Hommage à l’âge

Théâtre, concerts, lectures

T h é â t r e d e s B o u f f e s d u N o r d

Direction : Micheline Rozan – Peter Brook

Jean-Claude Carrière et Nahal Tajadod

Pierre Henry - création

Madeleine Malraux et François Marthouret

Hélène Martin et Jean Cohen-Solal

Geneviève Page

Georges Wilson - création

du samedi 5 septembre au samedi 24 octobre 2009

Théâtre des Bouffes du Nord 37 bis, boulevard de la Chapelle - 75010 Paris / Métro : La Chapelle www.bouffesdunord.com

Réservations : 01 46 07 34 50 Prix des places : Simplement compliqué, Satie en liberté et Chants d’amour de Roumi : Catégorie A : 26€ / Catégorie B : 18€ / Catégorie C : 12€ Virage à 80 et Les Grandes forêts : Plein tarif : 20€ / Tarif réduit : 12€ Rétrospective secrète : Tarif unique : 23€

Service de presse MYRA / Rémi Fort et Elisabeth Le Coënt - 01 40 33 79 13 - [email protected] - www.myra.fr

Sommaire

du mercredi 16 septembre au samedi 24 octobre, 20h30 Simplement compliqué de Thomas Bernhard mis en scène et interprété par Georges Wilson – création p 3 samedi 5 septembre, 20h30 Virage à 80 par Hélène Martin et Jean Cohen-Solal p 6 du mardi 8 au dimanche 13 septembre, 20h30 et dimanche à 17h00 Satie en liberté par Madeleine Malraux et François Marthouret p 8 du jeudi 8 au samedi 10 octobre, 19h00 Les Grandes forêts par Geneviève Page p 10 dimanche 11 octobre, 17h30 Rétrospective secrète par Pierre Henry – création p 12 mardi 13 octobre, 20h30 Chants d’amour de Roumi par Jean-Claude Carrière et Nahal Tajadod p 14

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Simplement compliqué du mercredi 16 septembre au samedi 24 octobre, 20h30 relâches les dimanches, lundis et mardis

de Thomas Bernhard mise en scène Georges Wilson interprétation Georges Wilson, distribution en cours assistant à la mise en scène Philippe Delafhoulouse scénographie / ensemblière Mélissa Ponturo lumière Philippe Vialatte

Simplement compliqué est édité aux éditions de L’Arche, dans une traduction de Michel Nebenzahl production : C.I.C.T./Théâtre des Bouffes du Nord

Mettre en scène et interpréter Simplement compliqué de Thomas Bernhard est pour moi une manière d’interroger une fois encore le théâtre et le sens que j’ai donné à ma vie en m’y consacrant tout entier. Il y a dans ma rencontre avec l’œuvre de Thomas Bernhard et ce texte en particulier, quelque chose de profondément troublant. En effet, je me retrouve et dans l’écrivain lui-même et dans le personnage qui parle dans Simplement compliqué. Ce que je vais tenter de mettre en scène, d’incarner, c’est ce parallèle entre une vie d’acteur et moi.

Je dirais que je connais, pour l’avoir vécue, enfant, cette précarité financière, émotionnelle, corporelle qui est celle du personnage désigné comme « lui », « vieil acteur » , et qui est celle de Thomas Bernhard. Enfant, j’étais hyper nerveux et tout me bouleversait d’une manière démesurée. La moindre chose, le moindre fait : une fourmi morte et j’étais malade trois jours durant. Et bien cette hypersensibilité je la retrouve dans ce qu’écrit Thomas Bernhard et dans ce que dit le personnage.

Mais au-delà de ce sentiment de reconnaissance, jouer Simplement compliqué est une manière de faire entendre la voix du monde et, en ce moment, il me semble que c’est ce dont nous avons tous besoin… depuis trente millions d’années que l’homme est homme, héritier de ce cerveau qui nous fascine tant, la question est : qu’est-ce que l’on fait de ce cerveau, aujourd’hui ?

« Le mot capitulation jamais prononcé jamais renoncé Debout pour le combat »

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Que dois-je faire ? Comprendre, apprendre. Lire. Pas de ponctuation ce qui oblige à une recherche sans fin, les sens glissent les uns sur les autres, comment faire comprendre ce que l’acteur comprend au plus intime -ici, le personnage du « vieil acteur »- et ce que l’interprète ressent, croit comprendre ? Entrer dans le crâne de celui qui parle et tenter de suivre sa logique, dans un texte traduit de l’Allemand par Michel Nebenzahl. Autant d’étrangetés, de difficultés. On se bat avec l’inconnu. C’est bien préférable aux classiques que l’on monte une fois de plus, une fois encore, sans avoir à se poser trop de questions. Or aller vers ce qui n’a jamais été abordé, vers ce qui nous parle au plus près, est beaucoup plus difficile, mais apporte beaucoup plus aux artistes comme à ceux qui assistent au spectacle… Simplement compliqué, c’est cela même.

