UNIVERSITE D'ANTANANARIVO

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MILIEU NATUREL ET SCIENCES DE LA TERRE

LE BARRAGE DE DABARA ET SES IMPACTS HYDROGEOMORPHOLOGIQUES DANS LE BASSIN-VERSANT DU FLEUVE

Mémoire

Pour l’obtention du diplôme de Master II en Géographie Présenté par Tiana RANDRIANIAINA Sous la direction de Madame Reine RAZAFIMAHEFA RASOANIMANANA Maître de Conférences Date de soutenance : 08 Février 2016

UNIVERSITE D'ANTANANARIVO

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MILIEU NATUREL ET SCIENCES DE LA TERRE

LE BARRAGE DE DABARA ET SES IMPACTS HYDROGEOMORPHOLOGIQUES DANS LE BASSIN-VERSANT DU FLEUVE MORONDAVA

Mémoire

Pour l’obtention du diplôme de Master II en Géographie Présenté par Tiana RANDRIANIAINA Sous la direction de Madame Reine RAZAFIMAHEFA RASOANIMANANA Maître de Conférences

COMPOSITION DU JURY :

Président : Madame Josélyne RAMAMONJISOA

Professeur émérite Université d’Antananarivo

Rapporteur : Madame Reine RAZAFIMAHEFA RASOANIMANANA

Maitre de Conférences Université d’Antananarivo

Juge : Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA

Maitre de Conférences Université d’Antananarivo REMERCIEMENTS

Ce présent mémoire de Master II a été le fruit d’une collaboration de plusieurs personnes. A cette occasion, nous tenons à exprimer notre gratitude et notre reconnaissance. Nous tenons d’abord à adresser nos vifs remerciements aux membres du jury : Madame Josélyne RAMAMONJISOA, Professeur émérite, qui a bien voulu accepter la présidence du jury de cette soutenance malgré ses multiples occupations ; Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maitres de Conférences, qui a accepté d’évaluer le présent mémoire ; Madame Reine RAZAFIMAHEFA RASOANIMANANA, Maitres de Conférences, qui a dirigé ce travail de recherche et qui n’a pas cessé de nous soutenir et de nous aider par ses recommandations sévères mais fructueuses durant toutes les phases de la recherche ; Nous ne saurions oublier d’exprimer notre profonde reconnaissance à tous les enseignants du département de Géographie qui ont assuré notre formation ; Nous exprimons également notre gratitude envers les personnes qui nous ont orienté dans nos recherches et nous ont dirigé lors de nos travaux de terrain, en particulier :

 Monsieur François MAHEMBITSY, chef de région de d’avoir accepter de nous dirigé lors de nos observations et enquêtes ;  Monsieur SOBA, premier responsable du barrage de Dabara, de nous avoir permis l’accès au barrage ;  Monsieur Ferdinand MANOVO, président de l’Association des Usagers de l’Eau amont-sud d’avoir accepté de consacrer quelques jours pour nous informer sur le mode d’’utilisation du canal Dabara par les membres de l’AUE ;

Nous avons une pensée particulière pour notre famille et nos proches pour leur soutien moral et financier sans faille.

UN GRAND MERCI A TOUS !

i RESUME

La construction des barrages hydro agricoles ne cesse de prendre de l’ampleur presque dans tous les pays du monde, notamment dans les Pays sous- développés possédant une population majoritairement rurale. Pour ces derniers, ces barrages sont nécessaires au profit des activités rurales. Dans ce contexte, , un des pays pauvres, bénéficie de ces constructions du fait que le pays est à vocation rurale. Ainsi, dans les projets d’aménagement des bassin- versants, des systèmes d’irrigations sont toujours encouragés par les investisseurs, comme la construction des barrages. Ainsi, dans la région , le barrage de Dabara fut construit vers la fin des années 50, dans la sous-préfecture de Mahabo afin d’irriguer 8000 hectares de champs agricoles dans les districts de Mahabo et de Morondava. L’extension des champs agricoles témoignent les atouts offerts par ce barrage, notamment aux cultivateurs. Cependant, le barrage entraîne des modifications au niveau de la dynamique et de la morphologie du fleuve Morondava. En avant-barrage, une partie de sable est piégé, entrainant ainsi un ensablement des champs agricoles alimentés par le fleuve. L’après barrage se caractérise par une extension progressive du lit du fleuve menaçant ainsi la ville de Mahabo. Au niveau du littoral de Morondava, on assiste à un déficit sédimentaire amplifiant ainsi le phénomène d’érosion littorale dans la ville de Morondava.

Mots clés : Hydrogéomorphologie, bassin-versant, sédimentologie fluviale, barrage hydro- agricole, changement climatique, Mahabo

ii ABSTRACT The construction of hydro-agricultural dams continues to gain scale in almost all countries of the world, especially in Sub-Developed Countries with a predominantly rural population. For the latter, these dams they are necessary to benefit its rural activities. In this context, Madagascar, one of the poorest countries, benefits from these buildings that the country is rural-oriented. Thus, in the development projects of river-basin systems of irrigation are always encouraged by investors, such as the construction of dams. Thus, in the Menabe region, the dam was built Dabara the late 50s, in the sub-prefecture of Mahabo to irrigate 8,000 hectares of agricultural fields in the districts of Morondava and Mahabo. The extensions of agricultural fields demonstrate the advantages offered by this dam, including farmers. While the dam causes changes in the dynamics and morphology of Morondava River. Forward-dam, a sandy part gets trapped and causing silting of farm fields fed by the river. The post dam is characterized by a progressive extension of the bed of the river and threatening the city of Mahabo. At the coast of Morondava, there is a sedimentary deficit and amplifying the coastal erosion phenomenon in the town of Morondava.

Keywords: hydrogeomorphology, basin-slope, fluvial sedimentology, hydro-agricultural dam, climate change, Mahabo

iii SOMMAIRE Pages

PREMIERE PARTIE. DEMARCHE DE RECHERCHE 5 CHAPITRE I. CONCEPTUALISATION ET CONTEXTE DU SUJET 6 I.1. Bassin-versant et hydrogéomorphologie 6 I.2. Contexte de la recherche 10 CHAPITRE II. RECUEIL ET ANALYSE D’INFORMATIONS 12 II.1. Méthode de pensée scientifique 12 II.2. Méthodes d’enquêtes et traitements d’informations 13

DEUXIEME PARTIE. LE BARRAGE DE DABARA EN TANT QUE PERTURBATEUR DE LA DYNAMIQUE ET MORPHOLOGIE DE LA MORONDAVA 17 CHAPITRE III. UN RESEAU D’IRRIGATION IMPORTANT POUR LES AGRICULTEURS 18 III.1. Une immense surface irriguée 18 III.2. Des débits variables du canal de Dabara 26 CHAPITRE IV. LE FLEUVE MORONDAVA ET LE BARRAGE DU BARRAGE 30 IV.1. Le fleuve Morondava : un fleuve irrégulier 30 IV.2. Une dynamique fluviale perturbée 37

iv LISTE DES TABLEAUX Pages

Tableau 1. Nombre de population dans la sous-préfecture de Mahabo en 2014 15 Tableau 2. Superficies à irriguer dans la zone Amont nord 20 Tableau 3. Superficies à irriguer dans la zone Amont sud 21 Tableau 4. Besoin en eau pour chaque type de culture 22 Tableau 5. Calendrier cultural du riz dans la plaine de Mahabo 23 Tableau 6. Valeurs moyennes des précipitations à Mahabo entre 1984 et 2014 27 Tableau 7. Valeurs CPM des données pluviométriques de 1984 à 2014 27 Tableau 8. Synthèse des substrats géologiques du bassin-versant de la Morondava 33

Tableau 9. Valeurs des débits moyens et mensuels de la Morondava 34 Tableau 10. Ecart mensuel des débits entre les valeurs maximales et minimales 35 Tableau 11. Valeurs moyennes des crues de la Morondava de 1951 à 1976 36

LISTE DES FIGURES Pages Figure 1. Carte de localisation de la zone de recherche 3 Figure 2. Carte géologique du bassin-versant de la Morondava 31 Figure 3. Carte altimétrique du bassin-versant de la Morondava 32 Figure 4. Courbe de l’évolution des crues de la Morondava 37 Figure 5. Carte géologique de la partie amont et aval du barrage 38 Figure 6. Phénomène de capture fluviale entre la Morondava et la Kabatomena 42 Figure 7. Evolution du lit d’écoulement du fleuve Morondava entre 1970 et 44 2010 Figure 8. Profil en long du fleuve Morondava 45

v LISTE DES PHOTOGRAPHIES Pages Photo 1. Le barrage de Dabara, vu de la RN 35 19 Photo 2. Canal de Dabara à 21 Photo 3. En arrière plan : chute n°5 (CH 5) à Bezezika 22 Photo 4. Rizières irriguées par le canal de Dabara, dans le fokontany Anjatelo 23 Photo 5. Champs de canne à sucre de la Sucoma 24 Photo 6. Vue aérienne de la plantation de canne à sucre de la Sucoma 25 Photo 7. Désableur du canal Dabara dans le fokontany Anjatelo 28 Photo 8. Canaux d’évacuation de sable au niveau du barrage 29

Photo 9. Forte épaisseur du sable à 100 m en amont du barrage, Fokontany Manamby 40 Photo 10. Champs de choux ensablés dans le baiboho de Manamby 41 Photo 11. Champs de patate douce ensablés dans le baiboho de Manamby 41 Photo 12. Bureau du district de Mahabo se localisant à proximité du fleuve 46

Photo 13. Des habitats de la ville de Mahabo menacés par le fleuve 47 Morondava Photo 14. « Tranompokonolona » de Mahabo se localisant à proximité du fleuve 47 Photo 15. Lit actuel de la Morondava à son passage à Mahabo 48 Photo 16. Emplacement des Gabions sur les berges du fleuve Morondava 49

vi GLOSSAIRE

Asara : Saison pluvieuse

Asotry : Saison sèche

Baiboho : Terme sakalava désignant les plaines alluviales très fertile, affectées à l’agriculture

Bassin- versant : Le bassin- versant en une section d’un cours d’eau (exutoire) est défini comme la surface drainée par ce cours d’eau et ses affluents en amont de la section

Capture fluvial : Détournement d’une section d’un cours d’eau par un autre cours d’eau, dû à l’empiétement d’un bassin hydrographique sur un autre. Charriage : Déplacement des matériaux plus ou moins grossiers par un cours d’eau sur le fond. Ce déplacement peut s’effectuer par saltation

Compétence : Capacité maximale de transport d’alluvions. Aptitude d’un fluide à déplacer des éléments d’une taille donnée

Crue : Augmentation du débit moyen d’un cours d’eau

Débit : Volume d’eau écoulé en un point donné pendant l’unité de temps Exutoire : Toute issue (point, ligne, surface) par laquelle l’eau sort, ou peut sortir

Fokontany : Limite administrative de base dans la Décentralisation Territoriale

Granoclassement : Mode de classement des sédiments après leurs dépôts. En général, les dépôts fluviaux ont un granoclassement décroissant ; c'est-à-dire, à la base se situe les sédiments grossiers et la granulométrie diminue vers le haut. Inversement, les dépôts marins ont un granoclassement croissant

Hatsake : Terme sakalava désignant la culture de maïs sur brûlis forestier

Profil d’équilibre : Le profil d'équilibre d'un écoulement est la succession continue des pentes longitudinales qui font que cet écoulement ni ne creuse ni ne dépose dans le substrat

vii Profil en long : Ou profil longitudinal, est le profil topographique d’un cours d’eau de sa source jusqu’à son embouchure Suspension : Déplacement des matériaux plus ou moins fins par un cours d’eau au niveau de la surface

Turbidité : Teneur en trouble, en boues, d’un cours d’eau

viii SIGLES ET ABREVIATIONS

AUE : Association des Usagers de l’Eau BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

BV : Bassin-versant

BVPI : Bassin-versant et Périmètre Irrigué

CDI : Centre de Documentation et d’Information

CITE : Centre d’Information Technique et Economique

CPM : Coefficient Pluviométrique Mensuel

DDR : Direction du Développement Rural

DRDR : Direction Régionale du Développement Rural

ESAPP : Eastern and Southern African Partnership Program

ESPA : Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo

ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

GPS : Global Positionning System

MNT : Modèle Numérique de Terrain

PPI : Petits Périmètres Irrigués

SIG : Système d’Information Géographique

SIRANALA : Siramamy d’

