Commune de ST-MAXIMIN En Isère

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Sur la commune de Saint-Maximin (38), à 380 mètres d’altitude, l’étang d’Avalon a été classé en Espace Naturel Sensible (ENS) par le département de L’Isère en 2009. Animé en partenariat avec Avenir, le Conservatoire des espaces naturels en Isère, ce marais en cours d’atterrissement est couvert d’une importante roselière qui accueille de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs ainsi que des espèces protégées d’amphibiens. Dans le cadre de la préservation et de la valorisation de cet espace, le présent document propose une contextualisation historique du lieu. Intimement lié à médiévale d’Avalon, nous retracerons l’histoire du marais au sein de l’évolution globale du village.

Commandé par la commune de Saint-Maximin, ce rapport s’appuie sur des archives allant de la période médiévale à la période contemporaine, ainsi que sur des ouvrages du XVIe, XIXe et XXe siècle. Il est enrichi de recherches académiques modernes.

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Le bourg d’Avalon dont de nombreux vestiges nous sont parvenus à travers le temps est un lieu occupé sans doute depuis l’Antiquité. L’implantation humaine sur cette éminence géologique toisant l’Isère se fait au plus tôt au troisième siècle avant J.-C., alors que les Allobroges s’installent entre le Rhône et les Alpes. Le nom Avalon rappelle d’ailleurs une toponymie celtique, puisque ce nom est un glissement phonétique du gaulois « abalon » signifiant « la pommeraie ».

Proche du Bréda et offrant une vue panoramique sur la vallée de l’Isère, le relief est choisi pour l’établissement d’un oppidum. Ce terme définit de petites places fortifiées installées en des points stratégiques, militaires et/ou commerciaux. Cette première implantation humaine à Avalon devait être réduite à une tour de guet en bois accompagnée de quelques baraquements permettant de loger une centaine de personnes à l’intérieur d’une palissade. Peu documentés, seuls les indices topographiques et toponymiques permettent d’attester l’occupation de cette zone qui semble apparaître comme une frontière, déjà à l’époque antique. En effet, le torrent du Bréda était une « Morge », c’est-à-dire un cours d’eau signifiant une interface entre différentes communautés autonomes. Rappelons que si les Allobroges sont décrits dans les textes romains comme un peuple unique, ces derniers ont minimisé les variations propres à chaque clan celte. Ainsi, selon les travaux d’Aimé Bocquet, le territoire Allobroges allant du Chablais aux Chambarans, était divisé en neuf sous- ensembles distincts. Ces districts étaient habités par de petites entités ethniques fédérées par un clan principal installé dans le Viennois1.

Avec l’installation romaine en Gaule Cisalpine, des voies de communication apparaissent entre les différentes villes de la région. Une de ces voies reliant Vienne à Augusta Praetoria (Aoste) passe par Cularo () puis remonte l’Isère par la rive droite jusque Montmélian avant de s’engouffrer dans la vallée de la Tarentaise2. Du fait de la présence de cet axe de communication, on peut penser que le fort antique d’Avalon continue de jouer un rôle après l’occupation du territoire par Rome à la fin du IIe siècle apr. J.-C. néanmoins, l’absence de sources écrites pour cette période ou de fouilles archéologiques sur la commune ne nous permet pas d’en savoir plus sur l’état de l’oppidum durant l’Antiquité.

1 BOCQUET Aimé, Hannibal chez les Allobroges : 218 avant Jésus-Christ : la grande traversée, Fontaine de Siloé, p.192 2 BERTRAND François, La Savoie à l’époque Romaine, [URL] http://www.savoie- archives.fr/archives73/dossiers_sabaudia/savoieromaine/scientifique2.php 4

Au début du XIe siècle, les premières sources concernant la famille d’Avalon font leur apparition. Cette famille, dont les ancêtres sont d’abord établis en Tarentaise, vient s’installer à cheval entre le Dauphiné et la Savoie à une époque où la vallée de l’Isère débarrassée des envahisseurs sarrasins et hongrois, se voit fort dépeuplée. Rapidement, elle devient l’une des familles puissantes du Grésivaudan avec celle des Aynard de Domène. Elle se partage avec ces derniers les terres de la rive gauche de l’Isère, jusqu’à Arvillard en Savoie.

C’est dans la seconde moitié des années 1000 qu’est aménagée la croupe se dressant au-dessus de la vallée de l’Isère, ou s’élève aujourd’hui la Tour Saint-Hugues. Un premier castello (château de bois) comprenant une chapelle apparaît. Nous savons également qu’un prieuré dédié à Saint-Jean-Baptiste était déjà présent en contrebas de cette motte castrale dès les années 1080. L’existence de ces édifices est d’ailleurs certifiée dans une confirmation papale des biens clunisiens en 10953. En effet, Didier d’Avalon donne les droits du prieuré à des moines de Cluny à une époque où l’ordre affirme sa puissance. Le bourg s’épanouissant au pied du château se développe alors entre les deux bâtiments représentant respectivement le pouvoir temporel et spirituel. Il est probable qu’une première palissade ait enceint le château ainsi que le village et ses bâtiments agricoles.

Ce premier château de bois est remplacé par une tour en pierre à partir du XIIe siècle. Au même moment apparaît dans les textes le nom de « Poipe » ou « Poype » pour définir les fils de Romestang d’Avalon. Ce terme de Poype renvoie à une « Maison bâtie sur une hauteur et entourée de fossés » 4. La nouvelle dénomination des seigneurs d’Avalon semble ainsi être liée à la construction d'une cette tour en pierre dominant le bourg et remplaçant le château de bois initial. Ce donjon, construit avant 1132, est une haute tour de trois étages d’une vingtaine de mètres de haut pour des murs de 2,5 m d’épaisseur au niveau du sol. Seul le dernier niveau avait une vocation résidentielle, les deux autres étant destinés à être une prison et un cellier. Le seigneur vivait dans une aula accolée à des remparts encerclant la tour.

