RAPPORT

MISSION EXPLORATOIRE DANS LES REGIONS DU SAHEL ET DU CENTRE-NORD AU

AUTEUR) DE LA NOTE : MEDECINS DU MONDE FRANCE

Document de réference_Burkina Faso 1/22 dernière MAJ le 25/10/2019

CONTEXTE RAPPEL CONCERNANT LA MISSION EXPLORATOIRE Quand. La mission exploratoire a eu lieu du 15 septembre au 6 octobre 2019.

Qui. L’équipe était composée d’un coordinateur programme – urgences généraliste en charge de la mission exploratoire et appui par :

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1- L’équipe de coordination de la mission longue-terme de MdM-F déjà présente et composée d’un Coordinateur General, un Coordinateur Administratif, un Coordinateur Logistique, une Coordinatrice plaidoyer, un Responsable Suivi et Evaluation et un Réfèrent Sécurité / Sûreté.

2- Une équipe de trois personnes recrutées pendant la première semaine, dédiée exclusivement à la mission exploratoire et composée d’un Assistant Du Coordinateur Programme (médecin), un Pharmacien (diplôme en logistique de la santé) et un agent en charge de la saisie de données.

3- Treize équipes terrain formée en moyen par trois staff, dont au moins deux médicaux (maïeuticien / sage-femme et infirmier.e, en charge du volet sante publique et SSR/mère-enfant) et un agent communautaire en charge des liaison avec la communauté et les autorités à niveaux local.

Quoi. La mission exploratoire s’est développée en quatre étapes clés décrites ci-dessous.

Phase de préparation (16-18 septembre) : Recrutement d’une équipe dédiée, création et adaptation des outils au contexte et système de santé burkinabè, définition des protocoles de gestion et partage des informations / données, définition de la méthodologie et programme des deux ateliers de formation pour les équipes terrain.

Ateliers de formation (19-20 et 23-24 septembre) : Les atelier on permit aux équipes terrain de comprendre les objectifs de la mission exploratoire, maitriser les outils et la modalité de recueil des données mais aussi de créer un programme détaillé pour chaque zone d’intervention.

Mission Exploratoire (23 septembre - 3 octobre) : Les treize (13) équipes se sont rendues dans les régions du Sahel et du Centre Nord en couvrant tous les huit (8) districts sanitaires et une totalité de dix-sept (17) communes.

Analyse et compte rendu (25 septembre - 6 octobre) : Control qualité, saisie des données, réunions face-à-face avec les équipes de retour et analyse des principaux problèmes et besoin issus de la mission exploratoire.

Objectifs de la mission exploratoire. Contribuer à une évaluation de la situation sanitaire des personnes déplacées internes (PDI) dans les régions u du Centre Nord et du Sahel et plus particulièrement dans les sites de regroupement afin d’identifier les besoins humanitaires à combler par une intervention d’urgence de MdM à Djibo, Kelbo, Gorom-Gorom, Déou, Arbinda, Dori et Sebba, en associant les communautés hôtes et en veillant à ne pas créer de déséquilibre entre les PDI et les communautés hôtes. Compte tenu de la dégradation exponentielle de la situation humanitaire dans le nord du pays pendant le laps de temps intercours entre la demande de la mission exploratoire (10 mai 2019) et son déroulement effectif (15 septembre - 6 octobre 2019), le volet nutritionnel et la région du Centre Nord ont été intégrés dans le cadre de référence.

Méthode. La nature de la mission exploratoire et sa durée limitée conjointement aux contraintes socio-sécuritaires ont dicté la méthode utilisée, qui a été principalement quantitative. En revanche, les enquêtes contiennent des éléments assimilables à des entretien semi-structures pour ce qui concerne le volet protection. La mission exploratoire a utilisé les outils standard de la cellule urgence : évaluation centre de santé, évaluation hôpital, évaluation communautaire et évaluation sites de déplacés. Ces

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quatre outils (4) ont été adaptés au contexte burkinabè pour garantir leur conformité au système de santé national mais aussi à l’environnement spécifique caractérisé par un déplacement en zone urbaine et rurale, tant en familles d’accueil comme en sites formels et en site informels. Un cinquième outil (fiche nutritionnelle) a été créer pour la collecte de donnes concernant la mesure du périmètre brachial. La saisie et l’analyse des données ont été faites à travers Epi-Info.

Difficultés Phase de préparation : Les activités concernant la définition des outils, des équipes et leur chronogramme respectif -conjointement à celles de préparation des ateliers de formation- ont souffert un léger délai surtout à cause d’une campagne de Chimio prophylaxie saisonnière du paludisme (CPS) (semaine du 16-20 septembre 2019) qui n’avait été pas prévue / annoncée. Cela a obligé à la mise en œuvre de deux ateliers, vu que la majorité des équipes affectées à MdM-F étaient composées par des agents de santé étatiques et donc en prime ligne pendant la campagne CPS. En revanche, les équipe de MdM-E ont pu participer au premier atelier et partir sur le terrain comme prévu initialement. Malgré l’imprévu, le retard de deux jours n’a pas empêché le correcte développement de la mission exploratoire. Ateliers de formation : La seule difficulté à mentionner c’est le temps additionnel consacré aux technologies de l’information et communication pour ce qui concerne la collecte et transmission de données du terrain aux membres de l’équipe de Ouagadougou. Le temps investi dans cette session a permis l’échange des données et information selon les procédures et termes prévus et accordés. Mission Exploratoire : Sur les 13 communes initialement prévues pour la mission exploratoire, la commune de Dablo a été exclue pour raisons sécuritaires. La grève du personnel de santé n’a pas empêché la collecte de données qui, en revanche, a souffert d’un léger délai dû à des problèmes de transmission d’information et de communication entre les différents niveaux du ministère de la santé, notamment au Sahel et Centre Nord. Analyse et compte rendu Les communes d’Arbinda, de Kelbo et de Déou posent des questions sur la qualité des données en raison de l’accès et des problèmes de communication. Seulement le point focal de Déou a pu se rendre à Ouagadougou comme prévu pour une analyse plus approfondie des données reçues tandis qu’on continue à recevoir des données tardives d’Arbinda et Kelbo malgré leur inaccessibilité.

ELEMENTS CLES ISSUS DE LA MISSION EXPLORATOIRE (FACTEURS ET ACTEURS) ET COMPLETES AU COURS DU PROJET1

Aperçu humanitaire

1 Sauf mention contraire, les informations ici continues (page 6) sont étés extrapolées du Plan de Réponse Humanitaire 2019, OCHA, Juillet 2019 et des différents rapports de situation issus en aout et septembre 2019 par OCHA.

