E1190 v2
REPUBLIQUE DU TCHAD UNITE – TRAVAIL – PROGRES PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
Public Disclosure Authorized PRIMATURE MINISTERE DE L’AGRICULTURE SECRETARIAT GENERAL DIRECTION GENERALE DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DE LA FORMATION DIRECTION DE LA PROTECTION DES VEGETAUX ET DU CONDITIONNEMENT
Public Disclosure Authorized
PLAN DE GESTION DES PESTICIDES AU TCHAD Public Disclosure Authorized
Public Disclosure Authorized
Septembre 2004
1 E1190 v2 Introduction
L’épandage de milliers de litres d’insecticides pour lutter contre les acridiens, en particulier contre le criquet pèlerin sur des vastes superficies ne peut pas rester sans effets sur les écosystèmes sahariens et sahéliens. Les risques toxicologiques et écotoxicologiques peuvent en effet être élevés pour plusieurs raisons : - La dose préconisée pour certains produits (Fenitrothion par exemple) est proche du seuil de toxicité pour les oiseaux et /ou la faune aquatique ; - Les conditions de travail dures favorisent les erreurs telles que le surdosage ou les accidents de manipulation ; - Les vastes surfaces sont parfois traitées à plusieurs reprises ( réinfestation des mêmes zones ) avec de gros moyens (surdimensionnement des traitements); - Les milieux sahariens et sahéliens sont réputés fragiles sur le plan des équilibres naturels ; - L’ignorance des agro-pasteurs sur les risques liés aux pesticides etc…
Compte tenu de tout ce qui précède, le Tchad, à l’instar des autres pays de la ligne de front, a adopté pour les campagnes de lutte antiacridienne un programme à moyen et long termes basé sur la lutte préventive.
I. PRESNTATION DES AIRES DE REPRODUCTION ET DE GREGARISATION DU CRIQUET PELERIN
Les aires d’habitat du criquet pèlerin au Tchad occupent la partie Nord et Ouest du pays entre le 14º et 18º parallèle Nord dans laquelle se trouvent les régions du Borkou - Ennedi -Tibesti (BET), de Wadi Fira, du Kanem, du Lac et du Batha. Le Wadi Fira, le Kanem, le Lac et le Batha sont des aires de reproduction estivales marquant la limite nord des cultures. Ces zones de reproduction et de grégarisation renferment des biotopes de survie et de reproduction du criquet pèlerin. Le BET, grâce à ses chaînes de montagnes et sa diversité biologique abrite de précieux biotopes de survie pour le criquet pèlerin, lui assurant abri et nourriture durant toute la période sèche de l’année (octobre à juin). Généralement, dans cette partie du pays, les premières pluies utiles enregistrées en fin de juin occasionnent des écoulements localisées dans les ouadis favorisant ainsi l’apparition des espèces annuelles en petites touffes, lieux privilégiés pour le regroupement des criquets. L’installation effective des pluies en juillet provoque la dispersion des populations acridiennes en direction des zones plus propices à la reproduction, notamment les zones sahéliennes des pâturages. En fin de septembre, intervient le dessèchement du sahel des pâturages essentiellement peuplés de graminées annuelles qui arrivent en fin de leur cycle. Les ailés issus de la reproduction estivale sont obligés de migrer à la recherche des zones où persistent les conditions favorables. Dans l’Ennedi (BET), au niveau des interdunes, des dépressions et dans les lits des ouadis persistent des poches de végétation verte. Des regroupements des populations acridiennes se font dans cette zone où elles peuvent poursuivre leur reproduction à la faveur des remontés capillaires d’eau et ce jusqu’en Décembre voire janvier. Plus tard, cette population regagne les zones de dispersion. Ces différents biotopes éphémères et fragiles constituent les seuls lieux de survie de la population acridienne mais aussi de toute la faune de cette région.
II. AIRES PROTEGEES
Il s’agit des zones qui abritent des espèces de faunes et de flore d’un intérêt ou d’une préoccupation particulière telles que des Parcs Nationaux de Réserves de faunes, des ressources forestières, des
2 E1190 v2 terres humides et d’autres zones écologiquement fragiles. Ces zones renfermant des habitats critiques et des espèces de faunes et de flore rares, sont protégées pour conserver ces ressources. Nous donnons dans le tableau ci-dessous la répartition géographique de ces aires protégées dans les zones de lutte contre le criquet pèlerin.