C’est à l’intérieur de ces premières fortifications que voit le jour Hugues d’Avalon, en 1140. Canonisé en 1220, il est l’un des plus illustres représentant de la famille d’Avalon. Fils d’Anne de et de Guillaume Romestang, Hugues a huit ans lorsqu’il perd sa mère. Il est alors placé à l’école de chanoines de Villard-Benoît, village formant l'une des quatre paroisses du mandement d’Avalon5. À quinze ans, Hugues d'Avalon reçoit la tonsure qui le fait clerc et à dix-neuf ans il devient diacre de la paroisse de Saint-Maximin, qu’il va administrer pendant deux ans. En 1162, il entre à la Grande Chartreuse et se forme à la dure règle cartusienne. Dix ans plus tard, il est nommé procureur et occupe ce rôle sept ans avant de rejoindre l’Angleterre pour devenir prieur de la Chartreuse de Witham. Le 21 septembre 1186, Hugues est sacré évêque de Lincoln à Westminster, par Baudouin d’Exeter, l’archevêque de Cantorbéry. L’hagiographie du saint raconte que lors de son intronisation, un cygne blanc apparut. Lié à la bête Hugues d’Avalon fut le seul à pouvoir la nourrir. Les représentations picturales attribuent ainsi au saint une crosse (symbole de l’évêque) et un cygne (symbole de foi). Après un voyage à Grenoble et au château de ses aïeuls, Hugues d’Avalon décède alors qu’il est en chemin pour l’Angleterre, le 16 novembre 1200.

3 BERNARD Auguste, BRUEL Alexandre, Les chartes de l’abbaye de Cluny, Tome IV, Ch.3013, p.207 4 MARTIN Robert, Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500), ATLIF, En ligne, [URL] http://www.atilf.fr/dmf/definition/poype 5 Un mandement est sous l’Ancien Régime la dénomination du support territoriale de la seigneurie juridictionnelle. C’est l’unité administrative féodale de base dans le sud-est du Royaume de . 5

En 1236, André Dauphin de Bourgogne, comte d’Albon et du Viennois, obtient le fief de Bornon d’Avalon, frère de Guillaume d’Avalon6. Les termes du contrat restent flous. Il semblerait que ces terres soient concédées « gratuitement » au Dauphin. Nous pouvons néanmoins nous demander si dans les faits il n’y eut pas un échange non contractuel. Dans tous les cas, le mandement d’Avalon entre officiellement dans le Dauphiné. Les seigneurs d’Avalon deviennent des châtelains, vassaux des comtes du Viennois. Le rattachement de ces terres au Dauphiné est loin d’être un acte anodin. En effet, le Dauphin qui a déjà obtenu les terres de La Buissière, cherche à s’assurer le contrôle direct de la frontière delphino-savoyarde sur les rives de l’Isère.

L’année suivante, Guigues VII remplace son père à la tête de la province. Tout comme son ancêtre avant lui, il utilise la voie diplomatique afin d’agrandir son domaine. En 1241, il s’unit à la fille du comte de Savoie, Béatrice. Offrant en gage les châteaux d’Avalon et de La Buissière, il récupère le Faucigny, une terre riche aux abords du Léman, mais difficile à contrôler du fait de son éloignement géographique. Encerclé par des possessions dauphinoises au nord et au sud, le comte de Savoie déclenche un conflit de frontière. Jusqu’en janvier 1245 quelques petites incursions d’armée se font jour de part et d’autre de l’Isère et des affrontements sporadiques ont lieu, mais ce premier conflit, qui présage des véritables guerres à venir, ne dure pas. Seuls quelques prisonniers sont faits et une trêve est finalement signée7.

En compensation des préjudices subis durant ces premiers raids savoyards, le pouvoir delphinal accorde une charte de franchise8 au mandement d’Avalon. Par cette habile manipulation, Guigues VII cherche à renforcer la fidélité de ses sujets afin d’éviter que cette place forte stratégique ne lui échappe. Ce pari s’avère payant puisque les habitants d’Avalon réaffirment, le 16 mars 1265, leur soumission au Dauphin9. Dans le même temps, celui-ci fait fortifier le village. En 1261, Guigues VII ordonne la construction d’un vivier sur des terres appartenant au prieuré clunisien ainsi que l’aménagement d’une terrasse, sans doute afin de préparer le terrain à l’installation de fortifications autour du bourg10. Ce vivier, créé à partir d’un étang naturel situé à l’est du bourg, permet de satisfaire les besoins de viande blanche durant le carême, tout en servant de douves protégeant le village. En outre, la présence d’une réserve d’eau près du bourg permettait d’offrir un abreuvoir au bétail et de constituer une sécurité en cas d’incendies.

Si l’on se fie au fonctionnement médiéval de ces étangs, les droits de pêche liés au plan d’eau concernaient l’activité seule et étaient accordés aux habitants du bourg pour un certain nombre de jours dans l’année. Comme l’étang est lié au village, les habitants devaient pouvoir y prélever le poisson pour leur consommation personnelle. Le seigneur pouvait recevoir une partie de la pêche ainsi prélevée (en nature ou par une taxe sur la vente du poisson). Les documents médiévaux confirment que les habitants du bourg devaient entretenir eux même cette réserve d’eau. À en croire la taille et la situation de l’étang, la pêche devait se composer de poissons habitant les eaux stagnantes à forte turbidité, principalement des cyprinidés (carpes, gardons, goujons) 11. Il est fort probable que l’étang ait aussi donné la possibilité d’une chasse aux oiseaux aquatiques (canards, hérons).