SNTP : Société Nationale pour les Travaux Publics

SOGREAH : Société Grenobloise d’Aménagement Hydraulique

SOMEAH : Société Malgache d’Etude et d’Aménagement Hydraulique

SUCOMA : Sucrerie Complète de Madagascar (ex-SIRANALA)

ix INTRODUCTION

CONTEXTE ET CHOIX DU SUJET

Dans certains pays du monde, notamment les Pays sous-développés, les impacts des constructions des barrages sur les fleuves sont encore peu étudiés pourtant, ces barrages influent sur la dynamique fluviatile ainsi que la morphologie fluviale surtout au niveau d’un bassin-versant. En effet, les conséquences se présentent en amont et en aval du barrage dans le bassin-versant. Paskoff (1993) souligne par exemple que l’érosion dramatique du Togo (érosion littorale) a pour cause directe la construction du barrage d’Akossombo sur la Volta. Alioune KANE (2000), dans sa thèse intitulée « L’après barrage dans la vallée du fleuve Sénégal » affirme que dans la partie amont du barrage, les résultats montrent l’évolution d’une grande vallée alluviale en milieu tropical sec. Le dysfonctionnement des axes hydrauliques utilisés pour l’irrigation engendre une sédimentation généralisée et le surdéveloppement de la végétation. Selon Kummu et al. (2007), suite à la construction de barrages sur le Mékong, la capacité de transport des sédiments sera supérieure à l'offre disponible durant les saisons sèches et humides, en particulier à proximité des barrages où une grande quantité de sédiments sera piégée. Cela peut conduire à des effets, en aval, tels que la dégradation du lit et une expansion latérale du fleuve, par érosion. Cependant le débit d’eau étant régulé par les barrages, les flux de sédiments peuvent être supérieurs en saison sèche mais plus faibles en saison humide. L’impact réel sur la géomorphologie du Mékong semble donc difficile à évaluer à l'heure actuelle. Par ailleurs, dans les pays en voie de développement, la construction des barrages notamment hydro-agricoles prend un grand essor du fait que la majorité de la population est essentiellement rurale. Ainsi l'existence de ces barrages présente une grande importance pour la population. Pourtant, malgré les avantages offerts par ces barrages, surtout pour la population rurale, les contraintes ne sont pas loin d'affecter le milieu naturel et même l'Homme. Au Burkina Faso, le problème de mobilisation de la ressource en eau se pose toujours avec acuité, notamment en milieu rural. Pour y remédier, au cours des dernières décennies, une multiplication des ouvrages de retenue d’eau communément appelés petits barrages a été constaté pour la satisfaction des besoins immédiats des populations mais aussi pour répondre aux besoins en eau du bétail. Depuis quelques années, cette vocation première a évolué et les raisons qui aujourd’hui motivent et justifient la réalisation des aménagements sont triples: l’usage agricole, de plus en plus dominant, vient se juxtaposer aux usages

1 domestiques des populations et aux usages pastoraux et halieutiques. C’est le cas du barrage de Boura dans la province de la Sissili, retenue d’eau à usages multiples avérés et reconnus par les populations riveraines, mais dont les bénéfices et risques respectifs demeurent cependant mal documentés. Madagascar, demeurant encore jusqu’à présent un pays à vocation agricole, la majorité de la population rurale n’échappe pas aux bénéfices et atouts offerts par les sols fertiles cultivables. De ce fait, des moyens adéquats à l’amélioration de l’agriculture ont été et sont réalisés pour un meilleur rendement. Parmi ces moyens utilisés, les petits et grands barrages hydro-agricoles sont les plus remarqués. En effet, dans les projets d’aménagement PPI (Petits Périmètres Irrigués) et BVPI (Bassin-Versant et Périmètre Irrigué) appliqués dans certains bassins-versants de Madagascar, la construction des micro-barrages pour les périmètres irrigués sont parfois réalisés. En général, ces barrages constituent un seuil fixe dans le lit de la rivière et fonctionnent en dérivation ; ce seuil est implanté de manière à assurer l’alimentation correcte d’une prise de tête pour un canal d’irrigation. Pourtant, il est constaté actuellement que des modifications dynamiques et morphologiques se manifestent au sein des cours d’eau sur lesquelles s’implantent des barrages. C’est le cas du fleuve Morondava, lieu d’implantation du barrage de Dabara. En effet, l’existence de ce barrage exige une diminution de débit lors du passage de la Morondava sur le barrage. Ainsi, au niveau de la morpho-dynamique du fleuve, quelques variables sont modifiées comme sa vitesse d’écoulement, son lit d’écoulement, la sédimentologie et la terminologie de dépôt. Tous ces problèmes cités se manifestent dans le district de Mahabo et de Morondava ; à Mahabo, la ville est rongée progressivement par le fleuve Morondava. Au niveau du littoral de la ville de Morondava, on assiste à un déficit sédimentaire car une partie des sédiments n’atteint pas la côte, d’où l’accentuation de l’érosion littorale. Les facteurs climatiques de l’érosion littorale ont été déjà étudiés par nous-même en mémoire de maîtrise1 mais pour le cas de la ville de Mahabo, ce danger provoqué par le fleuve Morondava n’a pas encore été bien étudié. En conséquence, dans le but d’approfondir l’étude de la dynamique fluviale ainsi que sa morphologie pour une meilleure prise de décision ainsi qu’un meilleur aménagement de la part de l’Etat, nous avons choisi de traiter le sujet intitulé : « Le barrage de Dabara et ses impacts hydrogéomorphologiques dans le bassin-versant du fleuve Morondava ».

1 « Le Changement Climatique et ses impacts sur le littoral occidental autour de la ville de Morondava » 2 Figure1. Carte de localisation de la zone de recherche

Source : BD 100 FTM, arrangée par l’auteur 3 Normalement, la recherche devrait être réalisée dans tout l’ensemble du bassin- versant de la Morondava mais vu le temps imparti pour cette étude, et les moyens financiers limités, un secteur représentatif qui peut expliquer le phénomène étudié a été délimité. La recherche a été surtout réalisée dans le district de Mahabo, notamment dans les communes rurales d’Ampanihy, d’Ankilivalo, d’Analamitsivalana, et dans Mahabo ville. (cf. Figure 1)

PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE.

La région Menabe est l’une des régions qui possède des atouts en terres cultivables ; notamment les plaines alluviales (baiboho). Ainsi, la région bénéficie des projets d’aménagement au profit de l’agriculture, c‘est le cas du barrage de Dabara qui est situé dans le fokontany de Manamby, district de Mahabo. Pourtant, l’implantation du barrage a été mal étudiée car les conséquences sont actuellement visibles. Ainsi nous nous posons la question suivante : « Dans quelle mesure le barrage de Dabara influe-t-il sur l’hydrogéomorphologie du fleuve Morondava ? »

De cette question de recherche principale, découlent les questions de recherche secondaires suivantes: Quel lien existe-t-il entre barrage et morphologie fluviale ? Quelles sont les impacts du barrage au niveau de la plaine de Mahabo et de Morondava ? Au niveau du littoral de Morondava ?

L’objectif global de cette étude est de ressortir les liens entre l’existence du barrage de Dabara et la dynamique fluviatile du fleuve Morondava. Et les objectifs spécifiques y afférents sont d’analyser les conséquences des variations du débit provoqué par le barrage, d’évoquer les effets néfastes du barrage au niveau de la plaine de Mahabo et de Morondava.

Ainsi, la première partie de ce travail parlera de notre démarche et méthodologie de recherche. Dans la seconde partie, sera mis en évidence les résultats de recherches.

4 PREMIERE PARTIE DEMARCHE DE RECHERCHE Dans cette première partie, nous expliquerons la démarche adoptée pour venir à bout de cette recherche. Ainsi, elle consiste à détailler les étapes suivies durant toutes les phases de recherche. Avant, cela, le contexte de la recherche et une revue bibliographique seront présentés

5 CHAPITRE I.CONCEPTUALISATION ET CONTEXTE DU SUJET Ce chapitre montrera les différents concepts concernant cette recherche sur le bassin-versant et l’hydrogéomorphologie ayant permis de mener des recherches approfondies concernant le bassin-versant du fleuve Morondava et les impacts de l’existence du barrage de Dabara sur ce fleuve.

I.1. BASSIN-VERSANT ET HYDROGEOMORPHOLOGIE. Le titre du sujet de recherche étant : « Le barrage de Dabara et ses impacts l’hydrogéomorphologiques dans le bassin-versant du fleuve Morondava », il est nécessaire d’expliquer brièvement les termes suivants et leurs interrelations : hydrogéomorphologie, bassin-versant, sédimentologie fluviale, barrage hydro-agricole, changement climatique

I.1.1. Notions d’hydrogéomorphologie Ce concept d’hydrogéomorphologie ou géomorphologie fluviale n’a été formalisé comme discipline à part entière que récemment, à la suite des premiers travaux de synthèse réalisés dans les années 1950 aux Etats-Unis notamment. En France, le pionnier fut Jean Tricart avec les études qu’il réalisa sur les manifestations morphologiques de la torrentialité des rivières cévenoles, languedociennes et catalanes suite aux crues de 1957 et 1958. Il initia aussi les études sur la géomorphologie des cours d’eau d’Afrique occidentale, l’ensemble dans la perspective d’un aménagement du territoire respectueux des milieux fluviaux. L’objectif de cette discipline est d’étudier la dynamique fluviatile (débits, crues, etc.) et les formes qui en résultent (morphologie fluviale). Autrement dit, l’hydromorphologie fluviale s’intéresse aux processus physiques qui régissent le fonctionnement des cours d’eau. Ainsi, l’hydrogéomorphologie est l’étude de l’évolution géomorphologique des cours d’eau et cette discipline tient compte de la géologie (substrat d’écoulement), de la sédimentologie, de l’hydraulique, de l’hydrologie, de la biologie et de l’écologie fluviale.

I.1.2. Bassin-versant : définitions et caractéristiques

Surface drainée par un cours d’eau principal avec ses affluents, surface qui collecte les eaux fluviales. Il est aussi une surface plus ou moins importante dans laquelle s’organise tout un chevelu de réseau hydrographique hiérarchisé ou pas, alimenté par les eaux pluviales, 6 nivales, glaciaires et les sources. Le bassin-versant est délimité par des lignes de partage des eaux encore appelées interfluves. Il joue un rôle majeur dans la dynamique fluviale car il conditionne l’importance et la compétence des écoulements :

- superficie : importance du réseau hydrographique

- altitude (pente) : compétence des écoulements

- lithologie : importance de l’érosion : débit solide

- climat / conditions météorologiques : quantité d’eau disponible

I.1.3. Sédimentologie fluviale

Phénomène dans lequel un cours d’eau transporte des sédiments (soit par suspension, soit par charriage ou saltation) et les déposent à un endroit donné. De ce fait, dans un bassin- versant, la sédimentologie ainsi que l’érosion sont fonction du caractère de ce bassin-versant d’une part, et de la dynamique fluviale d’autre part. Mais cette dynamique fluviale est aussi fonction du bassin-versant. En effet les sédiments résultent en partie des travaux des cours d’eau et théoriquement, les dépôts fluviaux sont de type granodécroissants ; c'est-à-dire, les éléments grossiers se localisent au fonds (à cause du mouvement en charriage) et les éléments fins en surface (mouvement en suspension).

I.1.4. Barrage hydro-agricole

Selon DIPAMA J. M. (2005), « un barrage est une barrière sous forme de digue, érigée à l’exutoire d’un bassin collecteur, communément appelé le bassin-versant. Il est destiné à stocker les eaux de ruissellement ou celles d’un cours d’eau en amont de la digue ». Le Petit Larousse définit le barrage comme étant un ouvrage artificiel coupant le lit d’un cours d’eau et servant soit à en assurer la régulation, soit à pourvoir à l’alimentation des villes en eau ou à l’irrigation des cultures, ou bien à produire de l’énergie. Ces deux définitions nous montrent l’importance de l’utilisation des barrages (hydroagricoles, électriques) que ce soit dans les pays développés, que ce soit dans les pays en voie de développement. Pourtant, malgré les atouts offerts par ces barrages, plusieurs études ont montré que l’existence de ces barrages modifie la dynamique d’un cours d’eau, et peut engendrer des effets néfastes, notamment dans la partie aval du barrage.

7 I.1.5. Changement Climatique

Evolution naturelle du climat depuis l'ère précambrien jusqu'à nos jours et on parle de changement climatique si on observe un changement pertinent de la valeur moyenne de température mondiale au minimum en 30 ans : par exemple entre 1960 et 2000. Ce phénomène influe la dynamique fluviale car les irrégularités des précipitations entraînent des variabilités des crues ainsi que des débits des cours d’eau, d’où la modification de la dynamique fluviatile.

Dans ce cadre de conceptualisation, nous nous sommes basés sur quelques ouvrages :

-NEUVY (G.), 1991, « L’Homme et l’eau dans le domaine tropical », Ed. Masson, Paris- Milan-Barcelone-Bonn, 227p. Cet ouvrage décrit le rôle important de l’eau pour l’Homme dans tous ces aspects : agricole, sanitaire, alimentation, au niveau pédologique ainsi qu’au niveau des formations végétales. Pour cela, l’auteur essaye d’apporter une contribution scientifique en partant d’abord du cycle de l’eau et ces différentes phases. L’auteur analyse aussi les précipitations atmosphériques ainsi que leurs conséquences sur les débits et crues des cours d’eau. Il souligne que les valeurs de débits varient proportionnellement avec les précipitations, mais sont aussi fonction de la pente et superficie du bassin-versant. Cet ouvrage nous a présenté beaucoup d’intérêt et a orienté nos réflexions car l’auteur affirme que « Lorsqu’un fleuve en crue, à forte pente débouche dans une plaine alluviale quasi horizontale, il sort de son lit avec une force érosive telle qu’il creuse souvent un nouveau lit. La décrue est tout aussi brutale et provoque une décantation des matériaux solides, particulièrement là où la vitesse est moindre, notamment dans l’ancien lit. Ainsi se constitue un obstacle d’alluvions qui, au moment de la baisse de niveau de l’eau, interdit au fleuve de reprendre son ancien lit ». Cette théorie de l’auteur nous a vraiment permis d’expliquer le cas du fleuve Morondava, car c’est vraiment ce qui se passe au niveau de ce dernier.