Cet homme qui parle sans cesse se dit « Fanatique de l’irréductibilité ». C’est une vérité du personnage, sans doute de Thomas Bernhard également. Il y a là un goût du combat, du non renoncement, du refus des banalités écoeurantes qui me plaît. Je n’oublie pas que je suis de culture protestante et dans ce qui est défendu ici de la dignité humaine, de la vie humaine, je retrouve les fondements de la religion dans laquelle j’ai été élevé.

Lorsque l’on prétend jouer cela en scène, il faut trouver en soi la force… de ne pas faire de théâtre.

Ici, je ne peux m’adresser qu’à moi-même. La présence de la petite Catherine est un leurre. C’est toujours à lui-même qu’il parle. Il se parle. Bien sûr, dans la mise en scène, qui est très simple et obéit strictement aux indications qui naissent du texte lui-même, il y aura Catherine, 9 ans. Deux petites filles en alternance. Il y aura les éléments de décor et les objets indiqués : une porte, une fenêtre, deux fauteuils, une table, un frigidaire. Et un amas de livre.

J’aimerais réussir un spectacle dans le style de Peter Brook. Je me suis inspiré de son travail. Je pourrais dire que je compose une partition musicale, une partition qui ne vient pas par- dessus le texte, mais qui est le temps même, jusque dans les silences qu’il faut déchiffrer.

Aujourd’hui, alors que j’essaie d’expliquer ce que j’imagine, je me dis qu’il me faudrait six mois de travail de plus. Nous sommes en juin 2009 ; je comprends peu à peu Simplement compliqué.

Georges Wilson Propos recueillis par A.H.

Georges Wilson

Né en 1925, Georges Wilson est d’abord élève de Pierre Renoir à l’Ecole de la rue Blanche (1945) puis entre en 1947 dans la Compagnie Grenier-Hussenot et joue dans Le Village des miracles de Gaston-Marie Martens. Il est engagé en 1952 au Théâtre national populaire par Jean Vilar où il est interprète : La Ville et Cinna, de Paul Claudel, Antigone de Sophocle, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, Ubu d’Alfred Jarry et Turcaret de Lesage… ; et metteur en scène (La Grande Malade d’Henri Monnier, L’Ecole des femmes de Molière, La Fête du cordonnier de Michel Vinaver, Arturo Ui de Bertold Brecht qu’il signe avec Jean Vilar et Lumière de Bohème de Valle Inclan).

En 1963, il succède à Jean Vilar à la direction du Théâtre national populaire et met en scène pour la première fois en France Les Enfants du soleil de Maxime Gorki et Maître Puntilaa et son

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valet Mati de Bertold Brecht. Il monte également L’Illusion comique de Pierre Corneille, La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Kurt Weil et Berthold Brecht, Le Diable et le dieu de Jean-Paul Sartre et Le Roi Lear et Hamlet de William Shakespeare (certains de ces spectacles seront présentés au festival d’Avignon)... Il fait construire la salle Gémier à Chaillot où il crée La Grande imprécation contre la muraille de Chine d’après Tankred Dorst et Chêne et lapin angora de Martin Walser avec Jacques Dufilho. En 1972, il quitte le Théâtre national populaire.

Dans les années 1980 et 90, Georges Wilson retrouve le comédien Jacques Dufilho pour de nombreux spectacles qu’il met en scène : Sarah et le cri de la langouste de John Murreil (1983), L’Escalier de Charles Dayer (dans lequel il joue, 1985), Leopold le bien aimé de Jean Sarment (1986), Je ne suis pas Rappaport d’Herb Gardner (1988), Le Météore de Friedrich Dürrenmatt (1991) et Show-bis de Niel Simon (1993). Il met également en scène quelques textes de Bredan Behan (Le Client du matin et Un Otage) et travaille sur de nombreux auteurs classiques et contemporains : Eugène O’Neil (Le Long voyage vers la nuit, 1973), Alfred Jarry (Ubu à l’opéra, créé en 1974), William Shakespeare (Othello, 1975), Victor Hugo (Ruy Blas, 1992)… Il est également interprète de textes de Maxime Gorki, Samuel Beckett, Anton Tchekhov, Tennessee Williams, William Shakespeare, Jean Racine…

A l’Opéra, il met en scène Falstaff de Giuseppe Verdi à l’Opéra de Paris (1982) et Jeanne au bûcher d’après Arthur Honnegger et Paul Claudel sous la direction musicale de Céji Osawa au Carnegie Hall (New-York, 1984).

