Bugsy Malone d’Alan Parker Royaume Uni, 1976, 1h30, VO et VF avec Jodie Foster et Scott Baio

Présentation

 Style de film : C’est une parodie de film de gangsters et une comédie musicale hollywoodienne. Des enfants jouent des rôles de gangsters, de patron de boîte… les projectiles sont de la crème pâtissière, les voitures sont à pédales.

 Résumé : Dans l’Amérique de la , Fat Sam, chef de gang et tenancier d’un club clandestin, engage Bugsy Malone, petite frappe et dragueur à ses heures perdues. Ensemble, ils déclarent la guerre à Dan le Dandy et sa bande, détenteurs d’une arme secrète invincible : une mitraillette à crème pâtissière. Tous les coups sont permis pour tenter de voler l’arme à la bande rivale, mais le chemin de Bugsy est semé d’embûches, de femmes fatales et de guet-apens…

 Histoire détaillée : Chapitre 1 : La boîte de Gros Sam

Pendant le générique, on entend une chanson sur Bugsy Malone, disant que c’est un séducteur, qu’il plaît à tout le monde. Le gros Sam (Fat Sam) tient un établissement de vente et de consommation d’alcool, pendant la Prohibition (« speakeasie ») avec des musiciens et des chanteurs. Bugsy fait la connaissance d’une chanteuse « Blé Noir blues ». La boîte de Sam subit une attaque.

Chapitre 2 [10’30]: Guerre des gangs

Pendant qu’un des hommes est chez le coiffeur, quelqu’un d’un gang rival assemble son fusil (sa sulfateuse) et tire. La police est interrogée mais ne veut rien dire.

Chapitre 3 [15’3]: Fizzy

Sam quitte son établissement. Le petit balayeur noir, Fizzy, chante. Bugsy dîne avec la chanteuse et ils partent sans payer.

Chapitre 4 [22’32]: Encore une audition ratée

Il sort une édition spéciale du journal parlant de la guerre des gangs et les journalistes du monde entier téléphonent à leurs correspondants. Dans le salon de Sam , il y a audition de numéros : magie, chanteuses, danseuses… « Blé Noi r » se désespère d’être embauchée.

Chapitre 5 [28’33]: Les armes de Dandy

La bande de « Dandy gandin » se réunit chez lui. Il est propriétaire de la sulfateuse à crème et il veut être le seul chef

1 de gang. La bande de Sam revient et chante. On prévient Sam que les armes seraient entreposées dans une blanchisserie chinoise : c’est un guet-apens et ils se font tirer dessus.

Chapitre 6 [36’20]: Un revers pour Bugsy

Bugsy se fait draguer par la copine de Sam. Sam accepte d’auditionner Blé Noir. Elle est embauchée, mais s’enfuit. Sam veut embaucher un vrai dur dit « le fou » pour éliminer l’autre gang. Sam embauche Bugsy comme chauffeur.

Chapitre 7 [43’14]: Piège pour Dandy

Sam donne un rendez-vous à Dandy. Dans le cabaret, son amie Tallulah chante. Les deux chefs de bande s’affrontent mais Dandy a amené ses gars qui tirent sur le « fou ». Une course poursuite en voiture a lieu et finalement, c’est la voiture du Dandy qui s’embourbe. Bugsy est payé par Sam.

Chap itre 8 [51’55]: Le rêve de Blé Noir

Dans leur loge, les chanteuses discutent à propos de leurs tenues. Blé Noir rêve qu’elle tourne un film. Bugsy l’appelle au téléphone, il l’emmène faire un tour en voiture, faire du bateau. Il lui offre une visionneuse avec des photos de vedettes d’Hollywood. Il dit qu’il ira acheter deux billets pour Hollywood, mais en ramenant la voiture de Sam, il se fait attaquer et on lui vole son argent. Un noir lui sauve la vie (Leroy Smith) et Bugsy lui propose d’apprendre la boxe.

Chapitre 9 [59’26]: Coups durs

Il y a des gros titres dans les journaux sur la guerre des gangs. Le Dandy met à sac la distillerie clandestine de Sam. La police qui enquête commet des maladresses (plâtre sur le capitaine). Bugsy emmène Smith suivre un entraînement pour devenir boxeur. Il a un don. Pendant ce temps, Sam essaie une sulfateuse, mais elle explose en tuant son acolyte. Le Dandy rackette l’entrepôt de légumes de Sam. Il appelle à son secours Bugsy.