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Le Burkina Faso fait face à une augmentation importante des besoins humanitaires du fait de l’accroissement de l’insécurité au nord et dans d’autres régions du pays ayant entrainé de nombreux déplacements internes des populations. La situation nutritionnelle reste préoccupante dans l’ensemble du pays avec un taux de malnutrition aigüe global (MAG) de 8,4% et un taux de malnutrition aigüe sévère (MAS) de 1,6% chez les enfants de 6-59 mois selon les résultats préliminaires de l’enquête nutritionnelle nationale de 2018.

En général – et au-delà du paludisme, les urgences sanitaires sont principalement les épidémies de rougeole, de méningite et de dengue.

Ci-dessus les pathologies les plus fréquentes dans les centres de santé visites pendant la mission exploratoire2 :

< 5 ans 1. Paludisme 2. Infections Respiratoires Aiguës (IRA) 3. Maladies diarrhéiques 4. Malnutrition 5. Maladies de la peau

> 5 ans 1. Paludisme 2. Infections Respiratoires Aiguës (IRA) 3. Parasitoses 4. Maladies de la peau 5. Infections Sexuellement Transmissibles (IST)

Avant la crise sécuritaire du début de 2019, 40% de la population vivait déjà en dessous du seuil de pauvreté global, moins d’un pour cent (<1%) bénéficiait d’une assurance maladie et le 54,7% du premier quartile ne consultait pas les centres de santé.

Les 13 régions que compte le pays accueillent des personnes fuyant les violences, le Sahel abritant le plus grand nombre de déplacés, avec plus de 102,000 pour la seule province de Soum. Ces PDI sont reparties dans des familles d’accueil et des sites de déplacements, de transit ou officiels. Les populations convergent surtout vers des zones déjà fragilisées par une insuffisance des ressources naturelles, accroissant ainsi le risque des maladies hydriques et de conflits liés à l’accès aux pâturages et à la gestion des points d’eau.

La situation sanitaire reste préoccupante. A la fin du mois de mai 2019, 37 formations sanitaires ont dû fermer, tandis que 57 autres fonctionnaient à minima privant ainsi 368,531 personnes de soins médicaux et service de santé. Pendant le mois d’aout, la crise sécuritaire a entraîné la fermeture de 60 formations sanitaires tandis que les prestations ont été considérablement affectées dans 65 autres. Dû à ces perturbations, près de 626 000 personnes n’ont plus accès ou ont un accès limité aux services de santé. Par ailleurs, le transfert de patients3 vers des centres de santé plus développés se fait de plus en plus difficilement dû au manque d’ambulances. En effet, de nombreux véhicules ont été saisis ou incendiés par des groupes armés, et les évacuations sanitaires sont désormais à la charge des communautés et des patients eux-mêmes. Cette situation est exacerbée par

2 On remarque le manque de données chiffrées dans les fiches d’évaluation et le fait que la base de données du Ministère de la Sante soit vide à cause de la grève du personnel sanitaire qui ne transmet pas les données comme d’habitude. 3 Sauf mention contraire, les informations ici continues sont étés extrapolées du Plan de Réponse Humanitaire 2019, OCHA, Juillet 2019 et des différents rapports de situation issus en aout et septembre 2019 par OCHA.

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les restrictions de mouvements liées aux couvre-feux et autres décisions administratives, en particulier dans le Sahel et dans l’Est.

Dans les chiffres partagés au début d’octobre 2019 par le SP/CONASUR, on constate une augmentation subite de 68% (de 289 591 à 486 360) du nombre de personnes déplacées internes au Burkina Faso, particulièrement dans les régions les plus affectées du Sahel et du Centre Nord, mais aussi dans la province de Loroum dans la région du Nord (à la frontière avec la région du Sahel). Prenant comme base de comparaison la situation mise à jour au début de juillet 2019 et qui est prise en compte dans le Plan de Réponse Humanitaire révisé (lancé le 1er août 2019), on a un accroissement global de 120% du nombre de déplacés, principalement dans le Centre Nord et les communes limitrophes du Nord avec le Sahel. Cette situation reflète plusieurs déplacements provoqués par la détérioration de la situation sécuritaire depuis juin 2019 dans ces mêmes régions.

Le tableau ci-dessous resume l’état de fonctionnailité des structures sanitaires par région jusqu’au 06 octobre 20194.

Fonctionnant à Populations Nombre Formations couvertes Fermées au 06 minima (pas de Nombre Région total de sanitaires par ces Octobre 2019 stratégie avancée ambulance sanitaire FS de la abritant des PDI structures et de garde) s retirées région en arrêt d’activités Nombre % Nombre % Nombre %

05 retirées, Sahel 119 35 29% 24 20% 13 18.50% 463 488 01 brûlée Nord 249 5 2% 10 4% 18 25.70% 39 676 0 Est 166 4 2% 15 9% 0 0% 47 983 0 Boucle du M. 260 6 2% 5 2% 15 24.40% 34 633 0 Centre-Nord 170 20 12% 21 12% 24 34.20% 276 662 1 Centre-Est 176 0 0% 0 0% 0 0% 0 0

TOTAL 06 06 retirées régions plus 1140 70 6.14% 75 6.58% 70 6.14% 862 442 affectées 01 brûlée

Sur le plan de la nutrition, 9 des 45 provinces présentent un taux de malnutrition aiguë globale supérieur au seuil d’alerte de 10%. Près de 587,439 personnes auront besoin d’une assistance nutritionnelle en 2019, dont 133.066 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère, 332.713 autres de 6 à 59 mois atteints de malnutrition aiguë modéré et 121.660 femmes enceintes et allaitantes. Consécutivement à la dégradation sanitaire dans le Sahel, Est, Nord, Centre-Nord, Boucle du Mouhoun et Centre-Est, la situation nutritionnelle des populations pourrait davantage se détériorer.

Les besoins5

4 OMS, Groupe Sectorielle Santé, octobre 2019. 5 Sauf mention contraire, les informations ici continues sont été extrapolées du Plan de Réponse Humanitaire 2019, OCHA, Juillet 2019 et des différents rapports de situation issus en aout et septembre 2019 par OCHA.

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L’insécurité qui entraine en même temps une inaccessibilité progressive aux services sociaux de base (santé, eau, éducation, abris/AME, etc.) et de protection, survient dans un contexte de pauvreté chronique marqué par des sécheresses récurrentes qui accentuent la vulnérabilité des populations affectées.

Santé : Au moins 740.558 personnes dans les régions affectées par l’insécurité ont besoin d’accès aux soins médicaux et services de santé. Selon les enquêtes de profilage réalisée en 2018 et 2019, environ 80% des PDI ne vivent pas dans des logements adéquats.

Nutrition : Selon les résultats provisoires de l’enquête nutritionnelle nationale d’aout 2018, les régions du Sahel (3,1%) et du Plateau Central (2,5%) ainsi que les provinces de Sanguié (2,6%), Yagha (2,6%), Séno (3,9%) et Ioba (2,5%) seront particulièrement affectées avec des prévalences de malnutrition aiguë sévère supérieur au seuil critiques d’urgence de 2%. 118.552 enfants de 6 à 23 mois des sites de déplacés et populations hôtes, et de zones vulnérables à l’insécurité chronique.

