Carle Vernet, Peintre De Père En Fils
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couv xpressPASCAL:Mise en page 1 08/10/10 16:59 Page1 Carle Vernet Peintre de père en fils Xavier Paris uel amateur de chevaux ou de gravures anciennes n’a pas Qen tête une œuvre de Carle Vernet, sinon sur ses murs ? de Peintre père en fils Si ses thèmes les plus populaires sont les chevaux et les petits métiers de Paris que son crayon aiguisé croqua avec talent, ses huiles traitent souvent de sujets mythologiques ou de guerre et se trouvent généralement dans les musées. C’est en effet grâce à sa production généreuse de lithographies et de gravures que de nombreux collectionneurs trouvent encore leur bonheur chez bouquinistes et antiquaires. Véritable chroniqueur de l’actualité, ses séries des Incroyables, des Merveilleuses ou bien encore des Anglais n’ont rien perdu de leur acuité. Ses croquis de scènes et métiers de rue restent notamment un témoignage vivant de son époque. Fils de Joseph, l’un des peintres de la Marine sous Louis XV, Carle Vernet, dont la notoriété fut un peu occulté par le succès Vernet Carle de son fils Horace, a été l’un des tout premiers à donner à la caricature ses lettres de noblesse. Xavier Paris Xavier Paris livre ici toute sa passion pour un artiste qui mérite d’être redécouvert. Il s’attache notamment à montrer combien la vie de Carle Vernet s’inscrit dans une période des plus mou- vementées de l’histoire de France, la Révolution. Carle Vernet Xavier Paris Peintre de père en fils N° ISBN : 978-2-35154-017-4 29,90 Euros Carle Vernet, Peintre de père en fils 1 À mes enfants ISBN-EAN : ePub 978 2 35154 043 5 PDF 978 2 35154 042 8 Version imprimée : ISBN 978-2-35154-017-4 / EAN 9782351540176 Dépôt légal version imprimée : 4e trimestre 2010 versions numériques : 1er semestre 2015 Éditions Artena – www.artena.fr – 06 72 77 51 78 Toute reproduction, même partielle, de textes ou d’images de cet ouvrage, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sous peine de poursuites, dans tous pays et pour toutes utilisations, sauf accord préalable écrit de l’éditeur. 2 Carle Vernet, Peintre de père en fils Xavier Paris 3 Carle Vernet 4 INTRODUCTION Fin observateur de l’être humain et de la gent équine, Carle Vernet a la chance de naître fils de peintre célèbre, Joseph, et de pouvoir pleinement consacrer sa vie à son Art. Graphiste dans l’âme, ce sont ses dessins qui nous restent aujourd’hui en mémoire, même si ce sont ses tableaux qui lui assureront la gloire en son temps. Carle Vernet, esprit vif et critique, invente la caricature, aidé en cela par l’essor de nouvelles techniques de gravure et de lithographie qui en favorisent la diffusion. Véritable chroniqueur de l’actualité, ses séries des Incroyables, des Merveilleuses ou bien encore des Anglais n’ont rien perdu de leur acuité. Ses croquis de scènes et métiers de rue restent notamment un témoignage vivant de son époque. Plus que toute autre famille, les Vernet incarnent une tradition artistique peu commune. Horace, le fils de Carle ne sera-t-il pas lui- même reçu à l’Académie des Beaux-arts où il siègera comme son père et son grand père. La vie et le talent de chacun des membres de ce trio unique dans l’histoire de la peinture méritent largement d’être redécouverts. C’est chose faite avec cet ouvrage consacré à Carle dont une prochaine exposition des œuvres serait particulièrement bienvenue. 5 Carle Vernet à 14 ans, d’après un portrait par Lepicié 6 Chapitre I Le retour de Joseph en France Après plus de vingt ans passés en Italie, et plus précisément à Rome, Joseph Vernet, le père de Carle, décide de rentrer en France pour s’établir à Paris. Il vient de subir une très grande peine, car son ami intime, le compositeur Giovanni Battista Pergolèse, est décédé à l’âge de vingt-six ans. Laissant peu d’œuvres à la postérité, son nom1 reste cependant associé à la composition de son célèbre Stabat Mater. Il s’est éteint dans les bras de Joseph Vernet qui ramène chez lui le manuscrit de cette œuvre si particulière. La complicité des deux hommes était telle que Vernet avait fait l’acquisition d’un clavecin pour son ami et lorsque Joseph peignait, Pergolèse composait. Et, de même, Pergolèse avait aménagé un endroit qui permettait à Joseph de peindre lorsque ce dernier se rendait chez lui2. 1 Curieusement, la biographie du compositeur est quasi inexistante et les rares documents ne font pas état de ce lien d’amitié qui unissait les deux hommes. Seuls les textes évoquant Joseph Vernet font allusion à cette amitié. 