-GIGNOUX (M.), BARBIER (R.), 1955, « Géologie des barrages et des aménagements hydrauliques » Ed. Masson, Paris, 343p. Cet ouvrage explique minutieusement le choix d’implantation des barrages en considérant la topographie ainsi que les caractères géologiques de la zone à envisager pour les aménagements des barrages. Pour cela, l’auteur décrit quelques différentes couches

8 géologiques en expliquant leurs caractères respectives ainsi que les formes d’érosion qu’ils peuvent subir. Selon l’auteur, ce sont d’abord les formes topographiques qui inspirent tout avant-projet hydraulique car c’est la topographie qui explique en partie l’évolution d’un profil longitudinal d’un cours d’eau vers le profil d’équilibre. De cet ouvrage, nous pouvons déduire que la mise en évidence de cette topographie pourrait réduire les risques ; c’est-à-dire, il est conseillé de construire les barrages sur les cours d’eau qui ont déjà atteint leur profil d’équilibre. En effet, les cours d’eau creusera dans les secteurs à forte pente et au contraire alluvionnera dans les secteurs à faible pente ; finalement il réalisera ce profil dit « d’équilibre » ; c'est-à-dire dans lequel la pente diminue régulièrement vers l’aval ; c’est le cas réalisé dans beaucoup de vallées de grands fleuves. En somme, l’ouvrage permet de comprendre le cas du fleuve Morondava, car ce fleuve n’a pas encore atteint son profil d’équilibre pourtant le barrage de Dabara a été construit sur ce fleuve. Ainsi, des problèmes morpho-dynamiques se manifestent, surtout en aval du barrage.

-MASCAREL (I.), BORS (V.), OGILVIE (A.), 2012, « Impact des aménagements sur le comportement hydrodynamique et sédimentologique en estuaire de Seine », Institut Supérieure de l’Environnement, Paris, 16p. L’auteur de cet ouvrage parle des différents types d’aménagements sur la Seine2 telles que les digues pour favoriser le développement urbain et industriel dans sa plaine alluviale, les barrages hydroélectriques. Ce qui nous intéresse dans cet ouvrage, est l’impact du barrage sur la Seine. En effet, près de sept barrages ont été construits sur ce fleuve dans le but d’obtenir 2 mètres de tirant d’eau afin de faciliter la navigation fluviale. Par conséquent, l’auteur démontre que l’existence de ces barrages a favorisé des modifications morpho- dynamiques du fleuve telles que la création des bras morts, même dans l’estuaire. La sédimentation n’est plus régulière car on assiste à un déficit de sable au niveau du littoral. Ainsi, de cet ouvrage, nous pouvons déduire que l’existence d’un barrage sur un fleuve

2 Seine : fleuve de France d’une longueur de 776 km et drainant un bassin d’environ 80 000 km2, la Seine prend sa source à 471 m d’altitude sur le plateau de Langres, près de Dijon (en Bourgogne). Elle coule ensuite vers le nord-ouest, baigne Châtillon-sur-Seine, entre dans le département de l’Aube (en Champagne-Ardenne), arrose Bar-sur-Seine, puis Troyes, reçoit l’Aube, affluent de rive droite, baigne Nogent-sur-Seine, entre en Seine-et- Marne (en Île-de-France), reçoit l’Yonne, important affluent de rive gauche, à Montereau-Fault-Yonne, baigne Melun, entre dans les départements de la grande et de la petite couronne parisienne et forme jusqu’à la Manche de nombreux méandres.

9 favorise l’érosion littorale, mais aussi, ce type d’aménagement conduit à la formation progressive des lits en tresses.

-PASKOFF (R.), 1993, « Côtes en danger », Ed. MASSON, Paris, 250 p.

Dans cet ouvrage, l’auteur essaye d’apporter des explications rigoureuses sur les dangers qui menacent les littoraux. Parmi ces dangers figurent le réchauffement climatique qui entraîne une hausse progressive du niveau marin. Pour cela, ce sont surtout les côtes basses sableuses et vaseuses qui sont victimes. En effet, cette remontée du niveau marin rend les matériaux en suspension car l’eau de mer et la nappe phréatique se rencontre, et c’est de cette manière que l’auteur explique les menaces sur les mangroves or ce sont des éléments protecteurs du littoral. A part le réchauffement climatique, l’auteur met aussi en évidence la part joué par les barrages sur ces menaces littoraux. Dans notre introduction, nous avons parlé du cas du barrage d’Akossombo à Togo mais à part cela, l’auteur a pris d’autre exemple tel que le barrage d’Assouan qui provoque un recul généralisé du Nil. Il en est de même pour le Rhône car au XIXè siècle, le fleuve a livré près de 40 millions de tonnes d’alluvions au littoral, pourtant, à partir des années 50, ceci a été réduite de 2 à 3 millions de tonnes. Ainsi, cet ouvrage témoigne que les barrages modifient complètement la dynamique fluviale par le biais de piégeage des sédiments. Les conséquences sont remarquables au niveau du littoral, par une érosion littorale et c’est le cas du littoral de Morondava qui est dû en partie à l’existence du barrage de Dabara. D’une manière générale alors, les variations de la dynamique fluviale perturbent l’équilibre écosystémique des zones situant aux alentours d’un cours d’eau. Cependant, ce déséquilibre résulte d’une part des facteurs naturels comme le changement climatique qui entraîne des variabilités pluviométriques, d’où des variabilités de débits et crue. D’autre part, l’Homme intervient aussi ; à l’exemple des constructions des barrages hydro agricoles qui peuvent piéger des sédiments et la déforestation qui augmente le taux de ruissellement.

I.2. CONTEXTE DE LA RECHERCHE Etant donné la grande superficie du bassin-versant de la Morondava, les recherches ont été faites surtout dans la sous-préfecture de Mahabo où la majorité de la population utilise le canal Dabara pour l’irrigation de leurs champs de cultures.

10 I.2.1. Choix de la zone de recherche et du sujet Si l’étude de l’érosion littorale de la côte de Morondava a été déjà étudié dans la commune urbaine de Morondava, Région Menabe durant la réalisation de notre mémoire de maîtrise intitulé : « Le Changement Climatique et ses impacts sur le littoral occidental autour de la ville de Morondava », il est utile et nécessaire de continuer dans ce domaine, mais cette fois ci, en analysant de manière rigoureuse l’’un des facteurs de cette érosion littorale à Morondava. En effet, dans ce mémoire de maitrise, il a été seulement énoncé que le barrage de Dabara contribue au déficit sédimentaire au niveau du littoral de Morondava mais les explications étaient très simples et brèves. Ainsi, un approfondissement sera fait en analysant minutieusement les modifications morpho-dynamiques du fleuve Morondava. De plus, l’étude d’impacts du barrage au niveau du fleuve n’a pas encore été bien détaillée pourtant, le changement du comportement morpho-dynamique du fleuve Morondava présente un grand danger pour la population locale, notamment celle de la ville de Mahabo qui est actuellement rongée petit à petit par le fleuve. Tout cela a conduit à choisir de traiter un tel sujet qui pourra servir d’outil de réflexion pour l’Etat, les décideurs et les aménageurs. L’étude des impacts du barrage dans le district de Mahabo permet de mettre en exergue les atouts offerts par le barrage (sur le plan agricole) et les risques (sur le plan morphologique).

I.2.2. Justification du choix du sujet Le choix de la sous-préfecture de Mahabo comme zone de recherche, notamment les communes rurales Ampanihy, Ankilivalo, Analamitsivalana et la commune urbaine de Mahabo, est fondé sur l’utilisation massive du canal d’irrigation de Dabara par les agriculteurs car, en majeure partie, tous les habitants de cette sous-préfecture y pratique cette activité. A cet effet, on assiste actuellement à une extension des champs agricoles, mais surtout, les résultats montrent aussi que dans ce district se crée des bras morts du fleuve Morondava et une extension du lit majeur.

11 CHAPITRE II.RECUEIL ET ANALYSE D’INFORMATIONS Dans cette recherche, nous avons adopté une démarche hypothético-déductive qui, est une démarche scientifique selon laquelle on part de plusieurs hypothèses induites de la bibliographie et que l’on vérifie après, à partir des travaux de terrains, d’analyses cartographiques et statistiques.

II.1. METHODE DE PENSEE SCIENTIFIQUE Cette méthode concerne la première étape de la recherche. Cette méthode a été basée sur la consultation des ouvrages, photos aériennes multichronique pour aboutir à des méthodes simples comparatives dans le temps et dans l’espace, et quelques cartes topographiques et géologiques qui ont été déjà élaborés.

II.1.1. La Phase bibliographique Dans une recherche, la bibliographie est une étape incontournable. Comme la démarche est hypothético-déductive, cette phase était la première étape de la recherche afin d’orienter les réflexions sur le sujet étudié, d’émettre des hypothèses claires et d’avoir une approche théorique. Les travaux bibliographiques ont été initiés par la collecte d’information relative au thème général et à la zone de recherche, et ont été effectué tout au long de l’étude dont les données obtenues seront recoupées et vérifiées sur terrain afin d’obtenir des informations à jour. Plusieurs catégories d’ouvrages ont été consultées comme les ouvrages généraux, les ouvrages spécifiques, les thèses d’HDR et de doctorats, les mémoires de DEA et de Maîtrise, les revues, articles ainsi que les journaux. En ce qui concerne les ouvrages spécifiques, des ouvrages sur les bassin-versants, l’hydrologie (surtout pour les milieux tropicaux), les barrages (surtout dans les pays en développement) ont été surtout consultés. De par ces types d’ouvrages, nous avons pu déterminer l’influence des caractéristiques d’un bassin-versant sur le comportement d’un cours d’eau, l’influence de la pluviométrie sur les débits et crues, l’ampleur des barrages dans les pays du sud dont la majorité de la population survit de la pratique paysanne, comme le cas de Madagascar. En outre, les thèses et mémoires consultés concernent surtout la zone de recherche ou d’autres communes à Madagascar qui utilisent des barrages hydro-agricoles. Ils sont très variés car ces thèses et mémoires ne se focalisent pas un seul thème mais diversifié. En effet, pour obtenir plus d’informations, consulter des mémoires de sciences agronomiques, de l’Ecole polytechnique, du département de science de la vie et

12 de la terre, et autres a été obligatoire. Enfin, les revues et articles consultés se rapprochent un peu plus du thème. Bref, tous ces ouvrages consultés ont orienté petit à petit les réflexions. Nombreux sont les lieux de documentation où nous avons pu consulter ces ouvrages comme les Centres de Documentation et d’Information (CDI) du département de géographie de l’université d’Antananarivo, de l’Ecole Supérieure en Sciences Agronomiques (ESSA) de l’Université d’Antananarivo, de l’Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo (ESPA). A part ces centres de documentations universitaires, nous avons aussi consultés les ouvrages auprès du Centre d’Information Technique et Economique (CITE) Ambatonakanga, de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), du Centre de Documentation du Génie Rurale, de la Direction Régionale pour le Développement Rural (DRDR), du centre de documentation de l’IRD ou Instituts de Recherche pour le Développement, et de la CIDST (Centre d’Information et de documentation Scientifique et technique). A part cela, quelques ouvrages ont été consultés en ligne.

II.1.2. Les méthodes comparatives C’est une méthode qui appuie la bibliographie. En effet, cette méthode consiste à mieux comprendre les textes dans les ouvrages car ceci consiste à consulter des cartes qui ont été déjà élaborées par certains auteurs, mais aussi, des photographies aériennes. Cette méthode a beaucoup aidé avant les travaux de terrain, et même durant nos terrains car, la consultation de la carte géologique du Menabe auprès du service géologique par exemple a permis déjà de comprendre l’abondance du sable tout au long de l’itinéraire du fleuve Morondava, à cause de la prédominance des grès au niveau du bassin-versant de la Morondava qui vont s’altérer essentiellement en sable. Il en est de même pour les photographies aériennes de différentes années sur le lit de la Morondava où nous avons déjà observé, l’élargissement du lit majeur du fleuve, surtout dans la ville de Mahabo, et sa déviation vers la Kabatomena à Marofototra. Ainsi, de cette méthode de pensée scientifique, nous avons pu planifier facilement les travaux de terrains.

II.2. METHODES D’ENQUETES ET TRAITEMENTS D’INFORMATIONS. La bibliographie et les méthodes comparatives ont fourni un bagage essentiel pour les travaux de terrains et ont permis d’élaborer des fiches d’enquêtes. Ainsi, après recoupement de tous les ouvrages consultés, les travaux de terrains ont été effectués à Mahabo pendant dix (10) jours.