Coordination des urgences : Depuis septembre 2018, l’Equipe Humanitaire Développement Pays (EHDP) a instruit les agences leads à renforcer le cadre de coordination de la réponse d’urgence. La coordination au niveau central (Ouagadougou) et au niveau opérationnel (Dori et Kaya) ont été active ou réactivé et réajustées tenant en compte des besoins à travers les groupes sectoriels et les groupes inter sectoriel. Toutefois l’accroissement des capacités pour la gestion de ces cadres de coordination reste un défi.

ACTEURS, PARTIES PRENANTES ET RESEAUX EN PRESENCE

Acteurs Politiques Il est important de souligner que le Burkina Faso est un Etat démocratique avec une décentralisation totale. Dans la zone du Centre-Nord et le district sanitaire de , pour ce qui concerne l’axe géographique des communes de Kongoussi--Namsiguia, les acteurs politiques (élus par la population) à prendre en considération sont : - Les députés : deux députés par provinces - Le conseil régional : un conseil par région - Les maires : dans chaque commune - Les conseillers : deux conseillers par villages administratifs A l’état actuel et vu l’interlocution sur place pendant la mission d’exploration de besoins, on considère que les acteurs politiques seront très favorables pour des interventions médicales et socio-sanitaires en faveur de leurs populations. Il faudrait tenir des rencontres formelles avec ces leaders politiques dont les attentes sécuritaires primes souvent sur les aspects sociaux au regard des enjeux électoraux pour 2020. Des rencontres d’informations et de discussion des enjeux sanitaires avec ces autorités sont utiles pour un accompagnement du projet.

Acteurs administratifs Ces fonctionnaires de l’Etat sont caractérisés par être encadrés dans une chaine administrative très hiérarchisée et par leur rôle d’exécution des missions de l’Etat. - Les gouverneurs : un gouverneur par région - Les haut-commissaire : un haut-commissaire par province - Le directeur régional de l’action humanitaire - Les directeurs provinciaux de l’action humanitaire - Les préfets : un préfet par département - Les directeurs régionaux de la santé : un DRS par région

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- Les médecins – chefs de district : un MCD par district qui dépend d’un découpage purement sanitaire - Les infirmiers – chefs de poste : un responsable par centre de santé périphérique Ces acteurs sont la clé de la mise en œuvre des activités sur le terrain avec une meilleure compréhension des projets et des rôles attendus vis-à-vis l’implication des communautés et des autorités. Ils doivent être impliqués à toutes les phases. Les activités de rencontres d’information, de concertation / coordination opérationnelle, de formation et de collecte de données seront utiles pour faciliter l’appropriation de notre intervention par les agents de santé et pour avoir des prestations de qualité dans les centres de santé.

Acteurs communautaires Ils sont pour la plupart au sein des communautés et participent activement à la vie de ces communautés. - Les responsables religieux - Les responsables coutumiers - Les responsables de groupements divers : femmes, personnes handicapées, jeunes - Les responsables de groupements d’autodéfenses Leur implication dans la conception, la planification et la réalisation des activités permettra de faciliter l’acceptation des différents projets et en tenant compte des réalités locales et des croyances qui rythme la vie des communautés. Les activités de sensibilisation et de mobilisation seront nécessaires pour les maintenir dans leurs droits et devoirs.

Acteurs non-gouvernementaux Ce sont pour la majorité des ONG internationales et nationales qui interviennent dans le domaine de l’aide alimentaire et la dotation en matériels de couchage sur l’axe retenu : Acteur Types Volet santé Internationale Nationale Oui Non PAM X X Croix Rouge X X DRC X X Solidarité internationale X X Christian Aid X X UNFPA X X En somme, très peu d’ONG interviennent dans le domaine de la santé dans les zones de déplacées des communes de Kongoussi, Bourzanga et Namsiguia.

PROBLEMES IDENTIFIES

Les principaux problèmes identifiés sont issus de l’analyse faite dans les communautés (38), les formations sanitaires (26 FS périphériques + 3 CMA + 2 CHR) et les sites de déplacés formels et non formels (39).

Ressources humaines On note une aggravation de l’insuffisance en ressources humaines en quantité et en qualité. Les normes nationales prévoient trois agents pour les CSPS (IDE, agent de la maternité et agent chargé de la vaccination) et pour les centres médicaux (médecin généraliste, infirmier, sage-femme).

Les principales causes sont : 1. Le départ du personnel soignant et des COGES : du fait des menaces et d‘antécédents d’enlèvements de personnel, certains ont préféré rejoindre les centres villes et/ou la capitale. Les centres de santé de Deou, Kelbo, et les 7 CSPS périphériques de la commune de Bourzanga sont totalement ferme par manque d’agents.

Pour le personnel présent, on note actuellement des déficits :

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• En infirmiers avec 1 IDE/12.000 habitants au CSPS de Bourzanga, 1 IDE/9.000 habitants au CM de Arbinda, 1 IDE/8.500 habitants au Site de Yirgou, 1 IDE/12.000 habitants dans la ville de Kaya, 1 IDE/7.000 au CSPS Kelbo. Les normes nationales prévoient 1 IDE/5.000 habitants en dehors des populations additionnelles de PDI.

• En médecins avec 1/17.000 habitants au Djibo, 1/35.000 habitants à Sebba ; 1/26.185 à Gorom-Gorom ; 1/16.137 habitants à Barsalogho. Le CMA de Gorom- Gorom est incapable de réaliser des interventions chirurgicales par manque d’anesthésiste.

• En sage–femme avec des agents présentes uniquement dans les formations dans les villes.

C’est important de rappeler que les normes ministérielles prévoient trois agents de santé par CSPS : - un infirmier (IDE) - un responsable de la maternité, c’est-à-dire une sage-femme (SFE) ou un maïeuticien (ME), une accoucheuse brevetée (AB) ou une accoucheuse auxiliaire. - un responsable de la vaccination (Agent Itinérant de Santé et d’Hygiène Communautaire = AISHC) Pour ce qui concerne les CM et les CMA, le document normatif est toujours en relecture.

2. Les responsables ECD tels que Kongoussi ont dû redéployer certains agents dans les CSPS urbains.

3. La faible capacité financière des COGES pour recruter,

4. Le faible appui des autorités locales (mairies).

On observe comme conséquences sur le terrain :

1. Une surcharge élevée de travail pour le personnel restant avec des longues files d’attente devant les salles de consultations,

2. Une fonctionnalité à minima des services : les prestations sont plus focalisées sur la prise en charge des urgences, l’insuffisance du système de référence et de contre/référence (ambulances et tricycles).

