ASSEMBLÉE DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

Valentina Hina CROSS

Représentante à l'assemblée de Polynésie fran çaise Présidente de la commission de l'équipement, de l'urbanisme, de l'énergie et des transports terrestres et maritimes , le 21 juin 2016.

à M. Marcel TUIHANI Président de rassemblée de Polynésie française

Objet : Question écrite relative au SÉCOSUD convertie en question orale. P.J. : 1 Question écrite convertie en question orale à l’attention de Monsieur le Vice-président du gouvernement, Ministre en charge des énergies.

Monsieur le Président,

Par lettre du 18 avril 2011, je vous ai adressé une question écrite à l’attention du Président du gouvernement de la Polynésie française.

N’ayant pas eu de réponse dans le délai imparti, je vous informe qu’en application de l’article 37 du Règlement intérieur, j ’entends convertir la question écrite évoquée ci-dessus, en question orale.

J’indique que cette question orale est adressée à Monsieur le Vice-président du gouvernement, Ministre en charge des énergies.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de la considération distinguée.

Page : 1 /4 QUESTION ORALE cAiiUiœ-pré&ident du g.munrenement de la Talynesiefrançai&e

Taraho ’i, le 21 juin 2016

à

Monsieur le Vice-président du gouvernement de la Polynésie française, Ministre en charge des énergies

En ma qualité de conseillère municipale de la commune de , j’ai adressé le 24 mars 2016 une lettre ouverte aux maires, maires-délégués et conseillers municipaux des communes de Taiarapu-Est, Taiarapu-Ouest, Teva I Uta et Hitiaa O te Ra, toutes regroupées au sein du SECOSUD (syndicat pour l'électrification des communes du Sud de ), Pour leur demander, de déclarer infructueux l'appel à candidatures lancé par r SECOSUD pour la production et la distribution publique d'énergie électrique dans la zone géographique de Tahiti Sud, Ce, après avoir obtenu en juin 2010 du tribunal administratif de Papeete que j'avais saisi alors que j’étais maire de la commune de Teva I Uta, l'annulation de la reconduction illégale de la concession entre le SÉCOSUD et la société EDT de distribution publique d'énergie électrique pour tous les usagers dans la zone géographique de SECOSUD, décision qui sera confirmée par la cour administrative d'appel de Paris en mai 2012 et le Conseil d’État en juillet 2013. Après une présélection où la candidature de la société EDT sera retenue avec deux autres sociétés, votre gouvernement, par la plume de votre vice-président en charge du portefeuille des énergies, va créer sur mesure un nouvel article 12 bis au cahier des charges, en autorisant la société EDT à vendre de l'électricité en gros hors du périmètre de sa concession, en d'autres termes, va accorder à la société EDT l’exclusivité de la fourniture d’électricité à SÉCOSUD, et bien évidemment aux tarifs et aux conditions économiques fixés à l’avance par la société EDT,