13 II.2.1. Les travaux de terrain Les travaux de terrains ont été subdivisés en deux étapes. La première étape consistait à faire une perception personnelle du barrage et ses environs ainsi que sa partie aval. La deuxième étape consistait à mener des entretiens et des enquêtes. En ce qui concerne d’abord la première étape, il s’agit de faire une lecture de paysage car cette lecture est l’une des forces des géographes. Pour cela, nous avons essayé de lire et d’interpréter deux paysages différents : en amont du barrage, surtout une observation des baiboho (plaines alluviales) du fokontany Manamby car cette plaine est trop ensablée. A partir de cette observation et lecture, il a été constaté que le barrage de Dabara piège une partie de sable du fleuve Morondava, par conséquent, en période de crue, ces sables sont déposés au niveau de la plaine drainée par le fleuve Morondava. Par ailleurs, les travaux de terrains ont été effectués au mois d’août 2015, c’est-à-dire durant la saison sèche, donc, période d’étiage pour la Morondava. De ce fait, nous avons pu observer une forte épaisseur de sable qui témoigne encore du piégeage de ces sables par le barrage. En aval du barrage, le fait le plus marquant est surtout l’élargissement du lit de la Morondava, surtout dans la ville de Mahabo. De plus, une partie du lit est végétalisée et une partie est devenue un bras mort. Toutes ces lectures et observations ont permis de réfléchir sur les modifications au niveau de la dynamique de la Morondava et d’en déduire que le barrage perturbe cette dynamique. Cette première étape a nécessité l’utilisation des outils technologiques tels qu’un appareil photo et un GPS ou Global Positionning System. Ainsi, cette lecture de paysage s’accompagnait de prises de vue, notamment sur les faits marquants dans le paysage. Il en est de même pour le pointage GPS, nous avons effectués des pointages au sein des phénomènes pertinents. La seconde étape des travaux consistait à mener des entretiens et enquêtes. Dans cette étape, deux catégories de personnes étaient ciblées. Tout d’abord, nous avons mené des enquêtes auprès des personnels administratifs œuvrant sur le barrage de Dabara, dans le domaine de l’agriculture et tous ceux qui sont en relation avec cela tels que le responsable du barrage de Dabara, le président de l’Association des Usagers de l’Eau amont-sud (AUE), directeur du Génie Rural de Mahabo. A part ces personnels, quelques informations ont également été recueillies auprès du bureau du district de Mahabo, bureau de la commune concernant la ville de Mahabo et les activités économiques principales de cette ville. La deuxième catégorie de personnes enquêtée était les populations locales. Mais ceci a été faite de manière rationnelle, c'est-à-dire que les personnes cibles étaient celles qui pratiquent l’agriculture en utilisant le barrage de Dabara, les membres de l’AUE et les

14 populations riveraines du fleuve Morondava, surtout celles qui ont vécu dans cette zone, au moins durant 20 ans.

Tableau 1. Nombre de population dans la sous-préfecture de Mahabo en 2014

Taille de N° COMMUNE Population Superficie Densité Nb de ménage ménage (km2) 01 AMBIA 8344 1021 7,16 977 7,49 02 AMPANIHY 25323 3760 6,17 3409 6,64 03 ANALAMITSIVALANA 12309 532 22,46 1633 7,31 04 ANKILIVALO 18778 750 18,58 2874 4,91 05 ANKILIZATO 34302 3494 6,99 4213 5,80 06 BEFOTAKA 16581 1270 13,19 2560 6,54 07 BERONONO 8593 1270 6,32 1102 7,2 08 MAHABO 40170 14 221,14 5641 5,01 09 32417 3589 8,93 4817 6,6 10 26980 1920 12,17 3412 7,2 11 6562 1920 2,11 874 4,6 236 432 29,56 31 512 6,3 38 221 TOTAL Source : bureau du district de Mahabo

Comme nous l’avons évoqué, nos enquêtes étaient effectuées dans les communes Ampanihy, Analamitsivalana, Ankilivalo et Mahabo. Si on se réfère du tableau 1, au total, le nombre de ménages de ces quatre communes étant à peu près de 13 557 ménages, or nous n’avons pu enquêter que 40 ménages. Ainsi, le taux d’échantillonnage étant de 0,3%, ce qui est très faible car la durée des travaux de terrain a été insuffisante, de plus, il s’agit d’un thème de géographie physique et ce sont surtout les observations du milieu naturel qui nous intéressaient plus particulièrement.

II.2.2. Outils d’analyse

Tous les soirs du séjour sur terrain, il a été nécessaire de faire un recoupement des informations recueillies à partir des entretiens et enquêtes. Nombreux sont les outils utilisés pour réaliser ce recoupement, mais aussi pour analyser tout les données obtenues.

Dans le cas de la localisation du site et les aspects physiques de la zone de recherche, nous avons utilisé le Système d’Information Géographique (SIG) sous logiciel MapInfo version 11, en utilisant les images satellitaires (Google earth ou les données obtenues auprès des institutions concernées). L’utilisation de ces matériels permet de comprendre la réalité et

15 d’analyser les traits caractéristiques de la zone de recherche. Pour tous les calculs (moyenne de débits, crues, précipitations valeurs CPM, taux d’échantillonnage), le logiciel Microsoft Excel a été utilisé ainsi que pour les traitements de données issues des fiches questionnaires.

II.2.3. Limites et problèmes rencontrés

Nombreux sont les problèmes rencontré durant la phase bibliographique et les travaux de terrain. Pour la phase bibliographique, plusieurs données sont manquantes à savoir les données climatiques de Mahabo, les valeurs des débits et crues du fleuve Morondava. A part cela, les ouvrages concernant l’aspect dynamique du fleuve Morondava a aussi été difficile à trouver.

Les travaux de terrain constituent une partie importante dans une recherche mais nous avons aussi rencontré beaucoup de problèmes. D’abord, le problème crucial se focalisait sur la délimitation de la zone de recherche même car il a été envisagé de parcourir l’ensemble du bassin-versant de la Morondava afin d’analyser tous les variables du fleuve Morondava depuis sa source jusqu’à la mer. En effet, l’étude de comportement d’un cours d’eau nécessite les connaissances des facteurs morpho-climatiques, biologiques, géologiques tout au long de son itinéraire. Mais, faute de temps et de moyens financiers, nous étions obligés de restreindre la zone. Le second problème rencontré est la question d’insécurité. En effet, Mahabo est l’un des districts où l’insécurité présente une grande ampleur. Par conséquent, certains travaux journaliers n’ont pu être achevés car il fallait rentrer tôt le soir. A part cela, des problèmes ont été également rencontrés lors de nos enquêtes. Au niveau des personnels administratifs, parfois ils sont injoignables à cause de leur travail. Ainsi, il nous a fallu de prendre rendez- vous avec ces personnes, ce qui a perturbé notre calendrier de terrain. Au niveau de la population locale, leur méfiance ne se cachait pas. Cette méfiance est due au fait que c’est un étranger qui pose des questions et ceci a été surtout remarqué envers les usagers de l’eau et les agriculteurs car car ils sont nombreux à faire une extension de terrains agricoles même si ceci est interdit par la loi qui régit les membres de l’AUE. D’autres font des prises pirates sur le canal Dabara. Par conséquent, les réponses aux questionnaires étaient insatisfaisantes et cette situation avait eu des répercussions sur la réalisation de ce mémoire.

Toutefois, quelques informations ont pu être quand même collectées et ont permis de rédiger ce présent mémoire et de présenter quelques résultats de recherches.

16 DEUXIEME PARTIE

LE BARRAGE DE DABARA, PERTURBATEUR DE LA DYNAMIQUE ET DE LA MORPHOLOGIE DU FLEUVE MORONDAVA

Le barrage est l’une des infrastructures essentielles dans le Menabe du fait de la grande extension des terrains agricoles fertiles dans la région. Cependant, les inconvénients ne manquent pas car l’aspect pédologique de ces terrains est modifié ainsi que les aspects hydrogéomorphologiques du fleuve Morondava.

17 CHAPITRE III.UN RESEAUD’IRRIGATION IMPORTANT POUR LES AGRICULTEURS

Les plaines alluviales de Mahabo et de Morondava font partie intégrante du bassin sédimentaire du Menabe. Ainsi, ce contexte géomorphologique explique l’envergure des activités agricoles dans ces zones et, a poussé l’Etat malgache à favoriser ces activités en édifiant le barrage de Dabara.

III.1. UNE IMMENSE SURFACE IRRIGUEE

Devant les atouts offerts par l’irrigation des plaines de Mahabo et de Morondava par le canal Dabara, les surfaces irriguées sont immenses. Toutefois, l’extension de ces champs irrigués favorise les conflits entre les usagers de l’eau.

III.1.1. Brève historique du barrage

Etymologiquement, le mot « Dabara » est issu d’un terme Sakalava désignant un nom destiné aux zébus à tête blanche ou « omby mazava loha ». En 1906, un aménagement du premier réseau hydro-agricole « Tandrokosy »3 a été mis en place dans la plaine de Morondava, avec une première prise d’eau installée sur la rivière Kabatomena par le Capitaine Hellot. En 1939, il y a un aménagement de la rivière Kabatomena par l’ingénieur agronome Rebuffat pour améliorer l’irrigation du delta de Morondava. 1950-1955 : Une étude destinée à l’aménagement de l’ensemble de la plaine de Morondava portant le nom de Dabara a été réalisée, par irrigation de la plaine de Morondava à partir d’un canal principal d’une longueur de 52 km depuis la prise d’eau de Dabara jusqu’au delta D’où en 1956, les travaux d’aménagement pour l’ouverture du canal principal long de 52 km ont commencé. En 1963, Le canal principal reste une simple prise au fil de l’eau avec un débit de 5m3/s seulement avec une superficie irriguée inférieure à 2500 Ha. Entre 1974-1976, La construction du barrage a commencé.

3 Tandrokosy : traduit en français par « corne de chèvre » 18 La construction du barrage a été financée par BIRD4 et les travaux ont été réalisés par la SNTP5, quant à la réhabilitation, après le passage du Dépression tropicale Cynthia en 1991, c’était sur financement de la coopération Suisse à travers le projet « food for work » (FFW). Après la réhabilitation de 1996, le barrage ainsi que les canaux principaux et secondaires n’ont plus bénéficié d’importants travaux d’aménagement. Il n’y avait que de simples travaux d’entretien entrepris par les bénéficiaires. Après 1991, le barrage n’a pas été fonctionnel durant 5 ans, et aucune culture n’a pu été pratiquée dans les plaines situées en aval du barrage, d’où l’importance du barrage.

Photo 1. Le barrage de Dabara, vu de la RN35

Cliché de l’auteur en août 2015

4 BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement 5 SNTP : Société Nationale pour les Travaux Publics 19 III.1.2. Une irrigation assurée par le canal de dabara

Le canal Dabara est l’un des plus grands réseaux d’irrigation de Madagascar. Il est subdivisé en trois zones. La première zone amont, située dans la partie nord de Mahabo, est limitée au sud par le fleuve Morondava, et au nord par la rivière Tandila, c’est la zone comprenant les rizières irriguées par le réseau de Dabara, à partir des prises et canaux secondaires situées en amont de la chute n°5 (CH 5), au PK 14 et les secteurs suivants sont irrigués par cette zone amont : Ankilivalo, Analamitsivalana, Tsivalaka, canal nord, Mahabo nord, Mahabo sud et Bezezika. Cette zone amont est subdivisée en deux sous-zones qui sont l’amont nord et l’amont sud. Les quatre premiers secteurs ci-dessus constituent la zone amont nord, irriguée à partir du canal nord. Avant la réhabilitation du barrage en 1996, on a 1710 ha (cf. Tableau 2) Tableau 2. Superficies à irriguer dans la zone Amont nord

Secteur Superficie (ha)

Ankilivalo 442

Analamitsivalana 331

Tsivalaka 783

Canal nord 154

Total zone amont nord 1710

Source : Génie Rural Antananarivo

Cependant, les travaux de terrain effectués en 2015 ont montré qu’il y a eu une grande extension de ces superficies envisagées en 1996. En effet, les enquêtes effectuées ont donné les résultats suivants concernant ces superficies : à Ankilivalo, la superficie des champs irrigués atteint actuellement 1200 ha, à Analamitsivalana, elle est de 1500 ha. Ainsi, pour la zone amont nord, la superficie totale irriguée est environ de 6500 ha. En ce qui concerne la zone amont sud, les superficies à irriguer sont de 1931 ha (cf. Tableau 3)

20 Tableau 3. Superficies à irriguer dans la zone Amont sud

Secteur Superficie (ha)

Mahabo nord 347

Mahabo sud 958

Bezezika 626

Total 1931

Source : Génie Rural Antananarivo

Photo 2. Canal Dabara à Ankilivalo

Cliché de l’auteur en août 2015

21 Photo 3. En arrière plan : chute n°5 (CH 5) à Bezezika

Cliché de l’auteur en août 2015

La photo 2 montre le canal Dabara à Ankilivalo localisé à 23 km de la source du canal. Celui- ci irrigue tous les champs rizicoles de la commune rurale d’Ankilivalo couvrant une superficie de 1200 ha. En outre, la photo 3 montre la chute régulatrice n°5 à Bezezika, zone qui fait partie de la zone amont nord irrigué par Dabara. Ces chutes consistent à écouler de façon permanente l’eau du canal du fait de la planéité de sa zone d’écoulement. En général, dans cette zone amont, les sols sont de nature perméable (ORSTOM, 1998) et il y a prédominance de la riziculture (vary tsipala et vary be). Tableau 4. Besoin en eau pour chaque type de culture dans la zone amont

Cultures Vary Tsipala Vary Be

Besoin en eau en tête de réseau 1,2 1,8 (l/s/ha)

Source : Génie rurale Antananarivo

Ainsi, les besoins en eau exigent un calendrier agricole assez strict (cf.Tableau 5)

22 Tableau 5. Calendrier cultural du riz dans la plaine de Mahabo

Saison Opérations Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc

VARY BE Semis

Repiquage

Entretien

Récolte

TSIPALA Semis

Repiquage

Entretien

Récolte

Source : Enquêtes personnelles de l’auteur en 2015

Photo 4. Rizières irriguées par le canal de Dabara, dans le fokontany Anjatelo

Source : cliché de l’auteur en août 2015

23 La zone amont a été plus ou moins détaillée du fait que les travaux de terrain ont été limités à Mahabo. Toutefois, nos travaux antérieurs (Randrianiaina 2014) permettront de parler des deux autres zones qui sont la zone intermédiaire et la zone delta. La zone intermédiaire comprend l’ensemble des secteurs dominés par les prises sur le canal Dabara, entre le pont Ankilivalo et Analaiva. Les secteurs de la zone intermédiaire étant : Antevamena rive gauche (CH 12), Antevamena rive droite (CH 14), Soanafindra (CH 18), Analaiva (CH 18), Betsipotika (CH 22) et Marofototra rive droite (CH 26). La plus connue dans cette zone intermédiaire est la zone d’Analaiva où la société SUCOMA avait les champs de canne à sucre.