6 CHORIER Nicolas, Histoire générale de Dauphiné depuis l’an M. de N. S. jusques à nos jours, Thioly, Lyon, 1672, p.26 7 CHEVALIER Ulysse, Regestre Dauphinois, Tome 2, Fascicules 4-6, n ° 8228, p.413 8 Selon la définition du Centre National de Ressource Textuelle et Lexicale, une charte de franchise est un document donnant un « Privilège qui limitait l’autorité souveraine au profit de certaines personnes ou collectivités. » [URL] http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/franchise 9 CHEVALIER Ulysse, Regestre Dauphinois, Tome 2, Fascicules 4-6, n° 10229/10231, p.732 10 BERNARD Auguste, BRUEL Alexandre, Les chartes de l’abbaye de Cluny, Tome VI, Ch.518-9, n° 5044 11 QUERREIN Armelle, Pêche et consommation du poisson en Berry au Moyen Âge. In : Bibliothèque de l’école des chartes. 2003, tome 161, livraison 2. pp. 409-435. 6

En 1266, en renfort de la première enceinte de pierre qui protégeait déjà le château, le second mur autour du village est terminé. Long de 360 mètres, il se développe sur un axe nord/sud. Deux portes sont percées au travers des fortifications, les ouvertures dites de « Rachestia » et « Dreytaz ». À partir de ce moment, chaque jeudi, le marché hebdomadaire s’installe à l’extérieur des murailles. S’y échangent pains, huiles, vins et tissus.

Pendant quelques années, une entente cordiale se fait entre les châteaux d’Avalon et de Montmélian situé de part et d’autre de la frontière. Les deux édifices se renforcent chacun de leur côté et échangent des matériaux de construction. Ces années marquent le zénith du village. Malgré une paix instable, celui-ci s’épanouit de façon perceptible et fait montre d’une confiance désinvolte face aux Savoyards. Ainsi, à la mi-août 1267, un nouveau conflit éclate : des troupes dauphinoises venues du château d’Avalon chevauchent en Savoie et pillent les villages savoyards jusqu’à Myans. Les Dauphinois bien préparés font face au château d’Apremont qu’ils prennent malgré la compagnie de troupes ennemies envoyées en renfort depuis Ugine. La situation se stabilise, mais des représailles sont lancées contre le Dauphiné, en 1278, lorsque Thomas II, neveu du comte Philippe de Savoie, décide d’envahir le mandement d’Avalon. Les terres sont pillées et les murs encerclant le village subissent quelques dégâts.

À la fin du XIVe siècle, la guerre reprend de plus belle. En devenant dauphin Humbert Ier intègre sa baronnie de la Tour au Dauphiné. Le comte de Savoie n’a plus le choix, il lui faut récupérer du terrain sans quoi ses terres se feront engloutir par celles de son rival. Des chevauchées sont menées à l’encontre d’Avalon en août et novembre 1282. Ces attaques sont le fait d’une centaine de cavaliers. Ceux-ci viennent piller et ravager les villages autour d’Avalon afin d’affaiblir la position et d’y faire peser le spectre d’une menace permanente. L’année suivante, le château est directement ciblé et plus de cent hommes d’armes viennent assiéger le bourg pendant près d’un mois, mais celui-ci résiste, défendu par les douze arbalétriers envoyés de Grenoble et postés à Avalon quelques temps plus tôt.

En 1291, le château Delphinale de Bellecombe tombe aux mains de l’ennemi et Avalon, malgré sa petite taille (relativement aux autres fortifications de la même période), devient la première ligne de défense sur la frontière delphino-savoyarde. À partir du début du XIVe siècle, la guerre embrase toute la région. Au début de l’année 1312, des hommes d’armes venus de Montmélian et de La Rochette dévastent les mandements d’Avalon, d’, de Bellecombe et de La Buissière. Les attaques touchent le bétail, mais aussi les arbres fruitiers et les vignes. Les fortifications d’Avalon qui résistent à l’envahisseur sont, pour les Savoyards, un obstacle à franchir. Ils construisent une bâtie (petite fortification de bois) en surplomb des gorges du Bréda sur la colline de Mont-Bertrand. Une fois terminée, les troupes sous les ordres de Guillaume de Verdon, châtelain de Pont-de- Beauvoisin, organisent depuis Montmélian une chevauchée contre Avalon en janvier 1313 avec 149 cavaliers. Le vivier est remblayé afin de faciliter l’avancée des troupes et un acte de félonie permet aux Savoyards de pénétrer à l’intérieur des fortifications. Le château tombe et les militaires pillent et incendient toutes les maisons fortes du bourg. Le prieuré, déjà endommagé par les raids de la fin du XIIIe siècle, est quant à lui saccagé et définitivement abandonné12. Des stigmates de cette bataille sont encore présents lors de la démolition de la tour à la fin du XIXe siècle. En effet, en 1895, l’abbé Crozat relève que les ouvriers ayant travaillé sur le chantier de démolition du vieux château ont retrouvé une pointe de flèche, fichée profondément dans le mortier de la tour13.