Georges Wilson débute au cinéma en 1954 aux côtés de Danielle Darrieux dans Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara, qu'il retrouvera pour La Jument verte. Il figure également au générique des Hussards de Alex Joffé. C'est Une aussi longue absence d'Henri Colpi, Palme d'Or en 1961, qui le révèle : il y incarne un vagabond en qui une femme croit reconnaître son mari disparu.

Capitaine Haddock dans Tintin et le Mystère de la toison d'or, Georges Wilson partage sa carrière entre la France et l'Italie, où il tourne de nombreux films (Le Desordre, 1960 ; L'Etranger de Luchino Visconti, 1967 ; Beatrice Cenci, 1969; L'Età della pace, 1974). Les années 1960 lui permettent de jouer aux côtés d'acteurs de renommée mondiale tels John Wayne, Richard Burton ou Bourvil dans Le Jour le plus long (1962). En France, il côtoie aussi Fernandel dans Le Caïd (1960) ou encore Louis De Funès dans Faites sauter la banque (1963), où il interprète le rôle d'un agent de police.

Acteur de composition, il interprète des rôles très différents. Commissaire dans Max et les Ferrailleurs (1970), caïd cynique dans Le Bar du téléphone (1980), il incarne un grand-père juif dans Au bout du bout du banc (1978) et un bâtonnier dans L'Honneur d'un capitaine (1982).

Georges Wilson passe derrière la caméra en 1988 avec La Vouivre dont il écrit également le scénario d'après l'oeuvre de Marcel Aymé. Il y dirige son fils, Lambert Wilson, mais aussi Jean Carmet et Suzanne Flon. Dans les années 1990, il s'illustre notamment dans Le Château de ma mère d'après Marcel Pagnol, et dans le film historique Marquise (1996). En 2005, il est à l'affiche de Je ne suis pas là pour être aimé aux côtés de Patrick Chesnais et de L’Ennemi public n°1 de Jean-François Richet (2007).

À la télévision, il interprète plusieurs téléfilms, dont La Nuit des rois (Claude Loursais, 1957) et L'Huissier (Pierre Tchernia, 1990)…

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Virage à 80 samedi 5 septembre, 20h30

chant Hélène Martin musique Jean Cohen-Solal son Boris Darley, studio Lakanal

Toute affaire cessante, toute douleur cessante, chanter encore et encore toutes les possibilités de soi-même. Donner récit de ce qui a été aimé, composé, tout ce qui a été respiré, offert, étreint, travaillé, hésité en chemin, parcouru sur les hauts plateaux de Lure, tout ce qui a été choisi, décidé au grand jour et dans les tourments de la nuit… Ce qui a été passé sous silence et qui vibre continûment en échos mystérieux … Mais avant tout chanter l’Aujourd’hui en égrainant quelques sourires d’enfance…

Un virage, un voyage, des visages « au long regard » qui veillent, révèlent, éveillent : L’œil de Klee, de Giacometti, de Matisse, de Keaton et de Chaplin, de Resnais, de Truffaut, de Tarkovski, du rouge - gorge et du chien… Un partage de chansons neuves et de chants croisés… Aragon et Vian, Char et Genet, Neruda et Prévert, Rimbaud et Rilke … Et moi et moi et moi…

Entre scène et salle, avec quelques « passeurs de passage », - et pas des moindres – nous nous retrouverons au Théâtre pour DONNER RAISON AU POÈTE, exprimer le plaisir d’être, l’effroi, la joie, la vie, un salut, un Merci. Libre, libre, libre…

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Hélène Martin

Née en 1928, Hélène Martin débute à Paris dans les cabarets de la rive gauche. Son premier disque, en 1961, inaugure une suite de plus d'une trentaine d'albums originaux. En 1968, elle crée son propre label, Les Disques du Cavalier. Elle travaille également pour le petit écran (24 portraits pour l'émission PlainChant dont Aragon, Tardieu, Louise Labé, Max Jacob, Guillevic, Soupault, Genet), une série d'émissions pour le ministère des Droits de la femme, et le téléfilm Jean le Bleu, d'après le roman de Jean Giono.

Parallèlement Hélène Martin crée des spectacles musicaux dont Terres Mutilées sur des textes de René Char, Le Jour et la nuit ou Georges Braque, Chagall, celui qui dit les choses sans rien dire, La Douceur du bagne et Le Condamné à mort de Jean Genet.

Saluée par Aragon à Giono en passant par Neruda, Soupault, Char, Hélène Martin est primée 3 fois par l'Académie Charles Cros, par l'Académie du Disque français, par la Sacem et est nommée Officier de l'Ordre des Arts et Lettres.