2 Voir le livre Joseph, Carle et Horace Vernet d’Amédée Durande, pages 18 et 19. 7 Bien que d’origine avignonnaise, Joseph sait qu’il ne peut être question de s’établir ailleurs que dans la capitale où officient déjà bon nombre de peintres et autres artistes en tout genre. Il fait bien car sa réputation de peintre de marines l’a précédé. D’ailleurs, lors de son séjour à Rome, il a pensé à envoyer quelques toiles au Salon tenu régulièrement lieu au Louvre3. Joseph pense à tout cela en entamant son voyage de retour. Son travail en Italie a été récompensé par le Prix de Rome et il est ému en pensant à son père, Antoine, qui fut le premier peintre de la dynastie et qui, à n’en pas douter, aurait été fier de lui. Chacun s’accorde à lui reconnaître un style particulier qui fait le charme de ses tableaux. Les origines de la famille Vernet sont lointaines, mais celles qui nous intéressent commencent avec Antoine, sous le règne de Louis XIV. Antoine Vernet était peintre de voitures, chaises à porteurs et autres carrosses. Même s’il possédait parfaitement la maîtrise de son art, sa réputation nous est surtout restée par sa descendance, et en premier, par celle de Joseph. Si Joseph, en cette année 1750, est heureux et impatient de retrouver sa patrie, il sait aussi qu’il laisse derrière lui ses amis et qu’il ne les reverra plus. Réputé et reconnu à Rome, il est conscient qu’il doit conquérir une place à Paris. Il est d’ailleurs tellement apprécié que le Pape, qui regrette ce départ, rend une ordonnance par laquelle il sera défendu de laisser sortir des États romains un seul des tableaux de ce Maître4. À peine installé, Joseph reçoit un billet du marquis de Marigny, lui demandant de le rejoindre pour commandes5. Joseph n’est pas sans savoir l’importance et la qualité de son commanditaire. Le marquis de Marigny est, en effet, le frère de la marquise de Pompadour, la favorite du roi Louis XV. Le roi venait parfois chasser sur les terres du marquis, dont la sœur s’ingénia à trouver mille ruses pour se faire remarquer. C’est ainsi qu’en avril 1745, Louis XV la prit officiellement pour sa maîtresse et l’installa auprès de lui à Versailles, après lui avoir concédé des terres féodales qui lui permettaient de devenir marquise de Pompadour. Elle 3 Les Trois Vernet : Joseph, Carle, Horace de Charles Blanc. 4 Les Vernet Géricault et Delaroche, Édouard de Lalaing, page 23, Éditions Lefort, 1888. 5 Version la plus répandue. Certains auteurs avancent que le marquis de Marigny, alors en voyage à Rome, aurait demandé à J. Vernet de rentrer en France. 8 prit une part très active aux affaires du Royaume et fit nommer son frère, le marquis de Marigny, au poste de directeur des Bâtiments et Manufactures du Roi, poste qu’il occupa entre 1751 et 1774. Il prit son travail à cœur et fit plusieurs commandes auprès de peintres classiques. Parmi eux Boucher, qui devint ensuite le protégé de la marquise de Pompadour, mais aussi Fragonard, Greuze, Vien, Van Loo et Vernet, aidé en cela par son voyage en Italie, mais aussi le graveur Cochin ou l’architecte Soufflot. La marquise était une femme de goût, d’arts et de lettres et bon nombre d’artistes furent soutenus par elle. Diderot, ami de Joseph Vernet, était un familier de son salon. D’ailleurs, Joseph devint très rapidement un peintre très apprécié par l’encyclopédiste. À ce sujet, l’on peut se reporter à Éloge à ma vieille robe de chambre de Diderot ainsi qu’à ses nombreux écrits sur la tenue et la composition des divers Salons exposant les œuvres de grands peintres – dont celles de Joseph. Ne pouvant qu’accepter cette curieuse invitation – il s’agissait d’une quasi-convocation – Joseph se rend au numéro 8 de la place des Victoires, l’actuelle place Vendôme, à l’hôtel particulier du marquis de Marigny. C’est là qu’il apprend de la bouche-même du marquis qu’il a été coopté, à la demande du roi, pour peindre les ports de France. Ce qui prouve bien que Joseph Vernet est déjà reconnu par tous comme un grand peintre, et au-delà du fait qu’il a été couronné du Prix de Rome et que ses tableaux de marines sont fort bien exécutés. Mais en cette année 1753, il devait être loin de penser que ce périple lui prendrait onze années, emmenant à sa suite sa famille qui s’agrandira dans le temps. Devenir peintre du roi représentait un privilège important. Outre une rente assurée sur la cassette et des commandes qui ne manqueraient pas d’être passées par toute la noblesse, le logement était assuré dans une des galeries du Louvre.