraînait une dizaine d’heures sur la glace et en dehors, auxquelles se rajoutent les matchs de compétition.

Lors de la saison régulière, 14 équipes se disputent le Championnat Elite, ce qui représente un total de 26 matchs aller / retour à disputer pour chaque équipe. A la fin du Championnat de France se déroule les play-offs entre les 4 meilleures équipes, ce qui rajoute 4 matchs supplémentaires à l’ensemble de la saison. Enfin, il faut rajouter à ce calendrier les matchs de Coupe de France, et éventuellement le Match des Champions, qui oppose le champion de la Ligue Magnus au vainqueur de la Coupe de France.

L’entraînement au hockey sur glace est différent lors de la saison régulière et lors de l’intersaison. La saison officielle se finissant fin mars – début avril, les joueurs reprennent l’entraînement dès le début du mois de mai, avec une PPG intense tout au long de l’été. Les joueurs effectuent 2 à 3 séances par semaine. Le but premier de cet entraînement d’intersaison est la remise en condition physique des joueurs après une courte période de repos, pour éviter les phénomènes de désentraînement, et l’amélioration des capacités physiques et physiologiques de chaque joueur. Un préparateur physique s’occupe de l’établissement d’un programme d’entraînement individuel spécifique, en fonction des points forts et des points faibles de chaque joueur.

L’entraînement au cours de la saison régulière se répartit entre l’entraînement sur la glace et le travail en salle. Pour exemple, les joueurs effectuent plus de patinage le lundi quand ils ont disputé un match le week-end précédent. Le jeudi est consacré au travail de la technique individuelle, tandis que le vendredi, l’entraînement est axé sur la préparation du match à venir. L’entraînement sur la glace consiste essentiellement sur le travail de la tactique collective, accès sur 3 grands axes :

- le travail des phases de jeu rapides, comme les situations de 2 contre 1 ;

- la préparation des phases de supériorité ou d’infériorité numérique ;

- la préparation des matchs, avec un travail accentué sur les problèmes rencontrés lors des matchs précédents, comme les sorties de zone par exemple.

77 Le travail en salle consiste essentiellement en des exercices de PPG et de musculation.

Le travail tactique par le visionnage des matchs est très peu réalisé au hockey sur glace, en raison de la faible médiatisation de ce sport en France. Toutefois, les entraîneurs réalisent 4 à 5 visionnages tactiques au cours de la saison. Ce travail vidéo est axé sur les rencontres précédentes disputés par le club contre certaines équipes en particulier. La préparation tactique est beaucoup plus poussée au hockey sur glace qu’en roller hockey. En effet, l’entraînement est plus basé sur une adaptation sur le style de jeu de l’adversaire, contrairement au roller hockey où on pratique le marquage en zone ou à la culotte.

3.1.3 – Difficultés rencontrées

Bien que sportif de haut niveau et évoluant dans le championnat Elite, William n’était pas professionnel. Ainsi, en dehors de ses entraînements, il poursuivait son cursus scolaire, puis une formation professionnelle. Ainsi, au cours de ces deux dernières saisons en hockey sur glace, il exerçait parallèlement un poste d’employé administratif, puis de commercial dans le secteur bancaire.

De plus, de nombreuses patinoires sont des patinoires municipales. Ceci implique des horaires d’entraînement tardifs. Ces dispositions au public sont dépendantes de la mairie concernée. Comme nous l’avons déjà abordé précédemment dans la première partie, cela peut poser des problèmes dans la gestion de la carrière sportive de ces athlètes, empêchant ainsi par exemple le respect d’un programme alimentaire adapté (problèmes de grignotage, d’horaires fixes pour les repas) et d’un rythme de sommeil adéquat.

3.2 – Programmes d’entraînement spécifiques

La fréquence des matchs, associée aux exigences des déplacements incessants, peut finir par blaser les joueurs et les démotiver lors des entraînements. Un programme d’entraînement individualisé doit permettre de faire face aux difficultés spécifiques rencontrées par chaque joueur et doit de plus permettre de prévenir certains types de blessures. Même s’il est possible que la performance sportive des hockeyeurs soit en partie liée à des prédispositions physiologiques génétiques, l’exploitation et la mise en valeur de ce potentiel reste un challenge pour l’entraîneur et peut s’avérer frustrant dans certains cas.

3.2.1 – Présentation et méthodes d’entraînement au cours d’une saison de NHL (62)

Depuis les années 1980, de très nombreux programmes d’entraînement ont vu le jour, basés sur des méthodes par essais et erreurs, mais accentués sur le développement du potentiel physique des joueurs. Il y a très peu d’exemples d’équipes de NHL qui fondent leur programme d’entraînement en se basant sur des données scientifiques (24).

78 Le calendrier du hockeyeur professionnel en NHL est découpé en 4 ou 5 phases :

- l’entraînement d’été, pendant 8 à 16 semaines ;

- la pré-saison, pendant 4 semaines ;

- la saison régulière, pendant 28 semaines ;

- les play-offs, pendant 1 à 9 semaines ;

- la phase de récupération, pendant 3 semaines.

Le programme d’entraînement estival débute classiquement au mois de septembre. Il est conçu en vue d’améliorer la force musculaire, la puissance et la condition aérobie. Il permet de développer la VO2 max, la masse musculaire, la détente verticale, l’endurance sur la glace et la vitesse de sprint. La durée de cet entraînement d’été dépend du succès de l’équipe au cours de la phase des play-offs.

La pré-saison est un camp d’entraînement qui est utilisé par l’entraîneur pour constituer sa future équipe. 20 joueurs sont ainsi sélectionnés parmi les 60 à 70 athlètes présents dans ces camps. L’accent est placé sur le talent des hockeyeurs. La plupart des équipes profite de cette période pour réaliser les évaluations médicales et physiologiques.

La saison régulière s’étale du 1er octobre à la mi-avril, période pendant laquelle les joueurs vont disputer entre 70 et 82 matchs et développer leur puissance et leur endurance anaérobie au cours des entraînements quotidiens. Une semaine type inclut 3 matchs par semaine. Le challenge pour l’entraineur et son staff consiste à trouver l’équilibre entre les entraînements supplémentaires en salle et le temps de récupération pour réduire la fatigue d’avant-match. L’objectif est de pouvoir inclure 2 sessions par semaines d’entraînement de charge et 2 autres sessions afin de maintenir la condition aérobie. Parfois, il est nécessaire d’enchaîner une séance d’entraînement directement après le match afin de ménager 48 heures de récupération avant le suivant.

La phase des play-offs s’étale de la mi-avril à fin juin et constitue l’apogée de la saison. Il est important que les joueurs bénéficient d’une phase de récupération suffisante avant de démarrer les play-offs. Au cours de cette phase, le volume d’entraînement est réduit et le surentraînement doit être proscrit. Le stress émotionnel et physique au cours des play-offs résulte par une surconsommation d’énergie de la part des athlètes. Les joueurs peuvent disputer jusqu’à 28 matchs supplémentaires au cours de cette phase.

La phase de récupération, d’une durée de trois semaines, doit être axée sur le relâchement et la relaxation des joueurs. Ceux-ci peuvent participer à des activités sportives s’ils le souhaitent, mais dans un objectif de détente et de loisir, comme le golf et la natation par exemple.

Les demandes du hockey sur glace à un niveau professionnel nécessitent donc un programme d’entraînement annuel. Les entraînements en salle en cours de saison et les entraînements d’été ont pour but de développer des athlètes plus forts et en meilleure condition physique afin de former des meilleurs hockeyeurs.

79 3.2.2 – Spécificité de l’entraînement

La spécificité de l’entraînement est indispensable dans la recherche de la performance pour l’athlète de haut niveau. Dans le domaine du hockey professionnel, il doit s’appuyer sur des évaluations physiologiques objectives, se rapprocher le plus possible des situations de jeu rencontrées lors des matchs, d’améliorer la condition physique des joueurs et de prévenir la survenue de la fatigue, des blessures, du manque de motivation à l’entraînement qui surviennent au cours de saisons particulièrement éprouvantes pour les organismes, tant d’un point de vue physique que mental. Il permet en outre de travailler les déficits spécifiques propres à chaque joueur.

Durant la saison régulière, la plupart des équipes s’entraine sur une base journalière. Contrairement aux croyances populaires sportives, répandues tant chez les joueurs que chez les entraîneurs, selon lesquelles il n’est plus nécessaire au cours de cette période de travailler les performances de patinage afin de se consacrer spécifiquement à la technique liée au jeu, et comme le montre l’étude de GREER et al. (37), un programme d’entraînement spécifique incluant des exercices d’amélioration des performances de patinage, en plus des mises en situation de jeu, est indispensable afin d’améliorer la condition physiologique des hockeyeurs, et donc leurs performances. Ainsi, l’entraînement sur la glace vise à développer la technique, la tactique collective, et certains aspects spécifiques au hockey sur glace. La vitesse, la puissance et l’endurance anaérobie sont développés au cours d’exercices de patinage, en variant la durée de l’exercice et de la récupération afin de développer une condition anaérobie spécifique à cette discipline. En outre, la saison régulière, de part la répétition des matchs, améliore également les capacités anaérobies des joueurs.

Paradoxalement, il existe très peu d’études contrôlées dans la littérature traitant de la spécificité de l’entraînement au niveau professionnel, alors que de nombreuses études sont réalisées au niveau universitaire. Ainsi, la réalisation d’études ciblées sur les conséquences de la réalisation d’un programme d’entraînement sur la physiologie des joueurs, par l’intermédiaire de l’analyse de divers paramètres (lactates, capacité et puissance aérobies et anaérobies), permettrait l’établissement de programmes d’entraînement approprié à l’amélioration des performances individuelles, fondés sur des données scientifiques approuvées et non sur une base empirique

La base d’un programme d’entraînement spécifique au hockey sur glace doit se fonder sur des exercices effectués au seuil lactique, ceux-ci étant optimum en termes de stimuli nécessaires aux adaptations musculaires périphériques. Par exemple, l’établissement d’un programme d’entraînement en salle d’exercices sur ergocyclomètre au seuil lactique permet de prévenir les phénomènes de désentraînement au cours de la saison sportive. Ceux-ci doivent être adaptés en fonction du temps de présence de chaque joueur sur la glace. Ainsi, un programme adapté peut permettre une amélioration de 7% de la VO2 max et de 25% de la puissance des jambes. Pour les hockeyeurs professionnels ayant déjà un haut niveau de forme physique, l’intensité de l’exercice est la clé de l’amélioration. La nécessité de programme individuel apparaît évidente si on prend en considération l’étalement des VO2 max de 73 à 92%, et donc l’étalement des seuils lactiques individuels (62).

Les exercices fractionnés font partie des fondamentaux de l’entraînement au hockey sur glace, car ils simulent au plus près les conditions de jeu. En outre, ces exercices semblent améliorer également les facultés aérobies des joueurs en adéquation avec les demandes physiologiques de la discipline. Ceci se traduit par les valeurs élevées de VO2 max chez les athlètes, sans entraînement spécifiquement consacré au travail des capacités aérobies. Les programmes d’entraînement au hockey sur glace sont donc adaptés aux besoins de ce sport et

80 ne nécessitent pas un entraînement d’endurance complémentaire, que ce soit sur la glace ou en dehors (17). Toutefois, MONTGOMERY (62) reporte que la nature de l’entraînement n’est probablement pas suffisante pour maintenir un stress d’intensité et de durée suffisantes afin d’améliorer la puissance aérobie des hockeyeurs professionnels. En effet, l’intensité sur la glace au cours des matchs est élevée (82% de la fréquence cardiaque maximale des joueurs) comparativement à l’entraînement (69% de la fréquence cardiaque maximale des joueurs).

L’observation et le suivi du monitoring cardiaque et du seuil lactique sont un excellent moyen de parvenir à déterminer le niveau de condition physique d’un joueur tout au long de la saison. Ainsi, un joueur qui accumule moins de lactate et travaille à une fréquence cardiaque plus basse peut être considéré comme un hockeyeur ayant amélioré sa condition physique. L’interprétation de ces résultats est un travail d’équipe qui doit impliquer les joueurs, les entraîneurs, les préparateurs physiques et les médecins du sport.

3.2.3 – Un exemple de programme spécifique : la phase d’entraînement d’été (37)

Classiquement, aux Etats-Unis, les joueurs de hockey sur glace passent leurs mois d’été à disputer la ligue d’été de hockey sur glace, au cours de laquelle ils disputent 2 à 3 matchs par semaine pendant 4 à 6 semaines. Ces deux mois peuvent être plus bénéfiques pour les joueurs s’ils remplacent ou complètent cette ligue d’été par un programme d’entraînement spécifique sur la glace et en dehors.

Le programme proposé par GREER et al. (37) consiste à des sessions d’entraînement sur la glace et en dehors, 3 jours par semaine pendant 7 semaines.

Les exercices sur glace sont réalisés 1 heure par jour les deux premières semaines, puis augmentent progressivement en durée pour atteindre 2 heures par jour pendant les semaines 3 à 5, avant de se stabiliser à 2 heures par jour jusqu’à la fin des 7 semaines. Les exercices de patinage consistent à faire des exercices fractionnés, et l’accentuation est placée sur le travail de la vitesse de patinage. Ce travail fractionné est complété par des situations de jeu et des exercices de travail des virages serrés dans les coins de la patinoire. Les 15 à 25 dernières minutes de la session d’entraînement sur la glace sont réalisées avec une veste lestée correspondant à 10 à 15% du poids corporel de charge, ce qui renforce le travail de puissance des jambes et tend à abaisser le centre de gravité.

Les exercices en dehors de la glace se déroulent en salle pendant environ 30 minutes après chaque session d’entraînement sur la glace. Le travail est accentué sur le développement de la puissance musculaire des jambes, par des exercices où l’athlète s’accroupit et se relève en étant lesté de charges. Ces exercices sont fractionnés en 5 séquences de 15 répétitions, avec une charge de 45,4 à 68 kg, soit 70 à 105% du poids corporel de l’athlète, celle-ci ayant été réalisée sur des joueurs de 14 et 15 ans. Les autres exercices tendent à développer la flexibilité, par du travail en flexion et en extension des genoux, des hanches, …

81 Ce programme d’entraînement spécifique de 7 semaines, consistant en du travail fractionné sur la glace et du développement musculaire en salle améliore les performances de patinage des athlètes. Celle-ci concerne :

- la détente verticale lors des sauts en hauteur, qui est significativement corrélé avec les performances lors des tests sur la glace ;

- le ratio du tour de cuisse par rapport au pourcentage de gras sur celui-ci ; ce ratio reflète la masse musculaire relative des cuisses, qui tend à être associé avec des vitesses de patinage augmentées ;

- l’ensemble des tests de performance sur la glace ; en effet, chez le groupe contrôle, aucune amélioration n’est notée, ce qui démontre le fait que la participation seule à la ligue d’été ne permet d’améliorer celles-ci, mais qu’un programme d’entraînement adapté et spécifique au hockey sur glace est nécessaire et bénéfique à l’amélioration des performances sur la glace.

3.2.4 – Le phénomène de « désentraînement »

Historiquement, en fin de saison, les joueurs se plaignaient souvent de sensations de « jambes lourdes ». Les entraîneurs et les préparateurs physiques attribuaient ce phénomène à des situations de surentraînement. En réalité, dans la plupart des cas, ces situations sont à relier à des situations de désentraînement et de pertes de condition physique des joueurs.

De nombreuses études ont montré que l’entraînement et les conditions du hockey sur glace ne représentent pas des contraintes physiologiques suffisantes pour maintenir ou améliorer la condition physique des joueurs lors d’une saison sportive. Le temps de jeu effectif moyen d’un joueur étant de 16 minutes, et le pourcentage de temps de jeu effectué au- delà du seuil lactique étant de 8,5 à 19,1%, soit 6 minutes de temps de jeu effectif, ceci tant à prouver que les programmes d’entraînement ne sont pas assez adaptés aux hockeyeurs. C’est pourquoi les joueurs rencontrent des difficultés pour maintenir leur condition physique et souffrent en fin de saison. Ceci est confirmé par un monitoring similaire réalisé lors d’entraînements d’intensité diverses et montrant des résultats similaires, voire moindres.

Lorsqu’on mesure la lactatémie des joueurs sur un exercice standardisé tout au long de la saison, on s’aperçoit que les lactates s’accumulent de plus en plus au fur et à mesure que la saison sportive avance, en particulier dans le dernier tiers de la saison, tandis qu’aucun changement concernant le monitoring cardiaque n’est observé. En outre, le pourcentage de match gagné lors du premier tiers de saison est de 61%, contre 36% seulement lors du dernier tiers. Tout ceci suggère que de nombreux joueurs souffrent de désentraînement au cours de la saison, ce qui se traduit par un réel impact à l’échelle de l’équipe et des performances sportives de fin de saison. D’autres études confirment ce phénomène en établissant une baisse de VO2 max sur la deuxième partie de saison, associée à une diminution du pourcentage de victoires. Un programme d’entraînement approprié doit permettre aux joueurs de maintenir leurs capacités aérobies et anaérobies au cours de la saison.

Un problème récurrent apparaît pour toutes les équipes et consiste à savoir si, lors de la dernière partie de saison, il faut mieux ménager les joueurs ou continuer l’entraînement habituel. Des études intéressantes chez les coureurs de fond indiquent que des exercices de petit volume, mais de forte intensité sont idéaux dans l’amélioration des performances,

82 permettant d’accroître les réserves de glycogène dans le muscle, le volume sanguin total, ou le volume des globules rouges. Une amélioration de l’endurance était constatée, sans changement dans la VO2 max des athlètes. Des études similaires pour le hockey sur glace seraient d’un grand bénéfice.

3.2.5 – Conséquences diverses sur une saison sportive

3.2.5.1 – Effets des déplacements à l’extérieur

Bien qu’il y ait un avantage certain à jouer à domicile (58,3% de victoires), les déplacements incessants ne suffisent pas à expliquer cette variabilité dans les performances. Même si ces déplacements sont source de fatigue, de nécessité d’acclimatation (surtout aux Etats-Unis, avec des climats très variés d’un Etat à l’autre), il reste difficile d’établir l’impact de ceux-ci sur les performances sportives. De nombreux autres facteurs entrent en jeu, comme l’influence du public, le fait d’évoluer sur une patinoire connue, les propres habitudes et autres rituels des joueurs, ... (24).

3.2.5.2 – Risques de blessures

Pour la plupart, les blessures au hockey sur glace sont mineures. Toutefois, on note une augmentation de l’incidence et de la gravité des blessures avec l’augmentation de l’intensité des matchs, de la rapidité du jeu et de la longueur des saisons.

Le risque de blessure au cours d’un sport est en relation avec différents facteurs : la nature du sport, les règles du jeu, les conditions environnementales, la qualité des équipements et les caractéristiques physiques et physiologiques des athlètes. AZUELOS et al. (2004) définissent une blessure comme tout évènement se produisant au cours d’un match ou d’un entraînement et qui entraîne l’absence du joueur pour au minimum un match. 10 facteurs ont été examinés comme cause potentielle de blessures chez les hockeyeurs sur glace : les mises en échec, les collisions avec la balustrade, les chutes, les coups occasionnés par le palet, les coups occasionnés par la crosse, les contacts avec le patin, les blessures survenant lors d’un but, les bagarres, et les autres causes diverses de blessures. Les causes majeures de blessure sont les mises en échec. En outre, le gabarit des joueurs ne cessant de s’accroître, les joueurs sont de plus en plus rapide, plus forts, plus physiques, ce qui rend les impacts beaucoup plus rudes et accroît le risque de blessures (63).

80% des blessures sont d’ordre traumatique et 20% sont liées à la fatigue. La plupart interviennent lors du troisième tiers-temps, avec une incidence faible en zone neutre. Les blessures les plus courantes sont causées par un palet ou une crosse, la dernière cause de blessure étant les contacts physiques.

Les hockeyeurs sont prédisposés aux blessures des membres lors du jeu, en particulier les blessures au genou, notamment les atteintes ligamentaires (ligaments collatéraux, ligaments croisés) et les atteintes méniscales, sont les plus fréquentes et celles nécessitant les convalescences les plus longues. Ainsi, à un niveau professionnel, un hockeyeur est blessé toutes les 7 heures de temps de jeu effectif.

83 3.3 – Les tests de performance

Les tests de performance tiennent une place particulière au sein d’un programme d’entraînement spécifique et sont une aide précieuse à la fois pour le joueur, l’entraîneur et le préparateur physique dans l’organisation de ce dernier. Ils aident ainsi à :

- identifier les capacités physiques d’un athlète ;

- identifier son potentiel physiologique ;

- identifier les types spécifiques de blessures pouvant survenir chez le joueur afin de les minimiser, voire de les éliminer ;

- identifier un régime d’entraînement spécifique, adapté de façon optimale au hockeyeur ;

- pouvoir quantifier la réponse physiologique de l’athlète à l’effort et à l’entraînement spécifique.

En outre, les tests de performance sont un bon moyen d’évaluer le retour à la compétition d’un joueur après une convalescence, afin de savoir s’il est physiquement et physiologiquement prêt à reprendre la poursuite de sa carrière sportive.

Il n’existe aucun standard international en matière de tests de performance pour les hockeyeurs de haut niveau, ce qui laisse place à l’éternelle dualité entre les tests de laboratoire et les tests de terrain, les deux ayant leurs approbateurs et leurs détraqueurs.

3.3.1 – Les tests de laboratoire

COX (24), GLEDHILL and JAMNIK ont travaillé ensemble avec des physiologistes et en collaboration avec de nombreuses équipes de NHL. Ils ont construit une batterie de tests de laboratoire pour les hockeyeurs, incluant des mesures :

- de la taille, du poids corporel, de la masse graisseuse (mesure de l’épaisseur des plis de peau) ;

- de la puissance et des capacités anaérobies (protocole de WINGATE), de la force et de l’endurance musculaire (test mesurant la force qu’à une main pour serrer un objet, épreuve du développé-couché des bras), test évaluant l’endurance des muscles abdominaux ;

- de la flexibilité (test de flexion du tronc (16), utilisé pour mesurer la flexibilité de la colonne lombaire et des muscles de la loge postérieure de la cuisse) ;

- de la puissance aérobie, associée à la mesure des échanges gazeux pendant un exercice sur ergocyclomètre.

En l’absence d’un ergomètre spécifique pour le hockey sur glace (et le patinage d’une façon générale), l’ergocyclomètre est probablement le test de laboratoire le plus spécifique en relation avec le patinage. En outre, les ergocyclomètres électroniques permettent de mesurer la VO2 max des athlètes avec précision.

84 3.3.1.1 – Détermination de la puissance anaérobie par des tests de laboratoire (56)

Le test de détente verticale consiste, pour le hockeyeur, à réaliser trois sauts en hauteur, sans élan, en étendant le bras le plus haut possible au cours du saut. Seule la meilleure performance est conservée. Cette détente verticale maximale de l’athlète est intimement corrélée à sa puissance anaérobie et à sa vitesse de patinage par la formule de Lewis, qui utilise des modèles mathématiques complexes de régression linéaire à plusieurs variables. Ce test constitue un indicateur fiable des capacités de patinage d’un hockeyeur, est facile à réaliser, nécessite très peu d’équipement et permet d’évaluer de façon objective l’efficacité du programme d’entraînement sur les performances de patinage, particulièrement lors de l’intersaison quand la glace n’est pas disponible. Ce test, rapide et économique, permet également de fixer des objectifs simples et de les monitorer régulièrement.

Un meilleur indicateur des capacités de patinage des joueurs de champ, et donc de leur capacité anaérobie, est possible si on a accès à des mesures isocinétiques, ce sont la puissance moyenne du quadriceps gauche à 180° et la puissance moyenne des muscles de la loge postérieure de la cuisse droite à 60°. Ces tests consistent en une répétition d’étirements de ces différents groupes musculaires à des vitesses maximales sur de courtes durées. Les différentes variables mesurées informatiquement sont étroitement corrélées aux performances de patinage, là encore par des modèles mathématiques complexes de régression linéaire à plusieurs variables, et ce de manière plus précise que le test de détente verticale. Néanmoins, ces mesures sont rarement disponibles, de par le plateau technique nécessaire à leur réalisation.

Ces deux variables résultent d’observations biomécaniques. En effet, les muscles responsables de la flexion et de l’extension du genou sont extrêmement importants dans les performances de patinage. Le quadriceps développe la majeure partie de la force musculaire contractile lors de l’extension du genou au moment de la poussée sur les patins, tandis que les muscles de la loge postérieure de la cuisse agissent comme stabilisateur du genou lors de l’appui et de la poussée sur les patins. Ainsi, le quadriceps doit développer un couple très rapide lors de la propulsion pour permettre une vélocité maximale de l’extension du genou au cours de la phase de poussée sur les patins.

Ces tests permettent donc de déterminer la puissance anaérobie des joueurs et leur vitesse de patinage. Ils révèlent ainsi que les gardiens de but patinent moins vite que les attaquants ou les défenseurs, en relation avec le poids de leur équipement, et de patins plus lourds montés sur des lames différentes des joueurs de champ. En outre, les gardiens de but ne sont pas entraînés de la même manière que les joueurs de champ à être performant lors de patinage de vitesse. Ainsi, les joueurs de champ ont une puissance anaérobie plus grande que les gardiens de but.

3.3.1.2 – Un exemple de test de laboratoire : l’épreuve du développé-couché (63)

L’épreuve du développé-couché des bras permet d’évaluer la force du haut du corps. Cet exercice fait partie intégrante du programme de résistance physique, que les joueurs effectuent à l’intersaison en été ou lors de la préparation physique au cours de la saison régulière. Les joueurs réalisent autant de développé-couchés que possible avec une charge de 200 pounds, 85 soit 90,9kg, ou de 150 pounds, soit 68,2kg si cette première charge est trop importante (notamment pour les jeunes joueurs de moins de 20 ans). Chaque athlète peut s’échauffer autant de temps qu’il le désire. Puis il réalise autant de développé-couchés que possible sans interruption. Le joueur est dans une position allongée, les pieds collés au sol, les fesses ne devant pas décoller du banc. Le nombre maximum de réalisations pour une charge donnée, fortement corrélé à la survenue de la fatigue chez l’athlète, permet de déterminer la résistance physique d’un joueur et sa force musculaire des bras grâce à une équation mathématique complexe de régression.