Tableau 1: Répartition des Aires protégées dans les zones abritant le criquet pèlerin :
Parcs / Réserves Année de création Superficie en Ha
Réserves de la Biosphère du lac Fitri 1989 135.000 Réserves de Ouadi Rimé et Ouadi Achim 1969 8.000.000 Réserves de Faune de Fada - Archei 1967 211.000 Réserves de Siniaka minia 1961 426.000
III - PREVISION DE LA PRODUCTION CEREALIERE 2004/05
A. 1 - EVALUATION DE LA PRODUCTION CEREALIERE 2005 La production prévisionnelle 2004/2005 des cultures céréalière est estimée à 1.038.156 tonnes contre 1.618.139 tonnes l’année passée, soit une baisse de 36 %. Le tableau ci-après présente la comparaison des productions 2004/05 et 2003/04 et à la moyenne des cinq dernières années (1999/00- 2003/04). Tableau 2: Résultats Prévisionnels des productions céréalières 2004/05 comparées aux productions antérieures (tonnes).
Campagne Mil Sorgh Maïs Riz Berbé Foni Blé Total o ré o 2004-05 292 396 110 87 719 146 2660 1 038 453 371 994 538 171 2003-04 516 564 117 126 287 2770 2890 1 618 139 341 717 978 024 419 MOY –1999/00-2003/04 378 477 93 157 120 187 1 254 606 259 996 795 442 2004-05 vs 2003/04 (%) -43 % -29 % -6 % -30 % -49 % -4 % -36 % 2004-05 vs Moyenne (%) -23 % -17 % 19 % -27 % -22 % -17 % Sources: DSA/DPA, Mission conjointe CILSS/FAO/FEWS Net, Octobre 2004.
A.2 . ELEMENTS DU BILAN EX-POST La population du Tchad au 30 avril 2004 est estimée à 8.127.280 habitants. L’estimation définitive de la production céréalière brute de la campagne agricole 2003/2004 faite par la DSA, est estimée à 1 618.139 tonnes. En tenant compte des taux de conversion applicables aux différentes céréales, la production disponible totale est de 1.337.610 tonnes. Les stocks initiaux au 1er novembre 2003 sont de 32.163 tonnes. Les importations commerciales réalisées du 1er novembre 2003 au 31 octobre 2004 sont estimées 55.828 à 45.000 tonnes et les importations d’aide alimentaire s’élèvent à 10.828 tonnes. Les stocks finaux au 31 octobre 2004 sont de 49.851 tonnes. Il se dégage une consommation apparente par tête d’habitant de 169,28 kg pour la campagne écoulée. Cela est supérieur à la norme officielle de consommation de 159 kg/pers/an.
3 E1190 v2 A .3. ELEMENTS DU BILAN PREVISIONNEL 2004/05
La population au 30 avril 2005 est estimée à 8.319.083 habitants avec un taux de croissance annuel de 2,36 %. Les besoins seront de 1.347.734 tonnes. Les prévisions de récoltes céréalières indiquent un niveau de production brute de 1.038.453 tonnes. La production disponible sera de 856.369 tonnes. Le niveau des stocks initiaux 1er novembre 2004 est le report des stocks de clôture de la période écoulée : 49.851 tonnes. Les prévisions d’importations pour la période allant du 1er novembre 2004 au 31 octobre 2005 sont de 77.300 tonnes. Les prévisions concernant le niveau des stocks finaux au 31 octobre 2005 sont de 25.000 tonnes. Le bilan prévisionnel dégage un déficit net de 364.211 tonnes. Le tableau du bilan est joint en annexe.