Jean Cohen-Solal

De formation classique, flûte, contrebasse, écriture, élève de Gaston Crunelle au CNSM, de Roger Bourdin, il va à la rencontre du monde électroacoustique et de la recherche sonore, notamment au sein du GRM de l’ORTF où il est sollicité pour différents travaux. Il travaille à la création de la bande son des 4 séries des Shadoks et crée la voix Shadok.

Compositeur, arrangeur et interprète, il travaille pour tous les médias (radio, télévision), mais aussi au cinéma (longs, courts, films d’animation, pédagogiques…), au théâtre, sur la poésie, la chanson, la danse, le conte, le disque... Il rencontre et collabore notamment avec Graeme Allwright, Georges Moustaki, Théodorakis, Maxime Le Forestier, Catherine Le Forestier, Hélène Martin, Valérie Lagrange, Mama Béa Tekielski, Charles Trenet, Jean Roger Caussimon, Le Footsbarn Theatre, Ton und Kirshen Teater… tout en approfondissant un travail plus personnel en concert.

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Satie en liberté du mardi 8 au samedi 12 septembre, 20h30 matinée le dimanche 13 septembre, 17h00

conception : Karin Müller interprétation : Madeleine Malraux, piano François Marthouret, jeu production : C.I.C.T./Théâtre des Bouffes du Nord

Très cher EsotErik Satie, comme ton cher Alphonse Allais te nommait… Toi qui fis de la misanthropie et de l'hypocondrie un art de vivre bien défini, toi qui fis rimer absurdité avec intensité, solitude avec béatitude et non décrépitude ou turpitude, toi qui de Jarry et Debussy, Cocteau et Picasso, avais l'amitié et la complicité, tu méritais bien un récital inopiné. Je l'ai créé, manié et remanié, pour ton interprète la plus touchante, la plus vibrante et la plus rayonnante, mon amie Madeleine Malraux. C'est elle qui me fit découvrir tes textes, cher Erik, réunis par Ornella Volta, qui à la première assista et sa bénédiction nous donna. Madeleine te rejoua pour la première fois en 1946… tu étais alors banni, affaibli, tombé dans l'oubli, négligé, caché, oublié, embusqué dans les méandres de l'éternité… tu ne faisais plus recette... tu n'existais plus... L'époque terrible s'achevait, la honte de l'Allemagne existait, le moral remontait… et Madeleine te célébrait… Je fis découvrir à François Marthouret tes textes satiriques, et tes satires, Satie, l'ont satisfait. Il accepta spontanément de mettre son talent à ton service et de dîners en discussions, de discussions en concertations, de concertations en répétitions, la création se fit à Senlis, avec Bernard Le Coq, son complice. Tu as tellement joué de l'humour et si peu du hasard. Amour de l'humour, de la musique, des mots, des textes, des rimes, du talent, de l'amitié... Je suis sûre que tu nous suis du fond des cieux, et que tu te réjouis de nous voir chaque soir si nombreux. Où que tu sois, je devine tes yeux malicieux et je suis sûre que tu es très heureux. Tu le fus si peu dans ta vie terrestre. Quelle revanche posthume, cher Erik ! Tel un vrai chef d'orchestre, tu as dirigé de main de maître ta postérité, toi l'éternel vagabond qui a passé ta vie dans les bas-fonds. Je crois, cher Erik, qu'on peut te décerner le satisfecit du meilleur insatisfait de sa condition inhumaine. Etais-tu un satyre ? Un Satyricon ? La réponse est non. Karin Müller

Madeleine Malraux

Madeleine Malraux entre à quatorze ans dans la classe de Marguerite Long, au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle en sort avec un Premier Prix et commence sa carrière au Conservatoire de , sa ville natale, nommée Professeur des classes supérieures de piano. Elle mène en parallèle une carrière de soliste.

Elle épouse pendant la guerre Roland Malraux, résistant dans la région du Midi et frère d’André Malraux, qui ne reviendra pas de déportation. Plus tard, remariée à André Malraux, elle élèvera

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ses deux fils avec le sien et la vie familiale et officielle succédera à celle de concertiste. En 1967, reprenant son piano, Madeleine est invitée d’honneur au Festival de Musique de Berlin, dirigé par Nicolas Nabokov. Dès lors, travaillant notamment à New-York, elle joue entre autre au Carnegie Hall avec en 1968 et donne des récitals au Metropolitan Museum en liaison avec l’Exposition internationale « The Cubist Epoch » en 1971. Madeleine Malraux participe aux Festivals du centenaire de Stravinsky en 1972 et de Ravel en 1975. Dans la même décennie, elle est invitée en Russie, notamment au Musée Rimsky-Korsakov à Saint-Pétersbourg et à Moscou où elle a le privilège de jouer à la mémoire de l’écrivain Boris Pasternak.