3.3.2 – Les tests de terrain

Les tests de terrain effectués directement sur la glace sont hautement spécifiques. En effet, la glace est une surface idéale afin de déterminer les puissances aérobie et anaérobie des hockeyeurs, ainsi que leurs capacités, en situation proche de celle rencontrée au cours d’un match. En voici quelques exemples :

3.3.2.1 – Le test RSS (73)

REED et al. (73) ont développé le test RSS (Repeat Sprint Skate) afin de déterminer la puissance et les capacités anaérobies des hockeyeurs. Ce test consiste pour les joueurs à réaliser 6 séquences de sprints à vitesse maximale sur une distance d’environ 55 mètres, espacés de 30 secondes de récupération entre chaque séquence au cours desquelles ils se laissent glisser sur une trentaine de mètres, avant d’enchaîner sur une nouvelle séquence de sprint sur environ 92 mètres, comme le montre la figure 2 ci-dessous. Le ratio travail- récupération est approximativement de l’ordre de 1 pour 1.

FIGURE 2 : «Test Repeat Sprint Skate, par REED et al. (24, 73)»

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86 Le score DO, pour Drop-Off, exprime la différence maximale de temps entre les 6 séquences du test RSS. Il est corrélé à l’aptitude anaérobie lactique du hockeyeur.

La fréquence cardiaque de récupération est mesurée à 15, 105 et 225 secondes après la dernière des 6 séquences. Elle permet de déterminer le score HRR, pour Heart Rate Recovery, qui désigne la différence entre la fréquence cardiaque à 15 secondes après la dernière séquence et la fréquence cardiaque à 225 secondes après la dernière séquence. Ce score est plus en relation avec l’aptitude aérobie de l’athlète.

Ce test permet également de définir un index de vitesse, qui représente le temps mis par le joueur à parcourir une longueur sur la glace, soit 54,87 mètres. L’index d’endurance anaérobie représente le temps total mis à effectuer ces 6 répétitions.

Au cours de la phase de récupération, on mesure également les lactates sanguins, ce qui permet de calculer l’élimination des lactates et un index de fatigue.

Toutes ces informations sont précieuses pour l’entraîneur, car le HRR l’informe du temps de récupération nécessaire au joueur pour récupérer entre deux présences sur la glace. On peut considérer que le joueur progresse s’il améliore son temps au test RSS ou qu’il le réalise avec un temps similaire, mais avec un index de fatigue plus bas. Une vitesse plus grande sur la glace est souvent associée à une plus grande tolérance de lactatémie élevée, tandis qu’un index de fatigue plus bas est associée à une meilleure élimination des lactates.

3.3.2.2 – Modèle de tests de performance (37)

GREER et al. (37) proposent 3 tests de performance afin de déterminer les capacités des hockeyeurs concernant leur vitesse et leur habileté de patinage, qui sont deux composantes fondamentales du jeu (Figure 3). Seule la vitesse de patinage est mesurée au cours de ces tests.

87 FIGURE 3 : «Modèles de tests de performance, par GREER et al. (37)»

Le test d’accélération est réalisé depuis un départ arrêté. Le temps mesuré est celui mis par le hockeyeur pour parcourir la distance entre 3 et 27,4 mètres depuis le point de départ.

Le test de vitesse est réalisé depuis un départ lancé. Le hockeyeur effectue une longueur et les deux coins attenants de la patinoire, puis le temps est mesuré sur une distance de 15,2 mètres sur la longueur opposée.

Le test des coins, ou test en S, consiste à réaliser un slalom entre les deux aires de face-off de la même partie du terrain.

Pour chacun de ces tests, les joueurs effectuent deux essais, ces derniers étant séparés par 5 minutes de repos.

88 3.3.2.3 – Autres tests

D’autres tests de terrain sur la glace sont utilisés pour déterminer l’endurance aérobie :

- RHODES et TWIST (24) ont proposé un test de patinage spécifique, au cours duquel les hockeyeurs doivent effectuer 40 tours de patinoire en effectuant un huit de chiffre le plus vite possible (Figure 4) :

FIGURE 4 : «Test proposé par RHODES et TWIST afin de déterminer l’endurance aérobie des hockeyeurs (24)»

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- Un autre test consiste à faire patiner les joueurs le plus vite possible pendant 8 minutes et à réaliser le plus de tours de patinoire possible.

BOUCHARD et al. (24) ont suggéré quant-à eux le protocole de LARIVIERE et GODBOUT afin de tester les capacités anaérobies des joueurs. Les hockeyeurs doivent sprinter 6 fois en avant et en arrière sur une distance de 18,3 mètres en enchaînant les 12 longueurs. Le temps total effectué par le joueur est une indication de ses capacités anaérobies. Néanmoins, aucun standard de norme n’est disponible pour les joueurs de haut niveau.

89 3.3.3 – Comparaison entre les tests de laboratoire et les tests de terrain (87)

L’étude de WATSON et SARGEANT (87) compare le test de WINGATE, test de laboratoire, au test RSS et au test de SARGEANT, tests de terrain sur la glace. Deux critères métaboliques sont définis afin d’établir une comparaison :

- la capacité anaérobie, correspondant à la puissance anaérobie affichée pendant la durée totale du test ;

- la puissance anaérobie, ou puissance alactique, correspondant à la puissance anaérobie maximale affichée pendant les 5 premières secondes du test.

Ces trois tests produisent des réponses différentes à l’effort. En effet, le test RSS consiste à réaliser un effort maximal intermittent, avec un ratio travail / repos équilibré, tandis que le test de WINGATE et le test de SARGEANT consistent en un effort continu d’intensité maximale.

L’implication des diverses filières énergétiques est différente entre ces tests, comme en témoignent les différences entre les scores de capacité anaérobie, de puissance anaérobie, ou les variations de temps entre les répétitions d’un même test.

La biomécanique du pédalage et du patinage n’est pas la même. En effet, les athlètes sur la glace bénéficient d’une phase de glissement, qui rend les activités sur la glace plus efficaces en terme de performance. Cette phase apporte une contribution majeure dans les différences spécifiques entre les tests de laboratoire et les tests de terrain.

En outre, les valeurs des tests anaérobies dépendent grandement du type d’exercice et de la charge de travail réalisée par les athlètes lors de ces épreuves. Une différence non négligeable entre ces tests est apportée par la valence technologique du test. Par exemple, lors du test de WINGATE, une résistance trop faible ou l’absence de cale-pieds sur l’ergocyclomètre peut empêcher l’athlète d’atteindre sa puissance maximale anaérobie.

Les tests de terrain sur la glace présentent une excellente reproductibilité pour la capacité anaérobie, mais celle-ci est moins bonne pour la puissance anaérobie. Dans cette étude, le test de WINGATE réalisé sur 40 secondes n’est pas grandement corrélé aux tests de terrain sur la glace dans la mesure de la capacité et de la puissance anaérobie des hockeyeurs.

De par ces différences entre les tests, il convent d’être prudent sur l’interprétation des données et il est délicat d’extrapoler les résultats obtenus. Ainsi, cette étude montre que le test en laboratoire de WINGATE n’est pas fortement relié à l’évaluation sur la glace de la capacité et de la puissance anaérobie des joueurs, déterminées par les tests RSS et de SARGEANT.

3.3.4 – Intérêt lors de la reprise d’entraînement suite à une convalescence

La probabilité qu’un hockeyeur se blesse en cours de saison est très élevée. La plupart des blessures surviennent avec la fatigue. A ce titre, les tests de performance sont un excellent moyen afin de déterminer le moment idéal du retour à la compétition d’un athlète. En effet,

90 les athlètes de haut niveau souffrent des conséquences du désentraînement après seulement 1 à 2 semaines d’arrêt. Ces effets sont d’autant plus néfastes si le joueur doit être immobilisé et alité. Un désentraînement central et périphérique peut, de plus, prédisposer le hockeyeur à de nouvelles blessures ultérieures si son retour à la compétition est prématuré.

La comparaison des données physiologiques de l’athlète en début de saison et en fin de convalescence est une approche appropriée concernant la remise à l’entraînement et en compétition du sportif. Cette méthode est une approche objective permettant une prise de décision médicale appropriée sur le plan éthique. Ainsi, les tests spécifiques de flexibilité et de force sont particulièrement importants. La disparition de la sensation de douleur ressentie par l’athlète n’est pas suffisante à elle seule pour autoriser un retour à la compétition.

C – Méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en roller in line hockey

1 – Présentation du roller in line hockey

Le Roller In Line Hockey (RILH), également appelé « in line hockey » ou « roller hockey », est une des disciplines de hockey en patin aux roues alignées. C'est un sport physique, stratégique et collectif mais, à la différence du hockey sur glace, les charges sont interdites.

1.1 – Historique

Inspiré du hockey sur glace, très populaire en Amérique du Nord, l'invention du roller hockey fait suite à la vague du roller des années 1990 et à l’invention des patins à roulettes aux roues alignées. Ce sport est créé par des passionnés de hockey sur glace, qui ont trouvé dans cette discipline les moyens de s’adonner à leur passion sans recourir à l’accès nécessaire à une patinoire.

Ce jeu déjà bien connu des hockeyeurs qui le pratiquent spontanément dans la rue, arrive pour la première fois en France sous forme de compétition structurée lors du premier open de France de Street-hockey, organisé par la Fédération Française de Roller Skating en 1993. 50 clubs sont créés et affiliés à la Fédération qui décide donc de créer, en 1995, un championnat de France.

1.2 – Principe de jeu et règles (75)

Le roller in line hockey est un sport collectif de glisse, très rapide, se jouant avec un palet et opposant deux équipes de 5 joueurs présents en même temps sur le terrain (1 gardien de but et 4 joueurs de champs). Une équipe peut comprendre au total 16 joueurs (14 joueurs et 2

91 gardiens) pouvant se remplacer à tout moment. Le match comprend, en Senior (divisions nationales) 2 périodes de 25 minutes effectives, avec une mi-temps de 10 minutes.

Cette discipline est pratiquée sur un terrain dont les dimensions varient entre 40 x 20m et 60 x 30m, avec des angles arrondis, et entouré de balustrades de 1,06 mètre de hauteur. Le sol doit être rigide et le plus lisse possible pour obtenir une bonne glisse du palet. Le terrain peut posséder un revêtement spécialement étudié pour le Roller In line Hockey, celui-ci permettant aux roues en polyuréthane d'adhérer parfaitement, et de réaliser de fortes accélérations.

En France, les terrains sont en moyenne de l'ordre de 40 x 20m et sont souvent partagés au sein de salles omnisports. De fait on trouve peu de surfaces « parfaites », mais des terrains recouverts de résine de type Taraflex, du parquet, ou encore du béton peint très lisse. Ces surfaces sont tout de même très adhérentes et le palet peut glisser rapidement.

Le jeu consiste à mettre le palet, à l’aide d’une crosse, dans la cage des adversaires, cette dernière étant rectangulaire et de couleur rouge ou orange vif. A chaque match, deux arbitres sont présents sur le terrain afin d’assurer la protection des joueurs, par le respect des règles du jeu.

Le palet est un cylindre d'environ 2,5 cm de haut et de 7,62 centimètres de diamètre, légèrement rebondi en son centre ou munis de pastilles de roulement. Les bons palets sont fabriqués de manière à rester toujours couchés sur le sol et à ne pas rouler sur leur tranche. Ils pèsent de 100 à 120 grammes et peuvent atteindre des vitesses de 150 km/h lors de tirs- frappés, encore appelés lancés-frappés ou slapshots en anglais, qui correspondent à un lancer effectué avec tout le haut du corps (contrairement au lancer du poignet).

Les rollers de hockey ne possèdent pas de frein. Ils présentent 4 roues montées sur une platine en métal, courte. Les roues peuvent être de taille différente, ou alors le patin est légèrement incliné, ce qui allie résistance, rigidité et maniabilité, permettant de brusques changements de direction et des arrêts brutaux. Les rollers de gardien peuvent avoir 5 roues, plus petites et plus dures, pour une meilleure stabilité debout et une mise au sol rapide pour les arrêts, particulièrement pour les arrêts de type « papillon ». En effet, sur les tirs bas, les gardiens modernes travaillent généralement en « position papillon », gardant leurs genoux collés et protégeant la zone vulnérable entre les jambières. Au cours de cette position, le gant est gardé haut, afin de parer une éventuelle déviation et le gardien reste concentré sur le tir.

Les différents éléments de protection sont essentiels et obligatoires pour la plupart et permettent aux joueurs de se protéger des coups de crosses involontaires, des tirs de palet et des chutes. Ils sont identiques à ceux du hockey sur glace.

Les règles du roller hockey sont globalement similaires au hockey sur glace, mais présentent toutefois quelques singularités :

- en France, il n’y a pas de hors jeu ; ces derniers existent dans certains pays comme la Belgique ;

- les mises en échec sont interdites, sauf aux Etats-Unis ;

- un joueur ou la crosse d'un joueur adverse ne peut pas être présent dans la zone du gardien.

Le système de pénalités est similaire au hockey sur glace, avec quelques particularités propres au jeu. Comme sur la glace, le gardien de but possède un statut particulier. En effet,

92 s'il commet une faute il ne peut être directement sanctionné par une exclusion. Un joueur de l'équipe sera exclu à sa place pour une durée plus ou moins longue.

1.3 – Fédération française de roller skating et organisation internationale de la discipline

Créé en 1910, la fédération originelle, la FPRF (Fédération des Patineurs à Roulettes de France) est dissoute en 1925 pour faire place à la Fédération Française de Rink-Hockey (FFRH) en 1926. A la libération, des clubs de patineurs se développent partout en France. Cette période voit la création de la Fédération Française de Patinage à Roulettes (FFPR) qui devient ensuite la Fédération Française des Sports de Patinage à Roulettes (FFSPR), et enfin, elle devient la Fédération Française de Roller Skating (FFRS) en 1990.

Installée à Bordeaux, la Fédération française de roller-skating (FFRS) est l'instance gérant les pratiques du roller en France, à savoir : le roller artistique, la danse en roller, le roller de vitesse, la randonnée en roller, le roller acrobatique, le skateboard, le rink hockey et le roller in line hockey. Au niveau français, c'est la plus récente des disciplines de la FFRS. La FFRS a également pour rôle l'organisation des divers championnats de France et de la direction technique des équipes de France de ces disciplines.

Elle est affiliée au Comité national olympique et sportif français (CNOSF), à la Fédération Internationale de Roller-Skating (FIRS) et bénéficie de la reconnaissance du Comité international olympique (CIO). Elle est donc à ce titre reconnue discipline de Haut Niveau par le Ministère des de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.

Au niveau international, deux instances gèrent ce sport : la Fédération Internationale de Hockey sur Glace (IIHF, pour International Ice Hockey Federation) et la Fédération Internationale de Roller Sports (FIRS). Chacune de ces fédérations possède son propre règlement, organise ses propres championnats du monde et est reconnue par certains pays mais pas d'autres. En règle générale, les pays où le hockey sur glace est particulièrement développé (comme la Suède ou la Russie) reconnaissent l'IIHF comme instance internationale (et ne participent donc pas aux championnats organisés par la FIRS). En France, la Fédération française de roller-skating est, elle, affiliée à la FIRS. Dans d'autres pays, par exemple en Belgique, les deux fédérations sont présentes, les clubs reconnaissants l'une ou l'autre fédération.

2 – Etude bibliographique (41, 84)

Le roller in line hockey est une discipline très jeune et reconnue en tant que discipline de haut niveau depuis peu de temps. De nature très proche avec le hockey sur glace en terme de philosophie du jeu et s’apparentant avec le roller blade en terme de biomécanique, très peu de données scientifiques sont disponibles. A ce jour, seule deux études répertoriées se consacrent uniquement à ce sport.

93 2.1 – Etat actuel des connaissances scientifiques

Au début des années 1990’, avec la popularité et l’utilisation grandissante des rollers en ligne, le développement du roller hockey aux Etats-Unis a explosé. Ainsi, plus de 12 millions d’américains pratiquent un sport avec des rollers en ligne, dont 2,5 millions s’adonnent au roller hockey.

Les données bibliographiques sont abondantes pour le hockey sur glace, mais se raréfient quant il s’agit de s’intéresser aux joueurs professionnels de roller hockey. Les tendances bibliographiques actuelles viennent appuyer les risques inhérents à la pratique de ce sport, et soutiennent la principale préoccupation des grands organismes internationaux du hockey, à savoir stopper la vague de violence qui a envahi les patinoires. Celle-ci est à mettre en relation avec le développement d’un « hockey-spectacle » et les enjeux économique et financier associés.

Là encore, de nombreuses études traitent des blessures au hockey sur glace, mais une seule vraie étude s’est intéressée aux blessures des hockeyeurs sur glace professionnels depuis l’an 2000. On comprend dès lors aisément le manque réel de publications pour ce qui est du roller hockey, ainsi que l’orientation de ces publications vers le risque de blessures et la comparaison avec le hockey sur glace. Encore aujourd’hui, aucune étude n’est disponible concernant la physiologie des athlètes en roller hockey, ou l’impact des différences biomécaniques entre le hockey sur glace et le roller hockey.

2.2 – Différences majeures entre le roller hockey et le hockey sur glace

2.2.1 – Concernant les règles

Les règles sont plus strictes au roller hockey, notamment en ce qui concerne les coups de crosse, les crosses hautes et les bagarres. Elles ont tendance à être imposées dans cette discipline, tandis qu’au hockey sur glace, elles ont plus une valeur de force de dissuasion et non de loi. Ceci explique notamment l’incidence prépondérante des lacérations au hockey sur glace, qui ne se justifie pas uniquement par le fait de porter des patins montés sur une lame.

Les règles et le style de jeu du roller hockey et du hockey sur glace sont très proches, ce qui fait que le jeu rugueux occasionne des types et des prévalences de blessures similaires entre ces deux sports.

En outre, les seules études publiées étant nord-américaines, les règles sont beaucoup plus laxistes. Ainsi, les mises en échec sont autorisées, les joueurs portant le même équipement que sur la glace.

94 2.2.2 – Concernant la surface de jeu

Les joueurs de roller hockey évoluent sur des surfaces rigides, mais très lisses afin de permettre une glisse optimale du palet. Toutefois, le coefficient de friction de cette surface est beaucoup plus élevé que sur la glace, ce qui n’est pas sans conséquence, sur la vitesse du jeu et le type de blessures que cela peut engendrer.

Ainsi, le palet se déplace moins rapidement que sur la glace et ne bénéficie pas de la même énergie cinétique. Cependant, l’étude de HUTCHINSON et al. (41) ne montre aucune différence statistiquement significative entre le nombre de blessures secondaires au palet au roller hockey et au hockey sur glace, malgré une tendance à un chiffre plus élevé de blessures dues au palet sur la glace.

La vitesse plus lente des joueurs, toujours en relation avec une énergie cinétique plus faible que sur la glace, les expose beaucoup plus lors des mises en échec, autorisées uniquement aux Etats-Unis, qui est un mécanisme de blessures beaucoup plus fréquent au roller hockey : 48% de l’ensemble des blessures, contre 23% sur la glace (41).

Les traumatismes sont plus nombreux au roller hockey. En effet, sur la glace, le joueur continue de glisser suite à sa chute, ce qui dissipe les forces de contact, contrairement au roller hockey, où les poignets, les coudes et les épaules sont particulièrement exposés lors des chutes.

2.2.3 – Concernant la technique de patinage

La technique de patinage du roller hockey ressemble très intimement à celle du hockey sur glace. Bien que les surfaces et les coefficients de friction soient différents, les phases de propulsion et les divers mouvements restent les mêmes. Même si les joueurs évoluent moins vite dans les arènes de roller hockey, ils peuvent tout de même atteindre des vitesses de l’ordre de 40 à 50 km/h.

Des différences subtiles existent cependant dans la technique de patinage. Elles résident dans les arrêts brutaux et les changements rapides de direction, possibles sur la glace, mais impossible sur des rollers en ligne. Ceci n’est pas sans conséquence, notamment pour ce qui est des membres inférieurs, avec un risque d’entorse plus important au roller hockey.

Un élément de preuve est apporté par l’étude de VARLOTTA et al. (84). En effet, la population étudiée évolue à la fois en hockey sur glace en début d’année, puis effectue la ligue d’été de roller hockey de mai à août. Avant le début de saison de roller hockey, on note une incidence plus forte de blessures ne résultant pas de contacts entre joueurs. Ceci peut être dû au temps d’adaptation nécessaire pour repasser des patins à glace aux rollers en ligne. En effet, au hockey sur glace, les blessures survenant lors des phases de préparation en début de saison sont rares.

95 2.3 – Différences entre le type de blessures et leur survenue entre le roller hockey et le hockey sur glace

Les deux seules études disponibles sur les blessures des joueurs professionnels de roller hockey sont en totale contradiction sur ce thème. En outre, il est très difficile de faire une comparaison entre les études, notamment en termes de critères de définition d’une blessure, de l’exposition des joueurs et de l’incertitude qui réside dans la fréquence et la durée de l’entraînement des hockeyeurs au roller hockey.

L’étude d’HUTCHINSON et al. (41) suggère que le hockey sur glace et le roller hockey présentent un risque similaire pour ce qui est de la survenue des blessures dans leur globalité, tout autant que pour la survenue des blessures à l’origine de convalescence prolongée. Deux différences subtiles sont notées : les lacérations sont plus fréquentes au hockey sur glace et les mises en échec sont beaucoup plus impliquées dans la pathogénie des blessures survenant au roller hockey. Ces différences peuvent se justifier par des différences dans les règles du jeu, ou dans la vitesse du palet et des joueurs. Dans les deux cas, les lacérations faciales sont le type le plus courant de blessures au hockey, car les joueurs professionnels ne sont pas obligés de porter des protections faciales, contrairement aux joueurs universitaires ou amateurs.

A l’instar de cette étude, VARLOTTA et al. (84) suggèrent une prévalence plus élevée des blessures par contact au roller hockey, mais également en ce qui concerne les entorses et autres blessures. La différence de surface et de façon de patiner justifie cette observation selon les auteurs. Les entorses sont la cause la plus fréquente de blessures au roller hockey (56% du nombre total de blessures), les genoux étant particulièrement exposés. La fatigue et les chutes sont beaucoup plus impliquées dans la survenue de celles-ci au roller hockey qu’au hockey sur glace. La tête et la face sont le lieu d’élection de 21% des blessures, bien que les hockeyeurs portent un casque, les masques ou les grilles de protection faciale n’étant pas obligatoires. Le mécanisme le plus fréquent de blessures résulte des contacts entre les joueurs, mises en échec comprises. Ces contacts génèrent 46% des blessures au roller hockey et sont représentés dans 96% des blessures à la tête ou sur la face. Il est intéressant de noter que 83% des blessures sont catégorisées comme légères et n’entraînent pas un arrêt de l’entraînement de plus de 3 jours.

Les règles et le style de jeu du roller hockey et du hockey sur glace sont très proches, ce qui fait que le jeu rugueux occasionne des blessures similaires entre ces deux sports. La corrélation entre un jeu rugueux et la survenue des blessures soulèvent la question de savoir si un renforcement de l’arbitrage et des sanctions n’aurait pas pour conséquence une baisse de l’incidence des blessures au cours des matchs. Au roller hockey, aucune information n’est disponible entre la relation entre la survenue de la blessure et les pénalités pour le joueur sanctionné. Au hockey sur glace, la majorité des blessures résultant de contacts entre joueurs ou avec une crosse sont involontaires.

Les différences de surface d’aires de jeu et de technique de patinage expliquent la large différence dans le type et la survenue des blessures qui existent entre le roller hockey et le hockey sur glace selon VARLOTTA et al. (84). Toutefois, on peut considérer que les dangers et les risques sont quasiment similaires dans ces deux disciplines, à l’exception de quelques subtilités.

96 3 – Entraînement des athlètes de haut niveau en roller hockey

Afin d’envisager les méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en roller hockey, cette étude se base sur l’étude d’un cas concret, à partir duquel ressort les fondamentaux de l’apprentissage et du perfectionnement de cette discipline, ainsi que les différents types d’exercices et de tests réalisés chez ces athlètes.

3.1 – Etude d’un exemple

3.1.1 – Présentation du joueur et de son club

Je reprends pour cette étude l’exemple de William « Rockett » RICHARD, 34 ans, considéré à l’heure actuelle comme un des meilleurs défenseurs en France en roller hockey par ses pairs.

Sa carrière en roller hockey débute lors de la saison 2000-2001 avec les Diables de Rethel. Il reste dans ce club pendant 7 ans, avant une saison de transition en 2007-2008 au cours de laquelle il est membre à la fois du Roller Hockey Reims et du Hockey Club de Reims. Lors de la saison 2008-2009, il revient dans son premier club du Roller Hockey Rethel Ardennes. William a également disputé 3 Championnats du Monde dans cette discipline.

En tant qu’athlète de haut niveau en roller hockey, il est soumis à un suivi médical longitudinal contrôlé. Celui-ci est réalisé conformément aux exigences réglementaires en vigueur. Ce suivi est réalisé lors des stages en équipe de France majoritairement. Différents tests physiques sont réalisés à cet occasion, que ce soit du fractionné en roller ou un test de course à pied.

Le Roller Hockey Rethel Ardennes est sans conteste le meilleur club de roller in line hockey français. Il évolue en division Elite, anciennement Nationale 1. Le palmarès des Diables rethélois est impressionnant, avec 6 titres de Champions de France consécutifs de 2003 à 2008, 5 titres de vainqueur de la Coupe de France de 2002 à 2008, ainsi que 3 titres de Coupe d’Europe des Champions d’Europe des Clubs en 2003, 2004 et 2006.

3.1.2 – Présentation de son programme d’entrainement

Sous les couleurs des Diables de Rethel, William s’entraîne 2 fois 1h30 la mardi et le jeudi, soit 3 heures d’entraînement par semaine. Lors des stages en équipe de France, un préparateur physique propose un programme d’entraînement individuel spécifique, mais William n’arrive pas à le suivre, comme nous le verrons dans la partie suivante.

Le championnat de France de Ligue Elite se déroule sous la forme d’une compétition en matchs aller / retour comportant 10 équipes, soit 18 matchs au total sur une saison régulière. Il faut également rajouter à ce calendrier les matchs de Coupe de France, soit jusqu’à 8 matchs supplémentaire pour remporter ce titre.

97 La philosophie de l’entraînement est la même entre le roller hockey et le hockey sur glace. Néanmoins, la préparation tactique est moins poussée au roller hockey, en relation avec une stratégie basée en grande majorité sur du marquage en zone ou du marquage individuel, contrairement au hockey sur glace.

On retrouve les deux grands fondamentaux de l’entraînement dans cette discipline, à savoir :

- une préparation physique générale, beaucoup moins poussée au roller hockey, réalisée fin août – début septembre, avec des séances physiques pendant 3 semaines avec des exercices fractionnés, aussi bien en salle que sur des rollers ;

- du travail technique, individuel et tactique, dans des situations de match.

Le problème au roller hockey est que les joueurs ne travaillent pas leur condition physique de manière optimale, en relation avec la non professionnalisation de ce sport, et par conséquent le manque de temps que les joueurs peuvent consacrer à leur préparation physique. Toutefois, en vue des Championnats d’Europe, un entraînement surnuméraire est rajouté le lundi avec un préparateur physique, au cours duquel les joueurs travaillent essentiellement sur des exercices fractionnés.