12 Dès 1288 le prieur d’Avalon avait fuit « sa maison affligée par la guerre et la sécheresse ». Il y reste néanmoins des moines jusqu’au début du XIVe siècle. Ulysse Chevalier, Regeste dauphinois, Tome 7, n° 1898, p.169 13 Abbé CROZAT, Vie de Saint-Hugues d’Avalon chartreux, évêque de Lincoln (1140-1200), Cuvrière, impr. de l’École des chartes, 1895. 7

Ayant perdu la clé de voûte de son arc défensif dans la vallée du Grésivaudan, la vengeance du Dauphin ne tarde pas. La bâtie de Mont-Briton est assiégée et prise par les Dauphinois le 13 mars 1313. La place forte bien que détruite, est réinvestie, puis réparée par l’ennemi qui s’y loge à nouveau deux mois plus tard. Une trêve intervient début juin 1313. Henri VII interdit au Dauphin d’attaquer le comte de Savoie, car celui-ci a su défendre ses intérêts impériaux en Italie. Au cours des discussions, les Savoyards promettent d’évacuer le château d’Avalon et les bâties surveillant le bourg (Mont-Briton et Arvillard). Ils promettent également de ne plus saccager les terres et de laisser les paysans labourer et vendre leurs produits. La guerre éclair que se sont livrés les deux opposants à Avalon eut de terribles répercussions sur les habitants du village. Réduits à l’indigence, les agriculteurs locaux sont exemptés des impôts dus au Dauphin. Celui-ci fait même distribuer aux hommes du mandement froment, avoine et seigle afin d’éviter que la famine ne force les paysans à abandonner les lieux. À nouveau une charte de franchise est accordée par le Dauphin à Avalon, en août 1313. Celle-ci reconnaît l’aide apportée par les habitants à la réparation du château. Le Dauphin déclare que les habitants du mandement pourront jouir des pâturages et bois communs sans verser les redevances habituelles aux autorités locales. Les travaux entrepris sur le château s’élèvent à 741 livres, soit près de cinq fois le coût de construction de la bâtie de Mont-Briton. Les dépenses réalisées pour la reconstruction de la tour et du vivier s’entendent jusqu’en 1317. Pendant cette période, l’enceinte du bourg est agrandie à l’ouest, jusqu’à la crête de la butte sur laquelle s’étend le bourg-neuf. Cette nouvelle enceinte correspond à une croissance du village et à l’installation de nouvelles habitations au pied du château malgré le contexte difficile.

Le 10 juin 1314, le conflit s’apaise avec le traité de Villard-Benoît. Les familles nobles de la frontière jurent de cesser les hostilités et les Savoyards démembrent la bâtie de Mont-Briton. Des bornes sont installées par les châtelains d’Avalon et de Montmélian sous le contrôle de juristes savoyard et dauphinois. La frontière entre les deux territoires se fixe ainsi. Cependant, le sujet des tensions entre les deux états n'est pas entériné. En effet, la question du Faucigny sème toujours la discorde et le comte de Savoie continue de s'inquiéter de l'intégrité de son territoire.

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En 1339, l’enquête delphinale est initiée afin d’évaluer les possessions du Dauphin. Ce manuscrit est produit alors que le Dauphiné doit éponger une dette énorme, contractée auprès de la papauté retranchée en Avignon. Afin de s’acquitter de ses engagements financiers, le Dauphin de Viennois, Humbert II, essaie de convaincre le pape Benoît XII de prendre en fief une partie de sa principauté. Pour ce faire, il envoie sur le terrain des experts chargés d’estimer ses biens fonciers. Ces enquêteurs ont décrit avec précision la valeur des châteaux de la province en s’appuyant sur leur volume. L’allure du château et du bourg d’Avalon au XVIe siècle est ainsi parfaitement documentée. On apprend que la tour ronde du donjon comprenait une cave, et un cachot. Elle se divisait ensuite en trois étages séparés par des planchers. Au sommet de ce donjon s’élançait une échauguette dans laquelle pouvait se tenir un arbalétrier. Cette petite tourelle dépassait de la grande tour d’une dizaine de mètres. Un bâtiment d’habitation à étage se tenait dans le périmètre de l’enceinte ronde autour du château. Il comprenait four et latrines ainsi qu’une tourelle. La boulangerie, la citerne d’eau, le cellier et les cuisines nécessaires à la vie du lieu, se tenaient également à l’intérieur de ces murs et était protégés par un poste de défense ou barbacane. Ce rempart était de bonne dimension. Haut de 15 mètres, il témoigne du contexte tendu que connu Avalon au cours des XIIIe et XIVe siècles. Les deux enceintes autour du bourg fortifié que nous avons déjà identifiées sont également décrites dans l’enquête de 1339.

Surévaluée, la proposition qu’Humbert II de Viennois fait au pape échoue et le Dauphiné, insolvable, est rattaché au royaume de France en 1349. Le Transport de la province n’ayant pas supprimé l’objet des rivalités entre Savoie et Dauphiné, la guerre reprend et se poursuit jusqu’en 1354 lorsque les troupes du comte Amédée VI remportent une victoire totale sur les Dauphinois. Cette défaite et les vicissitudes entrainées par le début de la guerre de Cent Ans, pousse le Dauphin Charles à conclure rapidement une paix définitive avec la Savoie. L’accord est conclu le 5 janvier 1355. Le Dauphin rend le Faucigny au comte de Savoie et récupère en échange toutes les terres détenues par son rival à l’ouest du Guiers. Cette date décisive marque le déclin des raids savoyards en territoire dauphinois et par conséquent, l’aliénation du rôle défensif du château d’Avalon. Néanmoins, les remparts du donjon continuent d’être entretenus14 jusqu’au XVe siècle.

C’est à partir des années 1400 que le bourg d’Avalon se dépeuple peu à peu et que ses habitants gagnent la vallée pour fonder le hameau qui deviendra Pontcharra. Ce phénomène se voit d’ailleurs renforcé par les épisodes de grande mortalité liée à la diffusion de la peste et aux conflits résiduels parcourant encore la frontière de façon épisodique. Alors qu’en 1339, l’enquête delphinale comptait une centaine de feux dans la paroisse d’Avalon, ce nombre descend à vingt-sept en 142515 puis atteint un minimum de 10 feux en 1506. Cette désertion du lieu se ressent d’ailleurs dans le laisser-aller concernant le rétablissement du prieuré clunisien dédié à Saint-Jean-Baptiste. Celui-ci reste à l’état de ruine alors que les guerres sont terminées et qu’en ce milieu de XVe siècle, les autres paroisses du Dauphiné s’investissent dans un mouvement de restauration durable des édifices religieux. En plus de la constante chute démographique, le XVe siècle est définitivement une période sombre pour le bourg qui connaît en 1458 des procès relatifs à des actes de sorcellerie. La psychose s’empare de la communauté déliquescente et vient s’accumuler aux problèmes déjà nombreux du village en quête de boucs émissaires.