Madeleine Malraux n’a jamais arrêté de donner des concerts. En 2007, elle crée le récital EsoErik Satie, conçu par Karin Müller, avec la complicité de François Marthouret. Depuis, ce récital est régulièrement invité à Paris, en province et à l’étranger (Japon).

François Marthouret

Né en 1943, François Marthouret débute sa carrière au théâtre, notamment sous la direction de Peter Brook dans ses mises en scènes d’Ubu d’Alfred Jarry, Mesure pour mesure et Timon d’Athènes de William Shakespeare. Il joue également sous la direction d’Antoine Vitez (Le Précepteur de Jakob Lenz et La Mouette d’Anton Tchekhov), de Robert Hossein (Jules César de William Shakespeare ou Huis clos au Petit Marigny), de Bernard Murat (Un mois à la campagne d’Ivan Tourgueniev et Traits d’union de Murielle Magellan) ou de Daniel Benoin (Le Nouveau Testament de Sacha Guitry, Faces de John Cassavetes et L’Intranquilité de Fernando Pessoa). Il a par ailleurs interprété ce texte sous la direction d’Alain Resnais. Il collabore aussi avec Jean-Louis Martinelli, Georges Lavaudant, Stuart Seide...

Metteur en scène, il aborde à deux reprises William Shakespeare (à travers La Tempête et Hamlet qu’il met en scène avec Hortense Guillemard), mais également Harold Pinter (Des Jours et des nuits), Jean-Marie Le Clézio (Le Livre des fuites), Hjalmar Soderberg (Gertrud avec Gérard Desarthe) et August Strinberg (Père). Il dirige également la réalisation d’un téléfilm intitulé Mémoire en fuite (en 2000).

Au cinéma, il débute sa carrière en 1970 avec Costa-Gavras dans L’Aveu. Il tourne avec René Allio (Les Camisards, 1970), Alain Tanner (Retour d’Afrique, 1973), Michel Deville (Dossier 51, 1978 ; La Petite Bande, 1982 ; et Au Petits Bonheurs, 1994), Alain Bonnot (Liste noire, 1984), Véronique Aubouy (Le Silence de l’été, 1994), Mario Camus (La Ville des prodiges, 1998), Françis Reusser (Guerre dans le haut pays, 1998), François Ozon (Sitcom, 1998), Isabelle Broue (Tout le plaisir est pour moi, 2003), Karin Albou (la Petite Jerusalem, 2004) et Jean Becker (Deux jours à tuer, 2007).

Il travaille beaucoup pour la télévision (téléfilms et séries télévisées) et notamment avec Josée Dayan, Jacques Deray, Pierre Boutron, Joyce Bunuel, Peter Kassovitz, Marcel Bluwal, Michel Favart, Jacques Otmezguine, Giorgio Capitani…

Karin Müller

Après avoir enseigné l’allemand, s’être essayée à la traduction et écrit de nombreux articles pour la revue culturelle Atlantica, Karin Müller co-dirige la galerie gimpel & müller à Paris. Elle continue à écrire (André Malraux : Itinéraire d’un destin flamboyant, entretiens avec Jean Lacouture, 2008 ; et Sacha Guitry : Itinéraire d’un joueur, avec Dominique Desanti, 2009). Parallèlement, elle conçoit le récital Satie en liberté en 2007 et prépare actuellement une lecture de textes d’André Malraux pour Marie-Christine Barrault.

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Les Grandes forêts du jeudi 8 au samedi 10 octobre, 19h00

avec Geneviève Page lumière et scénographie Roland Hergault

J’ai de Geneviève Page un souvenir ébloui du temps du TNP (le premier). On pouvait voir et revoir sans se lasser Les Caprices de Marianne. À Chaillot et Avignon avec Gérard Philipe nous avions sous les yeux deux acteurs magiques.

Aussi quand j’ai pensé à quelques-uns de mes amis pour montrer (sans tambours ni trompettes) qu’à 80 ans le talent peut être intact et la vitalité aussi, c’est elle que j’ai appelée en premier.

Dans sa préface pour Les grandes forêts, Geneviève écrit : « Bref, j’aimais la poésie et les sports violents. Et la poésie m’a aimée : elle soignait mes plaies. Elle pansait mes blessures. Elle m’enracinait et conjurait tous mes exils. » Quand je lui avoue que je ne comprends pas grand chose à la poésie, c’est tout juste si elle ne se fâche pas : « il n’y a pas à comprendre, il y a à ressentir ».

À l’idée qu’elle vienne « pour traverser, ensemble, quelque chose et nous promener dans les belles forêts », les murs des Bouffes du Nord, ces fameux murs, bruissent d’impatience.