Il est intéressant de noter que, comparativement au hockey sur glace, William trouve le roller hockey plus physique, alors que paradoxalement, le terrain est plus petit, 40 x 20 m pour le roller hockey contre 60 x 30 m sur la glace (cf supra). Ceci peut probablement être mis en relation avec le fait que les joueurs bénéficient de beaucoup moins d’inertie et de vitesse cinétique sur les sols de gymnase que sur la glace, ce qui nécessite beaucoup plus d’efforts lors de la poussée sur les rollers dans les phases de propulsion.

3.1.3 – Difficultés rencontrées

Bien que sportif de haut niveau et évoluant dans le championnat Elite, William n’est pas professionnel. Ainsi, en dehors de ses entraînements, il poursuit sa carrière professionnelle en tant que responsable de Département dans le secteur bancaire. Rethel est actuellement le seul club à bénéficier d’un statut de semi-professionnel, mais la nécessité d’exercer une activité professionnelle en dehors de sa carrière de joueur fait que William a très peu de temps à consacrer à sa préparation physique et ne peut suivre les programmes établis par le préparateur physique au cours de ses stages en équipe de France.

De plus, de nombreux gymnases sont des gymnases municipaux. Ceci implique des horaires d’entraînement tardifs. Ces dispositions au public sont dépendantes de la mairie concernée. Comme nous l’avons déjà abordé précédemment dans la première partie, cela peut poser des problèmes dans la gestion de la carrière sportive de ces athlètes, empêchant ainsi par exemple le respect d’un programme alimentaire adapté (problèmes de grignotage, d’horaires fixes pour les repas) et d’un rythme de sommeil adéquat.

98 3.2 – Un exemple d’entraînement spécifique : la préparation physique en salle (40)

L’objectif de cette préparation physique en salle est de préparer l’organisme des athlètes au début de saison, mais surtout après la trêve hivernale. En effet, c’est pendant cette période qu’on constate l’apparition de blessures à répétition et de la fatigue, parce que les joueurs n’ont pas été suffisamment préparés à la charge de travail demandée en début de saison. En cours de saison, la préparation physique vise à maintenir le potentiel acquis à l’intersaison, à favoriser la récupération et à préparer les échéances à venir.

3.2.1 – Qualités physiques et implication des filières énergétiques

Les qualités physiques principales nécessaires à la pratique du roller hockey sont de deux ordres :

- l’explosivité, qui correspond à la faculté à accélérer un geste déjà commencé. On la retrouve dans les phases d’amorce d’un sprint lors d’une contre-attaque par exemple, d’amorce d’un dribble ou d’un tir au but ;

- la puissance, qui suit la phase d’explosivité.

Le processus énergétique principal utilisé dans cette discipline est celui du métabolisme anaérobie alactique. Il correspond à une intensité d’effort maximale pendant des phases de survitesse. La durée d’une action est comprise entre 1 seconde (frappe de balle) à 7 secondes en moyenne (sprint en contre-attaque). Dans certaines actions, le processus lactique peut être sollicité. Il correspond aux phases de jeu d’environ 45 secondes mêlant une succession d’attaques et de contre-attaques, impliquant le milieu défensif principalement. Sur la totalité du match, le jeu se fait sur fond aérobie (course avec crosse en mains).

3.2.2 – Objectifs et périodicité de la préparation physique en salle

Ces objectifs diffèrent en fonction de la période de l’année. Ainsi, au cours de l’intersaison, la préparation physique en salle vise à rééquilibrer la masse corporelle par un travail intensif, afin d’augmenter le pourcentage du taux de masse sèche (muscles) et de diminuer le pourcentage du taux de masse grasse. Elle vise également à travailler l’appareil cardiovasculaire et à démarrer progressivement le travail de puissance et de force explosive, ainsi que les différentes qualités en fonction des postes des joueurs. Au cours de la saison, l’objectif est de maintenir les acquis de forme de la préparation du début de saison, de récupérer du match précédent et de préparer physiquement l’athlète pour le match à suivre.

99 Voici un exemple de programme qui peut être appliqué sur un mois pendant l’intersaison, et répété le mois suivant si l’intersaison dure deux mois :

- semaine 1 : 2 séances de développement du haut du corps (25 minutes cardiovasculaire et 35 minutes musculaire) et 1 séance de développement du bas du corps (30 minutes de circuit-training et 30 minutes de fractionné) ;

- semaine 2 : 2 séances de développement du haut du corps et 2 séances de développement du bas du corps ;

- semaine 3 : 3 séances d’une durée de 2 heures, chacune mêlant une partie développement du haut du corps et du bas du corps ;

- semaine 4 : repos relatif, pour aider l’organisme à récupérer afin d’éviter le surmenage. Les joueurs peuvent réaliser des entraînements de roller hockey au cours desquels l’accentuation est mise sur le travail des points faibles individuels et collectifs.

Au cours de la saison, l’idéal est de pouvoir placer 2 séances de préparation physique en salle par semaine, en mêlant du travail de puissance, du gainage, de la résistance cardiovasculaire et des étirements.

3.2.3 – Préparation physique en salle pendant l’intersaison

Au cours de ces séances d’entraînement données à titre informatif, l’athlète est à 95% de ses possibilités. La présence d’un préparateur physique est indispensable, afin de gérer la charge de travail pour l’athlète en fonction du degré d’intensité souhaité. Les conséquences de cette méthode de préparation physique en salle sur l’organisme sont multiples. Ainsi :

- la première séance est très dure, car l’organisme n’est pas habitué à ce degré d’intensité de travail ;

- la deuxième séance est encore plus éprouvante, car l’athlète connaît désormais la charge de travail qu’il a à réaliser et travaille sur les courbatures ;

- la troisième séance est marquée par la disparition des courbatures, l’organisme commençant à s’habituer à ce type de séances ;

- à partir de la deuxième semaine, l’athlète progresse de séances en séances, avec un niveau de condition physique grandement supérieur à la fin de la troisième semaine ;

- la quatrième semaine apporte un repos relatif permettant à l’organisme de surcompenser.

Il apparaît évident qu’un tel programme est illusoire sans une diététique appropriée, ainsi qu’un travail de gainage et d’étirement en complément. Toutefois, celui-ci apporte aux athlètes une amélioration de l’explosivité, qui est un atout majeur pour l’ensemble des postes occupés sur le terrain. Cette méthode permet d’obtenir une meilleure force de pénétration, une meilleure force de démarrage en début de glisse, une amélioration de la vitesse de glisse ainsi qu’une meilleure faculté à l’anticipation.

100 3.2.4 – Préparation physique en salle en cours de saison

Par le caractère asymétrique de l’effort exigé dans la pratique du roller hockey, il est très important d’entretenir le haut du corps et de poursuivre les types de séances visant à son développement au fur et à mesure de l’enchaînement des matchs. Ce sport occasionne également des déséquilibres musculaires importants (frappes de balle, passes), notamment en ce qui concerne le dos, surtout lors de la période de croissance chez les jeunes athlètes. Il est donc nécessaire d’entretenir la charnière cervicale et dorsale par des exercices appropriés. Pour la région lombaire, le renforcement se fait à petite dose et de manière statique, en privilégiant surtout de longues séances d’étirement.

Le travail de gainage est également indispensable, une bonne ceinture abdominale permettant un meilleur placement, en ce qui concerne la vitesse de glisse et le shoot. Celui-ci correspond au renforcement de la musculature destinée à la stabilisation du tronc, à l’équilibre du bassin et au maintien de la posture. Ce renforcement cible la jonction entre le haut et le bas du corps, jonction permettant la transmission des forces entre ces deux unités. Les muscles concernés par le travail de gainage sont principalement les abdominaux et les muscles lombaires. Divers exercices en salle contribuent à leur développement (travail en décubitus ventral sur les pointes de pieds, sur les coups de pieds, avec un ballon placé sous les pieds, …).

Le plus important lors de la préparation physique en salle au cours de la saison est de maîtriser le plus finement possible le phénomène de surcompensation. Il faut ainsi prévoir au bon moment des périodes de récupération permettant à l’organisme de se recharger en substrats, ayant pour conséquence de provoquer chez l’athlète un pic de forme à une période clé, lors d’échéances importantes notamment.

3.2.5 – Conclusions

La préparation physique en salle est une activité contraignante et dure si elle est correctement réalisée, exigeant à la vue de gros résultats un mental à toute épreuve et une précision quant-à la qualité des séances. Le rôle du préparateur physique dans ce domaine est double, gérer l’intensité de l’entraînement et motiver l’athlète dans ses séances les plus dures. L’entraînement physique sur le terrain a des répercutions positives dans le domaine de l’explosivité, mais néglige totalement le facteur puissance (travail à charges lourdes), ce dernier étant un processus fondamental de la préparation physique dans ce sport, en favorisant les fins de match. Ainsi, il est indispensable de se préparer physiquement sur le terrain (méthodes proches de l’activité), mais également en salle pour solliciter les différents groupes musculaires en profondeur.

3.3 – Entraînement sur le terrain

Le roller hockey étant issu du hockey sur glace, les fondamentaux de l’entraînement sont similaires. Ainsi, les exercices physiques sur le terrain sont exactement les mêmes que sur le glace, avec du travail fractionné, des exercices de maniabilité et de conduite de palets, des

101 séances de shoots, ... Nous ne nous intéresserons ici qu’aux particularités liées à cette discipline, surtout dans le travail tactique.

Le roller hockey se pratique à 4 joueurs de champ, au lieu de 5 au hockey sur glace. De ce fait, il y a beaucoup plus d’espace libre exploitable pour les joueurs et une grande partie du jeu est axé sur un type de situation précis : les sorties de zone. C’est une phase de jeu capitale au cours de laquelle une l’équipe adversaire termine une situation de jeu défensive, qui permet à l’autre équipe de relancer une attaque depuis son propre camp, la majorité du temps depuis l’arrière des cages du gardien. La construction de cette phase mène à une action offensive, voire à un but, en quelques passes. Tout le travail consiste, pour les trois joueurs qui ne sont pas porteurs du palet, à se démarquer de l’adversaire pour se placer en position avantageuse.

L’entraînement est également axé sur les situations de jeu en infériorité et en supériorité numérique, de façon similaire au hockey sur glace. En effet, ces situations sont particulièrement propices à la défense ou à l’attaque respectivement. Une grande majorité des buts sont inscrits pendant ces phases de jeu, qui doivent être exploitées au maximum.

D – Méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en water polo

1 – Présentation du water polo

Le terme « polo » est en fait une prononciation anglaise du mot hindi « pulu » qui désigne un ballon. De la même manière que le jeu de ballon à cheval prend le nom de « polo », le jeu de ballon dans l'eau est appelé « water-polo ». Le water polo est un sport collectif aquatique opposant deux formations de sept joueurs. Il fut codifié dans le Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle et devient sport olympique en 1900.

1.1 – Historique

Une variante du water polo était pratiquée en Rome ancienne. Populaire chez les légionnaires, ils propagèrent cette discipline à travers tout l'empire. Le jeu était pratiqué dans les piscines des thermes.

Il faut ensuite attendre 1869 pour voir les membres du club britannique de natation de Bournemouth pratiquer un jeu dont les règles sont assez proches du water polo moderne. Ils utilisent dès lors un ballon en caoutchouc qui remplace celui d'origine, fabriqué à partir d'un estomac de porc. Un an plus tard, en 1870, le London Swimming Club édicte les règles d'un « rugby pratiqué en piscine », dont les règles seront publiées en 1876.

Le premier match officiel a lieu au Crystal Palace Plunge de Londres en 1874. Les premières parties sont en général de pures démonstrations de force. L'objectif de chaque joueur, quel que soit son poste, est de marquer des buts. Le premier championnat, celui

102 d'Angleterre, débute en 1888. Le premier match international a lieu en 1890. Il met aux prises Angleterre et Écosse.

Une version américaine du jeu se développe à partir de 1897. C'est un jeu plus violent que son homologue britannique. Les Américains pratiquent ce softball (à ne pas confondre avec le sport dérivé du baseball) jusqu'aux années 1930, mais conviennent de respecter les règles britanniques depuis 1914.

Le water polo est sport olympique dès 1900 et passe sous le contrôle de la FINA (Fédération Internationale de Natation Amateur) en 1911. Un championnat du monde est mis en place à partir de 1913. Les Britanniques dominent les palmarès jusqu'aux années 1920. La France, la Belgique, la Suède, la Hongrie et l'Allemagne rivalisent ensuite avec les créateurs britanniques. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Italie, la Yougoslavie et l'URSS viennent rejoindre l'élite mondiale.

Le jeu évolue, notamment sous l'impulsion des Hongrois, où le jeu est extrêmement populaire. Dès 1928, l'entraîneur Bela KOMJADI change les données techniques et tactiques en inventant la passe sèche, c’est-à-dire effectuée de sorte que le joueur en réception puisse attraper le ballon avant qu'il ne touche l'eau.

Pour les femmes, le water polo n’a été admis comme discipline olympique qu’en 2000, aux Jeux Olympiques de Sydney, remportés par l’équipe australienne. Avant 2000, les femmes étaient par équipes de 11 et depuis ces jeux, elles sont par équipes de 13 comme les hommes (en grande partie grâce aux canadiennes).

Les Hongrois sont actuellement la nation dominante dans cette discipline, avec 7 titres de champions olympiques à leur palmarès, le dernier en titre est leur victoire aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Ils sont également 2èmes aux Championnats du Monde à Melbourne en 2007, et figurent très régulièrement sur les podiums des compétitions internationales.

1.2 – Principe de jeu et règles (74)

Une équipe se compose de 13 joueurs dont 6 remplaçants. Ceux-ci peuvent entrer en jeu à tout moment à partir de leur propre zone d'exclusion (au-delà de la ligne de but), à partir du moment où l'équipe est en possession de la balle. Un gardien de but et 6 joueurs de champ évoluent dans l'eau en même temps, pour chaque équipe.

Le match se déroule sur une aire de 30 x 20 mètres pour les matchs masculins et 25 x 20 mètres pour les matchs féminins.

Un match officiel se décompose en 4 périodes de 8 minutes chacune de jeu effectif (périodes de 7 minutes si le niveau est moins élevé). Ces périodes sont séparées par des temps de repos de 2 minutes sauf entre la 2ème et la 3ème période où le repos est de 5 minutes. Chaque équipe peut demander 2 temps morts d'une minute lorsqu'elle est en possession de la balle (attaque). En cas de match nul, après 5 minutes de repos, les joueurs jouent une prolongation de deux périodes de 3 minutes, séparées par 2 minutes de repos. Si les joueurs n’arrivent toujours pas à faire la décision, ils disputent une séance de tirs aux buts afin de déterminer le vainqueur.

103 Une équipe dispose de 30 secondes au maximum pour tirer au but, dans le cas contraire la balle change de camp. Les 30 secondes sont réinitialisées après chaque tir, corner, but, exclusion d’un joueur, ou à la fin de celles-ci.

Les 6 joueurs de champ s'organisent habituellement en un demi-cercle, à 5-7 mètres du but adverse, avec un joueur au centre appelé avant-centre. Ce poste est assez particulier car le joueur fait face à ses coéquipiers, et tourne donc le dos au gardien adverse. Son rôle est de récupérer une passe, de contourner le défenseur adversaire (l'arrière-centre) pour se retrouver face au gardien et tirer rapidement. Ce duel est très engagé et très physique puisqu'une certaine tolérance est laissée aux deux joueurs. L'arbitrage est assez difficile, puisqu'on ne voit que très peu ce qui se passe sous l'eau : à chaque match des coups sont portés à bien des reprises.

Concernant les fautes, le droit de charge est autorisé sur le porteur de balle. Pratiquement, une grande liberté de manœuvre est laissée aux défenseurs pour agir sur le porteur de la balle, à l'exclusion des coups visant la tête. Il faut bien savoir que les deux arbitres, situés sur les bords du bassin, n'ont qu'une vision très limitée de ce qui se passe sous l'eau. Les fautes graves sont sanctionnées au moyen d’un penalty ou d’une exclusion de 20 secondes.

1.3 – Fédération française de natation et fédération de water polo

Le water polo est géré en France par une commission de la Fédération française de natation (FFN) fondée le 20 novembre 1920. Avant cette date, c'était l'USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques) qui gérait le water polo français depuis 1895.

Pour les clubs, le championnat de France se tient depuis 1896. Le premier club français est fondé à Paris en 1893 : Libellule de Paris. Le Cercle des nageurs de Marseille est actuellement le tenant du titre, avec 4 championnats consécutifs remportés depuis 2005. Les Enfants de Neptune de Tourcoing sont les plus titrés avec 45 championnats remportés depuis 1900 au palmarès.

2 – Eléments de physiologie appliqués aux poloïstes (82)

Bien que les règles du jeu soient en constante évolution, le water polo reste un sport qui nécessite une demande physiologique très importante pour l’organisme. De très nombreuses attentions sont portées sur les améliorations techniques et stratégiques du jeu. Celles-ci se répercutent sur les performances sportives de ces athlètes, ainsi que sur la garantie de leur santé physique. Malgré tous ces perfectionnements, actuellement, très peu d’études sont publiées sur le sujet, tandis que les données sur les poloïstes féminines sont encore plus rares.

L’objectif d’explorer les besoins physiologiques des poloïstes est de pouvoir adapter de façon optimale les programmes d’entraînement individuel de ces athlètes, mais également de mieux comprendre les répercussions à long terme d’une pratique intensive sur la santé des joueurs.

104 2.1 – Analyse du jeu du water polo

Le water polo est une alchimie entre la puissance, la vitesse, l’endurance, et beaucoup de technique, de tactique, de finesse et d’agilité au combat de la part des différents acteurs (65).

Le water polo est un sport de nature « intermittente », qui comprend des phases de très forte intensité, de durée inférieure à 15 secondes, entrecoupée de phase d’intensité plus faible, de durée inférieure à 20 secondes. On note également des phases longues de récupération entre les différents quarts-temps. Les différentes mesures physiologiques ayant pu être effectuées indiquent un effet cumulatif de ces différentes séquences et suggèrent une demande métabolique élevée de la part des athlètes. La grande habileté et technique individuelle que nécessite le jeu implique également une intervention forte du système neuromusculaire.

La durée moyenne d’un match est de 55 minutes, chaque quart-temps durant approximativement 12 minutes. Quand les matchs vont en prolongation, la durée de jeu peut excéder les 70 minutes. Durant ce temps, les joueurs sont très rarement inactifs, puisqu’ils ne sont pas arrêtés lors des interruptions de jeu. Ainsi, ils sont en mouvement perpétuel, sauf lors des intervalles de repos entre les quarts-temps.

Les joueurs occupent des postes spécialisés au sein de l’équipe. Néanmoins, à part le poste de gardiens, les joueurs peuvent effectuer des rotations tactiques entre les différents postes d’attaquants, de défenseurs et d’ailiers au cours d’une même phase de jeu.

On peut souligner que les athlètes de water polo ont une carrière sportive très longue, à une intensité de travail élevée, avec de longues sessions d’entraînements, et un programme d’entraînement mixte, impliquant un travail en salle et un travail dans l’eau.

2.2 – Exigences physiques et physiologiques du water polo

Comme pour la plupart des sports d’équipe, ces exigences sont dépendantes à la fois des règles du jeu, mais également des particularités de chaque match, notamment en ce qui concerne la stratégie adoptée et l’opposition physique rencontrée par les différentes équipes. On note en outre d’importantes variations individuelles et variations liées à la nature du poste occupé.

L’évolution permanente des règles du jeu, dans le but de rendre celui-ci plus rapide et plus spectaculaire, influent également sur ces exigences physiques et physiologiques, comme le passage de 11 à 13 joueur, l’allongement de la durée des quarts-temps de 5 à 7, voire 9 minutes (pour les fédérations hongroise, croate, serbe, italienne et grecque), le raccourcissement de la durée maximale d’exclusion à 20 secondes, ou la possibilité d’effectuer plus de remplacements au cours du jeu. Ainsi, l’augmentation de la duré des quarts temps décroît la fréquence cardiaque des joueurs sur les six dernières minutes, ce qui traduit une tendance à une fin de match moins intense. De plus, les phases de sprint en crawl sont réduites en faveur des arrêts de jeu (71).

Ces exigences physiques peuvent êtres manipulées, ce qui rend l’exploitation des données encore plus délicates. En effet, afin d’accroître la performance physique et collective, l’entraîneur intervient sur la récupération des joueurs par les changements de ligne, l’intensité et la fréquence des séquences de jeu en fonction de sa stratégie tactique propre à chaque

105 match, les différentes combinaisons de joueurs ou l’appel à un temps-mort sont autant de variables qu’il est impossible de toutes les maîtriser.

2.2.1 – Exigences pour les joueurs de champ

7 activités sont décrites chez les joueurs de champ afin de classer les formes et l’intensité des mouvements du joueur de water polo (71) :

- sprint en crawl : nage rapide dans le but de rattraper l’adversaire ;

- contacts : tous types de contacts entre deux adversaires ;

- phase d’attaque : mouvements incluant conduite de balle offensive, feintes, fautes subies et passes ;

- phase de défense : mouvements incluant blocages, sauts, fautes commises et conduite défensive de balle ;

- le maintien au dessus de l’eau : déplacement vertical du corps ou flottaison à une intensité modérée à forte ;

- les arrêts de jeu : nage lente lorsque le jeu est interrompu, lors des coups-francs, des buts, et des hors-jeu ; les arrêts entre les quarts temps ne sont pas comptabilisés ;

- crawl « tranquille » : nage en défense ou en attaque sans urgence, sans être menacé par l’adversaire.

La plupart des activités du jeu des joueurs de champ durent moins de 20 secondes, avec une durée moyenne de 7 à 14 secondes pour les mouvements intenses et les sprints dans l’eau. Ces performances brèves et de forte intensité suggèrent l’importance de la filière anaérobie chez ces athlètes.

Les périodes d’intensité moyenne à forte constituent quant-à eux environ les deux tiers (58,7%) de la durée totale de jeu. Le monitoring de ces athlètes indique que ces périodes sont effectuées à une intensité supérieure à 80% de leur VO2 max, c’est-à-dire, de leur puissance aérobie maximale. Dans l’ensemble du match, l’intensité de l’exercice physique tourne autour de la valeur du seuil lactique, avec une intensité maximale au second quart temps, qui décroît pour atteindre son minimum dans le quatrième quart temps (71). Les périodes de plus faible intensité sont de durée insuffisante pour permettre une récupération totale, ce qui implique une participation modérément élevée du métabolisme aérobie.

Les différentes mesures des taux de lactate et de créatine phosphate sanguin indiquent une demande élevée du système anaérobie alactique, une demande élevée du système aérobie afin de réapprovisionner les réserves de créatine phosphate et une importance moindre de la filière anaérobie lactique (également appelée anaérobie glycolytique) pour la fourniture d’énergie. Le métabolisme glycolytique est toutefois très augmenté lors d’activités intenses, et les lactates peuvent s’accumuler dans le sang dès 6 à 10 secondes après un tel exercice.

Les variations individuelles des taux de lactates sanguins sont très importantes, allant de 2 à 12 mmol/L avec des valeurs moyennes de l’ordre de 7 à 9 mmol/L. En association avec des fréquences cardiaques élevées, enregistrées au cours des matchs, ces valeurs renforcent l’idée

106 d’une demande modérée du système anaérobie glycolytique. Lors d’efforts de faible intensité, l’élimination des lactates sanguins est facilitée, ce qui prévient une augmentation progressive de ces derniers au cours du match. Ceci est démontré par une faible lactatémie (3.86 ± 1.89 mmol/L) sur l’ensemble du match, en relation avec une faible participation de la filière anaérobie, mais surtout un très bon développement de la filière aérobie qui permet une excellente élimination des lactates sanguins (71).

Il est très important de prendre en compte l’influence relative de ces différentes filières énergétiques pendant les programmes d’entraînement. En effet, si on considère la durée de demi-vie des lactates sanguins, qui est de 12 à 20 minutes en fonction de l’intensité de l’exercice et des périodes de récupération, un joueur qui accumule trop de lactate dès le début du match aura des possibilités de récupération moindres, ce qui influencera ses performances au cours de la durée du match.

Les joueurs de champs passent environ 20% du temps total de jeu à nager et ils sont actifs dans l’eau pendant 33% de ce même temps. La moitié de cette durée est effectuée en sprintant, à une vitesse maximale, ce qui implique l’utilisation majeure de la glycolyse à des fins énergétiques. Les sprints représentent environ 60 temps de jeu, d’une durée de 10 à 12 secondes chacun, pour une distance parcourue de 13 à 15 mètres en moyenne. Un poloïste passe 45 à 55% de son temps de jeu dans une position de nage horizontale, le reste du temps se déroule avec des activités impliquant une nage avec le corps en position verticale, avec ou sans contact avec l’adversaire.

Il y a des différences notables de temps passés sur les 7 activités entre les différents postes. Ainsi, les avant-centres passent plus de temps au contact des adversaires, en position de nage verticale, ont plus de transitions nage horizontale / nage verticale et effectuent des actions impliquant agilité et technique plus souvent que les autres joueurs de champs. Les ailiers, quant-à eux, attaquent ou shootent sur des actions beaucoup plus courtes que les attaquants. Néanmoins, l’influence des différents postes sur la réponse physiologique des athlètes à l’effort intense semble quasi-nulle (71) ou bien réelle en fonction des différentes études, principalement discordante en ce qui concerne la stratégie de l’équipe, à savoir une stratégie de défense en zone (71) contre une stratégie de marquage individuel.

2.2.2 – Exigences pour les gardiens de but (70)

Le gardien de but est le joueur défensif le plus important au sein d’une équipe. Les résultats sportifs de son équipe dépendent en grande partie de ses performances sportives. Son jeu diffère considérablement de celui des joueurs de champs, c’est pourquoi la physiologie de l’exercice du gardien de but en water polo n’a rien à voir avec celle de ses partenaires de champ.

On peut dissocier le temps de jeu du gardien de but en six activités, de manière stéréotypée. Trois d’entre elles correspondent à des situations de jeu maîtrisées :

- le maintien debout dans l’eau, associé à des mouvements de rame par les bras ;

- le maintien debout dans l’eau à une intensité modérée, après un but ;

- les temps morts, marqué par une nage lente de la part du gardien.

107 Tandis que les trois autres correspondent à des situations de jeu où le gardien est sous pression :

- phase où le gardien est prêt à sauter : il prépare son impulsion, lorsqu’il est menacé par un tir adverse ;

- phase où le gardien est prêt à sauter et saute : même situation que précédemment, mais celle-ci se concrétise par un saut, un arrêt, un blocage du ballon, ou une nage rapide pour s’en saisir ;

- les situations d’infériorité numérique, durant lesquelles le gardien est au maximum de ses capacités physiques et sportives.