14 ADI 8 В 102 ; f ° 126-134, réfection du portail du château d’Avalon, 1407 15 Pierrette PARAVY, De la chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné. Évêques, fidèles et déviants (vers 1340 -vers 1350), Rome : École Française de Rome, 1993. P. 875. [URL] http://www.persee.fr/doc/efr_0000- 0000_1993_ths_183_1 9

Si le château avait toujours un rôle symbolique à défaut de jouer un rôle militaire, celui-ci perd toute son aura lorsqu’en 1485 Aymon de Terrail reconnaît tenir en fief le mandement d’Avalon16. La famille dont les aïeux avaient été vice-châtelains du mandement dès la fin du XIVe siècle avait fait bâtir une maison forte au pied des côtes de Bramefarine17. Elle avait su rapidement se hisser à une position importante grâce à des unions avec les Alleman, l’une des plus puissantes familles du Dauphiné. Avec leur influence grandissante, le cœur du pouvoir local se déplace hors du bourg, à château Bayard. Cet épisode marque ainsi le glas de l’importance du hameau fortifié. Un document de 1555 demande d’ailleurs la destruction du château d’Avalon. Il est alors possible que les fortifications et le donjon aient été démontés, au moins partiellement.

16 Félix CROZET, Description topographique, historique et statistique des cantons formant le département de l’Isère et des communes qui en dépendent, Vol.1, Prudhomme éditeur, 1870, p.8 17 Aujourd’hui connu sous le nom de château Bayard 10

Le dernier fait d’arme que connaît le château d’Avalon prend place à la fin du XVIe siècle lors des sanglantes guerres de religion, opposant catholiques et protestants. En France, en 1589, après l’assassinat d’Henri III, beaucoup refusent l’héritier légitime Henri de Navarre du fait de sa conversion à la Réforme. Pour devenir Henri IV, celui-ci doit s’imposer entre autres, face au duc de Savoie, un des prétendants au trône de France du fait de sa filiation avec François Ier. En 1590, profitant de la guerre, Charles-Emmanuel de Savoie fait son entrée à Grenoble, puis investit la Provence. Il y est rapidement délogé par François de Bonne duc de Lesdiguières, partisan d’Henri IV. En 1591, après un siège mené avec brio, Lesdiguières reprend la capitale dauphinoise et repousse ses ennemis vers le comté de Nice et la Savoie. En septembre 1591, le Grésivaudan fait face à une contre-attaque savoyarde menée par Amédée, le frère bâtard de Charles Emmanuel. Lesdiguières rassemble alors 5 800 hommes à Grenoble et part porter secours à Morêtel où les troupes savoyardes se regroupent. Le commandant passe par la vallée de l’Isère et s’arrête à Pontcharra bloqué par les troupes rivales fixées au-dessus de l’Isère, aux châteaux d’Avalon, de Bayard et de . La bataille est inévitable et s’engage à Villard-Noir, le 18 septembre. La puissante armée commandée par le marquis de Trevigo et don Olivera (comptant 13 000 piétons et 1 000 cavaliers en plus de 2 000 renforts milanais et napolitains) est rapidement mise en déroute par les 7 000 hommes rassemblés par Lesdiguières. Entassée entre l’Isère et les coteaux de Bramefarine, l’armée savoyarde ne peut se déployer convenablement et la confusion entretenue entre les généraux empêche les soldats de s’organiser convenablement. Ainsi, lorsque les troupes dauphinoises surgissent, prenant en tenailles les positions ennemies, c’est la débandade. Les premières lignes reculent, mais sont piégées par leur nombre dans un relief accidenté. Il suffit de deux heures à François de Bonne pour remporter la victoire. Les places fortes de château Bayard et Avalon sont reprises par les Dauphinois. Les 2 000 hommes sous la responsabilité du comte Galgotte de Beljoyeuse se rendent sans sommation et tentent de fuir par la vallée. Malgré les ordres de faire des prisonniers, 700 hommes sont massacrés à Avalon18. Encore une fois, les traces de ce douloureux évènement émergent à nouveau au XIXe siècle. Dans une lettre au préfet, le Dr Niépce, maire de Saint-Maximin, écrit qu’il a lui-même trouvé de nombreux corps en armure dans un terrain qu’il avait fait défricher19.

Avant la débandade, l’armée savoyarde n’eut pas de difficulté à s’installer sur la position stratégique du château d’Avalon puisque celui-ci était hors service. En plus d’être inadapté aux nouvelles exigences de la guerre, son état devait être peu reluisant puisqu’en partie détruit. Ainsi, en 1595, lorsque Lesdiguières fait raser le fort de Morêtel, au sud de Saint-Maximin, pour éviter une prise du lieu par les armées de Savoie, il ne touche pas à la tour d’Avalon.

Il est malheureusement impossible de savoir l’état de l’étang à cette époque ou au siècle précédent. On peut penser qu’avec la fin des assauts directs à l’encontre du château, les fossés aient été entretenus de façon minimale afin de garder seulement un espace aquatique suffisant pour l’élevage du poisson.