Micheline Rozan

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Geneviève Page

Née en 1927, Geneviève Page suit les cours du Conservatoire d’art dramatique de Paris et du Vieux Colombier sous la direction de Tania Balachova, Michel Simon et M Rolland.

Comédienne, elle joue à plusieurs reprises sous la direction de Jean Vilar (Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset et L’Heureux stratagème de Marivaux) et de Jean-Louis Barrault (Le Soulier de satin de Paul Claudel, Andromaque de Jean Racine et Angelo, Tyran de Padoue de Victor Hugo). Elle joue par ailleurs sous la direction de Gérard Philippe (Lorenzaccio d’Alfred de Musset), de Georges Wilson (La Fausse Suivante de Marivaux), de Jean Mercure (La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux), de Jean Piat (Ce soir à Samarcande de Jacques Deval), d’Anne Delbée (L’Echange de Paul Claudel), de Pierre Mondy avec Jean Poiret (Le Canard à l’orange de Duoglas Hume), de Luis Pasqual (Le Balcon de Jean Genet), d’Antonio Arena (La Femme sur le lit de Franco Brusati), de Michel Fagadau (Colombe de Jean Anouilh)… Elle interprète à deux reprises Mère Courage de Berthold Brecht (mis en scène par Yves Pignot et Jérôme Savary) et reçoit le prix de la critique pour l’adaptation des Larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder présenté au Théâtre national de Chaillot.

Elle se met en scène dans Les Grandes Forêts (montage de textes poétiques), Quatre siècle de théâtre français (au Athens Concert Hall) et Le Martyre de Saint-Sébastien d’après Claude Debussy. Elle est aussi interprète dans des opéras tels que Jeanne au bûcher de Charles Peguy et Claude Debussy, Perséphone d’André Gide et mis en scène par Georges Pretre et La Peste d’Albert Camus.

Au cinéma, elle joue dans de nombreux films en France et aux Etat-Unis parmi lesquels : Fanfan la tulipe de Christian Jaque (1952), Foreign Intrigue (L’Enigmatique M D.) de Sheldon Reynolds (1956), Michel Strogoff de Camille Gallone d’après le roman de Jules Verne (1956), Song Without End (Bal des adieux) de Charles Vidor et Georges Cukor (1960), El Cid d’Anthony Mann (1961), Le Jour et l’heure de René Clément (1962), Trois chambres à Manhattan de Marcel Carné (1965), Tendre Voyou de Jean Becker (1966), Belle de jour de Luis Buñuel (1967), La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder (1970), Buffet froid de Bertrand Blier (1979), Beyond Therapy de Robert Altman (1987) et L’Inconnu dans la maison de Georges Lautner (1992).

A la télévision, elle joue à deux reprises sous la direction de Claude Barma (La Nuit des Rois d’après William Shakespeare et Les Corsaires et Flibustiers), tourne avec Michel Mitrani (La Chambre), Lazarre Iglesis (La Chasse aux hommes) et François Marthouret dans Mémoires en fuite.

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Rétrospective secrète dimanche 11 octobre, 17h30

direction sonore Pierre Henry assistante musicale Bernadette Mangin ingénieur du son Etienne Bultingaire assistant son Pierre Lefèvre coordination Isabelle Warnier réalisation et sonorisation Studio de création SON/RE qui reçoit le soutien de la DRAC Ile-de-France, Ministère de la culture et de la communication, de la Ville de Paris et de la SACEM spectacle en deux parties de 17h30 à 19h00 et de 20h00 à 22h00.

Petit dialogue Inattendu :

Chère Micheline, Ton idée de nous réunir à nouveau est une bénédiction. J’en suis totalement heureux.

Moi aussi cela me fait un plaisir fou ; il était temps que nous nous retrouvions ! Béjart et La Reine verte c’était en 1963. Il y a 46 ans !… Heureusement que tu étais là. Dans les affres des dernières répétitions, je me souviens que nous avons beaucoup ri.

Comment veux-tu organiser ta « carte blanche » ?

J’ai pensé à une fugue à 2 sons où se déclineraient et s’opposeraient les thèmes, les idées, les instruments, les matériaux qui ont constitué ma musique. Du piano à l’harmonie, du sacré aux arts plastiques, du texte à l’abstraction enfin du geste à la théâtralité : soit 8 demi-heures en 2 fois 2 heures.

Epatant.. Nous passerons donc un dimanche parfait en ta compagnie. Et je te dis plus que merci. Micheline Rozan

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Pierre Henry

Pierre Henry est né le 9 décembre 1927. Il étudie la musique dès l’âge de sept ans. Elève au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris entre 1937 et 1947 notamment dans les classes d’Olivier Messiaen, Félix Passerone et Nadia Boulanger.