Le travail du gardien de but en water polo est marqué par des efforts d’intensité variable lors des différentes périodes. Les phases de jeu impliquant des mouvements brefs, explosifs de la part du goal ne sont pas très fréquentes, et interviennent le plus souvent 10 à 15 secondes après une phase de travail d’intensité modérée. Ces séquences durent environ 35 secondes au total. Entre chacune d’elles se situent des séquences de 47 secondes de nage calme, lors de situations de jeu maîtrisées, durant lesquelles le gardien a la possibilité de récupérer.

Lors des phases courtes d’intensité maximale, on note une élévation du rythme cardiaque et également une élévation des taux d’acide lactique dans le sang. Ceux-ci sont en moyenne de 4 à 6 mmol/L chez les gardiens de but (70), ce qui indique un effet cumulatif modéré de ces séquences de plus fortes intensités. De cette manière, 58% du temps de jeu du gardien de but se déroule au-dessus du seuil anaérobie de l’athlète, ce qui traduit une augmentation considérable des demandes de la filière anaérobie, lactique ou alactique.

Les demandes physiologiques du gardien de but restent les mêmes tout au long du match et ne sont pas influencées par la progression du temps de jeu, au contraire des variations enregistrées chez les joueurs de champ. Cette différence s’explique par l’accumulation de la fatigue chez ces derniers, tandis que le gardien de but bénéficie de longues phases de faible intensité, au cours desquelles il peut récupérer.

Ainsi, l’efficacité du gardien de but de haut niveau en water polo repose sur la qualité d’exécution et l’habileté des gestes techniques qu’il effectue, et non sur la durée ou l’intensité des séquences qu’il réalise.

Toutes ces analyses ont des répercussions très concrètes sur l’entraînement quotidien des gardiens de but au sein de l’équipe de water polo. Ainsi, il doit :

- être centré sur des exercices développant sa puissance « explosive » de façon à améliorer son agilité lors des différents sauts ;

- inclure des exercices d’intensité maximale de durée moyenne, afin d’obtenir une accumulation de lactates sanguin, de façon à améliorer ses performances lors des infériorités numériques ;

- ne pas insister trop sur le développement de la filière aérobie, mais se concentrer sur la filière anaérobie.

108 2.2.3 – Exigences neuromusculaires

Les joueurs de water polo passent beaucoup de temps à s’entraîner hors de l’eau, afin d’accroître leur force musculaire et leur puissance, mais aussi dans le but de prévenir d’éventuelles blessures. Actuellement, l’influence des exigences neuromusculaires du waterpolo sur la performance des joueurs n’est pas très bien comprise. Plusieurs études biomécaniques et électromyographiques quantifient les exigences neuromusculaires imposées par cette discipline en fonction des postes, mais aucune n’est mise en application vis-à-vis de méthodologies d’entraînement appropriées à l’impact du développement de la force musculaire et de la puissance des joueurs sur leurs performances.

La multiplicité des mouvements liés au jeu et l’effort permanent des athlètes dans l’eau impliquent un haut niveau d’activité et de force musculaire. Ainsi, pendant les différentes phases de nage, de nombreux groupes musculaires sont mis en jeu. En prenant en considération la taille et le poids d’une balle de water polo, mais également le fait que les joueurs ne reposent pas sur une base solide mais doivent faire face à la résistance de l’eau en permanence, les shoots requièrent une force musculaire considérable.

Les gardiens de but effectuent des mouvements plus spécifiques, comme les divers types de saut afin d’arrêter la balle, leur position de maintien vertical particulière, bras tendu en extension, les longues passes qu’ils effectuent (10 à 20 mètres). Ces phases impliquent des groupes musculaires différents pour certains des joueurs de champs. Ainsi, quand ils contrent un shoot, cela nécessite de leur part une grande résistance musculaire et une grande stabilité dans leurs articulations et leur haut du corps pour faire face à des impacts répétés.

2.2.4 – Exigences des entraînements et des compétitions

Le water polo pratiqué à haut niveau est très exigeant. En effet, l’entraînement intense quotidien est pratiqué pendant 4 à 6 heures par jour, 6 jours par semaine. Lors des tournois nationaux, les joueurs effectuent 2 à 3 matchs par jour, et ce pendant 3 à 4 jours ; tandis que lors des tournois internationaux, ils jouent un match par jour, mais totalisent 8 à 10 matchs sur une période de 10 à 12 jours. Ce rythme intense doit être pris en compte dans l’adaptation des entraînements des athlètes.

Les adaptations physiologiques des joueurs à cet entraînement intense sont peu documentées dans la littérature. Néanmoins, on a aujourd’hui des débuts de preuve des changements sur les grandes fonctions physiologiques induits par l’entraînement au long terme. Ainsi, l’entraînement de water polo a un effet bénéfique sur les propriétés osseuses (force, élasticité, microarchitecture) qui sont améliorées chez les poloïstes, mais également chez d’autres athlètes de haut niveau de diverses disciplines, par rapport à une population sédentaire de contrôle (34). Cette pratique sportive régulière prévient également les risques d’athérosclérose, avec des taux élevés de HDL (High Density Lipoproteins) et d’enzymes du métabolisme lipidique dans le sang. Enfin, différents systèmes s’adaptent à la pratique sportive intensive, notamment les systèmes cardiovasculaire, métabolique, endocrinien, immunologique et neuromusculaire.

109 2.3 – Caractéristiques physiques des joueurs de water polo

Les caractéristiques physiques des poloïstes sont le reflet de l’intensité et de la diversité des exigences sportives auxquels ils sont soumis. Celles-ci sont utilisées par les entraîneurs afin de diriger un athlète à se spécialiser vers un poste précis. A un niveau international, les caractéristiques physiques des joueurs n’influencent pas les résultats de l’équipe ni l’issue des matchs.

Les caractéristiques physiques sont très différentes entre les gardiens de but et les joueurs de champs, mais elles le sont également en fonction des différents postes, bien que les joueurs soient amenés à tourner entre les postes en cours de match. Ainsi, les avant-centres et les arrière-centres sont plus grands, plus lourds, et plus « charpentés » que les ailiers. Les gardiens de but sont eux aussi plus grands, plus lourds et ont une plus grande envergure que les ailiers.

Les indicateurs de composition corporelle (mesure de l’épaisseur des plis de peau, de la masse musculaire totale et de la masse osseuse totale) ne montrent aucune différence entre les différents postes. Néanmoins, les goals ont une plus grande masse osseuse que les centre- avants.

Toutes ces différences anthropométriques sont également le résultat des décisions de l’entraîneur et de la sélection de ses joueurs, mais reflètent aussi l’aptitude des poloïstes à répondre aux exigences des différents postes.

A titre d’exemple, LOZOVINA et PAVICIC (47) ont montré l’évolution des paramètres anthropométriques des poloïstes de haut niveau entre 1980 et 1995. Ainsi, ils ont démontré que ces derniers sont plus grands, aves des membres plus élancés, une taille plus fine et des épaules plus larges. Les joueurs sont plus musclés et plus charpentés qu’auparavant, avec une diminution de la masse graisseuse. Le gabarit moyen des athlètes de haut niveau de cette étude en 1995 est de 189 cm pour 85,9 kg, quelque soit le poste. Cette évolution reflète les changements de règles du jeu et de conditions environnementales (entraînement plus intense, sélection plus exigeante des meilleurs joueurs).

2.4 – Caractéristiques physiologiques des joueurs de water polo

Les capacités physiologiques des joueurs de water polo reflètent les exigences des entraînements et des matchs réalisés. Là encore, peu de données scientifiques sont disponibles. Les tests de laboratoires, tout comme les tests de terrain, souffrent d’un manque de validité et de fiabilité, ce qui rend l’interprétation des résultats délicate.

2.4.1 – Puissance aérobie et endurance

En se référant aux nombreuses activités d’intensité moyenne à forte, aux fréquences cardiaques élevées observées au cours du match, la filière aérobie constitue probablement la source majeure d’énergie pour les joueurs de water polo.

110 Les VO2 max, mesurées sur des joueurs de niveau national ou international, sont de l’ordre de 4,5 à 4,7 L/min, et sont similaires à ceux reportés dans d’autres disciplines de nature intermittente et autres sports de contact, comme le rugby, le hockey sur glace et le basketball. Néanmoins, la VO2 max ne peut pas être mesurée de façon adéquate sur tapis roulant ou sur ergomètre pour les poloïstes. La VO2 max n’est que très peu altérée au cours de la saison sportive. Ainsi, les différences de puissance aérobie entre les athlètes ne contribuent que très peu à la performance sportive.

Des tests sont réalisés afin de déterminer les capacités d’endurance aérobie des athlètes. Ils consistent en des épreuves de natation répétés, avec monitoring cardiaque et mesure des lactates sanguins entre les tests, après une période de récupération de 3 minutes.

2.4.2 – Capacité à s’économiser lors de la nage

La nage économique, ou la relation entre la VO2 max et la vitesse de nage, est le reflet de l’efficacité de la technique de natation de l’athlète. Les poloïstes sont moins économiques comparativement à des nageurs de haut niveau. Ce paramètre est toutefois limité, en relation avec les performances des joueurs de water polo, car les joueurs sont la plupart du temps toujours en train d’accélérer ou de décélérer, de passe d’une nage horizontale à une nage verticale. Ces gestes sont plus dépendants de la technique de propulsion que de la capacité du joueur à s’économiser lorsqu’il nage.

Néanmoins, une technique efficace réduit le coût en énergie du jeu et l’accumulation de la fatigue au cours du match. Les monitorings de consommation d’oxygène, les mesures de fréquence cardiaque et de lactates sanguins peuvent toutefois être utilisés comme un indicateur de l’efficacité de l’entraînement et de l’adaptation des joueurs à celui-ci.

2.4.3 – Puissance anaérobie

La courte durée et la forte intensité des diverses activités, corrélées à la capacité à accumuler et évacuer les lactates sanguins, suggèrent que la filière anaérobie est très importante dans la performance sportive, en général ou pour le polo.

Des tests spécifiques permettent d’explorer cette puissance anaérobie, comme la mesure de la lactatémie après un sprint en nage libre de 100 ou de 60 mètres. Sur des joueurs de niveau international, les taux varient de 13 à 16 mmol/L, ce qui souligne la grande capacité de ces athlètes à accumuler les lactates dans le sang après un effort maximal de courte durée.

2.4.4 – Puissance musculaire et flexibilité

La flexibilité peut se définir comme la chaîne de mouvement permise par une articulation spécifique ou une chaîne d’articulations. Les croyances liées au water polo y attachent une grande importance par rapport à la performance sportive. Ainsi, les exercices de stretching font partie intégrante de l’entraînement au sol des poloïstes. Théoriquement, une plus grande

111 flexibilité permet d’augmenter la distance sur laquelle une force est appliquée, résultant dans une plus grande force ou dans plus de couple. Ceci peut s’appliquer pour les lancers ou les sauts hors de l’eau. En revanche, la spécificité de chaque articulation et de chaque mouvement, en plus de la variation individuelle, rend l’interprétation et l’exploitation des données acquises très difficile.

La puissance musculaire spécifique des joueurs de water polo a été documentée par des mesures dynamométriques, en s’appuyant notamment sur l’exemple de l’épaule lors du tir au but, ceci afin d’améliorer la puissance des tirs, mais également de tenter de prévenir un risque éventuel de blessure. SMITH (82) montre ainsi qu’un faible ratio de couple rotation externe / rotation interne est un facteur de contribution à diverses blessures à l’épaule chez les joueurs de water polo. En revanche, seule une faible corrélation a été mise en évidence entre l’entraînement de puissance musculaire au sol et la puissance de shoot dans l’eau.

2.5 – Exemple d’adaptation physiologique du poloïste à l’effort intense : le système cardio-vasculaire

Les athlètes pratiquant des sports isométriques (statiques, anaérobiques) développent une hypertrophie cardiaque concentrique, en réponse à une surcharge de pression, tandis que les athlètes pratiquant des sports isotoniques (dynamiques, aérobiques) développent principalement une dilatation des cavités cardiaques, en réponse à une surcharge volumique (90).

Les athlètes de water polo s’exercent de façon mixte, c’est-à-dire qu’ils pratiquent des exercices à la fois isométriques et isotoniques de façon approximativement équivalentes. Les résultats des études échocardiographiques montrent une adaptation cardiaque à l’entraînement intensif très marquée (65, 90).

Ils développent une dilatation cardiaque au cours de leur carrière, accompagnée d’un épaississement de la paroi du ventricule gauche, mais associée à une fonction systolique normale. Les mesures échocardiographiques enregistrées n’excèdent toutefois pas les valeurs limites relatives aux autres sportifs de haut niveau. En outre, ces mesures sont à relativiser par rapport au grand gabarit de ces athlètes qui, associées à un entraînement intensif, expliquent très probablement ces dimensions cardiaques plus élevées. Cette hypertrophie cardiaque de type concentrique (90) des poloïstes se manifeste également par une masse musculaire du ventricule gauche plus importante. Ces données reflètent le caractère mixte isométrique / isotonique du water polo.

Les sports de haut niveau sont favorables à l’amélioration de la fonction diastolique, en particulier les sports d’endurance. Cette fonction peut être caractérisée par le quotient rapportant la vitesse de remplissage en début et en fin de diastole. Bien qu’il n’y ait pas de différence significative par rapport aux autres sports (65), on note des valeurs supérieures de 20% chez les athlètes de water polo, ce qui signe la composante « endurance » de ce sport.

Les données ECG indiquent que 33% des athlètes de water polo présentent des anomalies électrocardiographiques (90). Un monitoring Holter démontre la présence d’une bradycardie tout au long de la journée, accentuée la nuit. Ceci reflète le haut niveau d’entraînement et de performance de ces athlètes. Chez certains athlètes et de manière inconstante, une arythmie respiratoire et des pauses sinusales sont observées, plus fréquemment que chez la population

112 témoin. Les anomalies de conduction et les blocs atrio-ventriculaires sont rares et ne sont pas significativement plus élevées que chez les témoins.

Ces mesures cardiaques des joueurs de water polo sont représentatives de la pratique de cette discipline à un niveau international élevé, puisque ces valeurs sont supérieures aux joueurs hongrois de top niveau en basketball et au football (65).

2.6 – Conclusions

Il est très difficile d’exploiter le peu de données issues de tests ou d’études qui n’ont pas été validées. Néanmoins, ces résultats constituent un début de base de données et permettent d’exploiter certaines pistes concernant la réalisation de programmes spécifiques d’entraînement individuel.

Le mode, la durée et l’intensité d’entraînement doivent se rapprocher au maximum des situations rencontrées au cours des matchs, particulièrement lors des phases préparatoires aux compétitions. Le développement préférentiel des différentes filières énergétiques doit également être pris en compte lors de l’établissement des programmes d’entraînements, en fonction des individus, mais également des postes occupés au sein de l’équipe.

Selon SMITH (82), le système aérobie fournit approximativement 50 à 60% de l’énergie nécessaire à un match de compétition de haut niveau en water polo, le système anaérobie alactique en assurant 30 à 35% et le système anaérobie glycolytique 10 à 15%.

Pendant l’entraînement, les systèmes physiologiques sont soumis à une surcharge de fonctionnement spécifique, afin d’induire une réponse de stress et de développer des mécanismes d’adaptations spécifiques. Durant les matchs, il est important de réduire ce stress au maximum afin de minimiser les effets de la fatigue sur la performance sportive et d’accroître l’intensité de jeu.

3 – Entraînement des athlètes de haut niveau en water polo

Afin d’envisager les méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en water polo, cette étude se base sur l’étude d’un cas concret, à partir duquel ressort les fondamentaux de l’apprentissage et du perfectionnement de cette discipline, ainsi que les différents types d’exercices et de tests réalisés chez ces athlètes.

113 3.1 – Etude d’un exemple

3.1.1 – Présentation du joueur et de son club

J’ai pris pour cette étude l’exemple de Romain CHASTAGNER, ailier gauche, 188cm, 85kg, né le 19/03/1985, ex international juniors, qui évolue au club de water polo de Noisy-le- sec (93) : le Cercle des Nageurs Noiséens.

Cet athlète pratique le water polo depuis 11 années. Il a été formé dans son club et évolue avec celui-ci au niveau Elite (1ère division). Lors de la saison 2007/2008, il a également disputé la Coupe d’Europe LEN (Ligue Européenne de Natation) à Barcelone. Il poursuit sa formation à l’INSEP (Institut National du Sport et de l’Education Physique) à Paris. Le water polo, présent à l’INSEP depuis1986, reste le seul pôle Français masculin dans cette discipline.

En tant que joueur de haut niveau, il est soumis à un suivi médical longitudinal contrôlé. Celui-ci est réalisé conformément aux exigences réglementaires en vigueur. Seul un test d’audition dans un caisson est rajouté en plus du suivi imposé. Cette épreuve supplémentaire est liée à la pratique du water polo.

Le Cercle des Nageurs Noiséens (CNN) existe depuis 1947. Présidé par Patrick BUGEAUD, le club a gravi tous les échelons de la 4ème à la 2ème division sur trois années consécutives. Noisy a gagné sa place parmi l’élite française à l’issue de la saison 2005-2006, couronnée par un titre de vice-champion de France de N1 (2ème division). La saison suivante, le CNN termine à la 5ème place de la saison régulière, remporte les play-offs et se qualifie pour la Coupe d’Europe LEN pour la première fois de son histoire. Depuis, le club se maintient parmi l’Elite (9ème place lors de la saison 2006-2007, 5ème en 2007-2008) et figure sur le plan européen.

3.1.2 – Présentation de son programme d’entrainement

Romain s’entraîne en moyenne 4h30 par jour. Il effectue ainsi 3h d’entraînement le matin de 8h30 à 11h30, et 1h30 à 2 h d’entraînement le soir de 20h à 22h pendant toute la semaine, du lundi au vendredi. Le rythme des compétitions est d’environ un match tous les 15 jours en moyenne. Parfois, les matchs officiels s’enchaînent à un rythme plus soutenu. Au total, il effectue ainsi une vingtaine d’heures d’entraînement par semaine, auxquelles se rajoutent les matchs de compétition.

A titre d’exemple de comparaison, le protocole d’entraînement de l’équipe de Hongrie, en phase préparatoire des Jeux Olympiques de Sydney en 2000, comprend 25 à 30 heures par semaine d’entraînement dans l’eau (nage et exercices de water polo) et 5 à 8 heures en plus de travail en salle (65).

Lors de la saison régulière, 10 équipes se disputent le championnat Elite, ce qui fait 18 matchs aller / retour à jouer pour chaque équipe. A la fin du championnat se disputent les play-offs entre les 4 premiers du championnat, en vue de disputer la coupe d’Europe. Une place supplémentaire pour la coupe d’Europe est également disponible pour le vainqueur des play-down se disputant entre les 5ème, 6ème, 7ème et 8ème équipes du championnat. A tous

114 ces matchs se rajoute la Coupe de France, qui se déroule sur un week-end de 3 jours, où tous les matchs sont condensés.

Voici son programme d’entraînement type sur une semaine, résumé dans le tableau 8 :

TABLEAU 8 : « Programme d’entraînement type, effectué sur une semaine, de Romain CHASTAGNER, ailier gauche évoluant au Cercle des Nageurs Noiséens »

MATIN SOIR

LUNDI 8h30-9h : abdominaux, gainage, PPG 20h-22h : alternance natation et jambes (4 fois) 9h-10h : training

10h-11h30 : natation, shoot

MARDI 8h30-9h : abdominaux, gainage 21h-23h : technique de balle, travail des phases de contre- 9h-10h : training pyramidal attaque 10h-11h30 : jambes

MERCREDI 8h30-9h : abdominaux, gainage Repos ou match amical

9h-10h : travail du shoot avec des balles lestées, musculation spécifique

10h-11h30 : alternance jambe et ateliers technique de balle (2-3 fois)

JEUDI  si pas de match le week-end : 20h-22h : shoot et travail abdominaux et séries de musculation tactique

 si match le week-end : technique de balle et shoot

VENDREDI 8h30-11h30 : travail sur vidéo et shoot 20h-22h : travail du sprint, du shoot ; mise en place tactique et répétition

115 La PPG (Préparation Physique Générale) consiste en un travail de musculation en salle, comme décrit précédemment. La natation désigne ici les séries de longueur effectuées par les joueurs. Les jambes désignent, dans ce cas, le travail et le développement de la technique de maintien du corps hors de l’eau (nage verticale, rétropédalage). Dans ce contexte, les joueurs évoluent sur différents ateliers :

- atelier avec des élastiques, qui exercent une résistance sur le poloïste, afin de développer sa puissance musculaire ;

- travail de tirs au but avec des balles lestées, afin d’améliorer la force musculaire et la puissance de tir. Les joueurs utilisent ainsi des balles de 250g, puis 500g, 1kg et 2kg lors de l’entraînement, le poids officiel du ballon étant normalement compris entre 400 et 450g ;

- match de football en salle avec des élastiques, pour là encore renforcer la puissance musculaire des jambes ;

- ateliers de shoot avec ceinture.

Lors des « training », les joueurs tournent sur 6 ateliers techniques, avec une charge de 30%, et effectuent ainsi une vingtaine de répétitions sur chaque atelier. Lors des « training pyramidaux », les joueurs tournent sur moins d’ateliers que lors du training classique, mais réalisent un travail échelonné d’intensité croissante de 50 à 60 puis 70% de leur capacité maximale. Ce training est plus poussé pour les joueurs lorsqu’ils n’ont pas eu de match le week-end précédent, tandis qu’en cas de match, ils ne réalisent ce training pyramidal qu’à 40% (pas en situation d’« explosivité »).

Le travail tactique consiste à répéter des situations spécifiques de jeu, comme les supériorités et infériorités numériques, les attaques et les défenses placées, …

Lors du travail sur vidéo, les joueurs regardent et analysent avec leur entraîneur les vidéos des matchs qu’ils ont réalisés le week-end précédent pendant la phase aller du championnat, puis les vidéos des matchs allers contre les équipes qu’ils vont rencontrer lors de la phase retour du championnat. Ils regardent également les vidéos de matchs internationaux dans un objectif de perfectionnement.

3.1.3 – Difficultés rencontrées

Bien que sportif de haut niveau et évoluant dans le championnat Elite, Romain n’est pas professionnel. Ainsi, il exerce une activité professionnelle en dehors de ses entraînements. Il est maître nageur dans une piscine municipale. En tant qu’athlète de haut niveau, la législation en vigueur prévoit des aides afin d’aider à l’insertion professionnelle, néanmoins, Romain a réussi à trouver un emploi du temps aménagé essentiellement grâce à sa notoriété et à sa crédibilité plus que par une réelle aide de la part de la fédération (CHASTAGNIER R., communication personnelle). Ceci explique que les entraînements du soir soient obligatoires, tandis que les entraînements du matin sont facultatifs en fonction du contrat des joueurs.

De plus, la quasi-totalité des piscines sont des piscines municipales. Ceci implique des horaires d’entraînement tardifs, jusqu’à 21h pour le début de l’entraînement du mardi soir, qui ont lieu après les horaires d’ouverture au grand public. Ces dispositions au public sont dépendantes de la mairie concernée. Comme nous l’avons déjà abordé précédemment dans la première partie, cela peut poser des problèmes dans la gestion de leur carrière sportive, 116 empêchant ainsi par exemple le respect d’un programme alimentaire adapté (problèmes de grignotage, d’horaires fixes pour les repas) et d’un rythme de sommeil adéquat.

3.2 – Description de techniques de base : le rétropédalage et la détente hors de l’eau (69)

Au water polo, le rétropédalage est une technique de base essentielle à la réalisation de deux techniques de maintient du buste hors de l’eau que sont :

- l’impulsion, au cours de laquelle le corps immergé est propulsé vers le haut de manière explosive afin d’atteindre une hauteur maximale ;

- le maintien, au cours duquel le corps de l’athlète reste émergé en hauteur.

La position de base du joueur de water polo est la flottaison, dans laquelle son corps est immergé jusqu’aux épaules. Cette position est permise par de petits mouvements cycliques et symétriques des hanches, et également par des mouvements de pédalage par les jambes, qui génèrent une force verticale. Cette dernière technique est une des bases du water polo pour le maintien au-dessus de l’eau et lors des différents sauts. Lors des sauts, le joueur termine son mouvement de pédalage en poussant très fort avec ses deux jambes en direction caudo-distale, afin de générer une force propulsive vers le haut.

Ces techniques de maintien au-dessus de l’eau doivent être travaillées quotidiennement à l’entraînement. Tous les joueurs ne les réalisent pas à la même fréquence ni à la même intensité. Ainsi, cet entraînement est beaucoup plus accentué pour certains postes, notamment pour les gardiens de but. En outre, les performances de saut sont également très dépendantes du niveau d’entraînement des athlètes. Avec l’entraînement, les joueurs renforcent leur force explosive, mais améliorent également leur technique de saut, qui sont les deux principaux facteurs de performance pour élever leur buste hors de l’eau.

Chez les poloïstes, les performances de détente verticale sont meilleures dans l’eau que sur le sol. Ceci peut s’expliquer de différentes façons (69) :

- dans l’eau, le joueur s’aide du mouvement de ses bras, en plus du support continu offert par la surface de l’eau ;

- dans l’eau, l’équilibre est autorisé par la résistance du liquide. Cette résistance est moindre que sur la terre ferme et favorise ainsi la propulsion. En outre, le nageur est soumis à deux forces différentes, que sont la gravité et la force de flottaison, qui offrent une certaine inertie au corps de l’athlète.

Les joueurs de water polo apparaissent avoir une force explosive relativement forte par rapport à diverses disciplines. A ce titre, le test de détente sur la terre ferme, bien que n’étant pas suffisant pour évaluer la puissance explosive des athlètes, est un bon moyen pour déterminer la capacité des joueurs à élever leur corps hors de l’eau, et peut être mis en œuvre par les entraîneurs afin de déterminer le potentiel de leurs joueurs.

117 3.3 – Les tests de performance

Les tests de performance sont un bon moyen pour l’entraîneur de tester les capacités de ses joueurs, mais également l’efficacité de son entraînement. Ils sont relativement simples à réaliser, peu onéreux et peuvent refléter la capacité des systèmes métaboliques énergétiques. Les résultats de ces tests sont toutefois influencés par la technique de nage et/ou l’habileté technique du joueur, qui peuvent rendre l’interprétation des données physiologiques délicate.