3. L’absence de continuité des services : beaucoup de centres ne sont fonctionnels que pendant la journée (8h-16h).

4. La faible qualité des prestations avec des soins administrés par du personnel peu ou non qualifiées : matrone, volontaires communautaires, AISHC

5. La rupture de confiance entre usagers et services de santé avec la fermeture des centres de santé, la non effectivité de la politique de gratuité.

Le problème de personnel est variable selon la zone et le type de formation sanitaire. Ainsi, on note l’absence de médecins dans les centres médicaux (CM/Arbinda), un seul agent présent au CSPS de Namsiguia et au CSPS de Deou, absence d’attaché de sante en anesthésie au CMA de Gorom-Gorom. Aux CHR de Kaya, le CRENI de la pédiatrie, le service de psychiatrie fonctionne à minima par insuffisance en personnel qualifie et réduit l’offre de soins de qualifié en SPMSS et de prise en charge de MAS complique en interne.

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Moyens financiers Le Burkina Faso est caractérisé par la pauvreté de la population avec près de 40% vivant en dessous de seuil de pauvreté globale (MICS 2018). A cela s’ajoute la faible couverture en assurance maladie avec moins de 1% de la population (CNS 2012) et plus de 54.7% du premier quartile qui ne consulte pas dans les centres de santé (EMS 2015).

L’analyse des couts moyens de prestations note que les populations paient en moyenne 372 FCFA pour une consultation et 581 FCFA pour une hospitalisation.

Les principales causes notifiées sont : 1. La persistance des paiements à l’acte : malgré la précarité dans laquelle se retrouvent les populations déplacées, elles sont obligées de déboursées des sommes pour avoir accès aux services de santé. A cela s’ajoute des actes de rackette des usagers dans les services de santé (corruption, effets adverses). Pourtant ces populations déplacées devraient bénéficier d’une large gamme de protection sociale y compris la santé. 2. La faible mise en œuvre de la gratuité des soins au profit des enfants de 0-5 ans et des femmes enceintes : on note les ruptures en intrants et la persistance des actes de rackette des usagers. 3. Le faible appui des Partenaires Techniques et Financières (PTF) 4. La pauvreté accrue des PDI qui se retrouvent en dehors de leurs biotopes sans revenus et sans assistance financière.

Sur le terrain, on constate comme conséquences directes de cette situation : 1. Une inaccessibilité financière des populations aux services de santé, 2. Des retards de consultations et des prises en charge dans les centres de santé, 3. Des consultations préférentielles chez les tradipraticiens.

Dans la zone de Kongoussi, les efforts conjugués des responsables des FS (ICP, COGES) du DS (ECD) et de la DRS permettent d’offrir gratuitement les soins aux PDI (actes et médicaments) malgré les effets adverses déjà rapportes sur le terrain. Ce qui n’est pas le cas dans les autres zones sanitaires ou les PDI doivent paye pour avoir accès aux soins.

Le problème d’équité dans l’accès aux soins pour les populations pauvres et démunis se pose avec acuité et nécessite qu’une solution urgente soit trouvée.

Ressources matérielles Les ressources matérielles comprennent les équipements médicaux techniques, les médicaments et consommables, les moyens roulants (ambulance, motos). Ces ressources connaissent une insuffisance dans presque toutes les FS.

Les principales causes sont :

1. L’insuffisance de dotation de l’Etat : budget exécuté par les mairies sur les fonds des crédits transférés. Mais du fait de l’absence des agents des communes, la majorité des FS n’ont pas reçu leurs dotations.

2. La faible capacité financière des COGES : certains COGES sont quasi inexistant (fuite) et se résume au seul ICP toujours au poste,

3. Le faible appui des PTF

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4. L’insuffisance de compétences du personnel DRD, CSPS pour la gestion des intrants : le circuit des commandes MEG est connu, mais la démotivation du personnel communautaire, l’instabilité du personnel étatique engendre des besoins permanents de recyclage,

5. L’insuffisance des maintenances curatives et préventives : le matériel lourd (groupe électrogène, les appareils de laboratoire), les ambulances, les plaques solaires, les pompes à eau sont fréquemment en panne dans les centres de santé et/ou dans les villes. Ce qui réduit le temps de travail dans les centres de santé et la disponibilité de certaines prestations (examen de laboratoire, transfusion sanguine, accouchement, chirurgie)

Ces problèmes engendrent des conséquences néfastes sur le fonctionnement des services et la qualité des prestations. On constate ainsi :

1. De ruptures fréquentes en médicaments essentiels et génériques : on a constaté une rupture pour au moins un médicament traceur dans 69% des FS au Centre-Nord et 77% au Sahel,

2. Des ruptures fréquentes en intrants de prise en charge de la malnutrition (plumpy nut, plumpy sup, F75,100, bouillie CRENI, etc.),

3. Des ruptures en approvisionnement en produits sanguins labiles

4. La faible qualité et/ou inexistence des prestations de soins : les prestations médicales sont offertes par du personnel non qualifié (CRENI CHR Kaya).

5. Les multiples évacuations vers les centres éloignés,

6. L’augmentation du coût de la prise en charge des patients (paiement des évacuations a des particuliers),

7. La démotivation du personnel et des tensions avec les administrations sanitaires

8. Le non-respect de certains protocoles thérapeutiques.

Infrastructures On regroupe les infrastructures sanitaires et les abris (tentes) des PDI dans les zones déplacées. On a constaté une insuffisance en abris pour les déplacés et des centres de santé vétustes et inadaptés. L’analyse montre que 55% des bâtiments sont dans un état défectueux (moyen et mauvais) avec un besoin en réfection urgente pour 11%.

Les causes de cette situation sont liées :

1. Pour les centres de santé : a. La faible capacité financière des COGES, b. La non-exécution des budgets des mairies, c. La mauvaise gestion des fonds publics,

2. Pour les abris ou logements des populations déplacées : a. Une insuffisance en abris pour les PDI, b. Le faible appui des PTF

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c. L’insuffisance des moyens de l’Etat

Ces préoccupations engendrent de nombreuses difficultés dont les principales sont entre autres :

1. Les conditions de travail inadéquates,

2. La faible qualité des services,

3. Le risque de survenue d’épidémie,

4. Une morbidité inquiétante dont les principales pathologies relevées sont : malnutrition des enfants déplacés et des femmes enceintes, des maladies diarrhéiques, des infections respiratoires aigües, le paludisme, la dengue et les IST,

5. Une mortalité infantile et maternelle au sein des communautés déplacées,

6. La persistance de tensions au sein des communautés (PDI et locales). Le problème d’infrastructures est perceptible dans les services de pédiatrie des CHR et CMA mais aussi dans les dispensaires des CSPS.

EAH / WASH L’hygiène et assainissement est totalement défectueux sur les sites de déplacés mais aussi dans les centres de santé.