Chapitre 10 [1h 6’47] : Bugsy le sauveur

Tallulah va chercher Bugsy chez lui car Sam a besoin de lui. Blé Noir croit qu’il ne veut plus l’emmener à Hollywood. Pendant ce temps, Bugsy découvre l’adresse de l’entrepôt des sulfateuses.

Chapitre 11 [1H14’44] : Descente dans la cache des armes

Dans le refuge de l’armée du salut, c’est la distribution de la soupe alors qu’un chant exprime les conditions difficiles de vie. Bugsy va recruter de l’aide parmi les pauvres. Puis ils distraient les gardes et les enferment. Ils volent toutes les sulfateuses.

Chapitre 12 [1h20’50] : Règlement de comptes

Dandy harangue ses troupes puis se dirige vers le cabaret de Sam. C’est la bagarre générale. Tout le monde est entartré. Les reporters du monde entier commentent l’évènement. Puis tout le monde se réconcilie et se serre la main. Bugsy et Blues partent en douce.

2 Pistes d’exploitation

A- Avant la projection :

 Il est nécessaire de préparer les élèves à la projection du film pour qu’ils ne soient pas surpris par ce qu’ils voient : ici le film situe l’action dans l’Amérique des années 1920, cela ne correspondra pas à ce que les enfants regardent aujourd’hui. De plus, il est en version originale, VO, c’est-à-dire en anglais, ce qui impliquera une attention aux sous-titrages. On peut passer quelques extraits choisis pour éveiller leur curiosité. Présenter la prohibition, la notion de gangs rivaux, la comédie musicale… Parler de parodie…

 Travailler sur le titre, sur l’affiche : qu’est-ce qui est suggéré ? décrire ce qu’on voit.

B- Après la projection :

1- Raconter l’histoire ou la résumer. Dire ce qui surprend dans ce film…

2- Retrouver les principaux personnages : les définir, raconter ce qu’il leur arrive…

 Bugsy Malone, le héros du film. Il est décrit comme quelqu’un de gentil, mais séducteur. Il aura une histoire d’amour avec la chanteuse « Blé Noir Blues ». C’est grâce à lui que tout le monde sera réconcilié.

 Sam dit « Fat Sam = Gros Sam » : c’est un chef de gang qui a son établissement clandestin avec chanteuses, danseuses, musiciens ; sa distillerie ; des magasins et des hommes à son service. Son amie est la chanteuse Tallulah. Il est autoritaire et n’aime pas qu’on se moque de lui. Il fera travailler Bugsy Malone et lui demandera de l’aide pour se débarrasser de son rival.

 « Dandy Gandin », chef de la bande rivale de celle de Sam. Il est plus raffiné que Sam. Il possède une arme « fatale » : la sulfateuse à crème que Bugsy réussira à voler.

 Les femmes : Tallulah, chanteuse amie de Sam et Blé Noir, chanteuse et danseuse, amoureuse de Bugsy.

3  Les autres personnages : la police, le journaliste de la radio, les Noirs : musicien, balayeur comme Fizzy, boxeurs…

3- A propos du film : le réalisateur, les acteurs …

Busgy Malone est d'abord un concept, original et audacieux. Pour parodier un et ses codes plusieurs recours sont possibles sans pour autant faire une simple comédie. Alan Parker, dont c'est ici le premier long métrage pour le cinéma, en utilise deux : d'une part le film musical qui a tendance à donner un côté exubérant à l'ensemble, et d'autre part faire jouer le film par des enfants et uniquement des enfants ou des adolescents.

Le film, qui s'amuse du polar et du film de gangster, devient donc une cour de récréation aux décors à l'aspect volontairement artificiel et à la violence amenuisée et ultra formalisée : le sang ne coule plus, la crème fraîche le remplace et souvent avec un arrêt sur image aussi brutal qu'hilarant. Parker va au bout de son idée, tirant ses influences de plusieurs grands classiques et reprenant tous les stéréotypes majeurs du genre afin de les détourner avec un style extrême mais léger et efficace.

Le premier long-métrage d’Alan Parker (Midnight Express, Fame) est construit comme un grand hommage au cinéma classique américain. Reprenant brillamment les codes de plusieurs , il les fait rejouer par une troupe d’enfants – tous excellents dans leurs mimiques et leur sens de dérision. Ainsi, les balles des fusils sont remplacées par de la crème et le tabac par des cigarettes en chocolat !

Bugsy Malone est également le film qui fit éclater le talent de Jodie Foster, impressionnante de maturité alors qu’elle n’a que treize ans. La bande originale et les chansons composées par Paul Williams (Phantom of the Paradise) font de ce film davantage qu’un agréable divertissement, un chef- d’œuvre de la comédie musicale qui fut d’ailleurs repris quelques années plus tard à Broadway avec autant de succès.