On distingue différents types de tests afin d’évaluer le potentiel et les capacités du joueur (33) :

- des tests de capacités motrice : capacité pour la natation (50, 100, 200 et 400 m nage libre, 100 m brasse et 100 m papillon) et capacité d’agilité avec le ballon (dribbles, tirs au but, et distance des lancers) ;

- des tests de capacités physiques : hauteur d’élévation hors de l’eau lors de sauts ;

- des tests d’évaluation de l’intelligence de jeu, réalisés par des coachs expérimentés lors de matchs de ligue nationale.

Les tests de performance spécifiques au water polo incluent des gestes techniques spécifiques au jeu et miment au maximum des situations rencontrées lors des matchs. Un exemple de ces tests est celui de la faculté à pratiquer la nage verticale, bras tendu, en portant des poids à bout de bras.

Néanmoins, très peu d’efforts sont faits afin de déterminer la validité et la fiabilité de tels tests. En outre, les tests décrits dans la littérature scientifique et celle des entraîneurs manquent souvent de précision en ce qui concerne la description des protocoles.

Afin de déterminer le pic de lactate sanguin de chaque joueur, on réalise le test de l’élastique. L’athlète doit nager, jusqu’à épuisement, contre une attache qui exerce une charge horizontale constante de 140N qui s’oppose à sa propulsion. A la fin du test, qui correspond à l’incapacité du nageur à maintenir la charge et au recul de celui-ci, on réalise les prélèvements sanguins au bout du doigt, après trois et six minutes de récupération. Ce dernier prélèvement reflète le pic de lactate sanguin (71). Les performances de natation permettent ainsi d’exploiter chacune des filières énergétiques :

- des sprints sur 400 mètres explorent la capacité aérobie et l’endurance ;

- des sprints sur 100 mètres explorent la puissance anaérobie lactique ;

- des sprints sur 15 ou 30 mètres explorent la puissance anaérobie alactique.

Très peu de tests dans l’eau ont été proposés afin de déterminer la puissance et la force musculaire, comme un test de sauts répétés hors de l’eau, ou de nage verticale bras en extension.

118

Troisième partie :

ACTUALITES ET PERSPECTIVES D’AVENIR CHEZ LES CHEVAUX DE POLO

119 120 A – Présentation du polo

Le polo est un sport collectif équestre mettant aux prises deux équipes de quatre joueurs. Le nom polo provient du tibétain « spo-lo », car les Britanniques fondèrent le premier club de polo à Silchar en 1859, dans l'Himalaya.

1 – Historique

Si l'on ne peut déterminer avec précision où et quand naquit le jeu de polo, on s'accorde cependant à considérer qu'il apparût il y a quelques 2500 ans avant J-C, chez les peuples cavaliers des steppes de l'Asie Centrale, entre la Chine et la Mongolie. Il est ainsi le premier jeu de balles et de maillet du monde et peut-être, selon certains historiens, le plus ancien des sports d'équipe.

C'est en Perse que l'on relève les premières traces de cette activité mi-sportive, mi- guerrière. Dès son apparition, il est considéré comme un art noble, celui des meilleurs guerriers, puis celui des rois et des princes. Il devient très vite le passe-temps favori des cours royales. On y joue d’ailleurs richement paré. Dans cette grande puissance régnant sur l'Asie Mineure, le polo se nomme "chaugan" (maillet). Il est alors un mode d'entraînement des troupes d'élite et du monarque lui-même. C'est en fait une bataille miniature, à laquelle peuvent participer des dizaines de cavaliers dans chaque camp.

De Perse, le polo allait s'étendre en Arabie et au Tibet. Là se forge le nom sous lequel il allait être connu aujourd'hui : on l'appelle alors "pulu", du nom de la racine, peut être celle du saule, dont la balle était faite. De là il se répandit jusqu'en Chine et au Japon, où il devait rencontrer un grand succès.

Au XIIème siècle, le polo parvient en Grèce, avant de conquérir l’Egypte et de prendre racine auprès des sultans, peu après la conquête du pays par les puissantes familles musulmanes.

Importé, de l'ouest par les envahisseurs musulmans, de l'est par les Chinois, le polo atteint enfin l'immense territoire indien. C'est à Silchar, dans l'Etat de Malipur, à la frontière de la Birmanie, que des colons britanniques, planteurs de thé établis à Calcutta, l'y découvrent vers 1854. Quelques année plus tard, le polo allait être ramené en Europe par les régiments de cavalerie britanniques ayant séjourné dans l'empire des Indes.

"We must learn this game", s'écria Joseph SHERER, lieutenant, attaché à l'armée du Bengale, lorsqu'il assiste pour la première fois à une rencontre de polo. Considéré comme le père du polo britannique, il crée le premier polo-club en 1859 à Silchar. De là, la découverte se communiqua rapidement à l'ensemble des régiments anglais de l'Inde. Quelques années plus tard, en 1863, toujours sous son influence, fut créé l'important Calcutta Polo Club, qui peut s'enorgueillir d'être le plus ancien club de polo encore en activité. Dès lors, le jeu allait s'étendre de façon extrêmement rapide. A la fin du XIX° siècle, on ne comptait pas moins de 175 polo-clubs dans tout le sous continent indien.

La première partie de polo disputée en Europe, se déroula en 1869 à Hounslow Heath, dans le Middlesex, en Angleterre, entre les 10èmes Hussards et les 9èmes Lanciers. A cette époque huit cavaliers composaient chaque équipe, les règles étant pratiquement inexistantes et

121 le jeu se répartissait en seulement deux longues périodes pour près de quatre-vingt-dix minutes de jeu. En 1875, fut fondée la "Hurlingham Polo Association", qui allait entreprendre une progressive codification du jeu. Il faudra attendre 1883 pour que le nombre de joueurs soit réduit à cinq, puis à quatre. En 1888 apparaît le système des handicaps, destiné à rétablir l'équilibre entre des équipes de niveau différent.

Un tel succès n'allait pas tarder à s'étendre à d'autres pays, à commencer par ceux de l'empire britannique : Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie et même Gibraltar et l'île de Malte. Aux Etats-Unis, fin 1876, on joue les premières parties amicales à Manhattan, à la Dickels Riding Academy. En 1877 le premier polo-club nord américain, le Wetchester Polo Club est formé. La première rencontre internationale, la Wetchester Cup fut disputée à Rhode Island en 1886. Opposant la Grande Bretagne aux Etats-Unis, elle s'acheva sur une victoire de l'équipe britannique de Hurlingham.

Poursuivant son chemin, ce nouveau sport vint s'établir en Amérique australe. En Argentine, le polo est accueilli avec d'autant plus d'enthousiasme que dans les estancias isolées au cœur de pampa, il est une passionnante distraction pour le maître et ses gauchos. Ainsi, pour les besoins du polo, les meilleurs cavaliers du monde commencent-ils à dresser de petits chevaux à demi-sauvages, vifs et endurants. Dès lors allaient commencer à partir pour l'Europe des bateaux chargés de ces chevaux criollos, qui sont encore aujourd'hui les meilleurs poneys de polo du monde.

En France, le premier match se joue à Dieppe en 1880 : une équipe française, emmenée par le duc de Guiche, rencontre une formation britannique. Dès lors, ce sport connaîtra un engouement croissant jusqu’à nos jours. Le meilleur joueur français de tous les temps est sans aucun doute Lionel MACAIRE qui a joué 8 de handicap (-2 à 10) pendant la plus grande partie de sa carrière. Son père, Jacques MACAIRE aura également marqué le polo français avec notamment l'équipe des Maillets d'argents.

2 – Principe de jeu et règles (77)

Deux équipes de quatre cavaliers s'affrontent pour marquer le plus de buts, ou « goals », possibles. Pour cela, ils tapent à l'aide d'un maillet d’une longueur de 130 cm environ, généralement en bambou ou en fibre de carbone, une balle qu'ils doivent faire passer entre deux poteaux verticaux en osier espacés de 7,20 m. Il n'y a pas de limite de hauteur pour marquer un goal. La balle est en plastique très dur, ou en bois. Elle doit faire 8,5 cm de diamètre pour un poids de 130 g.

Le terrain de polo est un grand terrain en gazon, coupé très ras, de 275 mètres de long sur 145 mètres de large, auxquels il faut rajouter des zones de décélération.

Un match est divisé en 4 à 8 périodes ou « chukkas » de 7 minutes de jeu effectif chacune, suivant le niveau. Pendant, les 30 dernières secondes, le jeu prend fin dès que la balle est arrêtée, en cas de pénalité, sortie de jeu ou goal. Les périodes sont entrecoupées de pauses de 3 minutes pour changer de cheval. Si les arbitres disposent de sifflets pour intervenir, le rythme des périodes est donné par une cloche ou une trompe. Après chaque but inscrit, les équipes changent de camp sur le terrain et le jeu reprend par un lancer de balle au centre du terrain.

122 Les règles visent essentiellement à préserver la sécurité des joueurs et des chevaux. La règle principale est que dès que la balle est en mouvement, aucun cavalier (ni même celui qui a frappé en dernier la balle) n'a le droit de franchir sa « ligne » (direction de la balle au moment où elle a été frappée pour la dernière fois). S’il est autorisé de gêner (marquer) un joueur en le poussant épaule contre épaule, de tenter d’accrocher son maillet pour l’empêcher de décocher un tir, il est interdit de couper sa ligne, de zigzaguer devant un adversaire ou de l’aborder sous un angle de trajectoire trop ouvert.

Deux arbitres de terrain officient à cheval, au plus près de l’action. En cas de désaccord, ils s’en remettent à la décision d’un troisième arbitre ou « référé » qui suit le jeu depuis le bord du terrain. Les fautes commises, ou « foul », sont sanctionnées par des coups francs sur place ou à des distances variant du milieu du terrain, 60 ou 30 yards des goals adverses.

Les joueurs sont numérotés de 1 à 4, le numéro que porte chaque joueur sur son maillot correspondant à son rôle. Ainsi, le n°1 est un joueur d'attaque, le n°2 est un joueur de centre offensif, le n°3 est un milieu défensif et le n°4 est un défenseur. Au cours du jeu, le n°1 est toujours marqué par le n°4 adverse et le n°2 par le n°3. Le pilier, n°3, est en général le meilleur joueur. Il répartit le jeu, fait monter la balle et la distribue à ses coéquipiers.

Les joueurs portent un casque souvent muni d’une grille de protection, et des genouillères en cuir épais. Les jambes des chevaux sont protégées par des bandes de flanelle ou des genouillères. Leur crinière est rasée et la queue est tressée pour éviter que les mains du cavalier ou le maillet ne s'emmêlent dans les crins.

Créés pour donner une chance égale à chaque équipe, des handicaps sont attribués aux joueurs en fonction de leur niveau de jeu, sur une échelle allant de -2 à +10. Les débutants commencent au handicap - 4 et les meilleurs joueurs mondiaux culminent au handicap 10. Un handicap de 4 permet de disputer des matchs internationaux. Le handicap d'une équipe est la somme des handicaps de ses membres. Une équipe à 30 de handicap contre une équipe à 40 de handicap commence la rencontre avec des buts d'avance. La différence de handicap divisée par 6 est multipliée par le nombre de périodes jouées.

Les chevaux de Polos doivent être rapides, maniables et puissants, ces trois qualités devant être absolument combinées. Ces petits chevaux, Argentins pour la plupart, sont capables de passer de l’arrêt à une vitesse de 45 km/h en l’espace de quelques secondes. Le potentiel d’une équipe dépend donc de la qualité de sa cavalerie.

Il existe un jeu de polo en manège, ou « indoor », et un jeu de polo-poney, dont les règles conservent le même esprit. Elles ne varient que sur le nombre de joueurs et des périodes de jeu, la durée de celles-ci et la nature et la taille de la balle utilisée.

3 – Fédération française de polo et organisation internationale de la discipline

Initialement coordonné par l’Union des Polos de France, association créée en 1921, le polo français a connu une restructuration récente. C’est ainsi que le 18 novembre 2005 est né la Fédération Française de Polo (FFP), qui devient quasiment indépendante de la Fédération Française d’Equitation (FFE), celle-ci n’étant désormais garante que du Polo Poney en France.

123 La France compte 34 clubs de polo, ce qui la classe au 5ème rang mondial, dominé par l’Argentine (116 clubs), et au 2ème rang européen derrière la Grande-Bretagne (54 clubs). Les clubs de polo sont essentiellement concentrés dans le nord-ouest et le sud-est de la France. Parmi ses clubs, on peut noter le Brittany Polo Club à la Baule, le Polo de Paris, le Polo Club du Domaine de Chantilly - La Ferme d’Apremont - ou encore le Polo de Deauville, où se joue au mois d’août le plus haut niveau de polo qui puisse se voir en France.

La Fédération internationale de polo (FIP), fondée en 1982, est une association regroupant 48 fédérations nationales. Elle a pour vocation de gérer et développer le polo dans le monde. Depuis novembre 2005, elle est présidée par le français Patrick GUERRAND-HERMES. Son siège est situé en France, à Vineuil-Saint-Firmin.

La FIP organise également la coupe du Monde, qui a lieu tous les trois ans depuis 1989, la première édition ayant eu lieu en 1987. La dernière édition a eu lieu au Mexique en 2008 et a été remportée par le Chili face au tenant du titre le Brésil. Sur la scène internationale, le polo est apparu au programme des Jeux olympiques en 1900, 1908, 1920, 1924 et 1936. Depuis 1998, la FIP est reconnue officiellement par le Comité international olympique.

B – Suivi médical des chevaux de polo

Le suivi médical des chevaux de polo est assuré initialement lors de la visite d’achat, qui peut s’apparenter en quelque sorte à la visite médicale pour l’obtention de la licence sportive chez les athlètes de haut niveau en humaine. Le problème se pose dès lors que le cavalier élève ses propres chevaux, aucune visite d’achat n’étant réalisée. Puis ce suivi est complété au fur et à mesure de l’évolution du cheval, lorsque différents problèmes médicaux ou de contre- performance sont rencontrés. Aucun contrôle de ce suivi médical n’est à l’heure actuelle réalisé chez les chevaux de polo.

1 – La visite d’achat (89)

Avant d’effectuer une visite d’achat d’un cheval de polo, il est essentiel de connaître les blessures spécifiques à cette discipline, ainsi que leur survenue, tout autant que le type de joueur désireux d’acquérir le cheval, à savoir quel est son niveau de jeu et son handicap.

1.1 – Aspect financier

1.1.1 – Valeur de l’investissement

Bien que la valeur d’un cheval de polo soit moindre par rapport aux autres disciplines équestres, le nombre de chevaux nécessaires pour disputer un match rend l’investissement du joueur beaucoup plus important. En effet, un cheval de high goal coûte entre 20 et 60 000$,

124 voire plus, un cheval de medium goal entre 15 et 20 000$ et un cheval de low goal entre 6 et 12 000$. Ainsi, un joueur de high goal investit près d’un quart de million de dollars.

Depuis les années 1970’, des milliers de chevaux sont importés d’Argentine vers les Etats- Unis pour pratiquer le polo. De nos jours, les poneys de polo argentins étant de plus en plus chers, auxquels se rajoute le prix de l’importation, de nombreux anciens chevaux de courses américains sont achetés et entraînés en vue de pratiquer le polo, et sont de bien meilleure qualité que les pur-sang américains.

1.1.2 – Différents types d’acheteur

On distingue trois catégories d’acheteur :

- les joueurs professionnels : ils ont généralement déjà vu plusieurs fois le cheval évoluer au cours des matchs et ont suffisamment d’expérience pour noter la plupart de ses défauts et ils peuvent de ce fait prévenir le vétérinaire d’éventuels problèmes ressentis lors de l’essai. Ils recherchent en général un cheval mature entre 5 et 8 ans, prêt à engager une nouvelle saison. Ce sont les acheteurs les plus raisonnables et les plus compréhensifs face aux difficultés que l’on peut rencontrer, en tant que vétérinaire, à évaluer prospectivement la carrière du cheval.

- les vendeurs de jeunes chevaux : ils achètent le cheval en vue de le revendre ultérieurement et partent du principe que cela prend autant de temps pour façonner un cheval avec un problème médical qu’un cheval en pleine santé. Ils désirent donc un cheval sans le moindre défaut. Il ne faut pas hésiter avec ce type de client à recourir à de nombreux examens complémentaires, tels que des radiographies ou des échographies, particulièrement quand le cheval présente des antécédents évocateurs d’une pathologie ou encore des anomalies de conformation le prédisposant à certaines affections locomotrices.

- les débutants et les joueurs de low-goal : ils recherchent fréquemment des vieux chevaux ayant déjà évolués sur le circuit, mais ceux-ci peuvent présenter des problèmes orthopédiques. Ce sont les chevaux les plus difficiles à évaluer et les acheteurs les plus difficiles à satisfaire. La plupart du temps, ces acheteurs ont un budget qui ne les autorise qu’à acheter peu de chevaux de qualité moindre. Leur vœu est de trouver un cheval qui court et se comporte dans le jeu comme un cheval mature. Ils n’attendent pas de leur monture qu’elle s’arrête aussi vite et tourne aussi court qu’à haut niveau, mais ces chevaux doivent quand même courir pendant une chukka, voire deux, par match. Il est très important avec ce type d’acheteur de bien les informer et de rédiger un rapport complet et facilement compréhensible, dans des délais aussi brefs que possibles suivant la visite d’achat.

1.2 – Aspect médical

Lors de la partie médicale de la visite d’achat, il est important de s’attacher sur la recherche des problèmes spécifiques générés par cette discipline, dont la présence peut contre- indiquer la pratique du polo et occasionner un refus de la vente.

125 1.2.1 – Les yeux

Il est formellement interdit de jouer avec un cheval borgne, comme le stipule le règlement de la United States Polo Association. Les uvéites traumatiques non traitées et les uvéites récurrentes sont les causes les plus fréquentes de cécité. Ainsi, un coup de maillet ou un accident lors du transport peuvent être à l’origine d’une uvéite traumatique. Certains chevaux sont laissés en pâture pendant 6 à 12 mois, et des cas d’uvéite récurrente peuvent passer inaperçu et ne pas être soignés. Il faut également bien évaluer les cicatrices sur la cornée et éventuellement les problèmes de cataracte.

1.2.2 – La bouche

Bien que n’étant pas un élément discriminatoire lors de la vente, la bouche du cheval nous donne beaucoup d’informations permettant d’axer notre visite sur des points essentiels. Ainsi, la bouche d’un cheval est un indicateur assez fiable de la façon dont il évolue au cours du jeu. En effet, un cheval avec une bouche mal faite présente bien souvent des problèmes de dorsalgie, jouant avec la tête en l’air et le dos creusé. En outre, la plupart des poneys de polo doivent avoir une bouche faite afin de tolérer un mors releveur et un mors de bride.

1.2.3 – Les fonction cardiovasculaire et respiratoire

Le polo est un sport unique par rapport aux autres disciplines quant-aux exigences physiologiques. Il faut réaliser une bonne auscultation cardiaque au repos et en post-effort à la recherche de la moindre anomalie. Un test au sac permet d’évaluer la fonction respiratoire du cheval et son niveau de condition physique. L’examen endoscopique n’est pas réalisé en routine, il peut être réalisé en cas de doute sur un bruit ou une intolérance à l’effort.

1.2.4 – L’appareil cutané

Il est capital de s’informer sur la capacité du cheval à transpirer. Il faut également rechercher la présence éventuellement gênante d’un sarcoïde mal placé ou d’un problème dermatologique difficile à gérer qui puisse contrarier la pratique de cette discipline.

1.3 – Aspect locomoteur

Les particularités et les exigences physiques et biomécaniques du jeu, ainsi que les contacts physiques répétés, sont à l’origine d’affections locomotrices spécifiques à cette discipline. Il convient d’être prudent et vigilant lors de l’examen locomoteur. La réalisation d’examens complémentaires, tels que radiographies et échographies, sont à moduler en fonction de la valeur du cheval, de l’acheteur, et de son utilisation désirée.

126 1.3.1 – Appareils tendineux et ligamentaire

Les tendinopathies sont une des causes les plus fréquentes de boiterie au polo, en particulier les tendinites du tendon fléchisseur superficiel du doigt (TFSD). Elles vont d’une distension mineure à la présence de « banane » et sont en général suivies et traitées avant d’engendrer des lésions majeures. Le moindre doute à la palpation ou à l’examen dynamique justifie la réalisation d’un examen échographique.

Le ligament suspenseur du boulet (LSB) est fréquemment touché, notamment au niveau de trois régions :

- en partie proximale : c’est probablement la plus fréquente et la plus frustrante des lésions du LSB. Chaque année, 5 à 8% des visites d’achat sont refusées suite à des affections de ce type. La plupart des poneys de polo récupèrent, avec ou sans traitement, en 3 semaines ou 3 mois.

- au niveau du corps : c’est la pire des localisations quant-au pronostic sportif.

- au niveau des branches : on retrouve ces desmopathies sur des poneys particulièrement habiles, qui présentent une grande flexibilité du boulet et évoluent à haut niveau en position 2 ou 3. Ces desmopathies de branches du LSB peuvent entraîner la fin d’une carrière à haut niveau, mais ces chevaux peuvent être maintenus au travail pendant plusieurs années en low goal.

1.3.2 – Appareil ostéoarticulaire

Chez les chevaux de polo, la majorité des problèmes ostéoarticulaires apparaissent en dessous de l’os canon. En effet, chez les chevaux évoluant à un âge mûr, la plupart des problèmes au niveau de l’épaule, du coude, du carpe, des hanches et des grassets se sont déjà manifestés et ont éventuellement entraînés une réorientation sportive du cheval.

L’articulation du boulet est l’articulation la plus mise à l’épreuve au polo. Ces articulations souffrent lors des pivots rapides sur les côtés, de la fatigue et lors d’hyperextension. Un score de flexion du boulet de -2 à +2 est utilisé pour mesurer la flexibilité du pied jusqu’au coude. En cas de doute ou de suspicion sur un problème, il faut réaliser une évaluation radiographique et échographique complète de cette région.

Les paturons sont fréquemment blessés et on peut observer des proliférations périostées de la première phalange, qui ne sont pas problématiques chez les chevaux de polo. Elles résultent généralement de chocs lors de coups de maillets et sont référencées sous la dénomination de « bamboo fever ».

Lors de la présence d’anomalie de conformation du pied ou lors d’une suspicion clinique, il ne faut pas hésiter à réaliser des clichés radiographiques du pied. Chez les poneys de polo, on distingue majoritairement deux types de modifications radiographiques au niveau de l’appareil naviculaire. Ce sont des invaginations synoviales excessives, dont l’interprétation porte toujours à débat, et la présence d’enthésopathies au niveau de l’os sésamoïde distal.

127 Etonnamment, les poneys de polo peuvent jouer brillamment avec de nombreuses affections au niveau du jarret. D’ailleurs, ces affections passent le plus souvent inaperçues, sauf des hommes de chevaux sérieux et des professionnels en high goal.

Les problèmes de dorsalgie, d’articulations sacro-iliaques, ou de sensibilité dans la région du garrot sont difficilement explorables en routine lors de la visite d’achat.

1.4 – Aspect administratif

Il est primordial de rédiger un compte-rendu complet de la visite d’achat. La rédaction de celui-ci doit être orientée en fonction du cheval et du type d’acheteur. En effet, on n’insistera pas sur les mêmes points avec un acheteur débutant, ayant peu de connaissances dans le domaine des chevaux de polo, et un joueur de high goal confirmé.

Une des particularités de cette discipline est le recours fréquent à l’importation de chevaux étrangers, notamment en provenance d’Argentine. Des tests supplémentaires sont souvent nécessaires lors de ces transactions. Il vaut alors mieux se renseigner directement auprès du consulat du pays concerné quant-à certaines exigences spécifiques.

2 – Suivi médical du cheval au cours de la saison (51, 72)

Les poneys de polo représentent une population singulière au sein des chevaux de sport. Ils sont prédisposés à une variété d’affections en relation avec la nature du jeu et les méthodes d’entraînement et de gestion de ces athlètes. Le grand dilemme pour le vétérinaire traitant consiste à savoir si la blessure autorise ou non le cheval à continuer à jouer. Différents critères doivent être pris en compte, outre la nature de la blessure, comme la connaissance du propriétaire et du cavalier, le niveau de jeu, la valeur du cheval, le moment de la saison pendant lequel survient la blessure et l’importance des matchs à jouer.

2.1 – Gestion des blessures traumatiques aiguës

Un nombre de précautions sont prises afin de protéger les acteurs de ce jeu contre les traumatismes. En outre, les protections des membres sont indispensables et exigées par les associations américaine et britannique de polo. Les bandes sont couramment utilisées, mais on peut trouver désormais des matériaux synthétiques ou en néoprène qui offrent une meilleure protection et un meilleur soutien que les bandes classiques. Les cloches ne servent pas à protéger uniquement les glomes, mais également la partie sensible du bourrelet périoplique, qui peut être atteinte accidentellement en se faisant marcher dessus par un autre cheval.

Malgré ces mesures de protection, des blessures traumatiques peuvent survenir. Ainsi, une monture peut être touchée au niveau des membres, du corps ou de la tête par un maillet, une balle à pleine vitesse, lors des contacts avec les autres chevaux et les autres joueurs, ou encore liées au cheval (trébuchement, arrachage de fers, chevaux qui se forgent, ...).

128 Des blessures graves peuvent survenir, comme des fractures osseuses, notamment de la phalange moyenne, qui peuvent être des motifs d’euthanasie pour les hongres ou de mise à la reproduction pour les juments.

D’autres blessures sont soignées simplement par une thérapie à l’aide de froid (glace, douche froide), l’administration d’AINS et du repos. Cette pratique s’applique par exemple aux blessures aux glomes, telles les contusions ou les arrachements de la partie superficielle du glome, qui sont fréquentes lorsque le cheval est lancé en pleine vitesse au galop.

A cause des contacts physiques lors du jeu, on recense aussi un certain nombre de douleurs et de contusions musculaires, qui se traitent à l’aide d’AINS, de massages et de repos. Un entraînement approprié et précoce permet de limiter la sévérité de ces blessures.

2.2 – Gestion des lésions musculosquelettiques de fatigue

2.2.1 – Gestion des atteintes tendineuses et ligamentaires

Les blessures tendineuses et ligamentaires sont fréquentes chez les poneys de polo. Leur traitement et leur gestion dépend de la valeur du cheval, du moment de la saison de compétitions, et de la disponibilité d’autres montures pour le cavalier.

Le ligament sésamoïdien proximal est le plus touché chez les poneys de polo de haut niveau (72). La sollicitation permanente des chevaux et les tensions occasionnées par des virages rapides et des arrêts brusques affectent les ligaments sésamoïdiens proximal, collatéral latéral et distal impair. Les fibres des ligaments touchés sont remplacés par du tissu fibreux et les poneys peuvent à la suite présenter un épaississement au niveau du boulet. Il s’agit d’une affection chronique qui touche de nombreux poneys de polo et qui est soignée par du froid, des bandages, et une utilisation judicieuse des AINS pendant la saison. Eventuellement, les chevaux atteints peuvent poursuivre leur carrière sur des matchs de niveau inférieur.