B. PERSPECTIVES ALIMENTAIRES ET ZONES A RISQUE
B.1. EVOLUTION DES PRIX SUR LES MARCHES
Les prix moyens mensuels du mil et du sorgho (principales céréales consommées dans le pays) ont été caractérisés par une évolution relativement stable suivi d’une faible fluctuation d’octobre 2003 à juillet 2004. Le prix du mil a connu en août une augmentation sur l’ensemble des principaux marchés de consommation de l’ensemble du pays, période qui correspond à la soudure. Cette dynamique du niveau de prix résulte du niveau particulièrement élevé de la production céréalière obtenue l’année dernière. Courant septembre les tendances à la hausse se sont estompées. Les prix se sont stabilisés sur certains marchés et ont amorcé la baisse sur d’autres. Cela pourrait s’expliquer par l’apparition des produits issus des cultures à cycle court. Cependant, cette relative stabilité des prix a été de courte durée car les données du SIM sur la situation des prix depuis le début du mois octobre font état d’une tendance généralisée à la hausse. C’est ainsi que le kilo de mil coûtait à la mi octobre 204 FCFA alors qu’il était vendu à 159 FCFA en moyenne en septembre à N’Djamena, soit une augmentation de 28 %. Comparé au prix pratiqué à la même période en 2003, il est supérieur de 55%. A Abéché, le prix du mil a augmenté de 66 % entre septembre et octobre 2004 et à son niveau actuelle, il est supérieur de 92 % à celui d’octobre 2003 et de 96% par rapport à la moyenne. Cette description est assez représentative
Evolution comparative du prix du mil à Abéché Evolution comparative du prix du mil à N'Djaména 350
300 1999 300 1999 250 2000 250 2000 200 200 2001 2001 150 150 2002 2002 100 100 2003 2003 50 50 2004 2004 0 0 Moy 99/03 JJASO Moy 99/03 JJASO
de la majorité des marchés suivis par le SIM.
4 E1190 v2 B.2 SITUATION DES REFUGIES
L’appréciation de la situation alimentaire du Tchad devra tenir compte de la présence des réfugiés soudanais et centrafricains installés sur son territoire. Les réfugiés en provenance de la région soudanaise du Darfour sont localisés le long de la frontière Est du pays. Leur effectif très évolutif se situerait actuellement à environ 200.000 personnes. Quant aux réfugiés centrafricains, leur nombre est estimé à un peu plus de 30.000 personnes. Ils sont répartis dans les camps de Amboko et Yaroungou, localisés dans les régions du Logone oriental et du Moyen Chari.
B.3 ZONES A RISQUE
Trois facteurs font peser le risque de difficultés d’approvisionnement en denrées alimentaires sur certaines zones du pays. Il s’agit de i) l’invasion acridienne signalée dans les cinq régions de la zone sahélienne qui a pour conséquence la réduction précoce des aires de pâturage, ii) de l’arrêt précoce des pluies en septembre dans les régions situées au nord de la zone sahélienne et dans certaines localités de la zone soudanienne entraînant une réduction sensible de la production et iii) de la poursuite de l’arrivée massive des réfugiés notamment dans la partie Est du pays. Les régions les plus touchées par les invasions de criquets pèlerin sont le Batha, Kanem, BET, Wadi Fira et le Lac. L’arrêt précoce des pluies au mois de septembre a été observé dans les localités de la zone sahélienne (Kanem, Nord Batha, Wadi Fira, paritie non lacustre de la région du Lac) et par endroit dans la zone Soudano-sahélienne (Mandelia et Guelendeng). L’arrivée massive des réfugiés soudanais (environ 200 000 personnes), dans la partie Est du pays, particulièrement dans la zone d’Abéché (camps de Farchana, de Bredjing, de Bahaï et de Goz Amir) se poursuit.
IV. ETAT ACTUEL DE L’INVASION ACRIDIENNE
La situation acridienne actuellement au Tchad en fin de la deuxième décade d’octobre est caractérisée par la régression des mouvements des essaims dans les Départements de Biltine et Kobé (région de Wadi Fira), de Batha Est et Ouest (région de Batha) et de Barh – El – Gazal ( Kanem). Dans l’ensemble des régions d’invasion, on n’a pas eu à relever la présence des bandes larvaires. Aucun mouvement d’essaims n’a été enregistré durant la décade. On constate la présence des individus isolés immatures et matures de couleur brune à des densités allant de 200 à 400 individus par hectare, Compte tenu du dessèchement des graminées et des conditions météorologiques défavorables au développement du criquet pèlerin, la situation acridienne connaîtra dans les prochains jours une accalmie relative. La population résiduelle actuelle regagnera son biotope habituel de reproduction et de grégarisation hivernal du nord. Les superficies traitées depuis le début des infestations se chiffrent à 16.480 ha de pâturages.