1. Dans les centres de santé : Les résultats de notre exploration montrent une moyenne de 5 toilettes fonctionnelles par FS mais presque non séparée en homme/femme dans 95% dans les formations sanitaires. La disponibilité en eau est confirmée dans seulement 35% des formations sanitaires et une prédominance des forages (88%). Les principales pathologies vues en consultations dans (profil épidémiologique) dans les formations sanitaires notent le paludisme, les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires aigües, les maladies de la peau et les IST.

2. Dans les communautés hôtes : En dehors de la ville de Kongoussi qui dispose d’une adduction en eau courante (ONEA), les villages sont approvisionnés par les forages et les puits à grand diamètre. Ces bornes fontaines sont situées entre 1-3 km et sont utilisées par les femmes et les enfants. On note 4 forages pour 2.000 habitants à Bourzanga et 3 forages pour 15.000 habitants à Bourzanga et 1 forage pour 1.000 habitants à Namsiguia. Pour l’élimination des déchets, les populations disposent de latrines familiales a Kongoussi, Bourzanga et Namsiguia mais il n’y a pas de système de canalisation des déchets. Des groupements de femmes s’intéressent cette activité dans la ville de Kongoussi.

3. Dans les sites de déplacés : L’évaluation montre une moyenne de 10l/personne pour l’approvisionnement allant de 10litre/personne au site informel du secteur 2 de Bourzanga et 27litre/personne au site informel de Cheik Yiri de Namsiguia. Les sites de Kouka de Kongoussi disposent de 3 robinets et celui du Lycée départemental de Bourzanga avec une pompe permettent un approvisionnement sur place des populations déplacées. Pour le reste, les populations déplacées s’approvisionnent dans les écoles ou dans les villages environnement (1-5km). Pour l’élimination des déchets (corporels et usagers), les populations déplacées sur les sites du Lycée départemental de Bourzanga et de Nienmega Mossi utilisent les latrines des

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établissements. Sur les autres sites, il s’agit des éliminations dans la nature avec les risques d’éclosion et de propagation des maladies.

Les causes notifiées au cours de la mission exploratoire sont : 1. La faible implication des autorités locales (COPROSUR), 2. L’insuffisance de dotations, 3. Les milieux inappropriés (arbres, ruelles, abords des voies, écoles), 4. L’insuffisance d’approvisionnement en eau dans les centres de santé.

Les conséquences sanitaires sont énormes et les principales craintes porte sur : 1. Un risque accru de survenu d’épidémie : cholera, IRAS, dengue 2. Une morbidité dont les principales pathologies relevées sont : malnutrition des enfants déplacés et des femmes enceintes, des maladies diarrhéiques, des infections respiratoires aigües, le paludisme, la dengue et les IST, 3. Une mortalité infantile et maternelle au sein des communautés déplacées,

On note que dans les zones du Sahel et du Centre –Nord, l’approvisionnement en eau de la structure nationale ONEA est quasi problématique depuis de longues années dans les ménages et dans les centres de santé. Certains centres de santé paient des factures alors qu’il devrait en être exempt car prise en charge par le budget de l’Etat et/ou des communes.

Pour les PDI, les interventions des ONG sont ponctuelles et en deca des attentes des populations bénéficiaires : moins de 20l/personne/semaine pour boire et assurer la propreté personnelle etc. les PDI utilisent surtout les latrines publiques des écoles qui sont très insuffisant et non entretenus.

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PROFIL DE LA POPULATION CIBLE La mission exploratoire s’est focalisée sur les régions du Sahel et du Centre-Nord. Les données recueillies notent que les formations sanitaires visitées couvrent une population totale de 1.376.507 personnes avec 44.764 enfants de moins d’un an et 163.478 enfants de 1-4 ans. Pour les personnes déplacées, les données auprès du COPROSUR et des autorités locales montrent que 76.812 personnes résident dans les sites formels et informels avec 874 enfants de moins d’un an et 2135 enfants de 1-4 ans.

Populations déplacées Le pays enregistre à la date du 17 octobre 2019, plus de 800.000 personnes affectées par l’insécurité avec 486.360 déplacées qui pourrait atteindre 650.000 d’ici à fin 2019 selon le ministère de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire. On note que en général 99% de ces déplacées sont accueillies dans les familles et 1% dans les sites officiels. En revanche, la région du Centre –Nord accueil 55.61% des PDI (équivalent à 270.476 personnes) avec la ville de Kongoussi comme point d’orgue récent6.

La collecte des données de la mission exploratoire sur l’axe Kongoussi-Bourzanga- Namsiguia note les résultats dans le tableau ci-dessous. Les populations sont constituées à majorité de femmes et d’enfants sur les différents sites, ce qui expliquent la précarité des patients à prendre en charge.

Populations Sites/Sites Commune Hommes Femmes Enfants Total secteur 1 secteur 5 50 Kongoussi Kouka 355 Sankonde 133 Niemega Mossi 112 Ecole B 88 135 331 614 Secteur 2 1362 Lycée Dép. 152 287 659 1098 Bourzanga Secteur 1 256 407 882 1545 secteur 3 321 475 682 1418 secteur 4 108 163 427 698 Dafelga 336 427 1393 2152 Selgue 193 279 617 1089 Namsiguia Yenmega 494 601 1423 2418 Cheik Yiri 272 384 948 1604 Total 14,648

Populations hôtes ou communautés de Kongoussi, Namsiguia et Bourzanga C’est une population a majorité Mossi (ethnie majoritaire au Burkina Faso) mais avec d’autres ethnies présentes telles que les peulhs, yadcè. La zone a une bonne couverture en réseaux de communication des téléphoniques mobiles du pays (Telecel, Telmob, Airtel) et permet une communication entre les usagers. La population pratique l’agriculture traditionnelle et subi les aléas climatiques (sècheresse, inondations). Des marches existent dans les villages et permettent les échanges commerciaux avec une certaine stabilité des prix des denrées alimentaires (riz = 400 FCFA, huile = 800FCFA, sucre = 600FCFA). Les déplacements sont possibles entre les villages et les villes à travers des moyens usagers (vélos, motos, voitures) sur des pistes rurales et des routes départementales. Ces routes

6 https://lefaso.net/spip.php?article92609

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sont difficilement praticables en saison pluvieuse et augmente le risque d’insécurité pour les usagers. Dans ces zones on dénombre des infrastructures scolaires (écoles, collèges et lycées) qui facilitent l’éducation des enfants. Mais comme ci-dessus cites certaines écoles font office de sites de refugies et menaces l’année scolaire 2019-2020.

ZONE D’INTERVENTION La zone représente le district sanitaire (souvent compos par plusieurs districts administratifs), entité opérationnelle du ministère de la santé. Chaque zone est composée des centres/postes de santé (CSPS, CM, CMA, CHR, CS), des sites de déplacés (formels et informels) et de la communauté hôte.

