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Téoros Revue de recherche en tourisme

Entre inertie et dynamisme touristique Le cas parisien Édith Fagnoni and Colette Aymard

Les villes capitales Volume 21, Number 1, Spring 2002

URI: https://id.erudit.org/iderudit/1071532ar DOI: https://doi.org/10.7202/1071532ar

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Publisher(s) Université du Québec à Montréal

ISSN 0712-8657 (print) 1923-2705 (digital)

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Cite this article Fagnoni, É. & Aymard, C. (2002). Entre inertie et dynamisme touristique : le cas parisien. Téoros, 21(1), 4–11. https://doi.org/10.7202/1071532ar

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Entre inertie et dynamisme touristique le cas parisien

Edith Fagnoni et de consommation touristique a ouvert au rattacher à l’aire parisienne les nouvel les Colette Aymard tourisme urbain de réelles perspectives de formes touristiques du XXIe siècle, désor­ redéveloppement. Le nouveau rapport à mais incontournables, tel le parc d’attrac­ la mobilité a permis de renouer des liens tion Disneyland excentré dans F Est aris, la force expressive de son nom entre le tourisme ci la ville, alors que la parisien à Marne la Vallée ( 12 millions de évoque d’emblée le rayonnement in­ massification du tourisme avait eu ten­ visiteurs par an) ? Comment dépasser, sans Pternational de la capitale auquel participdea nce à considérer la ville comme seul pôle les nier, des images restées souvent figées, la réalité économique du tourisme pari­ émetteur de touristes. Les métropoles se afin de conquérir de nouvelles clientèles, sien : 26 millions de visiteurs par an* ré­ repositionnent ainsi dans leur fonction notamment les jeunes et les touristes en partis en 16 millions d’étrangers cl 10 réceptrice. La ville est devenue la première provenance de marchés émergents (Amé­ millions de français ; et 10 millions de destination du tourisme de courte durée ; rique du Sud, Asie (hors Japon), cl Europe visiteurs supplémentaires pour T Ile de elle s'affirme comme territoire spécifique de F Est) ? France dans sa globalîLé. Saris conteste, de consommai ion touristique cl devient l'image touristique parisienne s'est cons­ destination à part entière. De plus, on Dans le triptyque habituellement utilisé truite autour de toute la symbolique urbaine soulignera la non-saisonnalité du tourisme pour classer les formes de tourisme urbain de la capitale : les monuments. Pôle inter­ urbain, résultant d’une complémentarité (affaires, réunions, congrès ; agrément, national du tourisme (131 000 emplois temporelle entre tourisme d’affaires hors culture, distraction : autres motivations salariés directs, soit 10 % des emplois de période estivale et en semaine, et tourisme personnelles), nous limiterons le champ Paris, près de 15 % de remploi touristi­ d'agrément durant les week-ends et les de l’analyse au tourisme de loisirs. Cer­ que national et environ d milliards d’euros vacances. tes le tourisme d'affaires, qui englobe les de retombées économiques), Paris exerce secteurs distincts des congrès, des foires une fascination certaine. Il en résulte un L'objet de cette réflexion n'est pas de et salons, des voyages de motivation (ap­ tropisme parisien établi, confortant le rôle confirmer le rôle touristique des villes, pelés incentives)T des séminaires d’entre­ de métropolisation touristique de Paris, cl mais de vérifier ce rôle de vil le-destina­ prises et des réunions d'affaires, est un des P image d’une ville prestigieuse. Paris, pour tion à travers l’exemple de Paris, La no­ piliers du tourisme urbain en général et ses fonctions politiques, économiques, toriété et l'identité de la capitale repose plus particulièrement à Paris ; la capitale financières, culturelles, intellectuelles, sur ua patrimoine social et culturel accu­ occupe pour la vingt deuxième année possède des équipements de premier plan mulé au cours de l’histoire, et apparaît consécutive la première place mondiale en pour le tourisme, en particulier des réseaux d’emblée sur le plan touristique comme matière de congrès. Mais c'est le tourisme de communication denses et efficaces, et une ville-destination. Mais dans un con­ de loisirs qui se nourrit le plus des stéréo­ une hôtellerie diversifiée et de grande ca­ texte de concurrence accrue - Paris qui typés de Paris et forme le gros des ba­ pacité (voir TVcWi- article de G. Gazes dans évoque à la fois l'héritage d’une France taillons de touristes fréquentant la capi­ ce même numéro). autocentrée et une métropole de plus en tale. Nous vérifierons donc comment les plus ouverte sur l’Europe - l’évidence de politiques tendent à développer le tourisme La réflexion sur les nouveaux temps so­ la destination touristique de Paris ne suffit de loisirs en terme d'attraction, d’accueil, ciaux portée par la dilution du travail dans plus. De plus, les attentats du 11 septembre voire de fidélisation. le temps, associée à l’augmentation du 2001 ont souligné la vulnérabilité du sec­ volume de temps libre et à la bataille de teur touristique. Comment satisfaire et lu vitesse, conforte la politique des courts fidéliser des clientèles au comportement Splendeur et clichés séjours et implique de nouveaux rapports varié ? Comment dynamiser l’image du d'une ville-musée à l’espace. Cette rapide et profonde mo­ Paris traditionnel qui s’oppose désormais Si Paris est devenu le premier centre tou­ dification des comportements en matière à un tourisme multi-facettes ? Comment ristique de France, il le doit en premier lieu à son patrimoine architectural et culturel. actions et aux stratégies cumulées qui ont léon 1er et la pyramide de verre éclaire de Les siècles ont façonné Paris. Il en résulte contribué à construire et à consolider sa la lumière du XXe siècle les collections du des images phares bien connues : Paris vocation de