V – Gestion du féau acridien ( Approche de Lutte Contre le Criquet Pèlerin)
L'approche utilisée pour la lutte contre ce fléau est basée sur un dispositif de surveillance et de lutte préventive mis en place dans l’aire de reproduction et de grégarisation de criquet. Depuis l’an 2003, le Tchad qui abrite des foyers de grégarisation et de transit des essaims lors de leur déplacement entre la région occidentale et la région centrale a créé un Centre National de Lutte Antiacridienne par Arrêté
5 E1190 v2 nº 012/MA/DG/DPVC/2003 du 25 Mars 2003. Ce Centre est placé sous la tutelle de la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement mais dispose d’une autonomie de gestion.
5.1. Stratégie d’intervention : La méthodologie utilisée repose sur deux phases dans les opérations de lutte selon qu’on est dans la période de rémission ou de recrudescence:
1 ) En période de rémission, la stratégie est basée sur la lutte préventive : des équipes mobiles de surveillance et de lutte préventive mènent périodiquement des prospections dans les aires grégarigènes avec comme objectif principal la destruction des premières concentrations des larves et ailés pour éviter toute explosion du ravageur. Cette phase a pour but de:
- Recueillir le maximum de renseignements sur la présence de criquet pèlerin (essaims, adultes solitaires ou larves) ou les renseignements sur la météorologie (pluviométrie, régime de vent ) et le stade de végétation ; - Vérifier les signalisations et au besoin intervenir immédiatement en cas de présence effective.
C'est donc une phase qui vise à arrêter un début d'invasion, donc d’éviter tout départ d’invasion des aires grégarigènes vers d’autres pays.
2) la deuxième phase de l'opération qui concerne la phase de recrudescence ou d’invasion, la stratégie repose sur les prospections et les luttes intensives pour détecter toute infiltration d’essaims et leur destruction avant qu’ils n’entament les reproductions et ne commettent pas des dégâts sur les cultures et les pâturages. C’est la phase de lutte de grande envergure lorsque les équipes terrestres mobiles sont débordées et que les superficies infestées deviennent plus importantes. A ce moment, on doit augmenter le capacité d'intervention et envisager si nécessaire des traitements aériens avec l'aide de la Communauté internationale. Cette stratégie permet d’empêcher l’infestation des pays voisins et le retour des essaims vers le nord en fin de période estivale.
5.2. Organisation de la lutte antiacridienne en cas d’invasion généralisée : D'une manière générale, en cas d'invasion ou d'infestation généralisée du criquet pèlerin comme c'est le cas actuellement, le Gouvernement met en place trois organes suivantes:
1° - Un Comité de crise constitué de Ministres des différents départements (Agriculture, Elevage, Environnement et Ressources en Eau, Plan, Coopération et Développement, Affaires Etrangères et Intégration Africaine, TP et Transport, Défense, Intérieur et Administration du Territoire) et pays et organismes donateurs.
Ce comité est chargé de la mobilisation des ressources humaines, matérielles et financières requises pour la lutte antiacridienne
2 ° - Un Comité Technique constitué des Secrétaires Généraux des Départements cités-ci dessus et du personnel technique de la DPVC ainsi que des représentants des ONG, FAO etc… Ce Comité Technique est chargé de l’élaboration du plan d’action et du suivi de l’évolution du ravageur sur le terrain et de rendre compte au Comité de crise.
3° - Une Unité de lutte antiacridienne constituée :
- d'un chargé de liaison basée à N'Djamena, chargé de centraliser les informations en provenance des régions infestées, de les traiter et de les mettre à la disposition des décideurs ;
6 E1190 v2 - d'un Chef de Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA) basé à Abêché qui coordonne et supervise les activités des équipes terrestres mobiles de prospection et de traitement au niveau des régions infestées;
- 12 équipes terrestres mobiles de prospection et de traitement pour mener des interventions terrestres dans les foyers d’infestation des différentes régions touchées par le fléau.