Les zones qui ont été objet de cette phase exploratoire peuvent être résumées comme suit : Zone 1 : Kongoussi Zone 2 : Dori Zone 3 : Sebba Zone 4 : Tougouri Zone 5 : Djibo Zone 6 : Gorom-Gorom Zone 7 : Kaya

Nous avons retenu une axe / zone d’intervention couvrant un district sanitaire et trois communes.

Axe 1 : Kongoussi – Bourzanga - Namsiguia (en bleu dans la carte)

REGION SANITAIRE DU CENTRE-NORD DISTRICT SANITAIRE DE KONGOUSSI

DS: District sanitaire

CHR: Centre hospitalier régional Le CHR de Kaya est la formation sanitaire de CMA: Centre médical avec antenne chirurgicael référence dans la région et le point focal pour les CM: Centre médical évacuations médicales CSPS: Centre de santé et de promotion sociale

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Il est situé dans la région du Centre –Nord récemment en proie à des attaques sporadiques. C’est une zone vierge en intervention humanitaire depuis le début de l’actuelle crise où Kongoussi porte la marque de déplacés récents. La ville de Kongoussi est située à 110km de la capitale Ouagadougou, abrite actuellement plus de 45.000 déplacés des fin septembre 2019. Les centres de santé de la ville se sont déjà organisés pour la prise en charge des déplacés qui sont logés pour la plupart dans des sites informels. Des initiatives locales (communautés locales, personnel de sante) sont entreprises pour assurer une prise en charge des PDI mais reste en deca des normes et attentes vis-à-vis de la situation.

Le CM de Bourzanga et CSPS de Namsiguia relève du district de Kongoussi et facilitent aussi la coordination avec les autorités sanitaires des interventions sur cet axe et la gestion des éventuels patients à prendre en charge. Ces deux centres médicaux fonctionnent à minima. Le centre médical diocésain du Bam (CMDB) assure les références en tenant compte de la philosophie religieuse. Sur l’axe retenu on dénombre dix (10) centres de santé.

Centres de santé périphériques : ils sont aussi appellés Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) ou Centre médical (CM) lorsqu’il y’a la présence d’un médecin. ▪ On compte 6 CSPS à Kongoussi (secteur1, secteur 5, Kora, Boalin, Loaga et Kouka), et un CSPS à Namsiguia. Les CSPS du secteur 1, 5 et de Kora sont les plus fréquentées par les populations déplacées. Dans ces centres la gratuité d’accès aux soins de santé a été dictées par les responsables du ministère de la santé. Le CSPS de Namsiguia ne dispose qu’un seul agent et fonctionne à minima et uniquement la journée. ▪ On compte trois CM : le CMA de Kongoussi, le Centre Médical Diocésain du Bam (CMDB de Kongoussi) et le CM de Bourzanga.

Le CSPS du secteur 5 gère avec le CSPS du secteur 1 les populations déplacées et locales de la ville de Kongoussi. Les CSPS du secteur 1 et le CSPS de Kora sont les plus fréquentés par la population déplacée. Le CSPS de Namsiguia ne dispose que d’un seul agent et fonctionne à minima et uniquement la journée. Le CM Bourzanga situé dans la commune rurale de Bourzanga dispose de 2 médecins généralistes. Il fonctionne à minima de 7h30 – 18h30. Les malades sont donc libérés à la fin de la journée pour être réadmis le lendemain. Aucune urgence ne peut être prise en charge durant la période de fermeture. Le Centre médical avec Antenne chirurgicale (CMA) de Kongoussi est le centre de référence de tous les centres périphériques du district sanitaire. Il est sous la responsabilité du médecin – chef du district. Il offre le paquet complémentaire d’activités suivant ses attributions et dispose d’un bloc opératoire et d’un laboratoire.

Nombre des sites / communautés : Malgré la majorité des déplacés soit observée dans les mieux urbains et périurbains et au delà de trois communautés d’accueil de Kongussi, Bourzanga et Namsiguia, c’est important mentionner la présence de sites informels ainsi que des communautés hôte rurales et semi-rurales.

Kongoussi 03 Sites informels : Kouka, Sankonde et Niniega Mossi 05 Communautés hôte : Kouka, Kora, Loaga, Niniega Mossi et Nambiguia

Bourzanga 06 Sites informels : Sites 1 et 2 du Secteur 1, Secteur 2, 3, 4 et 5 07 Communautés hôte : Boulounga, Secteur 1, 2, 3, 4 et 5, Barbouli

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Namsiguia 04 Sites informels : Dafelenga, Selgue, Yenmaga, Cheikh Yini et Ranssin 01 Communauté hôte : Namsiguia

TOTAL : 10 centres de santé, 3 communautés urbains/périurbains d’accueil, 13 sites informels de déplacés et 12 communautés rurales/semi-rurales d’accueil.

APPROCHE ET METHODOLOGIE D’INTERVENTION Cadre stratégique Le Burkina Faso traverse ainsi une crise sécuritaire et de protection devenue complexe. Les interventions proposées par MdM-F viseront les besoins sanitaires prioritaires des populations sur la base de leurs vulnérabilités avec un accent sur les conséquences humanitaires en croissance dans les zones touchées par l’insécurité. La réponse s’exercera dans le cadre de cohabitation entre les activités humanitaires et de développement/redressement rapide avec la perspective de réduction des besoins immédiats et de renforcement de solutions durables. Ce processus visera, enfin, à travers un renforcement des capacités des acteurs étatiques, et des organisations de la société civile qui devront prendre le relais à la fin de l’urgence et sur le long terme. La réponse humanitaire d’urgence se fera dans la perspective de l’opérationnalisation du nexus Humanitaire-Développement en s’inscrivent dans une logique d’appui aux structures et systèmes du ministère de la sante burkinabè et en renforçant les capacités déjà existantes

Axes d’intervention Axe n.1 [Urgence – Redressement rapide]: Renforcement des mécanismes et activités d’éducation et promotion de la santé, de la prévention et de la prise en charge au niveau communautaire. Cela comprend la prise en charge des cas de maladies aigues, des cas chroniques et des blessés parmi les personnes déplacées et les communautés hôtes.  L’accès des populations (déplacées et hôtes) a des services de soins de santé primaire gratuits et de qualité est amélioré à travers le support / appui aux structures étatiques  SSP intégré (Nutrition, SSR, SMSPS, surveillance épidémiologique et référencements)

Axe n.2 [Urgence – RRM & Cliniques Mobiles]: Réponse rapide et adéquate aux besoin des populations déplacés, hôtes et/ou dans les zone d’insécurité. Cet axe prévoit un paquet SSP avec un volet nutritionnel, NFI et SSR. Dans un premier temps, l’intervention se concentrera sur la mise en place des cliniques mobiles avec un focus que sur le volet médical.