Photo 5. Champs de canne à sucre de la Sucoma

Source : Google earth (2011)

24 Photo 6. Vue aérienne de la plantation de canne à sucre de la SUCOMA

Source : cliché de l’ESAPP (2012)

Les photos 5 et 6 montrent l’utilisation du barrage de Dabara par la SUCOMA dans la zone intermédiaire. Les deux clichés ont été pris en 2011 et 2012 mais actuellement, suite au problème de la SUCOMA en 20146, tous ces champs de canne à sucre ont été abandonnés par la société et ont été transformés en d’autres champs de culture par les agriculteurs. Enfin la zone delta se situe dans le fivondronam-pokontany de Morondava. Elle correspond à la partie aval du périmètre irrigué de Dabara, à l’aval du partiteur de Marovoay qui constitue l’extrémité au canal principal de Dabara (PK 52). En somme, le canal de Dabara présente un atout majeur pour les populations des districts de Mahabo et de Morondava. Huit communes sont approvisionnées par le barrage : Ampanihy, Mahabo, Analamitsivalana, Ankilivalo, Bezezika, Analaiva, , Morondava. Au départ, le barrage a été destiné à l’irrigation de 8000 ha, mais actuellement, une extension des champs à irriguer a été constatée. Par conséquent, la superficie irriguée atteint actuellement 14 000 ha, ce qui engendre des conflits et des prises pirates. De plus, le calendrier agricole illustré par le tableau 4 montre que la pratique de la riziculture et d’autres cultures se fait pratiquement toute l’année, par conséquent, le sol n’a pas le temps de se

6 En 2014, des manifestations des ouvriers de la SUCOMA se sont terminées par la destruction et l’incendie d’une partie des installations, ce qui a entraîné l’arrêt des activités de la sucrerie. 25 reposer, ce qui conduit petit à petit à la stérilisation du sol. Mais ces besoins permanents en eau constituent des sources de conflits entre les utilisateurs.

III.1.3. UNE REPARTITION INEGALE DE L’EAU

D’une manière générale, tous les utilisateurs du canal de Dabara doivent être membre de l’AUE ou Association des Usagers de l’Eau. Pour chacune des zones, il existe une association nommée « FMT » ou « Fikambanan’ny Mpiray Tambazotra » (Association des utilisateurs du réseau Dabara) et chaque zone possède 11 FMT. En ce qui concerne la zone amont sud par exemple, l’AUE est composé de 1640 membres en 2014 (Source : enquêtes auprès du président de l’AUE amont sud), composés de diverses ethnies telle que Antandroy, Sakalava, Merina, Betsileo car les atouts offerts par la plaine de Mahabo et le canal de Dabara favorisent toutes les activités. Ainsi, le règlement stipule que dans le cas où une personne utilise Dabara comme canal d’irrigation, elle sera automatiquement membre de l’AUE. Par ailleurs, l’AUE interdit l’extension des terrains de cultures à cause du mauvais état du barrage de Dabara. Ceux qui enfreignent cette règle et pris en flagrant délit doivent payer une amende de 1 million d’Ariary. Pourtant, c’est l’Etat lui-même ainsi que les hommes d’affaires qui font ces extensions et provoque ainsi des conflits entre les usagers. C’était le cas de la société SUCOMA qui a utilisé une grande quantité d’eau pour l’irrigation des champs de canne à sucre (environ 40%). Par ailleurs, pour le cas d’Analaiva (zone intermédiaire) et de Bemanonga (zone delta), l’eau devient insuffisante à cause des prises pirates dans la zone amont ; c’est le cas dans dans le fokontany Anjatelo (zone amont) où les agriculteurs font une prise d’eau abondante qui entraîne un déficit d’eau en aval : la partie amont nord qui devrait bénéficier de 2m3/s ne reçoit plus que1m3/s à cause de cette situation. Ainsi, malgré les lois régissant les usagers de l’eau, les extensions persistent et la quantité d’eau pour l’irrigation est mal repartie. Tout cela engendre des conflits au sein des agriculteurs utilisant le canal Dabara.

III.2. DES DEBITS VARIABLES DU CANAL DE DABARA

Il s’agit ici d’examiner les variations du débit du canal Dabara au niveau des plaines irriguées par le canal.

26 III.2.1. Des variations saisonnières

L’irrigation des 8000 ha de champs agricoles initiaux dans les plaines de Mahabo et de Morondava nécessitait un débit de 12m3/s. Mais l’extension de terrains agricoles a eu pour effet une insuffisance de l’eau d’irrigation. Généralement, le débit du canal peut atteindre jusqu’à 13m3/s durant la saison pluvieuse ou « asara », et descend de 9m3/s à 7m3/s durant la saison sèche ou « asotsy ». Ainsi, ce sont les conditions climatiques, surtout pluviométriques qui influent les variations du débit de Dabara.

Tableau 6. Valeurs moyennes des précipitations à Mahabo entre 1984 et 2014

Mois J F M A M J J A S O N D Total Précipitations (mm) 322,4 259,8 108 4,6 3 1,3 2,5 0,8 3,2 9,8 37,3 137,4 890,1 Source : Service météorologique d’Ampandrianomby, traitement de l’auteur

Tableau 7. Valeurs CPM des données pluviométriques de 1984 à 2014

Mois J F M A M J J A S O N D Précipitations (mm) 322,4 259,8 108 4,6 3 1,3 2,5 0,8 3,2 9,8 37,3 137,4 Valeur CPM 4,3 3,5 1,5 0,06 0,04 0,02 0,03 0,01 0,04 0,1 0,5 1,9 Source : Exploitation des données météorologiques

Les précipitations sont maximales le mois de janvier 322,4 mm, et minimales au mois d’août avec 0,8 mm (cf. Tableau 6) La pluviométrie annuelle de Mahabo étant de 890,1 mm, ce qui est relativement faible car on est dans un domaine tropical chaud (cf. Tableau 7) avec les valeurs CPM7 (Coefficient Pluviométrique Mensuel) des données pluviométriques de 1984 à 2014.

La valeur CPM est supérieure à 1 pour les mois de décembre (1,9), janvier (4,3), février (3,5) et mars (1,5) (cf. Tableau 7). Pour les mois restants, la valeur CPM est inférieure

7 CPM : méthode de calcul inventée par le météorologue J. RAVET afin de déterminer le nombre de mois sec et le nombre de mois humide. Cette valeur CPM est donnée par la formule suivante :

Hauteur des précipitations mensuelles CPM= x 12 Hauteur des précipitations annuelles

27 à 1. Ainsi, à Mahabo, on a deux saisons nettement tranchées : une saison humide et chaude qui s’étale de décembre à mars et une saison sèche s’allongeant d’avril à octobre. Par conséquent, les débits du canal sont élevés durant les saisons pluvieuses mais faibles durant les saisons sèches. Concrètement, elle varie de 12 m3/s à 13 m3/s pour les mois de décembre, janvier, février et mars. Et diminue de 9 m3/s à 7 m3/s d’avril à novembre.

III.2.2. Un stockage de sable élevé

Le barrage de Dabara est un barrage qui piège le sable. Ainsi, au niveau du barrage même, il existe deux canaux d’évacuation de sable afin que ce dernier ne puisse se déposer dans les champs agricoles irrigués par le canal Dabara.

Photo 7. Désableur du canal Dabara dans le fokontany Anjatelo

Source : cliché de l’auteur en aout 2015

28 Photo 8. Canaux d’évacuation de sable au niveau du barrage

Source : cliché de l’auteur en aout 2015

La photo 7 est la photo du dessableur du canal Dabara dans le fokontany Anjatelo. A partir de cette image, nous pouvons comprendre que, malgré l’existence des canaux d’évacuations du sable au niveau du barrage (cf. photo 8), le canal peut quand même charrier une partie de sable. En effet, d’après le service du Génie Rurale à Mahabo, ce dessableur a été fonctionnel à partir de 1978, et à cette époque, l’évacuation se faisait une fois tous les 10 jours avec un volume de sable évacué de 6000 m3. Mais à partir de 1998, on évacue 3 fois par semaine avec un volume de sable de 7500 m3. Cette situation montre que le volume de sable qui arrive au barrage ne cesse de s’accroître et ceci entraîne une dégradation progressive du bassin-versant ainsi que du lit de la Morondava.

29 CHAPITRE IV. LE FLEUVE MORONDAVA ET LE BARRAGE DE DABARA.

Le barrage de Dabara a été construit sur le fleuve Morondava. Pourtant, cette situation perturbe l’équilibre hydrodynamique et hydromorphologique de ce fleuve.

IV.1. LE FLEUVE MORONDAVA : UN FLEUVE IRREGULIER

Le fleuve Morondava présente un aspect particulier du fait qu’elle traverse tout au long de son cours des couches sableuses. Par ailleurs, de fortes crues peuvent aussi se manifester lors des passages cycloniques malgré les conditions climatiques de la zone.

IV.1.1. Un cours à prédominance sableuse

La Morondava prend sa source vers 1000 mètres d’altitude dans le massif de Makay. Il en est de même de ses affluents : la Fanikay et la Sakamanjaha. Dans leurs cours supérieurs, ces rivières traversent des formations de grès de l’, en les entaillant de gorges profondes. Cependant, vers l’Ouest ces grès isaliens portent souvent une carapace sableuse donnant des reliefs de pénéplaines, moins heurtés, mais où l’érosion en nappe a une prise puissante. C’est dans cette zone mixte de sables et grès que la Maroalika, un autre affluent de la Morondava prend source

30 Figure 2. Carte géologique du bassin-versant de la Morondava

Source : BD 500 FTM, arrangée par l’auteur 31 Figure 3.Carte altimétrique du bassin-versant de la Morondava

Source : MNT SRTM, arrangée par l’auteur 32 Coulant toujours vers le Nord-Ouest, la Morondava et ses affluents atteignent une zone constituée par un plateau coupé de collines qui forme les contreforts Sud du Bemaraha. Ce plateau présente des formations variées, en général calcaires et marnes au nord, gréseuses, argiliteuses et continentales au sud. La Beritsoka a, par contre, la plus grande partie de son cours dans la dépression marneuse d’Ankilizato, d’âge jurassique supérieur. A la sortie des marnes d’Ankilizato, la Morondava qui a reçu déjà ses principaux affluents (Fanikay, Sakamanjaha, Maroalika, Sakamaly, Beritsoka) se heurte aux grès rouges entrecroisés du Tsiandavana, grès continentaux, très ferrugineux, d’âge crétacé. La plaine de Morondava, sableuse est constituée de sol de sables roux ou jaunes recouvrant des calcaires éocènes ou des grès éocènes et pliocènes. (cf. Tableau 8)

Tableau 8. Synthèse des substrats géologiques du bassin-versant de la Morondava

Zones Couche géologique Superficie approximative (km2)

Zone du Makay Grès massifs de l’Isalo 650

Zone intermédiaire Carapaces sableuses sur grès 900 de l’Isalo

Zone de Bemaraha-Besabora Calcaires, grès et argilites 2 150

Zone des marnes d’Ankilizato Marnes 800

Zone du Tsiandavana Grès rouges entrecroisés 450

Zone des calcaires éocènes Calcaires 250

Zone des sables côtiers Sables 1 100

Zone du delta Alluvions 350

Source : Laboratoire de géologie Ampandrianomby

Ainsi, la figure 2 et le tableau 8 évoquent une prédominance sableuse tout au long du cours du fleuve Morondava. On constate aussi l’abondance de grès (Isalo II et Isalo III), qui vont s’altérer essentiellement en sable. Cette situation constitue une explication de la prépondérance du sable.

33 IV.1.2. Des débits influencés par la pluviométrie

Les débits du fleuve Morondava connaissent des variations qui sont fonction des précipitations et des cyclones tropicaux. Les débits du fleuve sont mesurés au niveau de la prise d'eau de Dabara, en bordure de la RN 35. En ce qui concerne le débit annuel, les valeurs sont importantes du mois de décembre au mois de mars. En moyenne, pour ces mois, les débits du fleuve peuvent aller de 97,9 à 106 m3/s. En effet, ce sont les mois pluvieux de la région Menabe. Il en résulte ainsi des forts taux de débits pour ces quatre mois. Pour les huit mois restants, c'est-à-dire les mois secs, les valeurs du débit sont relativement faibles. Ces valeurs peuvent descendre jusqu’à 9,1 m3/s et avec une valeur maximale de 22 m3/s. (cf. Tableau 9) Le tableau 9 montre les variabilités annuelles importantes des débits de la Morondava mais également les variabilités mensuelles.