Ces équipes mobiles sont appuyées au niveau de chaque région et chaque département par les chefs de Base phytosanitaire et les chefs de postes d’observation phytosanitaires qui encadrent les paysans et les organisent en brigades de défense des cultures pour participer à la lutte. Leurs principales missions est de sensibiliser, d’informer et d’encadrer les paysans dans les domaines suivants :
- Lutte intégrée contre les ennemis des cultures - Utilisation judicieuse des pesticides - Manipulation des appareils de traitement identification des déprédateurs des cultures et des récoltes - Traitement des denrées stockées
En octobre 2004, le dispositif compte, en plus des 12 équipes, d’une dizaine de techniciens libyens avec 5 véhicules de traitement et le concours d’une centaine de brigades phytosanitaires villageoises formées par région sur les techniques de pulvérisation et des mesures de protection dans la lutte antiacridienne.
Il faut souligner aussi que la coordination internationale et régionale est assurée par la FAO qui sensibilise l’opinion nationale et internationale et qui centralise et gère les dons et fournit les biens et services (Expertise, pesticides).
La coordination technique Sous-Régionale est assurée par la CLCPRO qui a élaboré un plan d’action sous régional pour la lutte contre le criquet pèlerin.
VI . POLITIQUE PHYTOSANITAIRE DU TCHAD EN MATIERE DE LA PROTECTION DE LA SANTE HUMAINE ET DE L’ENVIRONNEMENT
La politique phytosanitaire du Tchad découle de la politique du développement du secteur rural, dont l’objectif central peut être défini comme étant « l’accroissement durable de la production dans un environnement préservé ».
Cet objectif traduit entre autres, la préoccupation de préserver l’environnement en tant que patrimoine et capital de production. Il est associé au renforcement des capacités du secteur rural soulignant ainsi le plan central que doit occuper la femme et l’homme tchadiens dans toute perspective de développement durable.
Pour atteindre cet objectif, l’une des actions retenues est de préserver et gérer les ressources naturelles de manière durable sur des bases consensuelles en responsabilisant les producteurs et leurs organisations :
- dans la définition et la gestion des parcours du bétail, la préservation et la gestion de la fertilité des sols, - dans la restauration de l’écosystème, - dans l’aménagement des terroirs et
7 E1190 v2 - dans la préservation de la biodiversité.
Ainsi, la prise de conscience de l’importance de concilier l’impératif de protection des cultures et la sauvegarde de la santé humaine et de l’environnement, a conduit le pays à adopter une série de mesures de protection phytosanitaire respectueuse de l’environnement, dont la gestion intégrée des déprédateurs et de la production et la lutte préventive contre les grands fléaux migrants.
Dans ce cadre, un certain nombre de programmes a été mis en place dont les principaux sont :
• Recherche des produits alternatifs non chimiques : Dans le cadre de la lutte intégrée adoptée comme technologie de base pour la protection des cultures, plusieurs extraits naturels de végétaux ou produits végétaux (neem, tabac, ail, piment etc…) ont été testés avec succès sur les ravageurs des plantes, notamment sur les céréales et les cultures maraîchères mais la vulgarisation de cette technologie est restée encore très limitée, faute de moyens financiers et matériels.
Dans le même ordre d’idée, le « Green muscle » a été testé également avec succès sur les sautériaux dans les zones d’influence acridienne mais les résultats ne sont pas encore vulgarisés pour les mêmes raisons que ci-dessus.
* Formation des brigades villageoises ou de groupements de défense des cultures : Au niveau de chaque village, 6 paysans sont désignés par leurs concitoyens pour recevoir une formation sur les techniques de traitement, la protection de la personne et de l’environnement et les premiers soins en cas d’intoxication. Une fois la formation terminée, ces brigades reçoivent les équipements nécessaires de traitement et de protection (appareils de traitement, kits de protection : bottes, masques, paire de gants, lunettes et combinaisons). Il y a environ 500 brigades villageoises phytosanitaires formées depuis 1992 jusqu’à présent dont 150 à 200 résidents dans les régions touchées par le fléau acridien.