« Pour être franc, ce film était une idée de doux-dingue qui ne pouvait être tentée qu’en début de carrière. À l’époque, nous ne pensions pas une seule seconde qu’un concept aussi absurde ne puisse marcher. S’il y eut du courage et de l’audace de notre part, nous étions bien trop candides pour nous en apercevoir. Il s’agissait surtout d’un projet qui tenait à cœur tout un nombre de personnes travaillant alors sur leur premier film ; et c’est probablement la raison pour laquelle, d’une drôle de façon, ce film de nigaud fonctionne à merveille. » Alan Parker

4- L’Amérique des années 1920 : la prohibition, la mafia, la pauvreté

Dès la scène d’ouverture du film, le lieu et l’époque sont établis : l’Amérique urbaine des années 1920 où se mêlent la mafia, la Prohibition et la pauvreté. Cette période a été de nombreuses fois représentée dans le cinéma hollywoodien.

La prohibition : aux Etats-Unis, elle correspond à la période entre 1920 et 1933 pendant laquelle la fabrication, la vente et l’exportation d’alcool étaient interdites. Cette interdiction fut établie par le 18ème amendement de la Constitution, ratifié le 29 janvier 1919. C’est sous l’influence d’organisations de tempérance, le plus souvent religieuses, qui voulaient combattre la progression de l’alcoolisme, que la demande a été faite de rendre la fabrication et la vente de l’alcool illégales.

4 Les Etats-Unis, qui furent longtemps une terre d’immigration, accueillirent entre autre des irlandais et des écossais, qui ont apporté leur savoir-faire en matière de distillation. Ces néo-américains se sont alors mis à construire des distilleries sur leur territoire d’accueil. L’alcool, maintenant répandu et fortement utilisé, fût montré du doigt, car les saloons étaient devenus des lieux de débauche, détournant les hommes de leurs obligations familiales et professionnelles. Voilà pourquoi dès le XIXème siècle, dans de nombreux pays l’alcool fût accusé d’engendrer délinquance et maladies, et de ce fait prohibé. Des partisans de cette prohibition tel Jack London qui a relaté son combat contre l’alcoolisme dans son autobiographie (John Barleycorn), aidèrent la prohibition à gagner en crédibilité car elle était controversée.

Ainsi tous les états des Etats-Unis d’Amérique furent privés d’alcool le 29 janvier 1919, lors de la publication du 18ème amendement de la Constitution. Il est de ce fait l’acte de naissance d’une période de trouble, durant laquelle se sont constitués de véritables empires mafieux autour de la contrebande d’alcool. Ce texte fût donc la clef de la réussite d’illustres gangsters tels qu’, grand parrain de la mafia prohibitionniste. La prohibition fût donc mise en place pour des raisons politiques, sanitaires et sociales, pour réduire le crime et la corruption, afin de réduire les charges fiscales créées par les prisons et les « poorhouses », pour enfin améliorer la santé et l’hygiène de l’Amérique. Cependant, elle ne mena pas à la fin de la délinquance, ou des problèmes de santé du pays, comme le pensaient les chefs de l’Etat. La prohibition fût au contraire un facteur de croissance des problèmes internes de la nation et du crime organisé, réseau de plusieurs personnes respectant les ordres d’un même chef ou d’un comité de direction afin de faire des profits illicites pars des méthodes et des domaines interdits. C’est le crime organisé qui donna naissance à la mafia. L’alcool était alors envié de tous, et les organisations mafieuses qui réussissaient frauduleusement à se procurer de la boisson la revendait pour en toucher des revenus exorbitants. Tous les propriétaires de distilleries, vignerons et autres professionnels maintenant au chômage sombrèrent dans l’illégalité sous l’effet de la colère.

Les bars, reconvertis en salons de thé ou épiceries, disposaient d’arrière-boutiques où se mêlaient alcool, drogue, jeu et prostitution. Ce sont les « speakeasies » : établissement de vente et de consommation de boissons alcoolisées, dans lesquels, les patrons de bar demandaient aux clients de parler doucement (« speak easy ») lors des commandes d’alcool. La gestion de ces établissements était aux mains de gangs.

 Repérer dans le film :

- les références à la Prohibition : la définir, a-t-elle existé dans d’autres pays ? … - l’affrontement de deux gangs dans le saloon de Fat Sam. - la présentation de la société américaine des années 1920 et le contexte : les voitures, la radio, les costumes - le multiculturalisme : le gang de Fat Sam est d’origine italienne ; celui de Dan le Dandy est d’origine irlandaise. - la place des Noirs : les Noirs sont exclus ( personnage de Fizzy) … - la pauvreté : épisode dans un refuge de l’Armée du Salut.