Tableau 9. Valeurs des débits moyens et mensuels de la Morondava

Année N D J F M A M J J A S O Annuel 1951/52 31 106 141 67,6 76 21,8 12,7 11,6 10,5 9,8 8,7 7,9 42,05 1952/53 7,9 68,9 129 97,1 77,5 16 14,4 13,1 11,9 10,8 9,7 8,9 38,77 1953/54 24 20 17 15 12 10,9 9 1954/55 166 167 99,8 27 22,6 19,3 17 14 12 10 1955/56 20 56,3 65,3 55,9 50,2 17 14,5 12,5 10,3 8,7 7,3 6,2 27,02 1956/57 9 93,2 117 132 120 24,8 10,5 10 9,3 8,8 8,3 7,8 45,89 1957/58 94 183 19 16 13,5 11,5 9,6 8,1 6,3 1958/59 17,6 179 93,1 73,2 37,2 12,4 11,4 10,4 9,5 8,8 7,8 7,2 39 1959/60 33,1 87,4 105 170 64,6 10,9 10 9 8,2 7,4 6,8 6,2 43,2 1960/61 8 125 196 91 96 14 12,7 11,6 10,6 9,6 8,8 8 49,3 1961/62 310 1962/63 16,3 13,7 11,5 9,5 7,9 6,7 7 1963/64 24 168 136 192 113 17,6 12,5 11,5 10,5 9,6 8,8 8 59,3 1964/65 34,3 67,5 268 98 103 12,6 11,5 10,4 9,5 8,6 7,8 7,2 53,2 1965/66 15 102 73 130 34,3 27,8 12,5 11,4 10,3 9,5 8,6 7,8 36,9 1966/67 11,6 68,6 146 45,5 286 23,6 12,6 11,4 10,3 9,5 8,6 7,8 53,5 1967/68 15,9 68,2 121 318 67 15,5 14 12,6 11,3 10,4 9,5 8,6 56 1968/69 16,7 141 149 226 50,6 34 22,5 19 16,3 13,7 11,8 9,8 59,2 1969/70 20 163 286 60,9 46,5 24 20 17 15 13,3 11,3 9,5 57,2 1970/71 19 41,5 123 264 142 25 22,6 17,4 16,9 15,5 13 20 60 1971/72 20,9 68,2 129 188 108 24,7 20 17 15 12 10,9 9 51,9 1972/73 104 150

34 Tableau 9. Valeurs des débits moyens et mensuels de la Morondava (suite)

Année N D J F M A M J J A S O Annuel 1973/74 20 164 101 220 57,3 20,4 17,5 15,1 13 11 9,8 8,3 54,8 1974/75 106 97,5 1975/76 7,9 59,7 70,6 149 84,2 20,4 17,5 15,1 13 11,2 9,6 8,3 38,88 1981/82 225 254 183 51,1 20,2 22 20,9 12,3 11,6 16,6 1982/83 17,3 54,6 129 129 77,3 19,9 15 18,1 15,1 13,5 11,9 12 42,7 1983/84 10,4 44 195 187 128 37,2 25 21,5 18 15 12,8 10,8 58,7 Moyenne 18 106 144 151 97,9 22 16 14 13 11 9,6 9,1 Max 34 310 286 318 286 51 25 22 21 16 13 20 Min 7,9 42 65 46 34,3 11 10 9 8,2 7,4 6,7 6,2 Source : Chaperon et Al. (1993)

Tableau 10. Ecart mensuel des débits entre les valeurs maximales et minimales

Mois J F M A M J J A S O N D

Ecart 142 272,5 251,7 40 15 13 12,8 8,6 6,3 13,8 26,1 268

Source : Exploitation du tableau 10

Le tableau 9 évoque les écarts mensuels des débits entre les valeurs maximales et minimales. Il permet d’analyser le régime mensuel des débits. Pour ce régime mensuel, des variations s’observent pour les années qui se succèdent. Par exemple, en février 1968, le débit a atteint de 318 m3/s, valeur la plus élevée dans le tableau. Pourtant, l’année précédente, il n’a atteint que 45,5 m3/s pour le même mois, soit une différence de 272,5 m3/s. En outre, pour le mois de septembre, le débit minimal était de 6,7 m3/s et le maximum était de 13, soit un écart de 6,3 m3/s. Ces deux mois considérés présentent les plus forts et faibles écarts dans l’année. Toutefois on constate que les écarts sont importants pour les mois pluvieux (décembre à mars), allant de 142 m3/s (janvier) à 272,5 m3/s (février). Ils sont faibles pour les mois secs (avril à novembre), allant de 6,3 m3/s (septembre) à 40 m3/s (avril). Ainsi, on peut déduire qu’il existe des variabilités pour chaque mois. Ces variabilités sont beaucoup plus importants pour les mois pluvieux car, ces mois sont parfois des mois cycloniques. S’il n’y a pas des passages cycloniques, la valeur du débit est alors fonction de la quantité d’eau de pluie. Mais s’il s’agit d’une année cyclonique, le débit sera élevé. Les faibles écarts du débit des mois secs s’expliquent par le fait que ces mois ne sont pas des mois cycloniques, donc les variabilités seront moindres par rapport au quatre mois précédents.

35 IV.1.3. Des crues à forte variabilité D’une manière générale, la crue centennale du fleuve Morondava est de 7000 m3/s, et en moyenne, la crue annuelle est de 1500 m3/s. Mais, les crues, comme le débit de la Morondava connaissent une nette variation. Les passages des cyclones peuvent augmenter ces valeurs en dépassant largement la valeur moyenne.

Tableau 11. Valeurs moyennes des crues de la Morondava de 1951 à 1976 Année Crues (m3/s) 1951/52 2160 1952/53 1100 1953/54 1270 1954/55 4120 1955/56 2220 1956/57 1440 1957/58 1260 1958/59 1440 1959/60 1130 1960/61 1450 1961/62 1450 1962/63 1500 1963/64 1830 1964/65 1830 1965/66 2400 1966/67 1600 1967/68 1330 1968/69 1430 1969/70 5940 1970/71 1240 1971/72 1560 1972/73 6380 1973/74 1380 1974/75 3830 1975/76 1220 Source : Chaperon et Al. (1993)

36 7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0

Figure 4. Courbe de l’évolution des crues de la Morondava Source : Chaperon et Al. (1993), modifiée par l’auteur

Le tableau 9 et la figure 4 montrent une certaine variabilité des crues au niveau de la Morondava. D’après la figure 18, les crues de la Morondava sont en général très faibles avec quelques valeurs maximales montrant des valeurs importantes de ces crues. En effet, les années 1954/55, 1969/70 et 1972/73 ont été marquées par de fortes crues avec, respectivement, 4120 m3/s, 5940 m3/s, 6380 m3/s, dues aux passages cycloniques : 1. 1969/70 : passage du Cyclone Tropical GENEVIEVE 2. 1972/73 : passage de la Dépression Tropicale DOROTHEE

IV.2. UNE DYNAMIQUE FLUVIALE PERTURBEE

Tous les cours d’eau ont leur dynamique respective mais les aménagements humains peuvent modifier cette dynamique fluviale ainsi que sa morphologie. C’est le cas du barrage de Dabara qui conduit à la formation progressive d’une vallée alluviale dans sa partie amont et une perturbation de tracé du fleuve dans sa partie aval.

IV.2.1. Des phénomènes d’ensablement en amont et aval du barrage

Pour mieux comprendre la réalité de cette situation, il est nécessaire d’abord d’analyser le contexte géologique autour du barrage et dans quelques parties aval de ce barrage.

37 Figure 5. Carte géologique de la partie amont et aval du barrage

Source : BD 500, arrangée par l’auteur 38 Avant son passage sur le barrage, le fleuve Morondava traverse différentes couches géologiques tels que les faciès mixtes formés essentiellement de conglomérats et de grès rouges, ce qui correspond à la zone intermédiaire du bassin-versant de la Morondava (cf. Figure 5). En effet, ces grès rouges ne sont autres que les grès de l’Isalo (Isalo III, formations marines). L’aspect rouge de ces grès s’explique par le fait que l’oxydation de ces grès est moins vive8. A part ces faciès mixtes, les carapaces sableuses et les sables roux sont issus de l’altération du grès du massif du Makay, source de la Morondava et déposés par le fleuve lui même. Mais ces sables roux et carapaces sableuses prédominent dans la plaine de Mahabo et de Morondava. Quelques couches gréseuses sont toujours observables en avant du barrage, ce qui favorise l’abondance des carapaces sableuses, sables roux, alluvions et sables en aval du barrage, c'est-à-dire dans les plaines de Mahabo et Morondava. Il faut noter que les sables roux constituent les sols ferrugineux avec une texture grossière. L’essentiel du patrimoine de la SUCOMA est constitué de ces sables roux. Cette nature géologique d’après barrage pourra entraîner des risques au niveau des plaines de Mahabo et Morondava surtout lors des fortes crues. En effet, la présence du barrage de Dabara perturbe l’équilibre sédimentologique de ces plaines car non seulement une grande quantité du sable est stocké par le barrage mais pendant la saison des pluies, surtout lors des passages cycloniques où les crues de la Morondava peuvent atteindre 300 m3/s alors que le débit du barrage s’élève à 12m3/s. Et en période sèche, ce débit diminue de 9m3/s à 7m3/s. Ainsi, en période sèche, la majeure partie de l’eau passe par Dabara. Or, avec un débit suffisant et une vitesse d'écoulement très faible, les sable et alluvions transportés se déposent facilement car la vitesse d’écoulement diminue au passage du barrage, ce qui explique l’abondance du sable et d’alluvion dans la partie amont et aval du barrage comme l’indique la carte. Donc, en amont, on assiste à un ensablement des champs rizicoles et de la rivière, s’ajoutant aux formations de dunes continentales. Cependant, au niveau du littoral, surtout de Morondava, un déficit en sable est constaté et constitue l’un des facteurs expliquant l’érosion côtière de la ville de Morondava. Ainsi, la zone intermédiaire (autour d’Analaiva) connaît actuellement ces problèmes d’ensablement).

8 Grès : roche sédimentaire détritique. Selon la nature des composantes des molécules, les grès prendront diverses couleurs variant du jaune au rouge. Ainsi, sous climat tropical, l’alternance de la saison sèche et de la saison humide crée un processus d’altération et le fer oxydé se fixe en coloriant en rouge le grès. Si l’oxydation est très vive, le grès se colore en jaune mais si l’oxydation est moins vive, il se colore en rouge, et s’il n’y a pas d’oxydation, il se colore en blanc. 39 Photo 9. Forte épaisseur du sable à 100 m en amont du barrage, Fokontany Manamby

Source : clichés de l’auteur en août 2015

La photo 9 montre une forte épaisseur de sable qui témoigne le piégeage d’une partie du sable par le barrage de Dabara. On peut surtout observer ce fait en période d’étiage. Ce qui fait qu’en forte crue, une grande partie de sable est déposée dans les vallées alluviales environnantes de la partie amont du barrage et crée un ensablement des champs de culture.

40 Photo 10. Champs de choux ensablés dans le baiboho de Manamby

Source : cliché de l’auteur en août 2015

Photo 11. Champs de patate douce ensablés dans le baiboho de Manamby

Source : cliché de l’auteur en août 2015

41 Les photos 10 et 11 illustrent le phénomène d’ensablement dans la partie amont du barrage. En effet, le barrage bloque une partie du sable, et lors de fortes crues, ces sables piégés colonisent les baiboho alimentés par le fleuve Morondava.

IV.2.2. La Morondava : un fleuve capricieux

Un cours d’eau capricieux est un cours d’eau qui change très souvent de lit. Nombreux sont les facteurs de ce changement de lit mais pour le fleuve Morondava, les explications seront basées sur les relations entre âge et profil d’équilibre, la part du barrage de Dabara favorisant le phénomène.

Figure 6. Phénomène de capture fluviale entre la Morondava et laKabatomena

Le phénomène de capture fluviale entre la Morondava et la Kabatomena a déjà été étudié (RANDRIANIAINA 2014).. Comme le montre la figure 6, des changements de lit se sont manifestés entre 1901 jusqu’à présent et actuellement, on assiste à un écoulement pemanent dans la Kabatomena. En effet, à partir du pont Marofototra, le fleuve s’assèche complètement. Des hypothèses sont avancées pour expliquer le phénomène. D’abord, le phénomène est lié à l’âge du fleuve. En effet, théoriquement, quand un cours d’eau est encore jeune, il prendra du temps pour atteindre son profil d’équilibre. Pourtant, le fleuve Morondava n’a que 200 millions d’année environ ; ce qui est relativement jeune à l’échelle du temps géologique. Par conséquent, il n’a pas encore atteint son profil d’équilibre et c’est la raison pour laquelle le fleuve ne cesse de changer de lit. En fait, la Morondava effectue un creusement là où la pente est forte ; c'est-à-dire, à partir du massif de Makay (771 mètres d’altitude) jusqu’à Soatanimbary (250 mètres d’altitude). Du barrage à la côte, la pente est de 0,8 mètre par kilomètre (calcul sur SIG), ce qui explique que l’altitude à partir du barrage jusqu’à la côte est

42 quasi-égale. Ainsi, une forte alluvionnement se fera dans ces faibles pentes ou encore dans ces zones de plaines alluviales. Tous cela témoigne que la Morondava effectue une évolution du profil en long vers le profil d’équilibre (GIGNOUX et al. 1955). Cette situation, s’additionnant à la planéité du relief à partir du barrage jusqu’à la côte favorise le phénomène de capture fluviale car la forte sédimentation dans les plaines alluviales (surtout à Analaiva et Marofototra) peut dévier le tracé de la Morondava par manque de force pour traverser ces sédiments. La seconde hypothèse avancée est le rôle joué par le barrage de Dabara. En effet,au niveau du barrage, le débit du fleuve s’abaisse ainsi que sa vitesse d’écoulement. Une partie du sable est ainsi piégée en amont du barrage tandis qu’une autre partie est évacuée vers le fleuve. Par conséquent, la majorité des sédiments (notamment les sables) se déposent immédiatement à quelques kilomètres du barrage, c'est-à-dire, à Mahabo et Analaiva. Ainsi, une érosion latérale du fleuve se manifeste et entraînnant une extension progressive du lit de le Morondava, les champs agricoles irrigués par la Morondava dans la commune rurale d’Analaiva sont ensablés.