capitale politique, économique musée. Le visiteur découvre, sur la rive ancienne Lutèce, aujourd’hui capitale et culturelle. Paris a traversé l'Histoire, gauche, le musée d'Orsay, réhabilitation politique cl intellectuelle ; Paris avec ses s’est transformé voire embelli et profite de l’ancienne gare du XIXe siècle qui abrite îles» île de la Cité ou île Saint-Louis : Paris désormais de son patrimoine. C’est pour­ depuis 1986 des collections artistiques sur Seine, avec ses ponts ; Paris port flu­ quoi il ne s’agit pas de passer en revue toute couvrant la période 1848-1914, période au vial ; Paris avec ses collines. , l’histoire de Paris, mais de comprendre cours de laquelle on retient symbolique­ Ménilmontant, Sainte-Geneviève : Paris l’importance des images qui agissent sur ment les œuvres impressionnistes qui ont universités ; Paris musées ; Paris monu­ l’imaginaire du visiteur. établi sa réputation. Précisons que l’aspect ments ; Paris luxe ; Paris flonflon ; Paris industriel de la gare (verre et métal) a été gastronomie ; Paris shopping ; Paris nighl volontairement caché à l’extérieur par une and day. Ix touriste pourra, à sa guise, La Seine, un défilé architectural façade monumentale inspirée du , puiser dans la polyvalence thématique de La promenade le long de la Seine est un afin de satisfaire aux exigences esthétiques Paris les prétextes de sa visite et perpétuer parcours obligé du touriste venant pour la de cet élégant quartier. La passerelle pié­ le sentiment d’une éternelle découverte, première fois à Paris. Elle lui permet de tonnière de Solférino le relie au jardin des voire redécouverte. C'est un Paris infini traverser la ville et d’apercevoir un pano­ Tuileries sur la rive droite. Un cadre de aux multiples facettes et aux multiples rama aussi varié qu'imposant. La majo­ nature, redessiné par Le Nôtre qui en a fait parcours. Les arguments ne manquent pas rité des monuments de Paris se trouvent un chef-d’œuvre classique, complète la vie pour faire de cette métropole un pôle tou­ le long de la Seine ou dans ses environs élégante. Le visiteur arrive alors au Palais- ristique incontournable. Paris a donné immédiats. Il semble qu’aucune autre cité Bourbon (actuelle Assemblée nationale), naissance et continue à donner naissance européenne ne sc définisse à ce point par édifice du XVIII siècle regardant vers la à des mythes de portée universelle. son fleuve. La relation qui l’unit à Paris . Le touriste est frappé en fait l'axe de référence de la ville. Le par ces témoignages d'une période histo­ Le développement du tourisme à Paris s’est visiteur s’émerveille devant l'île de la Cité, rique particulièrement faste, s’étendant du fait spontanément par le seul rayonnement ancien village de pêcheurs celtes, les XVIIe a la fin du XVIIIe .siècle. Puis, le par­ international de la capitale. Les forces Parisii, conquis par les Romains. Peu de cours se poursuit avec le Pont Alexandre 111 vives du tourisme parisien sont liées aux vestiges de cette époque subsistent, si ce et l’hôtel des Invalides rappelant P impor­ n'est sur la de la Seine, avec tance du pouvoir militaire sous Louis XIV. les et les arènes de Les donnes du dôme des Invalides et celles Lutèce, Cette île demeure l'âme histori­ du pont Alexandre lll attestent du rayon­ que du développement géographique de nement de la civilisation française. Paris. C'est à partir de ce lieu qu’au Moyen Âge les Capétiens décident d'agrandir la Les témoignages architecturaux qui défi­ capitale. L'île de la Cité devient alors siège lent ensuite devant le visiteur sc rattachent de l’autorité 7241 et religieuse. Le à la fin du XIXe siècle et à la première visiteur remarque la concentration des partie du XXe siècle. La France « éblouit » chefs-d'œuvre du Moyen Âge, tels la par ses grandes expositions. L’Exposition cathédrale Notre-Dame, l'ancien Palais- universelle de 1900 lègue le Grand et le Royal désormais Palais de Justice, et la . Ix visiteur découvre ensuite dont les tours témoignent de le palais de Tokyo (actuel musée d’Art su transformation en prison sous la Révo­ moderne), un des édifices construit dans lution française. Tout au long de son par­ le style néoclassique pour PExposition cours, le visiteur est sensible aux nombreux universelle de 1937. Cet ensemble est ponts qui enjambent la Seine, en particulier complété, par l’aménagement du Troca- le Pont-Neuf, premier pont de pierre sans déro avec le palais de Chaillot, aux deux habitation, ou encore le , immenses courbes dominant la Seine. La construit en fonte. Plus à l’ouest, le tou­ tour Eiffel, apogée de l 'architecture de fer riste longe, sur la rive droite de la Seine, et symbole de popularité internationale de le Louvre, joyau muséal mondial, dont la Paris, est édifiée pour l'Exposition univer­ façade monumentale souligne la force du selle de 1889. Sur la rive opposée, le vi­

La Tour Eiffel, pouvoir des souverains de la Renaissance, siteur passe devant la Maison de la Radio rue Sl-Dominique, Paris. perpétuée par les multiples transformations datant de 1963. Au pont de Grenelle, le Photo Martine Geronîmi. au cours des siècles : l' du touriste américain sourit devant la statue Carrousel célèbre les victoires de Napo­ de la Liberté, tournée vers New York et ayant servi de modèle au statuaire Bar- Une ville toujours en mouvement les éléments d'un vaste ensemble : des tholdi pour réaliser la statue érigée dans entre unité et multiplicité quartiers sont préservés, d'autres remode­ la rade de New York. Le parcours se pour­ Le rapport du territoire au temps est au lés. Paris est une ville sans cesse en mou­ suit par la découverte du Front de Seine, cœur de cette découverte anachronique de vement, s'affichant entre patrimoine et témoignage de l'urbanisme parisien mo­ la monumentalité de Paris, qui puise ses modernité. derne. composé des seize tours de Grenelle. sources dans les différents cycles histori­ Cette promenade fluviale prépare la dé­ ques. correspondant tour à tour à des L'articulation entre la ville intemporelle couverte du Paris « ville moderne ». ce­ sommets d'expansion économique, de et la ville en bouleversement passe par lui du XXIe siècle et du quartier de La centralisation politique, de certitude tech­ cette mise en perspective de l'espace Défense avec scs 80 hectares de gratte-ciel. nique. de rupture et de récession. La urbain. Les perspectives contribuent à métropolisalion grandissante marque l'es­ magnifier le pouvoir, à créer une capitale, Toutes les époques se côtoient dans ce pace. La ville évolue et, à chaque période, à unifier le Paris de toutes les époques. défilé architectural en front de Seine, avec les monuments ponctuent le temps et le Très tôt existe une réflexion sur l'amé­ un seul objectif : f affirmation de la fonc­ territoire urbain. Ils construisent l'iden­ nagement du territoire à l'échelle urbaine. tion de capitale grâce à une monumentalité tité de la ville. Paris s'accroche à scs mo­ L’origine de cette mise en perspective de mise en spectacle. L’axe horizontal de la numents. pôles d'attraction dans les quar­ Paris remonte essentiellement au Grand Seine s'oppose à la verticalité des archi­ tiers qui participent à l'élaboration d’une siècle : les Bourbons - en élevant au plus tectures et concourt à donner une impres­ entité touristique. Cette juxtaposition des haut point la monarchie absolue et cen­ sion de majestueuse unité intemporelle. La différents héritages traversés par le tou­ tralisatrice -encouragent l'embellisse­ Seine. « long fleuve tranquille ». apporte riste le long de la Seine illustre la néces­ ment de la ville. Outre le fait de se parer à ce tableau, construit par l'homme, une sité de la ville d'évoluer avec son temps, de nombreux édifices, Paris se dote d'axes douceur presque immatérielle. Le touriste de moderniser ses quartiers, afin qu'ils ré­ de circulation et d'un nouveau type de trouve ici tous les clichés d’une ville ro­ pondent a l’augmentation démographique places géométriques avec la place Royale mantique, avec ses ponts, ses îles et scs et à révolution des fonctions. Paris a (actuelle ) ou encore la jardins. Les bouquinistes au bord de la toujours eu le souci d'établir une cohérence . De nouvelles fortifica­ Seine participent à l'élaboration de cette entre patrimoine monumental et urba­ tions rive droite (actuels Grands Boule­ image d’une ville hors du temps. C’est nisme. Le développement de la ville re­ vards) permettent à la ville de s’agran­ cette splendeur, ce romantisme parisien, lègue alors la Seine à un axe monumen­ dir : de nouveaux quartiers apparaissent cette ville éternelle que louent tant d'ar­ tal et Paris se détache du fleuve pour sans dans le faubourg Saint-Honoré, l'île Saint- tistes. peintres, écrivains ou chanteurs. cesse s'étendre. Après 1945. l'évolution Louis. le Marais, le faubourg Saint-Ger­ Paris est la ville culturelle par excellence. architecturale de Paris ressemble à celle main. D'autres places organisent l'espace, L’Académie française et l'institut de de beaucoup d’autres villes : des tours et à l’exemple des places royales Louis le France éclairent de leur prestige la prome­ des barres massives et des immeubles très Grand (place Vendôme) et des Victoires. nade du voyageur sensible à l'art et à la élaborés : l'Unesco, leC.N.I.T. (Centre de Mais c'est le XIXe siècle qui transforme culture. Le défilé architectural en front de Congrès et d'Expositions). la tour Mont­ réellement Paris. Napoléon 1er souhaite Seine présente au visiteur les grandes parnasse. le Palais des Congrès. De nou­ faire de Paris une capitale digne de son étapes de l'histoire de France et célèbre veaux monuments sont érigés et leurs Empire en entreprenant de véritables Paris-berceau de la France. Paris-ville spécificités architecturales marquent le projets : il commence f Arc de Triomphe, historique par excellence. Le visiteur saisit paysage urbain. Les présidents de la Ve la Bourse, la colonne Vendôme, les ca­ la volonté des pouvoirs politiques de rat­ République ont largement contribué à naux de l’Ourcq. de Saint-Martin et de tacher culturellement la capitale à l'his­ agrandir le patrimoine monumental pari­ Suint-Denis. Mais c’est le second Empire toire universelle et à ses grands symboles : sien : le centre Georges-Pompidou, le qui transforme véritablement Paris et lui l'Obélisque, symbole de l’alliance entre Grand Louvre, l'institut du Monde Arabe, donne sa physionomie actuelle. Napo­ le cosmos et la terre, témoin des premiers f Opéra Bastille, la Grande Bibliothèque léon 111 avait confié au Baron Haussrnann idéogrammes et des progrès de la connais­ ou encore le Ministère de f Economie et la direction des travaux. L’objectif était sance ; le génie ailé de la Bastille, célébrant des Finances, en passant par la reconver­ de construire un Paris grande capitale la fin de l'autocratie et l'envolée des Droits sion des abattoirs de la Villelte en Cité des moderne, adapté aux transports moder­ de l'homme : la statue de la Liberté « mi­ Sciences et de l’industrie. Des formes nes (construction des gares), assaini et niaturisée » affirmant la victoire des grands nouvelles s’insèrent dans le paysage exis­ aéré de jardins (2 000 hectares de parcs combats idéologiques et le lien indéfec­ tant. C'est dans cette alliance du passé et et de jardins, depuis les bois de Boulo­ tible entre ancien et nouveau monde. Ce du futur que le touriste puise et repuise les gne et de Vincennes jusqu’aux petits Paris immuable est celui des prospectus prétextes de sa visite. L'art architectural squares, en passant par les parcs des publicitaires. C'est le Paris « cliché » s’élargit et il devient, à part entière, élé­ Buttes-Chaumont et de Montsouris). qu'attend le touriste. C’est le Paris monu­ ment d'urbanisme et de paysage ; les Haussrnann « aéra » Paris en implantant mental figé le long de la Seine. édifices sont de plus en plus conçus comme des places d'où rayonnent de grandes