5- Le film de gangster

Il devient très populaire dans le cinéma américain dès les années 30.Il décrit une réalité sociale et criminelle en la dénonçant et il contribue aussi à bâtir des figures de bandits qui nourrissent la fiction américaine ensuite : par exemple, Scarface de (1932) qui s’inspire du personnage réel d’Al Capone, chef de la pègre de Chicago dans les années 1920-1930.

La figure du gangster est liée à la pratique d’un commerce illégal et implique une activité de corruption. Chaque gang rêve d’avoir la mainmise sur un territoire : quartier, ville… Au fil des années,

5 le personnage de gangster évolue : il devient plus violent ; les armes changent, ; les trafics aussi (drogue au lieu d’alcool).

Dans notre société actuelle, société où les médias sont rois, la mafia a toujours passionné le public. On a pu voir les immenses succès de films comme Les Incorruptibles, Le parrain, Les affranchis, Donnie Brasco, Il était une fois l’Amérique, Scarface, des séries comme les Sopranos, Brotherhood ou encore des jeux vidéo comme Grand Theft Auto, jeu où la violence, la drogue, le jeu, la prostitution et le crime sont omniprésents.

 Repérer dans le film :

- l’identité du gangster : costume, chapeau, gestuelle, traits de personnalités, lieu : bar clandestin...

- les armes du film : tartes à la crème, mitraillettes à crème qui montrent que ce film est une parodie. On peut étudier les mécanismes de la parodie : Alan Parker dans son film ne fait pas l’éloge des gangsters mais les parodie en les faisant jouer par des enfants qui imitent les adultes (accent italien, les femmes fatales…)

6- Hommage à la comédie musicale

Alan Parker a voulu rendre hommage à la comédie musicale, née au début des années 30. La comédie musicale comporte des scènes chantées et chorégraphiées. Elle répond à des codes visuels : couleurs, danses collectives… Elle ne se limite pas au cinéma américain. Elle s’est exportée en Inde (cinéma de ), à Hong Kong, en France… La bande son du film est due à Paul Williams, compositeur pour le cinéma et la télévision, de grands succès de variétés interprétées par les Carpenters, Franck Sinatra, Barbara Streisand. Il a doublé les acteurs enfants du film.

 Pistes :

- Monter comment, dans le film, les scènes de comédie musicale font avancer l’histoire ou renseignent sur les personnages (paroles des chansons). Dans le film, la comédie musicale renforce l’idée de jeu ou de déguisement des enfants en adultes. : les séquences chantées éloignent de la réalité et montrent qu’il s’agit d’un spectacle. Les chansons font ressortir le côté artificiel du film.

- Comparer avec une autre comédie musicale : Chantons sous la pluie (Stanley Donen 1952) ; West Side Story (Jerome Robbins, Robert Wise 1961) ; Chicago (Rob Marshall 2002) ; Les parapluies de Chrebourg (Jacques Demy 1964) ou Les Demoiselles de Rochefort (Jacques Demy 1967). De nombreux dessins animés, en particulier de Walt Disney comportent égalemnt des moments de chansons.

Ce qu’ils en disent

« Venu tout droit du monde de la publicité, le jeune Alan Parker se lance dans l’aventure du long métrage avec ce scénario original au postulat totalement fou. Effectivement, sans jamais chercher aucune explication, l’intégralité du film est interprété par des gamins ou adolescents pré-pubères. Le but du cinéaste étant bien sûr de faire peu à peu oublier le très jeune âge des acteurs pour impliquer le spectateur dans une traditionnelle histoire de guerre des gangs. Situé dans les années 30 sur fond de grande dépression, Bugsy Malone est donc un hommage distancié aux glorieuses années d’Hollywood avec ses références aux films de gangsters de la Warner et aux comédies musicales kitsch de Busby Berkeley. Autant d’éléments que les cinéphiles apprécieront, même si l’intrigue peine à sortir des sentiers battus. Effectivement, une fois le procédé original posé, le scénario n’offre pas de grandes surprises. Certes, l’interprétation des jeunes acteurs est tout bonnement époustouflante de réalisme, mais l’ensemble souffre d’une histoire bien trop banale pour tenir la distance. On reste toutefois

6 admiratif devant la maturité du jeune casting : non seulement le cinéaste a permis de découvrir Jodie Foster, à la présence déjà magnétique, mais également Scott Baio dans le rôle-titre (il a depuis tourné dans de nombreuses séries télévisées) et le formidable John Cassisi en parrain plus vrai que nature. » aVoir-aLire.com