Oeuvres instrumentales 1944-1950 Pierre Henry mène une carrière de musicien d’orchestre, piano et percussions, et de recherches sur une lutherie expérimentale entre 1945 et 1951. Sa première musique de film Voir l’invisible en 1948 est ainsi interprétée avec des objets acoustiques. Il rejoint Pierre Schaeffer en 1949 et, ensemble ils créent la Symphonie pour un homme seul en mars 1950. Il devient chef des travaux au Groupe de Recherche de Musique Concrète (GRMC) de la radio (RTF), poste s’il quittera en 1958 pour fonder son studio : APSOME, rue Cardinet à Paris qui sera le premier studio privé consacré aux musiques expérimentales et électroacoustiques.

Il y poursuit seul ses recherches pures, en y associant des techniques nouvelles et des procédés électroniques dont il est l’inventeur. Il explore sans relâche cet univers musical sans précédent, surmontant, adaptant les technologies en constante évolution avec une maitrise très sûre de la pratique musicale la plus classique. Il auto finance son studio de 1958 à 1982, en réalisant de nombreuses musiques de films, de scènes et publicitaires. C’est ainsi qu’il crée la Symphonie pour un homme seul pour Maurice Béjart en 1955. 15 ballets suivront. Il collabore également avec d’autres chorégraphes tels que Georges Balanchine, Carolyn Carlson, Merce Cunningham, Alwin Nikolaïs ou Maguy Marin. Il réalise aussi de nombreuses musiques de film depuis 1950, dont le prestigieux L’Homme à la Caméra de Dziga Vertov et réalise des performances avec des plasticiens comme Yves Klein, Jean Degottex, Georges Mathieu, Nicolas Schöffer, Thierry Vincens.

Entre 1967 et 1980, il réalise dix-huit disques dans la collection Prospective du 21° siècle chez Philips, et une édition de 19 disques présentant 32 oeuvres majeures du compositeur. En 1982, il crée un nouveau studio nommé SON/RE, à son domicile dans le douzième arrondissement de Paris dont il est le directeur artistique. Plus de soixante-dix oeuvres nouvelles y seront réalisées, dont Intérieur/Extérieur (1996), Histoire Naturelle (1997), La Dixième remix (1998), Les sept péchés capitaux (1998), Une Tour de Babel (1999), Tam Tam du Merveilleux et Concerto sans orchestre (2000) ; Hypermix et Poussière de soleils (2001) ; Dracula, Carnet de Venise et Zones d’ombre (2002) ; Labyrinthe !, Faits divers et Duo (2003) ; Lumières (2004) et Voyage initiatique qui sont donné en 2005 dans le cadre des soirées Pierre Henry chez lui III à son domicile. Il compose par la suite Comme une symphonie, hommage à Jules Verne (2005), Orphée dévoilé et plus récemment Pulsations à Riga (2007) ou Objectif terre créé au Festival d’Avignon puis sur l’Esplanade de la Défense dans le cadre du festival Paris quartier d’été (2007). A l’occasion de ses 80 ans, il a composé trois oeuvres nouvelles, Utopia créée à la Saline Royale d’Arc et Senans, Trajectoires, donnée Salle Olivier Messiaen de Radio France le jour de son anniversaire, et Pleins jeux à la Cité de la Musique. En 2008 il présente Une heure chez Pierre Henry et en 2009 Dieu à la maison, nouvelle version d'après Dieu de Victor Hugo dans le cadre du festival Paris quartier d’été.

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Chants d’amour de Roumi mardi 13 octobre, 20h30

conception et interprétation : Jean-Claude Carrière Nahal Tajadod musique : flûte Kudsi Erguner percussions Pierre Rigopoulos production C.I.C.T./Théâtre des Bouffes du Nord

À partir d’une traduction commune de cent poèmes de Roumi, Nahal Tajadod et Jean- Claude Carrière proposent un court spectacle musical.

Roumi est un immense poète iranien, qui dut s’exiler à cause de l’invasion mongole. Il vécut et mourut en Turquie. Les poèmes choisis sont extraits du Livre de Chams de Tabriz. Ils parlent d’un homme saisi par le feu, brûlant d’un amour universel et célébrant sa métamorphose. Cet amour est irrésistible et total. Il va de l’atome à l’univers, il est adoration et blasphème.

Les poèmes sont lus en persan par Nahal Tajadod et en français par Jean-Claude Carrière. Deux musiciens, le flûtiste Kudsi Erguner et le percussionniste Pierre Rigopoulos, improvisent, en même temps, une interprétation musicale.

