CARTE III RÉPARTITION DE LA POPULATION RECENSÉE, 1987

Cette carte est directementissue des informations du sont administrativementrattachées à un village. Ces recensementgénéral de la population du effec- campements- permanentsou temporaires- peuvent tué en 1987. C’est donc une représentation datée, abriter des pêcheurs,des agriculteurset/ou des éle- mettanten relation le nombre de personnesrecensées veurs... Ils n’ont pas d’existenceadministrative, bien et leur localisationau plus petit identifiant spatialpos- qu’ils aient une existencephysique connue et stable sible : le village. depuis longtemps, surtout, bien entendu, s’ils sont permanents.Entre deux recensements,certains “cam- pements” peuvent d’ailleurs devenir des “villages” à part entière. Il est fréquent qu’à un “village adminis- tratii-” soient rattachésune demi-douzainede campe- UN INSTANTANÉ FLOU mentsou davantage,souvent situésnon loin de là, et fondés par des habitantsdu village-mère. La population de chaquevillage recenséest rapportée Chez les pêcheurs,les campementssont souvent des à sa localisation précise d’après les cartes IGN au extensions du village, situées en bordure immédiate 1/200 000. Cette localisation a été vérifiée sur les des lieux de pêche (mare permanente,cours perma- documentsréalisés spécialement en vue de la prépa- nent, chenal). Mais ils peuvent aussiêtre très éloignés ration du recensement par les services concernés. du village d’origine, commecela est - ou a été - le cas Comme les symboles (points et cercles) ont une chez les “grands migrants”, partant de villages du valeur scalaireau dessousde 10 000 habitants,on a Diaka et du Niger amont (régions de Ténenkou, effectué une pondération entre villages voisins à Kokri, Ké-Matinal pour s’installerauprès du lac Débo l’intérieur du mêmearrondissement. (chap. 2.2).

Lesvillages recenséssont les agglomérationsinscrites Il est donc très difficile de connaîtrela population des sur les registresadministratifs (et dits pour cela “vil- campements,à moins d’enquêtes spécifiques. Pour lages administratifs”).Ils sont pourvus d’un chef de avoir une id& de la localisation, en dehors de toute village, en principe détenteur et responsable de indication quantitative, des campementsidentifiés, l’organisationfoncière sur le terroir du village. En fait, on se reporteraà la carteIV. la notion de village administratifest une reprise colo- niale d’organisations antérieures, peule de la Dina puis toucouleur, pas toujours légitiméespar les habi- tudes socialeset culturelles actuelles : Certains ‘?A- lages’l (...) ont été adm.inistrativement érigés en “vil- LE DÉCOUPAGE lages” alors que “traditionnellement” ce ne sont que ADMINISTRATIF des hameaux ou des écarts de culttw qui dépendent de villages qui, eux, ont le pouvoir foncier sur l’ensemble de lhpace considéti (Kintz, 1992). On a fait figurer ici les découpagesadministratifs en Régions, Cercles et Arrondissements, auxquels sont couramment rapportées les caractéristiques de la Le report du chiffre de la population recenséeà la population. La région naturelle du Delta Central du localisation des villages administratifs ne représente Niger ne correspondpas à une catégoriede circons- pas exactementsa répartition quantitative et spatiale cription administrative : elle s’étend sur une partie réelle : outre les biais induits par sa mise en œuvre seulementdes trois Régions de Ségou au sud, même (chap. 2.2), le recensementne prend pas en au centre et Tombouctou au nord (respectivement compte les agglomérations parfois importantes qui IVe, Ve et VIe Régions), chacune d’elles incluant,

Noticedes cartes hors-texte outre une portion de la région inondable, un impor- tions dans le nord, oü la moyenne du nombre des tant territoire en milieu sec sur la bordure est et sur la habitants par village est inférieure à 400 (285 dans bordure ouest de la région naturelle. l’arrondissementde Sa, 370 dans celui de Douétiré, 259 dans celui de Koumaïrd, 171 dans celui de Léré...).Il faut toutefois noter que dans les arrondisse- Au-dessousdes trois régions administratives, le Delta ments septentrionaux (Douétiré, Goundam) et dans Central comprend huit cwcles,dont cinq incluent en celui de Léré,des groupesautrefois nomades, plus ou majorite des surfaces inondables ou, plus précisé- moins durablementfixés en 1987,sont recenséssépa- ment. anciennementinondables. Ce sont les cercles