18 Nicolas CHORIER, ibid, p.747 19 ADI, 20426/5, Lettre du docteur Niepce, ex-médecin-inspecteur et chevalier de la Légion d’Honneur, au secrétaire générale de l’Isère concernant l’intérêt historique de la tour d’Avalon, 14 aout 1893. 11

Au cours des siècles suivants, le village d’Avalon se remet péniblement des crises l’ayant sévèrement touché au XVe et XVIe siècle. Au XVIIe siècle, le marché a disparu et les habitants se voient obligés d’aller à Allevard ou Goncelin20. Néanmoins, la population de la paroisse augmente à nouveau dans les siècles suivants21.

Lors de la création des communes après la Révolution, Saint-Maximin, Grignon et Villard-Benoît sont rattachés à Pontcharra. Il semble que cette situation ne satisfasse pas les habitants du bourg puisqu’Avalon est détachée de Pontcharra en 1801 et vient former une commune indépendante jusqu’en 1832. Après cette date la commune de Saint-Maximin est créée et regroupe divers hameaux dont celui d'Avalon. Très vite, les villageois remettent en cause les institutions républicaines en envoyant une lettre aux administrations de l’Isère en se plaignant de la « conquête » subie par leur village. En effet, habituée à être indépendante, la communauté d'Avalon remet en cause la légitimité du maire sur leur territoire. Le manque de communication entre les deux communautés aidant, le village souffre d’une déresponsabilisation des pouvoirs publics face à l’entretien de leurs biens communaux. Le chemin qui monte au village est un bourbier impraticable et les puits, les fours communs et les fontaines tombent en ruine. Les habitants demandent alors de reprendre leur ancienne administration, ce qui ne leur sera pas accordé.

L’ancienne motte castrale, encore coiffée des ruines du château d’Avalon est, au début du XIXe siècle, une terre communale laissée en friche 22 . Le village vivant de l’agriculture, de la vigne et de l’exploitation forestière décide dans les années 1850 de remettre ce terrain en état puis de le louer à des particuliers pour l’exploitation agricole. Notons qu’en contrebas du château, les anciens fossés entourés de pâtures se sont comblés au fil du siècle pour présenter l’état d’un étang marécageux. Le souvenir de l’ancienne vocation du lieu apparaît néanmoins dans sa toponymie. Le cadastre de 1838 donne au lieu-dit le nom de « Le Chêne, La Roche et Le Vivier ». Ces terrains, contrairement à ceux entourant le château, sont privés et appartiennent à la famille Perret habitant le bourg d’Avalon. Les matrices cadastrales nous informent que les abords du vivier sont des prés de fauche. On ne sait malheureusement pas précisément comment était géré l’étang à cette époque.

Le bail à ferme exécuté sur les terres proches des ruines du château prend fin en novembre 1893, lorsque les Chartreux proposent la construction d’une nouvelle tour honorant Saint-Hugues d'Avalon, à l’emplacement de l’ancienne fortification. À cette date, après une démolition partielle de l’ensemble et des siècles d’érosion et d’épisode de gel et de dégel, il ne reste plus que la moitié du donjon originel, aussi bien en hauteur qu’en circonférence.

Les villageois du hameau voient comme une aubaine la proposition des moines et apparaissent enthousiastes à l’idée d’une rénovation de l’ensemble. La commune de Saint-Maximin n’ayant rien à payer, reçoit quant à elle, comme un honneur l’intervention des Chartreux. Si l’établissement d’un oratoire est proposé par la communauté, le préfet de l’Isère rejette cette demande du fait des lourdes formalités liées à la création et à l’entretien de cette infrastructure. Les travaux du nouveau monument se terminent en 1895.

L’une des dernières archives relatives à la vie de la tour d’Avalon est une délibération du conseil municipal du 12 septembre 1914. Mlle Grillet de château Bayard, effrayée par les rumeurs de la guerre vient entreposer ses tableaux et ouvrages d’art dans le bâtiment jusqu’en 1918.

20 Bulletin de la Société de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l’Isère, Société scientifique du Dauphiné, Grenoble, 1931 21 Bernard BONNIN, Paroisses et communes de France, 38, Isère, CNRS, Lyon, 1983 22 ADI, 20426/5, Biens communaux, 1859/1893 12

Malgré son apparence modeste, le bourg d’Avalon est riche d’une longue et tumultueuse histoire. Peuplée dès l’Antiquité, l’éminence rocheuse se dressant au-dessus du Bréda et de la vallée de l’Isère fut très tôt considérée comme un lieu propice à l’établissement d’un avant-poste défensif sur un lieu charnière entre le Grésivaudan et la Combe de Savoie. Malheureusement, le manque de sources ou d’indices plus précis ne nous permettent pas de dresser un portrait du village avant le XIe siècle de notre ère. C'est à partir de l’an mil et avec l’établissement sur les terres d’Avalon de la famille éponyme, que le hameau va petit à petit se développer en un bourg fortifié, cœur d’une des châtellenies clefs du Dauphiné.

D’une simple motte castrale supportant une structure défensive de bois, la colline d’Avalon se voit coiffée d’une véritable tour de pierre à partir du XIIe siècle. Enceinte d’une première muraille, cette fortification protège le bourg qui s’étend au sommet du coteau et marque d’une empreinte forte la domination de la famille noble d’Avalon sur les terres qui lui appartiennent.

Rapidement, les Dauphins étendant leur domaine et renforçant les frontières de leur province font l’acquisition du mandement d’Avalon. La dégradation des rapports entre le Dauphiné et la Savoie s’accélérant dans les années suivantes mène à une guerre qui durera près de cent ans. Première place forte face à l’ennemi, Avalon devient un bourg fortifié en 1261. Clos par une enceinte il est protégé à l’est par un fossé en eau servant également de vivier pour la population locale. Ces défenses n’empêchent pas au village d’être attaqué et meurtri à plusieurs reprises.