* Formation des prospecteurs et agents de l’encadrement
Pour les prospecteurs et Techniciens impliqués dans la lutte antiacridienne, des séances de formation sur la protection humaine et de l’environnement, ainsi que sur les premiers soins en cas d’intoxication, sont organisées régulièrement pendant la période morte. Tous ces agents et applicateurs impliqués dans la lutte antiacridienne sont dotés de kits de protection et reçoivent régulièrement du lait. Chaque équipe est dotée également d’une caisse de pharmacie permettant d’administrer les premiers soins.
Dans le cadre du projet « EMPRS » initié par la FAO pour aider les pays concernés par le fléau acridien, une cellule du suivi environnemental a été créée pour suivre les impacts de pesticides sur l’environnement et proposer des mesures à prendre en cas de pollution. Malheureusement cette cellule ne fonctionne pas encore en plein temps pour faute de moyens financiers.
VII. La Gestion des pesticides
7.1. Circuit de distribution et magasins de stockage ;
La gestion des pesticides est réglementée au Tchad par la loi N° 14/PR/SG et son décret d'application n° 010 /PR/MA/95 respectivement dans chapitres VI et III mais faute d’autres textes réglementaires, le service national de protection des végétaux n’est pas en mesure de contrôler, ni le circuit de distribution, ni les dépôts privés d’entreposage des pesticides.
8 E1190 v2
Toutefois, le Tchad ne dispose pas plus d’une dizaine d’importateurs agréés qui n’ont généralement pas de stocks importants de pesticides dans leurs magasins. Les seuls organismes qui achètent souvent d’importantes quantités de pesticides pour leurs paysans sont la COTONTCHAD et la SONASUT mais la gestion de ces pesticides échappe souvent au service national de la protection des végétaux.
1 En dehors ces deux cas cités, il faut reconnaître qu’en période de rémission du fléau acridien ( criquet pèlerin, criquet migrateur Africain), les quantités de pesticides achetés pour organiser la lutte contre les autres ravageurs de cultures ne dépassent guère 10 000 litres par an. Ils sont le plus souvent achetés sur le budget de l'Etat tchadien et, compte - tenu de la pression parasitaire dans certaines zones du pays, cette quantité est généralement utilisée en totalité à la fin de la campagne agricole.
Pour la présente campagne de lutte marquée par la recrudescence de criquet pèlerin, la DPVC a bénéficié d’environ 127. 000 litres de pesticides de dons offerts par les pays amis et partenaires, qui sont sous le contrôle direct de la DPVC pour ce qui concerne sa gestion. Une bonne partie a été utilisée dans la campagne en cours.
2 - Les pesticides reçus au cours de cette campagne de lutte antiacridienne sont en général proposés par la Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement ( DPVC ) en fonction des critères techniques. Dans tous les cas, les produits livrés à la DPVC sont homologués, conformes aux principes du Comité Sahélien des Pesticides et aux normes de la FAO et de l'OMS et inscrits dans la liste des produits efficaces pour la lutte antiacridienne telle qu'établie par le Groupe consultatif sur les Pesticides du Comité FAO de lutte contre le criquet pèlerin. La liste des produits pesticides homologués ou autorisés provisoirement par le Comité Sahélien des Pesticides (CSP) est donnée en annexe
3 - Les pesticides livrés à la DPVC sont d'abord réceptionnés au niveau de son magasin central situé à N'Djamena. Après toutes les vérifications d'usage des emballages et des étiquettes, les pesticides sont ensuite transportés pour être mis en place soit dans les zones de traitements, notamment dans les magasins des Bases Phytosanitaires Régionales ou de l’ONDR. La Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement ( DPVC ) dispose des 3 grands magasins: un magasin central à N'Djamena, un magasin à Abéché, un magasin à Faya et 9 petits magasins dans 8 bases suivantes: - Pala, Moundou , Lai, Sarh , Mongo, Am - timan, Bol etc…
4 - Le transport se fait au moyen des véhicules gros porteurs de la DPVC ( Mercedes sept tonnes, Unimoc 5 tonnes ). Parfois, en cas d'urgence les pesticides sont transportés par les aéronefs de l'Armée de l'Air tchadienne ou par le dispositif Epervier. Dans un cas comme dans l'autre, les pesticides sont convoyés par des agents de la DPVC pour éviter toute perte au cours du voyage.