.

43 Figure 7. Evolution du lit d’écoulement du fleuve Morondava entre 1970 et 2010

Source : BD 100 FTM, Google earth 2010, arrangée par l’auteur 44 Figure 8. Profil en long du fleuve Morondava

Source : BD 100 FTM, arrangée par l’auteur

45 La figure 7 montre l’évolution du lit d’écoulementdu fleuve Morondava entre 1970 et 2010 : en amont du barrage, on n’assiste pas à une évolution importante du lit. Par contre, en aval du barrage, cette évolution est significative. Dans la zone deMahabo, une grande extension du lit se manifeste et se traduit par une érosion latérale du fleuve.Par contre,àMarofototra, le lit s’est dévié vers la Kabatomena. Par ailleurs, sur la figure 8, le profil en long du fleuve témoigne de l’adoucissement progressif de la pente pour arriver à une assez forte planéité vers les plaines de Mahabo et de Morondava. Ainsi, cette situation favorise les dépôts massifs des sables notamment à Mahabo, conduisant à ronger progressivement la ville de Mahabo.

Photo 12. Bureau du distict de Mahabo se localisant à proximité du fleuve

Source : Cliché de l’auteur en août 2015

46 Photo 13. Des habitats de la ville de Mahabo menacés par le fleuve Morondava

Source : Cliché de l’auteur en août 2015

Photo 14. « Tranompokonolona » de Mahabo se localisant à proximité du fleuve

Source : Cliché de l’auteur en août 2015

Les photos 12, 13 et 14 montrent les menaces provoquées par la Morondava à cause de sa déviation vers la ville. En effet, lors des enquêtes de terrain, les populations locales avaient

47 affirmé qu’en 2007, près de 500 maisons se sont écroulées rongées par le fleuve et leur ancien emplacement est actuellement le lit d’écoulement de la Morondava. A part cela, l’hôpital dans la commune rurale Ampanihy, district de Mahabo a été aussi ravagé.

Photo 15. Lit actuel de la Morondava à son passage à Mahabo

Source : Cliché de l’auteur en août 2015

La photo 15 montre au premier plan le lit mineur de la Morondava, en arrière-plan, une énorme épaisseur de sable que le fleuve ne peut pas franchir en période d’étiage qui conduit le fleuve à dévier vers la ville et à la ronger. En période de crue, deux cas sont possibles : s’il s’agit d’une crue cyclonique, le fleuve peut franchir ses sédiments. En effet, la présence des gabions sur les berges (cf. photo 16) constitue un signe de possibilité de forte crue. Pourtant, ces cyclones ne sont que passagers, ainsi, dans un deuxième cas, si la crue n’est pas influencée par les cyclones tropicaux, le fleuve ne pourra pas franchir ses sables et c’est la raison pour laquelle le fleuve ne cesse de ronger la ville de Mahabo. Comme nous l’avons évoqué, la pente est de 0,8m/km de Mahabo à Morondava, par conséquent, la vitesse d’écoulement du fleuve est très faible à cause de cette planéité, ainsi, les sables se déposent facilement. De plus, les sables retenus dans la vanne d’échasse du barrage sont évacué vers le fleuve pourtant la vitesse d’écoulement est réduite au niveau du barrage. S’ajoutant ainsi de la planéité de la zone, le barrage de Dabara amplifie les facteurs qui menacent la ville de

48 Mahabo. Tout ce qui est observé sur la photo 15 a constitué avant 2007 un grand village mais actuellement, ce dernier a disparu.

Photo 16. Emplacement des gabions sur les berges du fleuve Morondava

Source : Cliché de l’auteur en août 2015

49 CONCLUSION

La place de la culture irriguée dans la société malgache est très importante. De ce fait, on comprend l’ampleur de la construction des barrages dans la grande île. Ainsi, les agriculteurs peuvent jouir des avantages offerts par ces barrages.

Cependant, des modifications des comportements, ainsi que des tracés des cours d’eau peuvent être engendrées par ce type d’aménagement. Cela dépend d’abord du substrat géologique parcouru par le cours d’eau, et surtout, le substrat où s’implante le barrage ; c'est- à-dire, si le barrage se repose sur une roche dure, les risques pourraient être réduits. La topographie joue aussi un rôle important car si un barrage est implanté là où la pente est faible, ce barrage amplifie le phénomène d’alluvionnement qui peut conduire à la formation des bras morts.

Dans le Menabe, face aux atouts des terrains agricoles de la région, trois barrages ont été édifiés : Dabara dans la commune rurale d’Ampanihy, district de Mahabo, MIGODO I et MIGODO II dans la commune rurale Ankilizato, district de Mahabo. Le barrage de Dabara qui a été conçu pour irriguer 8000 ha de champs agricole arrose actuellement 14 000 ha environ. L’extension du périmètre est un facteur qui a aggravé la situation de défaillance du périmètre de Dabara en n’étant pas toutefois le seul facteur. Cependant l’extension a intensifié l’ampleur des autres problèmes qui ont déjà existé. Ceci confirme que la défaillance de la gestion de l’eau dans le périmètre de Dabara est due à une extension non maitrisée des superficies rizicoles.

A part les conflits sociaux existant au sein des usagers de l’eau, les problèmes morpho- dynamiques du fleuve Morondava sont aussi contraignants. Le lit du fleuve ne cesse de s’élargir au niveau de la ville de Mahabo, entraînant ainsi la disparition progressive de la ville. Etant donné l’âge du fleuve, il prend encore du temps pour atteindre son profil d’équilibre, par conséquent, on assiste à un creusement au niveau des fortes pentes et un alluvionnement dans les faibles pentes. De plus, le long de son itinéraire, le fleuve traverse des couches gréseuses qui s’altèrent essentiellement en sable. Ainsi, au niveau du barrage, là où la pente est déjà faible (0,8 m/km), une partie du sable est piégé en avant-barrage, le sable évacué par les deux canaux d’évacuation débouche en majeure partie au niveau de la ville de Mahabo. Ainsi, en période d’étiage, le tracé est dévié vers la ville car le fleuve ne peut pas franchir la masse énorme du sable. Pour cela, aucune solution n’a pas été encore mise en place pourtant la ville est totalement menacée par cette érosion hydrique.

50 Par ailleurs, ces manifestations rendent le fleuve capricieux. En effet, son lit est loin d’être stable, et, actuellement à Marofototra, son lit est tellement asséché et transformé en champs rizicoles à cause de l’écoulement permanent par la Kabatomena, bras sud.

Au niveau du littoral de Morondava, les sédiments fluviaux accumulés dépendent ainsi du lit d’écoulement du fleuve. Dans le cas où l’écoulement se fait par la Kabatomena, bras sud (cas actuel), on assiste à une sédimentation au niveau du littoral, notamment dans la partie sud et centre. Dans le cas inverse, toute la ville connaitra une érosion marine. Certes, étant donné l’écoulement par la Kabatomena, le budget sédimentaire approvisionné vers le littoral est toujours déficitaire à cause du barrage de Dabara (stockage de sédiment en amont) et de la planéité du relief qui favorise les dépôts à quelques mètres avant la mer.

Dans une perspective de recherche plus avancée, il serait intéressant de faire une étude détaillée la dynamique du fleuve, des études granulométriques de son substrat ainsi que des analyses dans les laboratoires pour avoir plus de précisions. Malheureusement, ces études n’ont pu être réalisées dans le cadre de ce travail à cause des limites de la zone d’étude, de la limite du sujet mais surtout aussi faute de moyens financiers.

Ainsi, ce présent mémoire pourrait servir comme piste de réflexion pour les futurs chercheurs qui veulent approfondir l’hydrogéomorphologie, les relations entre barrage et dynamique fluviale. Mais il pourrait aussi constituer une contribution pour aider les aménageurs et les décideurs à chercher des solutions pour l’avenir des populations riveraines du fleuve.

51 BIBLIOGRAPHIE

1. BILLON (B.), MLATAC (N.), 1969, « Etudes hydrologiques sur le bassin de la Morondava », Ed. ORSTOM, Tananarive, 111 p. 2. CHAPERON (P.), DANLOUX (J.), FERRY (L.), 1993, « Fleuves et rivières de Madagascar », Ed. ORSTOM, Paris, 883 p. 3. DDR Menabe, 2014, « Monographie de la sous-préfecture de Mahabo, région Menabe », Mahabo, 20 p. 4. DONQUE (G.), 1972, « Contribution géographique à l’étude du climat de Madagascar », Thèse d’Etat, Nouvelle Imprimerie des Arts Graphiques, 477 p. 5. FAO, 1993 : « Guide pratique d’aménagement des bassins-versants : étude et planification », FAO, Rome, 186p 6. GAUDIN (R.), RAPANOELINA (M.), ORIOL (P.), (1990) : « Rapport scientifique des études tensiométriques pour l’irrigation à la SIRANALA », Laboratoire des RADIOISOTOPES, Tananarive, 42 p. 7. GIGNOUX (M.), BARBIER (R.), 1955, « Géologie des barrages et des aménagements hydrauliques » Ed. Masson, Paris, 343p. 8. HOURCQ (V.), 1950, « Les terrains sédimentaires de la région de Morondava », Paris, Ed. Imprimerie Nationale, 105 p. 9. KANE (A.), 2000 : « L’après barrage dans la vallée du fleuve Sénégal », Thèse de doctorat d’Etat, Département de Géographie, Dakar, 447 p. 10. LAUTRIN (D.), 1994 : « Géologie des barrages et des retenues de petites dimensions » Ed. ENITRTS (Ecole Nationale des Ingénieurs des Travaux Ruraux et des Techniques Sanitaires), Paris, 114 p. 11. MAEP, 2006 : « Lettre de politique de développement des bassins versants et périmètres irrigués » (BVPI).

12. MAEP, 2006 : « Programme de développement des périmètres irrigués et d’aménagement des bassins versants : guide d’intervention pour la mise en œuvre des projets, version finale », 64p. 13. MAHAJANJY (L.), 2009 : « Contribution à l’étude de la production rizicole dans la région Menabe : culture de décrue et irriguée », Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Tuléar, 153 p.

52 14. MALAVOI (J.R.), BRAVARD (J.P.), 2010 : « Eléments d’hydrogéomorphologie fluviale », Ed. IME (Imprimerie Moderne de l’Est), France, 228 p.

15. MASCAREL (I.), BORS (V.), OGILVIE (A.), 2012, « Impact des aménagements sur le comportement hydrodynamique et sédimentologique en estuaire de Seine », Institut Supérieure de l’Environnement, Paris, 16p. 16. Ministère de l’Industrie et du Plan, 1959 : « Etudes préliminaires du périmètre de Morondava-Dabara », Tananarive, 423 p. 17. Ministère de l’Industrie et du Plan, 1959, « Etudes pédologiques de la zone intermédiaire du périmètre de Dabara», Tananarive, 287 p. 18. NEUVY (G.), 1980 : « Mise en valeur des Terres à Madagascar : la plaine agricole de Mahabo-Morondava », in Revue « Terre Malgache » n°20, 18 p. 19. NEUVY (G.), 1981, « Aménagement régional à Madagascar, Morondava, un cas d’érosion marine », in Madagascar Revue de Géographie n°38, 22 p. 20. NEUVY (G.), 1991, « L’Homme et l’eau dans le domaine tropical », Ed. Masson, Paris-Milan-Barcelone-Bonn, 227p. 21. PASKOFF (R.), 1993, « Côtes en danger », Ed. MASSON, Paris, 250 p. 22. RAKOTONDRABE (F.), 2007, « Etude de la vulnérabilité des ressources en eau aux changements climatiques, modélisation par le logiciel WEAP 21 : cas du bassin versant de la Morondava (Sud-ouest de Madagascar) », Mémoire de DEA, Département Mines de l’ESPA, 113 p. 23. RANDRIAINIAINA (T.), 2014: « Le changement climatique et ses impacts sur le littoral occidental autour de la ville de Morondava », Mémoire de Maîtrise, Département de Géographie, Tananarive, 109 p. 24. RAVET (J.), 1948 : « Les pluies à Madagascar »

25. RAZAFIMBELO (E.), 1987, « Le bassin de la Morondava, Synthèse géologique et structurale », Thèse de Doctorat de Géologie, Université Louis Pasteur, France, 355 p 26. RAZANADRAKOTO (S.), 2011 : « Mise en place opérationnel de gestion de l’eau : cas du périmètre irrigué Migodo de la commune Rurale Ankilizato, District Mahabo, Région Menabe », Mémoire d’Ingéniorat, Département Agro-Management de l’ESSA, Tananarive, 108 p. 27. SOGREAH, SOMEAH, 1995 : « Etude d’avant-projet détaillé de la réhabilitation des réseaux secondaires de Dabara, zone delta », Service du Génie Rurale, Tananarive, 113 p.