Axe n.3 [Protection] : Protection des populations vulnérables et /ou des survivant/es de violences liées au genre à travers une assistance psychologique, matérielle, juridique et médicale à base communautaire.

Axe n.4 [Recherche et Capitalisation] : modelisation d’un dispositif d’urgence-redressement rapide avec un interes specifique pour les questions qui concernent les VLG mais aussi le système de gratuite des soins.

La premiere phase de la reponse (6-12 mois) prevoit la mise en ouvre des axes 1 et 2. Le volet protection sera integré pour ce qui concerne l’assistence psychologique et medicale.

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Une logique d’intervention modulaire et son approche operationnelle La logique d’intervention prévoit le renforcement du système de santé (y compris la réouverture des structures sanitaires si et quand possible, la formation du personnel de santé, l’appui aux ASBC et la réhabilitation et maintenance des structures) a traves la mise en place d’un système d’alerte, l’offre d’un paquet minimum humanitaire et l’amélioration de l’offre de soins d’urgence. Il s’agit d’une offre des soins de santé primaire (SSP) intégrée qui comprend la santé sexuelle et reproductive (SSR), la nutrition, la santé mentale et le soutien psychosociale (SMSPS).

Dans le cadre de l’appui au système de santé national et du soutien aux centres de santé existantes, et en ce qui concerne la capacité de réponse en situation d’urgence sanitaire et nutritionnelle, les dispositions devront permettre la fourniture aux personnes vulnérables de kits essentiels de soins de santé primaires et du Paquet Minimum d'Activités (PMA), en y intégrant des kits de Prophylaxie Post-Exposition (PEP) pour les cas de VLG, des kit d’urgence pour les soins obstétricaux et néonataux (SONU), des kits de couverture vaccinale afin de réduire la mortalité et la morbidité.

L’assistance d’urgence et de relèvement en santé pour les personnes affectées par les conflits, es développera en permettant l’accès des services de santé à toutes les communautés dans le besoin (déplacées et hôtes) avec une attention particulière aux groupes les plus vulnérables et aux communautés à risque. Dans une optique respectueuse des principes humanitaires et sensible au conflit, on envisage participer directement et indirectement à la réduction des tensions et des violences intercommunautaires en mettant l’accent sur l’accès, la distribution et l’offre qualitative, gratuite et équitable des services de soins qui promotionnent la cohabitation pacifique.

La réponse humanitaire d’urgence prévoit l’activation d’un mécanisme de réponse rapide (RRM) aussi à travers la mise en place de cliniques mobiles. C’est un mécanisme de dernier recours, activable seulement en cas de déplacement de populations et dont objectif c’est de pallier l’absence d’agents de sante étatiques. Il se développe à travers l’activation d’un système d’alerte précoce (veille humanitaire), des évaluations rapides de besoins, la coordination et la réponse d’urgence. Le RRM est intégré dans le dispositif des cliniques mobiles pour assurer la référence rattaches au ministère de la sante et pour éviter les risques de substitution lies à la création de système parallèles.

Centralité et transversalité de la protection. Un accent particulier sera mis sur le renforcement des capacités des structures de soins en prise en charge médicale et SMSPS, petit équipement, matériel, médicaments et kits obstétricaux d'urgence. De nouvelles mesures de soins mobiles seront mises en place pour les populations ayant des difficultés d'accès. Actions visant à restaurer la dignité et à soutenir les personnes vivant avec les effets des violations afin de créer un environnement favorable au respect des droits. Enfin, se poursuivra et encouragera le renforcement des capacités du personnel local mais aussi la formation des acteurs de la société civile et des structures étatiques en vue de favoriser la pérennité et l'autonomisation vis-à-vis le dépistage, référence et prise en charge de cas de malnutrition, VLG et détresse psychosociale.

Type d’interventions retenues Cinq macro types d’intervention sont retenues :

Intervention 1a : Renforcer les centres de santé en personnel clinique

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Pour cette intervention sera mise en œuvre au CSPS Namsiguia et au CMA de Kongoussi afin d’assurer la continuité de l’offre de soins de qualité et alléger le travail des équipes fixes.

Cette intervention permettra de diminuer la charge de travail des agents et d’améliorer la qualité de prestations cliniques en renforçant le nombre du personnel de santé tel et comme décrit dans le tableau ci-dessous.

Centre de IDE SFE AISHC Médecin Médecin Médecin Observations santé gynécologue anesthésiste pédiatre

CSPS 2 2 1 - - - Assurer le fonctionnement optimal du CSPS en appui au Namsiguia seul agent encore sur place

Appuyer le dispositif des CMA - - - 1 1 1 services de maternité, du bloc opératoire et de la pédiatrie. Kongoussi Cela devrait réduire les évacuations vers le CHR Kaya (route très impraticable) ou vers le CHU-YO de Ouagadougou (saut de ligne) Total 2 2 1 1 1 1

Intervention 1b : Renforcer les centres de santé en stratégie avancée Pour assurer les prestations cliniques en modèle stratégie avancée, nous estimons que trois équipes mobiles (Kongoussi, Namsiguia et Bourzanga) pourraient assurer les prestations dans les communautés, les sites formels/informels et appuyer les centres de santé.

Chaque équipe mobile sera composée de trois ou quatre agents : ▪ Un médecin généraliste : en tant que responsable de l’équipe, il assure les consultations médicales, les références/évacuations des malades et le suivi des malades chroniques. ▪ D’un (e) infirmier (e) (IDE) qui va assurer les soins infirmiers, le remplissage des outils, la vaccination et les pansements usuels. ▪ Une sage-femme d’Etat ou maïeuticien d’Etat (SFE) va assurer les consultations prénatales, les consultations nourrissons sains, les dépistages des lésions précancéreuses féminins et le remplissage des outils. ▪ Un agent itinérant de santé et hygiène communautaire (AISHC)

Equipe IDE SFE AISHC Médecin Observations Mobile Généraliste Responsable des sites de Kouka, Sakonde, Niemega Mossi Kongoussi 1 1 - 1 et dans la ville de Kongussi. Elle assure un appui au CSPS du secteur 1 et 5 mais aussi au CMDB et CMA de Kongoussi

Bourzanga 1 1 1 1 Responsable des sites du secteur 1 (1 et 2), du secteur 2, 3 et 4 mais aussi d’offrir des prestations aux communautés hôtes.

Namsiguia 1 1 1 1 Responsable des prestations cliniques dans les sites de Dafelenga, Selgue, Yenmega et Cheikh Yiri. Appui aux CSPS de Namsiguia. Total 3 3 2 3

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L’équipe devrait impérativement avoir une femme afin de gérer -inter alia- les questions de violences liées au genre et éthiques lies au contexte.