5 - Une fois déchargés dans les zones de traitements, les pesticides sont pris en charge par les chefs de Base phytosanitaire régionale ou par les Chefs de Postes d'Observation phytosanitaire au niveau des magasins construits et aménagés pour recevoir ces pesticides. Lorsque certaines structures décentralisées de la DPVC ne disposent pas de magasins de stockage, les pesticides sont stockés au niveau des magasins de l'ONDR, SODELAC ou des ONG présents dans la zone d'intervention.
6 - L'utilisation des pesticides par les brigades villageoises de défense des cultures se fait sous la supervision des Chefs de Base et de Postes qui sont des techniciens supérieurs en protection des Végétaux. Ceux - ci donnent les consignes nécessaires à la manipulation des produits et à l'utilisation judicieuse par les paysans.
9 E1190 v2 7 - D'une manière générale, les livraisons des pesticides sont accompagnées de matériel pour la protection des utilisateurs, et ce compte tenu de la nature spécifique des pesticides qui sont des produits chimiques. Ainsi, les agents de traitement et les paysans impliqués dans la lutte utilisent les combinaisons, gants, masques bottes et paires de lunettes pour le traitement.
8 - Après usage des produits, les emballages vides ( bidons plastiques, tonnelets, fûts )sont rassemblés pour la destruction sous la supervision des Chefs de Bases et de Postes d'Observation phytosanitaire.
7.2 Structure nationale de gestion des pesticides :
Par décret nº 011/PR/MA/99 du 7 Janvier 99, une Commission nationale de Contrôle des pesticides à usage agricole a été créée.
Les membres de ladite Commission ont été nommés par Arrêté nº 045 MA/DG/DPVC/2000 du 17 Mai 2000. Ils sont au nombre 24 appartenant aux différents Départements Ministériels et organismes internationaux.
La Commission a pour missions de : - Examen des risques de toxicité des pesticides à usage agricole - Etablissement des conditions et des modalités d’emploi des pesticides - Etablissement des listes de pesticides interdits ou d’emploi limité en agriculture - Suivi et évaluation des résolutions et recommandations du Comité Sahélien des Pesticides (CSP). Malheureusement depuis son installation, cette Commission n’a jamais fonctionné faute de moyens.
VIII - DESCRIPTIONS DES ROLES DES MINISTERES ET AUTRES INSTITUTIONS EN RAPPORT AVEC LA GESTION DES PESTICIDES
1 Ministère chargé de l'Agriculture
- est chargé, entres autres, de la mise en œuvre des politiques et des plans d'actions ainsi que la réalisation des projets de développement rural à travers ses directions techniques: Direction de la Production Agricole: est co - responsable de la gestion des pesticides ( dons ) destinés à soutenir les efforts déployés dans le cadre de la sécurité alimentaire . Direction de la Protection des Végétaux et du Conditionnement chargée du contrôle de l'importation , de la distribution et de l'utilisation des pesticides.
2. Ministère chargé de la Santé
- Exerce la tutelle des entreprises et institutions prestataires des services sanitaires qui utilisent de fois les pesticides destinés à la protection des cultures donc non recommandés par 'OMS. - Contribue à travers ses services délocalisés et moyennant une formation en diagnostic des intoxications dues aux pesticides, au suivi épidémiologique du personnel impliqué dans les opérations de lutte antiacridienne.
10 E1190 v2 3. Ministère chargé de l'Elevage
- Contribue au suivi des pâturages et cours d'eau accidentellement traités ( risques d'intoxication du bétail et des agro - pasteurs ). - Peut également contribuer à la lutte contre la déviation des pesticides dangereux à des fins vétérinaires ( lutte contre les ecto parasites et les vecteurs ).
4 . Ministère chargé de transport - Contribue à assure le transport des pesticides selon les normes de sécurités nationales et internationales.