53 28. SOGREAH, SOMEAH, 1995 : « Etude d’avant-projet détaillé de la réhabilitation des réseaux secondaires de Dabara, zone amont », Service du Génie Rurale, Tananarive, 115 p. 29. SOGREAH, SOMEAH, 1995 : « Etude d’avant-projet sommaire de la réhabilitation des réseaux secondaires de Dabara, zone intermédiaire », Service du Génie Rurale, Tananarive, 60 p. 30. VILLEMIN (P.), MARINI (P.), BARAN (R.), 1980 : « Irrigation au goutte à goutte de la canne à sucre sur les sols ferrugineux tropicaux de la plaine de Morondava », in Revue « Terre Malgache » n°20, 18 p. 31. WERDING (L.), 1986, « Capture fluviale dans le bassin versant de la Morondava », in Madagascar Revue de Géographie n°18, 21 p. 32. BUFFIN (T.), 2012, « Hydrogéomorphologie d’un cours d’eau », INPACQ, Drummondville, 34p.

WEBOGRAPHIE :

- www.onema.fr. Consulté le 30 avril 2015 - www.eau-adour-garonne.fr. Consulté le 20 mai 2015

54 LISTE DES ANNEXES

ANNEXE I. FICHES D’ENQUETES Questions auprès des usagers de l’eau

I- Identification de l’usager 1 Questionnaire n° :……………… 2 Commune : 3 Date :……………………. 4 Fokontany :…………………………….. 5 Age :………………………… 6 Sexe : M ☐ F ☐ 7 Nbre de pers:………… 8 Nbre de pers active :………………………….. 9 Ethnie : …………………………….. 10 Année d’arrivée :…………………… 11 Production rizicole/an :……………………..12 périmètre : ……………………………

II- Cultures pratiquées 13 Cultures principales : 1………………………………………2…………..…………………………………… 14 Intérêts pour cette culture :…………………………………………………………….. 15 Tendance à l’extension ? Oui ☐ Non ☐ 16 Quel type de culture ? 1…………………………………..2……………………………………………………… 17 Intérêts :……………………………………………………………………………………

III-Avis par rapport à la gestion de l’eau 18 D’après vous quelles sont les causes de l’insuffisance d’eau dans vos parcelles ? 1. Manque de débit……………………………………….

2. Défaillance infrastructure…………………………. 3. Manque d’entretien des infrastructures…..

4. Défaillance de gestion………………………………

5. Existence des prises sauvages…………………..

6. Autres à préciser : ……………………………………….. 19 Quelles solutions proposez-vous ? 1………………………………………………………………..…...... 2………………………………………………………………………………………………….

55 IV- Degré de connaissance de l’AUE par l’usager 20 Avez-vous déjà assisté à une réunion? Oui ☐ Non ☐ 21 Fréquence annuellement : …………………….. 22 Avez-vous déjà participé aux travaux d’entretien? Oui ☐ Non ☐ 23 Fréquence annuellement :……………………………………. 24 Avez-vous déjà participé aux frais d’entretiens, aux cotisations? Oui ☐ Non ☐ 25 Montant annuellement :………………………………… 26 Connaissez-vous l’AUE de votre fokontany ? Oui ☐ Non ☐

27 Êtes-vous membre de cette AUE ? Oui ☐ Non ☐ 28 Si oui lequel ? …………………….. 29 Date d’adhésion :…………….. 30 Etes-vous inscrit officiellement ? Oui ☐ Non ☐ 31Pourquoi ?......

32 Connaissez-vous votre chef secteur ? Oui ☐ Non ☐ 33Mode d’adhésion ? ………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………… 34 Quels sont vos obligations par rapport à l’AUE ? 1……………………………………………………………………………..2………………… 3……………………………………………………………………………..4…………………

Questions auprès du responsable du barrage de Dabara I- Notions sur les barrages hydro-agricoles 35 Quels sont les différents types de barrages hydro-agricoles ? 1……………………………………………..2………………………………………………… 3……………………………………………..4………………………………………………… 36 Quels sont les plus utilisés à Madagascar ? 1………………………………………………….2…………………………………………… 37 Quels sont les rôles importants d’un barrage hydro-agricole ? 1……………………………………………..2………………………………………………… 3……………………………………………..4…………………………………………………

56 38 Si tels sont les atouts offerts par l’utilisation d’un barrage, existe-t-il des inconvénients dans son utilisation ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, lesquels ? 1……………………………………………..2………………………………………………… 3……………………………………………..4………………………………………………… II- Le barrage de Dabara proprement dit 39 En quelle année le barrage a été construit ?...... 40 Quelles sont les raisons principales de sa construction ? 1……………………………………………..2………………………………………………… 3……………………………………………..4………………………………………………… 41 Au départ, quelle a été la superficie des parcelles destinés à être irrigué par le barrage ? …………………………………………………………….. 42 Est-ce que cette superficie est maintenue ? Oui ☐ Non ☐ 43Si non, quelles sont les raisons d’extension de ces terrains agricoles ? 1Migrations ☐ 2 Natalité élevé ☐ 3 Autres…………………………………

44 Le débit de Dabara est-il suffisant pour irriguer ces superficies totales actuelles ? Oui☐

Non☐ Si non, quelle est alors la valeur du débit nécessaire pour irriguer ces champs agricoles ?...... Et quelle est sa valeur à présent ?...... 45 Avait-il eu des périodes où le barrage a cessé de fonctionner ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, en quelle année et quelles sont les raisons principales ? 1…………………………………………………………………………………………… 2…………………………………………………………………………………………… 3…………………………………………………………………………………………… 4…………………………………………………………………………………………….

46 Est-ce que ces dysfonctionnements influent l’activité agricole ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, comment se manifestent-ils ? 1…………………………………………………………………………………………… 2…………………………………………………………………………………………… 3…………………………………………………………………………………………… 4……………………………………………………………………………………………. 47 Existe-t-il des entretiens permanents du barrage ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, journalier ?☐

57 hebdomadaire ? ☐ Mensuel ? ☐ Trimestriel ? Semestriel ? ☐ Annuel ? ☐, Autres ?......

Si non, pour quelles raisons le barrage n’est pas entretenu ? Négligence de l’Etat ? ☐, Manque de moyen financier ? ☐, Autres ?...... 48 Pouvez-vous donner la valeur du sable stocké par ce barrage par an ?...... 49 Est-ce que cette valeur reste constante ? Oui ☐ Non ☐, variable ? Oui ☐ Non ☐ 50Si elle est variable, pour quelle raison cette valeur l’est ? 1……………………………………………..2………………………………………………… 3……………………………………………..4………………………………………………… 51 Cette variation de valeur aura-t-il des répercussions 1sur la dynamique fluviatile des cours d’eau en amont et aval du barrage ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, manifestations………………………………………………………………………………… 2 sur les plaines irriguées par l’eau du barrage ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, manifestations………………………………………………………………………………….. 3 Sur le littoral de Morondava ? Oui ☐ Non ☐. Si oui, manifestations…………………………………………………………………………………. 52 Pouvez-vous indiquer le types des sédiments stockés par le barrage ?......

58 ANNEXE II. BILAN HYDRIQUE

Mahabo Latitude : 20°22’

J F M A M J J A S O N D T ou Moy T° m 27,6 28,6 27,9 26,9 24,1 23,7 22,8 23,3 24,6 27,4 28,7 26,3 26 ETP 123,1 112,6 113,7 93,1 66,2 60 54,1 62,9 81,7 110,1 124 103 1106,8 P 295,6 192,7 153,7 14,4 2,7 0,7 3,2 6,4 8,1 21 39,5 120 853,1 P - ETP 172,6 79,9 40 -78,7 -63,5 -59,3 -50,9 -56,1 -78,6 -89,1 -84,3 16,9 ETR 123,1 112,8 113,7 70,4 23,7 11,7 7,2 10,4 7,1 22 39,6 103 644,8

Morondava- ville, Latitude : 20°17’

J F M A M J J A S O N D T ou Moy T° m 27,6 27,6 27,3 26 23,5 21,6 20,9 21,8 23,5 25,3 26,7 27,4 24,9 ETP 123,1 106,9 110,6 87,3 63,3 43,6 48,4 53,6 65,7 90,7 107,5 123,8 1025 P 256 184 137 12 9 2 1 2 5 11 19 117 755 P - ETP 132,9 -77,1 26,4 -75,3 -54,3 -41,6 -47,4 -51,6 -60,7 -79,7 -88,5 -6,8 ETR 123,1 106,9 110,6 66 28 12 7 7 8 12 20 117 617,6 Source : Service du Génie Rurale Mahabo (2014)

T° m : Température moyenne T ou m : total ou moyenne ETR : évapotranspiration réelle ETP : évapotranspiration potentielle P : Précipitations (mm)

59 ANNEXE III. MAXIMUM DES CRUES

La Beritsoka au site du barrage

Années Q m3/s (débit) H m (hauteur d’eau) 1969/70 650 4,40 1970/71 485 1971/72 385 3,58 1972/73 600 4,25

La Sakamaly à Migodo

Années Q m3/s (débit) H m (hauteur d’eau) 1968/69 1100 4,00 1969/70 2600 4,51 1970/71 770 1971/72 350 2,70 1972/73 483 2,54 Sources : Madagascar Etudes des crues Joël DANLOUX (1991)

60 ANNEXE IV. LIT DU FLEUVE MORONDAVA EN AMONT ET AVAL DU BARRAGE

Source : Google earth 2015 61 ANNEXE V. PLANCHES PHOTOGRAPHIES

1. Les deux vannes d’échasses du barrage

Source : cliché de l’auteur en aout 2015

2. Lit du fleuve fortement ensablé et végétalisé par les roseaux près de la ville de Mahabo

Source : cliché de l’auteur en aout 2015 3. Les bâtiments administratifs de la ville de Mahabo 62 Bureau du district à Mahabo

Source : cliché de l’auteur en aout 2015

Centre de Services Agricoles et Service du Génie Rurale

Source : cliché de l’auteur en aout 2015

63 4. Limites administratives

Limite entre la commune rurale Bezezika et la commune rurale Ankilivalo, district de Mahabo Source : cliché de l’auteur en aout 2015

64 TABLE DES MATIERES

Pages

Remerciements i Résumé ii Abstract iii Sommaire iv Liste des illustrations v Glossaire vii Sigles et abréviations ix Introduction 1

PREMIERE PARTIE. DEMARCHE DE RECHERCHE 5 CHAPITRE I. CONCEPTUALISATION ET CONTEXTE DU SUJET 6 I.1. BASSIN-VERSANT ET HYDROGEOMORPHOLOGIE 6 I.1.1. Notions d’hydrogéomorphologie 6 I.1.2. Bassin-versant : définitions et caractéristiques 6 I.1.3. Sédimentologie fluviale 7 I.1.4. Barrage hydro-agricole 7 I.1.5. Changement Climatique 8 I.2. CONTEXTE DE LA RECHERCHE 10 I.2.1. Choix de la zone de recherche et du sujet 11 I.2.2. Justification du choix du sujet 11

CHAPITRE II. RECUEIL ET ANALYSE D’INFORMATIONS 12 II.1. METHODE DE PENSEE SCIENTIFIQUE 12 II.1.1. La phase bibliographique 12 II.1.2. Les méthodes comparatives 13 II.2. METHODES D’ENQUETES ET TRAITEMENTS D’INFORMATIONS 13 II.2.1. Les travaux de terrains 14 II.2.2. Outils d’analyse 15 II.2.3. Limites et problèmes rencontrés 16

DEUXIEME PARTIE. LE BARRAGE DE DABARA EN TANT QUE PERTURBATEUR DE LA DYNAMIQUE ET MORPHOLOGIE DU FLEUVE 17 MORONDAVA CHAPITRE III. UN RESEAU D’IRRIGATION IMPORTANT POUR LES AGRICULTEURS 18 III.1. UNE IMMENSE SURFACE IRRIGUEE 18 III.1.1. Brève historique du barrage 18 III.1.2. Une irrigation assurée par le canal de Dabara 20 III.1.3. Une répartition inégale de l’eau 26 III.2. DES DEBITS VARIABLES DU CANAL DE DABARA 26 III.2.1. Des variations saisonnières 27 III.2.2. Un stockage de sable élevé 28

65 CHAPITRE IV. LE FLEUVE MORONDAVA ET LE BARRAGE DE BARRAGE 30 IV.1. LE FLEUVE MORONDAVA : UN FLEUVE IRREGULIER 30 IV.1.1. Un cours à prédominance sableuse 30 IV.1.2. Des débits influencés par la pluviométrie 34 IV.1.3. Des crues à forte variabilité 36 IV.2. UNE DYNAMIQUE FLUVIALE PERTURBEE 37 IV.2.1. Des phénomènes d’ensablement en amont et aval du barrage 37 IV.2.2. La Morondava : un fleuve capricieux 42 Conclusion 50 Bibliographie 52 Liste des annexes 55 Table des matières 66

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