Lorsque la paix est signée, en 1355, le hameau se voit doublement affligé. D’une part, il pâtit des dégâts considérables laissés par la guerre sur les bâtiments et les terres. D’autre part cet état est aggravé par la perte de son importance militaire sur la frontière stabilisée. En un siècle, le bourg devient l’ombre de lui-même. Il perd son marché, se dépeuple, et progressivement, la vie qui l’animait disparaît. Le donjon médiéval, quant à lui, est déserté par son châtelain qui s’installe dans une demeure plus confortable à un kilomètre de là. Tombant en ruine, le souvenir des hauts faits d’armes du château ne trouve qu’un lointain écho lors de la bataille de Pontcharra en 1591.

Peu entretenu et préservé de l’anthropisation, le vivier se transforme en marécage accueillant diverses espèces aquatiques (oiseaux, amphibiens). Cet espace, refuge naturel de la faune locale, continue jusqu’aujourd’hui de s’épanouir paisiblement au pied du nouveau monument construit par les Chartreux en l’honneur de Saint-Hugues d’Avalon. Terminée en 1895, cette tour dominant l’Isère rappelle le destin particulier d’Avalon et attire encore aujourd’hui les curieux parcourant la vallée du Grésivaudan.

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Archives Départementales de l’Isère :

Cadastre Napoléonien : - 4P4/208 : Plans de la commune de Saint-Maximin, 1838 - 4867W330 : Matrices cadastrales (propriété non bâtie), 1913/1945

Administration communale d’Avalon : - 2O426/1 : Administration générale, 1811/1937 - 2O426/5 : Biens communaux, 1859/1893

Fonds iconographique : Représentation de la tour Saint-Hugues d'Avalon, carte postale (XIXe et XXe siècle) - 9FI3088 - 9FI3087 - 9FI3089 - 9FI3090 - 9FI3091 - 9FI3092 - 9FI7473 - 9FI8167

Compte de Châtellenie : - 8B102 : compte de la châtellenie delphinale d’Avalon, 1407

Archive médiévale du château d’Avalon : - B 3120 : Enquête delphinale, 1339 - B 3134 : Demande de destruction du château d’Avalon, 1555

Archive de la commune de Saint-Maximin :

- 1W31 : Répertoire des archives, 1991 - CC1 : Parcellaire du mandement d’Avalon, 1727 - EE1 : Passage et logement des troupes, 1659-1689

Musée Dauphinois (fond iconographique) :

- 38.426 : Touriste devant la Tour Saint-Hugues début du XXe siècle - 78.2007.10.24 : Vue de Château Bayard et de la vallée de l’Isère depuis Avalon - A95 834 : Scène de fenaisons au début du XXe siècle - A99 111 : Prieuré d’Avalon 1er quart du XXe siècle - A2002 164 : La Tour Brune, village d’Avalon (1914/1918)

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- BERNARD Abbé Félix, Histoire de Pontcharra-sur-Breda et du mandement d'Avalon, des origines au XIXe siècle. Un pays frontière, patrie de Saint-Hugues, évêque de Lincoln et du chevalier Bayard, Arbin, Chambéry, 1964.

- BOCQUET Aimé, Hannibal chez les Allobroges : 218 avant Jésus-Christ : la grande traversée, Fontaine de Siloé,

- BONNIN Bernard, Paroisses et communes de France, 38, Isère, CNRS, Lyon, 1983

- BRUNO Joël, Histoire économique du mandement d’Avalon, 1250-1350, T.E.R présenté devant l’Université des Sciences Sociales de Grenoble, U.E.R Histoire, Histoire des Arts, 1978

- Coll., Archéologie et histoire en Grésivaudan. Archéologie chez vous : cantons de et du Touvet, Éditions CAHMGI, Musée Dauphinois, n°3, 1984

- CHASSANDE Elie, Monographie du mandement d’Avalon et Bayard de la commune de Saint-Maximin, 1908

- CHEVALIER Ulysse, Regeste Dauphinois, ou Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l'histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l'année 1349, Tome 1 à 7, Impr. Valentinoise, Valence, 1913-1926

- CHORIER Nicolas, Histoire Généalogique de la maison de , Branche des anciens comtes de Lyon et de Forest, Lyon, Thioly, 1672

- CHORIER Nicolas, Histoire générale de Dauphiné depuis l’an M. de N. S. jusques à nos jours, Thioly, Lyon, 1672,

- CIAVALDINI RIVIÈRE Laurence, LEMONDE-SANTAMARIA Anne, TADDEI Ilaria, Entre France et Italie : mélanges offerts à Pierrette Paravy : vitalité et rayonnement d'une rencontre, PUG, Saint-Martin-d'Hères, 2009

- CROZAT Abbé, Vie de Saint-Hugues d’Avalon chartreux, évêque de Lincoln (1140-1200), Cuvrière, impr. de l’École des chartes, 1895.

- CROZET Félix, Description topographique, historique et statistique des cantons formant le département de l’Isère et des communes qui en dépendent, Vol.1, Prudhomme éditeur, 187

- FALQUE-VERT Henri, Aspects de la vie rurale dans le mandement d'Avalon au XIIIe, Grenoble (Isère), in. Entre France et Italie : mélanges offerts à Pierrette Paravy, PUG, 2009, pp. 13-21

- GOULART Simon, Mémoires de la Ligue : contenant les évènements les plus remarquables depuis 1576, jusqu'à la paix accordée entre le roi de France & le roi d'Espagne, en 1598, Volume 4, Chez Arkstée & Merkus, 1758

- LE MASSON Innocent, Annales de l'ordre des Chartreux, A. Fremon, 1687

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- LONGCHAMP-DUPRÉ et CRÉPU, Les Communes de Leysseau, La Chapelle-Blanche, Avalon, Villard-Benoît, Grignon, St Maximin et formant le ci-devant mandement d'Avalon, Allier, Grenoble, 1867