PiifllEHpS W percées, telles la place de f Étoile, la place moderne avec l'utilisation de l'acier et du nation riche d’un passé politique, indus­ du Châtelet ou encore la place de l'Opéra béton et l'introduction de formes géomé­ triel et colonial. C'est surtout le XIXe et Garnier. Le touriste, empruntant ces triques. Des années 1920 aux années 1940, la première partie du XXe siècles qui ont grands boulevards, bordés d’arbres et Paris attire peintres, musiciens, écrivains donné à Paris ses images phares actuelles : d’immeubles en pierre de taille selon une et cinéastes venus du monde entier. Pi­ la ville Lumière, symbole de beauté, d'élé­ architecture prédéfinie et uniforme, a casso. Braque. Man Ray fondent des écoles gance et de plaisirs est née de la « révo­ l’impression de parcourir une unité archi­ artistiques. Pour les touristes, Paris de­ lution haussmannienne ». avec l'appari­ tecturale malgré la diversité intérieure des meure, à travers ses musées, ses galeries, tion du tourisme moderne ou du tourisme quartiers. Les places constituent des ar­ ses spectacles et ses concerts, une véritable de consommateurs de plaisirs. Or, ces ticulations entre les différents axes, quar­ capitale culturelle avant-gardiste et fes­ images sont nées sans que l’on ait cher­ tiers et monuments et créent des perspec­ tive. ché à développer une spécificité touristi­ tives magnifiant l’urbanisme parisien. De que. Seules les Expositions universelles, cette époque date le système d'égouts à Le touriste peut allier flânerie historique vitrines de la France et de son « empire ». Paris, autre curiosité de la ville. La Grande ou architecturale au tourisme culturel, ou ont été animées d'une certaine stratégie Arche participe à la construction des encore au shopping. Paris est une ville touristique. Le second Empire et les an­ perspectives : nième porte de Paris, elle d’affaires, une ville marchande, une mé­ nées qui ont suivi ont en quelque sorte relie le XXIe siècle à Napoléon et au tropole attractive par ses fonctions très donné à Paris les grandes lignes de sa Moyen Âge. Elle termine la plus longue diverses tant en quantité qu’en qualité. physionomie actuelle. L'opérette « La Vie perspective du monde, depuis le Louvre Cette ville sait se distinguer par la qualité Parisienne » ( 1866) d'Offenbach reflète en passant par la place de la Concorde, de ses divertissements. La gamme des celle joie de vivre du second Empire. les Champs-Elysées et F Arc de Triom­ spectacles s’étend du café-théâtre à L’image de la « ville plaisir »- notamment phe. Elle est la clé de voûte de La Défense l'Opéra, en passant par les spectacles de autour des grands cabarets parisiens - se et prolonge de quelques kilomètres l'an­ variétés et les concerts. De même, le tou­ développe. On fixe à cette époque les cien axe tri oui phal parisien. L’évolution riste peut aussi bien découvrir les artistes- stéréotypes de Paris. D'autres capitales de la ville profile à son image touristique. peintres de Montmartre que les galeries de européennes forgent leur image sur le Saint-Germain-des-Prés ou encore les même modèle, en particulier Vienne qui Paris est aussi traditionnellement la capi­ expositions hranchées de Belleville. Pa­ puise son image dans la grandeur de l'Em- tale des plaisirs et de la mode. De son ris est une ville multiple proposant toute pirc austro-hongrois. Alors qu'à l'époque héritage d’artisans maîtres d'œuvre, tels la gamme des divertissements. C'est la c’était une réalité, aujourd'hui il s’agit que menuisiers et ébénistes du faubourg capitale des loisirs et de la mode. Paris est d’une exploitation du passé ; on vit sur des Saint-Antoine, façonniers du textile des une ville « lumière » qui sc met sans cesse acquis. Ce Paris aux représentations figées rues Saint-Martin et Saint-Denis, elle a su au goût du jour pour développer et ampli­ existe. Il attire de nombreux visiteurs. Au forger sa domination dans les secteurs de fier son attraction. fond, ce sont des lieux, des atmosphères, la haute couture, de la bijouterie-joaille­ des traditions et des modes de vie (à rie et des industries du luxe. À Limage de l'exemple du bistrot parisien) qui se sont l'électricité qui, dès la fin du XIXe siècle Des images figées à dépasser codifiés et qui sont devenus des produits illumine les rues et les vitrines. Paris Mais cette ville, toujours en mouvement, touristiques. Aujourd’hui, ces clichés « éblouit ». Son rayonnement artistique, ne restitue-t-elle pas des images bien habituels sont ceux que propose le tour- culturel et intellectuel est reconnu dans le souvent figées ? C’est dans ce Paris his­ opérateur. Ils s’appuient sur des territoria­ monde entier. Les artistes viennent y vi­ torique que la ville forge ses images tou­ lités touristiques bien précises, des points vre, s'y imprègnent des nouveaux courants ristiques. Le parcours touristique le long de passage obligés, lesquels sont nourris et apportent leur talent. Paris, lieu de du fleuve confirme bien que la Seine est d’images, à l’exemple du Poulbot de foisonnement culturel et de rencontres, est la matrice de la ville. Les monuments qui Montmartre ou des bouquinistes le long un passage obligé. D'importants mouve­ la jalonnent sont la marque d’un pouvoir de la Seine. L'articulation touristique ments artistiques naissent et se dévelop­ centralisateur qui a fait de Paris sa capi­ s'élabore autour des monuments et du pent dans la capitale : les peintres impres­ tale et le symbole de sa puissance. La fleuve, lequel contribue à donner une vue sionnistes témoignent de cet avant- généralisation des pratiques touristiques stéréotypée du Paris historique. Celte gardisme. Pendant l'entre-deux-guerres, a donc bénéficié de celle longue construc­ vision « cliché? » de Paris doit se