Jean-Claude Carrière

Né en 1931, Jean-Claude Carrière est un ancien de l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Licencié en lettres et diplômé en Histoire, il abandonne rapidement sa vocation d’historien pour le dessin et l’écriture.

Il publie en 1957 un premier roman intitulé Lézard puis rencontre Pierre Étaix chez Jacques Tati avec qui il cosigne ses courts et longs métrages. Il deviendra par la suite scénariste de Luis Buñuel (leur collaboration dure dix-neuf ans parmi lesquels Le journal du femme de chambre, Belle de jour ou Cet obscur objet du désir), de Milos Forman (Valmont…), Jean-Paul Rappeneau (Cyranno de Bergerac…) et Volker Schlöndorff (Le Tambour…), mais il ne se consacre jamais uniquement au cinéma. Parallèlement, il poursuit une carrière de dramaturge et d’adaptateur, en particulier avec Jean-Louis Barrault (Harold et Maude de Colin Higgins) et Peter Brook (Timon d’Athènes, Mesure pour mesure et La Tempête de William Shakespeare, La

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Conférence des oiseaux d’après Farid Al-Din Attar, La Cerisaie d’Anton Tchekhov, La Tragédie de Carmen d’après Carmen de Bizet, Les Iks de Colin Turnbull, Le Mahabharata, Woza Albert et L’Homme qui).

Parmi les scénarios écrits par Jean-Claude Carrière, notons Le Tambour, Un papillon sur l'épaule ou encore Le Retour de Martin Guerre qui lui vaut le césar du meilleur scénario en 1983. Il travaille également sur l'adaptation d'oeuvres littéraires comme Valmont d’après Les Liaisons dangereuses de Laclos, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, Le Hussard sur le toit d’après Jean Giono, Le Roi des Aulnes de Michel Tournier ou encore L'Insoutenable Légèreté de l'être de Milan Kundera.

Auteur, il écrit des pièces de théâtre : L’Aide-mémoire (1968), Le Client (1971), La Terrasse (1997), La Controverse de Valladolid (1999) et Trente ans à peine (2003). Romancier et essayiste, il est alors principalement édité chez Plon : Dictionnaire amoureux du Mexique (2009), Le Cercle des menteurs, Tome 2 : Contes philosophiques du monde entier (2008), Les Mots et la chose : Le grand livre des petits mots inconvenants (2007), Les à-côtés : Chroniques matinales (2004), Les Années d’utopie (2003), Les Mots et la Chose (2002), Dictionnaire amoureux de l’Inde (2001), Le Vin bourru (2000), Le Dictionnaire des révélations (1999) ; chez Gallimard : L’Inde fantôme : Carnet de voyage (2005 – avec Louis Malle), Anthologie de l’humour 1900 (1990), Milou en mai (1990 – avec Louis Malle) ; chez Robert Laffont : La Force du Bouddhisme (1995 – avec le Dalaï-Lama), Mon oncle (1992), Viva Maria (1992), Lézard (1992), Les Vacances de Mr Hulot (1992), L’Alliance (1992), Dictionnaire de la bêtise, le livre des bizarres (1991 – avec Guy Bechtel), Les Années Sauvages (1987) ; et chez Odile Jacob : Tous en scène (2007), Fragilité (2006), Einstein, s’il vous plaît (2005).

Nahal Tajadod

Née à Téhéran en 1960, Nahal Tajadod quitte l’Iran pour la France en 1977, et étudie à l’INALCO (Langues O) où elle obtient un doctorat de chinois. Sa thèse, Mani, le Bouddha de lumière (1991), présente pour la première fois la traduction et le commentaire d’un texte manichéen écrit en chinois, véritable catéchisme et seul témoignage rédigé par les manichéens eux-mêmes. Elle travaille depuis sur l’apport iranien à la culture et à la civilisation chinoises. Issue d’une famille d’érudits iraniens, Nahal Tajadod a été initiée au soufisme dès son enfance. Elle a participé à la traduction de poèmes de Roumi et a écrit la biographie romancée de ce grand maître du soufisme.

Elle est l’auteur de : Roumi le brûlé (Jean-Claude Lattès, 2004), Sur les pas de Roumi (avec Federica Matta – Albin Michel, 2006), Passeport à l’italienne (Jean-Claude Lattès, 2007) et des Porteurs de lumière : L’épopée de l’Eglise de Perse (avec Jean-Claude Carrière – Albin Michel, 2008). Traductrice, elle travaille réguilièrement avec Jean-Claude Carrière : Le Livre de Chams de Tabriz de Mawlânâ Djalal al-Din Rumi (avec Mahin Tajadod – Gallimard, 1993), Avec le vent de Abbas Kiarostami (P.O.L., 2002) et Un loup aux aguets de Abbas Kiarostami (La Table Ronde, 2008).

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