rément, et ne représententparfois que deux ou trois de Djenné, Mopti, Youvarou, Niafounké,Diré. Encore dizainesde personnes. les cerclesde Youvarou et Niafounké incluent-ils une bonne surface de territoire non deltaïque, dans les arrondissementsde Gatié-Loumoet Lé&. Le cercle de Qn ne trouve pas dans le Delta Centml de très fortes Ké-Mwina inclut de vastes territoires en milieu sec densitésde population, maiselles sont presquepartout (arwndissementsde Monimpe, Sara,Saï, Si), ainsi que supérieuresà la moyeme nationale : l’arrondissement celui de Ténenkou (arrondissementde et, en de Mopti compte 1146 habitants au kilomètre carré partie, arrondissementde To‘guéré-Koumbé). villes incluses,mais seulement26,s si l’on ne compte pas les deux grandes agglomérations urbaines de Mopti et Sévaré.Les fortes densitésse trouvent dansle Dans les limites que nous nous sommesdonnées, le cercle de Djenné (40,3dans l’arrondissementde Taga, Delta Central est subdivisé en 43 arrondissementsre- 35,9 dans l’arrondissementde Djenné sanscompter la presentésici, entreKolongotomo au sud et Douétiréau ville, respectivement29,9, 27,3 et 27,l dans ceux de nord. L’ensemblecouvre une superficiede 42 975 km2 ,, ) et dans le cercle de Mopti (mesuréssur cette carte), soit une extension un peu (arrondissementsde Konnd, 39,8; ,33,j ; plus grande que le “Grand Delta”, c’est-à-direl’ancien- Sendégué30,1X Mais il faut remarquerla forte densité ne zone inonddble proprementdite. du petit arrondissement septentrional de Tonka (73,2 h/km2 y compris la ville de 6 938 h). Les arron- Lesarrondissements actuels correspondent aux arbdi- dissementsles moins peuplésau sud du lac Débo sont rtiions coloniales, à quelques ajustementsprès. Les Toguéré-Koumbé (8,l h/km2), Sossobé-Togoro, subdivisions elles-mêmesavaient repris, en les remo- Diafarabé,, Didlloubb ( 16,6h/km% delant par endroits, les Vantons” ou provinces (kajb) des structures bambara, peules ou toucouleur, en À titre de comparaison,voici trois chiffres de densités conserwnt les capitalesprovinciales et les hiérarchies moyennespour le Mali : de villages. La structure régionale actuelle par arron- dissements(limites et chefs-lieux) conserve donc, à - densité de population de l’ensemble du pays, quelques exceptions près, celle des systèmeshisto- rkgions sahariennescomprises : 6,2 habitantsau kilo- riques du siècledernier. m&e carré ; - densité de population des cinq Regions du Mali méridional (Kayes,Koulikoro, Sikasso,Ségou, Mopti) : 15.4 habitants au kilomktre carré (Bamako, circons- INTERPRÉTATLON cription urbaine, n’est pas incluse dans ce chiffre) ; - densité de population de l’ensemble de la Région Ces +.4 arrondissementsrassemblaient en 1987 une administrative de Mopti (y compris les cercles sans population totale recenséede 895 537habitants. rapport avec le Delta Central) : 16,2habitants au kilo- mètrecarré. Cette population est 2 peu près uniformément répar- tie ,surl’ensemble du Delta Central, mises ?Jpart les Les aires densémentpeuplées du Delta Central sont parties occidentalesdes arrondissementslimitrophes celles où sont mêlées depuis plusieurs siècles des de l’ouest, sèches et depuis longtemps dévolues à populations diverses, aux spécialisations marquées, l’élevageextensif. qui continuent à tirer parti de toutes les ressources qu’offrent leur milieu commun : Bozo, Nono et Marka (pêche, riziculture), Peuls (élevage), Bambara(agri- Dsns le détail, on peut opposer les gros villages du culture en général). Meme quand certaines régions sud, où ceux de plus de 1 000 habitants sont nom- ont été volontairementvidees de leur population dans breux, placés le long des axes fluviaux et routiers le passé (la rive gauche du Diaka, une partie (arrondissementsde Ténenkou, Sofara,Patomd, par du Sébéri, sous l’empire toucouleur) les habitants y exemple), ü l’éparpillement des petites aggloméra- sont revenus ensuite, bien qu’on puisse noter que yénenkou) et Ham&aye (près de Sofara)“nese soient tion, avec se; limites administr&es, à celle des-aires jamaisrelevées. réellementet réguErement inondéesdepuis 1980,on constateque près de la moitié des arrondissementsne sont plus concernéspar la montée des eaux que de Lesvilles de plus de 10 000 habitantssont au nombre façon marginale: c’estnotamment le casdes arrondis- de quatre : sementsde l’amont du Delta Central (,Kolongotomo, Mopti : 74 861 habitants,y comprisSévaré