perpé­ le rayonnement littéraire et artistique de tion historique. Paris s’est imposé comme tuer : elle est souvent la raison d'une Paris dépasse les frontières et les artistes destination touristique, mais l'image du première visite à Paris. Mais parle-t-elle de l'Europe entière affluent. L’Exposition Paris traditionnel ne s’est pas construite aux jeunes générations (techno. gaine boy internationale des Arts décoratifs de 1925 avec le tourisme pour priorité. L'organi­ et autres cybcrmania) peu sensibles à l’his­ lance le style Art déco et marque un sation et la construction du Paris monu­ toire et victimes du nivellement culturel moment exceptionnel des années folles. mental, culturel et urbanistique sont le sous influence américaine ? Y-a-t-il des Le Corbusier bouleverse l’architecture résultat d’une ville opulente, capitale d’une perspectives autres que le tourisme tradi- hs îfe rapitales tionnel ? Comment renforcer et diversi­ dans cette même optique : améliorer l’ac­ touristique davantage éclatée. Au cœur des fier l'attrait du tourisme parisien ? Com­ cueil des 6 millions de visiteurs en créant stratégies : la communication, le tourisme ment fortifier le tourisme parisien ? Dans en sous-sol un accès centralisé autour de des jeunes, le rapprochement entre les un climat à la fois de concurrence et de la zone de la billetterie. associé à l’amé­ Parisiens et les touristes et le développe­ mobilité accrues, il convient de fidéliser nagement d’une salle de conférences, de ment de l’accueil. D’où la nécessité d’une la clientèle, mais aussi de capter de nou­ congres cl de spectacles, à des restaurants stratégie de communication sur l’image, velles clientèles. Comment séduire de et à une zone de chalandise. Par ailleurs, après avoir récusé les atouts et défini de nouvelles cibles ? L’évidence de la des­ un espace destiné à la vente de produits nouveaux pôles d’attraction. tination touristique de Paris ne suffit plus. dérivés manque actuellement. Ce souci de Il y a aujourd’hui un réel besoin de renou­ mise à niveau des structures anciennes vellement. Comment renouveler l'offre passe donc par une phase de « relifting » ; Créer des évènements porteurs touristique de la ville la plus visitée au il s’agit de mieux accueillir le client pour Face à ce Paris en voie de « ringardi- monde ? Si Paris est une capitale touris­ le garder plus longtemps et le pousser à la sation ». il s’agit aujourd’hui d’apporter tique. c'est-à-dire une ville phare de l’ac­ consommation. Il en est de même pour un un contre-pied à l’image du Paris touris­ tivité touristique, elle est confrontée a des grand nombre de palaces parisiens. tique traditionnel, sans cependant le nier. problèmes d’attraction, de modernisation Paris - ville monumentale, ville d’effer­ de son image et de renouvellement de ses Le rayonnement du tourisme parisien passe vescence créative, ville de pouvoir - doit potentialités. Or les stéréotypes if ont guère aussi par les établissements hôteliers de être remise à la mode. L’atout du tourisme évolué. Le tourisme s’est donc codifié et renommée, du Ritz au Georges V. en pas­ urbain étant sa pratique tout au long de souvent uniformisé et. faute d’avoir su se sant par le Crillon ou le Grand Hôtel In­ l’année, Paris souhaite devenir la ville du renouveler, s’csl contenté d'exploiter tercontinental. De réhabilitation en création « happening permanent ». Mais comment jusqu'à épuisement les stéréotypes du (implantation d’Hyatt en 1997). l’hôtel­ ancrer Paris dans la modernité ? Une passé. Face à cet immobilisme touristique, lerie de grand luxe contribue à la célébrité nouvelle stratégie de communication, de véritables stratégies de développement de Paris et participe à l’attractivité de la supposant des choix précis en matière touristiques s’imposent. Paris a besoin capitale. Les salles de concert, notamment d’identité parisienne, s’avère nécessaire. d'innover. l’Olympia, et les théâtres ont connu la Construire cette communication autour de même stratégie de remise au goût du jour. trois axes forts : le Paris « convivial », celui Paris reste une vitrine de la France, une des Parisiens, du Paris secret, du Paris De la nécessité vitrine qui se modernise, certes, tout en insolite : le Paris « branché», celui des d'une stratégie de gardant des fonctions de prestige qui lui lieux à la mode, de f effervescence des communication sur l'image valent son titre de ville de luxe. Paris métropoles en général, du calendrier festif demeure une ville qui suscite l’émerveille­ et événementiel, celui de la French fouclt ; Si Paris a étonné le monde au XIXe siècle, ment. digne d’un conte de fées. Monu­ et le Paris « carrefour mondial des cultu­ il ne s’agit pas de faire la promotion d’un ments symboles, hôtellerie de luxe, ave­ res », celui du creuset de toutes les pro­ lieu de pèlerinage. On peut se demander nues et places prestigieuses bordées de vinces de France et des nombreuses cul­ si le poids de l’héritage, atout certain du commerces de luxe - à l’exemple de l’ave­ tures étrangères. Ville de métissage cul­ tourisme parisien, n’est pas devenu, dans nue Montaigne, de la rue du Faubourg turel par excellence. Paris essaie de favo­ une certaine mesure, un handicap à son Saint-Honoré ou encore de la place Ven­ riser le brassage culturel, source de créa­ renouvellement. Il semble, depuis une dôme - renvoient à l’image de la haute tivité. Cette remise à la mode de Paris passe quinzaine d’années, que les préoccupations couture associée aux noms de Coco Cha­ donc pard e nouveaux lieux. Elle s’appuie touristiques de Paris aient été guidées par nel. de Christian Dior ou d’Yves Saint- sur la vitalité de nouveaux quartiers : Bercy une politique de mise à niveau des struc­ Laurent. Ces stéréotypes sont exploités Village, le quartier de la Grande Biblio­ tures anciennes. Paris recycle son passé jusqu’à épuisement sans réellement renou­ thèque. le quartier Oberkampf ou encore au goût du jour. Celle stratégie passe par veler ni les images, ni les lieux. La poli­ le quartier du canal Saint-Martin. Dans le divers ajustements : on repense les moda­ tique monumentale, qui se posait jus­ cadre du calendrier festif et événementiel, lités d’accueil, l’accès au monument et à qu’alors en autosuffisance touristique, ne la politique de communication et de pro­ l’équipement, à l’exemple du réaménage­ suffit plus pour capter de nouvelles clien­ motion s’appuie sur quelques événements : ment du Grand Louvre doté d’un pôle tèles. De plus, face à l’européanisation à des animations festives estivales sont central d’accueil, d’un espace commerçant grande vitesse, Paris, certes, attire les prévues le long des voies sur berges du­ et d’un espace restauration, ce qui en fait regards et les flux, mais se trouve de plus rant l’étc 2002, notamment la mise de la aujourd’hui l’un des musées les plus en plus en compétition avec d’autres villes ville à la plage (sable et palmiers devraient modernes au monde ; ou encore du Palais (Londres. Berlin. Vienne). Paris a donc recréer cette atmosphère). Ce sont aussi des Congrès, où a été repensé l’accueil du besoin d’innover et de développer d’autres les Rencontres de Musique Electronique tourisme d’affaires. L’annonce récente de facteurs d’attractivitc urbaine, renvoyant dans la première quinzaine de septembre la mise en chantier de la tour Eiffel s’inscrit à des images nouvelles et à une territorialité précédant la technoparade, la Nuit Blanche des 5 et 6 octobre, avec l'ouverture et la F hébergement» il paraît nécessaire d’amé­ nécessaire rapprochement entre Parisiens gratuité des édifices publics. S* ajoutent nager des espaces collectifs orientés vers et visiteurs. d’ores et déjà le championnat du monde les centres d'intérêt des jeunes : la pratique d’athlétisme, prevu au en de loisirs sportifs - en particulier la glisse , août 2003» le Congrès des Associations de la musique, l’expression artistique et l’uti- Tourisme et vie permanente : Ville en 2004 et F Exposition Internatio­ lisation des nouvelles technologies de un territoire à partager nale sur l’image, qui se tiendra au parc du l’information. Des partenariats doivent être L*activité touristique bénéficie des opé­ Bourget en 2004. L*attractivité de la ville mis en place avec des professionnels spé­ rations d’amélioration urbaine en faveur a périodiquement besoin d'être valorisée. cialisés dans les loisirs des jeunes. des Parisiens. L’embellissement de l’ha­ La dimension événementielle, de plus en bitat avec le ravalement des façades, mais plus impulsée par la concurrence, répond L’espace du Paris inlrti-muros étant de plus aussi la « piétonisation » de certains es­ à cette nécessité de mise en marché et de en plus limité,c*est probablement dans lu paces, en sont des exemples : espaces création de nouveaux produits touristiques. périphérie immédiate que ces projets piétonniers plus nombreux et trottoirs plus L’objectif est d’arriver u faire de ces évè­ devront se réaliser. Cette approche renvoie larges» à l'exemple du réaménagement des nements un motif de séjour touristique» ce au souci de sortir le Paris touristique de Champs-Elysées ; tout comme la multipli­ qui exige un travail en amont de l’événe­ ses limites spatiales. Il semble que la cation des centres ou des galeries marchan­ ment afin de le transformer en produit construction d’une nouvelle image doit être des. tels les nombreuses galeries sur les touristique. Les événements portés par la menée en interaction avec les espaces Champs-Elysées, le forum des Halles, le ville sont de plus en plus susceptibles limitrophes, espaces potentiellement tou­ réaménagement des Trois Qu ailiers à la d’intéresser les visiteurs ; courts séjours ristiques de la capitale. Il s’agit de cons­ Madeleine, la Défense avec les Quatre cl réduction du temps de travail sont à truire des activités réciproques entre Pa­ Temps, Saint-Lazare et le passage du Havre l’origine de celle interaction grandissante. ris et su proche banlieue, A titre d’exemple, ou encore le centre commercial place En 2001» la nouvelle équipe de la Mairie le cas de la ville de Saint Denis, en mal­ d’Italie. Dans ces espaces, le visiteur se de Paris ayant mis en avant le thème de la être d’images, laisse aujourd’hui émerger confond avec le Parisien, Il vit la vie du qualité de vie, il parait logique qu'il soit une vocation touristique qui, outre la Parisien et Paris en profite pour relancer conjugué avec celui de la qualité de P ac­ Basilique, se précise autour du Stade de le tourisme lié auqui se décline, cueil lie au tourisme. Méthodologique­ France avec le tourisme sportif. Les nom­ scion les lieux, à la fois en tourisme de ment» cette réflexion renvoie à un plan breuses industries souhaitent aussi profiter shopping haut de gamme (avenue Montai­ d’action transversal entre plan de commu­ du développement récent du tourisme gne, rue Saint-Honoré, avenue des nication de la ville et plan de communi­ industriel. Cette « périphérisation » tou­ Champs-Elysées, place Vendôme)» en cation touristique. ristique permettrait de transformer la pro­ tourisme d’achats courants avec l’impor­ che banlieue en nouvel espace d’accueil. tance des grands magasins de la capitale I .es communes concernées pourraient alors (du boulevard Haussmann au Bon Marché ST« ouvrir » aux jeunes bénéficier d’une ce ri ai ne sédentarisation ou à la Samaritaine), ou tout simplement Les évènements retenus ciblent tous les touristique, D. Pearce, dans son analyse en tourisme d’achats fortuits au hasard des types de clientèles» mais il faudrait s’in­ spatiale sur le tourisme à Paris, insiste sur rues et des quartiers qui invitent à déam­ téresser plus particulièrement à la clien­ cette transformation de sites ponctuels de buler (quartier du Marais» rue Saint-Paul, tèle jeune. Ce tourisme de