- MAZARD Chantal, Les château delphinaux du Grésivaudan d’après l’enquête de 1339, in. château médiévaux en Rhône-Alpes, pp.83-87, 1991

- ROCHAS Henri, Histoire d’une tour, Avalon, in. Bulletins de la Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie, Veuve Rigaudin, Grenoble, 1922

- TARDY Hervé, Le Grésivaudan au Moyen-Âge, Historic’one, Annecy, 2006

- TASSET Éric, Châteaux-forts de l’Isère, Éditions de Belledonne, Grenoble, 2005

- BLARY François. L'approvisionnement et les structures en eau du château de Château- Thierry (Aisne) aux XIVe et XVe siècles, in. Revue archéologique de Picardie, n° 1-2, 2006. pp. 127-137. [URL] www.persee.fr/doc/pica_0752-5656_2006_num_1_1_2429

- BERTRAND François, La Savoie à l’époque Romaine, Archive de Savoie. [URL] http://www.savoie-archives.fr/archives73/dossiers_sabaudia/savoieromaine/scientifique2.php

- PARAVY Pierrette, De la chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné. Évêques, fidèles et déviants (vers 1340 — vers 1350), École Française de Rome, Rome, 1993. [URL] http://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1993_ths_183_1

- PROMPT Edwige, GUILLERME Nicolas, Les étangs piscicoles un équilibre dynamique, in. Les cahiers techniques Rhône-Alpes. [URL] http://www.cen-rhonealpes.fr/wp- content/uploads/2011/03/CTEtangs.pdf

- QUERRIEN Armelle, Pêche et consommation du poisson en Berry au Moyen-Âge, in. Bibliothèque de l'école des chartes. 2003, tome 161, livraison 2, pp. 409-435. [URL] http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2003_num_161_2_463623

- Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500), ATLIF. [URL] http://www.atilf.fr/dmf/definition/poype

- Centre National de Ressource Textuelle, CNRS. [URL] http://www.cnrtl.fr/

- Société scientifique du Dauphiné Bulletin de la Société de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels du département de l’Isère, Grenoble, 1931 [URL] http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32724220d

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Arbre généalogique des héritiers mâle de la famille d’Avalon, d’après l’Abbé Félix Bernard. En rouge les Avalon nés au XIe siècle, en orange ceux nés au XIIe et en vert ceux nés au XIIIe siècle. En bleu les châtelains d’Avalon pour le compte du Dauphin.

Didier Ier D'Avalon

Lanthelme Romestaing D'Avalon D'Avalon

Guillaume Bornon de Romestang "Romestaing" ep. Didier de la Poype Omar de la Poype Poype Anna de They

(Saint) Hugues Guillaume II Pierre d'Avalon d'Avalon d'Avalon

Guillaume III Pierre de Macôt Jean d'Avalon Bornon d'Avalon d'Avalon

Guillaume IV Humbert d'Avalon d'Avalon

Aymeric d'Avalon

Rodolphe d'Avalon

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Résumé du développement de l’étang d’Avalon.

L’étang d’Avalon fut créé sur ordre du Dauphin Humbert II en 1261. Sans doute creusé à partir dans une dépression du terrain accueillant déjà un point d’eau, l’étang fut au départ un fossé entourant les premières fortifications du village. En effet, à partir du milieu du XIIIe siècle, la guerre delphino-savoyarde fait rage et Avalon devient l’une des têtes de pont du Dauphiné sur la frontière faisant face à la Savoie. L’importance stratégique du bourg fait de celui-ci un territoire clé dans la défense des positions du Dauphin. Construit sur des terres appartenant à un ancien prieuré clunisien, le fossé en eau va servir à la fois de structure défensive, mais aussi de vivier et de réservoir d’eau pour prémunir le village de potentiels incendies. Entretenu par les habitants du bourg, ceux-ci venaient pêcher dans cet étang afin de satisfaire leur besoin en viande blanche, notamment lors des périodes de carême. En effet, l’étendue aquatique devait être peuplée de poissons d’eau stagnante tels que des carpes et des goujons. Il est également possible que le vivier ait accueilli diverses espèces d’oiseaux aquatiques très prisés à l’époque médiévale pour leur chair, comme des canards et des hérons.

Victime des raids savoyards, l’étang est comblé par les assaillants lors du siège de 1313. Ne protégeant plus convenablement le château, celui-ci sera d’ailleurs pris et occupé durant quelques mois par les armées du comte de Savoie. Remis en fonction en 1314, l’étang sera utilisé durant le reste de l’époque médiévale.

En 1349, alors que le Dauphiné est rattaché au royaume de France, les conflits liés à la frontière s’apaisent et le rôle défensif du bourg d’Avalon devient obsolète. Le village se dépeuple et une grande partie des habitants partent s’installer dans la vallée afin de fonder Pontcharra. Dès lors les traces de l’utilisation de l’étang disparaissent. Nous pouvons néanmoins penser que celui- ci est toujours entretenu de façon minimale pour les besoins de pêche.

Au fil du temps les terres bordant le plan d’eau deviennent des prés de fauche et, de façon naturelle, l’étang s’assèche pour devenir la prairie marécageuse que nous voyons aujourd’hui.

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Carte des mandements de l’Isère d’après Bernard Bonnin, Paroisses et communes de France, 38, Isère.

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Auteur inconnu, Femmes de Saint-Maximin devant l’ancien prieuré clunisien, Yves Bobin, 1920-1925. © Coll. Musée dauphinois

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La « Tour Brune », ancienne maison forte du bourg, Yves Bobin, 1914-1918 © Coll. Musée dauphinois

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Touriste devant la Tour d’Avalon, Auteur inconnu, début du XXe siècle © Coll. Musée dauphinois (38.426)

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