Les desmopathies du LSB sont courantes chez les poneys de polo. Elles touchent majoritairement la partie distale du corps du LSB, ainsi que ses branches (51,72). Bien que des affections aiguës du LSB puissent survenir, ce sont essentiellement des desmites chroniques, dues à la répétition des contraintes liées au jeu sur l’appareil tendineux. Ces affections sont courantes, notamment en début de saison, quand les chevaux ne sont pas encore en bonne condition physique et ne sont pas suffisamment préparés à tolérer le niveau de contraintes tendineuses et ligamentaires imposé au cours des matchs, et en fin de saison, résultant d’un martèlement constant des membres sur des terrains durs (51).

Le tendon le plus souvent affecté chez les poneys de Polo est le TFSD. De nombreux chevaux poursuivent leur activité, malgré le développement de tendinite chronique du TFSD (appelées « bananes » en langage courant). On note également des atteintes de la bride carpienne chez les poneys de polo, particulièrement en regard de sa fusion avec le TFSD, qui se traduisent par un épaississement du tiers proximal de la région tendineuse métacarpienne. Ces atteintes résultent des contraintes des arrêts brusques et des virages serrés qui se surajoutent à celles imposées dans cette région en raison de la locomotion à grande vitesse dictée par le jeu (51).

129 Le traitement pour toutes ces affections tendineuses et ligamentaires nécessite du repos, des AINS et une thérapie par le froid. Des évaluations échographiques répétées sont nécessaires afin d’évaluer la taille de la lésion, le processus de cicatrisation, et de déterminer le moment auquel le poney est prêt à reprendre sa saison.

La plupart de ces affections sont chroniques et résultent de la rigueur du jeu. Ces blessures tendent à être gérées de manière conservatrice, plutôt que soignées, voire guéries, et représentent un vrai challenge pour le vétérinaire. Des grooms expérimentés dans la gestion de ces affections sont inestimables, et permettent ainsi à de nombreux chevaux de jouer de saison en saison. Il est également important de prendre en considération, outre l’aspect biomécanique, que l’aspect esthétique est de premier ordre en cas de revente éventuelle du cheval si celui-ci doit être déclassé dans des catégories inférieures.

Pendant très longtemps, il n’y a eu aucune règle limitant l’usage des AINS, et notamment la phénylbutazone, avant et même pendant un match. Seule une croyance tenait lieu de loi, comme quoi un cavalier ne pouvait bien jouer avec une monture ayant reçu trop de phénylbutazone. En effet, le cheval perdait sa sensibilité en bouche, lors des contacts, et était moins à même de tourner court et de s’arrêter brusquement. Cette croyance autolimitait ainsi l’usage des AINS (72). Désormais, la réalisation de contrôle antidopage restreint l’usage des AINS au période de repos et d’entraînement et son utilisation en compétition est prohibée depuis l’arrêté du 21 novembre 1996 relatif à la prévention et à la répression de l’usage des produits dopants à l’occasion des compétitions et manifestations sportives.

2.2.2 – Gestion des atteintes articulaires

Le syndrome naviculaire peut affecter les poneys de polo, quelque soit leur race et leur âge, même si on le rencontre plus souvent chez des chevaux âgés ou chez les chevaux croisés avec des quarter-horses (72). Il résulte de douleurs chroniques en relation avec des arrêts brusques sur des sols durs. Ce problème affecte plus particulièrement les chevaux qui ne rebasculent pas leur masse sur les hanches avant de tourner, et chez qui le poids est en conséquence reporté vers l’avant lors de ces mouvements. Une ferrure non adaptée conduisant à un pied long ou à des talons fuyants peut prédisposer le poney à cette affection ou exacerber la gravité du problème.

Un traitement conservateur est nécessaire chez ces chevaux en vue de leur permettre de poursuivre leur carrière pour plusieurs années. Ce traitement passe classiquement par une ferrure orthopédique, une supplémentation alimentaire en glucosamine, une administration orale d’isoxsuprine (VASODILAN ND), et une injection de corticoïdes ou d’acide hyaluronique dans l’articulation inter-phalangienne distale. Cependant, le polo ne laisse pas la place à la mise en place d’une ferrure correctrice chez le poney, en raison des contacts entre poneys et donc du risque élevé d’arrachement des fers. Une solution consiste à travailler le poney en dehors de la saison avec une ferrure orthopédique, et de remettre en place une ferrure classique quand la saison de concours recommence.

Les poneys de polo sont également prédisposés à de l’arthrose dans les jarrets (lésions d’« éparvin »), touchant classiquement les étages inter-tarsien et tarso-métatarsien, en raison de la sollicitation permanente et des contraintes subies par ces articulations, liées à la nature du jeu (51). Les chevaux et poneys atteints réagissent très positifs au test de la flexion. Comme pour le syndrome naviculaire, la gestion passe par une supplémentation de la ration

130 en glucosamine, une administration d’AINS, et une infiltration articulaire à l’aide d’acide hyaluronique et de corticoïdes.

2.2.3 – Gestion des atteintes musculaires (49)

Les poneys de polo sont prédisposés à du surmenage. Les demandes physiques de cette discipline, associées à des conditions météorologiques parfois extrêmes (températures élevées en été lors des matchs outdoor, périodes de grand froid en hiver pour les matchs indoor), provoquent un stress très important sur ces chevaux. Ce stress est amplifié par des déplacements incessants et parfois sur de longues distances pour les concours, et par le tempérament nerveux des poneys de polo.

Un entraînement et une mise en condition appropriée sont capitaux, d’autant plus que le début de saison ou un retour de blessure entraîne chez ces montures un surmenage par rapport à leur condition physique. En effet, il est facile pour le cavalier d’oublier sa monture lorsqu’il se concentre sur le jeu.

Les myosites d’effort sont courantes au polo. Ces chevaux sont plus touchés que dans les autres disciplines et on note une incidence de l’ordre de 7% par an (49). Les poneys de polo présentent des facteurs prédisposants, comme un tempérament excitable ou un niveau d’entraînement trop élevé par rapport à leur condition physique, particulièrement en début de saison. Toutefois, il n’a pas été rapporté de cas de myopathies de stockage des polysaccharides (PSSM) chez les poneys de polo (72), probablement en raison de la sélection génétique de ce type de chevaux.

Le traitement initial de myopathie consiste à gérer la douleur et à administrer une fluidothérapie appropriée. Le suivi des créatinine kinases (CK) et des aspartate aminotransférases (ASAT) permet la gestion du cas et de déterminer le moment opportun d’un retour à l’activité. La prévention des myosites d’effort passe par une gestion appropriée de l’environnement et de l’alimentation du cheval : box dans un environnement calme, travail quotidien à heure régulière, étirements avant le travail, échauffement long, limitation de tout type de stress, alimentation pauvre en sucres et en amidon et riche en lipides, apport d’un foin de bonne qualité. Une supplémentation alimentaire en diméthylglycine, en vitamine E / sélénium, ou encore un recours régulier aux électrolytes est conseillé pour ce type de chevaux (51).

Les myosites d’effort ont un impact économique important. En effet, elles sont une cause importante de réforme chez les poneys de polo et nécessitent en moyenne 7 jours de repos avant une reprise progressive d’activité. Chez les pur-sang, il existe une forme de myosite d’effort récurrente qui présente un caractère héréditaire. Celle-ci n’a pas encore été démontrée chez les poneys de polo, toutefois les myosites d’effort sont un problème chronique dans cette discipline, en raison du type de chevaux et de leur mode de gestion, même si l’étude de MAC GOWAN et al. (49) présente un taux de récurrence de 20% chez les chevaux atteints, celui-ci est fortement minoré car il ne prend pas en compte les myosites subcliniques, en raison de la nature de cette étude (étude rétrospective à l’aide d’un questionnaire).

131 2.3 – Gestion de la contre-performance

Parmi l’ensemble des motifs de contre-performance chez les chevaux athlètes, l’Hémorragie Pulmonaire Induite par l’Exercice (HPIE) arrive en premier, avec une incidence particulièrement élevée, notamment chez les chevaux de course. Bien que la pathophysiologie de l’HPIE soit loin d’être élucidée (29), différentes étiologies sont mises en avant, comme des causes mécaniques, inflammatoires ou encore circulatoires.

Quelques études ont été menées sur l’incidence de l’HPIE sur les chevaux de polo, avec des résultats très différents selon les méthodes diagnostiques utilisées et le moment de leur application par rapport à l’effort. Selon VOYNICK et SWEENEY (85), sur une étude menée aux Philippines, l’incidence d’HPIE visualisée par endoscopie par la présence de sang dans la trachée 1 à 2 heures après une chukka est de 11,1%, alors que MORAN et al. (64) affichent une incidence de 46%, pour un examen endoscopique 2 à 4 heures après une chukka. Ce résultat est d’autant plus surprenant que HINCHCLIFF présente une incidence de 11% également d’après une étude réalisée à l’université d’Ohio aux Etats-Unis en 1998. Toutefois, aucune de ces études ne présentent de commémoratifs sur la possibilité de saignements subcliniques, non détectables sur une unique endoscopie post-effort. Il serait pertinent de réaliser une étude à plus grande échelle en incorporant la réalisation d’un (ou de plusieurs) lavage(s) broncho-alvéolaire(s) au cours de la période d’entraînement et à la fin d’une chukka afin de pouvoir détecter des HPIE subcliniques.

Si ces chiffres sont discutables en regard des études réalisées, l’HPIE est associé dans de nombreux cas en tant que cause de contre-performance chez le cheval athlète, surtout sur des chevaux issus de purs-sangs effectuant des exercices intenses à vitesse soutenue, même si une association claire n’a pas été définie et que ce sujet porte controverse (4). La gestion de cette affection est délicate dans la mesure où elle nécessite du repos et une corticothérapie adaptée, différant le retour à la compétition et engendrant des pertes économiques qui peuvent être importantes. L’utilisation du furosémide 4 heures avant une course ou un exercice intense est très répandue outre-Atlantique, car le furosémide n’est pas considéré comme substance dopante. Même s’il ne prévient pas l’HPIE, il réduit la pression dans les capillaires pulmonaires et contribue à ce titre à atténuer les signes cliniques observés (4).

Comme pour les autres races, d’autres causes de contre-performance liée à l’appareil respiratoire touchent les poneys de polo, comme les maladies inflammatoires des petites voies respiratoires ou IAD (Inflammatory Airway Disease), un collapsus dynamique des voies respiratoires au cours de l’effort ou encore un déplacement dorsal du voile du palais.

2.4 – Gestion de la nutrition (51)

Comme tout athlète de haut niveau, une alimentation équilibrée et de bonne qualité est primordiale pour l’activité athlétique du poney de polo afin de subvenir à l’intensité des efforts demandés au cours de la saison. L’avoine et le foin ont été pendant très longtemps considérés comme la base de la nutrition des chevaux athlètes. Cependant, l’alimentation de fabrication industrielle est devenue la pratique la plus répandue de nos jours, car ces aliments sont plus concentrés en apports énergétiques et sont plus équilibrés par rapport aux besoins du cheval athlète. De plus, il existe de nombreux suppléments et compléments alimentaires qui sont proposés sur le marché afin d’améliorer les performances du cheval.

132 Au fur et à mesure de la saison, il devient difficile de maintenir les poneys de polo en bon état général, et les propriétaires se trouvent face à la problématique d’augmenter les rations, avec les risques que cela présente (fourbure, colique, myosites, …), ou de laisser les montures perdre du poids et risquer une baisse de condition physique et de performance. Une solution intermédiaire consiste à supplémenter les rations en lipides, en incorporant de l’huile de céréales dans la ration, jusqu’à 10%. Une attention particulière doit être toutefois portée lors de temps chauds afin que l’huile ne rancisse pas, entraînant alors une baisse d’appétibilité et d’éventuels troubles digestifs. L’usage des compléments alimentaires et de divers additifs afin d’optimiser les performances est une pratique courante dans le sport de haut niveau. Parmi ceux-ci, on peut citer la diméthylglycine (DMG), couramment utilisé aux Etats-Unis pour les chevaux d’endurance et les chevaux de polo. Elle agit en réduisant la production d’acide lactique au cours de l’effort, ce qui prévient les myosites d’exercice et améliore en partie les performances sportives. Toutefois, il convient de rester prudent quant-à leur usage, la tragédie survenue en avril 2009 au Club international de polo de Palm Beach, à Wellington (Etats- Unis), ayant entraîné la mort de 21 chevaux de l’équipe vénézuélienne, en est un triste rappel (38). Un surdosage en sélénium dans un complément alimentaire, similaire au BIODYL ND, serait à l’origine de cette tragédie, bien que son utilisation soit proscrite aux Etats-Unis. Le vétérinaire, dans son rôle de nutritionniste, joue un rôle de premier ordre par les conseils qu’il peut prodiguer.

2.5 – Soins réguliers

Les soins de routine sont très importants dans le suivi des chevaux de polo. En effet, ils voyagent fréquemment, sont en contact avec de nombreux chevaux et sont particulièrement stressés. Un programme de vaccination et de vermifugation régulier est d’une importance capitale.

On doit également attacher de l’importance aux soins dentaires, à réaliser tous les 6 à 12 mois chez ces montures, une « bonne bouche » étant une qualité indéniable pour ces chevaux. L’exérèse d’éventuelles dents de loups doit être envisagée. Certains cavaliers et grooms utilisent une préparation à base de glycérine et de miel afin de lubrifier les dents et la bouche des chevaux et de prévenir d’éventuelles blessures traumatiques lors du jeu.

2.6 – Bilan

Le vétérinaire doit relever un véritable challenge avec les poneys de polo, en raison de la rugosité du jeu, combiné à la longévité de la carrière de ces athlètes. Les affections chroniques doivent être gérées au long terme en fonction de la carrière du cheval, tandis que les affections aiguës doivent être soignées au plus vite.

3 – Vers un SMLC chez les chevaux de polo ?

L’idée de la conception et de la réalisation d’un SMLC chez les chevaux de polo apparaît à l’heure actuelle comme une utopie. En effet, le principal obstacle vers la mise en place d’un

133 tel suivi médical vétérinaire réside dans l’obtention de la reconnaissance du polo en tant que discipline sportive de haut niveau. Celle-ci permettrait l’allocation de moyen financier à la fédération française de polo, en vue d’organiser ce suivi.

Pourtant, les objectifs de ce SMLC sont pleinement applicables à cette discipline équestre. Ainsi, il est primordial, en tant que vétérinaire, de s’inscrire dans la prévention et la protection de la santé de ces chevaux, et de prévenir le dopage et toute pratique s’y rapportant. Il en est de même pour les médecins du sport vis-à-vis des cavaliers, qui n’en restent pas moins les acteurs du jeu, de fins stratèges et sont des sportifs à part entière.

Outre les difficultés administratives et financières à l’instauration d’un tel suivi, il n’en demeurerait pas moins des problèmes techniques importants. Ainsi, il conviendrait qu’un tel suivi soit effectué par un vétérinaire spécialisé en médecine sportive, dans des structures adaptées permettant la réalisation de tests d’effort et l’ensemble des examens d’imagerie nécessaires. A l’heure actuelle, de telles compétences vétérinaires au sein d’une structure adéquate sont une denrée rare et ne permettrait pas le suivi de l’ensemble des chevaux de polo évoluant à haut niveau. Toutefois, la réalisation d’un test d’effort standardisé est envisageable, comparativement à ceux réalisés sur tapis roulant pour les chevaux de course, trotteurs et galopeurs. Dans une telle initiative, il conviendrait d’adapter un protocole permettant d’intégrer à la fois un effort foncier de type aérobie et des « bouts vite » explosifs, anaérobies, afin de tenter de reproduire au mieux les conditions de terrain rencontrés lors d’un match.

Malgré l’engouement croissant suscité par cette discipline, des plus attractives pour le public, le polo reste une discipline trop marginale pour pouvoir prétendre à l’accession en tant que discipline sportive de haut niveau, et ce malgré une fédération et des clubs dynamiques. Le polo doit donc d’abord se développer auprès du grand public, devenir médiatique et dès lors, pourquoi ne pas envisager un SMLC chez ces athlètes de haut niveau que sont les chevaux de polo, voire même, pourquoi ne pas envisager une accession en tant que discipline olympique ?

C – Méthodologie d’entraînement des chevaux de polo

1 – Eléments de physiologie appliqués aux chevaux de polo

En considérant la valeur pécuniaire d’un poney de polo, le temps nécessaire à la préparation et à l’entraînement d’une telle monture, ainsi que le prestige de cette discipline équestre, il est étonnant qu’aucune publication scientifique n’existe concernant les exigences physiologiques du jeu de polo.

134 1.1 – Analyse du jeu, des stratégies et des handicaps au polo (72)

1.1.1 – Distinction polo indoor et polo de plein air

Le polo se joue aussi bien en plein air qu’en indoor. Ainsi, en France, la plupart des chevaux joue en indoor pendant la période hivernale et en plein air pendant l’été. Aux Etats- Unis (89), la plupart des chevaux réalisent des saisons doubles. En effet, pendant les mois d’hiver, ils disputent des tournois de classe mondiale dans des Etats comme la Californie ou la Floride, tandis que le reste de l’année, ils évoluent dans le Mid West et la côte Est, comme au Texas, dans l’Illinois, le Massachusetts ou encore à New-York.

Chacune de ces saisons comporte ses propres spécificités quant-à l’adaptation de l’effort au climat et aux différents déplacements.

Le polo en indoor se joue dans des arènes plus petites, de 90 mètres de longueur x 45 mètres de largeur, au lieu des 275 x 145 mètres en plein air. Le jeu de polo en indoor se joue par équipe de 3, au lieu de 4 en extérieur, et se dispute sur 4 chukkas seulement.

Chaque poney de polo joue habituellement une, voire deux, chukkas au cours d’un match. Ainsi, les joueurs de polo en plein air doivent avoir au minimum 3, mais plus communément 6 ou 7 poneys pour disputer un match. Un seul match réuni environ 50 à 55 chevaux, pour jouer approximativement une heure et demie, tandis qu’un tournoi opposant 10 équipes réuni entre 300 et 350 chevaux.

Le polo en indoor, de part sa surface plus petite, implique plus de virages, plus de chocs, et plus de contacts physiques qu’en plein air, où les poneys évoluent à une vitesse plus uniforme et montrent des capacités d’endurance supérieures. Ainsi, en règle générale, les chevaux d’indoor ont plus de sang quarter-horse, apportant plus de robustesse et d’accélération sur des distances courtes, tandis que les chevaux de polo de plein air ont plus de sang pur-sang, afin de bénéficier de plus de vitesse et d’endurance sur de longues distances.

Les demandes différentes du jeu entre le polo indoor et le polo de plein air nécessitent donc des qualités spécifiques pour les chevaux, mais déterminent également le type de blessures pouvant survenir au cours du jeu.

1.1.2 – Stratégie générale au polo

L’objectif du jeu de polo est de marquer le plus de buts possibles avant la fin du match. La balle peut être frappée en avant, en arrière, sur les côtés, aussi bien des deux côtés du cheval. Il y a 8 techniques de bases pour réaliser une frappe de balle au polo.

La stratégie la plus basique au polo consiste à garder un joueur en attaque en avant de la balle, un ou deux joueurs dans l’action en position centrale (en fonction du déroulement indoor ou plein air du match) et un joueur en défense en arrière de la balle. Les joueurs sont numérotés de 1 à 4.

135 Le n°1 en indoor, et les n°1 et 2 en plein air, sont les joueurs les plus offensifs. Ils essayent de rester toujours en avant de la balle, prêt à faire une passe vers l’avant ou à marquer. Le n°2 en indoor ou n°3 en plein air est souvent le joueur le plus technique et le plus agressif de l’équipe. Ces joueurs sont souvent les plus talentueux et leurs chevaux souvent les plus doués. C’est une position pivot dans lequel le joueur doit « avoir du flair » et le sens du jeu. Le n°3 en indoor et n°4 en plein air est le joueur le plus défensif, en position arrière. Il est responsable des manœuvres tactiques de défense et empêche le n°1 adverse de marquer.

1.1.3 – Classification des joueurs au polo

Un système de handicap est utilisé afin d’équilibrer les matchs. Les joueurs de polo professionnels évoluent classiquement avec un handicap de +7 à +10 goals et sont souvent engagés par des mécènes ou des clients moins performants qu’eux. Les autres membres de l’équipe évoluent avec des handicaps moyens, qu’ils soient mécènes, professionnels moins bien classés, ou encore jeunes joueurs talentueux en devenir.

Le joueur le plus capé d’une équipe doit pouvoir être plus rapide, tourner plus vite, et être impliqués dans plus d’actions de jeu que ses coéquipiers. Ces derniers tournent plus large et prennent le relais des actions intenses en fin de chukkas.

Ainsi, le travail du poney de polo et les blessures auxquelles il est exposé dépendent grandement du handicap de son cavalier.

1.2 – Caractéristiques des chevaux de polo (72)

1.2.1 – Définition du cheval de polo

L’association américaine du polo, the United States Polo Association, défini un poney de polo comme « un cheval ou un poney, quelque soit sa race ou sa taille ». Cependant, le travail du poney de polo tend à imposer des critères de taille, de race ou de type de chevaux. Les montures doivent être suffisamment rapides pour distancer leurs adversaires, suffisamment robuste pour encaisser et imposer les contacts physiques et capable de tenir l’intensité d’une chukka de 7 minutes. Elles doivent être capables d’accélérer brusquement, de s’arrêter net et de tourner sur les hanches pour ré-accélérer de nouveau. En outre, les montures doivent être suffisamment stables dans leur galop pour permettre au cavalier de frapper la balle avec précision.

1.2.2 – Démographie actuelle

A cause de toutes ces exigences, les poneys de polo sont souvent des pur-sang ou des croisements avec beaucoup de sang. Les pur-sang argentins sont plus robustes, plus trapus et plus petits que leurs homologues anglais ou américains et conviennent particulièrement pour cette discipline. Aux Etats-Unis, ils croisent des pur-sang américains avec des quarter-horse

136 afin d’améliorer leurs facultés à tourner court et à accélérer. En 1999 (89), dans les tournois de classe mondiale, environ 40% des chevaux sont importés d’Argentine, et 60% sont des pur-sang américains. De nos jours, la majorité des chevaux de haut niveau sont des poneys de polo argentins.

Historiquement, une limite de taille à 1,22 mètre était imposée pour les poneys de polo. Elle a été abolie en 1919 et les actuels « poneys de polo » toisent communément entre 1,53 et 1,56 mètre.

Les juments et les hongres sont autorisés à jouer au polo. Les étalons sont interdits, en raison de leur tempérament et de la nature du jeu, avec de nombreux contacts physiques. Les juments ont tendance à être surreprésentées au polo, car elles sont considérées comme plus résistantes et ayant plus de générosité dans l’effort que les hongres.

Les poneys de polo sont débourrés vers l’âge de 2-3 ans et disputent leur première chukka à petit niveau vers l’âge de 4 ans. Comme toute discipline, le polo requiert du temps, de l’expérience et de l’entraînement pour façonner une bonne monture. Celle-ci arrive à maturité entre 6 et 8 ans. Souvent, les poneys de haut niveau, lorsqu’ils ne peuvent plus concourir à un tel niveau de jeu, finissent leur carrière par des matchs de niveau plus faibles ou avec un cavalier au handicap plus faible. Ainsi, habituellement, à l’âge de 10 ou 11 ans, les chevaux perdant de leur vitesse, ils sont vendus à des joueurs qui n’ont pas besoin de les exploiter à leur maximum. A l’âge de 15-16 ans, ils sont revendus à des débutants dans des petits clubs afin de finir leur carrière. Ces carrières très longues représentent un challenge pour le vétérinaire dans le suivi de ces chevaux et la gestion des affections chroniques auxquels ils sont soumis.

De part l’essence du jeu de polo, et les différences de niveau technique et d’expérience des cavaliers, naissent la majorité des blessures et des affections subcliniques des poneys de polo.

1.3 – Exigences cardiovasculaires du jeu de polo (52)

Les besoins physiologiques d’un grand nombre de disciplines équestres ont été décrits. Ils permettent ainsi d’établir un programme d’entraînement approprié focalisé sur les exigences spécifiques de chaque sport, d’exploiter le potentiel génétique de l’individu, de parvenir aux meilleures performances possibles et de maintenir l’athlète dans une condition physique suffisante afin de prévenir les risques de surentraînement et de blessures. Toutefois, les données manquent concernant le polo, si ce n’est une seule étude réalisé par MARLIN et ALLEN (52) sur des poneys de polo de niveau low-goal.

En moyenne, sur une chukka d’une durée de 10 minutes, les chevaux passent approximativement 2 minutes au-delà de 90% de la FC max, soit au-delà de 80% de la VO2 max et environ 4 minutes entre 75 et 90% de la FC max, soit entre 50 et 80% de la VO2 max. Ceci confirme que le polo impose une exigence élevée sur le système cardiovasculaire, même à un niveau low-goal. Ceci est souligné également par la nature des blessures (desmopathies, tendinopathies, myosites, …) survenant au cours de la compétition (51) et également par l’incidence d’HPIE (85).

On observe de grandes fluctuations de FC au cours d’un match. Celle-ci s’étale entre 70 et 222 bpm, avec une moyenne de 139 à 189 bpm pour chaque chukka. Cette large variation

137 reflète la nature du jeu de polo et les variations d’intensité de travail au cours du jeu. Bien que l’intensité soit variable d’une chukka à l’autre, il est intéressant de noter que les valeurs de FC moyenne sont très similaires entre les poneys de polo pour chaque chukka. Ce fait est également souligné par des FC moyennes similaires entre la première et la seconde chukka disputée par un même poney. La FC maximale moyenne des poneys de polo de cette étude est de 213 bpm (52).

Les variations de FC au cours d’une chukka, et même entre les chukkas, souligne la nécessité d’un programme d’entraînement prenant en compte les exigences de cette discipline. On note une corrélation très forte entre la FC au cours du match et la FC de récupération à 3 minutes. Cette FC de récupération à 3 minutes est un bon indicateur de la dureté du travail réalisé par le poney de polo au cours d’une chukka. Néanmoins, ce paramètre est beaucoup moins fiable et significatif lorsque le poney dispute plus d’une chukka au cours du même match, ce qui est le cas lors des matchs low-goal et medium-goal en général.

Une comparaison des FC moyennes entre toutes les disciplines équestres place le polo de niveau low-goal en position intermédiaire sur une échelle d’intensité d’exercice, derrière des disciplines comme les courses ou le concours complet, mais devant l’attelage, la voltige ou encore l’endurance. Le polo de low-goal impose donc un stress modéré à élevé sur le système cardiovasculaire.