jeunes repré­ la banlieue en espace d'accueil : ne pas les cours Saint-Emilion dans le nouveau sente 15 % des 26 millions de touristes limiter à un tourisme de passage, mais leur Bercy). Les commerçants ont su s’adap­ venus à Paris en 2000» soit 4 millions de donner la dimension d’un espace d’accueil. ter à la demande et aux différentes popu­ personnes par an. En comparaison avec des Celte nécessaire articulation spatiale entre lations touristiques. L'avenue de l'Opéra capitales proches, comme Londres ou les differents projets touristiques demeure, cible les touristes japonais avec ses ma­ Berlin, le publie des jeunes n'avait guère bien évidemment, subordonnée à 9a col­ gasins hors taxes. Les puces et les grands été retenu jusqu’alors comme public prio­ laboration entre les élus. La petite couronne antiquaires répondent à une demande ritaire à Paris, car il est souvent perçu de Paris peut compléter, voire renouveler d'authenticité, voire à une certaine nos­ comme une clientèle uniforme au faible l'offre touristique de la capitale, partici­ talgie. pouvoir d’achat. Développer le tourisme pant ainsi au processus de mélropolisalton des jeunes nécessite» de plus, une politi­ touristique. Le tourisme lié au shopping contribue à que musclée d’adaptation de F héberge­ T attraction de la ville et à sa réputation ment» Avec une capacité de I 300 cham­ Cibler la clientèle jeune permettrait d’em­ internationale. Les soldes sont de plus en bres et de 520 emplacements de camping- pêcher lu sclérose de Paris en « ville- plus un produit touristique. caravaning (selon F UN AT - T Union musée » et d’innover en favorisant les Nationale des Associations de Tourisme échanges, les évènements et la création. Par ailleurs, la rcquali fi cation d’espaces et de plein air), Paris manque cruellement Or. créer des animations pour développer urbains permet de doter les villes, Paris en d’hébergements adaptés aux jeunes. Outre une image plus dynamique signifie un particulier, de nouveaux espaces résiden-

teins W iTêoros 9 tiels plurifonctionnels. Ces espaces regrou­ la ville. De même, la culture profite au Par ailleurs, la réalisation d’une charte pent des activités commerçantes» culturel­ tourisme. C’es lieux culturels multiformes qualité, en partenariat avec les syndicats les et de loisirs. Ce sont des espaces mixtes. contribuent à la découverte par le touriste professionnels, serait un outil garant de Ils contribuent à la valorisation de Tunage d'un Paris secret, voire insolite. Dévelop­ la mise en œuvre du label qualité et ce. d’une ville. A Paris, cette « manière de per les liens entre les Parisiens et les vi­ dans des domaines variés, nommément : refaire la ville » est particulièrement li­ siteurs, grâce à des espaces communs, sible dans l’Est parisien autour du réamé­ requiert que Ton se préoccupe de la po­ les (axis parisiens, véhiculant de nom­ nagement du viaduc des Arts, du quartier litique d'accueil. breux touristes étrangers - ils doivent de la Bibliothèque Nationale de France multiplier les efforts pour répondre de et de Bercy-Village. L'ancien village du façon adaptée aux besoins et aux deman­ vin a laissé la place au nouveau quartier Avoir le sens de l'accucil des de leurs clients (langue, serviabilité) ; de Bercy : un parc de 70 hectares, nou­ Le tourisme reste fondé sur la qualité de vel espace de vie alliant logements, com­ l'accueil. Mieux accueillir et mieux in­ les cafés-restaurants qui sont aussi, trop merces, cinémas, établissements de res­ former les visiteurs est un objectif incon­ souvent, connus pour leurs problèmes tauration et de loisirs, profite au tourisme, tournable qui doit préoccuper l'ensem­ d'hygiène ; tout en renforçant paradoxalement le sen­ ble des institutionnels et professionnels timent identitaire des Parisiens. Un quar­ du secteur. Le rôle que doit jouer un office ou encore les sites culturels - ils nécessi­ tier des affaires s'est constitué autour de de tourisme dans cette mission est fon­ tent une adaptabilité des commentaires Bercy-Expo ; le palais orn ni sports de damental. Dans le cas de Paris, on sou­ aux différents objets selon différents ni­ Bercy accueille les plus grands specta­ lignera sa monosituation géographique veaux de lecture et aux différentes na­ cles et l'aménagement du sur les Champs-Elysées, paradoxe face tionalités des visiteurs. en huit jardins dits « de mémoire » ponc­ à la territorialité touristique de plus en tue cette réhabilitation. La renovation des plus éclatée de la capitale. Diffuser T in­ Les transports représentent une autre pavillons permet d'accueillir le musée des formation dans P espace et dans le temps composante de l’accueil. Les cars de tou­ Arts forains, les Salons de musique et est un élément clé de la politique d'ac­ risme demeurent l'éternel problème de la T École de boulangerie et de pâtisserie de cueil et exige, d'une part, la multiplication capitale. La politique annoncée s'oriente Paris. La requalification de ce quartier des antennes de l’office de tourisme dans vers la construction de parcs de station­ crée de fait aujourd'hui un espace poly­ des lieux stratégiques, tels les gares et les nement à la périphérie de Paris. Des so­ valent. Mais existe-t-il un réel souci aéroports, mais aussi dans des quartiers lutions intermédiaires de « dépose/re- touristique derrière la réorganisation et sur les sites fortement visites. La réi­ prise » à proximité des zones d'héberge­ d’espaces, tels que Bercy, ou encore tération et l'amplification d'une opéra­ ments hôteliers, corrélées à la création derrière la coulée verte, ou la politique tion « ambassadeurs de l’accueil » testée d’un système d’autocars tournant dans des couloirs de bus parisiens ? Le tou­ avec succès sur le site de Notre-Dame Paris intra-muros sont aussi envisagées. risme bénéficie des améliorations desti­ durant l’été 2001 doit être menée pendant Une autre possibilité