Equipe Sites/ Sites Communautés Lien avec CSPS / mobile CM Nom Populatio Nom Populatio n n Kouka 355 Kouka 5.101 CSPS Kouka Kora 6.633 CSPS Kora Equipe 1 : Loaga 8.602 CSPS Loaga Kongoussi Sankonde 133 CSPS Boalin Niniega Mossi 112 Niniega Mossi 1.000 CSPS Secteur 1 Nambiguia 500 CSPS Secteur 5 Secteur 1 Secteur 1 29.079 CSPS Secteur 1 Secteur 5 45.000 Secteur 5 15.318 CSPS Secteur 5

Boulounga Secteur 1 Site 1 & 2 614 Secteur 1 Equipe 2 : Barbouli 1.900 CM Bourzanga Bourzanga- Namsiguia Secteur 2 1326 Secteur 2 Secteur 3 1418 Secteur 3 Secteur 4 698 Secteur 4 & 5

Equipe 3 : Dafelenga 2.152 Namsiguia Selgue 1.089 Namsiguia 15.016 CSPS Namsiguia, Yenmaga 2.418 Cheikh Yini et 1.604 Ranssin

Intervention 2 : Doter en médicaments, intrants et équipements Cette intervention sera utile pour tous les centres de la santé au regard de la faible capacité financière des COGES et de l’absence d’exécution des crédits délégués au sein des mairies et des districts sanitaires. 2.1 Dotations en médicaments : Prise en charge du paludisme, des Infections Respiratoires Aiguës, des maladies diarrhéiques, de la malnutrition et des Infections Sexuellement Transmissibles, kits pour les maladies a potentiel épidémiques.

2.2 Dotations en intrants : réactifs de laboratoires, TDR paludisme, TDR dengue, etc.

2.3 Dotations en équipements : Petits équipements médicotechniques (tensiomètre, thermomètre, pèse-personne) et matériels lourds (ex. des autoclaves pour le CM de Bourzanga, le CSPS de Namsiguia et idéalement le CMA de Kongoussi ; ambulance/véhicule d’évacuation pour le CM de Bourzanga).

Intervention 3 : Renforcer les compétences des agents de santé Les principales rubriques envisagées pour les formations sont en lien avec les pathologies des groupes cibles (mère et enfant) qui augmente la morbi-mortalité et l’épidémiologie dans les zones retenues : a. SONU (Soins Obstétricaux et Néonatal d’Urgence)

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b. PCIME / REC (Prise en Charge Intégrée des maladies de l’enfant / Registre Electronique de Consultation) c. Prise en charge de la malnutrition d. Prise en charge des cas VLG e. Prise en charge des IST / SIDA f. Prise en charge des SMSPS

A titre indicatif, le tableau ci-dessous décrit et met en lien les différents types de formations avec les personnels de santé présents dans chaque formation sanitaire.

Types de formation (modules) Centre de santé SONU PCIME/REC prise en charge de Prise en Prise en la malnutrition et charge des charge des SMSPS cas VLG IST/SIDA Secteur 1 28 agents 44 agents 60 agents 10 agents 50 personnes Kongoussi (2 sessions (4 sessions (3 sessions de 20) (2 sessions de Secteur 5 de 20 de 11 25) Kongoussi personnes) personnes) CMA Kongoussi CM Namsiguia 5 médecins CM Bourzanga généralistes

Intervention 4 : Assurer l’exemption de paiement au profit des populations déplacées en suivant le modèle de gratuité des soins en application des mêmes tarifs tel et comme décrit à titre exemplatif dans le tableau ci-dessous.

Centre de santé Enfant de de Enfant de moins de cinq Consultation adulte plus 5 ans ans (200f/CCI ; 500F/cs médecin) (700/enft) Accouchement femme N=nombre moyen/mois Secteur 1 Kongoussi 3.000 1.800 Secteur 5 Kongoussi 3.000 1.600 CMA Kongoussi 200 Gratuit sur l’ensemble du 300 CM Namsiguia 3.000 territoire national 1.400 CM Bourzanga 2.000 2.000

Intervention 5a : Réhabiliter les structures de soins dans les centres de santé retenus. Ces réhabilitations concernent les CSPS du secteur 1 et 5 et du CMA de Kongoussi, le CM de Bourzanga et le CSPS de Namsiguia. Il s’agit de d’améliorer les conditions d’accueil des usagers et les conditions de travail des agents. Dans les centres périphériques la question d’adduction en électricité solaire pose d’énormes difficultés dans la fourniture de soins surtout les nuits et obligent les agents à fermer ou fonctionner à minima.

Centre de santé Types de réhabilitations CSPS Secteur 1 Kongoussi Equipement en système solaire CSPS Secteur 5 Kongoussi Latrines personnel et usagers CMA Kongoussi Maternité Pediatrie Bloc operatoire

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Laboratoire Medicine General CM Bourzanga Maternité Hospitalisation Pédiatrie Latrines CSPS Namsiguia Maternité Dispensaire DMEG

Intervention 5b : Maintenance des équipements lourds dans les centres de santé retenus Il s’agit principalement des groupes électrogènes, plaques solaires, forages, électricité. MDM interviendra à travers les structures étatiques présentes (district, centres de santé, autorités communales) sous forme d’intervention intégrée au système de santé de district. Il ne sera pas question de se substituer au rôle et responsabilité de l’Etat ni de mettre en place des programmes verticaux.

Centre de sante Types de maintenance et dotations prévues CSPS Secteur 1 Kongoussi Système de Plaques solaires CSPS Secteur 5 Kongoussi Système de Plaques solaires CM Bourzanga Système de Plaques solaires CSPS Namsiguia Système de Plaques solaires CMA Kongoussi Groupe électrogène (88KVA)

La coordination sera assurée par les équipes locales de MDM dans les différentes zones en étroite collaborations avec les autorités locales. Des outils de collecte et de suivi de données sera mises à la disposition des acteurs afin d’assurer une visibilité des activités de terrain et une redevabilité a tous les niveaux de la chaine de gestion.

Justification de la proposition d’intervention

La proposition d’intervention envisage répondre aux besoins médicaux et socio-sanitaires des populations hôte et déplacées impactées par la crise sécuritaire dans la région du Centre-Nord.

La réponse d’urgence prévoit être encadrée dans le nexus urgence => redressement rapide =>développement afin de répondre rapidement aux besoins des populations dans une optique de long terme qui prenne aussi en considération les facteurs et fragilités préexistantes à la crise et soutienne le système et les structures de santé étatiques.

La zone d’intervention du district sanitaire de Kongoussi a été récemment impacté par la présence des déplacés et n’a pas été encore ciblé par les acteurs humanitaires.

L’approche envisage rétablir une offre complète et intégrée des services de soins de santé primaires au bénéfice de populations hôte et déplacées à travers le renforcement des centres de santé, de leur personnel, dotations et infrastructures.

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