5. Ministère chargé du Commerce
- assure la régularité des importation et contrôle de qualité des produits. - Lutte contre les fraudes et trafics illicites des pesticides. - contrôle des importations et de la qualité des importations - lutte contre les trafics illicites des produits
6. Ministère chargé des Finances ( Douanes )
- assure la régularité des importations et trafics illicites des pesticides. - Direction de Douanes ( contrôle des importations et lutte contre les fraudes et les trafics illicites )
7. Ministère chargé de la Fonction Publique
- qui a sous tutelle la Direction du Travail chargée du contrôle de la prévoyance sociale ( normes d'hygiène , sécurité et environnement du travail ).
8. Ministère chargé des Affaires Etrangères
- participe aux travaux de négociation et de ratification d'accord internationaux relatifs aux produits chimiques dangereux dont les pesticides - donne des appréciations sur l'opportunité d'adhérer à une convention.
9. Ministère chargé de l'Environnement
- Elabore et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière de protection de l'environnement en rapport avec les autres secteurs tels que l'Agriculture et la Santé publique ; - Exerce la tutelle des points focaux des conventions internationales sur les produits chimiques dangereux ( conventions de Rotterdam , Stockholom , de Bâles , etc … ).
10. Ministère de la Justice
- Pour les cadres législatifs et réglementaires ( pénalisation , sanctions , poursuites judiciaires liées aux dommages dus aux pesticides ).
11 E1190 v2 11. Ministère de la Communication
- Pour une meilleure sensibilisation du public aux risques des pesticides .
12. Ministère de la Défense
- Contribue aux campagnes de lutte antiacridienne de grandes envergures (transport , opérations de lutte ).
De ce qui précède , il convient de noter que pour certains départements (Agriculture , Santé , Environnement , Douanes , Commerce ) , les attributions sont relativement connues pour la gestion des pesticides de par leur nature et leur utilisation.
Par contre , les rôles et responsabilités des autres département demandent à être spécifiés et bien définis en ce qui concerne la gestion et le contrôle des pesticides.
Tableau 3: Responsabilités des ministères et autres institutions impliquées dans la gestion des pesticides.
Etape du cycle de vie Importation Productio stockag Transport Distribution Utilisation Eliminatio n e n Ministère concernés Agriculture X X X X X X Santé X X X X X X Elevage X X X X X X Transport X X X X Commerce X X X X X Douanes ( Finances ) X X X X Défense/Intérieur/Protection X X X Civile Communication X X X X Education Nationale Enseignement Supérieur Affaires Etrangères X X X Justice X X X X X X
IX. Le Cadre législatif et réglementaire
9.1. Au niveau national :
Le Tchad dispose des textes législatifs et réglementaires qui régissent l'inspection et le contrôle des pesticides bien qu’ils ne soient pas harmonisés avec ceux de l’Environnement et de la Santé Publique sur le plan national. Cependant s'agissant de la réglementation des pesticides au niveau du ministère de l'Agriculture, la situation se présente comme suit:
9.1.1 - Loi n° 14/PR/95 du 13 Juillet 1995 relative à la Protection des Végétaux.
Constituée de 9 chapitres dont un gros chapitre réservé à la réglementation des pesticides, cette loi: Institue la lutte intégrée contre les ennemis des végétaux comme voie d'intervention privilégiée afin de réduire les agressions vis à vis des pesticides;
12 E1190 v2 Institue le contrôle des pesticides au niveau de l'importation, de l'exportation, de la fabrication, du conditionnement, du stockage, de l'emballage et de l'utilisation; Fixe les conditions d'obtention des autorisations des importations et des agréments; Interdit la vente des pesticides en vrac ; Définit les modalités permettant d'utiliser les pesticides à des fins d'expérimentation et de recherche sur le territoire national; Prévoit la mise en place d'une commission Nationale de Contrôle des pesticides à usage agricole; Interdit la publicité sur tout pesticides non homologué; Précise que seuls le pesticides homologués ou ayant eu une autorisation provisoire de vente sont autorisés à l'importation et à l'utilisation dans le territoire; Prévoit les sanctions et les peines à l'encontre des personnes contrevenant aux dispositions de la législation sur le contrôle des pesticides.
9.1.2 - Décret n° 010 /PR/MA/29 du 07 Janvier 1999