Page : 2/4 Ce à l'occasion d'un avenant n° 17 à la convention de concession de distribution d'énergie électrique n° 60-10 du 27 septembre 1960 modifiant le cahier des charges annexé à cette convention concernant exclusivement la zone urbaine de l'île de Tahiti (Tahiti Nord), avenant n° 17 qui sera approuvé par arrêté n° 2172 CM du 24 décembre 2015, Et alors que SÉCOSUD n'a jamais adhéré à la convention de concession n° 60-10 du 27 septembre 1960 régie par son cahier des charges et ses avenants. Par cet arrêté pris en conseil des ministres la veille du réveillon de Noël et signé de la main de votre vice-président, votre gouvernement condamne ainsi SÉCOSUD à s'approvisionner obligatoirement auprès de la société EDT au prix avoisinant les 22 F.CFP le Kwh, alors qu'en achetant directement son électricité auprès de la société MARAMA NUI, le kwh ne coûterait à SÉCOSUD que 12 F.CFP, soit une économie de 10 F.CFP par Kwh et de 500 millions de F.CFP par an pour les usagers de la zone Tahiti Sud !. 2 4 Par ailleurs, la loi du pays du 23 décembre 2013 portant sur les principes directeurs de la politique énergétique de la Polynésie française a fixé un objectif minimum de 50 % de production électrique issue de l'exploitation des énergies renouvelables à échéance 2020 sur l'ensemble de la Polynésie française. Or, dans le cadre de la discussion en session extraordinaire de l'Assemblée de Polynésie du 17 février 2016, sur un projet de délibération portant approbation du projet de convention relative à la participation de l’Etat français à une subvention de la Polynésie à la SEME TEP pour la réalisation du renforcement des capacités de transit électrique de la vallée de la Papenoo, Et en réponse aux propos du conseiller technique qui, sur des chiffres contestables, affirmait le contraire devant la commission législative de l'énergie du 4 février 2016, j'ai pu démontrer qu'à ce jour, la part d'énergies renouvelables sur l'ensemble de la Polynésie française était de 29,5 % et l'électricité produite par des énergies fossiles était de 70,5 %, et que, de ce fait, il était quasiment impossible de couvrir en l'espace de 5 ans les 20 % restant pour atteindre l'objectif de 50 % de part d'énergies renouvelables dans le mix énergétique à l'horizon 2020, car il se trouve que le Pays a perdu la maîtrise de sa politique de transition énergétique. Les raisons se trouvent dans le rapport du 29 octobre 2015 de la mission de la commission de régulation de l'énergie (CRE) relative aux prix et à la concurrence dans le secteur de l'électricité en Polynésie (pages 10 et 23) : « Cela tient notamment au fait que seule EDT, qui se trouve être en situation de quasi-monopole dans la production et la distribution d'électricité, détient des données suffisamment précises pour définir une politique énergétique et tarifaire rationnelle. » « Le gouvernement est aujourd'hui très dépendant de l'expertise EDT pour la formulation de sa politique énergétique. »

Page : 3/4 «Or, l'entreprise (EDT) n'est pas un acteur totalement neutre vis-à-vis des activités concurrentielles de production et de distribution, dans la mesure ou elle détient une position dominante. La mission considère que cette ambivalence est de nature à contrarier, voire empêcher le développement de la concurrence dans ces deux secteurs. ».

QUESTIONS

1 °) Quelles sont les raisons légales de l'immixtion de votre vice-président en charge des énergies dans le périmètre de compétences du Syndicat pour l’électrification des communes du Sud de Tahiti (SECOSUD), en venant ainsi interférer, et fausser de ce fait toute concurrence, dans un appel à candidatures pour la concession de production et de distribution publique d'énergie électrique dans la zone Tahiti Sud, ce, pour le seul profit de la société EDT qui se voit ainsi accorder l'exclusivité de la fourniture d'électricité à SECOSUD, aux tarifs et conditions économiques fixés à l'avance par l'avenant n° 17 à la convention de concession de distribution d'énergie électrique n° 60-10 du 27 septembre 1960 ? ; 2°) D'une manière plus générale, en approuvant par arrêté pris en conseil des ministres l'avenant n° 17 à la convention de concession de distribution d'énergie électrique n° 60-10 du 27 septembre 1960, votre gouvernement ne s'inscrit-il pas en réalité, dans une politique anti-transition énergétique, donc en totale contradiction avec les principes directeurs de la politique énergétique de la Polynésie française fixés dans la loi du pays du 23 décembre 2013, et en faisant totalement abstraction des recommandations de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) contenues dans son rapport de mission du 29 octobre 2015, relative aux prix et à la concurrence dans le secteur de l'électricité en Polynésie ? ; 3°) Plus singulièrement, par cet avenant n° 17 rédigé par les services de la société EDT et transmis directement au Vice-président en charge des énergies, sans que P Autorité polynésienne de la concurrence ait été préalablement consultée sur le contenu de cet avenant, votre gouvernement ne cherche-t-il pas à consolider le quasi-monopole et l'hyper-rentabilité de la société EDT, par ailleurs une des filiales de/ la multinationale française ENGIE dont le principal actionnaire n'est autre que l’Etat français, et empêcher ainsi toute concurrence dans le domaine de la production et de la distribution de l'énergie électrique ? .; j ^ ^

Mme Valentina Hina CROSS Pour le groupe UPLD

Page : 4/4