1.4 – Etude de quelques paramètres physiologiques en relation avec l’adaptation à l’exercice

1.4.1 – Les lactates

Seules deux études ont été publiées au sujet des lactatémies des poneys de polo et la littérature scientifique actuelle manque cruellement de données. Pourtant, l’étude de ce paramètre est essentielle en vue d’établir une approche plus scientifique et une amélioration des méthodologies d’entraînement de tels athlètes.

Dans l’étude de SAIBENE et al. (78), 3 groupes de chevaux (3 pur-sangs, 7 chevaux de selle et 6 poneys de polo) effectuent des runs à vitesse maximale sur une distance de 200, 300 et 400 mètres, après un entraînement préalable sur ce type d’exercice durant 8 semaines. Sur toutes ces distances, les poneys de polo d’origine argentine atteignent les lactatémies les plus élevées, de l’ordre de 14 à 15 mmol/L, comparativement aux pur-sangs qui sont les plus rapides. Au sein de chaque groupe, ce sont les chevaux les plus rapides qui atteignent les lactatémies les plus élevées.

Dans l’étude de CRAIG et al. (25), les lactatémies mesurées immédiatement après un match de polo sont de l’ordre de 9 mmol/L, ce qui reflète également un haut niveau d’exercice musculaire chez ces chevaux. Même après 15 minutes de récupération, la lactatémie reste 3 fois plus élevée que sa valeur initiale au repos, ce qui souligne l’importance de la glycolyse anaérobie au cours de l’effort. Ces lactatémies sont plus élevées que celles rapportées chez les chevaux de complet et d’endurance, mais les poneys de polo ne produisent pas autant d’acide lactique que les chevaux de course.

La différence entre ces deux valeurs de lactatémie résulte du fait que dans la première étude, le prélèvement est fait juste après un run d’intensité maximale, tandis que dans la

138 seconde étude, le prélèvement est réalisé à la fin d’une chukka, et non au maximum d’intensité au cours de l’effort, d’où des valeurs plus faibles.

Le taux de production maximale de lactates correspond à la différence des lactatémies après 5 minutes de récupération et au repos, rapportée à la durée de l’exercice. Ce taux est plus élevé chez les poneys de polo, de l’ordre de 35 mmol/L/min, comparativement aux pur- sangs, chez qui ce taux de production diminue significativement lorsque la distance des runs augmente (78).

Toutes ces valeurs sont similaires à celles mesurées chez les athlètes de haut niveau en médecine humaine. Elles reflètent la nature du jeu, les poneys de polo ayant de grandes capacités à produire des lactates et à tolérer des lactatémies élevées, comparativement à des chevaux pur-sang, tout comme le reflète les exigences de ce sport, en termes d’accélération rapide, et de grande galopade à vitesse maximale sur de courtes distances. Les chevaux ont cependant une plus grande capacité à accroître leur puissance aérobie par rapport à la valeur de référence au repos, tandis que l’homme a une plus grande puissance aérobie spécifique au cours de l’effort.

Il existe également une relation linéaire entre le taux de production maximale de lactates et la vitesse, depuis laquelle on peut déterminer la quantité de lactates produite pour parcourir une distance déterminée. L’étude de SAIBENE et al. (78) permet ainsi de définir une vitesse V1, qui correspond à la vitesse théorique à laquelle le taux de production de lactates est égal à 0. Les mesures de V1 sont une technique simple pour sélectionner les chevaux et mesurer leur niveau de condition physique, ainsi que pour déterminer la vitesse optimale à laquelle les chevaux doivent travailler lors d’entraînement à base d’exercices fractionnés, afin d’optimiser leur capacité anaérobie.

1.4.2 – Evolution de quelques paramètres du profil hémato-biochimique au cours de l’effort (25)

L’étude de l’évolution du profil hémato-biochimique au cours de l’effort apporte des renseignements précieux, notamment sur la physiologie de tels athlètes, mais également sur leur adaptation à l’entraînement et à la réalisation d’efforts intenses et fractionnés au cours des matchs. Nous ne nous attacherons ici qu’à décrire les principaux paramètres pouvant avoir un lien direct avec une éventuelle optimisation des performances.

Les FC et FR sont élevées à la sortie du match, mais beaucoup moins que pour les chevaux de course. La comparaison est toutefois difficile à établir, puisque les mesures sont effectuées à la fin du match, et non au pic d’intensité de l’effort, contrairement aux chevaux de course. Ceci traduit l’activité intense produite au cours d’une chukka et l’adaptation poussée du système cardiovasculaire à un effort intense prolongé.

La PCO2 des chevaux de polo diminue après un match, en relation avec l’hyperventilation provoquée par l’exercice et avec l’interruption brutale de l’effort, qui entraîne l’arrêt de la production d’acide lactique. Une alcalose respiratoire modérée se met en place au cours de la compétition. Ce phénomène est également rapporté chez les chevaux de complet. Après 15 minutes de récupération, la PCO2 est encore plus faible que la valeur initiale de référence au repos, tandis que le pH se stabilise à une valeur plus élevée qu’au repos.

139 Le taux de protéines plasmatique augmente au cours d’un match, et retourne dans des valeurs usuelles après 15 minutes de récupération, les chevaux n’ayant pas eu accès à l’eau au cours de celle-ci. Cette variation reflète les mouvements d’eau et de protéines entre les secteurs intra et extracellulaire, plus qu’une réelle déshydratation, même si celle-ci contribue en partie à cette augmentation. On note également une augmentation du taux d’hémoglobine et de l’hématocrite, due principalement à une splénocontraction plus qu’à la déshydratation, pour les mêmes raisons que citées précédemment. Celle-ci permet d’accroître momentanément la capacité de transport de l’oxygène jusqu’aux muscles.

Les poneys de polo présentent également des taux de CK et d’ASAT élevés, comme le souligne l’étude de LACERDA et al. (43). Ces valeurs élevées au repos (276 +/- 263 UI/L), comparativement aux chevaux de selle (209 +/- 112 UI/L) ou de course (129 +/-62 UI/L), reflètent l’adaptation à une intensité d’exercice plus élevée lors du travail. Cependant, il faut également tenir compte de l’impact d’une influence génétique sur ces résultats, notamment chez les quarter-horses américains et les chevaux issus de leurs croisements.

Même si la taille de l’échantillon de l’étude de CRAIG et al. (25) est petite (n = 18), on peut toutefois remarquer que certains des changements après exercice sont similaires à ceux reportés chez les chevaux réalisant des efforts intenses, comme les chevaux de course, et d’autres sont similaires à ceux reportés chez les chevaux réalisant des efforts d’endurance, comme les chevaux de complet ou d’endurance. Les chevaux de polo effectuent des efforts mixtes, en relation avec la nature du jeu, et combinent une production élevée d’acide lactique au cours de l’effort, en association avec une alcalose respiratoire.

1.5 – Conclusions

Malgré l’engouement et la manne financière générés par cette discipline, les publications scientifiques s’intéressant à la physiologie de l’effort chez les chevaux de polo sont rares. Cependant, l’acquisition d’une base de données de référence est indispensable afin de mieux comprendre l’adaptation de ces athlètes au type d’effort particulier que requiert cette discipline. En outre, il conviendrait de sélectionner les populations cibles de ces études. En effet, la physiologie de l’effort est totalement différente entre un poney de low-goal qui effectue 2 chukkas lors d’un match et un poney de high-goal qui répartit son effort sur une seule chukka. Pour cette raison, une étude scientifique devrait constituer des groupes de plusieurs chevaux évoluant à différents niveaux afin de pouvoir établir une comparaison de leur physiologie d’effort.

A l’avenir, il serait également intéressant d’axer les études sur le métabolisme bioénergétique mis en jeu par cette discipline. En effet, connaître l’implication des différentes filières aérobies et anaérobies permettrait de mieux envisager les méthodes d’entraînement et de cibler le développement de ces filières de manière plus spécifique, afin d’optimiser les performances.

2 – Entraînement des athlètes de haut niveau en polo

Afin d’envisager les méthodologies d’entraînement des athlètes de haut niveau en polo, cette étude se base sur l’étude d’un cas concret, à partir duquel ressortent les fondamentaux de

140 l’apprentissage et du perfectionnement de cette discipline, ainsi que les différents types d’exercices et de tests réalisés chez ces chevaux au quotidiens.

2.1– Etude d’un exemple

2.1.1 – Présentation du joueur et de son club

J’ai pris pour cette étude l’exemple de Stanislas CLAVEL, 27 ans, joueur professionnel de polo de handicap +3, évoluant au poste n°3 et responsable des écuries et de la logistique des tournois dans son club, le Polo Club du domaine de Chantilly, à la Ferme d’Apremont (60).

Cet athlète pratique l’équitation depuis 25 ans et le polo depuis 10 ans. Il a été formé dans son club et s’illustre régulièrement avec celui-ci à l’échelle nationale. Il est à la tête d’un piquet de 8 chevaux à l’entraînement, essentiellement de race criollo et pur-sang, avec quelques croisements pur-sang et criollo.

En tant que joueur de haut niveau, Stanislas n’est soumis à aucun suivi médical longitudinal contrôlé. La seule exigence est la délivrance d’un certificat médical de non contre-indication à la pratique sportive, en vue d’obtenir sa licence sportive. Ses chevaux ne sont soumis à aucun suivi vétérinaire contrôlé. Ils sont cependant examinés régulièrement par un vétérinaire, annuellement par un ostéopathe et un dentiste, et occasionnellement par un acupuncteur, en cas de défaut de mobilité dorsale.

Le Polo Club du domaine de Chantilly est créé en 1996 et représente le premier centre de polo en Europe Occidentale, avec 500 matchs disputés par an, été comme hiver. Bénéficiant d’un cadre exceptionnel, 205 hectares en bordure de forêt, et d’infrastructures modernes, avec 9 terrains de jeu irrigués et 2 terrains en sable, 200 boxes fixes, avec une extension saisonnière de 200 à 400 boxes démontables, la Ferme d’Apremont a ainsi eu le privilège d’organiser les Championnats du Monde de Polo en 2004.

2.1.2 – Présentation de son programme d’entrainement

Stanislas est responsable de 8 chevaux à l’entraînement. Ceux-ci sont sortis environ 2 heures par jour, avec une séance le matin et une autre l’après-midi, tous les jours de la semaine. Tous ses chevaux sont montés individuellement et lâchés au paddock pendant la journée. Pendant la saison, Stanislas effectue une vingtaine de compétitions, et dispute des tournois de tous les niveaux, depuis les tournois 0/2 goals jusqu’au tournois 16 goals.

141 Les séances d’entraînement sont de trois types, et visent toutes à l’amélioration des capacités physiques, d’endurance et de vitesse nécessaires à la pratique de cette discipline :

- des séances d’entraînement d’endurance, afin de travailler la masse musculaire et le souffle. Ces séances consistent en des trottings et galopings, fractionnés ou non, en terrain varié, la proximité de la forêt étant une situation idéale.

- des séances d’assouplissement, avec le travail de dressage sur deux pistes, sur des cercles serrés, en recherchant la disponibilité et l’impulsion de sa monture. Ces séances reflètent les situations de match, avec des virages très courts et de fortes accélérations.

- des séances d’entraînement tactique et de mises en situations de jeu. Ces séances ont lieu une à deux fois par semaine, voire deux à trois fois si une compétition ou un tournoi est programmé dans la semaine. Lors de ces entraînements, l’accent est mis sur les situations de jeu délicates ou dans lesquelles l’équipe a eu des difficultés lors des rencontres précédentes.

Ce programme d’entraînement est une base généraliste qu’il tient compte de moduler en fonction du déroulement de la saison. En effet, avant le début de la saison, une attention particulière est portée sur le travail de fond et le développement des capacités physiques, celles-ci étant par la suite entretenues au cours de la saison avec l’enchaînement des entraînements et des tournois. En cours de saison, les entraînements tactiques sont privilégiés, avant de développer l’esprit d’équipe et d’affiner les stratégies en fonction des adversaires. En fin de saison, le cavalier essaie de gérer ses montures, et travaille plus « à l’économie », sur une bonne récupération des efforts fournis, et veille à ne pas mettre ses montures dans des situations de surentraînement et de risques de blessures.

A titre de comparaison, Stanislas travaille beaucoup plus ces chevaux que ce qui est rapporté dans la littérature par MC GOWAN et al. (49). En effet, le niveau d’exercice et les méthodes de gestion d’entraînement sont moins intenses aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les chevaux sont travaillés 6 jours par semaine et réalisent des entraînements de polo, qui consistent en une ou deux chukkas de 7 minutes et 30 secondes, et des sessions d’exercice d’une durée moyenne de 25 minutes. Tous ces chevaux vont également au paddock quotidiennement, le temps moyen passé en extérieur étant de 7 heures par jour. Ces chevaux évoluent pour la grande majorité en plein air et en indoor au cours d’une même saison.

2.1.3 – Difficultés rencontrées

En tant que sportif de haut niveau et évoluant à l’échelle nationale, Stanislas bénéficie du statut de joueur professionnel. Il évolue également au sein d’infrastructures agréables et fonctionnelles, qui facilitent son travail d’entraînement. En outre, il est employé par la Ferme d’Apremont au titre de responsable des écuries et de la logistique des tournois. Tous ces aspects font qu’il est relativement libre dans l’organisation de sa journée de travail, ce qui est une situation privilégiée. En revanche, Stanislas à une lourde tâche de travail, avec 8 chevaux à sortir bi-quotidiennement en plus de son travail au sein du Polo Club.

142 2.2 – Exemple de test de terrain (52)

Les tests de terrain sont un moyen simple et efficace pour le cavalier et l’entraîneur d’évaluer l’efficacité du programme d’entraînement mis en place spécifiquement pour une monture.

Dans leur étude, MARLIN et ALLEN proposent un test de terrain afin d’évaluer le niveau de condition physique et les facultés de récupération des chevaux de polo. Le test consiste à galoper sur une boucle circulaire de 1 100 mètres. Deux balises divisent cet anneau en deux portions de 550 mètres. Chaque cheval effectue deux tours et demi, soit une distance totale de 2 750 mètres. Le cavalier augmente sa vitesse à chaque balise. Le premier tour est effectué au petit canter, tandis que le dernier est effectué à la vitesse la plus rapide que le cheval est capable d’atteindre sous l’impulsion de son cavalier. Pendant ce test, on mesure la fréquence cardiaque toutes les 15 secondes ainsi que les vitesses, déterminées par le temps nécessaire mis à parcourir chaque 550 mètres.

Ainsi, grâce à ce monitoring cardiaque, il est possible d’évaluer en partie la filière aérobie, la FC étant reliée à la VO2 max. En effet, au-cours de l’exercice, la FC augmente de façon linéaire au-delà de 90% de la VO2 max, et en utilisant une régression linéaire, trois seuils peuvent être définis :

- <75% de la FC max, soit < 56% de la VO2 max ;

- entre 75 et 90% de la FC max, soit entre 56 et 81% de la VO2 max ;

- > 90% de la FC max, soit > 81% de la VO2 max.

Ces données peuvent être par la suite applicables en situation de match grâce à l’utilisation d’un cardiofréquencemètre, à l’aide d’un dispositif commercial s’attachant à la sangle de la selle et dont les électrodes sont reliées au corps du cheval grâce à des patchs adhésifs. Le temps passé dans ces trois intervalles permet d’évaluer l’importance de la filière aérobie au cours d’une chukka, et donc d’adapter l’entraînement afin d’optimiser au mieux la rentabilité de cette filière bioénergétique.

2.3 – Techniques de récupération en post-effort (51)

Les chevaux de polo de haut niveau disputent classiquement une chukka au cours d’un match. L’intensité des efforts demandés, la rugosité du jeu et l’enchaînement des matchs lors des tournois font de la récupération une étape essentielle et primordiale. Toutefois, la meilleure façon de rafraîchir et d’accélérer la récupération du cheval après une chukka porte toujours à débat.

Deux pratiques diamétralement opposées s’affrontent. La première consiste à marcher le cheval en sortie de chukka. Cela permet de favoriser le flux sanguin jusqu’aux muscles et d’améliorer l’évacuation des déchets métaboliques cellulaires, comme l’acide lactique. La seconde, pratiquées par la majorité des joueurs de haut niveau consiste à attacher leur monture immédiatement à la sortie du jeu, jusqu’à ce que leur respiration soit revenue proche de la normale, avant que le groom marche le cheval. Ainsi, le cheval prend le temps de récupérer ses besoins en oxygène en adaptant au mieux son débit ventilatoire, de se calmer et de

143 remplacer ses pertes en fluide, le cheval ayant accès à des seaux d’eau et d’électrolytes au cours de cette période. Puis, la marche améliore son flux sanguin jusqu’aux muscles, comme lors de la première méthode.

Ces deux méthodes ont le mérite de reposer sur des bases physiologiques et scientifiques, et on peut supposer que la meilleure approche de la récupération se situe probablement entre les deux.

3 – Vers une approche plus scientifique des méthodologies d’entraînement chez les chevaux de polo ?

L’idée d’une approche scientifique des méthodologies d’entraînement chez les chevaux de polo apparaît à l’heure actuelle comme improbable, dans la mesure où même dans les grandes disciplines sportives humaines, une telle approche n’est pas encore pratiquée totalement, ni même ancrée dans les mœurs. Toutefois, si on se base sur ce qui se fait de nos jours chez les trotteurs français, la mise en place d’un monitoring cardiaque et de la vitesse semble concevable, même si les objectifs finaux sont différents. Cela permettrait de bénéficier d’une base de données exploitables et de valeurs de référence pour l’entraînement physique et le travail foncier notamment.

D – Approche comparative du polo, du hockey sur glace, du roller hockey et du water polo

Le polo fait partie des disciplines sportives dites « explosives », avec des efforts en rush, des phases d’intensité maximale et de courtes phases de récupération. A ce titre, il est intéressant de pouvoir la comparer avec le hockey sur glace, le roller hockey et le water polo. En effet, la physiologie de l’effort semble très proche, ce qui permet également de comparer les méthodologies d’entraînement.

Comme toute discipline sportive, les fondamentaux de la préparation physique générale évoqués plus haut sont applicables au polo. D’une façon globale, les méthodologies d’entraînement au polo semblent efficaces, avec une séparation de l’entraînement sur le fond et la forme. Le travail physique est réalisé lors de trottings ou de galopings, éventuellement sur du travail fractionné et s’apparente pleinement au travail réalisé en salle par les athlètes de haut niveau dans les disciplines sportives humaines dont il est question. Le travail tactique et stratégique permet la réalisation et la répétition des gestes techniques inhérents au polo et sont également équivalents à ce qui se fait dans le domaine du hockey ou du water polo.

En outre, même les méthodes de récupération sont similaires dans ces différents sports, que ce soit le cheval qui reste attaché à la fin de sa chukka, le hockeyeur qui attend la présence suivante assis sur un banc, ou encore le poloïste assis au bord de la piscine attendant un remplacement. Bien que la nécessité de données scientifiques étayant la justification de telles méthodes d’entraînement ou de récupération semblent évidentes, l’application des mêmes grands principes identiques dans de telles disciplines est bien plus qu’une simple

144 coïncidence et reflète l’efficacité de telles méthodes et l’optimisation des performances sportives.

Malgré une évolution sur des surfaces très différentes, la glace, l’eau, les gymnases ou les terrains en herbe ou en sable, toutes ces disciplines sont très proches en termes de jeu, d’entraînement et de physiologie de l’effort. Ainsi, les principes de jeu et les stratégies générales sont identiques, les acteurs de toutes ces disciplines évoluent à très grande vitesse, avec des contacts physiques répétés, … Tous ces aspects font de ces disciplines collectives des sports très passionnants et très spectaculaires pour le grand public, développant le sens du jeu et du « sport-spectacle ».

La grande différence résulte entre deux disciplines implantées dans le paysage sportif international, le hockey sur glace et le water polo, et deux disciplines beaucoup moins connues et en quête de reconnaissance, le roller hockey et le polo. Chaque discipline connaît son heure de gloire dans des continents et des pays divers, et il est intéressant de noter, qu’à l’heure actuelle, toutes ces disciplines sont quelques peu en marge du paysage sportif français, aucune d’entre-elles n’entrant parmi les 20 disciplines sportives françaises comptant le plus de licenciés !

Enfin, il apparaît délicat de comparer le SMLC entre ces trois disciplines humaines et le polo, dans la mesure où le polo n’est pas reconnu comme discipline sportive de haut niveau et n’est pas en mesure d’instaurer un suivi médical vétérinaire contrôlé, comme cela se fait pour le hockey sur glace ou le water polo. Toutefois, dans les disciplines sportives humaines évoquées, ce suivi est semblable, avec quelques spécificités toutefois concernant une évolution sur la glace ou dans l’eau.

145 146 CONCLUSION

Le suivi médical longitudinal contrôlé, instauré par la loi et appliqué par le biais des fédérations sportives délégataires, a fait preuve de son efficacité et de son intérêt pour les athlètes de haut niveau dans les différentes disciplines sportives humaines. Malgré une très faible incidence d’accidents, parfois dramatiques, ce suivi permet une prévention et une protection efficace de la santé des sportifs, en mettant l’accent sur le dépistage des anomalies cardiovasculaires à risque pour une pratique sportive intensive et sur les risques et les dangers du dopage.

Malheureusement pour les athlètes équins de haut niveau en polo, cette discipline, bien que considérée par certains comme le plus ancien sport d’équipe au monde, ne bénéficie pas de la reconnaissance du statut de discipline sportive de haut niveau. De ce fait, aucun suivi médical vétérinaire longitudinal contrôlé n’est mis en œuvre. A l’heure actuelle, on ne peut qu’espérer, malgré des obstacles techniques et financiers évidents, l’accession du polo vers un tel statut, garant d’un SMLC. Dans l’attente d’une telle éventualité, les vétérinaires restent les garants de la santé et du bien-être des chevaux de polo, par leur travail en collaboration avec les propriétaires, les cavaliers, les entraîneurs, les grooms, et l’ensemble des acteurs du monde du polo.

Le hockey sur glace, le roller hockey, le water polo et le polo sont quatre disciplines « explosives ». La physiologie comparée entre ces sports reflète un haut niveau d’intensité physique et une intrication étroite des différentes filières bioénergétiques, où le métabolisme anaérobie, lactique et surtout alactique, joue un rôle majeur en termes de développement de l’explosivité et d’efforts en rush. Il existe un réel manque de données scientifiques et d’études contrôlées et ciblées, rendant une approche scientifique de l’entraînement difficile et délicate, dans des milieux où les pratiques empiriques mises en œuvre ont su prodiguer des résultats. Toutefois, les méthodologies d’entraînement entre ces disciplines sont similaires sur leurs grands principes, chacune gardant ses spécificités liées à la réalisation des gestes techniques et à l’application des règles propres au jeu.

Cette approche comparative entre ces disciplines, de prime abord diamétralement opposées et sans lien commun, est intéressante à plus d’un titre. Malgré une évolution sur des surfaces très différentes (la glace, l’eau ou la terre ferme) et des règles diverses et variées, ces sports collectifs semblent toutefois dériver d’une discipline ancestrale commune, conjuguée dans toutes ses possibilités. A ce titre, en tant que sport millénaire et considéré par certains comme le plus ancien sport d’équipe au monde, le polo, malgré sa faible reconnaissance au sein du paysage sportif français, pourrait s’inscrire comme le lien commun et le sport fondateur de toutes ces disciplines.

147 148 BIBLIOGRAPHIE

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(7) Arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique.

(8) Arrêté du 16 juin 2006 modifiant l’arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique.

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154 ANNEXES

- Annexe 1 : Schématisation du dispositif de reconnaissance du caractère de haut niveau d’une discipline (Olympiade 2008-2012).

- Annexe 2 : Conditions à remplir pour obtenir la reconnaissance du caractère de haut niveau d’une discipline (Olympiade 2008-2012).

- Annexe 3 : Liste des disciplines sportives reconnues de haut niveau pour l’olympiade 2005- 2009.

- Annexe 4 : Extrait de la loi du 23 mars 1999 (livre 2 titre III du code du sport) : Santé des sportifs et lutte contre le dopage.

- Annexe 5 : Arrêté du 28 avril 2000 fixant la liste des disciplines sportives pour lesquelles un examen médical approfondi est nécessaire en application de l'article 5 de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage.

- Annexe 6 : Décret n° 2004-120 du 6 février 2004 relatif aux examens médicaux obligatoires pour les licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d'accès au sport de haut niveau ou pour les candidats à cette inscription

- Annexe 7 : Arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique.

- Annexe 8 : Arrêté du 16 juin 2006 modifiant l’arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique.

- Annexe 9 : Fiche d’examen médical de non contre-indication apparente à la pratique d’un sport, proposée par la Société Française de Médecine du Sport (SFMS).

- Annexe 10 : Questionnaire alimentaire entrant dans le cadre du SMLC de la Fédération Française de Roller Skating.

- Annexe 11 : Classification des sports d’après la 36ème conférence de Bethesda en 2005.

155 ANNEXE 1 : « Schématisation du dispositif de reconnaissance du caractère de haut niveau d’une discipline (Olympiade 2008-2012) »

156 ANNEXE 2 : « Conditions à remplir pour obtenir la reconnaissance du caractère de haut niveau d’une discipline (Olympiade 2008-2012) »

157

158

159 ANNEXE 3 : « Liste des disciplines sportives reconnues de haut niveau pour l’olympiade 2005-2009 »

160

161

162 ANNEXE 4 : « Extrait de la loi du 23 mars 1999 (livre 2 titre III du code du sport) : Santé des sportifs et lutte contre le dopage »

LIVRE II ACTEURS DU SPORT

TITRE III SANTÉ DES SPORTIFS ET LUTTE CONTRE LE DOPAGE

Chapitre préliminaire

Article L. 230-1

Le ministre chargé des sports, en liaison avec les autres ministres et organismes intéressés, engage et coordonne les actions de prévention, de surveillance médicale, de recherche et d’éducation mises en œuvre avec le concours, notamment, des fédérations sportives agréées dans les conditions définies à l’article L. 131-8, pour assurer la protection de la santé des sportifs et lutter contre le dopage. Une formation à la prévention du dopage est dispensée aux médecins du sport, aux enseignants et aux membres des professions définies au premier alinéa de l’article L. 212-1.

Chapitre Ier Suivi médical des sportifs

Article L. 231-1

Les médecins de santé scolaire, les médecins du travail, les médecins militaires et les médecins généralistes contribuent, en liaison avec les médecins spécialisés, aux actions de prévention concernant la pratique des activités physiques et sportives grâce à une formation initiale nécessaire à la pratique des examens médico-sportifs, contenue dans le deuxième cycle des études médicales et grâce à une formation continue adaptée.