consisterait à me­ nées à la vie des Parisiens ; ces réalisa­ l'été 2002 sur sept ou huit autres sites : ner une réflexion sur l'utilisation du tions participent à la promotion de la ville des comptoirs mobiles sont installes afin fleuve. De plus, les nouveaux temps de et contribuent à sa nouvelle mise en de pouvoir renseigner les touristes. la ville révèlent la nécessité d'adapter les image. Les caractéristiques de ces opé­ D’autre part, il faudrait que T information transports en commun parisiens aux ryth­ rations montrent un double effet : écono­ soit accessible 24 heures sur 24. notam­ mes des usagers. En effet, avec la déstruc­ mique. à partir de la réussite en termes ment en dehors des jours et des heures turation des temps sociaux, l'utilisation d'attractivité et de revitalisation des es­ ouvrables. La politique Internet de l’office des transports s’est considérablement paces ; et politique, en utilisant la notion de tourisme de Paris œuvre en ce sens ; accrue le soir, réalité qui concerne autant de projet urbain comme moteur du déve­ elle a pour objectif de réaliser le passage les Parisiens que les touristes, ces derniers loppement culturel pour valoriser T image de l'information à la réservation en moins représentant 8 % des utilisateurs de la de certains quartiers et renforcer, de sur­ de quatre clics. RATP (Régie Autonome des Transports croît. l'image touristique. La conjugai­ Parisiens). L’ouverture nocturne du métro son du tourisme et de la culture se révèle En outre, ce rapport au temps soulève le doit être testée lors des manifestations capitale pour la valorisation de la ville. problème des horaires d’ouverture des festives des 21 juin, 14 juillet, 5 octobre La « multiculturalité », associée à la édifices publics, en particulier des mu­ (opération Nuit Blanche) et 31 décembre « polyfonctionnalilé » du nouveau Bercy, sées. Ils doivent s’adaptera un nouveau 2002. La fermeture des lignes à une heure plaide en faveur du rapprochement entre mode d'utilisation et de consommation du matin casse le rythme de la vie noc­ touristes et Parisiens et en faveur d'un re­ du temps. La politique restrictive en turne parisienne. Afin que le tourisme déploiement touristique spatial au béné­ vigueur, en matière d’horaire, ne corres­ intègre lu nuit urbaine, une réflexion sur fice de découvertes « inédites ». Le rôle pond pas aux prétentions d’une ville qui l’adaptabilité des horaires doit être me­ du tourisme est capital pour l'image de se veut capitale culturelle universelle. née, à l'image des noctambus parisiens

10 au départ de la place du Châtelet, dont la La création de nouveaux clichés touris­ trouvera un nouvel essor dans celle con­ fréquence a été portée de 30 à 15 minu­ tiques doit amplifier l'image du Paris uni­ currence porteuse d'évolution. tes. Une plus grande flexibilité permet­ versel multiclientèles. Certaines familles trait. d'une part, de répondre aux aspira­ qui limitent leur séjour à Édith Fagnoni est maître de conférence tions de la nouvelle clientèle cible, celle pourraient s'intéresser aux possibilités à l'institut Universitaire de Formation des jeunes, et. d'autre part, de dévelop­ touristiques parisiennes, développées par des Maîtres de Paris ; membre du Labo- per un tourisme urbain nocturne, car. pour le nécessaire recentrage sur les jeunes. F heure, le tourisme urbain d’agrément Paris doit élargir sa clientèle et profiter rut o ire L S. /. 5. ( /ng éniérie des Systèmes reste encore, en grande partie, un tourisme de ce nouveau pôle touristique qui ne doit d'information stratégiques et décision­ diurne. pas faire concurrence au Paris monumen­ nels) de F Université de Marne-lu-Vallée tal, mais s'y intégrer. équipe Stratégie du Tourisme et Infor­ L'ouverture du métro la nuit renvoie ce­ mation ; et associée au Laboratoire La politique touristique portée par une pendant au problème de la sécurité, pa­ C.R.E.T.E.LL (Centre de Recherche sur thologie de la ville et de son tourisme. La concurrence accrue doit tirer profit de P Espace, les Transports, F Environnement politique de l'accueil doit fortement s'en cette double essence de l'attractivité pa­ et les Institutions Locales) de l’Univer- préoccuper. Face à l'insécurité croissante, risienne, patrimoine et modernité. Elle Paris annonce la création d'une police du doit réactualiser l'offre touristique pari site de Paris XII - équipe EPPUR (sur métro et embauche 1 000 agents de sécu­ sienne au goût du jour et choisir entre F Evaluation, les Pratiques, les Projets rité Paris pour la surveillance des écoles inertie et dynamisme. Cette démarche est et les Paysages Urbains). et des parcs de stationnement, afin de per­ a la charnière entre ce que l’on pourrait mettre à la préfecture de redéployer sur appeler « Mémoire ». qui assure la repro­ Colette Aymard est enseignante à P Ins­ le terrain des agents de police. Il faudrait duction, et « projet », qui fixe des ambi­ titut de Géographie - Université Paris ! tions. des finalités et assure la production. donc développer la coopération entre les et membre du GIS Socio-économique de Si l’articulation entre les deux concepts divers départements de la municipalité pa­ F Habitat (Centre National de la Recher­ risienne et les forces de police. est parfois difficile à corréler, elle est né­ cessaire au renouvellement de l'attrac­ che Scientifique, Paris I. Institut Natio­ tivité de la capitale. L'alchimie de Paris nal (FÉtudes Démographiques), Conclusion Bibliographie ______La promotion de la ville s'est construite Aschcr. François (2001 ). Les nouveaux prin­ Lacuzc, Jean-Paul (1994), Paris, urbanisme exclusivement sur son aspect intemporel. cipes de I'urbanisme - La fin des villes n 'est (FEtat et destin d'une ville, Paris, Flammarion. Le Paris éternel et impérial, des musées pas a i 'ordre du jour, l .a Tour d'Aigues, P Aube. Lazzarotti. 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