qui est l’un Ké-Macina,Saï), des arrondissementsde la région des de ses dix quartiers.Mopti et Sévarésont distantsde grandeslevées alluviales, désormaislargement exon- 12 km ; les deux agglomérationssont séparéespar des dées (Kowakourou,Sofara, Dialloubé, à un moindre rizièreset des airesinondables, et leurs bâtimentsne se degré Mougna) ; des arrondissements en bordure rejoignentpas. On les a représentéesici séparément. ouest du Delta (Gatié-Loumo,L&é, Youvarou) et des Goundam: 13 352 habitants. arrondissementsde la région du nord, particulière- Diré : 12 868 habitants. ment N’Goumd, Dirci, Douétiré, Ddnga. Certains de ces arrondissementsont une densité de population Djenné : 12 152habitants. elevée (Kolongotomo, 41,s ; Sofara, 28,9 ; 26,l) et aussi une croissance forte (Kolongotomo, Les agglomérationsentre 10 000 et 5 000 habitants Ouro-Mo&), cj chap. 2.2. Notons qu’une part très sont au nombre de huit : ce sont de gros bourgs qui importante des ressources de l’arrondissement de se sont développés autour de leurs fonctions com- Kolongotomo est fondée sur les rizières aménagées, mercialeshistoriques et de leur rôle de relais de com- qui restentpartiellement productives actuellement. La munications, renforcés pour certains par leurs fonc- plupart des arrondissementsconcernés par la reduc- tions administratives. c’est le cas de Ténenkou, tion d’intensité de la crue ont des croissancesfaibles Diafarabé.Ké-Macina. Niafounké. Il faut mettre à oart voire négatives(les arrondissementsdu nord, ceux de , 9’ 328 habitants : ce très ancien village’n’a Mougna et Kouakourouau sud). qu’un rôle administratifmineur, mais il est au contact du fleuve et de la route (goudronnée en 1985) de Mopti à Gao, à l’embranchementde la piste très fré- Beaucoup moins nombreux sont les arrondissements quentée en saison de basseseaux qui fait la liaison du Delta relativementépargnés par la diminution de avecle nord dunaire et Niafounképar Saraféré. la crue : Sossobé-Togoro,qui bén&ficie globalement de l’apport des grands cours d’eau (Niger et Diaka) ; Guidio, arrondissementqui enveloppe le lac Débo. On remarquele “centre vide” du Delta Central : une Relativementépargn&s aussi sont les arrondissements aire dépourvuenon seulementde villages mais aussi- bordiers qui n’avaient dbja qu’une faible portion de en 1987-88- de campementsimportants, située entre surface inondée, même dans les bonnes années : le Kotia et la rive gauche du fleuve Niger. Pays de Soumpi, Niafounké, Gounddm, dont les deux pre- cuvettesprofondes - autrefoistrop profondes pour la miers ont une croissance nulle. 11faut néanmoins riziculture - et de vasteslevées alluviales exondées,il prendre garde que ces indications restent globales : n’a pas attiré de populations nombreusesjusqu’à une les détailspeuvent montrer des situationsplus diversi- période très récente.La baissedu niveau maxinyaldes fiées, et les chiffres cités ici, issus du recensementde crueset le déplacementdes airesoù la profondeur de 1987,ne reflètent déjü plus la réalité de 1993. l’eau est favorableont rendu une partie de cette zone propice à la riziculture traditionnelle - sans maîtrise du plan d’eau - en mêmetemps qu’ils interdisaientce Un certainnombre de bourgs,dont les activitésétaient mode de culture dans le voisinage immédiat (région en grande partie fondées sur le milieu fluvial, s’en de -Kotabanotamment) et la réduisaientfor- trouvent desormaisà l’écart : c’est le cas de kd très tement dans celles de Toumi-Diabi ou Ouro-AJfaka. ancienneville de Dia 15 395 habitants),isolée loin de Lesgrandes levées alluviales des borduresdu Niger et l’eau au milieu des traces de ses digues et de ses du mayo Donguel, sèchesdepuis plus de vingt ans, rizières stériles ; dans une moindre mesure de se sont couvertes de végétation arbustive exploitée Ténenkou et Korient&. Sont menacéségalement les pour le bois. Depuis 1990, des paysans riziculteurs gros villages de l’amont du Delta (régions de Ké- nono et rimaibé commencentdonc à occuper ce vide Macinaet Diafarübé),et des pdysd’entre Niger et Bani. et une ligne de campementspermanents construits en D’autresgros villages - march& importants- comme dur jalonne le contact entre la plaine encore inon- Konna et Youvarou ne sont désormaisplus accessibles dable et une vastezone sèche. par eau pendantaussi longtemps qu’autrefois.

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