Section 1 Certificat médical

Article L. 231-2

La première délivrance d’une licence sportive mentionnée à l’article L. 131-6 est subordonnée à la production d’un certificat médical attestant l’absence de contre-indication à la pratique de l’activité physique ou sportive pour laquelle elle est sollicitée. Un renouvellement régulier du certificat médical peut être exigé par la fédération en fonction de l’âge du sportif et de la discipline. Pour certaines disciplines, dont la liste est fixée par arrêté des ministres chargés des sports et de la

163 santé au regard des risques qu’elles présentent pour la sécurité ou la santé des pratiquants, ce certificat médical ne peut être délivré que dans les conditions prévues au même arrêté. L’arrêté précise la fréquence du renouvellement de ce certificat médical.

La délivrance de ce certificat est mentionnée dans le carnet de santé prévu à l’article L. 2132-1 du code de la santé publique.

Article L. 231-3

La participation aux compétitions sportives organisées ou autorisées par les fédérations sportives est subordonnée à la présentation d’une licence sportive mentionnée à l’article L. 131-6 portant attestation de la délivrance d’un certificat médical mentionnant l’absence de contre-indication à la pratique sportive en compétition ou, pour les non-licenciés auxquels ces compétitions sont ouvertes, à la présentation de ce seul certificat ou de sa copie, qui doit dater de moins d’un an. Le médecin chargé, au sein de la fédération sportive, de coordonner les examens requis dans le cadre de la surveillance médicale particulière prévue à l’article L. 231-6 peut établir un certificat de contre-indication à la participation aux compétitions sportives au vu des résultats de cette surveillance médicale. Ce certificat est transmis au président de la fédération, qui suspend la participation de l’intéressé aux compétitions sportives organisées ou autorisées par ladite fédération jusqu’à la levée par le médecin de la contre-indication.

Article L. 231-4

Sont définies par les dispositions de l’article L. 2336-3 du code de la défense les conditions que doivent remplir la délivrance, le renouvellement ou la validation de la licence de tir pour que la présentation de ce document supplée le certificat médical mentionné audit article.

Section 2 Rôle des fédérations sportives

Article L. 231-5

Les fédérations sportives veillent à la santé de leurs licenciés et prennent à cet effet les dispositions nécessaires, notamment en ce qui concerne les programmes d’entraînement et le calendrier des compétitions et manifestations sportives qu’elles organisent ou qu’elles autorisent. Elles développent auprès des licenciés et de leur encadrement une information de prévention contre l’utilisation des substances et procédés dopants avec l’appui des antennes médicales de prévention du dopage. Les programmes de formation destinés aux cadres professionnels et bénévoles qui interviennent dans les fédérations sportives, les clubs, les établissements d’activités physiques et sportives et les écoles de sport comprennent des actions de prévention contre l’utilisation des substances et procédés dopants.

164 Article L. 231-6

Les fédérations sportives délégataires assurent l’organisation de la surveillance médicale particulière à laquelle sont soumis leurs licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau mentionnée au premier alinéa de l’article L. 221-2 du présent code ainsi que des licenciés inscrits dans les filières d’accès au sport de haut niveau. Un arrêté des ministres chargés de la santé et des sports définit la nature et la périodicité des examens médicaux qui sont assurés dans le cadre de cette surveillance. Les résultats de ces examens sont mentionnés dans le livret prévu à l’article L. 231-7 du présent code. Cette surveillance médicale ne dispense pas les employeurs des sportifs professionnels titulaires d’un contrat de travail au titre du 3° de l’article L. 122-1-1 du code du travail de satisfaire aux obligations qui leur incombent en application du titre IV du livre II du même code.

Article L. 231-7

Un livret individuel est délivré à chaque sportif mentionné à l’article L. 231-6 ou à son représentant légal, par la fédération sportive dont il relève. Ce livret ne contient que des informations à caractère sportif et des informations médicales en rapport avec les activités sportives. Seuls les médecins agréés en application de l’article L. 232-11 sont habilités à se faire présenter ce livret lors des contrôles prévus à l’article L. 232-12.

Article L. 231-8

Lorsqu’un sportif sanctionné en application de l’article L. 232-21 ou L. 232-22 sollicite la restitution, le renouvellement ou la délivrance d’une licence sportive, la fédération compétente subordonne cette restitution, ce renouvellement ou cette délivrance à la production d’une attestation délivrée par une antenne médicale de prévention du dopage à l’issue d’un entretien entre un médecin et l’intéressé. A l’occasion de cet entretien, le médecin peut proposer au sportif le suivi mentionné à l’article L. 232-1.

Chapitre II Lutte contre le dopage

Section 1 Prévention

Article L. 232-1

Des antennes médicales de prévention du dopage sont agréées par arrêté des ministres chargés de la santé et des sports. Elles organisent des consultations ouvertes aux personnes ayant eu recours à des pratiques de dopage ou susceptibles d’y recourir. Ces consultations sont anonymes à la demande des intéressés. Elles leur proposent, si nécessaire, la mise en place d’un suivi médical.

165 Les personnes mentionnées à l’article L. 231-8 doivent bénéficier d’au moins un entretien avec un médecin dans l’une de ces antennes. Cet entretien est validé par la délivrance d’une attestation. Les conditions d’agrément et de fonctionnement des antennes médicales de prévention contre le dopage sont fixées par décret. Chaque antenne est dirigée par un médecin, qui en est le responsable.

Article L. 232-2

Le sportif participant à des compétitions ou manifestations mentionnées au 2° du I de l’article L. 232-5 fait état de sa qualité lors de toute consultation médicale qui donne lieu à prescription. Si le praticien prescrit des substances ou des procédés dont l’utilisation est interdite en application de l’article L. 232-9, le sportif n’encourt pas de sanction disciplinaire s’il a reçu une autorisation, accordée pour usage à des fins thérapeutiques, de l’Agence française de lutte contre le dopage. Cette autorisation est délivrée après avis conforme d’un comité composé de médecins placé auprès de l’agence. Lorsque la liste mentionnée à l’article L. 232-9 le prévoit, cette autorisation est réputée acquise dès réception de la demande par l’agence, sauf décision contraire de sa part.

Article L. 232-3

Le médecin qui est amené à déceler des signes évoquant une pratique de dopage : 1° Est tenu de refuser la délivrance d’un des certificats médicaux définis aux articles L. 231-2 et L. 231-3 ; 2° Informe son patient des risques qu’il court et lui propose soit de le diriger vers l’une des antennes médicales mentionnées à l’article L. 232-1, soit en liaison avec celle-ci et en fonction des nécessités, de lui prescrire des examens, un traitement ou un suivi médical ; 3° Transmet obligatoirement au médecin responsable de l’antenne médicale mentionnée à l’article L. 232-1 les constatations qu’il a faites et informe son patient de cette obligation de transmission. Cette transmission est couverte par le secret médical.

Article L. 232-4

La méconnaissance par le médecin de l’obligation de transmission prévue à l’article L. 232-3 ou des prohibitions mentionnées à l’article L. 232-10 est passible de sanctions disciplinaires devant les instances compétentes de l’ordre des médecins.

166 ANNEXE 5 : « Arrêté du 28 avril 2000 fixant la liste des disciplines sportives pour lesquelles un examen médical approfondi est nécessaire en application de l’article 5 de la loi n° 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage »

JORF n°102 du 30 avril 2000 page 6575 texte n° 30

ARRETE Arrêté du 28 avril 2000 fixant la liste des disciplines sportives pour lesquelles un examen médical approfondi est nécessaire en application de l'article 5 de la loi no 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage

NOR: MJSK0070039A

La ministre de l'emploi et de la solidarité et la ministre de la jeunesse et des sports, Vu la loi no 99-223 du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage, et notamment son article 5 ; Vu l'avis no 99-4 du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage en date du 16 décembre 1999, Arrêtent : Art. 1er. - En application de l'article 5 de la loi du 23 mars 1999 susvisée, la liste des disciplines sportives nécessitant un examen médical approfondi et spécifique en vue d'obtenir la délivrance d'une première licence sportive est fixée ainsi qu'il suit : Sports de combat pour lesquels la mise « hors de combat » est autorisée ; Alpinisme de pointe ; Sports utilisant des armes à feu ; Sports mécaniques ; Sports aériens, à l'exception de l'aéromodélisme ; Sports sous-marins. Cet examen donne lieu à un certificat médical attestant l'absence de contre-indication à la pratique des activités physiques et sportives. Art. 2. - Les qualifications reconnues par l'ordre ainsi que les diplômes nationaux ou d'université que doivent posséder les médecins amenés à réaliser les examens dans les disciplines prévues à l'article 1er du présent arrêté sont précisés par le règlement préparé par la commission médicale de chaque fédération sportive concernée, adopté par le comité directeur de la fédération ou, le cas échéant, par le conseil fédéral et approuvé par le ministre chargé des sports. Art. 3. - Le directeur des sports et le directeur général de la santé sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française. Fait à Paris, le 28 avril 2000. La ministre de la jeunesse et des sports, Pour la ministre et par délégation : Le directeur des sports, J. Delplanque La ministre de l'emploi et de la solidarité, Pour la ministre et par délégation : Par empêchement du directeur général de la santé : Le chef de service, P. Penaud

167 ANNEXE 6 : « Décret n° 2004-120 du 6 février 2004 relatif aux examens médicaux obligatoires pour les licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d’accès au sport de haut niveau ou pour les candidats à cette inscription »

Décret n° 2004-120 du 6 février 2004 relatif aux examens médicaux obligatoires pour les licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d'accès au sport de haut niveau ou pour les candidats à cette inscription

NOR : SPRK0470008D

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre des sports,

Vu le code pénal, notamment ses articles 226-13 et 226-14 ;

Vu le code de la santé publique, notamment ses articles L. 3621-2, L. 3621-3, L. 3621-4, L. 3622-2 et L. 6321-1 ;

Vu la loi no 84-610 du 16 juillet 1984 modifiée relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, notamment son article 26 ;

Vu le décret no 2002-707 du 29 avril 2002 pris pour l'application de l'article 26 de la loi no 84-610 du 16 juillet 1984 et relatif au sport de haut niveau ;

Vu le décret no 2002-1010 du 18 juillet 2002 relatif aux filières d'accès au sport de haut niveau ;

Vu l'avis du Conseil national des activités physiques et sportives en date du 14 novembre 2003 ;

Vu l'avis no 2003-7 du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage en date du 4 décembre 2003 ;

Le Conseil d'Etat (section de l'intérieur) entendu,

Décrète :

Article 1

Au chapitre Ier du titre II du livre VI de la troisième partie du code de la santé publique (dispositions réglementaires), sont insérées les dispositions suivantes :

« Art. R. 3621-1. - La surveillance médicale particulière à laquelle les fédérations sportives mentionnées à l'article L. 3621-2 soumettent leurs licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d'accès au sport de haut niveau a pour but de prévenir les

168 risques sanitaires inhérents à la pratique sportive intensive.

« Art. R. 3621-2. - L'instance dirigeante compétente de la fédération désigne dans les conditions fixées par le règlement médical de celle-ci un médecin chargé de coordonner les examens prévus dans le cadre de la surveillance médicale définie à l'article R. 3621-1.

« Art. R. 3621-3. - Un arrêté des ministres chargés de la santé et des sports définit la nature et la périodicité des examens médicaux, communs à toutes les disciplines sportives, assurés dans le cadre de la surveillance définie à l'article R. 3621-1.

« Il détermine également la nature et la périodicité des examens complémentaires qui peuvent être réalisés pour une discipline sportive spécifique.

« Art. R. 3621-4. - Une copie de l'arrêté prévu à l'article R. 3621-3 et du règlement médical de la fédération est communiquée par celle-ci à chaque licencié inscrit sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d'accès au sport de haut niveau.

« Art. R. 3621-5. - Pour la mise en œuvre de la surveillance médicale particulière définie à l'article R. 3621-1, les fédérations peuvent faire appel, si elles le souhaitent, dans chaque région et dans la collectivité territoriale de Corse, à un réseau de santé constitué en application de l'article L. 6321-1 à l'initiative du directeur régional de la jeunesse et des sports après avis du directeur régional des affaires sanitaires et sociales.

« Art. R. 3621-6. - Les établissements organisant des épreuves d'effort dans le cadre de la surveillance médicale définie à l'article R. 3621-1 sont agréés par le directeur régional de la jeunesse et des sports et le directeur régional des affaires sanitaires et sociales. L'agrément ne peut être délivré que si la sécurité du licencié pendant l'épreuve d'effort est assurée.

« Art. R. 3621-7. - Les résultats des examens réalisés dans le cadre de la surveillance médicale définie à l'article R. 3621-1 sont transmis au sportif ainsi qu'au médecin mentionné à l'article R. 3621-2. Ils sont inscrits au livret individuel prévu à l'article L. 3621-3.

« Art. R. 3621-8. - Chaque année, le médecin mentionné à l'article R. 3621-2 dresse un bilan de l'action relative à la surveillance médicale prévue par le présent chapitre. Ce bilan fait état des modalités de mise en œuvre et de la synthèse des résultats collectifs de cette surveillance. Il est présenté par ce médecin à la première assemblée générale fédérale qui en suit l'établissement et adressé par la fédération au ministre chargé des sports.

« Art. R. 3621-9. - Les personnes appelées à connaître, en application du présent chapitre, des données individuelles relatives à la surveillance médicale des licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d'accès au sport de haut niveau sont tenues au secret professionnel dans les conditions et sous les réserves énoncées aux articles 226-13 et 226-14 du code pénal. » Article 2

Les articles 2 et 11 du décret du 29 avril 2002 susvisé sont modifiés ainsi qu'il suit :

I. - Il est ajouté à l'article 2 un dernier alinéa ainsi rédigé :

« 5° S'il n'a fait l'objet d'examens médicaux dont la nature est précisée par un arrêté des ministres chargés de la santé et des sports et dont les résultats sont transmis au sportif et à un

169 médecin désigné par la fédération. »

II. - Il est ajouté à l'article 11 un second alinéa ainsi rédigé :

« Nul ne peut être inscrit sur la liste des sportifs Espoirs s'il n'a fait l'objet d'examens médicaux dont la nature est précisée par un arrêté des ministres chargés de la santé et des sports et dont les résultats sont transmis au sportif et à un médecin désigné par la fédération. » Article 3

Les articles 1ers à 6 du décret n° 87-473 du 1er juillet 1987 relatif à la surveillance médicale des activités physiques et sportives sont abrogés. Article 4

Les dispositions du présent décret sont applicables à Mayotte. Article 5

Le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, la ministre de l'outre-mer et le ministre des sports sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 6 février 2004.

Jean-Pierre Raffarin

Par le Premier ministre :

Le ministre des sports,

Jean-François Lamour

Le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées,

Jean-François Mattei

La ministre de l'outre-mer,

Brigitte Girardin

170 ANNEXE 7 : « Arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique »

Le 31 octobre 2008

JORF n°41 du 18 février 2004

Texte n°46

ARRETE Arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-2 et R. 3621-3 du code de la santé publique

NOR: SPRK0470013A

Le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, la ministre de l’outre- mer et le ministre des sports, Vu le code de la santé publique, notamment les articles L. 3621-2 et L. 3621-3 ainsi que les articles R. 1333-55 à R. 1333-74, R. 3621-1 à R. 3621-9 ; Vu la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 modifiée relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives, et notamment son article 26 ; Vu le décret n° 2002-707 du 29 avril 2002 pris pour l’application de l’article 26 de la loi n° 84- 610 du 16 juillet 1984 et relatif au sport de haut niveau, notamment ses articles 2 et 11 ; Vu le décret n° 2002-1010 du 18 juillet 2002 relatif aux filières d’accès au sport de haut niveau ; Vu le décret n° 2004-120 du 6 février 2004 relatif aux examens médicaux obligatoires pour les licenciés inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou dans les filières d’accès au sport de haut niveau ou pour les candidats à cette inscription ; Vu l’avis n° 2003-7 du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage en date du 4 décembre 2003, Arrêtent :

TITRE Ier : NATURE DES EXAMENS MÉDICAUX PRÉALABLES À L’INSCRIPTION SUR LA LISTE DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU OU SUR LA LISTE DES SPORTIFS ESPOIRS

Article 1

Pour être inscrits sur la liste des sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs Espoirs prévues aux articles 2 et 11 du décret du 29 avril 2002 susvisé, les sportifs doivent effectuer les examens suivants :

1. Un examen médical réalisé, selon les recommandations de la Société française de médecine du sport et des autres sociétés savantes concernées, par un médecin diplômé en médecine du sport.

2. Une recherche par bandelette urinaire de protéinurie, glycosurie, hématurie, nitrites.

171

3. Un électrocardiogramme standardisé de repos avec compte rendu médical.

4. Une échocardiographie transthoracique de repos avec compte rendu médical.

5. Une épreuve d’effort d’intensité maximale (couplée, le cas échéant, à la mesure des échanges gazeux et à des épreuves fonctionnelles respiratoires) réalisée par un médecin, selon des modalités en accord avec les données scientifiques actuelles, en l’absence d’anomalie apparente à l’examen clinique cardio-vasculaire de repos et aux deux examens précédents. Cette épreuve d’effort vise à dépister d’éventuelles anomalies ou inadaptations survenant à l’effort, lesquelles imposeraient alors un avis spécialisé.

Chez les sportifs licenciés ayant un handicap physique ou mental ne permettant pas la réalisation de cette épreuve d’effort dans des conditions habituelles, une adaptation méthodologique est à prévoir.

6. Un examen dentaire certifié par un spécialiste.

Les examens ci-dessus doivent être réalisés dans les trois mois qui précèdent l’inscription sur la liste des sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs Espoirs.

TITRE II : NATURE ET PÉRIODICITÉ DES EXAMENS DE LA SURVEILLANCE MÉDICALE, COMMUNS À TOUTES LES DISCIPLINES, POUR LES SPORTIFS INSCRITS SUR LA LISTE DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU OU DANS LES FILIÈRES D’ACCÈS AU SPORT DE HAUT NIVEAU

Article 2

Le contenu des examens permettant la surveillance médicale des sportifs visés à l’article L. 3621-2 du code de la santé publique comprend :

1° Deux fois par an : a) Un examen médical réalisé par un médecin diplômé en médecine du sport comprenant :

- un entretien ;

- un examen physique ;

- des mesures anthropométriques ;

- un bilan diététique, des conseils nutritionnels et un bilan psychologique, aidés si besoin par des avis spécialisés coordonnés par le médecin selon les règles de la profession. b) Une recherche par bandelette urinaire de protéinurie, glycosurie, hématurie, nitrites.

2° Une fois par an : a) Un examen dentaire certifié par un spécialiste ; b) Un examen électrocardiographique standardisé de repos avec compte rendu médical ; c) Un examen biologique pour les sportifs de plus de quinze ans, mais avec autorisation parentale pour les mineurs, comprenant :

172 - numération-formule sanguine ;

- réticulocytes ;

- ferritine.

3° Une fois tous les quatre ans, une épreuve d’effort maximale telle que précisée à l’article 1er.

4° Les candidats à l’inscription sur la liste des sportifs de haut niveau ou sur la liste des sportifs Espoirs qui ont bénéficié de l’échocardiographie alors qu’ils étaient âgés de moins de quinze ans doivent renouveler cet examen entre dix-huit et vingt ans.

Article 3

Les examens prévus une fois par an à l’article 2 ne seront pas réalisés une nouvelle fois chez un même sportif s’ils ont déjà été effectués, la même année, lors du bilan médical prévu à l’article 1er.

TITRE III : NATURE ET PÉRIODICITÉ DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES SPÉCIFIQUES À CERTAINES DISCIPLINES SPORTIVES

Article 4

Selon les disciplines, les sportifs visés à l’article L. 3621-2 du code de la santé publique sont soumis aux examens suivants :

1° Un examen ophtalmologique annuel effectué par un spécialiste pour les disciplines suivantes :

- sports mécaniques ;

- sports aériens (sauf aéromodélisme) ;

- disciplines alpines (ski alpin et acrobatique, snowboard) et ski-alpinisme ;

- sports de combats (pieds-poings).

2° Un examen ORL annuel effectué par un spécialiste pour les disciplines suivantes :

- sports aériens (sauf aéromodélisme) ;

- sports sous-marins.

3° Un examen radiographique du rachis lombaire (face, profil, trois quarts) : a) Annuellement avant l’âge de quinze ans puis tous les deux ans pour les disciplines suivantes :

- plongeon ;

- gymnastique ;

- patinage artistique.

173 b) Avant l’âge de quinze ans, sans renouvellement en cas de résultats normaux :

- rugby à XV (joueurs de 1re ligne).

4° Un examen radiographique du rachis cervical (face, profil avec mesure de l’indice de Torg) tous les deux ans pour les disciplines suivantes :

- rugby à XV ;

- rugby à XIII ;

- lutte ;

- football américain.

5° Un examen biologique, trois fois par an, comprenant : numération-formule sanguine, réticulocytes, ferritine pour les disciplines suivantes :

- athlétisme (courses uniquement) ;

- aviron ;

- biathlon ;

- course d’orientation ;

- cyclisme ;

- natation ;

- pentathlon moderne ;

- roller skating ;

- ski de fond ;

- triathlon.

Article 5

La réalisation des examens radiologiques préconisés dans l’article 4 s’effectue dans les conditions prévues par les articles R. 1333-55 à R. 1333-74 du code de la santé publique.

Article 6

Dans le but de prévenir les risques sanitaires liés à la pratique sportive intensive, notamment d’origine iatrogène ou liés à des conduites dopantes, d’autres examens complémentaires (notamment biologiques), définis dans le cadre des conventions d’objectifs signées avec le ministère des sports, peuvent être effectués par les fédérations sportives mentionnées à l’article L. 3621-2 du code de la santé publique.

TITRE IV : DISPOSITIONS FINALES

174 Article 7

L’arrêté du 28 avril 2000 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux assurés dans le cadre de la surveillance médicale des sportifs de haut niveau est abrogé.

Article 8

Les dispositions du présent arrêté sont applicables à Mayotte.

Article 9

Le directeur des sports, le directeur général de la santé et le directeur des affaires économiques, sociales et culturelles de l’outre-mer sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 11 février 2004.

Le ministre des sports, Pour le ministre et par délégation : La directrice des sports, D. Laurent Le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, Pour le ministre et par délégation : Le directeur général de la santé, W. Dab La ministre de l’outre-mer, Pour la ministre et par délégation : Par empêchement du directeur des affaires économiques, sociales et culturelles de l’outre-mer : L’ingénieur en chef des ponts et chaussées, A. Puzenat

175 ANNEXE 8 : « Arrêté du 16 juin 2006 modifiant l’arrêté du 11 février 2004 fixant la nature et la périodicité des examens médicaux prévus aux articles L. 3621-1 et R. 3621-3 du code de la santé publique »

176

177 ANNEXE 9 : « Fiche d’examen médical de non contre-indication à la pratique d’un sport, proposée par la Société Française de Médecine du Sport (SFMS) »

178

179

180

181 ANNEXE 10 : « Questionnaire alimentaire entrant dans le cadre du SMLC de la Fédération Française de Roller Skating »

182

183

184

185 ANNEXE 11 : « Classification des sports d’après la 36ème conférence de Bethesda en 2005 »

186 COMPARAISON DU SUIVI MEDICAL LONGITUDINAL CONTROLE ET DES METHODOLOGIES D’ENTRAINEMENT ENTRE LES CHEVAUX DE POLO ET LES ATHLETES DE HAUT NIVEAU PRATIQUANT DES EFFORTS ANALOGUES (HOCKEY SUR GLACE, ROLLER HOCKEY ET WATER POLO)

NOM et Prénom : STAUMONT Benoît

Résumé

Le suivi médical longitudinal contrôlé, instauré par divers textes législatifs, est le garant de la santé des athlètes humains de haut niveau. Même si pour le polo, de telles règles ne sont pas applicables, le vétérinaire joue un rôle de premier ordre quant-à la santé et au bien-être des poneys de polo, soumis à rude épreuve dans ce sport de contact explosif se jouant à vive allure. Comparativement aux disciplines humaines que sont le hockey sur glace, le roller hockey et le water polo, on note de grandes similitudes dans la physiologie de l’effort requis pour les athlètes équins au polo, avec une intrication étroite des différentes filières bioénergétiques, où le métabolisme anaérobie, lactique et surtout alactique, jouent un rôle majeur, malgré un effort de fond d’ordre aérobie. De toutes ces singularités dérivent des méthodologies d’entraînement fondées sur les mêmes principes empiriques, en attente d’une approche plus scientifique et rationnelle, afin d’obtenir des performances maximales d’athlètes, humains et équins, exerçant leurs efforts parfois au-delà de leurs limites physiologiques.

Mots clés : MEDECINE COMPAREE, ENTRAINEMENT, SUIVI MEDICAL, ATHLETE, EFFORT, ANAEROBIE, EQUIDE, CHEVAL, CHEVAL DE POLO, HOMME.

Jury : Président : Pr. Directeur : Dr. Undine CHRISTMANN Assesseur : Dr. Luca ZILBERSTEIN

Adresse de l’auteur : M. STAUMONT Benoît 2, avenue du Parc 95 000 CERGY

187 COMPARISON OF THE LONGITUDINAL CONTROLLED MEDICAL FOLLOW-UP AND THE TRAINING METHODS BETWEEN POLO HORSES AND HIGH LEVEL ATHLETES DOING SIMILAR EFFORTS (ICE HOCKEY, ROLLER HOCKEY AND WATER POLO)

SURNAME and Given name : STAUMONT Benoît

Summary

The longitudinal controlled medical follow-up, in accordance with several regulations, is the guarantee of the human high level athletes’ health. Even if the veterinarian cannot implement such rules for polo athletes, he is at the forefront regarding the health and well- being of polo ponies, which are submitted to rough conditions in this explosive and swift contact sport, playing very fast. Comparing to human sports such as ice hockey, roller hockey and water polo, we can notice numerous similarities in the effort physiology required for polo horses, with a very close interaction of the different bioenergetics pathways, where anaerobic metabolism, lactic and especially alactic, play a big role, despite an aerobic primary effort. Training methods are derived from all these singularities, based on empiric principles, until we have a more scientific and rational approach, in order to gain the best athletes performances, human and equine, exercising their effort sometimes above their physiologic limits.

Keywords : COMPARATIVE MEDICINE, TRAINING, MEDICAL FOLLOW-UP, ATHLETE, EFFORT, ANAEROBIC, EQUINE, HORSE, POLO HORSE, HUMAN.

Jury : President : Pr. Director : Dr. Undine CHRISTMANN Assessor : Dr. Luca ZILBERSTEIN

Author’s address: M. STAUMONT Benoît 2, avenue du Parc 95 000 CERGY

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