« Traiter du film de gangsters en remplaçant tous les protagonistes par des enfants, voilà le pari tenu en 1976 par Alan Parker lorsqu’il se met à tourner Bugsy Malone, son premier film. En effet, en proposant par ce biais une singulière relecture du monde des gangsters et de leur représentation, notre cinéaste opte non sans une certaine ironie, pour un décalage complet de la rhétorique habituelle du truand cinématographique. Ainsi, créant le rire en singeant et ridiculisant les figures obligées du genre, notre homme fit à l’époque et deux ans avant Midnight Express, une entrée des plus remarquées dans le cinéma britannique. De plus, si l’on ajoute à cela qu’à l’écran, se révèle une bien prometteuse adolescente âgée de treize ans et qui n’est autre que la sémillante Jodie Foster, il n’est plus de raison pour manquer une telle ressortie ». Excessif.com

« New York, la nuit. Des silhouettes noires inquiétantes se coursent à travers les rues pavées sombres et humides… un meurtre. On s’engouffre ensuite dans un speakeasy : nous sommes en pleine prohibition, et ces établissements clandestins (où l’on doit parler doucement pour ne pas de faire repérer) font florès. Claquettes, piano bastringue, chanteuses langoureuses en robes pailletées, vapeurs d’alcool et de fumées… Puis, une irruption, des cris, des coups de feu qui fusent. La guerre des gangs opposant Fat Sam et Dan le Dandy fait rage, et Bugsy Malone, petite frappe maligne et chéri de ces dames, est appelé à la rescousse par Fat Sam.

Pas de doute, nous sommes dans un vrai film de gangsters, dans la plus pure tradition américaine. Et pourtant, nous sommes dans un film anglais. Aux manettes, Alan Parker, touche à tout de génie, auteur de films aussi différents que Midnight Express (1978), Pink Floyd, The Wall (1982) ou encore Birdy (1984). Devant la caméra, chefs de gangs, danseuses lascives et filles romantiques… tous pas plus âgés que treize ou quatorze ans ! C’est la grande trouvaille de Bugsy Malone, qui révéla notamment une actrice prodige : Jodie Foster, épatante de maturité dans le rôle de Tallulah (la même année, sous l’œil de , elle campe l’inoubliable Iris de Taxi Driver).

L’idée de génie du réalisateur découle directement d’un désir d’enfant : celui de son jeune fils qui lui demandait, lors des longs trajets en voiture pour rejoindre la maison de campagne familiale, de lui inventer des histoires de gangsters où les protagonistes seraient uniquement des enfants. Le résultat est d’une fraîcheur et d’une drôlerie réjouissantes. Une parodie-hommage plus vraie que nature, où l’âge des acteurs ne se lit que sur leurs visages juvéniles. Car de dos, de loin, mais aussi dans la façon de s’approprier la gestuelle maniérée des gangsters ou la lascivité exagérée des femmes fatales, les jeunes comédiens sont les parfaites répliques de leurs aînés. Rythme effréné, codes du genre repris et adaptés aux enfants (les mitraillettes sont des fusils à crème pâtissière, les voitures sont à pédales mais avec bruit de moteur réel, les whisky sont des sirops colorés…), décors et costumes typiquement années vingt : tout est reconstitué minutieusement, dans les studios Pinewood, jusqu’à l’accent italo-américain du chef de gang et les réparties bien senties des filles qui ne s’en laissent pas compter.

Les références vont de Scarface au Parrain en passant par les films de Fred Astaire. On pense aussi à Some Like it Hot (Billy Wilder, 1959), dans le même esprit de parodie et de détournement tout autant que d’hommage au genre gangster. Gangster, mafia, , Bugsy Malone est aussi une épatante comédie musicale, mettant en scène des talentueuses jeunes danseuses de claquettes et des chansons orchestrées par Paul Williams, compositeur mythique, entre autre, de la bande originale de Phantom of the Paradise (De Palma, 1974) mais aussi du générique de La Croisière s’amuse ! Finalement, en se jouant de la violence des adultes en la mettant en scène avec des enfants, Bugsy Malone reste dans la cour des grands. Il fut sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 1976. » Sarah Elkaïm critikat.com

7 Quelques sites internet :

- carlottafilms. Com - critikat.com - aVoir.aLire.com-Cinéma-BugsyMalone - Excessif.comm

Dossier préparé par Nicole Montaron, Atmosphères 53. Août 2010.

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